La FEB veut une taxe kilométrique pour tous et un « budget

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La FEB veut une taxe kilométrique pour tous et un « budget
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Mercredi 7 décembre 2016
metro
MOBILITÉ :
La FEB veut une taxe kilométrique
pour tous et un « budget mobilité »
BRUXELLES La FEB a
sondé employeurs et
salariés pour mieux
connaître leur avis en
matière de mobilité. Elle
propose sept mesures
pour aider le pays à entreprendre sa « révolution
mobilité ».
1. TAXE KILOMÉTRIQUE
POUR TOUS
Une taxe kilométrique existe déjà sur les routes du pays. La FEB
plaide pour un élargissement du
dispositif à tous les véhicules,
alors qu’il ne s’applique pour le
moment qu’aux poids lourds.
Elle devrait également être intelligente : comprenez varier en
fonction de l’heure et du lieu
d’utilisation du véhicule. « C’est
le principe de l’utilisateur
payeur : l’usager paye une
contribution en fonction de son
usage de l’infrastructure », souligne la FEB.
2. BUDGET MOBILITÉ
PLUTÔT QUE VOITURE
Ce dispositif vise à offrir une alternative à la voiture de société.
Les employeurs s’y disent ouverts : 67 % estiment qu’ils instaureront un tel budget à l’avenir, et 28 % pourraient le faire
dans les cinq ans. Concrètement, le travailleur pourra choisir de renoncer à sa voiture de
société, et soit opter pour un
modèle plus petit, soit pour une
autre solution de transport. Par
exemple, acheter un abonnement de train et un vélo pliant.
Le principal avantage est que le
travailleur choisit librement la
solution de mobilité qui lui
convient le mieux, souligne l’organisation patronale. Elle insiste également pour que ce
budget fasse l’objet d’un taux
d’imposition unique, et pour
qu’une partie soit exemptée
d’impôts. Les employeurs y gagneraient également, puisqu’ils
n’auraient plus à gérer les véhicules et abonnements de transport.
CHIFFRE
400.000
400.000 véhicules de sociétés
(mis à disposition de l’employé
avec possibilité d’usage privé)
sont en circulation sur les
routes belges. Cela représente
7,5 % du parc automobile.
Ces véhicules servent, notamment, aux trajets domiciletravail, qui sont responsables
des pics de fréquentation des
routes (entre 7h30 et 9h30 et
16 et 19h).
Belga / B. Doppagne
Le budget mobilité ne bannit
pas le régime avantageux accordé aux voitures de société. Mais
il doit permettre au travailleur
qui le souhaite « d’opter pour
une alternative », note l’organisation patronale.
3. RELANCE
DE L’INVESTISSEMENT
Les entreprises critiquent le
manque d’investissement dans
les infrastructures au cours des
dernières années. Seuls 2 % du
PIB y sont désormais consacrés,
contre 4,5 % dans les années 80.
Pour la FEB, il faut donc d’urgence réinvestir au profit de
l’entretien et de la mise à niveau
de certains tunnels, viaducs, et
autoroutes, même si d’autres
voix plaident pour leur fermeture. D’autant plus que selon les
économistes, chaque euro investi dans ces infrastructures génère 1,4€ d’activité économique.
Cela n’a rien de contradictoire
avec le souhait de développer
une mobilité plus efficace et
plus durable, se défend l’organisation patronale. « À l’heure actuelle, les transports collectifs
n’ont pas la capacité d’absorber
les 80 % de navetteurs qui se dé-
placent en voiture. » Il lui
semble donc essentiel d’assurer
la pérennité des infrastructures
existantes.
4. COMODALITÉ
« Chaque mode de transport doit
être utilisé lorsqu’il est le plus
indiqué », note l’enquête de la
FEB. « Le train est adapté pour le
transport de masse. Dans les
zones moins densément peuplées, on lui préférera le train léger ou le bus. » Le défi pour y arriver est que les différentes autorités et société de transport s’accordent pour créer une offre
structurée et coordonnée.
5. VISION
INTERFÉDÉRALE
Belga / E. Lalmand
rer l’intermodalité », déplore la
FEB. Pieter Timmermans, son
administrateur délégué, appelle
à développer une « vision interfédérale » de ce dossier.
Principal exemple permettant
de comprendre la nécessité
d’une meilleure intégration : le
RER, qui est bien plus qu’une infrastructure ferroviaire propre à
Bruxelles. Il implique les autorités fédérales et régionales, mais
aussi les communes situées tout
le long du trajet. « On comprendra aisément qu’une vision partagée de la mobilité autour de
Bruxelles est essentielle à un
projet d’une telle envergure »,
note la FEB.
6. INNOVATIONS ET DATA
Le constat de la FEB est sans appel : le morcellement des compétences freine le développement d’une politique cohérente
en matière de mobilité. Les trajets domicile-travail constituent
une compétence fédérale alors
que la politique des transports
relève souvent du régional. « Ce
paysage kaf kaïen typiquement
belge complique l’élaboration
d’une politique cohérente, notamment dès qu’il s’agit d’assu-
Notre société se montre fébrile à
l’innovation, pointe la FEB. Elle
appelle les autorités à entretenir
une veille technologique, afin
d’identifier au plus tôt les innovations à fort potentiel. Cela
doit permettre d’adapter le
cadre réglementaire, et permettre aux idées neuves de faire
leur place le plus rapidement
possible.
La FEB insiste également sur le
besoin de collecte et de diffusion
des big data. Cette masse de don-
nées générée en temps réel, notamment par les smartphones,
peut fournir des informations
sur les déplacements des personnes et des marchandises.
7. CARBURANTS ET
MOTEURS ALTERNATIFS
Réduire les émissions de CO2 du
secteur du transport ne sera pas
simple, puisqu’il dépend encore
à 97 % du pétrole. La FEB plaide
en faveur d’une fiscalité incitative au verdissement du parc automobile. Aujourd’hui, la déductibilité des frais de voiture
est fonction du niveau d’émission, et peut atteindre 120 %
pour les véhicules électriques.
« C’est une mesure positive »,
note la FEB. Elle plaide pour une
plus grande utilisation de ce
type d’incitant, tout en rappelant le besoin de ne pas trop gréver le budget de l’État.
La Norvège est souvent mise en
avant pour sa politique de promotion des véhicules propres.
Après quelques années de déductions fiscales, le pays envisage une interdiction totale des
ventes de voitures à moteurs
thermiques à partir de 2025.
Camille Goret
@Camille_Goret
INTERVIEW MINUTE
Télétravail et horaires flottants, les nouvelles formes de travail
demande pas d’investissements lourds. Les entreprises
doivent simplement effectuer un shift mental pour accepter de ne pas avoir leurs
collaborateurs au bureau.
Tout se base sur la
confiance. »
BRUXELLES Les navetteurs sont responsables
des pics de circulation, le
matin et le soir. Il est
possible de réduire le
nombre de leurs trajets
en ayant recours aux
nouvelles formes de travail, explique Nicolas
Coomans, chargé de la
mobilité à la FEB.
Ph. D.R.
Le télétravail et les horaires
flottants peuvent contribuer à décongestionner les
routes aux heures de
pointe. Comment les entreprises voient-elles cela ?
« Les horaires de travail f lot-
tants consistent à se rendre
au bureau hors des heures de
pointe. Cela permet de répartir le trafic sur l’ensemble de
la journée. Le télétravail, lui,
peut limiter le trafic. Cela ne
Ça n’est pas possible pour
tous les postes
« L’objectif n’est évidemment
pas d’imposer ces formes de
travail. Mais il suffit qu’une
partie des navetteurs y ait recours pour commencer à lisser les pics de fréquentation
du matin et du soir. Cela est
tout à fait faisable pour cer-
tains postes du secteur bancaire, de l’administration… »
Que
les
entreprises
peuvent-elles y gagner, hormis une amélioration de la
mobilité qui est un besoin
pour tous ?
« 16 % des entreprises permettent déjà le télétravail, et
près d’une sur deux compte
le permettre à moyen terme.
Elles peuvent aussi y gagner
en nécessitant moins d’espace. Cela peut être l’occasion de supprimer quelques
bureaux dans un open space,
ainsi que des places de parking. »
(cg)