Changer de regard … sur le Denier de l`Eglise
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Changer de regard … sur le Denier de l`Eglise
Changer de regard … sur le Denier de l’Eglise Martine – Bonjour Père Gilles. Vous avez vu l’affiche placardée dans les rues ? P. Gilles - Oui, c’est la campagne du Denier de l’Eglise … - … Ben dites donc, le prêtre, là, il est plutôt pas mal … on dirait vous sans les lunettes, sans la barbe … et avec vingt ans de moins ! - Hélas, le temps passe ! - Mais, j’y pense, j’ai déjà reçu une enveloppe au mois d’octobre … çà fait beaucoup, vous ne trouvez pas ?! - En octobre, on était en 2008 ! En ce moment, on est en 2009 !!! - Vous voulez dire que c’est la seule enveloppe que je recevrai pour l’année 2009 ? - Oui ! Vous vous souvenez peut-être, il y a quelques mois, dans les Menhirs, j’expliquais que notre diocèse allait désormais faire comme les autres diocèses bretons, pour une même campagne à la même période. Il fallait une année de transition que nous venons de vivre. Désormais, vous ne serez plus sollicitée pour le Denier de l’Eglise à l’automne … mais au printemps ! - Je vois … au printemps, les feuilles repoussent … espérons que ce soit comme pour les billets !!! Mais au fait, ça veut dire quoi, le Denier de l’Eglise ? - Il y a quelques années, cela s’appelait le « Denier du culte » … Pour comprendre, il faut faire un peu d’histoire ! Dans le passé, l'Eglise représente une puissance financière considérable, possédant et exploitant de nombreuses propriétés. La Révolution française provoque la confiscation des biens de l'Eglise. Par le Concordat de 1801 signé avec Napoléon, le pape Pie VII renonce à revendiquer les biens confisqués : ceux-ci n'appartiennent pas à l'Eglise, mais, en contrepartie, l'Etat s'engage à assurer "un traitement convenable aux évêques et aux curés". - Donc les curés sont comme des fonctionnaires ? - Oui, jusqu’en 1905, en France, où la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat met fin à ce statut, puisque la République "ne reconnaît ni ne salarie plus aucun culte." Ainsi les biens qui étaient propriété de l'Etat, le demeurent et sont laissés à la disposition de l'Eglise, mais les prêtres perdent le salaire qui leur était versé par l'Etat. - Vous voulez dire que depuis 1905 les prêtres ne sont plus payés ? - C’est pour cela que les diocèses de France ont dû trouver des sources de financement par eux-mêmes. Ils se sont constitués en associations aptes à recevoir des dons pour rémunérer les prêtres et aider les paroisses à vivre. C’est ainsi qu’a été instauré le « Denier du culte » qui est une contribution volontaire demandée à tous les catholiques. - Mais pourquoi le nom a changé ? On parle aujourd’hui de « Denier de l’Eglise » ! - L’Eglise a évolué : ce ne sont plus seulement les prêtres qu’il faut rémunérer, mais aussi des salariés qui travaillent au service des diocèses, des paroisses. Et puis les églises construites après 1905 sont propriétés des diocèses qui doivent les entretenir (travaux, charges, …) Les budgets sont énormes ! L’argent que vous donnez volontairement touche tous les aspects de la vie de l’Eglise … - Mais alors, vous n’êtes pas payé par l’Etat ? - Eh non ! Je dépends de vous ! Et pas seulement moi : toute la vie de l’Eglise … - Quelle vie ? Les églises sont presque vides … ça coûte rien ! - Et qui paye les factures d’électricité ? de chauffage ? et qui paye les réparations de mobilier ? et qui paye les travaux des presbytères ? et qui paye les taxes foncières et d’habitation ? et les frais de secrétariat ? et … - Ben, la paroisse doit avoir de l’argent ! - Elle n’a que ce que vous lui donnez à la quête ! - Attendez … il faut que je donne et à la quête et au Denier de l’Eglise ?! Vous exagérez ! - La quête, c’est pour les charges de la paroisse. Le Denier, c’est pour les charges du diocèse. C’est le diocèse qui me rémunère, pas la paroisse … elle n’en n’a pas les moyens ! Pour comprendre, regardez par exemple votre taxe foncière : il y a une partie pour la commune, une pour le département, une pour la région … - Mais l’Eglise doit être gratuite ! La foi ne se paye pas ! - J’aimerai bien vous suivre … mais depuis que l’homme est homme, il ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche ! - Ben, vous n’avez qu’à travailler ! - Je n’ai pas le sentiment d’être oisif … Seulement mon « travail » ne se mesure pas au coût horaire ! Je ne vends rien : je donne ! - Oui, c’est facile … vous donnez ce que les autres vous donnent ! - Nuance : je donne ce que d’autres me permettent de donner … Mais vous en faites tout autant : l’amour que vous donnez à votre mari et à vos enfants, vous l’avez reçu de vos parents ! - Eh ! Ne m’entraînez pas dans vos prêches ! Revenons aux choses concrètes : pourquoi ai-je reçu cette enveloppe du Denier de l’Eglise ? - Parce que vous participez de temps en temps à la vie de l’Eglise, et qu’elle a besoin de vous, comme vous avez besoin d’elle … - Je peux très bien vivre sans l’Eglise ! - Sans doute, mais quand vous entrez dans une église pour un enterrement, un baptême ou un mariage, vous êtes rassurée d’y trouver un prêtre (en assez bonne santé !), de la lumière, du chauffage, une sonorisation (… quand tout marche bien !) … Et puis, au-delà des aspects matériels, vous pouvez aussi y trouver du réconfort, une certaine paix intérieure, des paroles et des chants qui vous aident à élever votre âme … - Là vous touchez juste ! Mais je reçois dans ma boite aux lettres des dizaines de demandes de dons chaque année … Pourquoi je devrai privilégier le Denier ? - Je redoutais votre question … En effet, beaucoup de ces sollicitations sont importantes. Elles touchent des situations humaines dramatiques. Il n’est point besoin d’être catholique pour y répondre … Et puis beaucoup bénéficient de subventions, de dons de Fondations … Rien de tout cela pour l’Eglise catholique ! Comme citoyenne du monde, donnez à la recherche contre le cancer ou la lèpre … et comme catholique, donnez à l’Eglise dont vous êtes membre par votre baptême ! C’est votre famille … - Admettons … et combien dois-je donner ? - Les premiers chrétiens apportaient aux prêtres l’équivalent d’une journée de travail annuel (en denrées périssables). Les diocèses aujourd’hui suggèrent de donner la même chose, mais en denrées non périssables ! Cela représente à peu près 1 % des revenus nets annuels du foyer. Notez que les dons que vous faites sont déductibles à 66 % de vos impôts ! - Si je comprends bien, lorsque je donne 100 €, cela ne me coûte en fait que 34 € ? - C’est exactement cela ! En donnant Vous pouvez déduire votre imposition de Votre don coûte réellement 100 € 66 € 34 € 200 € 132 € 68 € 300 € 198 € 102 € Pour répartir votre effort tout au long de l’année, choisissez le prélèvement automatique ! - Ah, au fait, Père Gilles … je ne suis pas imposable ! - … Eh bien, donnez ce que vous pouvez, et je vous en remercie avec encore plus de gratitude !