023-oryx11- anthracnose contamination

92
Ctifl
STATION DE CREYSSE
NOYER 2011
ANTHRACNOSE
SUIVI DU POTENTIEL DE CONTAMINATION DES PÉRITHÈCES ET DES PROJECTIONS DE SPORES
Jean-Loup PÉROYS, Station de Creysse
I - But de l'essai
L'anthracnose (Gnomonia leptostyla) provoque des taches nécrotiques sur les feuilles et sur les brous,
pouvant ainsi entraîner des déformations importantes des fruits et une réduction de calibre. Les projections
des spores et, par conséquent, la contamination des nouveaux organes sont très dépendantes des
conditions climatiques. Des produits phytosanitaires préventifs ou curatifs efficaces existent mais ne sont
pas appliqués systématiquement au bon moment par les producteurs.
L'étude réalisée concerne le suivi précis à Creysse de l'évolution de la forme sexuée du champignon
responsable des projections d'ascospores et donc des contaminations primaires. Dans le cadre du réseau
d’épidémiologie surveillance, les données issues de Creysse sont transmises à la FREDON Limousin et
intégrées dans le contenu du Bulletin de Santé du Végétal Noyer. Ces informations permettent de faire
connaître aux producteurs de noix le bon moment pour l'application des traitements préventifs.
II - Matériel et Méthodes
Des feuilles mortes sont prélevées en automne de l’année n-1 (2010) et sont déposées dans deux cadres
grillagés de 1 m2 chacun. Ces deux cadres sont ensuite placés à côté de notre station météo dans les
conditions du verger.
Le premier cadre sert au suivi de la maturité des périthèces
A partir du mois de mars, cinq à dix feuilles sont retirées du cadre. Cinq à dix périthèces par feuille sont prélevés
(sous loupe binoculaire) et observés au microscope entre lame et lamelle afin de définir un degré de maturité sur
une échelle de 1 à 7 :
Classe 1 : périthèce sans différenciation
Classe 2 : périthèce avec asques en voie de différenciation
Classe 3 : périthèces avec asques différenciés
Classe 4 : périthèces avec ascospores différenciées
Classe 5 : > 50 % des asques sont gonflés par les ascospores
Classe 6 : 100 % des asques sont gonflés ou les ascospores sont libres
Classe 7 : périthèce vide
Le second cadre sert au suivi des projections d’ascospores
Dix lames de laboratoire ont été déposées sur le cadre grillagé. Ainsi, à chaque projection, une partie des
spores projetées se fixe sur les lames. Après avoir déposé une goutte de colorant (bleu coton) sur la face
supérieure des lames, on place la lamelle et le comptage se réalise au microscope (grossissement x20 ou
x25).
Sept passages sont effectués sur la surface de la lamelle afin de dénombrer les ascospores. Après lecture
des 10 lames, le nombre d’ascospores est ramené au nombre moyen par lame.
Entre chaque notation, il est nécessaire de repositionner les lames de la même façon sur le cadre, sans
brasser les feuilles, afin d’éviter l’hétérogénéité des projections due à la variabilité des foyers de
périthèces sur certaines feuilles.
93
III - Résultats et Discussion
Le broyage des feuilles à l’automne a lieu depuis plusieurs années à Creysse, et cela a permis de réduire
considérablement la pression de l’anthracnose au fil des ans, le feuillage paraissant plus sain ces
dernières années. Les périthèces ont été en très faible quantité sur les lots de feuille suivies, si bien que
nous n’avons pas pu effectuer le relevé exact de leur maturité.
Cependant, lors de la pose des lames, nous avons remarqué que des spores ont été projetées, ce qui a
permis de faire un suivi de ces projections. Un pic a été observé fin mars (près de 30 spores/lame),
consécutif à l’épisode pluvieux de plusieurs jours entre 10 et 20 mm fin mars début avril. Un second pic,
plus important (env. 55 spores/lame) a été observé vers le 15 avril, mais les pluies furent absentes et la
température fut redescendue, si bien que la piste climatique n’est pas valable. Nous n’avons néanmoins
pas d’autres explications possibles. Ce pic a pu contaminer la plupart des variétés, puisque Franquette et
Fernor ont débourré respectivement les 9 et 11 avril. Nous n’avons pas constaté pour autant un grand
nombre de symptômes d’anthracnose sur le feuillage ou sur les fruits. Un troisième pic semble s’être
opéré fin avril et, là encore, les symptômes ne furent pas prépondérants.
Figure 1. Observation des projections des ascospores
IV - Conclusion
Bien que la maturité des périthèces n’ait pu être suivie, faute de périthèces en nombre suffisant sur les lots
de feuilles, les projections des ascospores ont pu être recueillies et ont pu être utilisées par la FREDON du
Limousin en complément d’informations recueillies sur d’autres sites aux conditions climatiques
différentes. Les producteurs peuvent s’appuyer sur le Bulletin de Santé du Végétal (BSV) et sur les
recommandations du Bulletin Technique Noix (envoyé sur abonnement par le GIE Fruits et Légumes du
Limousin) pour positionner au mieux leurs traitements lorsqu’ils sont nécessaires. Il faut cependant garder
à l’esprit que, dans les zones de moindre pression, le broyage des feuilles en début d’hiver permet une
bonne maîtrise de l’inoculum et supprime les besoins de traitements.
Rappel : Le BSV est en libre consultation sur le site de "La noix du Sud-Ouest" : www.noixsudouest.fr
année de mise en place : 2003
Action
en cours ●
RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES AUPRES DE : JL. PÉROYS - Station Expérimentale de Creysse
Perrical - 46600 Creysse - Tél : 05 65 32 22 22
Mots clés du thésaurus Ctifl : noyer, champignon, anthracnose, avertissement agricole
N° action : *2.03.02.13
Date de création de cette fiche : 22/02/2012
Validité des informations jusqu'à la date suivante : 22/02/2013
Les moyens consacrés à cette action sont à rattacher à la nomenclature suivante :
Diffusion publique totale (internet) ●