Roman Gael Tom Arthur Rémi la mosaïque verticale
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Roman Gael Tom Arthur Rémi la mosaïque verticale
LA MOSAÏQUE VERTICALE «Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque nous arrivons dans l'atrium de la maison du Faune. La maison est magnifiquement décorée de mosaïques. Celle-ci paraît calme jusqu'à ce que mon œil se pose sur le corps sans vie d'une femme. -Intéressant, dit mon maître, il est froid, la mort ne l'effraie pas, il s'avance vers le corps confiant en oubliant même de poser sa canne pour marcher. -A quelle heure avez-vous découvert le mort? S'empresse de demander Flavius, c'est la question, je crois, qu'il a le plus posé lors de son existence.» Nés en Anjou, les auteurs ont rédigés leur premier récit vers l'âge de quatorze ans. Au cours du temps, ils se sont découvert une passion pour les histoires sur la Rome antique. Après avoir écrit des livres pour la jeunesse et des romans policiers pour adultes se déroulant dans l'antiquité, les rédacteurs ont rencontrés un grand succès avec La Mosaïque Verticale. Ce livre, c'est l'histoire de Flavius, le «Sherlock Holmes» de l'époque romaine, qui mène une enquête pleine de rebondissements à Pompéi. Cette œuvre, passionnante, a été récompensée par de nombreux prix littéraires et vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière page... Chapitre 1 Ira deorum : la colère des dieux ! La pluie se fait rare à Pompéi ; je n'ai jamais connu de période pluvieuse aussi dense. Pompéi est victime de la colère des dieux. Je rentre en courant chez mon maître. Le soleil est couché depuis quelques heures quand j'arrive dans la domus de Flavius. Je suis devant la porte, j'entends le chien du voisin qui aboie, à vrai dire, je n'ai aucune pitié pour ce terrible molosse. Je rentre dans la maison en secouant ma tunique trempée qui me colle au corps. Une bougie éclaire la pièce. Le son caractéristique de la canne de mon maître qui frappe sur la mosaïque me confirme sa présence. -J'imagine que cela ne servira à rien de vous demander où je me trouvais avant le coucher du soleil, lui dit-je sur un ton de défi. -Bien au contraire jeune Gaulois, pose-moi la question ! -Bien maître, alors, où étais-je avant le coucher du soleil ? Il me regarde sous tous les angles et après quelques secondes de réflexion, il me répond avec une logique incomparable: -Et bien, tu étais au thermopolium de la rue de l'abondance, l'arrière de ta toge est boueuse au niveau de tes jambes, j'en déduis que tes sandales ont projeté de la boue sur tes mollets : caractéristique d'une course rapide sur la voie de l'abondance en réparation où la rue n'est que boue. Ce qui a trahi ta présence au thermopolium, c'est la tâche de vin sous ton oreille droite. Sûrement quand tu levais ta chope à la verticale de la main droite. Tu es encore en état de raison, tu as été raisonnable. Tu as bu moins de deux verres, n'est-ce pas Tapadindix ? Même après dix ans passés à ses côtés, la logique de Flavius m'étonnera toujours. Le jour se lève à Pompéi. Le Vésuve est à peine visible, les nuages ont été remplacés par de la brume. Ce matin, ma première tâche est de vider l'impluvium qui déborde. Puis, je prépare le jentaculum de Flavius. Enfin, je mets les restes d'encens sur l'autel de Belenos, dieu du soleil de mon peuple Gaulois. Mon maître ne croit pas aux dieux. Il ne croit qu'à la science, mais en revanche, il me laisse croire et pratiquer ma religion en toute liberté dans sa domus. Flavius se lève. Je lui sers son jentaculum. -Maitre, dès que le soleil sera de retour nous ressortirons, cela fait plus de trois jours que vous restez allongés sur votre lit. -Dès que le soleil se lèvera, je sortirai. La brume épaisse est encore présente, mais j'oblige mon maître à sortir, il ne pleut plus. Notre maison donne sur la rue de l'abondance, nous prenons cette voie jusqu'au forum. -Les rues de Pompéi se remplissent tandis que l'eau fuit, dit mon maître en regardant l'eau s'écoulant dans les cloacas. -Je crois que Taranis s'est calmé... -Ne parle pas du ciel comme s'il s'agissait des dieux, ce sont simplement les nuages qui se sont vidés de leur eau. Je souris en regardant mon maître fronçant les sourcils. Nous arrivons sur le forum triangulaire de Pompéi. Sur celuici se trouve le marché, le marché le plus grand de Campanie. Ah, que j'aime regarder les étalages, des braies gaulois à la soie d'Asie, de l'albâtre d'Egypte aux épices africaines! Cet échange perpétuel entre les nations du monde entier, la voilà la vraie richesse de notre Empire. Notre ami, le marchand de ciment gaulois, Patafix, nous fait signe. Nous nous approchons. -Qu'y a-t-il l'ami, la cervoise a été interdite dans l'empire? dit Flavius connaissant le gaulois, d'habitude bon vivant. -Et bien non, c'est le marchand de mosaïque qui n'est pas présent aujourd'hui. Cela ne m'a pas fait vendre une seule livre de ciment! -Ce n'est qu'une question de temps, le soleil revient à Pompéi, le marchand de mosaïque sera bientôt de retour. Mon maître est d'humeur réconfortante en ce jour. Patafix retrouve le sourire. - C'est vrai, ce matin à l'aube, il y a eu un très gros client qui m'a acheté plusieurs livres de ciments, mais c'était le seul. Le soleil brille, le forum de Pompéi jouit de son attractivité habituelle. Parmi les bruits de la foule, celui du vin coulant dans les amphores, un cri à glacer le sang, parcourt le forum de Pompéi. Flavius, lève la tête, je fais de même, c'est le marchand de céréales le plus riche de Campanie, Chocapix, qui est en train de crier. Flavius se glisse dans la foule affolée et rejoint Chocapix. -Que vous arrive t-il, que se passe t-il? Chocapix reprend son souffle: -C'est dans la maison du faune... je livrais mon bon blé... et la...la maîtresse de maison... IIagamus Luros... morte... dans l'Atrium de son domicile... -Calme-toi l'ami, tu vas nous emmener dans cette demeure. Nous voici repartis dans une nouvelle enquête, c'est vrai que la cité était calme ces derniers temps. Chapitre 2 Sanguis in Fauno : du sang dans la maison du Faune Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque nous arrivons dans l'atrium de la maison du Faune. La demeure est magnifiquement décorée de mosaïques. Celle-ci paraît calme jusqu'à ce que mon œil se pose sur le corps sans vie d'une femme. -Intéressant, dit mon maitre, il est froid, la mort ne l'effraie pas, il s'avance vers le corps confiant en oubliant même de poser sa canne pour marcher. -A quelle heure avez-vous découvert le mort? S'empresse de demander Flavius ; c'est la question, je crois, qu'il a le plus posée lors de son existence. Chocapix répond en évitant de regarder le cadavre : -C'était au lever du jour, je livrais mes céréales à l'esclave de la maison, Tocius, quand nous découvrîmes le corps inerte de sa maîtresse. Le sang coulait encore. Elle venait de mourir. -En arrivant par le jardin vous auriez sans doute pu voir l'assassin? dis-je. Mon maître me répond: -Avec le brouillard de ce matin la vision est très limitée, il était très difficile de voir à plus de dix pieds de soi. -Chocapix, fais venir les personnes qui étaient présentes dans la maison à l'heure du meurtre. Chocapix part aussi vite qu'il le peut. -Nous pouvons commencer à enquêter sur le terrain avant que la milice arrive, continue mon maître Depuis que nous sommes arrivés dans l'atrium, j'ai remarqué que mon maître est intrigué par la mosaïque centrale. Moi, je pars enquêter de mon côté. Je me ballade dans la demeure et je vais dans le jardin à péristyle. Le faune danse devant les parterres colorés du jardin. J'observe attentivement ce faune, je découvre alors avec un grand contentement, une tâche pourpre sur sa tête. -Maître, venez voir! Flavius est occupé, les suspects viennent tout juste d'arriver. Devant Flavius se présentent trois hommes, à ma grande surprise Patafix est là. Une jeune femme, certainement l'esclave de la victime, est aussi présente. Je me rapproche du groupe pour écouter la conversation, mon maître est en train de faire les présentations avec l'homme qui paraît le plus jeune. -Alors comme ça, Neibafus, vous étiez en campagne militaire à Carthage? -Comment le saviez-vous? Je crois que j'arrive au bon moment. -Cela est simple, votre main droite possède une entaille entre le pouce et l'index, c'est une caractéristique des légionnaires qui sortent le glaive de leur fourreau. Ensuite, votre bronzage révèle des traces de sandales de légions. Cette déduction n'est d'aucun mérite, j'ai été moi même dans l'armée. Il est humble mon maître. L'homme qui se nomme Neibafus semble gêné. Comme Flavius tout à l'heure, il regarde le sol. L'esclave sanglote, depuis au moins cinq minutes. Flavius regarde les suspects, il se dirige vers un autre homme. Surprenant, je pensais qu'il allait questionner la femme car, quand un suspect pleure, l'émotion lui fait révéler plus de détails qu'il aurait voulu en dire. Il sait sûrement ce qu'il fait, peut-être que le coupable n'est pas parmi nous. Cet homme, je le connais c'est Julius Imerem, un proconsul respecté. -Que faisiez-vous ici? questionne simplement mon maître. -Je n'ai rien à vous dire tant que la milice ne sera pas arrivée. Flavius sourit, il connait bien la milice, il l’a déjà aidée lors d'enquêtes précédentes. -Et bien nous attendrons ici jusqu'à ce que la milice arrive, dit mon maitre avec patience. L'ambiance est tendue. Le proconsul n'accepte pas la démarche de Flavius et part sur le champ, Neibafus fait de même. Tocius pleure toujours, Patafix commence à trembler. -Ca ne va pas l'ami? Patafix part en courant -Et revenez! Il ne revient pas. -Inutile de le rattraper Tapadindix . Il réfléchit, regarde la jeune femme en pleurs ( ce qui ne l'apitoie pas) pour revenir croiser mon regard. -N'allons pas chercher plus loin Tapadindix, le coupable est parmi eux, laissons partir ces hommes. Nous les reverrons bien assez tôt, le coupable veux cacher quelque chose, il reviendra. Mon maître est sûr de lui. Il continue à enquêter, un sourire se fait remarquer sur ses lèvres. Il sait que la milice ne viendra pas. Le proconsul a plus de pouvoir que Flavius; il a certainement déjà soudoyé la milice corrompue de Campanie. Mon maître va devoir se débrouiller seul, enfin avec moi car je suis la aussi, ne m'oublions pas. Un monde fou se trouve devant la porte de la maison, je les entends de l'atrium, les rumeurs circulent vite à Pompéi. Ils n'osent pas entrer mais je suis sûr qu'ils le veulent. Je retourne rapidement rejoindre mon maître qui est affairé sur une tâche murale, une tâche blanche sur un mur grisâtre, un indice sans doute, je ne le dérange pas, je me sens inutile. La maison est vide, le corps de la femme est toujours là, le sang de sa blessure dorsale a cessé de couler. Je me dirige vers le triclinium; oui je tourne en rond, je n'ai toujours pas révélé à Flavius le petit faune taché de sang, je veux moi aussi participer à cette enquête. Je passe devant l'impluvium et à ma grande surprise, celui ci est à moitié vide, après ces périodes de pluie intense, il devrait déborder, et Tocius n'a pas pu le vider puisqu'elle est arrivée ce matin chez sa maîtresse en même temps que Chocapix. Je suis fier de moi, c'est sûrement un indice. -Tapadindix, viens là ; nous partons! -Bien maître! Je retourne dans l'atrium. -Cette enquête se révèle complexe mais le meurtrier a laissé de belles traces, j'en ai assez vu ici. Moi je pense plutôt que Flavius a vu le général Marcus s'approcher de la maison avec ses troupes; Marcus, c'est le pire ennemi de mon maître : il lui met toujours des bâtons dans les roues, il est jaloux du succès de ce dernier qui est l'enquêteur le plus réputé de Campanie. Il ne se serait pas gêné de faire coffrer Flavius s'il l'avait trouvé à deux pas du cadavre d'une patricienne. -Allez sortons! Nous sortons de la maison par l'arrière, j'ai juste le temps de voir la troupe de Marcus entrer dans la domus. Chapitre 3 Te idem defende : protège-toi toi-même ! (self défense) Mon maître accélère la cadence, malgré sa jambe souffrante. Nous avons quitté la rue de l'Abondance. Arrivé devant notre petite maison, Flavius s'arrête. -Tapadindix, sors nos chevaux, je vais chercher ce qui pourrait nous être utile. Mon maître est toujours mystérieux, j'ignore toujours où il veut en venir. Je sors les chevaux et je l'attends devant la porte du domicile. Il me rejoint, enfourche son cheval avec aisance, Flavius est un bon cavalier. Et nous partons. -Maître, où allons-nous? -Le coupable cherche à fuir, il est déjà en route. -Mais je croyais qu'il allait revenir? -Non, il n'est pas assez ignorant, quelqu'un ira s'en charger à sa place. -Voulez-vous dire que vous connaissez le coupable? Il sort un bout de parchemin de sa poche et sourit. -Oui, mais j'ignore pourquoi il l'a tuée et l'endroit où il se trouve. Mais nous allons voir l'armée qui est sous le contrôle du gouverneur et lui demander de bloquer les routes de Pompéi, excepté là où nous interviendrons. -Mais le coupable est certainement déjà parti! -Sans doute, mais il a des complices j'en suis sûr. Ces complices sont peut-être encore sur le lieu du crime. -Et donc? -Donc, ceux ci seront contraints de rejoindre le tueur. -Mais si les complices effacent toutes les preuves? -Ils ne connaissent pas toutes les fautes de leur chef, ils vont effacer les plus évidentes, certes, mais la pièce maîtresse du puzzle restera sagement à sa place. Il sourit. - Nous allons aller à la sortie de la cité la plus proche du Vésuve; c'est la sortie la moins protégée de la ville. Nous arrivons devant le palais du gouverneur, Flavius descend de son cheval et me fait signe de le suivre. Je me sens mal à l'aise, je ne suis qu'un esclave, moi. Les gardes laissent entrer mon maître. -Ave Caius Minos! -Ave Flavius Laegus! Moi, je m'incline simplement. -Cher ami, demande Caius, que me vaut l'honneur de ta visite? -Je viens te voir pour te parler d'une affaire sérieuse. -Ne me dis pas que tu t'es mêlé de cette histoire de meurtre? - C'est pour cela que je viens te voir. -La dernière fois cette fouine de Marcus a bien failli te faire coffrer! -Je sais, mais cette affaire m'intrigue, dis-toi que si je trouve l'assassin, ta popularité ne fera qu'accroître, si tu dis, bien sûr, que j'étais à ton service. -Tu trouves toujours les bons mots Flavius, que me demandes-tu ? -Tu vas donner l'ordre de protéger les routes, ne protège pas celles du Vésuve, je m'en chargerai avec mon ami gaulois. -Si cela peut t'aider, je vais ordonner sur le champ qu'on y retire mes hommes. -Je te remercie Caius Minos. -Vas, cher Flavius et que les Dieux te gardent. Nous reprenons nos chevaux, et partons en direction du Vésuve. La troupe de Marcus, que nous croisons fait chemin inverse, je comprends maintenant pourquoi mon maître voulait s'en charger lui même, Marcus lui aurait interdit d'intervenir dans sa zone. Nous sortons de Pompéi, guettant toute la journée la moindre allé et venue suspecte. Le soir vient, la nuit tombe. Flavius est plus attentif que jamais. Deux jeunes soldats sortent de la cité pompéienne. -Ce sont eux, murmure mon maître. -Et qu'allons-nous faire? -Et bien, je pense que les attaquer dans leur dos serait lâche, suivons-les, nous en tirerons peut-être quelque chose. Il est simple de les suivre, un soldat tient une torche de feu. Ils sont tellement occupés à discuter, qu'ils ne font pas attention à notre présence. -Tu as compris toi? questionne un soldat. -Quoi? répond le soldat à la torche. - L'énigme du chef bien sûr: là où le feu et l'eau se côtoient, à la troisième porte à droite tu me trouveras; comme si revenir sur les lieux de son meurtre n'était pas assez compliqué! -Tu vas la fermer oui! Le soldat à la torche se retourne, nos regards se croisent. -Vous en savez trop! Vous allez mourir! Le soldat sort son glaive, accroche sa torche à la selle du cheval. L'autre se rue sur mon maître. Flavius sort un glaive de son sac, me le jette, et sort de sa canne une lame secrète. Le premier soldat viens vers moi, je pare habilement ses coups mais il est plus rapide que moi. Autrefois, je fus Andabate, avant que mon maître m'achète au laniste de Pompéi. J'ai donc peu de notions de combat mais mon ouïe s'est fortement développée. Une idée me vient à l'esprit. Je donne un coup de pied au soldat qui trébuche, je cours vers la torche, je la décroche de la selle et j'éteins les braises du bois incandescent en l'écrasant avec ma sandale. Le noir total. Le soldat lourdement armé ne peut s'empêcher de faire claquer ses plaques de métal. Je lance un coup de glaive et j'atteins une surface molle, c'est le soldat. J'abrège son agonie d'un coup violent en direction de sa nuque. Ma ruse, en revanche, n'a pas arrangé la tâche mon maître, sa vue lui joue des tours. Il est âgé. Il est à terre, sa jambe lui fait mal. J'arrive par derrière et je fais une torsion de l'artère jugulaire au soldat avant qu'il n'enfonce son fer dans le corps fatigué de Flavius. -Je m'excuse d'avoir éteint la lampe, je ne pensais qu'à moi sur le moment. -Ne t'excuse pas jeune gaulois, tu m'as sauvé. J'aide Flavius à se relever et nous reprenons nos chevaux. Chapitre 4 Hervulanum J'ignore toujours qui est le coupable et où mon maître veut en venir mais je lui fais confiance, il a l'air sûr de lui. -Cher ami, je vous vois pensif, avez-vous réfléchi à l'énigme des soldats? Je lui réponds en toute sincérité: -Oui, mais à vrai dire, la réponse de cette énigme m'est totalement inconnue. -Faites un effort, Tapadindix! Existe-t-il beaucoup de lieux où le feu et l'eau se côtoient? Je réfléchis à toutes les possibilités de lieu où le feu et l'eau se côtoient, et le mot "thermes" me vient immédiatement à l'esprit. -Ne serait-ce pas les thermes? Le feu chauffe l'eau et un simple mur de briques les séparent. -Bien, maintenant, rendons-nous aux thermes d'Herculanum, les plus proches après ceux de Pompéi. La route fut brève. Nous arrivons à Herculanum au lever du jour. C'est la première fois que je m'y rends, la cité est fort semblable à Pompéi. -Nous voici à Herculanum; -Je suppose qu'il faut à présent chercher les thermes. -Vous supposez, bien l'ami. Une mosaïque d'une forme obscène nous montre une direction. -Je ne pense pas que ce chemin soit le bon à suivre. -Cela dépend ce que l'on souhaite, répond Flavius avec humour. La chaleur retient les gens chez eux, il est donc difficile de demander l'itinéraire à des citoyens de la ville. La cité est calme en ce début de matinée, nous nous arrêtons au bord d'une fontaine pour boire puis nous reprenons notre recherche des thermes. Nous arrivons sur le forum. -Regarde qui est là! C'est le Marchand Patafix, il nous a vus! -Rattrape-le! Patafix commence à courir, il prend des chemins étroits, il connait la ville mieux que moi. Je cours plus vite que lui, alors, pour me ralentir, le marchand fait tomber une charrette remplie de sacs de blé. Je trébuche, mais dans la précipitation, il entre en collision avec une dalle surélevée. -Ne t'approche pas! Je me relève avant lui et l'attrape. -Pourquoi me fuyais-tu? Pourquoi nous as-tu fuis à Pompéi? -Ce n'est pas ce que tu crois, non et tu le sais, ton maître le sais, je n'y suis pour rien, on me manipule, c'est à cause de la mort de son frère... Une flèche venue du toit d'une maison patricienne avait atteint le corps de Patafix, quelqu'un voulait le faire taire. Je lève la tête, une ombre fuyante est sur le toit, elle disparait. Je retourne voir mon maître qui m'attendait sur le forum. -Je l'ai rattrapé mais je n'ai rien pu faire, quelqu'un l'a fait taire en l'achevant d'une flèche. -Je vois, notre coupable a maintenant deux morts sur la conscience. Le pauvre marchand ne t'as rien dit? -Si, il m'a dit: "c'est à cause de son frère", après, il est mort. -Je crois que notre enquête devient de plus en plus intéressante. Le meurtrier ne sera pas aux thermes mais nous y trouverons sans doute quelque chose. Les thermes se trouvent à quelques pas du forum. C'est un grand bâtiment, semblable à un temple, nous y entrons, nous cherchons les portes, la troisième à droite. -Allons-y Tapadindix! La porte est fermée. -Je vais la forcer. La porte cède sous mon poids, la pièce cachée derrière est sombre, éclairée par une petite bougie contenant un simple tonneau. -Et vous là-bas, cette porte est fermée, elle n'est accessible qu'aux soldats! C'est un gros monsieur qui interpelle Flavius. -Excusez-moi, mais je suis moi même soldat, dit mon maître en mentant. -Vous soldat! Vous n'avez plus l'âge de tenir sur vos jambes! Mon maître s'approche de l'homme et lui assène un coup dans les tempes, il s'écroule sur le sol. Le bruit provoqué par la chute attire l'attention de la foule présente. -Notre temps est compté Tapadindix, il faut trouver quelque chose et vite. Flavius ne supporte pas que l'on porte atteinte à sa fierté. Je cherche quelque chose, je cherche quelque chose...Que voulez vous cherchez dans une pièce contenant un seul tonneau? -Dépêche-toi Tapadindix! J'ouvre le tonneau en utilisant mon glaive comme levier, dans celui-ci se trouve un miroir. -Maître, j'ai trouvé! C'est un miroir! -Il faut partir, et tout de suite! Je prends le tonneau et nous quittons les thermes. Une foule s'est formée depuis l'incident, les soldats sont arrivés et essaient de rétablir l'ordre, d'autres complices du criminel doivent sûrement être parmi eux, mais nous n'avons pas le temps de les retrouver, il faut continuer. -C'était la pièce manquante du puzzle, tout s'explique! dit Flavius en regardant le tonneau. Moi je ne comprends pas comment une glace peut nous faire avancer dans l'enquête. -Il faut maintenant découvrir le mobile, le pauvre Patafix nous a mis sur la voie, retournons à Pompéi. -Mais, maître, on nous a reconnus aux thermes. Les complices du coupable ont sûrement reçu l'ordre de nous éliminer! -Cela, je n'en doute pas il va falloir faire vite, le tueur nous attend! Nous reprenons nos chevaux que nous avions laissés au forum et nous sortons de la cité. Chapitre 5 Altercation in taberna : altercation à la taverne Sur la route, nous nous arrêtons dans une taverne, je n'ai pas mangé depuis hier. Colosseo, le Colosse, voici le nom de la taverne en référence à la montagne imposante qui prend origine à quelques dizaines de pieds de la taverne. Cette montagne, c'est le Vésuve. Mon maître ne pense pas que c'est une simple montagne car son sommet est creux. Pour tout vous dire, je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre! L'auberge est presque complète, la plupart des places assises sont occupées. -Assieds-toi là l'ami, dit Flavius en me montrant un banc à moitié occupé. Il se dirige vers l'aubergiste et lui murmure quelques mots à l'oreille. L'aubergiste acquiesce et lui indique une direction imaginaire en remuant l'air avec ses bras. Mon maître acquiesce à son tour et me fait signe de me relever. -Nous allons cacher nos chevaux dans son grenier qui se trouve derrière la taverne pour éviter de se faire dérober ce miroir, une pièce importante dans l'enquête que le meurtrier veut sans doute dissimuler, car, retiens ceci jeune gaulois, quand le coupable ne veut pas parler, ce sont les preuves qui le font. -J'en déduis que ce miroir est essentiel. -Et bien...oui. Nous retournons dans la taverne. Nous mangeons à notre faim, un peu trop même. Je suis gaulois, c'est de nature. Le ventre bien rempli de cette cuisine campanienne, nous nous levons et nous dirigeons vers le comptoir, l'aubergiste n'est plus ici. Flavius l'appelle, il ne répond pas. Le brouhaha incessant qui règne dans la taverne depuis quelques instants s'arrête. Tous les regards sont posés sur mon maître. -Des soldats de la légion ont parlé avec lui tout à l'heure, dit un homme qui avait perdu, je pense, le sens de la raison. C'est vrai, le vin de ce pays est fameux. Flavius a l'air inquiet. -Tapadindix, prends-ça! Flavius me jette le glaive. Viens avec moi! Je suis mon maître jusqu'au grenier. -Que les dieux soient maudits! s'écrit mon maitre, je vous le redis, Flavius ne croit pas aux Dieux L'aubergiste est étendu sur le sol, une masse est à ses pieds, pire, nos chevaux ont disparu. Nous laissons l'aubergiste à son triste sort. -Prenons les chevaux qui se trouvent devant l'auberge et repartons à Pompéi. Je range mon glaive dans ma ceinture et je monte sur un fier cheval blanc. -Les soldats ont déjà pris de l'avance, nous devons retourner immédiatement à Pompéi. J'entends au loin les cris de deux hommes, sans doute les propriétaires des chevaux volés. Arrivés aux alentours de Pompéi, mon maître me fait signe de descendre de cheval. -Nous allons descendre de cheval, le tueur doit savoir que nous allions revenir à Pompéi, certains gardes des portes doivent faire partie de ses complices, restons prudents, dit Flavius peu rassuré. La porte la plus proche, est la porte du Vésuve, celle par laquelle nous sommes sortis hier au soir. Deux soldats gardent celle-ci. J'en reconnais un, il était aux thermes d'Herculanum ce matin, ce doit être un complice. -Maître, celui de gauche ne vous dit rien? -Si, un soldat qui était présent aux thermes, un complice sans doute. Flavius siffle pour attirer l'attention du garde, je ne pense pas que c'est une bonne idée mais je lui fais confiance. Le soldat des thermes s'approche, cherche, mon maître siffle une seconde fois; le deuxième soldat arrive. Celui-ci pointe notre position du doigt. Les deux soldats cherchent près de nous. Flavius me mime un assommement, je comprends, je lui rends un sourire. Enfin les soldats sont tous près, je prends le pommeau de mon glaive et assomme le premier. L'autre soldat prend peur, Flavius sort des fourrés et lui donne un coup de canne d'une puissance phénoménale. Les corps sont inertes. -Nous allons prendre leurs équipements pour passer inaperçu jusqu'au palais du gouverneur. réplique mon maître. Nous entrons dans Pompéi, cela faisait à peine un jour que nous l'avons quittée, mais je la trouve bien changée. Les rues de cette ville sont remplies de monde en cette fin d'après midi, il est donc difficile de circuler et aussi de se faire repérer. Nous arrivons enfin devant le palais du gouverneur, les gardes nous font entrer. Le gouverneur nous reconnait malgré l'uniforme. -Que les dieux soient loués, vous êtes vivants! -Ave Caius Minos! réplique froidement Flavius, moi je m'incline. -Et bien tu ne sembles pas partager mon enthousiasme. -En effet, nous avons vu tes soldats voler nos chevaux, leur cargaison contenait une pièce indispensable à notre enquête. -Mais je n'y suis pour rien, je n'ai jamais ordonné cela, c'est une mutinerie! -Je l'espère, mais en vérité je ne viens pas pour cela, je voulais consulter le registre des mariages et aussi celui des décès. -Bien sûr. Et l'homme nous conduit vers une petite pièce où se trouvent les registres et tous les écrits de la cité. -Le voilà! dit le gouverneur en tendant à mon maitre un livre mesurant au moins trois pouces. -Voici le second, lance-t-il en me tendant un livre tout aussi épais. Flavius me fait signe de le poser, il cherche dans le premier, c'est celui des mariages qui se sont déroulés à Pompéi. Très peu de mariages sont recensés mais ceux des familles patriciennes s'y trouvent. Je crois savoir ce que cherche mon maître. -C'est bien ce que je pensais, Tapadindix, ouvre le livre des décès et cherche à la page de la troisième année du règne de Vespasien. Arrivé à cette page je tends le livre à Flavius, le gouverneur le regarde avec attention. -Par la barbe d'Archimède! J'ai enfin compris, il cherche à se venger, il a fait une confusion d'une ampleur énorme, il n'a pas fini de tuer. Le gouverneur ne comprend plus rien : -Pouvez me dire ce qui se passe? -La seule chose que je peux vous demander, s'empresse d'enchaîner mon maître, Qui est le dernier descendant de la famille Luros? -C'est Titus Luros, évidement, le grand dramaturge. Je crois même qu'il présente son adaptation de Plaute dans quelques instants, dit le gouverneur comme si cela est évident. -Viens Tapadindix, cet homme est en danger ! Je suis Flavius sans hésiter, nous montons sur nos chevaux et partons vers le petit théâtre de Pompéi. C'est bon, la pièce n'est pas encore commencée, nous entrons dans le théâtre en toute facilité. Nous nous asseyons quand l'histrion, entre en scène et il commence son résumé de la célèbre Mostellaria. Il est difficile de l'entendre, la plupart des gens ne l'écoute pas et discutent entre eux. En temps normal, je trouve ça désagréable, mais le résumé de la Mostellaria, je l'ai tellement entendu... -Tapadindix, toi qui t'intéresses à la poésie, est-ce lui, le descendant des Luros ? -Oui, je crois. -C'est homme est en danger. L'histrion repart vers l'envers de la scène; je tourne ma tête, mon maître n'est plus là! Il est devant, je le vois, il s'approche de la scène malgré les grognements des patriciens se trouvant en bord de celle-ci. Je regarde la scène, une ombre s'approche du jeune histrion, puis une autre surgit du bas-côté de la scène! Flavius lance sa canne vers la première ombre et enlève le masque qui cachait la seconde d'un coup violent de dague à corde qu'il gardait toujours avec lui. Je reconnais ces deux hommes: c'est Neibafus et Julius Imerem ! Chapitre 6 Fiat lux ! Les deux hommes se regardent embêtés, l'un d'eux est le coupable de ces deux abominables meurtres. La foule pousse des exclamations d'étonnement. -L'un de ces deux hommes a tué la célèbre Patricienne Ilagamus Luros ainsi que le marchand gaulois Patafix. Les exclamations clament de plus belle. -Je connais le coupable et j'ai toutes les preuves en main pour faire coffrer l'assassin : Madame Ilagamus Luros est morte il ya déjà deux jours dans sa domus, la maison du faune. Elle a été frappée mortellement dans les environs de la nuque par un objet, qui est précisément le faune. Oui, ce petit faune si joyeux qui dansait hier encore dans ce magnifique jardin. La foule fait beaucoup moins de bruit, elle est étrangement attirée par cette enquête qui va se conclure sous leurs yeux. Mon maître continue: -Mais la pauvre jeune femme n'est pas morte sur le coup, non, bien au contraire, elle a même eu le temps d'utiliser son merveilleux peigne de diamants pour graver sur le sol le nom du coupable! Voila pourquoi ce sol attirait tellement Flavius. -Mais le tueur s'en est aperçu, une chance, la mosaïque était neuve, il en a donc profité pour défaire la partie gravée et sanguinolente. Il est ensuite allé voir Patafix, ce pauvre homme, a été contraint de lui vendre tout son stock de ciment pour que cet abominable tueur recolle la mosaïque. Le meurtrier qui me savait bon ami du gaulois l’ a obligé de me mentir en disant qu'il n'avait pas vendu le moindre livre de ciment. Mais le pauvre a la langue bien pendue, il n'a pu s'empêcher de nous révéler ce bon client, sans nous dire de nom bien sûr. Continuons, le tueur, avec son ciment et sa mosaïque usagée, oui, le marchand de mosaïque ne pouvait venir au forum, à cause de la pluie torrentielle. Il était contraint d'utiliser de l'eau pour se servir du ciment. Pourquoi ne pas utiliser l'eau de l'impluvium, pourquoi? Et bien c'est ce que l'assassin a fait, mais qu'y a t-il de plus suspicieux qu'un impluvium à moitié vide en cette période de pluie ? Les deux coupables potentiels se regardent, le public est toujours aussi attentif, et moi je suis émerveillé par la perspicacité de mon génie de maître. -Après avoir fixé la mosaïque, Chocapix et Tocius sont arrivés et m'ont, je veux dire plutôt nous car j'ai été aidé par mon associé et ami Tapadindix, appelés. J'ai à mon tour du me prendre au jeu de la mosaïque mais dans le sens inverse, en découvrant que le sang se trouvait aux angles des carreaux et il était éparpillé. J'ai fais un croquis remettant les carreaux dans l'ordre et j'ai découvert l'inscription mystérieuse: NEIBA et le début de ce qui semblait être un F. Il se retourne et regarde l'homme qui se nomme Neibafus. -Vous faites erreur monsieur, même si je ne peux ignorer votre talent de déduction, la victime a été frappée au niveau de la nuque, comme vous l'avez si bien expliqué. Alors comment se fait-il qu'elle ait pu voir le visage de celui qui lui a dérobé la vie. Flavius sourit. -Et bien cela est simple, même si votre défense est justifiée, vous avez tort et vous le savez. La victime se coiffait quand elle a été tuée, elle tenait un peigne, elle se regardait dans un miroir. Oui, il ya toujours la trace blanche montrant la non-présence du miroir, cette mosaïque verticale qui est si chère à vos yeux, que vous nous avez ôté après avoir tué Patafix. Mais enfin je la retrouve! La pièce finale du puzzle! La mosaïque verticale. Il coupe une corde et un tonnelet atterri dans ses bras. -C'était la seconde arme du crime, il voulait tuer le jeune frère Luros tout en effaçant la dernière pièce à conviction, ingénieux, mais pas assez... Votre frère est mort, oui hélas, vous étiez jumeaux, complémentaires. Il s'est marié vous êtes partis en guerre. Vous êtes retourné à Pompéi, il était heureux avec Ilagamus Luros, trop peut-être... Neibafus commence à pleurer. -Un jour il est retrouvé mort, et vous, vous ignorez comment, personne ne vous le dit. Mais vous, vous voulez comprendre, alors vous allez fouiller dans les archives du gouverneur, vous voyez, sur le registre des morts, ton frère avec l'inscription LUMOS. Mais tu t'es trompé, grave erreur. -Non, non, ce n'est pas vrai... rétorque Neibafus Le coupable, car je peux maintenant l'affirmer, est en pleurs, il désespère. -Si, si, votre confusion a été d'une haute gravité, Lumos est un code de la milice qui signifie lumière, soit, que l'affaire a été résolue. Vous devriez le savoir, vous étiez soldat, vous vous êtes laissé emporté par la haine, vous n'aviez pas voulu comprendre. La milice et le gouverneur entrent dans le théâtre et découvrent Neibafus à genoux et en pleurs. -Mes amis baissez les armes je suis perdu... Le soldat sanglote, déchu. Un groupe de soldats lâche les armes, tous les regards se tournent sur les frères d'armes et complices de Neibafus. -Je suis désolé, monsieur, nous allons vous demander de nous suivre, réplique le gouverneur en regardant, dépité, ce groupe de soldats qui sont complices. L'homme est effondré: -Que les dieux me pardonnent... Flavius baisse les yeux, se tourne vers le coupable, et murmure: -Dura lex sed lex... La foule présente l'applaudit en le félicitant pour sa déduction de maître détective. Le proconsul est toujours à sa place en regardant la scène. Il applaudit lui aussi bien content de ne pas avoir été cité dans cette conclusion, ce qui aurait pu nuire à sa réputation. Je rejoins mon maître, il est épuisé, il va chercher sa canne et sort du théâtre. -Félicitations, maître! -Je te remercie, Tapadindix, cette enquête fut passionnante, je commençais à m'ennuyer ces tempsci. Je sais ce que ressent Flavius, et qu'il essaie de faire paraître le contraire, mais je ne lui fais pas remarquer, je ne veux pas porter atteinte à sa fierté. Plus tard, le soleil se couche enfin sur la cité. Arrivé à la maison, j'allume les bougies, et je commence à préparer le repas. Par la lucarne je vois mon maître, comme à son habitude, qui écrit le récit de ses enquêtes, il se lève, éteint la bougie qui éclairait fébrilement son tablinum et il referme son parchemin. Sur ses dossiers j'aperçois quelques mots écrits à l'encre: "La mosaïque verticale". Ces mots, éclairés par un puissant rayon de pleine lune.