Communiqué de presse
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Communiqué de presse
Museum Rietberg Zürich Gablerstrasse 15 8002 Zürich Tel. 044 415 31 31 Fax 044 415 31 32 www.rietberg.ch Contact [email protected] Tél. +41 (0)44 415 31 34 Communiqué de presse Itō Shinsui – la nostalgie à l’âge moderne 17 septembre 2016 – 8 janvier 2017 Le Musée Rietberg est fier de pouvoir présenter, pour la première fois hors du Japon, une vaste exposition d’une centaine des meilleures estampes d’Itō Shinsui (1898–1972), l’un des peintres et graveurs sur bois les plus connus de l’art moderne japonais. Ces œuvres proviennent de la collection des descendants de l’artiste, ainsi que de celle des descendants de Watanabe Shōzaburō, éditeur de Shinsui et «père» du Shin hanga (littéralement «Nouvelles gravures»), l’un des deux principaux mouvements d’art graphique de ce pays au XXe siècle. Les premières décennies du XXe siècle furent une période de profonds bouleversements au Japon. Dans le cadre de la modernisation, on assiste au choc entre les idéologies importées de l’Occident et les valeurs traditionnelles locales. Dans l’art également, la question «Est-il possible d’être à la fois japonais et moderne?» est d’une importance capitale. Le clivage entre une fraction de la population qui se tourne vers l’Occident et celle qui reste attachée à la culture traditionnelle nippone se manifeste aussi dans l’art de l’estampe. Le groupe d’avant-garde Sōsaku hanga («Estampes créatives») s’oppose au mouvement Shin hanga («Nouvelles gravures»). Tandis que les représentants du mouvement «Estampes créatives» s’orientent sur la conception occidentale de l’artiste comme seul auteur de son œuvre, et produisent donc leurs estampes sous le label «dessiné, gravé et imprimé par l’artiste» (jiga, jikoku, jizuri), ceux du mouvement Shin hanga travaillent selon les règles de la xylographie traditionnelle, qui prévoyait une collaboration entre le dessinateur, le graveur sur bois, l’imprimeur et l’éditeur. Shin hanga avait été créé par le marchand d’art et éditeur Watanabe Shōzaburō (1885–1962) en 1915. Ce mouvement constituait une tentative de revitaliser l’art de l’estampe colorée traditionnelle, alors en pleine décadence. Il connaîtra son apogée entre 1915 et le début de la guerre du Pacifique en 1942, et pour une brève période, entre 1946 et le début des années 1960. Dans ses méthodes de production comme dans les thèmes qu’il aborde, le mouvement des «Nouvelles gravures» se réfère à ses modèles pré-modernes, les ukiyo-e de l’époque Edo, et ses principaux thèmes, à savoir les «belles femmes» (bijinga), les acteurs (yakusha-e), les paysages (fūkeiga) ainsi que les fleurs et les oiseaux (kachōga). Les compositions présentent toutefois un caractère moderne grâce à l’intégration de formes de représentation occidentales, mais aussi de modes et de comportements contemporains. Au départ, les estampes du Shin hanga furent produites pour le marché d’art étranger. Conçues principalement en fonction des goûts du public américain, elles présentaient une vision nostalgique et idéalisée d’un Japon traditionnel, encore épargné par l’industrialisation et l’occidentalisation. Cette propension à se tourner vers le passé et à pratiquer un esthétisme excessif est souvent taxée de kitsch et d’obsolète. Un tel jugement à l’emporte-pièce est toutefois injuste quand il est question des estampes Shin hanga. Car, d’un point de vue technique, elles témoignent d’une maîtrise hors pair. Elles sont également intéressantes d’un point de vue socio-culturel: elles illustrent en effet la vision romantique, euro-américaine, du Japon au début du XXe siècle, et reflètent en même temps les sentiments de nombreux Japonais qui, à une époque de changements rapides et radicaux, éprouvaient la nostalgie du Präsidialdepartement monde rural et des valeurs traditionnelles. Ces estampes peuvent être, en ce sens, considérées comme le produit d’une époque où la société japonaise était à la recherche de sa propre identité culturelle. Itō Shinsui, né à Tokyo en 1898, grandit dans cette période de mutation sociale. Bien que, dans sa jeunesse, il existait déjà au Japon un enseignement artistique inspiré du modèle occidental, sa formation fut néanmoins marquée par le rapport traditionnel maître-élève. A 13 ans, il devient l’élève de Kaburagi Kiyokata (1878–1972), l’un des peintres les plus réputés de son temps. Dès l’âge de 15 à 17 ans, il participe à des expositions organisées par le Ministère de l’éducation japonais (Monbusho) ou des associations d’artistes privées. Son énorme talent lui vaudra non seulement des éloges, mais aussi plusieurs distinctions. En 1915, l’éditeur Watanabe Shōzaburō découvre un portrait de femme de Shinsui dans une exposition collective, et est tellement enthousiasmé qu’il contacte l’artiste, qui n’avait pas encore atteint sa majorité, par l’entremise de Kiyokata et lui demande de retravailler sa peinture afin d’en réaliser une estampe. La gravure intitulée Dans le miroir, qui sera publiée l’année suivante, marque le début de la collaboration entre Shinsui et Watanabe, qui allait durer plus de quarante ans. L’œuvre de jeunesse de Shinsui annonce une carrière extraordinairement productive en tant qu’artiste du mouvement Shin hanga. Plus des deux tiers de ses estampes sont des «représentations de beautés féminines» qui se caractérisent par leur perfection technique, leur composition d’une grande clarté ainsi que leur expression à la fois réservée et élégante. Suivant l’exemple des bijinga de l’époque Edo, ces femmes sont souvent représentées dans leur environnement familier, exerçant des activités typiquement féminines. Une autre convention héritée des ukiyo-e est le regard voyeuriste porté sur ces femmes: elles sont représentées dans la perspective d’un observateur (généralement masculin), invisible sur l’image. Dans les estampes de Shinsui, presque toutes sont habillées et coiffées avec décence, conformément à la tradition japonaise. Elles correspondent à l’idéal –colporté avec insistance par les médias et la littérature – de la femme traditionnelle, qui se conforme consciencieusement au rôle qui lui incombe: celui de «bonne épouse et de mère sage» (ryōsai kenbo). Des représentations de moga (abréviation de modaan gaaru, «modern girl»), des femmes provocantes, sûres d’elles, qui avaient adopté la mode et les mœurs occidentales, sont totalement absentes dans son œuvre. Toutefois, Itō Shinsui était aussi un excellent paysagiste. Les «Huit vues de la région d’Ōmi (près du lac Biwa)» (1917), sa plus ancienne série d’estampes consacrée au paysage, eurent pour effet de révolutionner le genre. Au lieu de recourir à l’iconographie habituelle qui s’était constituée depuis le XVe siècle dans la peinture, et plus tard, dans les gravures sur bois de maîtres comme Hiroshige, Shinsui fournira une interprétation radicalement nouvelle, qui repose sur son expérience personnelle de la nature. Cette conception était plus proche des principes de l’art occidental que de ceux de la tradition picturale asiatique, dans laquelle l’image d’un paysage, telle qu’elle était évoquée dans la poésie classique, jouait un rôle plus important que son aspect réel. Les paysages de Shinsui ne sont généralement pas des «lieux célèbres», mais des contrées qu’il avait lui-même visitées et où il avait réalisé des esquisses. De même, sa palette et le traitement de la lumière dans ses paysages estampés font plutôt penser aux œuvres des peintres impressionnistes ou postimpressionnistes qu’aux estampes de l’époque Edo. De son vivant, Shinsui jouissait déjà d’une grande popularité. En 1952, il recevra le titre de «protecteur d’importants biens immatériels», et en 1970, il se verra élevé à l’Ordre du Soleil levant. L’exposition a pu être réalisée grâce au soutien de la Fondation japonaise Taiyo no Hikari et de la Fondation zurichoise KK Sonnenschein. Präsidialdepartement L’exposition Elle comprend au total 100 gravures sur bois d’Itō Shinsui, qui ont été réalisées entre 1916 et 1964. Pour des raisons de conservation, ces estampes ne peuvent être exposées que durant six semaines, et donc, l’exposition se déroulera en deux parties, à raison de 50 œuvres à chaque fois: la Ire période durera du 17 septembre au 13 novembre 2016, et la IIe période, du 15 novembre 2016 au 8 janvier 2017. L’œuvre graphique de Shinsui comporte deux thèmes: les «représentations de belles femmes » (bijinga) et les paysages (sansuiga), l’accent étant toutefois clairement mis sur le premier groupe. Les visiteurs pourront donc admirer 36 portraits de femmes et 14 paysages pour chaque période. Les estampes ont été réalisées soit sous forme de tirage unique, soit dans le cadre d’une série. Dans cette exposition, trois séries de portraits de femmes et deux séries de paysages seront présentées dans leur intégralité, ce qui est extrêmement rare. Citons quelques-uns des temps forts de l’exposition: - La première estampe de Shinsui, Devant le miroir. Cette estampe a été dessinée en 1915 et publiée en 1916 – à l’époque, l’artiste avait tout juste 18 ans. Elle est pourtant considérée aujourd’hui comme sa meilleure, et la plus recherchée de ses collectionneurs. - La série de paysages «Huit vues de la région d’Ōmi (lac Biwa)» de 1917. Ce thème peut se targuer d’une longue tradition dans l’art asiatique. La série de Shinsui offre un regard rafraîchissant sur le paysage et fut saluée comme un travail de pionnier par le mouvement Shin hanga. - Noircir ses sourcils (1928): portrait de l’actrice Kawada Toshiko dans les coulisses. Première représentation de ce genre dans l’art japonais moderne. - Danse Kabuki ‹Kagamijishi› (1950): représentation d’un acteur du théâtre Kabuki dans un rôle féminin. Cette estampe est basée sur une peinture de 1923 qui a été présentée dans l’exposition de l’Académie impériale des beaux-arts du Japon. - Chevelure (1952): tirage luxueux réalisé sur commande du Ministère de l’éducation, de la culture, du sport et des sciences, en hommage au titre de «Trésor national vivant» décerné à Shinsui. Coopération L’exposition et le catalogue ont été réalisés en coopération par le Musée Rietberg de Zurich et la Taiyo no Hikari Foundation, au Japon, qui gère la succession d’Itō Shinsui. La Fondation zurichoise KK Sonnenschein est le principal sponsor de la manifestation. L’exposition ne sera présentée qu’à Zurich. Catalogue d’exposition A l’occasion de l’exposition, un catalogue en deux langues (allemand et anglais) sera publié. Il comporte des essais de Katsuyama Shigeru, Katsuta Akiko et Khanh Trinh. L’ouvrage est la première publication sur Itō Shinsui en langue allemande. Commissaires de l’exposition Zurich: Dr. Khanh Trinh, conservatrice du département Art japonais et coréen au Musée Rietberg Japon: Katsuyama Shigeru, Katsuta Akiko Prêts de l’exposition Toutes les œuvres proviennent de la succession d’Itō Shinsui et de celle de son éditeur, Shōzaburō. Präsidialdepartement Manifestations «Jardin musical» Concert pour piano de Masako Ohta Di 18.9.2016: 12 h 30 Comme on peut le constater dans l’œuvre d’Itō Shinsui, l’art japonais a souvent un rapport intense avec la nature. Dans le programme qu’elle propose, la pianiste japonaise Masako Ohta se réfère à ce lien avec la nature et enchante son public avec des compositions de Michio Miyagi, Toru Takemitsu et Ryuichi Sakamoto. Y figurent également J.S. Bach et Claude Debussy, qui a été inspiré par l’art japonais; Bach et Debussy ont eux-mêmes influencé à leur tour des compositeurs japonais modernes. Salle de conférence, Villa du parc Rieter, 30/25 CHF Fashion Talk avec Kazu Huggler Sa 22.10.2016: 16–18 h L’esthétique, l’art et la culture du Japon imprègnent le label de mode KAZU. Inspirée par les portraits de femmes de Shinsui, la styliste helvético-japonaise Kazu Huggler a créé des modèles haute couture qu’elle présentera «en direct» sur des mannequins, de l’idée initiale à la réalisation. En exclusivité: à la suite de cette présentation, visite de l’exposition en compagnie de la commissaire d’exposition Khanh Trinh après la fermeture officielle du musée. En allemand. Musée, 2e sous-sol, 45/35 CHF (le billet donne droit à la visite du Musée durant toute la journée) «Issun boshi», contes japonais accompagnés de musique avec le Pacific Quartett de Vienne Di 13.11.2016: 15 h La conteuse Fränzi Frick et le Pacific Quartet de Vienne invitent des enfants à partir de six ans à un voyage de découverte dans l’univers sonore passionnant des contes japonais. Elle racontera les aventures du petit Issun Boshi, mises en musique par le compositeur japonais Hiromasa Aizawa. Durée : env. 40 minutes, sans pause. En allemand. Musée, 2e sous-sol, CHF 20 pour adultes (y.c. entrée au musée), CHF 5 pour enfants/réduit Comment confectionner une estampe japonaise? Démonstration d’Okada Takuya Sa 26 + di 27.11.2016, 11–13 h et 14–16 h Les estampes en couleurs japonaises sont, traditionnellement, le fruit d’une collaboration entre l’artiste, le graveur et l’imprimeur. Pour une estampe entièrement colorée, il faut jusqu’à 20 planches à graver différentes, et donc 20 étapes d’impression. Le maître-imprimeur (surishi) Okada Takuya fait la démonstration de ce processus d’impression complexe à l’exemple d’une réimpression de la célèbre représentation du mont Fuji d’Hokusai. En allemand. Avec le soutien de JTI. Musée, hall d’entrée, gratuit Präsidialdepartement Visites guidées Visites gratuites (billet d’entrée exigé) en allemand, sa 14 h Visites privées (en allemand et en anglais) Informations et réservation en ligne sous www.rietberg.ch/fuehrungen. Arts et éducation De nombreux ateliers destinés aux écoles et des activités de loisirs sont en outre proposés. Vous trouverez toutes les offres sur le site web de l’exposition, sous www.rietberg.ch/kunstvermittlung. Informations et contact Des informations, des textes et des photos peuvent être téléchargés sous www.rietberg.ch/presse Museum Rietberg Zürich Gablerstrasse 15 CH-8002 Zurich T. +41 44 415 31 31 | F. +41 44 415 31 32 www.rietberg.ch | [email protected] Heures d’ouverture Ma au di 10–17 h | me 10–20 h Entrée Exposition: adultes 18 CHF | avec réduction 14 CHF | Jeunes jusqu’à 16 ans: gratuit Arrivée Tram 7 jusqu’à la station «Museum Rietberg». Pas de parking; une place de stationnement pour les personnes handicapées. Präsidialdepartement