Pour une collaboration
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Pour une collaboration
CWL037_150_Survey_fr 15/04/08 16:06 Page 14 Eco survey Tout l’art d’un projet de consolidation consiste à maintenir ensemble, le plus longtemps possible, le plus de marchandises possibles. Consolidation des flux de distribution Pour une collaboration En matière logistique, la consolidation Optimaliser son des flux de distribution est le meilleur organisation logistique exemple de collaboration horizontale, ressort souvent d’une c’est-à-dire réunissant deux ou plusieurs chargeurs, avec le support d’un prestataiapproche verticale, mais re logistique. Le principe est simple, mais les effets de cette approche va plus loin que le choix d’un transporteur commun : au lieu de faire transporter ne sont pas illimités. Pour leurs marchandises vers des poursuivre l’optimalisation, elles-mêmes destinataires communs, deux ou pluune approche horizontale sieurs entreprises conçoivent un modèle logistique commun, incluant la distribuoffre des perspectives tion. séduisantes, mais rarement utilisées. Le VIL a développé L’oeuf de Colomb deux outils pour mettre les Il existe deux formes de base de collaborations horizontales consolidation. La première concerne unià la portée d’un plus grand quement les flux de transport et génère principalement des bénéfices financiers. nombre d’acteurs. La consolidation du transport et de l’enClaude Yvens 14 • Warehouse & Logistics 37 treposage prend en charge l’ensemble de la chaîne logistique aval, mais est réservée à des chargeurs de plus grande taille et générera à la fois une réduction des coûts et une amélioration du niveau de service (par exemple en augmentant la fréquence des livraisons). La consolidation de la distribution permet d’obtenir d’autres avantages indirects, parmi lesquels la diminution du risque financier sur l’investissement, mais l’ensemble du projet a aussi un impact non négligeable sur l’environnement, puisqu’il réduit les trajets non productifs et augmente le taux d’utilisation kilométrique. Ce type de projets répond en outre particulièrement bien à l’évolution des chaînes logistiques. En effet, lorsque l’on a optimalisé sa propre chaîne logistique verticalement (dans la relation clientfournisseur), il n’est plus possible d’augmenter le niveau de service (par exemple en augmentant la fréquence des livraisons) sans impact négatif sur les coûts. Cela ressemble à l’oeuf de Colomb. Or, le Vlaams Instituut voor de Logistiek constate qu’aucun projet de consolidation n’existe actuellement en Flandre. Quelques exemples existent cependant aux Pays-Bas. Le VIL en a isolé deux : le projet ZDN (Zoetwaren Distributie Nederland) et le projet MCC (Manufacturing Consolidation Center), tous deux opérationnels à Raamsdonksveer. Dans le cas de ZDN, huit producteurs de confiserie et de produits de boulangerie CWL037_150_Survey_fr 15/04/08 16:06 Page 15 41 facteurs de réussite… ou d’échec La consolidation de la distribution est possible sur des biens de consommation courante. Il serait erroné de s’engager dans un tel projet avec des vues exclusivement financières. Le VIL a identifié pas moins de 41 facteurs qui ont été intégrés dans un modèle classique de Balanced Scorecard. On y retrouve donc des facteurs financiers (p. ex. la réduction des coûts de transport ou la répartition honnête des bénéfices), opérationnels (p.ex. la réduction des kilomètres parcourus ou la productivité du personnel), organisationnels (p.ex. la durabilité de la collaboration ou le degré d’indépendance par rapport au projet) et enfin des facteurs liés à la qualité du service (fréquence des livraisons ou évolution de la satisfaction clients). A chaque candidat de pondérer ces facteurs en fonction de sa situation personnelle… Ce type d’outils peut évidemment paraître inaccessible à tout qui ne dispose pas encore d’un ERP performant. Le seuil d’accès à un projet de consolidation de la distribution reste donc relativement élevé. Mais avec les outils développés par le VIL, il n’y a pas de raison pour qu’aucune société flamande (ou belge) n’envisage pas de se jeter à l’eau… Sven Verstrepen (VIL) : « La consolidation horizontale reçoit trop peu d’attention des chargeurs et des prestataires logistiques. » on horizontale ont créé une plate-forme de cross-docking commune à partir de laquelle sont livrés environ 250 magasins. Les livraisons effectuées dans ces magasins contiennent en moyenne les produits de 2.2 fournisseurs-partenaires. Le modèle de collaboration est dynamique (des partenaires sont entrés et sortis du réseau) et a même débouché sur des cas de collaboration industrielle entre partenaires. Le projet MCC est plus ambitieux encore. Il découle de la collaboration entre Kimberley & Clark et Unilever, tous deux actifs dans le secteur des biens de consommation liés à la santé. ACR Logistics (désormais Kuehne + Nagel) a construit un centre de distribution dédié et se charge de la livraison à une centaine de clients internationaux communs, ce qui a permis de faire baisser la taille des livraisons de 40 % tout en doublant la fréquence de ces livraisons… et en réduisant les coûts. Développement en quatre phases Ces deux exemples montrent bien quelques-unes des conditions à remplir pour faire d’un tel projet un succès durable. Dans les deux cas, les partenaires ne sont pas directement concurrents, mais ils sont actifs dans le même secteur. Ceci augmente les chances de livrer des clients communs. Pour accompagner les candidats à la consolidation, le VIL a développé un plan par étapes partant de la prise de décision stratégique, par l’étude de faisabilité économique, la conception, l’implémentation et le contrôle régulier des résultats. A l’échelon stratégique, il s’agit d’abord de vaincre le spectre de la concurrence entre les deux partenaires. Mais il faut aussi notamment voir quelles synergies une consolidation permet d’obtenir : compatibilité ou non des produits concernés, recoupement des adresses de livraison, recoupement des fréquences de livraison, équilibre des volumes transportés. Le but est évidemment d’arriver à un recoupement le plus vaste possible, et non d’assurer la distribution de tous els produits des deux partenaires. Et si les synergies apparaissent intéressantes, encore faut-il que les partenaires soient faits pour travailler ensemble, ce qui implique des attentes communes, une motivation identique et une même capa- cité à remettre ses processus en question. Une fois le ‘go’ obtenu à l’échelon stratégique débute l’étude de faisabilité économique, qui inclut le choix d’un partenaire logistique. En théorie, un partenaire logistique pourrait très bien être l’initiateur d’un projet de consolidation (dont il retirerait d’ailleurs un plus grand bénéfice), mais les 3PL semblent encore hésitants en cette matière. Outils développés par le VIL • Manuel ‘Handleiding Distributieconsolidatie’ (2008), incluant l’explication complète du plan par étapes et des Balanced Scorecards, • Manuel ‘Logistieke Samenwerking praktisch bekeken’ (2005), sur les aspects pratiques d’une collaboration logistique • Accompagnement de projets Warehouse & Logistics 37 • 15