Le document qui peut sauver Platini
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Le document qui peut sauver Platini
www.lejdd.fr I 6 décembre 2015 I N° 3595 I 1,80 € (JDD + Version Femina) élections : la France dans le miroir des régionales COP21 Six jours pour trouver un accord Notre dossier Pages 2 à 9 OffErT Supplément vin de 44 pages Pages 18 à 25 ExCLuSif Le document qui peut sauver Platini M 00851 - 3595 - F: 1,80 E 3’:HIKKSF=VUV]UZ:?d@f@j@p@k"; b Un rapport officiel de l’UEFA de 1998 accrédite la réalité d’un contrat entre Sepp Blatter et Michel Platini b Ce rebondissement permettra-t-il au Français de se présenter à la présidence Pages 26-27 de la Fifa ? Le président de l’UEFA, ici en 2014, a été suspendu le 8 octobre pour 90 jours. Depuis, sa candidature à la présidence de la Fifa est compromise. AlAin mounic/Presse sPorts ROBYN BECK/AFP ABACA PROd San Bernardino Bernard Tapie Lelouch, 50 ans après Page 15 Page 28 Pages 40-41 Aux états-Unis, le « djihad de voisinage » France métropolitaine : 1.80 € Ses confidences après le verdict à 404 millions Pèlerinage en Inde pour un homme et une femme 2| L’événement jdd | 6 décembre 2015 régionales 2015 Sur fond d’angoisse sécuritaire, le premier tour des élections s’annonce très incertain Le scrutin qui inquiète L doMiniQue de MontVaLon @Demontvalon1 es régionales, dont le premier tour a lieu aujourd’hui, sont importantes, imprévisibles, pas capitales. Ces élections sont importantes, très importantes même, parce que chaque fois qu’on donne la parole au peuple et qu’on écoute, loin du microcosme politico-médiatique, son (ou ses) message(s), ce n’est pas anodin. C’est même l’acte central qui fonde une démocratie. Cela aidera à voir, même si c’est éventuellement dérangeant, où en sont les Français – y compris dans leurs hantises – alors que se profile la présidentielle de 2017, et qu’au bipartisme cher à la Ve République (gauche-droite) est en train de succéder, provisoirement ou pas, un tripartisme (gauche-droite-FN) qui bouscule les lignes. En plus, pour ne pas oublier l’objet premier de ce scrutin, ce n’est pas rien de désigner celles et ceux qui, pendant six ans, vont administrer les 13 régions (plus 4 régions et territoires outre-mer) dont la France est désormais dotée. Ces élections sont imprévisibles car, au rejet de la classe politique et à la coupure forte, sur fond de chômage, entre France d’en haut et France d’en bas, s’ajoute un traumatisme national : des Français kamikazes ont tiré sur d’autres Français. Et nous voici tous entrés dans un monde différent : celui du terrorisme de proximité qui nourrit la peur, la tentation du repli et la méfiance de l’autre. Dans un climat anxiogène, la sécurité devient la priorité des priorités, devant le chômage. À la clé : un dérèglement généralisé des boussoles politiques. « Le système est en voie de déstabilisation » En même temps, ces élections ne sont pas capitales, au sens où elles engageraient radicalement – comme ce sera le cas en 2017 – l’avenir d’un pays qui se cherche et, pour l’heure, se droitise. Comment, il est vrai, pourraient-elles l’être quand les instituts de sondage laissent prévoir une abstention légèrement inférieure à celle de 2010 (lors des précédentes régionales) mais proche – un peu plus, un peu moins – de 50 % ? Ce sont donc 50 % de Français qui disent ne pas se sentir « concernés », à qui aucune des offres ne convient ou bien qui choisissent – cela existe – de laisser faire « les autres » pour voir ensuite si le paysage politique bouge, se recompose et sur quelles bases. Trois questions auront ce soir un début de réponse, mais un début seulement car, politiquement, le second tour, dimanche prochain, comptera au moins autant que le premier. Le FN – proportionnellement très soutenu dans l’électorat populaire et chez les 18-24 ans – se- ra-t-il dans les urnes à la hauteur de ce que lui promettent les sondages ? L’union de la droite et du centre, à qui tout paraissait sourire il y a trois mois, va-t-elle résister au rouleau compresseur frontiste ? La gauche, partie divisée, va-t-elle s’en sortir mieux que prévu ou s’effriter, voire s’effondrer ? « Le système est en voie de déstabilisation », dit froidement le politologue rocardien Gérard Grunberg, en observant la France dans le miroir des régionales. g sécurité renForcée autour des bureaux de Vote si Le minisTère de l’Intérieur affirme ne pas avoir donné de consignes particulières, les électeurs pourraient être invités aujourd’hui à présenter sacs et manteaux ouverts à l’entrée de certains bureaux de vote dans le cadre du plan Vigipirate. Toute personne qui refuserait pourrait se voir interdire l’accès par le président du bureau de vote, seul habilité à gérer la sécurité dans ce lieu. Le plan Vigipirate alerte attentat prévoit en effet « la mise en place d’un filtrage systématique et rigoureux aux accès des bâtiments ou espaces recevant du public », comme le rappelle le préfet des Yvelines, dans une note transmise aux maires du département. Frappé par les attentats du 13 novembre, Paris a pris les devants et va « multiplier par quatre les effectifs sur le terrain » pour assurer la sécurité des élections, avec 125 agents privés mobilisés en plus des agents municipaux, selon un communiqué de la mairie. De son côté, le préfet de police « mobilisera les forces de police et les forces armées » : les bureaux de vote « seront intégrés dans les points de passage des patrouilles dynamiques » veillant à la sécurité publique. c.o. Régionales, mode d’emploi Les Français sont appelés aux urnes, deux dimanches de suite, pour élire leurs conseillers régionaux. c’est la première fois qu’ils votent dans le cadre des 13 nouvelles régions christine oLLiVier @CoLL7533 b 1.757 conseiLLers régionaux Les Français doivent élire, les 6 et 13 décembre, 1.757 conseillers régionaux en métropole, en Guadeloupe et à La Réunion, ainsi que 153 conseillers territoriaux en Corse, Guyane et Martinique. C’est la première fois que le scrutin est organisé dans le cadre des 13 nouvelles régions – contre 22 auparavant – issues de la réforme territoriale votée l’an dernier. Pas moins de 171 listes ont été déposées pour le premier tour, soit un total de 21.456 candidats. Les conseillers régionaux sont élus pour six ans. Leur mandat sera toutefois légèrement écourté cette fois-ci, le terme ayant été fixé par la loi à mars 2021, et non décembre, pour retrouver le rythme normal des élections. b désisteMent, Fusion… Les règLes de L’entre-deux-tours Les conseillers régionaux sont élus au scrutin proportionnel à deux tours avec prime majoritaire. Le scrutin est régional mais les électeurs votent pour des listes départementales : en Île-deFrance, par exemple, ils voteront pour des candidats différents selon qu’ils habitent dans les Yvelines ou en Seine-Saint-Denis. Ces listes sont, par ailleurs, strictement paritaires : elles sont composées alternativement d’un candidat de chaque sexe. L’électeur ne peut ni rayer des noms ni panacher, sauf à voir son bulletin frappé de nullité. À l’issue du premier tour ce soir, ne pourront se maintenir que les listes ayant atteint au moins 10 % des suffrages exprimés. Mais celles qui auront recueilli au moins 5 % des voix auront la possibilité de fusionner avec une liste qualifiée pour le second tour. À partir de ce soir et jusqu’à mardi 18 heures, date limite pour le dépôt des nouvelles listes, s’ouvrira donc une intense période de tractations. Si la droite a opté pour l’union dès le premier tour et ne devrait donc pas modifier ses listes, la gauche aborde le scrutin de façon dispersée. Socialistes, écologistes et communistes devront donc s’entendre avant mardi 18 heures pour éventuellement fusionner en une liste unique. Se posera, par ailleurs, la question d’éventuels retraits de listes pour faire barrage au FN dans les régions où il semblerait en mesure de l’emporter. b Le graaL de La priMe Majoritaire Au soir du second tour, les sièges du conseil régional seront répartis à la proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Mais la liste arrivée en tête bénéficiera d’un avantage majeur sur les autres : une « prime majoritaire » qui lui accorde automatiquement un quart des sièges du conseil régional, en plus de ceux auxquels lui donne droit son score au second tour. En cas de duel comme en cas de triangulaire, la liste qui décroche la première place est assurée de détenir la majorité absolue. En cas d’égalité de suffrages entre les listes arrivées en tête, la prime sera accordée à la liste dont les candidats ont la moyenne d’âge la plus élevée. b Le troisièMe tour : L’éLection du président de La région Après le scrutin, les nouveaux conseillers régionaux élisent leur président pour six ans à la majo- Vendredi, à Nantes. FRANCK TOMPS/ATELIER DU JOUR POUR LE JDD rité absolue. Ce vote doit avoir lieu le vendredi 18 décembre dans les cinq régions métropolitaines dont le périmètre n’a pas été modifié. Pour les régions fusionnées, les présidents de région seront élus le 4 janvier. Une commission per- manente et des vice-présidents seront ensuite élus. Ils composent, avec le président, l’exécutif de la région. Le conseil régional fixe le nombre de vice-présidents, qui ne peut toutefois pas être supérieur à 30 % de l’effectif du conseil. g L’inconnue de L’abstention Trois semaines après les attentats de Paris et Saint-Denis, le choc du 13 novembre va-t-il avoir un effet sur la participation et pousser davantage d’électeurs à se rendre aux urnes ? C’est une des grandes inconnues du premier tour des élections régionales, d’autant que c’est la première fois depuis la présidentielle de 1965 que les Français sont appelés à se prononcer au mois de décembre, période plus propice aux courses de Noël qu’aux campagnes électorales. Les spécialistes ne croient guère à un sursaut civique et prédisent une participation stable : l’institut Ifop table sur un taux d’abstention d’environ 54 %, soit un niveau équivalent à celui du premier tour des régionales de 2010 (53,6 %), mais bien plus élevé qu’au premier tour des régionales de 2004 (37,88 %). c.o. l’événement | 3 jdd | 6 décembre 2015 Île-de-FrANCe NOrd-PAs-de-CAlAis-PiCArdie Le match s’annonce serré entre l’ancienne ministre Valérie Pécresse, tête de liste de la droite et du centre, et son adversaire socialiste, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, dans une région tenue par la gauche depuis dix-sept ans. Marine Le Pen, présidente du FN, a fait la course en tête dans les sondages, face à l’ancien ministre Xavier Bertrand (LR) et à Pierre de Saintignon (PS), adjoint de Martine Aubry à la mairie de Lille. L’état de la gauche et son choix – maintien ou retrait – devraient être au cœur des débats ce soir. AlsACe-ChAmPAgNeArdeNNe-lOrrAiNe Favori du scrutin jusque-là, Philippe Richert (LR) est désormais au coude-à-coude dans les sondages avec le Front national, conduit par le numéro 2 du parti, Florian Philippot. La tête de liste PS, Jean-Pierre Masseret, hériterait de la troisième place au premier tour. NOrmANdie La Normandie paraissait promise au candidat centriste Hervé Morin, soutenu par Les Républicains. Mais le Front national, conduit par Nicolas Bay, a repris du terrain dans les enquêtes d’opinion. Leur bras de fer pourrait faire les affaires du candidat PS, Nicolas Mayer-Rossignol. BretAgNe Seul ministre en exercice tête de liste aux régionales, Jean-Yves Le Drian fait la course en tête en Bretagne face au candidat (LR) Marc Le Fur et à l’ancien « bonnet rouge » Christian Troadec (DVG). S’il est élu, le socialiste restera au gouvernement « tant que le président de la République le jugera nécessaire ». BOurgOgNe-FrANChe-COmté = L’ancien ministre François Sauvadet (UDI) emmène les troupes de la droite et du centre face à la socialiste Marie-Guite Dufay, présidente de Franche-Comté. Au coude-à-coude, tous deux doivent faire face à la percée potentielle du Front national. = = PAys de lA lOire Le patron des sénateurs Les Républicains, le Vendéen Bruno Retailleau, est donné favori. Mais la droite pourrait pâtir de la poussée de la liste FN conduite par Pascal Gannat. En embuscade, le PS représenté par Christophe Clergeau compte limiter les dégâts. = Limites des anciennes régions AuvergNe-rhôNe-AlPes Convoitée par le numéro 3 des Républicains, Laurent Wauquiez, et par le président sortant de la région Rhône-Alpes, le socialiste Jean-Jack Queyranne, la région est le théâtre d’un duel droite/gauche à l’issue très incertaine, sur fond de poussée du FN. = Patron de l’Aquitaine depuis 1998, le socialiste Alain Rousset reste bien placé dans le Sud-Ouest. Mais il a vu son avance fondre dans les sondages. Il est désormais talonné par une nouvelle venue en politique : Virginie Calmels (LR), première adjointe d’Alain Juppé à Bordeaux. 13 régions, 13 batailles La droite, emmenée par le centriste Philippe Vigier, patron du groupe UDI à l’Assemblée, espérait conquérir haut la main la présidence du Centre-Val de Loire. Mais l’écart se resserre dans les sondages avec la tête de liste socialiste François Bonneau. = AquitAiNe-limOusiNPOitOu-ChAreNtes Limites des nouvelles régions CeNtre-vAl de lOire PrOveNCe-AlPesCôte d’Azur = lANguedOC-rOussillONmidi-PyréNées Malgré les divisions et une forte poussée attendue du FN, la liste de l’ex-secrétaire d’État Carole Delga est favorite dans une nouvelle région perçue comme un bastion de gauche. Nouveau venu en politique, Dominique Reynié (LR) risque d’en faire les frais. Majorités sortantes PS LR DVG La droite emmenée par Christian Estrosi (LR) doit faire face à la pression de Marion Maréchal-Le Pen (FN). Le sort du candidat socialiste Christophe Castaner, entre maintien ou désistement, devrait faire l’objet dès ce soir d’intenses discussions. COrse Le premier tour fera office de primaire à droite entre José Rossi et Camille de Rocca Serra. À gauche, Emmanuelle de Gentili (PS) est concurrencée par le président sortant de l’assemblée de Corse, Paul Giaccobi, et par Jean Zuccarelli. La division pourrait profiter aux régionalistes. Les régions qui pourraient passer au FN Les régions qui pourraient passer à droite qui pourraient = Lesresterrégions à gauche Des partis sous pression L’issue du premier tour va provoquer ce soir un branle-bas de combat dans tous les états-majors Arthur NAzAret ChristiNe Ollivier NiCOlAs Prissette Les Républicains et le centre Objectif : faire mieux que le FN Il y a quelques semaines, la droite rêvait du « grand chelem » : voir la France des Régions se colorer en bleu comme elle avait rosi en 2004 dans sa quasi-totalité. L’impopularité record de François Hollande et l’interminable progression du chômage lui donnaient de sérieuses raisons d’y croire. C’était compter sans le Front national. Trois semaines après le choc des attentats du 13 novembre, les instituts de sondage comme les candidats sur le terrain témoignent d’une poussée de fièvre FN qui menace de priver Les Républicains de toutes les victoires annoncées. La fuite d’une partie des électeurs LR vers le FN, si elle se confirmait, pourrait redonner des espoirs à la gauche là où la partie semblait perdue d’avance pour elle. A contrario, la droite commence à croire en ses chances dans des Régions où le match paraissait compliqué pour elle : en Île-de-France et même en Aquitaine. Nicolas Sarkozy balaie d’un revers de main les pronostics des sondeurs : « Mensonges, mensonges et mensonges ! », a-t-il martelé mercredi soir au sujet des enquêtes d’opinion lors d’un meeting près d’Orléans. Et de rappeler que le parti de Marine Le Pen était, déjà, donné vainqueur en mars dans plusieurs départements. Au final, il n’en a conquis aucun, et c’est bien la droite qui était sortie grande gagnante du scrutin en prenant le contrôle de deux-tiers des départements. Un scénario que Sarkozy espère voir se répéter. D’autant qu’il sait que ses rivaux à l’intérieur du parti l’attendent au tournant s’il trébuche face au FN. Nul doute que l’ex-président, qui doit s’exprimer dès ce soir, examinera de près les résultats du premier tour. Un bureau politique extraordinaire est prévu demain à 11 heures pour fixer la ligne de l’entre-deux-tours et éviter toute cacophonie. Nicolas Sarkozy s’est d’ores et déjà prononcé contre tout « front républicain » pour faire barrage au FN. Pour lui, il est hors de question de voir un candidat LR fusionner avec une liste PS. « On ne peut pas dire avant le premier tour : on est en total désaccord avec la politique de la gauche, et entre le premier et le deuxième tour, dire “mais dans le fond, marions-nous !”», s’est-il exclamé. De même, « nous maintiendrons nos listes partout où nous serons en position de les maintenir », a prévenu le patron des Républicains. Reste à savoir s’il sera suivi par tous ses rivaux à la primaire en cas de vague FN et quelle sera l’attitude des têtes de liste, dont certaines pourraient être tentées de faire bande à part. Le FN Objectif : être en tête Marine Le Pen a fixé l’objectif de son parti : remporter « quatre à cinq Régions ». Les sondages ont donné corps à cette hypothèse inédite, pour le Nord- ggg = Incertain 4 | l’événement JDD | 6 décembre 2015 régionales 2015 ggg Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, provoquant des réactions en chaîne chez Les Républicains et au PS en vue du second tour. L’extrême droite espère aussi être en bonne position en BourgogneFranche-Comté et en Normandie. Les intentions de vote pour le FN ont augmenté après les attentats du 13 novembre, poursuivant sur leur tendance initiale. Les dirigeants du parti lepéniste ont terminé leur campagne en exacerbant des thèmes identitaires et sécuritaires. Marine Le Pen a déclaré en meeting à Ajaccio que « pour mériter la nationalité française, il faut parler français, manger français, vivre français ». Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen a estimé sur France Info qu’« être français, c’est respecter des mœurs et un mode de vie », sans dire lesquels. Le Front national a lancé dans la course ses principaux dirigeants : ses vice-présidents, Louis Aliot (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées) et Florian Philippot (Alsace-ChampagneArdenne-Lorraine), son secrétaire général, Nicolas Bay, en Normandie… Le parti lepéniste n’a jamais conquis de Région, pas plus que de département. Dans le passé, il a permis à la droite de constituer des majorités Régionales contre la gauche en 1998, quand cinq présidents (UDF) ont été élus grâce à ses voix, suscitant de fortes tensions avec le RPR et les condamnations unanimes à gauche. Cette fois-ci, il serait en mesure d’arriver premier à l’échelle nationale ce soir, et en tête dans une moitié des 13 Régions. Dans un scénario de second tour, il serait donc favorisé en cas de triangulaire. La partie serait plus compliquée pour l’extrême droite en cas de duel, si la gauche appelle Emmanuelle Cosse, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls et Marine Le Pen. Gilles ROlle/ReA ; PAscAl PROust/MAXPPP ; liONel uRMAN/BestiMAGe ; AlAiN ROBeRt/APeRcu/siPA à voter pour les listes LR-UDIMoDem ou si celles-ci intègrent des candidats PS. La force d’un tel « front républicain » est la principale hantise des dirigeants frontistes. Ils peuvent échouer au second tour après avoir franchi le premier tour en tête. Comme lors des départementales de mars, où ils pensaient conquérir au moins l’Aisne et le Vaucluse. Dans 17 cantons où il était arrivé troisième, le PS s’était désisté au profit de l’UMP, qui l’avait emporté dans chacun d’entre eux. Le PS Objectif : résister Il reste au Parti socialiste un peu d’humour. Alors que la gauche, qui détenait 21 Régions sur 22, s’apprête à vivre une très mauvaise soirée électorale, un conseiller ministériel sourit : « Des Régions ? On n’en perdra pas plus de 13. » De fait, après la réforme territoriale, le nombre de Régions métropolitaines a été ramené à 13. Après avoir enchaîné trois défaites (européennes, municipales, départementales) depuis 2012, le Parti socialiste s’attend à une nouvelle débâcle. Malgré le regain de popularité du chef de l’État, les déçus du hollandisme boudent les urnes. Le PS le sait et tente de mobiliser son électorat. « Réveille-toi peuple de gauche », a lancé Claude Bartolone, le candidat en Île-de-France, lors de son dernier meeting. « Votez pour transformer un geste en une grande manifestation nationale pour la République », a appuyé jeudi soir Manuel Valls dans un discours où il fut beaucoup question des attentats du 13 novembre et de leur suite. Les socialistes espèrent conserver au moins trois Régions : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Bretagne et Languedoc-RoussillonMidi-Pyrénées. Dans trois autres Régions, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, ils semblent définitivement distancés. C’est là où le FN pourrait l’emporter. Le PS est ainsi plongé dans un abîme de perplexité. Que faire ? Le retrait des listes, avec un appel à voter à droite, signerait une disparition Régionale pendant six ans, sans avoir pour autant l’assurance de faire battre le FN. Le maintien ? C’est prendre le risque d’être désigné comme faiseur de roi FN. Manuel Valls a, un temps, défendu une fusion des listes avec la droite, provoquant une levée de boucliers dans son camp. Dans la nuit de dimanche à lundi, Jean-Christophe Cambadélis, l’exécutif et les candidats concernés essaieront de trouver une position commune. « Il faut tout faire pour faire battre le FN. Après, pour les modalités, c’est une question de circonstance et de créativité », explique le secrétaire d’État Jean-Marie Le Guen, un brin énigmatique. Vu le casse-tête, le Premier ministre, qui d’habitude intervient dès le dimanche soir pour tirer un premier bilan des élections, devrait attendre lundi pour s’exprimer. Hormis ces six Régions, difficile de se projeter sur les autres. « La situation est complexe, incertaine et illisible et ne nous permet pas d’anticiper. Il y a six Régions qui vont se jouer dans un mouchoir de poche entre la droite et la gauche », estime Le Guen. Parmi celles-ci, une concentre les attentions : l’Île-de-France. La conserver pourrait servir de cache-misère. « Je sens un petit frémissement. On va passer devant au second tour, ça va se jouer à 10.000 voix », veut croire Benoît Hamon, candidat en Essonne. La clé, ici comme ailleurs, sera le report des voix de gauche. L’équipe de Bartolone a déjà prévu un meeting unitaire mercredi. EELV et le Front de gauche Objectif : subsister Pour le Front de gauche, les ingrédients semblaient réunis : des électeurs socialistes déçus, un PS isolé, des écologistes hors gouvernement et disposés à faire alliance çà et là… De quoi nourrir l’espoir de faire jaillir une alternative au Parti socialiste et d’impulser une dynamique en vue de 2017. Mais le soufflet n’a pas eu le temps de prendre qu’il est déjà retombé. L’Île-de-France l’illustre. JeanLuc Mélenchon et le Front de gauche se disaient prêts à soutenir la patronne d’EELV, Emmanuelle Cosse. Elle n’a pas voulu de cette main tendue, poussant le chef du PC, Pierre Laurent, à se jeter dans la bataille, au prix de remous au sein d’un Front de gauche déjà mal en point. Cosse et Laurent risquent d’être sous la barre des 10 % ce soir. La stratégie du Front de gauche et d’EELV paie son ambiguïté. Un « éparpillement puéril sans vision d’ensemble », relève Mélenchon sur son blog. « Un gâchis total ! Un boulet au pied pour des mois et des mois », poursuit celui qui craint que cela ne débouche sur le « néant groupusculaire assuré ». Les résultats, globalement, s’annoncent mauvais. Seules deux Régions, Provence-Alpes-Côte d’Azur avec Sophie Camard et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avec Gérard Onesta, ont réussi à présenter des listes de rassemblement. Louchant sur les pratiques et les scores de Podemos, la liste tirée par Onesta a attiré les regards. « C’est mon laboratoire », expliquait les yeux gourmands Jean-Luc Mélenchon. Mais passer devant la candidate socialiste au premier tour est devenu illusoire. Côté écologistes, la campagne aura été un champ de ruines. En tournant le dos au PS et en privilégiant un compagnonnage avec le Front de gauche, EELV s’est fracturée, entraînant le départ de Jean-Vincent Placé, François de Rugy et d’autres. Avec une élection en pleine COP21, EELV espérerait un climat porteur. Mais les attentats du 13 novembre ont amené la campagne sur le thème de la sécurité. Alors qu’ils avaient atteint plus de 10 % des voix en 2010, le risque est grand pour les écologistes de ne pas dépasser les 5 % dans plusieurs Régions. Avec deux conséquences : pas d’élus et pas de remboursement des frais de campagne pour un parti déjà fragile financièrement. g lejdd.fr Retrouvez tous nos reportages et la soirée électorale en direct 6 | l’événement JDD | 6 décembre 2015 régionales 2015 Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po, relativise le poids politique des futurs 13 grands « barons » locaux « La Région est rarement un tremplin politique » Les Français connaissent mal les hommes et les femmes qui dirigent les Régions. Leur notoriété il n’y aura plus que reste très locale. La plupart d’entre eux accomplissent des mandats 13 régions. cela remarquables sans que leur pardonne-t-il un poids cours régional ne transforme leur politique majeur aux capital local en capital national. futurs présidents ? Je ne le crois pas. Pour plusieurs Les compétences d’Alain Rousset raisons. Parmi les collectivités lo(Aquitaine) en économie ou de cales, la Région est la dernière-née. François Patriat (Bourgogne) dans Elle n’a ni l’épaisseur historique la formation n’ont pas été utilisées ni la légitimité, bien ancrée, des à plus grande échelle. La Région a départements et souvent été prédes communes. sentée comme Or les grandes « Se rendre au la collectivité carrières se font bureau de vote, c’est de l’avenir, alors souvent à partir qu’elle a pu servir d’une implan- faire communauté de point de chute à t a t i o n s o l i d e, civique » des hommes policomme pour tiques qui avaient Jacques Chirac à déjà fait leur carrière comme la mairie de Paris ou François Mitterrand dans la Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Nièvre. Le premier scrutin régioChaban-Delmas, Olivier Guichard, nal remonte seulement à 1986, René Monory, etc. c’est-à-dire hier. Le moment de Pourtant, cette fois-ci, des la naissance est toujours important présidents de parti, d’éventuels en politique. Or la région est née candidats à l’Élysée, d’ex-ministres dans l’ombre des communes et des encore jeunes, des quadras se départements, dont les réseaux présentent… sont puissants et qui n’ont que peu La réforme donne une nouvelle lâché leurs pouvoirs. Par exemple, envergure aux Régions. Cela attire les listes soumises aux électeurs des personnalités de rang national. aujourd’hui restent segmentées Une thèse voudrait que les barons par département. Et le poids écolocaux deviennent des poids lourds. nomique des Régions est plus Il faut raison garder : nous les verfaible que celui des autres strates. rons à l’épreuve lorsque ceux-ci cette élection ne serait pas devront faire un choix avec d’autres fonctions. Dans l’Histoire, la scène un tremplin ? N. MARQUES IntervIew Nicolas Prissette @NICOLASPRI7 régionale est rarement une rampe de lancement. Seule Ségolène Royal est parvenue à être identifiée fortement au Poitou-Charentes avant d’être candidate à la présidentielle, tout comme Jean-Pierre Raffarin avant de devenir Premier ministre. les Français ont-ils la tête aux régionales ? Les Français ne se sont pas approprié cette collectivité. On le voit dans les enquêtes d’opinion : certains ne connaissent pas le nom de leur région. Cela se traduit par un relatif désintérêt. L’abstention avait atteint 54 % en 2010. Mais la participation était plus forte par le passé, quand l’élection se déroulait en même temps que d’autres scrutins, législatives ou cantonales. pour ne pas avoir besoin de passer des accords. Il n’y a plus de troisième tour. La liste arrivée troisième peut se désister en appelant à voter pour une autre. Ou proposer une fusion autour d’un contrat de gouvernance régionale, ce que per- met la loi. D’ailleurs, les assemblées régionales dégagent souvent des majorités d’idées, on constate dans certaines Régions que 70 % des votes dépassent le clivage droitegauche. Il n’y a pas 36 manières de gérer des TER. g Des candidats surprises en plein état d’urgence, la campagne s’est terminée autour de thèmes nationaux. s’agira-t-il d’un vote local ou national ? Les sondages laissent attendre une remontée de la participation. Les électeurs savent que c’est la dernière fois qu’ils vont aux urnes avant la présidentielle de 2017. Se rendre au bureau de vote, c’est faire communauté civique. Participer au rituel électoral, c’est un signe d’engagement citoyen au moment où l’état d’urgence interdit de défiler. Que change le mode de scrutin ? La proportionnelle a été instaurée pour éviter que le Front national ne perturbe le jeu de formation des majorités. La liste arrivée en tête aura une prime de 25 % des sièges, De gauche à droite : le champion olympique Gwendal Peizerat, le chanteur du groupe Émile et Images, l’ex-patron de la police Frédéric Péchenard et la ministre Christiane Taubira. TIBOUL/MAXPPP ; V. VOEgTLIN/MAXPPP ; N. MARQUES POUR LE JDD ; B. BISSON les listes recèlent des noms inattendus de tous horizons. inventaire non exhaustif cHristiNe olliVier artHUr NaZaret @Coll7533 et @ArthurNazaret On peut faire partie d’un gouvernement impopulaire et décider d’aller se frotter aux urnes. Le ministre de la Défense, JeanYves Le Drian, qui brigue la Région Bretagne, en est le meilleur exemple. Il n’est pas le seul : le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl (AquitaineLimousin-Poitou-Charentes), et la ministre du Logement, Sylvia Pinel (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées), sont tous les deux têtes de liste départementales. Membre des radicaux de gauche, cette dernière devrait, en cas de victoire, quitter le gouvernement pour devenir vice-présidente de la Région. Laurence Rossignol (secrétaire d’État à la Famille) et Pascale Boistard (secrétaire d’État aux Droits des femmes) occupent des places éligibles en Nord-Pas-deCalais. En Aquitaine, sur la liste d’Alain Rousset, on trouve, en plus de Fekl, un autre membre de l’équipe Valls : Martine Pinville, secrétaire d’État à l’Artisanat. Deux autres candidatures sont plus symboliques : celles de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, pour l’élection à la collectivité unique de Guyane (CTG) et celle de la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu (Bretagne), toutes deux en position non éligible. L’Élysée aussi est concerné. Christophe Pierrel, chef adjoint de cabinet de Hollande, est sur la liste de Christophe Castaner en Paca. Conseiller du président, Vincent Feltesse est candidat sur la liste d’Alain Rousset en Aquitaine. Double vainqueur de la Route du rhum, Roland Jourdain figure en Bretagne sur la liste de Le Drian. Gwendal Peizerat, champion olympique de patinage artistique, conseiller régional PS du Rhône, brigue un nouveau mandat sur la liste que conduit JeanJack Queyranne dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes. À droite, plusieurs personnalités ont aussi sauté le pas de la candidature. C’est le cas de Frédéric Péchenard, ex-patron de la police nationale et désormais bras droit de Sarkozy. Conseiller municipal dans la capitale depuis 2014, il est candidat en septième position sur la liste de Valérie Pécresse à Paris. La tête de liste de la droite et du centre en Île-de-France a enrôlé la cuisinière de l’émission C à vous sur France 5, Babette de Rozières, qui se présente dans les Yvelines. Elle devra y affronter Sophie de La Rochefoucauld, actrice de la série télévisée Plus belle la vie, membre de la liste du Front de gauche. Proche de Sarkozy dont il a géré la communication pendant près de vingt ans, le président de Publicis Events Franck Louvrier, conseiller régional sortant, se représente en Loire-Atlantique. Conseiller municipal à Verdun, Pierre Régent, ancien responsable pour la presse internationale à l’Élysée, est, lui, candidat dans la Meuse. Les candidats de droite ont également convaincu quelques sportifs de se lancer : Carole Montillet, championne olympique de ski, défend les couleurs de Laurent Wauquiez en Isère et Pierre Durand, champion olympique de saut d’obstacles en 1988 avec le légendaire Jappeloup, celles de Virginie Calmels en Gironde. Émile Wandelmer, chanteur du groupe Émile & Images, est candidat pour sa part en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées sur les listes de Dominique Reynié. C’est symbolique : il occupe la dernière place de la liste du Tarn. g 8 | l’événement JDD | 6 décembre 2015 régionales 2015 Les vrais pouvoirs des treize réforme territoriale Les fusions de Régions créent des ensembles plus puissants. Mais la loi leurs donne peu de nouvelles Nicolas Prissette @NicolasPri7 Ils ne seront plus que 13 « barons » au lieu de 22. À la tête de fiefs plus grands, plus puissants, plus peuplés. Avec la réforme territoriale adoptée l’an dernier, les futurs patrons des Régions vont régner sur des zones élargies, dans les sept nouveaux ensembles fusionnés. Le nombre d’habitants passe en moyenne de 2,9 à 5 millions, les budgets moyens gérés de 1,2 milliard d’euros à 2 milliards. Mais au fond, la loi leur a confié peu de nouvelles missions. Dans le millefeuille territorial français, les Régions représentent toujours la strate la moins épaisse. Leurs dépenses, en fonctionnement comme en investissement, sont globalement inférieures à celles des départements et des communes. Explications. b Que chaNge la réforme ? Seize Régions sont rassemblées en sept nouvelles entités (AlsaceChampagne-Ardenne-Lorraine, les deux Normandie, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Bourgogne-Franche- Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Aquitaine- Un poids économique relatif (en milliards d’euros) Les dépenses des Régions en 2013 (en euros/habitant) Dépenses de fonctionnement Missions prioritaires : 89,4 59,3 Départements Communes et groupements Dépenses d’investissement 9,4 Régions 102,5 € 92,3 € 81,3 € 30,8 € Frais : 17,8 Régions - Transports : - Lycées : - Formation professionnelle : - Aide aux entreprises : 11,3 Départements 33,4 Communes et groupements Limousin-Poitou-Charentes) et les autres demeurent inchangées. Les futurs conseils régionaux conservent leurs prérogatives : la gestion des lycées, la formation professionnelle, les TER… Nouveauté, ils auront désormais la responsabilité des liaisons interurbaines par autocar et celle du transport scolaire, auparavant du ressort des départements. Toutefois, ils ne sont pas obligés de tout prendre en charge. Ils peuvent laisser les - Services généraux : - Remboursement de la dette : 35,3 € 37,8 € Autres: Culture, sport, aménagement du territoire, santé, etc. : 55 € Source : ministère de l’Intérieur conseils départementaux continuer de s’occuper du ramassage scolaire. L’État leur transfère, par ailleurs, la protection du patrimoine, ses ports et aérodromes, les plans de qualité de l’air et de classement des réserves naturelles. Mais ils ne gagnent pas les collèges, comme initialement prévu, qui restent aux départements. Surtout, la nouvelle loi leur donne un rôle de chef de file économique : c’est à l’échelon régio- nal que doivent être décidées les politiques d’aides aux entreprises. Les futurs élus devront voter des schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) ainsi que des schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité du territoire (SRADDET). b les imPôts PeuveNt-ils baisser ? Pas sûr. De nombreux candidats promettent qu’ils n’augmenteront pas les impôts voire qu’ils les baisseront. Or, les futurs élus n’auront que peu de pouvoir en matière fiscale. Les taux des impôts locaux (taxe d’habitation, taxe foncière…) dépendent des communes, des agglomérations et des départements. Les Régions, elles, ne peuvent jouer que sur deux prélèvements indirects. D’une part, la taxe sur les cartes grises, qui leur a rapporté 2,1 milliards d’euros en 2014. D’autre part, un volant limité de la taxe sur l’essence et le gazole. Elles ont le droit de prélever jusqu’à 2,5 centimes d’euro sur chaque litre de carburant. Toutes utilisent cette possibilité, sauf la Corse et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (où Ségolène Royal s’y est toujours opposée). Cette ressource représente environ 1,1 milliard d’euros, selon l’Association des Régions de France. In fine, les Régions glanent moins de 15 % de leurs recettes globales par ces biais. L’essentiel de leurs moyens financiers provient d’autres impôts (notamment la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises). Mais elles n’en décident ni les assiettes ni les taux, qui sont votés par le Parlement. Elles touchent aussi une enveloppe de l’État prélevée sur les impôts nationaux. Cette dernière constitue la fameuse dotation globale de fonctionnement que le gouvernement réduit chaque année pour pousser les collectivités à rationaliser leur gestion et supprimer les dépenses jugées inutiles. Les conseils régionaux perdent à ce titre 451 millions d’euros en 2015 après une coupe de 184 millions en 2014. L’enveloppe pour 2015 s’élève à 4,8 milliards d’euros. b les fiNaNces soNt-elles saiNes ? Oui. L’agence Standard & Poor’s a délivré en septembre la note double A à toutes les Régions sauf au l’événement | 9 jdd | 6 décembre 2015 futurs « barons » régionaux missions. Leurs finances sont bien notées. Nord-Pas-de-Calais, simple A. Les finances des provinces françaises sont bien cotées, un peu moins que celles des Länder allemands mais beaucoup mieux que celles de leurs homologues italiennes ou espagnoles. La comparaison s’arrête là : les Régions de nos voisins pèsent économiquement plus lourd, elles ont davantage de missions à remplir. En 2014, le budget de l’ensemble des Régions tricolores atteignait 25,5 milliards d’euros, contre 23,1 milliards pour la seule Lombardie ou 23,3 milliards pour la Catalogne. Mais la dette des Régions grimpe. Elle s’est élevée à 21,9 milliards d’euros l’an dernier, un montant équivalent à leurs recettes de fonctionnement (97 %). Ce taux d’endettement a bondi de 8 points en 2014, alors qu’il augmentait de plus de trois points par an depuis 2010. Se voulant rassurant, Standard & Poor’s rappelle qu’elles comptent pour 1 % seulement de la dette totale de la France. b Des éConomies seront-elles faites ? Rien ne permet de le dire avec certitude. Les économies potentielles engendrées par la réforme sont évaluées à 2 milliards d’euros sur le long terme, soit 10 % environ des dépenses de fonctionnement. « Nous n’anticipons pas de larges économies d’échelle ni d’optimisation importante », considère pour sa part l’agence S & P’s. Elle prévoit au contraire une hausse des crédits la première année, pour couvrir les frais des fusions et des nouvelles compétences. Symbole éclairant, le nombre d’élus ne change pas malgré les regroupements. Les nouvelles assemblées sont constituées par l’addition des sièges de chacune des Régions mariées (voir carte). Les électeurs les mieux représentés seront ceux de BourgogneFranche-Comté (un élu pour 28.000 habitants). À l’opposé se trouvent les Franciliens (un élu pour 57.400 habitants). Pour sa part, la Cour des comptes a déploré dans son rapport d’octobre des dépenses de personnel « trop dynamiques », en hausse de 4,2 % sur un an en 2014. Les 82.000 agents des Régions représentent environ 5 % des effectifs de fonctionnaires territoriaux. Par ailleurs, rapportées à leurs populations, les budgets des Régions affichent de grands écarts. La plus dépensière est le Nord-Pasde-Calais-Picardie, avec 550 € par habitant. La plus économe est Pays de la Loire, avec 405 € par habitant. La Corse fait exception dans ce tableau. L’assemblée territoriale est celle qui présente le ratio du nombre d’élu par habitants le plus serré (un pour 5.900) et le budget par habitant le plus élevé (2.000 € par an). Cette assemblée ne va durer que deux ans. En janvier 2018, elle fusionnera avec les deux conseils départementaux actuels, pour former une instance unique, la collectivité de Corse. De nouvelles élections y sont donc attendues fin 2017. g Choisir un nom, quelle histoire ! Attention, dossier sensible. Dans les Régions fusionnées, la première décision que devront prendre les nouvelles assemblées promet de beaux débats : choisir un nom. Elles ont six mois pour s’entendre. L’affaire a bien avancé en Languedoc-Roussillon-MidiPyrénées, où le label Occitanie a obtenu la première place dans un sondage de la presse régionale, devant Occitanie-Pays catalan et Languedoc. En 2005, les Catalans avaient manifesté contre le nom de Septimanie, imposé par Georges Frêche, alors président de Région, pour remplacer LanguedocRoussillon, il dut y renoncer. En Alsace-Champagne-ArdenneLorraine, les hauts fonctionnaires utilisent pour l’instant l’acronyme « Alca », que d’aucuns jugent abscons. La loi a, en effet, prévu, très administrativement et fort diplomatiquement, que les noms de Régions composés soient rangés dans l’ordre alphabétique des Régions d’origine… De façon plus heureuse, Grand Est s’est imposé dans les conversations, reléguant Austrasie. Mais les futurs élus pourraient lui préférer Cœur d’Europe, Centre-Europe… La réflexion ne semble guère avancer en revanche en Aquitaine-Limousin-PoitouCharentes. Certains historiens recommandent Aquitaine, simplement, au regard des frontières du Moyen Âge. De quoi vexer les Poitevins ou les Rochelais… Il y a d’autres options : Sud-Ouest-Atlantique, par exemple. Seul le nom Normandie figure dans la loi Mêmes interrogations dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Nord de France ? Terres du Nord ? Flandres-Artois-Picardie ? Aucun Picard ne semble vouloir être confondu avec un ch’ti… Et réciproquement. Nord-Picardie pourrait mettre tout le monde d’accord. Peu d’éclats de voix remontent de Bourgogne-Franche-Comté ou d’Auvergne-Rhône-Alpes, où certains préconisent toutefois d’inverser le tout en Rhône-Alpes-Auvergne. Pas de débat pour la Normandie réunie, dont le nom s’impose et figure même à l’article 2 de la loi qui réforme les Régions. La dénomination des provinces doit être confirmée par un décret en Conseil d’État le 1er octobre 2016. Un autre dossier promet une de ces belles joutes dont les Français ont le secret : la répartition dans les Régions des services du conseil régional et l’établissement de son assemblée… Les élus doivent se décider dans le même délai que pour les noms. La loi a fixé des chefs-lieux provisoires à Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon, Rouen et Toulouse. Elle a d’ores et déjà désigné Strasbourg pour Alca… pardon, pour le Grand-Est. n.P. Que pèsent les nouvelles Régions ? Île-de-France Nord-Pas-de-CalaisPicardie 12 millions 4,9 milliards 209 6 millions 3,3 milliards Normandie 170 3,3 millions Bretagne 3,3 millions 1,4 milliard 83 Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine 1,7 milliard 102 Pays de la Loire 3,7 millions 1,5 milliards 93 5,5 millions Île-de-France 2,3 milliards CentreVal de Loire 2,6 millions 169 Bourgogne-Franche-Comté 1,2 milliard 77 2,8 millions 1,2 milliard 100 Aquitaine-LimousinPoitou-Charentes Auvergne-Rhône-Alpes 5,9 millions 2,6 milliards 183 Midi-PyrénéesLanguedoc-Roussillon 5,7 millions 2,4 milliards 158 Nombre d’habitants en janvier 2014 Budget en 2015 (budgets cumulés pour les Régions fusionnées) Nombre d’élus au conseil régional 7,8 millions 3,2 milliards 204 Provence-AlpesCôte d’Azur 5 millions 2,1 milliards 123 300.000 0,6 milliard 51 Corse Source : Insee, conseils régionaux 10 | instantanés JDD | 6 décembre 2015 Les indiscrets Le top 5 twitter il n’était pas seul à tourner le dos Nous avons publié, dimanche dernier, la photo d’un homme qui, lors de la cérémonie des Invalides, avait tourné le dos pendant le discours de François Hollande. Selon nos informations, deux ou trois autres proches des victimes du 13 novembre ont adopté la même attitude en protestation contre l’absence de mesures antiterroristes après les attentats de janvier. C’est aussi la raison pour laquelle deux familles ont boycotté la cérémonie. schwarzy à vélib’ Invité de la COP21 comme de nombreuses autres personnalités, l’ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger devrait faire une balade à Vélib’ ce matin dans le quartier de la tour Eiffel. après le Bataclan, on a oublié les oreilles dénonce les attitudes de plusieurs casseurs qui ont lancé sur les CRS dimanche des bougies déposées place de la République. @Anne_Hidalgo La place de la République est devenu un lieu de recueillement. L’attitude de quelques uns, est indigne pour la mémoire des victimes. 3 L’astronaute américain Scott Kelly soutient un accord pour le climat en ouverture de la COP21, lundi. @StationCDRKelly De l’espace, nous avons le privilège de voir la beauté de la Terre mais aussi notre impact sur l’environnement. #COP21 #YearInSpace La base de toulon se protège Au lendemain des attentats de Paris, il a été décidé d’interdire le port de la tenue militaire à l’extérieur de la base navale de Toulon. L’amiral Frédéric Renaudeau, patron de la DPID (direction de la protection des installations militaires) veut instaurer la reconnaissance faciale pour l’accès au site. 4 L’ex-sélectionneur du XV de France teresa cremisi au cinéma Elle a été la patronne toute-puissante des éditions Flammarion, l’éditrice de Michel Houellebecq et de Christine Angot. Teresa Cremisi va remplacer à la présidence de l’avance sur recettes Serge Toubiana, l’actuel directeur de la Cinémathèque française. Cette nomination décidée par la présidente du CNC, Frédérique Bredin, est tout sauf honorifique. L’avance sur recettes aide chaque année à la production d’une cinquantaine de films pour un montant global de près de 30 millions d’euros, avec une attention particulière pour les premiers longs métrages. Teresa Cremisi prendra ses fonctions en janvier pour un mandat d’un an renouvelable. Jean-chrisTophe MarMara/leFiGarophoTo Fillon déménage Le roux rêve de la santé Selon plusieurs députés, Bruno Le Roux vise le ministère de la Santé en cas de remaniement. Le patron des députés PS s’est beaucoup impliqué lors du débat sur le projet de loi santé de Marisol Touraine. Il a notamment sonné le rassemblement de ses collègues pour faire voter, in extremis, l’adoption du paquet neutre. Papin-rufin, une affaire de ruban Le romancier et ancien ambassadeur au Sénégal Jean-Christophe Rufin remettra le 17 décembre la Légion d’honneur à Serge Papin, patron de Système U. Pour l’occasion, le groupe Gallimard, éditeur de Jean-Christophe Rufin, ouvre les portes de son salon parisien. macron à l’expo vuitton Arrêt de la cour d’appel de Paris au procès d’Uber, jugé pour « pratique commerciale trompeuse » avec son offre UberPop. g Le New York Times organise le dîner « Energy for Tomorrow » à Paris en présence de Laurent Fabius et de l’ancien vice-président américain Al Gore (photo). Les enfants de « charlie » Il est arrivé en fin de journée pour rester près d’une heure et demie. Emmanuel Macron a visité l’exposition « Volez, voguez, voyagez – Louis Vuitton », qui se tient au Grand Palais jusqu’au 21 février, avant son vernissage jeudi. Le ministre de l’Économie voulait saluer la trentaine d’artisans maroquiniers venus à Paris depuis les douze ateliers que compte la maison de luxe en France. Avant de poser avec eux, en compagnie de Bernard Arnault, le président de LVMH, et Patrick-Louis Vuitton (à gauche), le directeur des commandes spéciales et descendant de la 5e génération. à suivre cette semaine Lundi campagne et trois mojitos, Christian Estrosi s’affiche en terrasse et s’enflamme contre l’État islamique. @cestrosi Fuck Daech. En terrasse après une grosse journée de campagne 2 La maire de Paris, Anne Hidalgo, Dans la précipitation après le 13 janvier, les autorités ont oublié certaines des recommandations contenues dans les études publiées en 1997 par SOS Attentats et la Direction générale de la santé. Aucune information n’a notamment été fournie aux centaines de rescapés du Bataclan : après avoir eu les tympans percés, ils auraient dû consulter dans les trois jours et entamer un traitement à base de cortisone. Conséquence : ces personnes devront suivre des rééducations pour apprendre à vivre avec des acouphènes. L’ex-Premier ministre inaugure le 16 décembre ses nouveaux locaux à Paris. Candidat à la primaire de 2016, François Fillon s’installe au 241, boulevard Saint-Germain, à deux pas de l’Assemblée nationale. C’est de là qu’il doit (re)lancer sa campagne lors de la présentation de ses vœux, le 12 janvier. Alain Juppé a aussi prévu de s’installer dans son nouveau QG parisien en janvier. 1 Fatigué après une journée de g Lancement de la campagne des Pères Noël Verts 2015 par le Secours populaire. Mardi La Fête des lumières de Lyon est remplacée par un hommage aux victimes des attentats de Paris. g PSG-Shakhtar Donetsk, dernier match de poule de la Ligue des champions de football, à Paris. Philippe Saint-André rend hommage à Thierry Dusautoir, qui a annoncé vendredi sa retraite internationale. @PSaintAndre Un grand joueur et surtout un grand Monsieur du rugby international prend sa retraite. Merci @TitiDusautoir # 5 Venue soutenir Sandrine Rousseau au meeting à Hénin-Beaumont, Cécile Duflot achève la campagne EELV samedi. @CecileDuflot Campagne du 1er tour terminée... Lever de soleil sur les pyramides avant de rentrer ;) Pour l’anniversaire de l’attaque du 7 janvier, Charlie Hebdo publiera aux éditions Les Échappées un livre composé de 150 dessins d’enfants reçus par la rédaction après les attentats. Dans toute la France, des milliers d’enfants, seuls ou en groupe, en famille ou en classe, avaient exprimé en dessin leur émotion. La sélection des meilleurs dessins sera préfacée par un texte de Boris Cyrulnik. Le top 5 Google Lang et les deux présidents tendances de recherches du 28 nov. au 4 déc. (plus fortes progressions) En même temps qu’il tresse les lauriers de l’ancien président dont on fêtera l’an prochain le centenaire de la naissance, Jack Lang s’associe à cet hommage (Dictionnaire amoureux de François Mitterrand, Plon) : « J’ai été le partenaire de François Mitterrand dans cette entreprise de transformation des mentalités et des attitudes d’un pays qui avait besoin de s’émanciper, de se moderniser. » Et l’œcuménique patron de l’IMA n’oublie pas de féliciter « l’homme d’État » François Hollande, dont il salue la « dureté au mal étonnante », « l’empathie », le « courage intellectuel » et la « stature ». N’en jetez plus ! Tous les sujets France Personnalités politiques 1. Véronique Jannot 2. Olivier Dion 3. Loïc Nottet 4. Gran Torino 5. Priscilla 1. François Hollande 2. Nicolas Sarkozy 3. Marine Le Pen 4. Manuel Valls 5. Marion Maréchal-Le Pen Nos classements et analyses sur lejdd.fr retrouvez à suivre cette semaine ce matin entre 6 h et 10 h dans Week-end Première sur g 32e conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à Genève. g Journée mondiale du climat. Mercredi Présentation en Conseil des ministres du projet de loi République numérique, sur la régulation d’Internet. g 110e anniversaire de la séparation de l’Église et de l’État en France. g Journée de la laïcité. g 12e édition du Festival international du film de Dubai. g Remise du prix Wolinski (photo) de la BD du Point à Paris, en présence de sa femme, Maryse Wolinski. g Concert de Madonna à Paris. Jeudi Le nouveau président de l’Argentine, Mauricio Gilles BassiGnac/DiverGence ; sophie roUX ; JacKY naeGelen/reUTers ; Éric Dessons/JDD ; vincenT leloUp poUr le JDD Macri, prend ses fonctions trois semaines après son élection. g Cérémonie de remise des différents prix Nobel, à Stockholm et Oslo. g Journée mondiale des droits de l’homme. Vendredi Procès à Troyes d’un proche d’Osmar Ismaïl Mostefaï, l’un des assaillants du Bataclan, poursuivi pour apologie du terrorisme. g Première vente aux enchères de la bibliothèque personnelle de Pierre Bergé (photo), comprenant 1.600 livres, partitions et manuscrits rares. Samedi Tirage au sort des groupes de l’Euro 2016 de football, à Paris. g Élections municipales en Arabie saoudite, avec la première participation des femmes, qui ont acquis le droit de vote et l’éligibilité. Dimanche Deuxième tour des élections régionales en France. g Ouverture du congrès du parti chrétien-démocrate allemand, la CDU, à Karlsruhe. 12 | InternatIonal jdd | 6 décembre 2015 Moyen-orient En abattant un bombardier russe près de sa frontière avec la Syrie et en niant ses sujet de Daech, la Turquie a ouvert une boîte de Pandore qui mine ses positions internationales. Erdogan affaibli sur tous les fronts I istanbul (turquie) CorrespondanCe nicolas cheviron ls étaient autrefois unis par un même goût pour un pouvoir sans partage, et pourtant rien ne va plus désormais entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine. Onze jours de bras de fer, de défiance, de guerre verbale depuis que la chasse turque a abattu un bombardier russe le 24 novembre aux abords de la frontière turcosyrienne. N’est-ce pas le président russe qui dénonçait jeudi la « complicité avec les terroristes » d’une « clique au pouvoir en Turquie » qui n’a, selon lui, d’autre objectif que de « s’en mettre plein les poches », promettant aux dirigeants turcs qu’ils allaient « regretter ce qu’ils ont fait » ? La veille, le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov, s’en était déjà pris à la personne du président turc, l’accusant lui et sa famille d’être impliqués dans un vaste trafic de pétrole vendu par l’organisation État islamique (EI). Démentie avec véhémence par Erdogan et rejetée par le département d’État américain, la mise en cause n’a pas convaincu non plus les spécialistes. « Il n’y a rien de probant dans les allégations russes. Alors que des camions d’armes pour la Syrie ont été aperçus en Turquie, personne n’a jamais vu de camionsciternes. Et pourtant, il en faudrait beaucoup pour un trafic d’envergure », a déclaré au JDD un expert occidental en questions énergétiques basé en Turquie. « Il faut Le président turc Recep Tayyip Erdogan, jeudi, à Ankara. Yasin BulBul/aP/siPa aussi des pétroliers dans le port turc de Ceyhan pour l’exportation. Des agences suivent les mouvements des navires et, là encore, personne n’a rien constaté », a poursuivi cette source parlant sous le couvert de l’anonymat, sans exclure la persistance d’une petite contrebande locale de pétrole, endémique le long de la frontière. Suspension des négociations sur un gazoduc vers la Russie Au-delà des mots, Moscou est passé à l’action en décrétant un embargo sur les produits alimentaires turcs et en mettant en place des sanctions contre les entreprises turques travaillant en Russie. Elle a annoncé jeudi la suspension des négociations sur le projet de construction d’un troisième gazoduc raccordant la Turquie au gaz russe, le TurkStream. Et les Russes ne devraient pas s’arrêter là. Ceux qui pensent que les conséquences de cet incident « vont se limiter aux tomates ou à quelques restrictions dans la construction et d’autres secteurs se trompent lourdement », a prévenu jeudi Vladimir Poutine. Les responsables turcs avaientils pleinement conscience des conséquences de leur geste lorsqu’ils ont donné à leur armée, le 22 novembre, l’ordre « d’agir immédiatement » à la moindre « menace » à la frontière ? Depuis plusieurs jours déjà, Ankara était excédé par l’attitude de Moscou qui, sous prétexte de lutter contre l’EI, avait multiplié les raids aériens contre des groupes djihadistes syriens alliés de la Turquie, près de la frontière de cette dernière, les avions russes violant à plusieurs reprises son espace aérien. Vendredi, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a confirmé que l’intervention de la chasse turque répondait à une obligation « morale » à l’égard des populations syriennes bombardées par l’aviation russe. Mais pour Kadri Gürsel, spécialiste de la politique étrangère turque et chroniqueur du site Al-Monitor, ce recours aux armes face à une superpuissance militaire telle que la Russie était « une décision irrationnelle ». « Les tergiversations du gouvernement turc après l’incident montrent qu’il n’avait rien anticipé, alors que les Russes avaient déjà planifié ce qu’ils allaient faire, qu’ils suivaient un plan d’action tous azimuts avec un objectif : l’anéantissement de la politique syrienne de la Turquie », commente l’analyste, interrogé par le JDD. Un journaliste écroué pour « espionnage » Face aux menaces de Poutine, Ankara s’est en effet empressé de rechercher le soutien de ses alliés occidentaux, réclamant une réunion d’urgence de l’Otan et autorisant mercredi la France à utiliser son espace aérien pour frapper l’EI. Or cette solidarité Des combattants des Unités de protection du peuple kurde (YPG) à Khamail, un village syrien repris à Daech en novembre. ChristoPhe Petit-tesson devrait avoir un prix : la fin de l’ambivalence turque à l’égard de Daech. Depuis plus de deux ans, la Turquie, résolue à faire feu de tout bois contre le régime de Damas, fait face aux reproches de ses alliés et aux affirmations de la presse concernant le passage des combattants venus rejoindre l’EI et les trafics d’armes à travers sa frontière. La justice turque a cadenassé l’information sur ce sujet ultrasensible, n’hésitant pas à écrouer pour « espionnage », le 26 novembre, une star nationale du journalisme, Can Dündar, directeur du quotidien d’opposition Cumhuriyet, après la publication par son journal d’images montrant l’arraisonnement de camions remplis d’armes et de munitions, acheminées vers la frontière syrienne sous la protection d’agents du MIT, les services secrets. L’aviation turque a certes lancé ses premières frappes contre l’EI en juillet, après un attentat sur le sol turc imputé aux djihadistes. Mais ces attaques sont restées limitées, sans commune mesure avec les bombardements intensifs menés au même moment contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec qui Ankara a repris les hostilités durant l’été, mettant fin à deux ans et demi de pourparlers de paix. En septembre, Ahmet Davutoglu a clairement affiché ses préférences en prévenant que le franchissement de l’Euphrate par les milices kurdes de Syrie, proches du PKK, pour repousser les djihadistes des abords de la frontière turque serait considéré comme une « ligne rouge » par son pays et serait suivi de frappes contre les Kurdes. « Ce sont les Américains qui sont les plus contents » Si elle veut compter sur la protection des Occidentaux, l’administration turque devra rentrer dans le rang. « La Turquie doit faire plus pour contrôler sa frontière, qui est souvent trop poreuse », a prévenu mardi le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter. En réponse, Davutoglu a assuré jeudi que son pays « continue de travailler de diverses façons » au contrôle de ses 98 km de frontière commune avec les zones sous contrôle de l’EI, tout en se plaignant de la difficulté de la tâche. Dans cette crise avec Moscou, « ce sont les Américains qui sont les plus contents », résume Kadri Gürsel : « La Turquie s’est éloignée de la Russie, elle a fait saigner du nez Poutine, et l’incident a totalement anéanti les plans d’Ankara en Syrie. » g InternatIonal | 13 jdd | 6 décembre 2015 ambivalences au Enquête à la reconquête du pétrole de Daech outre les bombardements des Américains, des Français, et désormais des Britanniques, sur les installations pétrolières de l’état islamique, une nouvelle force au sol, appuyée par la coalition, tente de reprendre les champs syriens d’or noir HAssAkeH (syrie) Envoyé spécial CHArles MArlot Près de Hassakeh, en Syrie, fin novembre. Des raffineries sont improvisées à proximité des champs de pétrole afin de pourvoir aux besoins en essence de la population. Christophe petit-tesson Khamail n’est qu’un village vide, tombé sans résistance, à la minovembre, aux mains des forces kurdes syriennes. Un fantassin kurde s’affaire sur le toit de la dernière maison, face à la grande plaine vide qu’habite, invisible, l’État islamique. Dalil et Ahmed, en bas, nettoient leur Doshka, une mitrailleuse lourde de 14,5 mm montée à l’arrière d’un pick-up – la cavalerie légère des Unités de protection du peuple kurde (YPG). La lutte fut-elle rude ? « Non, pas vraiment. Daech avait fui. Il fallait simplement faire attention aux mines et aux pièges explosifs. Les civils étaient partis depuis plus d’un an », dit Ahmed, sur le pick-up. À Khamail, une ligne de front s’installe. En face, rien. Pas de drapeau noir, ni de tranchées, ni de blindés appartenant à l’État islamique. Pourtant, Shaddadeh, le prochain bastion de Daech, n’est qu’à 20 km vers le sud, dans cet horizon incertain qu’habitent, invisibles, les djihadistes de Daech. Dans cette région, la reconquête se fait pas à pas. Les choses sérieuses ont commencé cet été par la prise de Hassakeh, 200.000 habitants avant la guerre, qui avait subi depuis le printemps et jusqu’en juillet les assauts furieux de Daech. Fin octobre, les Kurdes syriens ont avancé vers l’est jusqu’à Al-Hol, à une dizaine de kilomètres de la frontière irakienne, une zone conquise par l’État islamique durant l’été 2014, et se sont emparés au passage de ses puits de pétrole. Depuis la fin novembre, les combattants kurdes progressent vers Shaddadeh, village par village. Les djihadistes commencent à fuir les combats déjà perdus Le filet se resserre donc dans une partie qui semble presque facile : les djihadistes fuient maintenant les combats déjà perdus. Harcelés par les frappes aériennes de la coalition internationale, ils ont perdu une grande partie de leurs capacités offensives. Derrière eux, les djihadistes piègent les maisons, laissent des partisans la nuit dans les villages pour miner les routes et monter ici et là des embuscades-suicides derrière les lignes kurdes. La frontière syro-irakienne, effacée par l’État islamique en 2014, se reforme peu à peu, comme une blessure cicatrise. L’objectif ne consiste plus seulement à couper Daech de sa ligne de communication entre ses bastions syriens de Raqqa et Deir ez-Zor et sa « capitale » irakienne à Mossoul. Mais de mettre la main sur d’autres champs pétrolifères, ceux-là mêmes qui assurent à Daech plus de la moitié de ses revenus. Shaddadeh, une ville de 70.000 habitants avant le conflit, a été occupée successivement par l’Armée syrienne libre, par le Front Al-Nosra et par Daech. Sa conquête pourrait ainsi faciliter les affaires de Souleiman Khalaf. Le ministre de l’Énergie de l’Administration autonome du Rojava, le nom du Kurdistan syrien, attend avec hâte de récupérer le champ de pétrole de la ville, qui produit aussi quelque 1,2 million de mètres cubes de gaz par jour. « Le gaz de Shaddadeh pourrait alimenter une usine électrique qui couvrirait, à elle seule, la moitié de nos besoins en énergie. Et prendre Shaddadeh nous mettra en position de force avec le régime pour négocier notre place dans la future Syrie », explique le ministre. Mais Shaddadeh se trouve nettement en territoire arabe. Pour mener à bien ces conquêtes, et sous la pression des ÉtatsUnis, les autorités kurdes syriennes ont inauguré le dernier avatar des groupes rebelles antiDaech : les Forces démocratiques syriennes (FDS). Créées à l’instigation des autorités kurdes syriennes le 12 octobre et appuyées financièrement et en armement par les États-Unis et leurs alliés, elles mêlent désormais combattants arabes et kurdes. Les troupes arabes sont formées essentiellement par l’Armée Al-Sanadid, un rassemblement de volontaires de la tribu arabe des Chammar. Les FDS, une force arabo-kurde Ali Selo est le porte-parole des FDS. Colosse glabre au ventre immense, il explique les buts de cette nouvelle unité : « Il ne s’agit pas de Kurdes qui prennent des territoires arabes. C’est une force arabo-kurde qui prendra Shaddadeh et la laissera aux habitants locaux », expliquet-il. Pas un hasard, donc, si Dalid et Ahmed combattent côte à côte. Ahmed est un Arabe et parle parfaitement kurde. Dalil est kurde et s’exprime couramment en arabe. Tous deux sont originaires de Hassakeh, une ville où les mariages mixtes sont plus courants qu’ailleurs. Un modèle de cohabitation que Daech veut éradiquer. g 14 | InternatIonal JDD | 6 décembre 2015 Le Venezuela se prépare au pire dans les rues pour lutter avec le peuple, comme je l’ai toujours fait, et nous passerions à une nouvelle étape de la révolution », a-t-il déclaré récemment. Depuis plusieurs mois, le régime donne d’ailleurs des signes sérieux de raidissement. En 2014, des manifestations de l’opposition avaient été durement réprimées, faisant 43 morts. Ces derniers mois, plusieurs chefs de l’opposition, dont Leopoldo López, ont été aussi jetés en prison. Fin novembre, l’un d’eux, Luis Díaz, était même assassiné en marge d’une réunion publique. « Dans ce contexte, on voit mal comment une transition démocratique peut être possible, s’inquiète Frédérique Langue. Il y a un vrai risque d’ingouvernabilité et de violences. » Amérique lAtiNe Deux ans et demi après la mort de Hugo chávez et l’arrivée au pouvoir de Nicolás maduro, les élections législatives organisées aujourd’hui vont faire entrer le pays dans une zone de graves turbulences politiques ANtoiNe mAlo @AntoineMalo2 Le Venezuela s’apprêterait-il à tourner la page du chavisme ? Le scrutin législatif organisé aujourd’hui s’annonce comme historique. « Pour la première fois depuis dix-sept ans, l’opposition peut remporter une élection », explique Frédérique Langue, du CNRS. Les derniers sondages donnent entre 14 et 35 points d’avance à la Table pour l’unité démocratique (MUD), vaste coalition d’opposition, sur le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela) au pouvoir. La révolution bolivarienne initiée en 1999 par Hugo Chávez et poursuivie par celui qui lui a succédé en 2013, Nicolás Maduro, ne fait plus rêver ; même pas au sein de l’establishment chaviste, où les défections se sont multipliées ces derniers mois. Maduro menace de prendre la rue La principale raison de ce désamour ? Une situation économique catastrophique. Ultradépendant de sa production pétrolière – il en tire 96 % de ses revenus –, l’État vénézuélien a pris de plein fouet la baisse du prix du baril entamée il y a un an et demi. « Aujourd’hui, on assiste à des pénuries sur certains produits de première nécessité, l’inflation explose, les gens sont découragés », explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris (Institut de relations internationales L’opposition, qui défilait mercredi dans les rues de Caracas, pourrait remporter le scrutin. Carlos GarCIa raWlINs/rEUTErs et stratégiques). Le gouvernement n’arrive plus à maintenir la kyrielle de programmes sociaux qui lui garantissaient le soutien des classes populaires. « Un certain nombre de missions sociales ont été arrêtées. Le pouvoir n’a plus les moyens de cette redistribution », confirme Olivier Compagnon, directeur de l’Iheal (Institut des hautes études de l’Amérique latine). Il est tout aussi incapable de juguler la criminalité qui ravage le Venezuela : le taux d’homicides – 54 pour 100.000 habitants en 2012 – est le deuxième plus élevé au monde. Enfin, le pouvoir ne peut plus vraiment compter sur ses amitiés régionales : l’Argentine a élu il y a trois semaines un président conservateur ; au Brésil, Dilma Rousseff est totalement paralysée par une menace de destitution ; quant au grand frère cubain, son ouverture récente vers les États-Unis et l’Europe montre que le partenariat avec le Venezuela n’est plus la priorité. Reste à connaître l’ampleur de la défaite pour le PSUV : le découpage électoral, très complexe et très avantageux pour le pouvoir en place, pourrait la rendre moins cuisante qu’annoncé. Selon Olivier Compagnon, Nicolás Maduro pourrait « gouverner par décrets et court-circuiter ainsi l’Assemblée ». « L’essentiel des pouvoirs restera entre ses mains, complète JeanJacques Kourliandsky. Il conservera notamment le contrôle de PDVSA, la compagnie pétrolière nationale. » Si, toutefois, l’opposition obtient une majorité absolue à l’Assemblée, alors c’est tout l’édifice chaviste qui pourrait être ébranlé. « L’opposition n’exigera pas seulement la libération de la cinquantaine de contestataires aujourd’hui en prison, elle pourrait initier un référendum de destitution à l’encontre de Maduro », poursuit Jean-Jacques Kourliandsky. Le successeur de Hugo Chávez, ancien chauffeur de bus, a d’ores et déjà promis, qu’en cas de défaite, il vendrait chèrement sa peau. « J’irai Que fera l’armée ? Un noir scénario est aussi envisagé par Olivier Compagnon : « À coup sûr, Maduro ne reconnaîtra pas sa défaite. Sans parler de guerre civile, le spectre d’affrontements est à envisager. » Maduro pourra notamment compter sur une partie de son électorat populaire, qui ne supportera pas de voir l’opposition, perçue comme blanche, élitiste, libérale et corrompue, revenir au pouvoir. Du côté de cette opposition totalement hétéroclite, il existe aussi une frange, incarnée par María Corina Machado ou Leopoldo López, qui croit davantage au pouvoir de la rue qu’à celui des urnes. Dans ce cas de figure, il faudra alors surveiller l’attitude d’un autre acteur clé : l’armée. « Chávez en était issu, pas Maduro, qui, lui, vient du monde syndical, note Olivier Compagnon. Il n’est pas certain qu’elle continuerait à le soutenir si la situation devenait trop conflictuelle. » g Tsipras au pied du mur Grèce Alors qu’une nouvelle salve de mesures d’austérité devait être votée cette nuit, Athènes est critiqué pour la mauvaise gestion de ses frontières face à l’afflux de migrants cAmille Neveux @camille_neveux Les précédentes manifestations contre l’austérité, Alexis Tsipras les avaient vécues dans la rue, en tant que leader du parti d’opposition Syriza. Jeudi, lors d’une nouvelle grève générale – la deuxième en un mois –, le Premier ministre grec a regardé les siens, « humiliés » et « trahis », défiler, pancartes à la main, contre les mesures drastiques acceptées en juillet par son propre gouvernement, en contrepartie de 86 nouveaux milliards d’euros de prêts par la zone euro. Vers une sortie de l’espace Schengen ? Le budget 2016 devait être voté dans la nuit de samedi à dimanche, avec d’importantes hausses d’impôts. Un « crash test », selon la presse grecque, qui fait état d’éventuelles défections de députés dans la majorité… et du soutien de députés de l’opposition Mais le pays, exsangue après six années de crise financière et de coupes budgétaires drastiques, notamment chez les fonctionnaires, est aujourd’hui en difficulté sur un nouveau front : la sécurité de ses frontières. Plus de 776.000 migrants ont transité sur son territoire depuis janvier, souvent dans le chaos, dont deux djihadistes auteurs des attentats de Paris. À tel point qu’un scénario a affleuré mercredi dans différents médias : la Grèce pourrait sortir de l’espace Schengen si elle ne contrôle pas mieux le flux de réfugiés… La Macédoine édifie un mur L’hypothèse a été formellement écartée vendredi par la présidence du Conseil de l’UE. « Il n’est pas juridiquement possible d’exclure un État de la zone Schengen », a rappelé le ministre luxembourgeois de l’Immigration, Jean Asselborn, demandant plutôt l’accélération de la « relocalisation » des réfugiés. Face à cette pression, Athènes s’est décidé jeudi à activer le « mécanisme européen de protection civile », pour recevoir de l’aide matérielle et humaine. Et à accepter des renforts de Frontex. L’image du mauvais élève, enfant martyr de l’Europe, lui colle à la peau. Inquiète, la Macédoine vient d’édifier un mur de 3 km à sa frontière avec la République hellénique, où près de 6.000 migrants sont bloqués. De violents heurts ont éclaté jeudi le long de la barrière après la mort d’un Marocain. Le ministre grec chargé de la politique migratoire a promis « une solution dans les dix prochains jours » pour gérer ce nouveau point chaud. g InternatIonal | 15 jdd | 6 décembre 2015 États-uNis Trois jours après la fusillade sanglante de San Bernardino perpétrée par un couple radicalisé, l’Amérique découvre la notion de « terrorisme de voisinage » Le djihad made in USA saN berNardiNO (caliFOrNie, États-uNis) Envoyé spécial Guillaume seriNa À quelques centaines de mètres de l’Inland Regional Center, où a eu lieu la tuerie, Austin Barber et son amie Isina Garcia, la vingtaine, viennent discrètement déposer une gerbe sur un mémorial improvisé. Après quelques secondes de recueillement, ils confient : « Nous avons été bouleversés par les attaques à Paris. Mais nous ne pensions pas que cela pouvait arriver ici, à la maison. » « Reculez, s’il vous plaît. Ceci est une propriété privée. » L’imam assistant, Roshan Abbassi, tente de juguler les journalistes qui commencent à arriver, une demi-heure avant la prière du vendredi. La mosquée Dar Al-Uloom Al-Islamiya, à San Bernardino, peut accueillir quelques centaines de fidèles. Coiffée d’un dôme apparemment en contreplaqué, elle est nichée au cœur d’un quartier défavorisé de la ville californienne, au milieu de quelques friches et de maisons peu reluisantes. C’est ici que Syed Farook venait. « Pas tous les vendredis, mais très régulièrement, dit un habitué, sous le choc. Jamais je n’aurais pensé qu’il puisse faire quelque chose comme cela. » Le massacre qui a fait mercredi matin 14 morts et 21 blessés est désormais qualifié d’« acte de terrorisme » par le FBI. « Nous avons de bonnes raisons de le faire », a résumé David Bowdich, directeur adjoint du FBI à Los Angeles, à quelques dizaines de mètres du lieu du drame. Outre l’accumulation des armes de guerre assorties de plus de 6.500 munitions, c’est bien l’allégeance à l’État islamique sur Facebook de la part de Tashfeen Malik, juste avant la tragédie, qui a décidé les agents fédéraux à franchir le pas. Et si pour l’instant « le mobile n’est pas connu » et qu’il n’y a « pas de preuve de l’existence d’une cellule terroriste » en Californie du Sud, la trajectoire des deux assaillants renforce cette piste terroriste. Les États-Unis ont déjà connu le terrorisme intérieur d’inspiration djihadiste. Le 5 novembre 2009, à Fort Hood, au Texas (Sud), le commandant Nidal Malik Hasan, américain d’origine palestinienne, avait tué 13 soldats de sa base. Le 15 avril 2013, les frères Tsarnaev, d’origine tchétchène, endeuillaient Boston, dans le Massachusetts (nord-est), en faisant exploser deux bombes à l’arrivée du marathon. Bilan : 3 morts et 269 blessés. Hasan et Djokhar Tsarnaev ont été condamnés à mort. La famille de Malik connectée à des radicaux au Pakistan Tashfeen Malik, 27 ans, est née au Pakistan. Elle et ses parents ont emménagé en Arabie saoudite il y a une dizaine d’années. Selon une source pakistanaise citée par le Los Angeles Times vendredi, la famille Malik, de classe privilégiée, aurait bien des liens avec des groupes islamistes depuis très longtemps. Le cousin du père de Malik serait ainsi connecté avec cette mouvance. Courtisée l’année dernière par Syed Farook, à qui elle s’est promise après une rencontre sur Internet, elle a immigré aux États-Unis en juillet dernier avec un visa « fiancée ». Après leur mariage à La Mecque (Arabie saoudite), Tashfeen Malik a obtenu une carte de résidente permanente et donné naissance, il y a six mois, à une petite fille. À San Bernardino, elle ne conduit pas et porte une burqa. C’est elle qui, via un post sur Facebook il y a quelques jours, a prêté allégeance à l’État islamique. « Nous ne savons pas encore si elle a influencé Farook », a prudemment dit David Bowdich. Mais il semblerait que cette hypo- Obama, le radicalisme et les armes « NOus Ne NOus laisserONs pas terroriser. » Dans son discours hebdomadaire à la radio, hier matin, le président des États-Unis s’est montré prudent sur les motivations de couple tueur de San Bernardino. Mais pour lui, même si ce massacre a été « salué » par un communiqué de Daech rendu public sur les réseaux sociaux, il a été commis avec des armes et des munitions en vente libre et sans contrôle. « Vous rendez-vous compte que des passagers interdits de voyager en avion peuvent malgré tout acheter des armes librement et s’en servir sur le sol américain ? C’est insensé… », s’est interrogé Barack Obama, le ton à la fois las et exaspéré. Le New York Times a évoqué hier des discussions à la Maison-Blanche entre conseillers du président et responsables d’associations hostiles aux armes à feu pour envisager de décréter des contrôles supplémentaires sur les clients des armureries sans passer par une législation au Congrès et au risque d’être poursuivis devant la Cour suprême. F.c. Syed Farook et Tashfeen Malik, soupçonnés d’avoir tué 14 personnes dans un centre de services sociaux, en Californie, ont été abattus par la police. Le couple, fraîchement marié, venait d’avoir un bébé. afp thèse tienne désormais la corde. D’ailleurs, les autorités du Pakistan enquêtent actuellement sur son passé. Syed Farook, 28 ans, est, pour sa part, né à Chicago (Midwest) et est donc citoyen américain. D’origine pakistanaise, sunnite, il a été qualifié de « très religieux » par son père, un homme au passé d’alcoolique qui frappait son épouse avant qu’ils ne se séparent. Travaillant dans les services sanitaires du comté de San Bernardino (il inspectait les restaurants et hôtels), le FBI a confirmé qu’il avait voyagé « à l’étranger » l’année dernière, revenant avec Tashfeen Malik. Bien que ses connaissances le décrivent comme « normal » et « vivant le rêve américain », Syed Farook aurait été en contact avant l’attaque par téléphone et sur les réseaux sociaux avec un Américain surveillé par les autorités pour radicalisme. Vendredi soir, le Los Angeles Times avançait même que Farook aurait eu des communica- tions avec le Front Al-Nosra, une branche d’Al-Qaida en Syrie, et avec des shebab somaliens. « La Detroit de la Californie » La ville de San Bernardino est l’un de ces ghettos où l’extrémisme croîtrait plus vite qu’ailleurs ? Surnommée la « Detroit de la Californie », la grande agglomération du Nord abritant l’une des plus importantes communautés musulmanes aux États-Unis, la municipalité avait officiellement déposé le bilan en 2012. Le plus grand comté – en superficie – des États-Unis était sorti exsangue de la grande crise financière de 2008, étant régulièrement classé dans le top 5 des régions ayant connu le plus de foreclosures, ces saisies immobilières à la suite de prêts immobiliers toxiques accordés à des particuliers. San Bernardino, c’est aussi la violence des gangs et le trafic de méthamphétamine. La série Breaking Bad devait être tournée là-bas, avant que le Nouveau-Mexique ne l’emporte pour des questions de crédits d’impôts avantageux pour la production. La ville demeure racialement divisée, avec un quartier nord résidentiel et un quartier sud pauvre à majorité latino. Cependant, sa faillite a paradoxalement sonné son renouveau. « L’aide financière fédérale a permis de refaire une autoroute, par exemple », avance Lissa Washburn. Cette institutrice française vit à San Bernardino depuis dix ans. « C’est une ville tranquille. Il ne se passe pas grand-chose. Jamais je n’aurais pensé qu’il puisse se produire ce genre de tragédie », confie-t-elle au JDD autour d’un café au lait. Originaire du 11e arrondissement de Paris, très touchée par les attaques du 13 novembre, Lissa est choquée que le terrorisme se soit rapproché si près d’elle. Ce qui en dit long sur le voisinage cloisonné à l’américaine qui vient de voler en éclats. « Honnêtement, dit-elle, je ne savais pas qu’il y avait ici une mosquée et une communauté du Proche-Orient. » g * 16 | Autour du monde AllemAgne Comment Angela Merkel trouve-t-elle son chemin sans boussole ? lejdd.fr Le grand angle diplo de François Clemenceau : « Pourquoi l’Arabie saoudite est incohérente » JDD | 6 décembre 2015 Les deux partis de la grande coalition au pouvoir vont tenir leur congrès annuel cette semaine. Le SPD dès jeudi à Berlin et la CDU de la chancelière Merkel dimanche prochain à Karlsruhe. L’occasion de clarifier les débats internes alors que la crise des réfugiés a illustré des divergences criantes ces dernières semaines entre les deux formations et au sein même de la CDU. 953.000 demandeurs d’asile rien que depuis le mois de janvier, un vote du Bundestag pour aller aider la coalition antiDaech en Syrie : qui aurait pu croire il y a encore quelques mois que ces deux faits majeurs passeraient comme une lettre à la poste ? « Elle a péché par optimisme » Angela Merkel a été très critiquée dans la presse, au sein de l’opinion et jusque dans son propre parti pour avoir osé ouvrir les bras au flot ininterrompu des réfugiés syriens depuis l’été dernier. Après avoir déclaré que tous les réfugiés syriens seraient acceptés en bloc, voilà qu’un examen de leur demande d’asile sera effectué au cas par cas. Les attentats du 13 novembre à Paris sont passés par là. Et après avoir dit fin septembre qu’il fallait « parler avec Bachar ElAssad », la chancelière arrive à faire voter mas- Angela Merkel au Bundestag, la semaine dernière. ReuteRS sivement un soutien militaire, certes limité et non offensif, aux pays « frappeurs » en Syrie. Autant de zigzags qui ne semblent pas remettre en question le soutien de l’opinion à la chancelière. Selon les derniers sondages, la CDU remonte dans les intentions de vote, avec 12 points d’avance sur le SPD, tandis que le parti europhobe et anti-immigration Alternative für Deutschland (AFD) atteint le score de 10 %, une source de préoccupation pour la droite gouvernementale proeuropéenne. « Merkel a péché par optimisme, pas par naïveté, confie au JDD Joachim Bitterlich, ancien conseiller diplomatique du chancelier Helmut Kohl. Elle a beau naviguer à vue, sans boussole, elle sait admettre qu’elle se trompe. » Il pronostique un quatrième mandat d’affilée pour la chancelière en 2017. Selon lui, Merkel saura tirer profit du congrès de dimanche prochain et rassembler un parti au sein duquel le puissant Wolfgang Schäuble « n’a jamais essayé d’aller au putsch, même s’il est allé jusqu’aux limites de la loyauté ». Il faut dire aussi que l’alternative à Merkel, à gauche cette fois, n’existe toujours pas. « Pour le SPD, la tentation de se regauchiser n’est pas majoritaire au sein du parti, analyse Barbara Kunz, spécialiste de l’Allemagne à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Ils savent que ce n’est pas non plus avec un programme de fond que l’on s’oppose à Merkel. » Bitterlich confirme : « Merkel, c’est l’Allemagne tranquille. Elle est modeste, normale, pragmatique, et les Allemands se disent qu’au fond “c’est l’une des nôtres”. La recette de la longévité au pouvoir ? FRANÇOIS CLEMENCEAU dernière heure @Frclemenceau Milo Djukanovic s’est converti au logiciel « pro-occidental » dès la fin des années 1990. LAfIte/WoStok PReSS/MAXPPP le leAder de lA semAine grande-Bretagne Trois personnes ont été blessées hier soir, dont une sérieusement, dans une attaque à la machette dans le métro de Londres, selon plusieurs médias britanniques. La police évoque un « incident terroriste », alors que les premières frappes aériennes britanniques contre Daech ont eu lieu la veille. L’assaillant a crié « c’est pour la Syrie » en poignardant une des victimes à la station Leytonstone, avant d’être neutralisé avec un taser par les forces de police. En mai 2013, deux individus avaient tué à la machette un soldat en plein Londres. ItW NeWS 60 C’est le montant, en milliards de dollars, de l’aide promise par le président chinois Xi Jinping au continent africain. Annoncée lors de l’ouverture du sommet Chine-Afrique, vendredi, à Johannesburg, cette enveloppe exceptionnelle, accordée principalement sous forme de prêts, signe une vaste offensive de la Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique. De ses années lycée, il n’a pas hérité du sobriquet de « rasoir droit », en hommage à ses qualités rhétoriques, pour rien. À la tête d’un petit pays de 630.000 habitants, le Premier ministre monténégrin Milo Djukanovic, au pouvoir depuis vingt-cinq ans, a réussi à irriter cette semaine un « tsar » d’une tout autre envergure : Vladimir Poutine. Ce chef de clan de 53 ans, qui n’a rien connu d’autre que l’exercice du pouvoir, s’est converti au logiciel « pro-occidental » à la fin des années 1990. Depuis, il s’est employé à diriger cette ancienne république yougoslave vers l’intégration européenne et l’adhésion à l’Otan. Un pari aujourd’hui en bonne voie. Les 28 ministres des Affaires étrangères de l’Otan ont invité mercredi cet État des Balkans occidentaux, indépendant depuis sa séparation d’avec la Serbie en 2006, à rejoindre l’Alliance de Le Premier ministre l’Atlantique Nord. Le monténégrin a troisième à franchir entamé mercredi le pas, après la les négociations Croatie et l’Albanie en d’adhésion de son pays 2009. Le troisième à à l’Otan, qui continue courroucer la Russie, son expansion dans les alors que les relations Balkans au grand dam avec l’Alliance n’ont de Moscou jamais été aussi froides du fait de la crise ukrainienne… Ravi de jouer le garant de la stabilité au nez et à la barbe de la Serbie, Milo Djukanovic savoure l’instant. « Adhérer à l’Otan est une puissante contribution à la sécurité de la région », plastronnait-il mercredi soir. Reste que son régime, entre corruption endémique et liens avec le crime organisé, est loin d’être exemplaire. Des milliers de personnes ont manifesté cet automne pour dénoncer ses positions pro-Otan, réclamer sa démission et demander des élections « libres et démocratiques »… avant que ces mouvements de prostestation soient violemment réprimés. L’Alliance a bombardé la Serbie en 1999, un événement douloureux dans la mémoire collective, et l’opinion est donc divisée sur l’adhésion à l’Otan. Celle-ci est loin d’être acquise. Le processus doit durer de dix-huit mois à deux ans et, en cas de succès, devra être ratifié par les Parlements nationaux des 28 pays membres. CAMILLE NEVEUX MILO DJUKANOVIC pérou Le président péruvien Ollanta Humala a placé vendredi en état d’urgence la province de Callao, voisine de la capitale, pour combattre l’explosion des violences liées au crime organisé (trafic de drogue, extorsion, assassinats). La déclaration d’état d’urgence, qui doit durer quarante-cinq jours, était réclamée par des responsables politiques et des représentants de la société civile. La province de Callao abrite les principaux ports et l’aéroport international Jorge-Chávez. ReuteRS Tchad Trois kamikazes se sont fait exploser hier sur le marché d’une île du lac Tchad, tuant au moins 27 personnes. Cette région – partagée entre le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad – a été placée le 9 novembre par le gouvernement tchadien sous le régime de l’état d’urgence, à la suite de précédents attentats-suicides perpétrés par les islamistes nigérians de Boko Haram, qui ont rallié l’organisation de l’État islamique (EI). AP/SIPA lA phrAse « Tout le monde a compris depuis longtemps que Vladimir poutine n’écoute que ses amis » evguéni staritsine, chauffeur routier russe, alors qu’une grogne sociale – très rare dans la russie actuelle et ignorée des médias – monte depuis trois mois contre une hausse des tarifs de péage censés financer l’entretien des routes fédérales, mais dont la collecte a été confiée à la société d’un milliardaire partenaire de judo de Vladimir poutine. * 18 | cop21 jdd | 6 décembre 2015 Climat Chaud et froid sur la COP21. À mi-parcours, le compte n’y est pas. Les négociateurs ont Au Bourget, un petit pas pour l’humanité… N RiChaRd Bellet @richardbellet1 ous devons réussir, et nous devons réussir ici. » Peu avant 20 heures hier, lors de la séance plénière qui clôturait la première semaine de la conférence climat de Paris, Laurent Fabius, son président, a martelé ce devoir : trouver ici, à Paris, l’accord universel et contraignant tant attendu, celui censé limiter le réchauffement de la planète à 2 °C à la fin du siècle. Et ce n’est pas gagné, tant cette COP21 est une épreuve de fond comme de formes. Au terme d’une semaine de discussions, les négociateurs ont remis hier leur copie. Ce projet de texte doit dès demain servir de base aux ministres, qui prennent le relais et doivent aller au plus vite. Mais il y a encore loin de l’ébauche à l’accord parfait… « Nous pourrions avoir mieux, nous pourrions avoir pire, l’essentiel est que nous ayons un texte et que toutes les parties veuillent un accord la semaine prochaine », estime Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations. Un avis partagé par l’acteur Sean Penn, qui comme Leonardo DiCaprio a hier foulé le sol de la COP : « C’est peutêtre le moment le plus excitant de l’histoire de l’humanité ! » Le projet d’accord, lui, l’est beaucoup moins. Car s’il a un peu minci depuis l’ouverture de la conférence avec une quarantaine de pages, il compte encore 750 crochets (contenant mots et phrases non validés) et une centaine d’options. Il s’est même lesté de 5 pages de commentaires placés en annexe. Or, à l’arrivée, il faudra bien zéro crochet et zéro option ! Collectivés et entreprises s’engagent Côté contenu, quelques points sont salués par les ONG. En premier lieu celui des « pertes et dommages » liés aux conséquences irréversibles du changement climatique déjà à l’œuvre. « Jusque-là, les États-Unis ne voulaient même pas en entendre parler, remarque Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Mais là, l’option no text a disparu. » Si le projet restait en l’état, la communauté internationale reconnaîtrait donc que le sujet existe. Autre satisfaction : l’accord comprendra une clause stipulant que les pays doivent se revoir tous les cinq ans pour faire le point sur leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre. Peu probable toutefois que l’obligation d’une révision à la hausse de ces engagements (version haute dans le projet) soit retenue. Les énergies renouvelables (EnR) Hydroélectricité (Eau) Pompes à chaleur (Chaleur terrestre ou de l’air) Eolien (Air) Solaire 5,4 % 5,6 % Total d’énergie consommée par les transports Transports Agriculture 4% Bureaux En 2013, les EnR, c’est Industrie 20,9 % Bâtiments résidentiels OBJECTIF 2020 : 14,2% detotalela consommation d’énergies en France Deuxième mi-temps : la « séquence ministérielle » La partie qui se joue à la COP n’est pas terminée. Après une première mi-temps menée par les négociateurs des 196 parties (195 pays + l’Union européenne), c’est un autre processus de négociations qui s’ouvre demain. Place à la « séquence ministérielle ». Les techniciens s’éclipsent, les politiques entrent sur le terrain. Sauront-ils être à la hauteur des discours souvent très ambitieux tenus lundi par les quelque 150 chefs d’État et de gouvernement réunis à Paris ? C’est toute la question, et il est au cœur de la machine. Chef de file des négociateurs du maroc (qui accueillera la COP22), mohamed Benyahia a passé sa semaine dans le « groupe de contact » qui, hier, a remis un projet d’accord à laurent Fabius En France, quel secteur utilise le plus d’énergies renouvelables ? 5,5 %d’EnR des dizaines de pays – dont l’Inde, 3e pollueur mondial – ont ainsi lancé l’Alliance solaire internationale, qui vise à réduire les coûts de cette énergie renouvelable pour la rendre plus accessible, notamment dans les pays du Sud. Vendredi, le nouveau Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, annonçait que son pays allait « mettre un prix sur le carbone », et ainsi tenter de réduire la pollution. Par ailleurs, de plus en plus d’acteurs non étatiques s’engagent, collectivités ou entreprises. Un millier de maires et d’élus locaux viennent d’annoncer à Paris qu’ils allaient mettre le cap sur 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050. ils vont vite devoir y répondre. Car Laurent Fabius l’a répété, « la conférence doit se clore vendredi soir ». Et pour cela, le président de la COP veut l’accord final sur son bureau dès mercredi, afin que les futurs signataires puissent entre-temps étudier les implications juridiques du texte. Que la négociation et les tractations continuent. Le plus dur reste à faire. g Annick Girardin, Laurent Fabius, François Hollande et Ségolène Royal, hier au Bourget. WiTT/sipa La folle semaine d’un négocia Spécial COP21 avec Biomasse (Bois, biocarburant) « On aimerait aussi que la date de première révision, au plus tôt, soit indiquée », ajoute Matthieu Orphelin. Au registre des déceptions, la plus grosse crainte et le plus gros défi portent toujours sur le financement de la lutte contre le réchauffement, en particulier pour l’après-2020, date de l’entrée en vigueur du futur accord de Paris. Car là, les pays en développement exigent des engagements fermes des « développés ». Lundi, le Premier ministre indien déclarait en substance dans le Financial Times qu’à ses yeux la justice climatique exigeait que les pays riches, ayant déjà émis beaucoup de gaz à effet de serre, devaient maintenant payer pour les conséquences du réchauffement, sans empêcher les victimes de celui-ci de croître. Or, pour l’heure, les options finance dans le projet de texte sont multiples ; et l’objectif d’un apport « plancher » de 100 milliards par an après 2020 est loin d’être gagné, même si les États-Unis ont indiqué hier qu’ils étaient prêts à faire un effort. « Des consultations informelles sur des points durs de la négociation comme le financement doivent avoir lieu dès ce dimanche », confiait-on hier soir dans l’entourage de la présidence de la COP. Bouffée d’air frais, le « climat » du Bourget est aussi propice à des annonces hors conférence. Lundi, 23% Source : Rapport ADEME «Chiffres clés climat, air, énergie 2014» À 55 ans, il a l’expérience des grandsmesses climatiques. Entouré d’une dizaine de négociateurs, Mohamed Benyahia a, cette semaine, représenté le Maroc au sein du « groupe de contact » – l’ADP en terme onusien –, dont les travaux se sont clôturés hier avant que les ministres prennent le relais. « Je suis comme un tableau de bord, une boussole. Chaque jour j’ai fait la synthèse de tout ce qui s’est dit dans l’ensemble des groupes de travail et j’ai rendu compte à ma ministre. Je lui ai donné des photos de l’état d’avancement des négociations. Car ici tout change, sans arrêt… » b meRCRedi midi, les CRisPatiOns Ce qui coince ce mercredi, c’est l’argent. « Là, il y a un sérieux problème », reconnaît Mohamed Benyahia. « Les négociations n’avancent pas. » Or sans un accord sur les financements, pas d’accord du tout. Ils sont le nerf de la guerre climatique, « ils irriguent tout, pour l’avant et l’après-2020 », date de l’entrée en vigueur du futur accord de Paris. Le blocage est tel qu’une « consultation informelle » est déclenchée par la présidence française de la COP. Mohamed Benyahia. B. Bisson pour le jdd Le G77 – coalition de 134 pays – rappelle alors les obligations d’assistance des pays développés à l’égard de ceux en développement. « Cette question est déterminante, elle permettra de débloquer le reste. Mais pour cela, il faut rebâtir la confiance car des engagements, pris lors de précédentes conférences, n’ont pas été honorés. Certains ont quitté le navire. » Retrouver la confiance ? C’est compliqué, tant les points de crispation sont nombreux. Les 100 milliards de financement attendus pour 2020 ? « Tout le monde est d’accord pour augmenter la part qui ira à l’adaptation, mais les pays en développement veulent que cette part monte à 50 %. » Et là, ça coince. Autre problème : cet argent viendra-t-il de prêts, de dons ; sera-t-il privé, public ? Et ces 100 milliards, devront-ils être obligatoirement revus à la hausse après 2020, comme le demandent les pays en développement ? Côté « développés », personne ne veut vraiment s’engager sur un chiffrage à long terme. Les grands pollueurs bottent en touche ; la porte-parole du G77 se dit déçue ; l’opposition Sud-Nord se cristallise. Une vingtaine de spin-off – sousgroupes spécialisés, thématiques et informels – se répartit le travail. Chaque jour, de 8 heures à 21 heures, parfois tard dans la nuit, le négociateur enchaîne les réunions : G77, groupe Afrique, groupe arabe, groupe de contact. « Le rythme est plus intense que dans les COP précédentes. C’est indispensable pour essayer d’avancer mais cela peut aussi être contre-productif. Un thème comme la finance est dispersé dans de nombreux groupes. Il devient difficile de synthétiser tout ça. » Nouveaux comités, réunions d’experts, les instances en tout genre prospèrent. « On atteint la limite du gérable. Les petites délégations ne peuvent pas être partout à la fois. » b meRCRedi sOiR, la sOmmatiOn Laurent Fabius, président de la COP, est annoncé devant le groupe de contact. La moisson des travaux de la journée dans les groupes et sous-groupes n’est pas bonne. Très peu de progrès ont été réalisés. Quelques « crochets » (passages du projet de texte pour lesquels un accord n’a pas encore été trouvé) ont bien disparu par-ci par-là, quelques phrases ont certes été réécrites, mais rien de plus. Le rythme est trop lent. « Il nous Cop21 | 19 * jdd | 6 décembre 2015 remis hier à Laurent Fabius une ébauche de texte. Il reste une semaine pour sauver la planète Hollande : « Nous sommes tout près d’un accord » au Bourget, le chef de l’État est venu hier, pour un point d’étape, remercier ceux qui ont obtenu une ébauche d’accord : « Vous avez très bien travaillé » CÉCile amar Il s’assied et saisit le texte de sa main droite. François Hollande se tient en face de l’équipe française de négociation sur le climat. Dans ce qui lui fait office de bureau au Bourget, où se tient la COP21, le président de la République tient à remercier ceux qui viennent d’obtenir une ébauche d’accord. « Vous avez très bien travaillé. Je voulais vous dire combien nous sommes reconnaissants de votre engagement. Nous en voyons les pre- miers fruits, non pas qu’on puisse dire que la récolte est là, mais on avance », dit d’emblée Hollande à Laurence Tubiana et à la dizaine de négociateurs qui l’accompagnent. Le chef de l’État veut savoir où on en est, ce qui pourrait empêcher un « accord ambitieux, universel et contraignant », comme il l’a toujours souhaité, d’être adopté en fin de semaine. « Nous n’avons plus de temps à perdre. Jeudi ou vendredi, nous devrons dire :“Nous avons ou nous n’avons pas d’accord.” Nous ne devrons pas avoir de regrets », lance Hollande. Laurent Fabius, qui préside la COP, prend la parole : « On a maintenant un texte légèrement plus court, qui contient un peu moins teur a demandé d’accélérer, d’innover dans la méthode de travail. » Le G77 propose alors de réduire le nombre de sous-groupes, qui épuise les négociateurs. Mais prévient : le délai de remise de la copie à Laurent Fabius, samedi midi, ne doit pas être un obstacle aux débats. Les pays en développement veulent que le temps soit laissé à la négociation. b Jeudi, le sursaut Au chapitre des financements, une lueur apparaît enfin. « On est encore loin d’un accord, mais d’après notre équipe de négociateurs répartis dans les spin-off, ça avance, se réjouit Mohamed Benyahia. Il n’y a plus deux blocs face à face, le G77 et les autres. Nous sommes passés de deux positions inconciliables à un mix, et là on peut commencer à négocier. » Restent les « crochets », qu’il faut « décrocheter » au maximum… Une autre question semble se débloquer, celle du devenir du groupe de contact. Sa mission était de préparer l’accord de Paris. Fautil alors l’enterrer après la COP21 ? Lui donner un autre mandat ? La rebaptiser ? « Un principe est acquis, nous allons vers un “new ADP”, sûrement nommé “APO”, qui va préparer l’entrée en vigueur de l’accord de Paris. » Mais il reste encore à préciser le mandat du nouvel organe… Et à trouver des convergences, d’ici à la fin de semaine, sur des points-clés comme la différencia- tion entre pays, la forme juridique, le suivi du futur accord. « Il nous reste quelques heures pour présenter demain matin à la présidence une première ébauche de texte. » b Vendredi, des Compromis Surprise au petit matin : les coprésidents du groupe de contact, aidés par des « cofacilitateurs », sortent de leur chapeau non pas un mais deux textes : une compilation de l’ensemble des idées avancées, et un texte de compromis qui établit des ponts entre les options. Respectivement, 48 et 38 pages. « Nous avons finalement retenu le texte de compromis. Le groupe de contact travaille maintenant dessus pour l’améliorer et le remettre demain à Laurent Fabius, c’est une avancée importante », explique Mohamed Benyahia. Pas suffisante aux yeux de Laurence Tubiana, bras droit du président de la COP, qui invite « avec insistance » les délégués à avancer encore plus vite. Lorsqu’on lui fait remarquer que le système de négociation onusien, à 195, est peut-être dépassé, incompréhensible au plus grand nombre, Mohamed Benyahia accepte la critique : « Je comprends les gens qui, à l’extérieur, parlent de conclave, d’initiés, d’usine à gaz. Mais enfin les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont graves, et nous n’avons pas jusqu’à présent inventé mieux pour tenter de les régler. » r.B. d’options et qui, sur deux ou trois points, est une nette avancée. Ce texte demande un travail politique. » Celui qui va passer la semaine à discuter avec les ministres ou les négociateurs des 196 délégations développe sa méthode et conclut : « On n’aura jamais une conjonction de planètes comme on l’a aujourd’hui. L’état d’esprit est bon. Le risque n’est pas qu’il n’y ait pas d’accord, mais qu’il y ait quelque chose de dégradé », termine le président de la République. « Être à la hauteur de la planète » « Laurence, alors ? », s’enquiert le chef de l’État, désireux de se faire raconter la négociation par celle qui suit ces questions depuis 1997. « Tout le monde connaît le capital politique qu’on a accumulé, alors qu’on est un pays développé, ce qui constitue un handicap. Il faut utiliser ce capital, ça va être difficile », raconte Laurence Tubiana. Pendant plus de trente minutes, Hollande échange avec ces Français qui lui permettront peut-être d’obtenir une victoire environnementale. Après avoir discuté avec Al Gore, le chef de l’État rejoint la tribune de la salle plénière pour clore l’Action Day, cette journée de mobilisation des entreprises, des ONG, des syndicats, des institutions financières pour le climat. « Je lance devant vous un appel pour que nous soyons capables de dépasser les intérêts des régions, des pays […] pour que nous puissions être à la hauteur de la planète », affirme Hollande. Alors qu’il ne reste plus que six jours pour se mettre d’accord, le Président proclame : « Je demande à ceux qui voudraient viser trop haut de faire attention de ne pas avoir raison tout seuls. » Quant à « ceux qui voudraient se contenter du minimum, ils risquent d’avoir le maximum de catastrophes ». François Hollande, optimiste, conclut : « Nous y sommes presque. Nous avons fait l’essentiel du chemin, il nous reste quelques foulées pour y arriver. Nous sommes tout près d’un accord. » Verdict vendredi soir. g 20 | Cop21 JDD | 6 décembre 2015 « C’est aux politiques de trancher » Alix MAzounie est chargée des politiques internationales au Réseau Action Climat IntervIew RiChARd Bellet @richardbellet1 et Juliette deMey @juliettedemey DR Comment jugez-vous le texte remis hier à laurent Fabius ? To u t e s l e s bonnes idées sont encore entre parenthèses ou sous forme d’options entre crochets ; sur la question de la transparence, des engagements, de la vérification de ceux-ci… Or ce ne sont pas que des mots. Entre un réchauffement de 1,5 °C ou de 2 °C, il n’y a peut-être qu’une virgule, mais celle-ci représente une question de vie ou de mort pour certaines populations. et renvoie tous les amendements avancés la dernière nuit dans une nomenclature à part. Cela permet de montrer aux ministres que chacun a été entendu. Mais les pièces du puzzle demeurent nombreuses. tout reste à trancher par les politiques ? Oui, et ce qu’ils ont sur la table est très complexe à gérer. Sur la question du financement, il reste une vingtaine d’options, dont certaines contradictoires. Si on ne retrouve pas l’impulsion politique donnée lundi par les chefs d’État, on peut encore avoir un accord au rabais. Il ne permet pas de savoir si le résultat final sera bon ou non. Il a intégré des options de compromis proposées par les négociateurs, CHRISTOPHE PETIT TESSON/EPA/MAXPPP une des rares avancées selon vous : la mention de la question des « pertes et dommages » dans l’accord. expliquez… Elle devrait y figurer quoi qu’il arrive, et c’est un vrai progrès. Reste à savoir sous quelle forme. L’idée, c’est que le réchauffement le timing imposé a jusque-là été entraîne déjà des impacts irréversibles, économiques et humains, respecté. le contexte des attentats malgré des meà Paris a-t-il joué ? sures d’adaptaLe sentiment de solidarité a pu « On n’a aucune tion. Par exemple influer. Sans doute certitude sur la part après le passage les négociateurs d’un typhon. Que ont-ils voulu évi- qui sera allouée cette notion figure ter de mettre la à l’adaptation dans l’accord, France en diffic’est une police culté. Il faut aussi au changement » d’assurance-vie reconnaître que la pour les petites présidence de la îles menacées : un COP a bien joué son rôle, en multijour, elles pourront demander des pliant les réunions en amont pour compensations. C’est une graine créer un climat de confiance. semée vers la justice climatique. le texte des experts laisse-t-il présager un accord ambitieux ? Samedi, au Bourget, lors de la journée d’action en marge de la COP21. Sean Penn, engagé dans une association pour soutenir Haïti suite au tremblement de terre de 2010, plaide pour la préservation des forêts. Qu’est-ce qui a permis cette évolution ? Avant la COP, il y avait deux lignes rouges. Celle des pays en développement, qui jugeaient inconcevable que l’accord n’inclue pas cette notion. Et celle des Américains, qui refusaient qu’elle y figure. Les ÉtatsUnis ont tendu la main aux premiers, en échange de leur soutien sur le fait que tous les États aient les mêmes systèmes de transparence et de vérification de leurs engagements. la fourchette de réchauffement maximal « entre 1,5 °C et 2 °C » pourrait figurer dans l’accord. C’est une surprise ? Oui, ce n’était pas attendu. La priorité d’un réchauffement limité à 1,5 °C, portée par les pays vulnérables et soutenue par la France, l’Allemagne et l’Union européenne, a été entendue et a émergé comme un élément incontournable. Ce n’est pas qu’un affichage, l’accord est un outil pour faire ensuite levier. Reste une grande inconnue : le financement. Se limite-t-on à 100 milliards de dollars par an après 2020 ? Le type d’engagement, l’objet et la valeur de ce financement, tout est encore ouvert. Les États et les banques de développement sont en train d’accroître leurs financements climat pour essayer d’atteindre 100 milliards de dollars en 2020. Mais on n’a aucune certitude sur la part qui sera allouée à l’adaptation au changement. Aujourd’hui, elle représente 16 %, bien en deçà des besoins des pays en voie de développement. Cette semaine, le groupe Afrique a émis une proposition raisonnable : quadrupler ces financements pour atteindre 32 milliards de dollars. les ministres pourront-ils résoudre cette équation ? Elle est très politique. Ce qui va sous-tendre cette semaine, c’est la nécessité de créer un pacte de solidarité avec les pays en voie de développement. Comment différencier les responsabilités ? Qui donne quoi, qui reçoit quoi ? Par exemple, l’Inde a besoin d’investissements publics et privés dans les renouvelables, alors que l’Afrique doit d’abord recevoir de l’argent public pour l’adaptation. une déception, les droits humains et des peuples autochtones ne sont pas mentionnés. Les ministres tenteront peutêtre de sauver la face en les inscrivant dans le préambule. Pourtant, enclencher une transition énergétique mondiale implique des choix technologiques, et donc un risque pour les travailleurs et les populations. Reconnaître le rôle des peuples autochtones et leur vulnérabilité, ce n’est pas inventer la roue, juste faire référence à des droits reconnus par des conventions internationales. l’Arabie saoudite, qui s’y est opposée, apparaît comme le cancre de cette CoP. Oui et c’est très assumé. Mais elle est aussi l’arbre qui cache la forêt des autres pays pétroliers et d’un certain nombre d’États qui estiment que l’objectif de 1,5 °C n’est pas atteignable, comme l’Inde et la Chine. et la France ? Elle joue un rôle plutôt positif. Hollande et Fabius ont marqué leur territoire et pris des risques en martelant leur ambition et l’objectif des 1,5 °C. Mais le décalage avec ce qui se passe sur le territoire, que l’on parle de Notre-Dame-des-Landes ou de l’aide publique au développement qui n’augmente pas, est inquiétant ! Si tous les pays font pareil… une bonne nouvelle ? L’initiative des Africains sur les énergies renouvelables : un programme destiné à produire 300 gigawatts d’ici à 2030. C’est énorme, l’équivalent de la capacité électrique actuelle de l’Afrique. Cette semaine, les Français, les Américains, les Allemands et la Banque africaine de développement se sont mis d’accord pour aider à financer l’électrification du continent. La France compte investir 4 milliards d’euros dans les quatre prochaines années. La COP sert aussi à lancer des initiatives concrètes en marge des négociations. g déCRyPtAge d’une négoCiAtion CONCRÈTEMENT, comment les formulations ont-elles évolué entre la version initiale du projet de 55 pages et la version raccourcie remise hier ? Pour saisir l’ampleur du travail de fourmi des négociateurs, le cas de l’article 5 consacré à la question des « pertes et dommages » est éloquent. Dans la version d’origine, celui-ci mentionnait deux options possibles. L’option I, portée par le G77 (coalition de 134 pays en développement), soulignait en six points la nécessité de ce mécanisme tout en évoquant les impacts concrets du réchauffement sur les populations. L’option II, aux antipodes, entendait bannir toute référence aux « pertes et dommages » ! Résultat à l’issue du marathon de négociations ? Une nouvelle version comportant toujours deux options mais qui offre une perspective très différente aux ministres appelés à trancher. Un texte unique en quatre points, qui reprend de manière épurée la vision du G77 des « pertes et dommages ». Désormais, l’option I plaide pour que ce texte fasse l’objet d’un article à part entière dans l’accord. L’option II, défendue par les États-Unis, souhaite l’intégrer à l’article 4 consacré à l’adaptation aux changements climatiques. Deux choix pour deux visions politiques aux impacts différents. Mais plus question que les « pertes et dommages » soient oubliés. Une victoire diplomatique. R.B. et J.d. 22 | Cop21 JDD | 6 décembre 2015 Diana, la gardienne de la forêt Témoignage Elle est venue du fin fond de l’Amazonie. Au nom des Ashéninka, elle défend leur territoire contre les « coupeurs de bois ». Pour elle, venir à Paris, c’est aussi risquer sa vie… de perdre la vie sur le chemin du retour. Pour quel crime ? S’être « Nous vivions en paix sans penser que battue contre les coupeurs de bois cela changerait un jour. On pouvait clandestins qui grignotent chaque pêcher à la rivière ou marcher dans jour la forêt amazonienne, le « poula forêt sans avoir peur de mourir. mon de la planète », mais aussi le toit Aujourd’hui, mes pieds foulent le et le garde-manger des Ashéninka. chemin sur lequel mon père a été Comme ses ancêtres, le groupe de tué. Et nous pensons tous que cela Diana mêle grands-parents, papeut arriver de nouveau. Personne rents et enfants. Ils se nourrissent ne peut nous enlever notre peur. » de poissons, de volailles, de petits Ainsi parle Diana Ríos, un petit bout animaux et de plantes de la forêt. de femme de 21 ans. Elle a quitté la Dans les années 2000, le gouverneforêt amazonienne, marché des ment péruvien a accordé une série heures, fendu le fleuve en pirogue de concessions forestières à des et pris l’avion jusqu’à Paris pour venir sociétés, dont trois empiétaient sur dire au monde le danger que court sa leur territoire ancestral, rapporte la communauté. Celle des Ashéninka Rainforest Foundation américaine. d’Alto Tamaya-Saweto, un groupe Mais cela a surtout attiré les cland’une trentaine de destins venus de la familles indigènes capitale régionale, vivant dans une Tué « parce qu’il a Pucallpa, ou du zone reculée de refusé de signer un Brésil voisin. l’Ucayali, au Pérou, « Nous n’étions près de la frontière papier qui aurait pas seulement brésilienne. laissé les bûcherons exploités mais aussi Assise dans oppressés », ral’un des halls du piller nos terres » conte Diana. « Dès Bourget, Diana ap- Diana Ríos 2003, mon père et Edwin Chota ont paraît à l’image de décidé de s’orgason peuple : déterminée et vulnérable. Un regard noir niser en communauté et d’obtenir la création d’une école pour apprendre étincelant tantôt de colère, tantôt de tristesse. Des pommettes ornées de à parler espagnol, pour mieux nous motifs rouges. Son père, Jorge Ríos défendre. » Pendant dix ans, les Pérez, a été assassiné le 1er septembre chefs indigènes vont multiplier les 2014 dans une embuscade avec trois démarches auprès des autorités autres chefs des Ashéninka, dont l’acpour obtenir ce titre de propriété tiviste Edwin Chota. Pour sa fille, la qui les protégerait. Parfois, toutes les raison est claire : « C’est parce qu’il a générations sont du voyage jusqu’à refusé de signer un papier qui aurait Pucallpa, à quatre jours de bateau. laissé les bûcherons piller nos terres. » « Le trajet est éprouvant, nous avons Ses proches l’ont mise en garde : souvent eu faim et soif. Nous avons aller à Paris, c’est risquer à son tour réclamé des droits sur nos terres JulieTTe Demey @juliettedemey Jeudi, Diana Ríos était au Bourget pour la COP21. En mémoire de son père, elle se bat pour sauver leurs terres ancestrales. Bernard BISSOn pOur le Jdd ancestrales. Nous avons dénoncé les menaces de mort des bûcherons illégaux auprès de toutes les institutions régionales et de l’organisme qui gère l’exploitation des forêts. Ils ne nous ont jamais écoutés. On nous répondait : “Revenez demain !” Le lendemain, rien. Au niveau régional, tout le monde est corrompu. » Une victoire au goût de sang Alors que la menace s’amplifie, Jorge Ríos Pérez, Edwin Chota et les autres représentants vont jusqu’à interpeller le gouvernement, à Lima, avec le soutien d’une avocate, d’Alexander Soros et de la Rainforest Foundation américaine. C’est sur le chemin du retour, raconte Diana, que les quatre chefs de la communauté Ashéninka ont été tués… Leurs veuves réclament alors leurs dépouilles, ainsi qu’une enquête. « L’État, sous la pression, a envoyé un hélicoptère avec le corps de mon père, retrouvé démembré. On nous a promis plein de choses mais rien n’a changé », souffle Diana. À l’approche de l’ouverture de la COP20, en décembre 2014 à Lima, le gouvernement péruvien décide de retirer les concessions forestières des territoires Ashéninka. En septembre 2015, il accorde les titres de propriété des 80.000 hectares de forêt à la communauté, désormais dirigée par les veuves. Une victoire au goût amer de sang. Entre-temps, quelques membres du groupe, apeurés, ont quitté le village. « Mais nous sommes une trentaine à rester, et nous sommes encore plus forts ! », s’empresse d’ajouter Diana. Il y a quelques semaines, les clandestins sont revenus couper des arbres. « Ceux qui participent au crime organisé continuent à nous encercler. Ils veulent se venger. Ils nous disent : « À tout moment, vous pouvez mourir si vous continuez à vous opposer. Nous avons payé l’État. ». Selon un rapport de la Banque mondiale, en 2012, 80 % du bois péruvien exporté était issu de coupes illégales… La médiatisation de leur combat a engendré de nouvelles menaces. C’est pourtant pour le raconter encore que Diana est venue à Paris. Et pour réclamer « la justice et la sécurité » : « Si les titres de propriété ne servent à rien, où est la justice ? En France, à l’aéroport, j’ai dû enlever mes chaussures, passer mes affaires aux rayons. Chez moi, il n’y a aucun contrôle : quand les trafiquants voient la police, ils passent la frontière vers le Brésil. » Un peu déconnectée des débats Au Bourget, cette semaine, Diana s’est sentie un peu déconnectée des discussions auxquelles elle a assisté en tant qu’observatrice. Comment parler de « monitoring » des territoires si le sien – la partie de l’Amazone péruvien abritant le plus de biodiversité – n’est pas respecté ? Mais la jeune femme a aussi perçu combien le sort des Ashéninka est partagé par les peuples autochtones du monde entier. « La différence, c’est que nous avons des forêts capables d’atténuer le changement climatique. Mon père a lutté pour elles et il ne sera pas mort en vain. En tant que femme indigène, je me battrai toute ma vie en son nom pour garder la forêt. Cela, personne ne me l’enlèvera. » g les peuples en première ligne EllEs sont à la fois lEs plus vulnérables et les plus impactées : les populations autochtones représentent 5 % de la population et comptent parmi les 15 % des plus pauvres de la planète, selon l’association Rights and Resources Initiative, qui œuvre à leur côté pour l’inscription de leurs droits dans l’accord de Paris. Le problème numéro un est de faire reconnaître leurs droits de propriété : ainsi, les indigènes du bassin amazonien attendraient des titres pour environ 20 millions d’hectares de terres. « Ces populations incarnent pourtant une solution prometteuse : dans les forêts qu’elles gèrent et où leurs droits sont reconnus, la déforestation est en baisse, et le taux de CO2 absorbé augmente. En Amazonie brésilienne, ces forêts contiennent 36 % de plus de CO2 par tonne qu’ailleurs, et un taux de déforestation 11 fois inférieur. Dans le Yucatán au Mexique, il est 350 fois inférieur ! », argumente Claire Biason, de Rights and Resources. Environ 1,6 milliard de personnes dépendent de la forêt pour subsister. Mais la surface mondiale de forêts se réduit de l’équivalent de 50 terrains de foot par minute à cause de projets de construction, de l’exploitation de l’huile de palme, du bois, du pétrole ou des ressources minières… D’après la Rainforest Foundation, le Pérou, avec la Bolivie, souffre d’un des pires taux de déforestation d’Amérique du Sud. J.D. © Alexandre LEGLISE - MOVEMOVIE - CRÉDITS NON-CONTRACTUELS *NOTE MOYENNE DES SPECTATEURS SUR ALLOCINÉ LE 3 DÉCEMBRE 2015: 4,5/5 MOVEMOVIE ET MARS FILMS PRÉSENTENT PARTOUT DANS LE MONDE, DES SOLUTIONS EXISTENT. DEMAIN-LEFILM.COM /DEMAIN.LEFILM /@DEMAIN_LEFILM ACTUELLEMENT AU CINEMA 24 | Cop21 JDD | 6 décembre 2015 Côté coulisses… une ruche pour sauver la Terre En marge des négociations, le site du Bourget accueille des militants associatifs du monde entier mais aussi des entreprises françaises qui innovent. Leur point commun ? La vie sur Terre Juliette Demey @juliettedemey Créer de nouveaux sols En attendant de stopper le dérèglement climatique, il faut s’y adapter… Laisser la Terre respirer, c’est l’idée qui a guidé le Taïwanais Jui Wen Chen pour mettre au point un système de pavement de sol (JW Eco-Technology) qui minimise les variations de température. Soit des structures cubiques en plastique recyclé sur lesquelles se posent de petites dalles de bitume perforées aux quatre coins pour drainer l’eau de pluie. Sous ce damier de plastique, deux couches de graviers, les plus fins en contact avec la terre, les moins fins au-dessus, de manière à laisser l’air circuler. Le procédé s’appuie sur l’effet Venturi, mis à profit dans les cheminées : larges à la base et effilées en haut, elles permettent la circulation de l’air chaud. « Les structures sur lesquelles les dalles sont posées laissent passer l’air froid de la surface tandis que l’air chaud de la terre remonte. Ainsi, le revêtement ne givre pas. À l’inverse, il refroidit lorsque l’eau du sol s’évapore. Avec une température de 60 °C en extérieur, le revêtement n’atteint que 40 °C », détaille Olivier Lavastre, directeur de recherche CNRS à l’Institut d’électronique et de télécommunications de Rennes. En novembre, ce spécialiste des capteurs de qualité de l’air a signé un « memorandum of understanding » avec la société taïwanaise pour l’aider à se développer. « Jusqu’à présent, nous ne faisions que du monitoring de la pollution, mais nous n’avions pas de solutions. Ce système tourne depuis dix ans à Taïwan et en Chine, et il n’est pas plus cher. » En laissant l’air circuler, le CO2 et les particules fines seraient en outre « digérés » par les bactéries du sol… Médaillé d’or du concours Lépine en 2015, commercialisé à 60 € du m², le procédé peut se coupler avec un système de récupération d’eau pour alimenter des plantes. « On pourrait créer des îlots dans des cours d’école, des parcs, des places, des rues… », s’enthousiasme Olivier Lavastre. En bon VRP, il a pris rendez-vous avec le conseil régional de Bretagne. Une « plage artificielle » nettoyeuse Comment éviter les marées de déchets sur nos côtes ? La société Manufacture à Besançon (MaB) a combiné plusieurs systèmes existants avec une de ses machines de traitement des déchets par séchage pour imaginer une « plage artificielle mécanique ». Elle se présente sous la forme d’une plaque formée de lattes en inox perforé qui coulissent les unes à côté des autres de manière décalée, à la manière de skis de fond. Placée à l’avant d’un bateau sur un plan incliné, ce « convoyeur à bandes » est plongé dans l’eau pour ramener les déchets à bord. « En combinant la vitesse du bateau et le déplacement des bandes, ils remontent mécaniquement, tandis que l’eau de mer est évacuée grâce aux perforations des plaques », explique Luis Ernesto Ruiz Funes, chez MaB. Pour l’instant au stade du prototype, le projet va subir différents essais pour évaluer son efficacité et ses limites, avant de partir en quête d’investisseurs. Rouler sur des panneaux solaires Pourquoi ne pas mettre à profit l’ensoleillement des routes, souvent inoccupées, pour produire de l’énergie ? De petits carrés bleus de 15 cm pourraient relever ce défi. Il s’agit de cellules photovoltaïques assemblées en un millefeuille de quelques millimètres d’épaisseur qui se « colle » sur tout type de revêtement routier. Baptisée Wattway, cette route solaire peut produire en moyenne 110 W d’électricité localement, et se raccorder au réseau via un câblage encapsulé dans le bitume. « À l’origine, nous visions des collectivités locales, de l’éclairage public, des entreprises, des zones isolées… Mais des particuliers sont intéressés. Avec 20 m², on alimente un foyer », assure Julien Ripoche, qui coordonne ce projet pour la société d’insfrastructures de transport Colas. Un kilomètre de chaussée éclairerait une ville de 5.000 habitants… Conçu en partenariat avec l’Institut national de l’énergie solaire (Ines) après cinq ans de recherches, ce revêtement a été recouvert d’une résine comportant de petits granulés de verre (recyclé) pour faciliter l’adhésion des pneus. Reste à tester le comportement de cette route hors labo et dans la durée. Dès cette année, Wattway sera expérimentée sur « dix à vingt chantiers tests », sur des portions de 20 à 100 m en haute montagne ou dans le désert. Le coût sera estimé début 2016 lorsqu’un industriel français sera choisi pour produire le concept. Éclairer les villages isolés en Afrique Apporter la lumière dans des zones reculées non raccordées au réseau électrique, et permettre aux habitants de recharger leurs téléphones et tablettes, le tout à un coût abordable. C’est l’ambition du système d’éclairage autonome que Sunna Design va lancer via un système de prêt participatif. La société bordelaise, qui commercialise déjà des lampadaires solaires d’éclairage public au Sénégal, au Mali ou au Cameroun, a mis au point un modèle adapté aux villages isolés. Un grand lampadaire à Led solaire pour la place du village, auquel peuvent se raccorder cinq foyers différents. Dans chacun d’eux, le système alimente trois ampoules et une « Sunnabox » destinée aux chargeurs. L’opération de prêt participatif rétribué à hauteur de 6 %, toujours en cours, a déjà permis de réunir 175.000 € grâce à près de 200 prêteurs anonymes. De quoi réaliser une première installation dans un village de Casamance, au Sénégal. À l’autre bout du fil (électrique), explique Nicolas Mercadal chez Sunna Design, « les villageois achèteront du crédit d’électricité par un système de sms, pour un coût estimé moitié moindre qu’aujourd’hui, car ils doivent marcher longtemps pour gagner un point de charge. » La société compte équiper 500 villages pilotes dans les six prochains mois. Une déléguée du Panama Coiffée d’un turban blanc, elle sillonne les allées d’un pas alerte. « Nous essayons de faire appel au sens de l’urgence pour finaliser le mécanisme international Redd+, qui a pour but d’aider les pays en développement à sauver leurs forêts. Nous sommes sept délégués sur ce sujet. C’est très complexe car cela recouvre les finances, le transfert de technologie, le développement, le monitoring des écosystèmes… À Paris, nous espérons avoir un accord et surtout le financement de cet accord. Mais les délégations sont habituées à procéder d’une certaine façon, ce n’est pas évident de les faire changer ! » le fossile Du Jour est…. C’EST L’UN DES RITES désormais courus de la COP « non officielle ». Chaque soir à 18 heures, le « fossile du jour » est attribué par le Climate Action Network (CAN) – qui réunit 900 ONG dans le monde – lors d’une cérémonie haute en couleur. Les lauréats ? Des pays ou des organisations qui, par leur action du jour ou récente, ont fait très fort pour entraver l’action contre le réchauffement climatique. Récemment promus champions, entre autres : la Belgique, « qui veut rallumer une centrale nucléaire », et la Nouvelle-Zélande, ex aequo lundi ; l’Organisation maritime internationale et l’Organisation mondiale de l’aviation civile qui « freinent toute tentative de réduire les émissions de gaz à effet de serre » dans leur secteur (mercredi), le Danemark (jeudi) ou encore l’Arabie saoudite (vendredi), qui fait tout pour éviter qu’un objectif de 1,5 °C maximum de hausse de la température – souhaité par certains – ne figure pas dans le futur accord de Paris. Des ONG peuvent opposer un veto à la nomination de tel ou tel pays lorsqu’elles y travaillent et estiment que ce déshonneur « peut mettre en danger leur action », explique Célia Gautier, responsable des politiques européennes au CAN. Le fossile du jour n’a semble-t-il pas du tout le même impact selon les pays. « Au Japon, qui en a reçu beaucoup depuis 1999, la presse y est très sensible. En Pologne par contre, rien, comme si ça n’existait pas. » Exception à la règle du mauvais élève, les ONG ont décerné mardi un « Rayon de soleil » à un groupe de pays parmi les plus vulnérables « qui s’engagent à atteindre une énergie 100 % renouvelable ». r.B. Cop21 | 25 jdd | 6 décembre 2015 Très sobre pavillon des Comores ÎLES Petit pays, petits moyens. Les Comores sont quasi impuissantes face au réchauffement. Le salut ? Un bon accord RiChaRd BELLEt @richardbellet1 Une table basse, un canapé deux places, une machine à café, un ordinateur, une station météo automatique, un pluviomètre… Le pavillon des Comores fait dans la sobriété. Face à son homologue français et voisin de celui des pays du Golfe, 1.000 m² chacun, difficile de soutenir la comparaison. Qu’importe, la petite république de l’océan Indien – à peine 800.000 habitants –, dont le président s’est fait remarquer lundi au Bourget lors de la traditionnelle photo de famille des chefs d’État en masquant la poignée de main « historique » entre Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahou, est bien là. « Avec le changement climatique, nous cumulons les problèmes, constate Youssouf Hamadi, 50 ans, négociateur. Inondations inconnues auparavant, énormes précipitations ou années complètement sèches, salinisation des eaux souterraines, on a tout… Il y a même des villages côtiers où l’eau est devenue complètement saumâtre, imbuvable », poursuit le négociateur. « Mais que peut-on faire ? Rien ! Nous n’avons pas les moyens de dessaler. » Aux Comores, le coût de l’atténuation et de l’adaptation au réchauffement est d’ores et déjà estimé « à 216 millions de dollars », affirme Youssouf Hamadi. Un tiers du PIB du pays ! Atteindre « l’objectif garde-fou » des 2 °C Seul espoir aujourd’hui pour l’archipel comorien : que le sommet de Paris débouche sur un « bon accord ». Soit, pour le négociateur comorien, un texte contraignant qui permette d’atteindre « l’objectif garde-fou » des 2 °C de hausse de la température et, aussi, apporte aux pays les plus vulnérables l’argent leur permettant d’atténuer les effets du réchauffement et d’y faire face. « C’est peutêtre utopique d’y croire, mais ce qu’il faudrait pour nous, aux Comores et sur les îles, c’est 1,5 °C maximum d’augmentation, pas plus. Parce qu’avec 2 °C en moyenne mondiale on aura en réalité 3 à 4 °C sous les tropiques ! » Pour parvenir, au moins, à ne pas dépasser ces 2 °C devenus totem, Youssouf Hamadi veut faire payer les plus gros pollueurs, Chine et ÉtatsUnis en tête. « Qu’ils fassent cet effort pour ceux qui, comme nous, souffrent et sont souvent les plus démunis face au changement climatique. » Vendredi ou samedi, en fin de sommet, il espère applaudir à un accord. Mais pas n’importe lequel : si les financements annoncés ne sont pas « accessibles, équitablement, aux régions et pays les plus pauvres », alors le négociateur comorien s’abstiendra. g UnE toUR EiffEL… En ChaiSES Au Bourget, la COP21 accueille les officiels mais aussi la société civile, créant ainsi un vaste lieu de débats, de savoirs, d’échanges et de convivialité... mais aussi de protestation ! B. Bisson pour le JDD L’immersion dans la forêt Au pavillon du Pérou, le visiteur peut s’immerger dans la forêt amazonienne en chaussant un casque de simulation. Le son de la jungle vous fait oublier illico que vous êtes dans un hall, au Bourget. Vous voilà posté sur un promontoire au-dessus de la canopée, d’où vous pouvez tourner le regard à 360 °, mais aussi vers le ciel ou le sol. Pour les personnes sujettes au vertige, une séquence se déroule à l’intérieur de la forêt, au pied d’arbres gigantesques. g POUR LES CAMERAMEN et photographes venus du monde entier au Bourget, c’est devenu un spot. Tout au bout des « Champs-Élysées », l’allée centrale qui traverse le parc des expositions, se dresse une tour Eiffel rouge pétard fabriquée avec… des chaises pliantes ; 324 au total, clin d’œil à la hauteur (antennes comprises) du plus célèbre des monuments parisiens. Une réplique éphémère de 13 m de haut dont le « propriétaire » n’est pas peu fier. « Les services du Quai d’Orsay nous ont contactés pour l’avoir, explique Bernard Reybier, PDG de Fermob, fabricant de la célèbre chaise Bistro dont le brevet a été déposé en… 1889, année d’ouverture de la tour Eiffel. Ils voulaient un symbole de Paris, de la créativité industrielle française. » Déjà installée l’an dernier sur le Champ-de-Mars à l’occasion du 125e anniversaire de la Dame de fer et de la chaise en acier, cette tour miniature pourrait après la COP découvrir de nouveaux horizons. « Je rêve qu’elle soit installée à New York, où 12.000 de nos chaises de rue sont installées, notamment à Times Square et Bryant Park », lance Bernard Reybier. R.B. 26 | société jdd | 6 décembre 2015 Exclusif Le destin du président de l’UEFA se joue cette semaine. Un document inédit prouve Platini, la note qui relance L laurEnt Valdiguié @Valdiguie e rapport fait 23 pages. En apparence anodines. Mais une ligne pourrait bel et bien sauver l’ancien n° 10 des Bleus des soupçons de corruption. À la clé, cette ligne pourrait aussi éloigner la menace d’un bannissement à vie des affaires sportives. « There has been talked about Sfr. I million as salary », dit le texte qu’a pu consulter le JDD, dans le plus grand secret. « On entend parler d’un salaire d’un million de francs suisses. » Pourquoi cette phrase sauverait à elle seule Michel Platini ? Tout simplement parce que, pour la première fois depuis le début de l’affaire, son salaire suspect à la Fifa est évoqué en clair dans un document de 1998. Interrogé par le JDD, Me Thibaud d’Alès, l’un des avocats du Français, « confirme l’existence » de ce rapport, dont il a également reçu une copie « vendredi ». « Cette pièce vient démontrer, contrairement à la thèse sur laquelle repose toute l’accusation, que le contrat de Michel Platini avec la Fifa n’avait aucun caractère occulte, et que de nombreuses personnes, y compris à l’UEFA et à la Fifa, en avaient connaissance dès 1998 », analyse l’avocat, qui refuse d’en dire plus sur l’utilisation judiciaire qu’il compte faire de ce document. « Je peux juste vous dire qu’il est en lieu sûr », ajoute-t-il. Le document est précisément daté du 12 novembre 1998. On est un jeudi, à Stockholm, dans un salon de l’hôtel Sheraton. Il est 10 heures du matin. Celui qui est alors président de l’UEFA, l’instance européenne du football, le Suédois Lennart Johansson, réunit son comité exécutif. Pour resituer le contexte de l’époque, on est au lendemain de la Coupe du monde en France : le Suédois vient d’être battu à la présidence de la Fifa par Sepp Blatter, qui a reçu le soutien de Michel Platini. Le Français est sa bête noire… Un rapport comme ceux des services de renseignements Autour de la table et de Johansson, les Allemands Egidius Braun et Gerhard Aigner, l’Italien Antonio Matarrese, le Turc Senes Erzik et le Norvégien Per Ravn Omdal, les six barons de l’UEFA. Trois d’entre eux sont également membres de la Fifa (Johansson, Matarrese et Erzik). Le comité exécutif est prévu pour durer jusqu’à 15 heures, à la fin du déjeuner. Il va se poursuivre jusqu’à 17 h 30. À l’ordre du jour, une série de décisions à prendre sur la vie de l’organisation. Des questions de marketing de la Ligue des champions, la Coupe intercontinentale et le projet Méridien… Mais aussi, sous la rubrique « les questions clés », les « affaires de la Fifa ». Pour préparer ce comité exécutif, plusieurs « mémos » ont été rédigés. Au total, chacun des six participants a donc reçu une dizaine de pages, agrafées à l’ordre du jour, notamment sur les « sujets Fifa ». L’une de ces pages est intitulée « Key issue : role of Michel Platini ». Le JDD en détient un script. Il est, avec le recul, édifiant. « Michel Platini était impli- qué dans la campagne de l’élection de JSB [trois initiales désignant Joseph Sepp Blatter], commence le texte. Ce dernier a déjà annoncé que Platini deviendrait le futur directeur des sports de la Fifa. Platini deviendrait donc impliqué dans la Fifa », poursuit la note, qui ressemble à une des notes d’un service de renseignements. Un peu comme si l’instance du football européen avait en son sein une équipe d’enquêteurs chargés de suivre discrètement les affaires du foot… « C’est une bénédiction tombée du ciel » À lire cette note, il est donc clair pour tout le monde à l’époque que Platini, coprésident du comité d’organisation du Mondial 1998, va rentrer à la Fifa dans le sillage de Blatter. La note poursuit sur des « doutes sur les qualifications de Platini pour devenir directeur des sports », ce qui en dit long sur l’état d’esprit des hommes de Johansson concernant le Français. « Il y a des rumeurs selon lesquelles Platini souhaite travailler depuis Paris », continue le document, avant d’en venir à sa rémunération : « On entend parler d’un salaire d’un million de francs suisses », dit la note en toutes lettres. Avec le recul, et dans le contexte de l’affaire actuelle, c’est cette phrase qui vaut aujourd’hui de l’or pour le triple Ballon d’Or. Elle confirme noir sur blanc que, dès 1998, il était question d’un salaire d’un million de francs suisses pour Platini à la Fifa. Et que les six membres du comité exécutif, parmi lesquels trois siègent alors à la Fifa, étaient au courant… Pourtant, Johansson, battu par Platini lors de l’élection à la présidence de l’UEFA en 2007, a déclaré récemment qu’il ignorait tout de cette rétribution. Cette note prouve au contraire qu’il en avait été informé dès novembre 1998… « Ce rapport déniché dans les archives de l’UEFA est une bénédiction tombée du ciel », résume un proche de Platini, persuadé qu’il va enfin lui permettre de démontrer sa bonne foi. « De 1999 à 2007, il avait des bureaux à côté du Palais-Royal. Tous les matins, il était au boulot. Et il y restait jusque tard le soir », appuie un intime. Pour le camp de l’actuel président de l’UEFA, l’enquête conduite depuis le 28 septembre par le comité d’éthique de la Fifa est jusque-là « exclusivement à charge ». « Cette enquête constitue une sorte de grand chelem de toutes les violations imaginables dans une procédure, peste le professeur de droit Thomas Clay, qui conseille Platini. Bienvenue au musée des horreurs de la procédure ! » La thèse Allard repose sur une série de « possibilités » En ligne de mire, Vanessa Allard, la juriste de Trinité-et-Tobago, mandatée par le comité d’éthique de la Fifa pour mener les investigations. C’est elle qui a entendu Platini, en visioconférence, le 1er octobre, qui lui a demandé de produire des pièces pour le 7, mais a entre-temps, dès le 5, demandé contre lui une suspension maximale de quatrevingt-dix jours. C’est aussi elle qui a déposé un rapport de 1.420 pages au terme duquel elle accuse le Français de corruption et de déloyauté notamment, le soupçonnant d’avoir été « acheté » par Blatter. C’est enfin elle qui a requis le bannissement à Ses soutiens y croient Alain Cayzac, publicitaire, ancien président du PSG et ami de Platini « Un ASSASSinAt PoLitiqUe » « J’ai toujours estimé que c’était une cabale. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tant d’acharnement. Au début, je pensais que seul Sepp Blatter était derrière tout ça. Je me dis aujourd’hui que c’est peut-être plus large. On voit les États-Unis partout… Peut-être se sentent-ils floués par rapport à l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar ? Peut-être veulent-ils faire un grand ménage à la Fifa sans faire beaucoup de distinction ? Le problème, c’est la course contre la montre. Le droit sera pour lui, mais j’ai l’impres- sion que tout est fait tout pour retarder sa candidature. Oui, ça ressemble à un assassinat politique. Ce qui m’agace, c’est qu’il est moins soutenu en France que ce que je pensais. C’est très dur à vivre pour lui. Michel Platini n’a jamais été pris la main dans le sac, il n’est pas malhonnête, même s’il a peut-être été négligeant. Je crois qu’il va s’en sortir car le TAS est indépendant. Pour moi, il peut encore être élu. » noël Le Graët, président de la Fédération française de football « J’AimerAiS qU’iL Soit AU tirAGe de L’eUro » « La semaine prochaine est cruciale avec cette procédure Michel Platini, Sepp Blatter et leur rival de l’époque, Lennart Johansson, le 13 octobre 1997, lors vie de l’ancien n° 10, provoquant « la stupeur » de tout son camp. Pourtant, si elle réclame la peine maximale, celle réservée aux cas de corruption avérée, toute la thèse Allard repose sur une série de « possibilités » ou de « probabilités » (« possible » dans son texte en anglais). Vanessa Allard estime que les 2 millions de francs suisses perçus par Platini en 2011 sont « possiblement » la contrepartie de sa non-candidature à la présidence de la Fifa cette année-là et de son soutien à Blatter. « Cette enquête est une construction intellectuelle fon- au TAS. Puis il sera entendu à la Fifa et il va enfin pouvoir se défendre avec ses arguments. J’aimerais qu’il soit là pour le tirage au sort de l’Euro 2016, samedi prochain. Il faudrait pour cela que le TAS annule la décision. C’est sa seule chance. C’est possible… J’aimerais tellement qu’il puisse se présenter. » Charles Biétry, journaliste et ami de Platini « iL eSt PLUS innoCent qUe SeS JUGeS » « Michel peut s’en sortir, la justice et la vérité peuvent triompher. Une chose est sûre, c’est qu’il est plus innocent que ses juges. Je fréquente les prétendus hauts dirigeants du sport depuis dée sur des doutes et des hypothèses, et à pour but d’éliminer Platini du football mondial, insiste Me d’Alès. Nous soutenons qu’elle n’a aucun sens et qu’elle est démentie par tous les faits. » De son côté, Michel Platini affirme que si, de 1998 à 2002, il a été conseiller du président de la Fifa avec un salaire officiel de 300.000 francs suisse annuels, il avait avec Blatter un « accord verbal » pour percevoir au total un million annuel. « C’est ce qui avait été convenu en 1998, comme vient le prouver aujourd’hui le rapport de des dizaines d’années, ceux de la Fifa comme du CIO d’ailleurs. J’ai été témoin d’un nombre considérable de turpitudes de la part de ces gens-là, même si certains sont très bien. J’ai couvert toutes leurs élections lorsque j’étais à l’AFP (1966-1984). Je n’ai pas souvenir d’une seule qui ne m’a pas laissé un goût amer. Mon intime conviction, c’est que Platini ne peut pas avoir volé de l’argent à la Fifa. On entend beaucoup parler de grand complot contre lui, et même trop, je n’ai en tout cas aucune preuve pour en dénoncer un. Que Blatter ait tout orchestré paraît invraisemblable. Mais cet acharnement est effectivement extrêmement bizarre. » s.c. Et s.co. société | 27 jdd | 6 décembre 2015 que son salaire d’un million de francs suisses à la Fifa était connu des dirigeants dès 1998 l’affaire huit dates clés 8 juin 1998 Le Suisse Sepp Blatter est élu à la présidence de la Fifa devant le favori, le Suédois Lennart Johansson. Michel Platini est nommé conseiller spécial. Il reçoit un salaire de 300.000 francs suisses annuels de 1998 à 2002. Platini et Blatter assurent qu’ils avaient un « accord oral » pour un salaire d’un million annuel. 17 janvier 2011 Michel Platini réclame à la Fifa quatre compléments de salaire pour les années 1998-2002. Le 1er février, il perçoit 2 millions de francs suisses « pour solde de tout compte ». 1er juin 2011 Sepp Blatter est réélu à la présidence de la Fifa. du tirage au sort des matches de barrage pour le Mondial 1998. PETER LAUTH/KEYSTONE/AFP l’UEFA », insiste un de ses proches. Platini, devant Vanessa Allard, a soutenu que Blatter lui avait dit qu’il ne voulait pas, dans un premier temps, lui verser plus que son secrétaire général, mais qu’il lui réglerait le complément par la suite. Ce n’est qu’en 2010 que le Français a entamé des démarches pour récupérer son « solde impayé » de rémunération. Sur le papier, il aurait dû demander 700.000 francs suisses multipliés par quatre ans. Dans les faits, selon une facture que le JDD a pu consulter, en date du 17 janvier 2011, il a réclamé 2 millions de francs suisses, soit 500.000 francs suisses par an. La décision du TAS attendue ces jours-ci La facture à en-tête de Michel Platini est adressée à Markus Kattner, à la Fifa. « Je vous remercie de bien vouloir payer les salaires suivants… Ils font un total de 2 millions… pour solde de tout compte. » La Fifa règle le 1er février 2011. Un « habillage », selon l’enquête de Vanessa Allard. « Absurde de penser cela », jure Me Thibaud d’Alès. Cette année-là, le Français est réélu à l’UEFA le 22 mars. « Il aurait ensuite eu dix jours, jusqu’au 1er avril, pour se porter à la présidence de la Fifa, cela n’a pas de sens », dit un proche. A-t-il monnayé son soutien à Blatter ? « Absolument rien ni personne ne vient étayer cette thèse », jure l’avocat de Michel Platini. Dans les faits, quand ce dernier est payé par la Fifa en février 2011, il n’y a aucune autre candidature déclarée face à celle de Blatter… « On est persuadés à l’arrivée que tout le château de cartes de l’accusation s’effondrera », soutient le camp Platini, qui, par deux fois, a demandé la récusation de Vanessa Allard puis celle d’Eckert, le président de la chambre de jugement de la commission d’éthique. Triple refus. Pour l’heure, le dossier Platini est devant les trois juges arbitres composant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne. Selon nos sources, le TAS doit se prononcer cette semaine sur la suspension provisoire de quatre-vingt-dix jours infligée par la commission d’éthique. S’il annule la suspension, Michel Platini pourra présider la cérémonie de tirage au sort de l’Euro 2016, samedi au Palais des Congrès de Paris. Mais surtout, le Français pourrait encore espérer valider sa candidature à la présidence de la Fifa d’ici au 26 janvier, un mois avant le congrès électif. En clair, c’est cette semaine que le TAS peut ou non remettre Platini dans la course, même si le temps joue contre lui. En revanche, si le TAS entérine sa suspension, l’ancien n° 10 prendra la direction des vestiaires. Entre le 16 et le 18 décembre, il devrait être entendu par la chambre de jugement de la commission d’éthique, qui compte rendre sa décision d’ici à la fin de l’année. Il risque la radiation à vie. Sauf si le document du 12 novembre 1998 change radicalement la donne. Y compris dans les couloirs de la Fifa. Et sauve Platini sur la ligne… (avec solen cherrier) 28 septembre 2015 A la suite de la justice suisse qui a entendu Michel Platini comme témoin assisté, la chambre de l’instruction du comité d’éthique de la Fifa lance une enquête sur ces 2 millions perçus en 2011. Le dossier est confié à la juriste Vanessa Allard. 1er octobre Michel Platini est entendu pendant quatre heures en visioconférence. 5 octobre Vanessa Allard demande sa suspension pour une durée maximale de quatre-vingt-dix jours. La sanction tombe le 8 octobre. Elle empêche mécaniquement Michel Platini, jusqu’au 5 janvier 2016, de valider sa candidature à la présidence de la Fifa, dont la limite est le 26 janvier. 20 novembre Michel Platini saisit le Tribunal arbitral du sport pour qu’il lève sa suspension. Décision cette semaine. 23 novembre Vanessa Allard remet son rapport d’enquête, qui demande le bannissement à vie de Michel Platini, notamment pour corruption. M. Eckert, le président de la chambre d’instruction de la Fifa, décide de porter l’affaire en jugement. Michel Platini doit être entendu « entre le 16 et le 18 décembre ». Ses proches dénoncent « une enquête bâclée et à charge dans le but de lui barrer la route de la Fifa ». * 28 | société JDD | 6 décembre 2015 Tapie, et maintenant ? télex Lyon Une mère et ses quatre enfants retrouvés morts Bernard Tapie : « Je n’ai plus rien à perdre. » JuStice Ruiné et estomaqué par la décision de la cour d’appel de jeudi, Bernard Tapie se confie au JDD. Le bras de fer avec Bercy commence ABACA extrêmes », celui de sa ruine complète comme du milliard d’euros espérés. À la veille de la décision, Paradoxalement, il va mieux. Un tout l’ancien patron de l’OM semblait petit peu mieux. « Je remonte sur le cheval, maintenant, je n’ai plus rien persuadé que la cour prendrait « une à perdre », confie-t-il vendredi au voie entre les deux », condamnant le JDD. De fait Bernard Tapie, jeudi Crédit lyonnais mais lui accordant à 14 heures, a littéralement tout des dommages et intérêts moindres perdu. La cour d’appel de Paris l’a que ceux de l’arbitrage et surtout lui condamné à remsupprimant son préjudice moral. bourser l’intégralité des sommes « C’est tellement « La question sera perçues lors de gros ce qu’on vient de savoir combien… », confiait l’arbitrage Adidas un Tapie inquiet, en 2008 : 404 mil- de me faire que lions d’euros, plus je suis certain affichant plusieurs les intérêts. Soit nuits blanches que des magistrats une vingtaine de au compteur, et millions d’euros indépendants « 100 bornes à supplémentaires. vélo » la veille. diront le droit » Il écope aussi Jeudi, 14 heures. d e 3 0 0.0 0 0 € L’homme d’affaires d’amende pour frais de justice. En avait décidé d’attendre la décision revanche, au titre du préjudice dans le bureau de son avocat, Me Emmoral, la cour d’appel lui octroie un manuel Gaillard. « L’arrêt s’est affiché euro symbolique de dommages et sur le téléphone de mon avocat. Il a intérêts… Une sorte de pied de nez. “non”, puis “non, c’est pas vrai”, puis « De coup de pied de l’âne ! », dit Tapie. “non”, une troisième fois, et j’ai eu la Mercredi, vingt-quatre heures sensation de voir le plafond de la pièce avant la décision, Bernard Tapie descendre. J’ai tout compris, en voyant était comme transi de trouille… La sa tête se décomposer », raconte voix rauque, il avait du mal à parBernard Tapie. En réunion de crise depuis jeudi 14 heures et jusqu’à ce ler. Il excluait les « deux scénarios LAurent VALdiguié @Valdiguie lundi 9 heures, le staff de 11 avocats du camp Tapie planche désormais sur la riposte. « Toutes les bornes sont dépassées. Mon avocat me dit qu’il n’a jamais vu un truc pareil, aussi partisan, aussi à charge, aussi injuste, aussi démoniaque… Un déni de justice. » Tapie dénonce « le machiavélisme de la sentence ». « Franchement, j’ai reçu des coups dans ma vie, notamment la prison, l’affaire OM-VA, je croyais avoir tout connu, mais ce coup-là, il dépasse toutes les bornes. » Tous les biens de la famille sont déjà sous hypothèque Et maintenant ? Première ligne de front : le montant à rembourser. Pour Bernard Tapie « on ne pourra pas me prendre plus que ce que j’ai touché ». L’homme d’affaires « limite » donc à « 240 millions, plus 45 millions de préjudice moral », soit 285 millions brut, les fonds qu’il aurait perçus sur les 404 millions versés par le CDR en 2008 à son liquidateur. La différence serait passée dans différents « frais de liquidation » et autres « compensations » notamment fiscales. En face, selon nos sources à Bercy, on conteste ce calcul. Bercy estime à « environ 380 millions d’euros », hors intérêts, les fonds qui « pourraient être réclamés aux époux Tapie ». « Il n’y a pas de raison que les frais de compensation ne soient pas pris en compte, indique cette source. Si vous devez 1.000 € à quelqu’un et que lui il vous doit 100 € et que vous compensez à 900 €. Si l’accord tombe, il ne vous doit pas 900 €, mais les 1.000 € du début », résume cette source haut placée aux Finances. Quoi qu’il en soit, l’équivalent d’une centaine de millions, notamment sa maison du Var, est déjà saisi par la justice dans le cadre de l’affaire pénale encore en cours. Le paradoxe de la situation actuelle est que ces saisies pénales empêchent toute vente de ces biens d’ici à la fin de l’affaire. Ce n’est qu’au terme du dossier pénal que ces biens sous séquestre pourront alors être vendus aux enchères… pas avant plusieurs années. En revanche, l’hôtel particulier de Bernard Tapie rue des Saints-Pères à Paris, « et deux ou trois autres appartements familiaux acquis avant l’arbitrage de 2008 », indique Bercy, ne font pas l’objet de saisies pénales. Selon nos informations, une étude a été lancée par l’État sur tous les biens de la famille Tapie. Sa conclusion ? Tous sont déjà sous hypothèque. « Il faudra voir la nature de chacune de ces hypothèques, voir si elles sont abusives ou non, pour éventuellement les contester », indique-t-on aux Finances. Dans le passé la Cour de cassation a déjà sauvé l’homme d’affaires Selon cette même source, l’État devrait rapidement délivrer à Bernard Tapie un commandement de payer avant de déclencher des procédures de saisie. Côté Tapie, tous les scénarios sont à l’étude, et pour chacun, les ripostes possibles. « Il va falloir être créatif, résume Bernard Tapie au JDD. Qu’ils fassent ce qu’ils ont à faire, on verra », soupire l’homme d’affaires, s’admettant « ruiné ». « Je ne leur demande rien d’autre que de se comporter comme une banque avec son client. Rien de moins, rien de plus. Que leurs avocats rencontrent les miens et qu’ils discutent de la façon de faire. C’est l’intérêt de tout le monde. » Côté justice, l’ancien ministre de la Ville se raccroche aux deux pourvois en cassation qu’il a déposés. La haute juridiction, à terme, peut-elle relancer l’affaire en cassant l’arrêt de « ruine » de jeudi ? Dans le passé, à deux reprises, la Cour de cassation a déjà sauvé Tapie. Il veut donc encore y croire. « C’est tellement gros ce qu’on vient de me faire que je suis certain que des magistrats indépendants diront le droit », espère-t-il. Mais d’ici là ? « Aujourd’hui, je n’ai plus à être prudent vis-à-vis du pouvoir, ni de quiconque, conclut Tapie. Donc je vais laisser passer les régionales, puis les fêtes de Noël, et on va ensuite rentrer dans le grand tunnel de la présidentielle. Je n’ai plus rien à perdre… » Un avertissement ? Non, un programme. g Les corps d’une femme et de quatre enfants ont été découverts, cachés sous une couverture, dans un appartement du 8e arrondissement de Lyon hier soir. Les enfants avaient 6 et 18 mois, 3 et 7 ans. L’aîné de la fratrie, 14 ans, se trouvait chez ses grands parents. Les pompiers, appelés pour une ouverture de porte par des proches, inquiets, ont aussi découvert un homme, prostré dans le salon, vraisemblablement le père des enfants. Il a été placé en garde à vue. Saisie de cocaïne Le chef d’escale clame son innocence L’employeur du chef d’escale Juan Alberto Chirino, jugé au Venezuela à la suite de la saisie de 1,4 tonne de cocaïne en 2013 à Roissy (JDD du 29 novembre), est convaincu de son innocence, prenant en charge financièrement sa défense. Selon son avocat français, Me Alex Ursulet, l’enquête le met hors de cause : « Il ne devait pas travailler ce jour-là ; les images vidéo de l’enregistrement des bagages le dédouanent ; l’examen de la téléphonie apporte la preuve que les autres mis en cause sont en contact avant, pendant et après l’opération, alors que mon client n’a jamais été en contact avec eux ! » Meurtrier d’Agen Suicide en prison Mis en examen vendredi soir pour le meurtre d’un couple, abattu sous les yeux de ses enfants, mercredi à Foulayronnes (Lot-etGaronne), Jean-Claude Petitfaux s’est pendu, hier, dans sa cellule. Cet homme, qui encourait la réclusion criminelle à perpétuité était passé aux aveux. Selon une source proche du dossier, Jean-Claude Petitfaux n’aurait pas eu l’intention de tuer Éric Simon mais aurait projeté de le séquestrer dans une grotte de la région. En arrivant devant le domicile des victimes, il aurait été surpris de les trouver ensemble. Pris de panique, il aurait fait feu sans avoir vu les enfants. Manifestation « contre le chômage » 650 personnes selon la police, 1.500 selon les organisateurs, ont défilé hier à Paris « contre le chômage et la précarité » et « pour la justice sociale ». Rassemblés place de Stalingrad (Paris 10e), ils ont rejoint la place de Clichy (18e) sous surveillance policière. Selon l’Insee, le taux de chômage a atteint au troisième trimestre 10,2 % de la population active, le plus haut niveau depuis dix-huit ans. 30 | société JDD | 6 décembre 2015 L’insaisissable Salah enQUÊte Des dix membres du commando des attentats du 13 novembre à Paris, il est le seul « rescapé ». La trace du terroriste se Stéphane Joahny La piste est froide. Malgré la large diffusion de son visage dans les médias du monde entier, le seul « rescapé » parmi les dix membres du commando présents à Paris le 13 novembre est parvenu jusqu’à aujourd’hui à échapper à la traque planétaire qui le vise. La trace de Salah Abdeslam se perd en effet à Schaerbeek, dans le nord de Bruxelles, le dimanche 14 novembre en début d’après-midi, au moment où il fait ses « adieux » à ses copainscomplices de Molenbeek. Lors de ses derniers échanges, le Français de 26 ans né à Bruxelles aurait, comme l’a rapporté Le Monde, confirmé son implication – « J’ai mis mon nom dans tout, je suis cramé » –, annoncé qu’il allait « changer de tête », avant de conclure : « On ne va plus jamais se revoir »… Une photo datant du 14 novembre, tirée d’une caméra de surveillance et où on le verrait à Amsterdam aux côtés d’un certain Ahmed Dahmani, a un temps laissé penser que le fugitif avait pris l’avion depuis les Pays-Bas. « Des vérifications ont été faites », indique une source proche de l’enquête, « notamment sur un vol vers le Qatar, mais ça n’a rien donné ». Dahmani, en revanche s’est bien envolé ce jour-là pour Antalya, en Turquie, où il a été arrêté deux jours plus tard par les Turcs alors qu’il était rejoint par deux envoyés de Daech dans le but de lui faire franchir la frontière syrienne. « Un mandat d’arrêt à son intention est en préparation », indique au JDD le porte-parole du parquet fédéral belge à propos de ce Belge de 26 ans condamné en mars pour une série de vols. Mission de liaison en Grèce Ahmed Dahmani a-t-il participé à la préparation des attentats de Paris ? Rien ne permet de l’affirmer, mais son nom figure bel et bien dans le dossier en raison d’un curieux voyage. Le 4 août, Dahmani et Salah Abdeslam figuraient en effet parmi les passagers du ferry qui relie le port grec de Patras à celui de Bari, en Italie. Salah Abdeslam. AFP Un séjour touristique ? Selon une source proche de l’enquête, les deux « touristes » belges avaient embarqué à l’aller à Bari le 1er août. Ils ont donc traversé la moitié de l’Europe en voiture de location pour passer au final à peine quarante-huit heures en Grèce. Quarante-huit heures pendant lesquelles ils n’ont pas utilisé la carte de crédit prépayée qui permettra de « tracer » Salah Abdeslam jusqu’aux attentats de Paris. « Cela ressemble à une mission de liaison », suggère une source policière. Que sont venus faire en Grèce les deux Belges ? Qui sont-ils venus rencontrer ? Impossible de ne pas penser à Abdelhamid Abaaoud, le leader présumé du commando de Paris. Le BelgoMarocain de 28 ans, mort dans l’assaut du Raid à Saint-Denis, n’en serait pas à son premier séjour dans la capitale grecque. Il a même laissé ses empreintes génétiques dans deux appartements, dans les quartiers de Pangrati et Sepolia à Athènes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il a fallu attendre les attentats de Paris et l’envoi par la France des empreintes du terroriste pour que des comparaisons soient effectuées avec celles relevées par la police grecque lors des investigations menées à la demande de la justice belge dans le cadre du démantèlement de la cellule terroriste de Verviers en janvier. Selon nos informations, les enquêteurs belges s’étaient contentés de remonter jusqu’au téléphone utilisé par Abaaoud depuis la Grèce. « Pas de commentaire », répond le parquet fédéral aux demandes d’éclaircissement du JDD. Selon la presse grecque, La Belgique se prépare à demander l’extradition d’Ahmed Dahmani, arrêté le 16 août à Antalya (Turquie). DePo Photos/ABACA Un an après « Charlie », où en sont les réformes ? attentatS onze mois après les massacres de janvier, le Jdd a enquêté auprès des ministères et des experts pour savoir ce que sont devenues les 60 priorités sociales annoncées en mars Marie QUenet C’était le 6 mars, deux mois après les attentats de Charlie Hebdo. Pour combattre « l’apartheid social, territorial et ethnique », le Premier ministre, Manuel Valls, convoquait un Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté (Ciec). Éducation, emploi, logement, sécurité, numérique… Pas moins de 16 ministres et secrétaires d’État étaient mobilisés. Soixante mesures annoncées. Que sont devenues ces 60 priorités sociales* ? Dix mois après, une quinzaine de mesures semblent déjà réalisées. Plus d’une trentaine sont « en cours de déploiement ». Une bonne dizaine sont encore au stade du lancement. Certains objectifs sont flous, d’autres déclinés en sous-mesures très techniques. État des lieux. b école: la réServe citoyenne S’iMpatiente… Au lendemain des attaques, l’Éducation nationale a proposé, à elle seule, un tiers des 60 mesures du Ciec. C’est d’ailleurs le ministère qui exceptionnel de formation visant à a mis le plus de temps à répondre à former 300.000 enseignants sur les nos nombreuses questions. La réserve questions relatives à la citoyenneté et citoyenne, une des mesures les plus à la laïcité d’ici à la fin 2015, les prinmédiatisées après les attentats, « est cipaux syndicats de profs interrogés en place ». Elle compte aujourd’hui le jugent embryonnaire. En revanche, la scolarisation des 5.429 réservistes, de 18 à 94 ans. Une charte. Des « stars » comme Edgar enfants de moins de 3 ans en Rep+ Morin, Serge Klarsfeld… Mais aussi a progressé (20 %) mais reste loin des 50 % visés des anonymes pour 2017. La prêts à intervenir Le grand testing lutte contre le bénévolement devant des classes visant à mieux décrochage scoà la demande des laire donne des résultats (20 % profs. Reste aux « lutter contre les de décrocheurs enseignants à discriminations à s’emparer du disen moins en cinq positif ! À Paris, l’embauche » a pris ans), mais leur où les réservistes un peu de retard. nombre n’est pas étaient accueillis près d’être divisé jeudi, l’impatience par deux, comme des volontaires virait à la frustrale promettait le Président. Conditiontion : « Je me suis inscrite en février. ner l’accès des enseignants à un grade Quand va-t-on passer à l’action ? » fonctionnel plus élevé à l’exercice en Dans l’académie de Toulouse, une éducation prioritaire fait partie des des premières à se lancer, on compte discussions avec les syndicats. déjà une dizaine d’interventions. Le D’autres mesures, comme la 1er décembre, un e-mail a été envoyé création de secteurs communs à plusieurs collèges, seront expérià l’ensemble des enseignants pour les inciter à y recourir. mentées. Cette réforme de la carte Le parcours citoyen, lui, reste scolaire doit être testée à la rentrée encore à bâtir. Il ne pourra pas se 2016 dans 17 départements. En réalimiter à l’« enseignement moral et lité, dans un ou deux secteurs pilotes civique » dispensé depuis la rentrée, par département. Et encore, certains du CP à la terminale. Quant au plan comme la Haute-Savoie visent plutôt 2017, profitant de l’ouverture d’un nouveau collège. b habitat : MUScler la loi Un an après la loi Alur, qui tentait de résoudre l’épineux problème du logement, le Ciec annonce de nouvelles mesures pour « favoriser la mixité sur les territoires ». Depuis, le nouveau plan de renouvellement urbain a bien été accéléré : des opérations de démolition devraient débuter dès 2016 dans une cinquantaine d’agglomérations (Évry, Meaux, Nantes, Angers)… En matière de logement social, la volonté semble manifeste. Pour preuve, les réponses longues et argumentées fournies au JDD. De fait, un délégué interministériel a bien été nommé pour « mieux répartir le parc social sur les territoires ». La liste des 36 communes récalcitrantes a été publiée récemment. Et les préfets ont enfin saisi les moyens existants pour tacler les mauvais élèves : au moins 18 préemptions de terrain depuis mars, et un permis de construire signé à la place du maire à Menton. Le projet de loi égalité et citoyenneté, qui doit être présenté en février, devrait muscler le tout : en fixant un pourcentage de ménages pauvres parmi les attributions de logements sociaux en dehors des quartiers politique de la ville, en permettant aux préfets d’attribuer le contingent HLM des maires récalcitrants et en revoyant la politique des loyers HLM pour les rendre accessibles aux plus modestes dans les quartiers favorisés. Mais les bailleurs semblent déjà juger le mécanisme proposé pour cette dernière mesure impossible à appliquer. b eMploi : le Service civiQUe dopé Le grand testing visant à mieux « lutter contre les discriminations à l’embauche » a pris un peu de retard. Prévu cet automne, il sera finalement mené début 2016 auprès de 50 à 100 grandes entreprises. Le service civique, lui, n’est pas encore universel comme le promettait le Président. Mais de grands programmes ont été lancés. Résultat : 60.000 à 70.000 jeunes auront été recrutés cette année, deux fois plus qu’en 2014. « Le souci, ce ne sont pas tant les moyens, ni les jeunes, que de trouver des missions et des structures d’accueil », estime François Chérèque, qui préside l’Agence du service civique. Au-delà, le Ciec annonçait un contrat Starter pour les jeunes décrocheurs employés dans le secteur marchand (objectif de 13.000 dépassé), le développement du parrainage pour les jeunes (5.000 en plus en 2015), de société | 31 jdd | 6 décembre 2015 Abdeslam perd à Bruxelles le 14 novembre. Ses précédents voyages en Europe intriguent d’autres empreintes génétiques et digitales non identifiées avaient été relevées et des permis de conduire français, faux ou falsifiés, avaient été saisis. Deux ou six faux réfugiés à Leros ? C’est également par la Grèce qu’une partie du commando a transité. On savait déjà que deux des kamikazes du Stade de France, porteurs de vrais passeports syriens falsifiés, avaient mis le pied sur l’île de Leros le 3 octobre. Faut-il revoir ce chiffre à la hausse ? « Je ne sais pas s’ils se connaissaient tous, mais celui qui a payé m’a acheté six billets », confirme au JDD Dimitri Kastis, le patron de l’agence de voyage qui a vendu au faux réfugié les tickets du ferry Leros-Le Pirée. « Des vérifications sont en cours », commente-t-on à Paris. Avant d’aller dépenser 399 € en liquide dans l’achat de dix « mécanismes électriques d’allumage » fin septembre dans une société spécialisée du Val-d’Oise, Salah Abdeslam a également loué à Bruxelles deux véhicules qui Appel à temoins diffusé par la police belge pour retrouver ces deux hommes. AFp Le philosophe Edgar Morin, le recteur de l’académie de Paris François Weil et la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, jeudi, à la cérémonie d’accueil des réservistes. éRIC BAUDet/DIVeRGeNCe poUR Le JDD dispositifs deuxième chance (plus de 30.000 jeunes ont, par exemple, bénéficié de la garantie jeunes consistant à accompagner les plus éloignés de l’emploi). b l’apprENTissagE dU FraNçais poUr lEs primo-arrivaNTs Pas moins de sept mesures concernent la langue. Lectures publiques, mallette pédagogique, kit d’activités… 146 projets au service de la maîtrise du français ont déjà été sélectionnés. Concernant les nouveaux arrivants, le ministère de l’Intérieur évoque une refonte des dispositifs de formation, effective au cours du premier semestre 2016, pour « offrir des formations systématiques aux primo-arrivants ». Pierre Henry, le directeur général de France Terre d’asile, reste perplexe : « Actuellement, seul un cinquième des primo-arrivants en situation régulière ont accès à une formation linguistique à leur arrivée. À ce que je sache, il n’y a même pas les moyens financiers pour en former deux cinquièmes ! » b NUmériQUE : la baTaillE dEs idéEs rEsTE à mENEr Il y a des avancées très pratiques : la « grande école du numérique », par exemple, regroupera bientôt 160 formations innovantes, labellisées, destinées aux jeunes. Mais la bataille des idées sur Internet, autre mesure du Ciec, n’est pas encore gagnée. Le gouvernement vient d’ailleurs de lancer, jeudi, des travaux avec cinq géants de l’Internet et des réseaux sociaux (Apple, Facebook, Google, Microsoft, Twitter). Parmi les objectifs, « élaborer des outils qui faciliteront l’implication de la société civile dans la lutte contre la propagande terroriste ». g * En dehors des questions liées à la sécurité et à la justice. seront tous deux localisés dans la capitale hongroise, autour du 9 puis du 17 septembre. Dans un appel à témoins lancé vendredi, la police fédérale belge indique qu’Abdeslam « a été contrôlé le 9 septembre 2015 à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche à bord d’un véhicule Mercedes. Il était en compagnie de deux personnes utilisant de fausses cartes d’identité belges au nom de Samir Bouzid et de Soufiane Kayal. » Deux identités qui seront utilisées, avant et après les attentats de Paris, par des complices des tueurs du vendredi 13. Kayal pour louer une « planque » à Auvelais près de Charleroi qui sera perquisitionnée le 26 novembre 2015. Bouzid qui servira à transférer 750 € via Western Union le 17 novembre à Hasna Ait Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Une mise en détention à Paris, une naissance en Syrie Hier, un homme de 25 ans a été mis en examen et écroué à Paris. Mohamed S…, connu notamment pour trafic de stupéfiants et fournisseur occasionnel d’Hasna, est soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire entre cette dernière et Jawad Bendaoud, qui, contre rémunération, aurait fourni l’appartement de Saint-Denis à Abaaoud et à son complice non identifié. À quelques kilomètres de Saint-Denis, place MarcelPaul à Drancy (Seine-SaintDenis), les proches de Samy Amimour ont appris cette semaine que Kahina, la compagne de l’un des kamikazes du Bataclan, avait donné naissance à un enfant, quelque part en Syrie. (avEc chrisTEl dE TaddEo) 32 | économie jdd | 6 décembre 2015 AutomoBile Vendredi se tiendra un conseil d’administration décisif chez Renault. Le ministre de l’Économie calme le jeu face aux revendications du partenaire Nissan Macron prêt aux concessions D Sylvie AnDreAu @SylvieAndreau ans la partie de poker à laquelle se livrent depuis des mois l’État, Renault et son partenaire Nissan, l’heure est venue d’abattre les cartes. Des heures de réunion, de négociations, d’allers-retours Paris-Tokyo prendront fin cette semaine avec le conseil d’administration de Renault, vendredi. La proposition d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, pour désamorcer la crise ouverte au printemps sera alors sur la table. L’État est prêt à négocier son lot de droits de vote, pour des mesures non-stratégiques, à condition qu’il conserve une minorité de blocage. « L’État doit pouvoir peser sur les décisions stratégiques dans les assemblées générales de Renault. Ma préoccupation est de lui assurer une minorité de blocage lors de ces votes. Bien évidemment, l’État continuera à ne pas faire d’ingérence dans la gestion opérationnelle de Renault et a fortiori de Nissan », assure Emmanuel Macron au JDD. Les prétentions japonaises pourraient aller au-delà de ces bonnes intentions françaises. « Nous sommes ouverts à la discussion, prêts à étudier toutes les propositions », commentent les représentants de Nissan, qui seront de retour à Paris en début de la semaine. Un point leur tient à cœur : disposer, eux aussi, de droits de vote chez Renault. Ce scénario est aujourd’hui juridiquement impossible. Renault détient 44 % de Nissan. Une situation dite d’autocontrôle qui empêche son partenaire japonais de s’exprimer. « Il suffirait que Renault vende 3 à 4 %. Nous pourrions alors avoir des droits de vote », insiste un représentant japonais. Mais cette revendication n’a pas l’assentiment d’Emmanuel Macron. « La consolidation de l’alliance est dans l’intérêt de Renault et de Nissan. Toutes les parties prenantes sont d’accord là-dessus. L’État a veillé à ne jamais modifier l’équilibre de l’alliance, qui n’est pas lié à la participation de l’État au capital de Renault. Tout détricotage ou affaiblissement des liens entre les deux entreprises ne peuvent pas être des solutions », écarte le ministre. La partie n’est pas gagnée. g F1 : un retour à 150 millionS Ce n’eSt pAS le rugissement des mécaniques, l’effervescence des paddocks et l’ambiance des grands prix qui ont décidé Carlos Ghosn. Il faut surtout voir dans un alignement des chiffres favorable l’annonce officielle, tombée jeudi, du retour de Renault en F1. Le résultat net du constructeur français, en hausse de 83 % sur le premier trimestre, à 1,4 milliard d’euros a rendu acceptable le projet de rachat de l’écurie Lotus, à l’étude depuis des mois. Renault n’a qu’un lointain souvenir de ces belles années où la Formule 1 lui rapportait de l’argent. « Il faudra un gros travail commercial pour être à l’équilibre, peut-être en 2017 », reconnaît un des membres de l’équipe actuelle. Pour se hisser sur le podium, ou juste à ses pieds, Red Bull ou Ferrari disposent d’un budget annuel proche de 250 millions d’euros. À côté, Mercedes passe pour un champion de la performance sportive et financière grâce à ses résultats et à un budget serré d’à peine plus de 100 millions d’euros. Renault a budgété 150 millions pour relancer la machine, soit autant que ce qu’il dépensait y a dix ans. « Avoir une écurie de Formule 1 coûte beaucoup moins cher que par le passé », avance un spécialiste. Un argument qui a su convaincre Carlos Ghosn. S.A. BernarD BaKaLian/Divergence Carlos Ghosn et Emmanuel Macron lors de l’inauguration de la nouvelle chaîne de montage de Trafic à Sandouville (Seine-Maritime), en septembre 2014. Bassignac/Divergence Des alliances à géométrie variable Dans les années 1990, les plus optimistes assuraient que quatre marques seulement résisteraient aux cycles économiques... Quinze ans plus tard, les survivants sont bien plus nombreux que prévu. À l’image de Renault et Nissan, les constructeurs auto ont su faire preuve d’opportunisme, de détermination et de pragmatisme pour construire des alliances ou des partenariats sur mesure. Un mouvement que le redressement du marché va relancer. b PSA Prêt Pour une grAnDe AlliAnce Après leur mariage, scellé en 1974, Peugeot et Citroën ont mis vingt-cinq ans à vraiment travailler ensemble. Aujourd’hui, le groupe PSA multiplie les partenariats en attendant le grand jour. Son divorce avec l’américain GM l’a précipité dans les bras du chinois Dongfeng, il y a dix-huit mois. Mais le français est désormais prêt à « une opération transformante ». Le redressement de ses résultats et son « retour dans la course », comme dit son président Carlos Tavares, lui permettent de prétendre à une alliance qui le propulserait enfin au rang de titan, celui d’un groupe vendant plus de 10 millions de voitures par an. « Tous nos partenariats ont la même philosophie, insiste Patrice Lucas, directeur des programmes et de la stratégie du constructeur français, équilibre dans la relation et création de valeur. » Exemple ? De nouveaux véhicules avec GM lancés fin 2016, des usines partagées avec Toyota en République tchèque et Fiat en Italie, la fabrication de moteurs avec Ford, de systèmes électriques avec Mitsubishi, des coentreprises en Chine avec Dongfeng et Changan, en Iran avec Khodro, ou encore la production de la Bluesummer pour Bolloré… b merceDeS, BmW et HonDA Peuvent-ilS reSter SeulS ? Course à la taille, chasse aux coûts et aux nouveaux marchés confrontent à la même problématique les champions allemands du premium, Mercedes et BMW et le japonais Honda. « L’heure n’est plus forcément aux mégafusions mais à des alliances stratégiques sur certains marchés ou autour de nouvelles technologies, notamment dans les moteurs », insiste Hadi Zablit, spécialiste auto au Boston Consulting Group. Même les constructeurs aux résultats solides sont concernés. Le rythme de développement de nouveaux modèles s’est accéléré ; 46 lancements sont attendus l’an prochain outre-Atlantique, puis 54 en 2017. Les investissements pour faire face aux contraintes environnementales en Europe, aux ÉtatsUnis et en Chine sont aussi de plus en plus lourds. L’affaire Volkswagen et son trucage au contrôle antipollution ont rappelé que même pour le numéro un mondial, ces coûts sont considérables. « Il faut ajouter à cela de lourds efforts d’innovation pour embarquer toujours plus de technologie à bord, et développer la voiture connectée », explique Guillaume Crunelle, associé responsable de l’industrie automobile chez Deloitte. b FiAt-cHrySler SAuvé PAr leS étAtS-uniS Sergio Marchionne a été le premier à défendre le modèle du titan, en formant le couple italo-américain Fiat-Chrysler. Cette diversification géographique porte enfin ses fruits. Face à un marché compliqué en Italie et en chute libre au Brésil, ses ventes explosent aux États-Unis depuis le début de l’année, grâce à un nouveau rush des automobilistes vers les SUV, spécialité notamment de sa marque Jeep. Les économies d’échelle, elles, tardent à venir. Un classique pour ces fusions transatlantiques comme celle de l’allemand Opel. Entré dans la galaxie General Motors en 1929, il a dû attendre les années 1970 pour profiter à plein de son actionnaire américain. Même à l’intérieur de l’Europe, les rapprochements prennent du temps. Conclu en 1991, celui entre Skoda et Volkswagen a mis huit ans à produire ses premiers effets. Le groupe allemand (VW, Skoda, Seat, Audi) n’a démontré la puissance de ses synergies industrielles qu’en 2012, avec la mise sur le marché de la Golf 7, issue de sa nouvelle plateforme. « Il y a autant de configurations que de situations », rappelle Patrice Lucas de PSA. S.A. économie | 33 jdd | 6 décembre 2015 Les monnaies locales nous veulent du bien FINANCE Il existe en France 31 monnaies en circulation dans des communes ou sur des territoires. Objectif : dynamiser l’économie et créer des circuits courts nancières. En 1929, les entreprises suisses créèrent ainsi le Wir pour Ses billets vert pomme mettent se faire crédit entre elles et elles à l’honneur des personnages sont encore 65.000 à l’utiliser. En célèbres de Lyon, comme la France, c’est principalement la résistante Lucie Aubrac, et des crise de 2008 qui a servi de déclic. citoyens anonymes. En gestation « La panne de liquidités subie par depuis quatre ans, la gonette a eu commerçants et artisans a laissé droit à un baptême festif il y a un des traces. Nous avons conçu le somois, hommage aux enfants des Nantes, introduit en avril, comme rues lyonnaises, les gones. « Notre un levier de développement écodevise est : la transition est entre nomique. Afin que les entreprises vos mains », appuie Nicolas Briet, du territoire puissent se passer du un des porteurs du projet. Trente crédit bancaire et alléger leur tréet unième monnaie locale comsorerie », résume Pascal Bolo, preplémentaire (MLC), la gonette, mier adjoint au maire de Nantes qui cible le « Grand Lyon et auet cheville ouvrière de cette inidelà » est pavée de bonnes intentiative. À terme, les promoteurs tions. Comme ses devancières de ces devises parallèles rêvent tricolores, l’eusko au Pays basque, d’impliquer, outre les commerle soNantes à Nantes, l’abeille à çants, producteurs et consomVilleneuve-sur-Lot ou encore la mateurs du cru, les collectivités pêche à Montreuil. locales. « Pourquoi pas demain des Les MLC visent à créer du fonctionnaires, des impôts locaux lien social entre adhérents, à ou des services publics payés en dynamiser l’économie locale gonettes ? », s’enthousiasme Nicoet l’emploi en favorisant les las Briet. échanges en circuits courts, ainsi Pour autant, le grand soir qu’à promouvoir des pratiques monétaire n’est pas pour demain. environnemenParmi la trentaine de MLC tales vertueuses. Aux antipodes de « Nous avons conçu de l’Hexagone, seules quatre l’euro, monnaie le soNantes comme ont atteint une transfrontière, ou du bitcoin, un levier de taille honorable. c e m o y e n d e développement Le basque eusko paiement digital revendique et mondialisé, économique » une circulation monétaire de elles ont reçu une Pascal Bolo, premier adjoint 500.000 € avec onction législa- au maire de Nantes 2.500 usagers, tive avec la loi Hamon de 2014 500 prestataires sur l’économie et six salariés. sociale et soliLoin devant les daire. Leur mécanique est simple. 100.000 € du sol-violette à TouUne banque, de type Crédit coolouse et les 40.000 € du galléco pératif ou municipal, assure la d’Ille-et-Vilaine. « Il faut un dispomise en circulation et l’échange sitif simple et compréhensible pour sur une base paritaire d’un euro tous les citoyens, un gros réseau contre une monnaie locale. Le d’acteurs et une assise territoriale plus souvent, ces coupons-billarge pour que cela fonctionne », lets sont distribués par des préconise l’adjoint au maire de associations à leurs adhérents. Grenoble, Pascal Clouaire, qui Ces mêmes banques conservent planche sur le cairn, après l’échec un fonds de garantie (constitué du sol-alpin il y a quatre ans. d’ordinaire de cotisations et de Reste à mesurer l’impact de ces subventions publiques) pour monnaies. « On peine à quantifier rembourser, sur demande, la leur apport en termes de PIB ou monnaie locale en euros. de réduction d’émissions de CO2 », analyse Erwan Audouit, du Crédit coopératif. Pour le bureau de En France, c’est la crise de 2008 qui a servi de déclic recherche Vertigo Lab, spéciaPresque toutes ces devises – on lisé en économie de l’environneen dénombre environ 5.000 dans ment, la mesure économique de le monde – sont nées d’un sursaut leur influence reste à inventer. idéologique contre les crises fi« Il faudrait introduire une équiBruNA BAsINI @BrunaBasini L’eusko basque revendique une circulation monétaire de l’équivalent de 500.000 €, avec 2.500 usagers. DR valence entre un comportement vertueux et sa valeur en monnaie locale », propose Blandine Chenot de Vertigo Lab. Des effets économiques peu quantifiables Signe que le sujet intéresse, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de La gonette est utilisée dans l’agglomération de Lyon depuis septembre 2015. DR l’énergie) vient de lancer une étude pour quantifier l’impact environnemental des MLC. Par exemple, celui d’un système de covoiturage compensé en monnaie locale utilisable chez des commerçants partenaires. Laurent Davezies, spécialiste du développement territorial, met aussi en garde contre des effets pervers : « Elles vous font gagner de l’argent avec des billets de Monopoly puisqu’elles ne supportent aucun impôt et charges sociales, mais elles ne font pas obstacle aux circuits longs dans les biens et services que nous consommons. Et si elles étaient au service d’une idéologie du repli sur soi, le pire serait à craindre. » g 34 | économiE JDD | 6 décembre 2015 Le chiffre Henri de Castries vise la présidence de HSBC Sa nomination, le jour des attentats de Paris, est passée inaperçue. Mais l’entrée du PDG d’AXA au conseil d’administration de HSBC, à partir d’avril 2016, marque le début d’une nouvelle carrière. Depuis quinze ans qu’Henri de Castries dirige le premier assureur mondial, jamais il n’avait siégé dans une autre entreprise. Dans son entourage, tout le monde s’attend à ce qu’il devienne, à la fin de son mandat chez AXA en 2018, président de la banque britannique. Le poste lui aurait déjà été proposé. À 61 ans, son expérience internationale et sa connaissance de l’Asie en font un candidat unique alors que HSBC a besoin de renforcer sa gouvernance depuis les affaires de fraudes fiscales en Suisse. M.P. 39,97 C’est symbolique mais le signal est là. Le pétrole continue de baisser. Vendredi, il a fini la séance à 39,97 $ le baril à New York après avoir longtemps oscillé au-dessus du seuil de 40 $. Dans l’après-midi, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait annoncé Coulisses qu’elle relevait son plafond de production poussant les cours à la baisse. Elle a surtout balayé l’idée d’une remontée des cours en resserrant les vannes de l’or noir. Les pays exportateurs continuent leur guerre avec les États-Unis, devenu indépendant énergétiquement avec l’essor du pétrole de schiste. Depuis l’été 2014, les prix du brut ont été divisés par près de trois, passant de 110 à 40 $. M.P. Qui s’invitera chez B & B Hôtels ? C’est bientôt la fin du suspense pour l’enseigne d’hôtellerie économique B & B Hôtels mise en vente par le fonds Carlyle. Les acheteurs intéressés ont jusqu’à demain pour déposer leurs offres. Il s’agirait de la société française de capital- investissement PAI, d’une branche de la banque américaine Goldman Sachs, et du chinois Green Tree en partenariat avec le Crédit agricole. En revanche, un autre chinois, le groupe Jin Jang ne serait plus en lice. Le montant de la transaction est estimé à plus de 900 millions d’euros. La chaîne B & B Hôtels, créée en Bretagne en 1990, aligne plus de 320 établissements en France et en Europe. M.N. VInCEnT ISORE/IP3/MaXPPP XaVIER TESTELIn/CIT'IMagES Il ose « Nous serons bientôt la plus grosse compagnie au monde » AÉrIeN Temel Kotil, PDG de Turkish Airlines, dévoile comment le groupe turc veut s’imposer sur tous les continents ISTANBUL (TUrQUIe) IntervIew SyLVIe ANdreAU @SylvieAndreau Turkish Airlines s’achemine-t-elle vers une nouvelle année record ? notre nombre de passagers a été multiplié par six en vingt ans, pour atteindre 123 millions. il va encore tripler dans les deux décennies à venir. Cela fera de nous la plus grosse compagnie aérienne du monde ! nous sommes déjà les premiers au regard du nombre de pays que nous desservons : 111. et personne ne propose plus de destinations internationales que nous : 233. Comment vous imposez-vous, notamment face aux compagnies du Golfe ? notre marché intérieur est l’une de nos forces. 47 millions de Turcs seront montés dans un avion cette année. C’est une hausse de 860 % en moins de dix ans ! et cela va continuer à croître. C’est un socle solide qui nous permet de grandir de façon naturelle. Quand je suis entré dans la compagnie en 2003, c’était une entreprise d’État. aujourd’hui, elle est cotée en Bourse. Tous les trimestres, nous publions les informations relatives à notre activité. notre développement ne s’est pas fait du jour au lendemain. il n’y a rien de toxique chez nous. Comment expliquez-vous la croissance de votre trafic international ? Regardez où se trouve la Turquie sur la carte du monde. La croissance du trafic aérien se déplace vers le moyen-Orient et l’asie. nous sommes en position idéale pour constituer un hub entre tous les continents, surtout quand seront achevés les travaux de notre nouvel aéroport, le plus grand du monde. enfin la destination Turquie, avec istanbul, reste attractive. Quelque 83 millions d’étrangers ont pris un vol pour la Turquie cette année. La Turquie est aussi dans une zone géopolitique très sensible… ma petite fille de 6 ans, elle, c’est à Paris qu’elle m’a demandé de ne pas aller, parce qu’elle trouvait la ville dangereuse ! Vous savez que partout dans le monde, les hommes d’affaires continuent à se déplacer. On ne voit aucun ralentissement sur ce segment de clientèle, qui assure la rentabilité des compagnies comme les nôtres. Que faites-vous de différent par rapport aux compagnies traditionnelles ? Par rapport aux américaines, exactement le contraire ! nous avons appris de leurs erreurs. Face aux européennes, nous rattrapons notre retard en termes de capacités : notre flotte compte 299 appareils et nous en avons 219 supplémentaires en commande. nous allons aussi améliorer nos services et faire baisser nos coûts. il est plus facile de réduire ses charges quand on est gros. notre marge est déjà à plus de 26 % depuis le début de l’année. Arrivez-vous à attirer des pilotes ? nous avons lancé le recrutement de 700 à 800 pilotes par an, et il y aura des Français parmi eux. nous étions d’ailleurs à Paris pour une opération de présentation de la compagnie ces derniers jours. nos conditions d’embauche sont très avantageuses, malgré ce que l’on peut penser. g La justice se prononce sur UberPop TAXIS Le service de transports entre particuliers d’Uber constitue-t-il une pratique commerciale trompeuse ? Verdict demain MArIe NICoT @marie_nicot Le chemin de croix judiciaire d’Uber France continue. Demain, la cour d’appel de Paris dira si UberPop, l’application qui permet à m. Tout-le-monde de s’improviser chauffeur moyennant une rémunération, relève de la « pratique commerciale trompeuse ». Lors de l’audience en octobre, l’avocate générale Élisabeth Honorat a estimé que l’entreprise devait être reconnue coupable, « le covoiturage n’étant pas une pratique à but lucratif ». L’avocat d’Uber France, Hugues Calvet, a demandé la relaxe, arguant qu’« aucun texte législatif ne permet d’affirmer qu’UberPop était illicite à l’époque des faits ». Le Conseil constitutionnel s’est prononcé le 22 septembre sur l’interprétation de la loi Thévenoud en matière de covoiturage. Selon lui, ce service de transport ne saurait être une activité commerciale. Uber reste prisé des financiers L’affaire est sensible. en juillet, le service UberPop a été suspendu après un mouvement de colère des taxis. Le gouvernement avait dû saisir des véhicules et procéder à des gardes à vue. Six mois plus tard, la tension reste palpable. « Si la cour déclare que l’on peut travailler sans payer de charges ni respecter le Code du travail, ce sera la fin du système social français », avertit alain Griset, président de l’Union nationale des taxis (UnT), qui exclut pourtant toute manifestation en raison de l’état d’urgence. Les 11 et 12 février, les deux dirigeants d’Uber France, Pierre- « Notre marché intérieur est l’une de nos forces. 47 millions de Turcs seront montés dans un avion cette année. » JOE SKIPPER/REUTERS L’Europe veut réglementer les drones Un chauffeur Uber. FRanCK DUbRay/MaXPPP Dimitri Gore-Coty et Thibaud Simphal, seront de nouveau dans les prétoires. ils répondront cette fois-ci d’accusations pénales devant la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. UberPop sera au cœur du débat, mais cette fois-ci les deux managers encourent de lourdes peines s’ils sont condamnés. Ce énième bras de fer judiciaire stoppera-t-il le rouleau compresseur Uber ? Rien n’est moins certain. Le géant californien devrait bientôt lever 2,1 milliards de dollars, ce qui le valoriserait à 65 milliards de dollars, un record mondial dans le secteur des sociétés non cotées. g Demain, la Commission européenne dévoilera ses propositions pour encadrer l’usage des drones. elle réagit au succès des mini-machines volantes dotées de caméra qui font un tabac. Le cabinet Xerfi estime que le marché français (95 millions d’euros en 2014) va doubler d’ici à 2017. La Fnac, Conforama, amazon, Carrefour ou encore JouéClub sont dans les starting-blocks pour en vendre un maximum à noël. Les amateurs de drones doivent déjà respecter des règles précises, qui varient en fonction des pays. en France, par exemple, il est interdit de survoler les zones urbaines et sensibles. Bruxelles souhaite créer un ciel européen avec trois objectifs : simplifier la vie des fabricants qui n’auront plus à s’adapter à un puzzle législatif, assurer la sécurité physique des individus, les protéger des photos volées à partir du ciel. Parrot, champion du secteur, apprécie « ce compromis entre développement de l’activité économique et respect de la vie privée ». Selon Karima Delli, eurodéputée eeLV, « la Commission devrait notamment exiger l’immatriculation des engins les plus performants afin de tracer leur usage, et insister sur la formation des propriétaires. L’agence européenne de la sécurité aérienne devrait jouer les gendarmes ». Reste à savoir si la Commission agira via une directive, ce qui prendra du temps, ou un simple règlement, beaucoup plus rapide. M.N. Drone Bebop Parrot. DR business | 35 jdd | 6 décembre 2015 Puressentiel veut devenir leader mondial STRATéGIE Numéro 1 en Europe dix ans après sa création, le laboratoire d’aromathérapie espère conquérir les États-Unis et l’Asie SYLVIE AnDREAU On avait laissé Marco Pacchioni, patron de Puressentiel, soufflant les cinq premières bougies de sa jeune société. Déjà satisfait de l’accueil de ses produits à base de plantes, plutôt fier de l’engouement des consommateurs pour son spray assainissant aux 41 huiles essentielles, le blockbuster certifié par des dizaines de tests cliniques. Cinq ans plus tard, l’entrepreneur, qui a fondé la marque avec son épouse Isabelle en 2005, est plus convaincu que jamais : Puressentiel peut devenir l’un des grands succès du secteur de la santé bio et naturelle. La gamme s’est déployée autour de la minceur, du solaire, du sommeil, de l’anti-chute de cheveux… « Nous avons démocratisé l’usage des huiles essentielles avec des produits prêts à l’emploi, commente Marco Pacchioni. Ils sont arrivés sur le marché à un moment où les gens avaient envie de produits naturels. » Une percée remarquée chez le distributeur Boots La présence de Puressentiel dans les rayons des pharmacies et parapharmacies est devenue incontournable. Le chiffre d’affaires devrait atteindre 80 millions d’euros cette année, avec une croissance annuelle de 20 %. Déjà leader français et numéro un en Europe, rien Jean-Claude Biver a choisi New York pour lancer la première montre connectée suisse. R. FAUX L’horloger suisse qui s’attaque à Apple HORLOGERIE En présentant la première Tag Heuer connectée, Jean-Claude Biver, qui dirige la division montres de LVMH, veut répondre au géant américain IntervIew HERVé BORnE Parrain charismatique de l’horlogerie suisse, Jean-Claude Biver s’est vu consacrer un livre : L’homme qui a sauvé la montre mécanique (Eyrolles). À 66 ans, les jalons marquants de sa carrière suffiraient : la position de numéro 2 mondial d’Omega, c’est lui ; les résurrections de Blancpain et de Hublot, aussi. Autant de succès qui l’ont imposé au poste de président de la division montres du groupe LVMH. Il veut faire maintenant de Tag Heuer une marque d’avant-garde, tournée vers les nouvelles générations, avec un premier modèle de montre connectée. Vendue 1.350 €, c’est une réponse luxueuse à l’Apple Watch. Pourquoi avoir lancé votre modèle Tag Heuer Connected à new York ? Demandez à Apple ! C’est ici qu’il se vend le plus de montres connectées. Tag Heuer est aussi chronométreur officiel du marathon de New York, ce qui a boosté notre notoriété. Les États-Unis représentent un énorme marché pour nous. En quoi votre modèle est-il un produit horloger de luxe ? C’est la première montre connectée qui ne ressemble pas à une montre connectée. Je l’ai portée en test pendant trois mois, personne n’a deviné qu’elle était intelligente. Elle est manufacturée dans un maté- riau noble, du titane, elle est riche du savoir-faire suisse et signée d’une marque qui a 150 ans. Développée avec Intel et Google, compatible avec Android et iOs, dotée du Wi-Fi et du Bluetooth, elle sait tout faire. On peut télécharger directement de la musique sur la montre et partir courir en laissant son smartphone à la maison. Et sa batterie tient plus de vingt-quatre heures… n’est-ce pas une réponse tardive à l’Apple Watch ? Absolument pas. Six mois en horlogerie, ce n’est rien. Je dépose tous les matins un cierge à l’église pour qu’Apple vende encore plus de montres, cela ouvre le marché. L’Apple Watch n’est pas notre adversaire, elle doit nous aider à surfer sur le tsunami que peut représenter la montre connectée sur l’industrie horlogère. On parle aujourd’hui de 4 millions d’Apple Watch vendues. Si nous pouvons prendre entre 3 et 5 %, de ce volume, ce serait génial ! Aujourd’hui, Tag Heuer produit 700.000 montres par an. Avec la montre connectée, j’espère passer à 800.000. Une livre raconte votre parcours. De quoi êtes-vous le plus fier ? De certains de mes coups… Le contrat entre Omega et James Bond, par exemple, vingt ans déjà. Celui signé avec la Coupe du monde de football pour Hublot, une médiatisation très efficace : cette marque du groupe vend aujourd’hui plus de 40.000 montres par an, à un prix moyen de 23.000 €. Maintenant, je suis motivé par le défi de lancer Tag Heuer dans l’aventure de la connectivité sans tourner le dos au savoir-faire traditionnel suisse. g ne semble l’empêcher de devenir bientôt un champion mondial. Déjà distribuée dans 50 pays, l’entreprise familiale indépendante s’est structurée pour conquérir d’autres marchés à l’étranger : elle compte assurer son développement par la création de filiales en propre. En juin, l’ouverture d’une entité au Canada a permis à la marque de prendre pied sur le continent américain avant le grand saut vers les États-Unis programmé pour 2017. En 2014, Rocco Pacchioni, fils des fondateurs, s’est installé au Royaume-Uni pour piloter depuis Londres les projets dans les pays anglo-saxons. Puressentiel, qui s’affichait récemment dans le métro de la capitale britannique, a déjà fait une percée remarquée chez le distributeur Boots, géant européen du drugstore. Aux ÉtatsUnis, la marque pourra compter sur son ambassadeur depuis 2013, le basketteur Tony Parker. La famille Pacchioni lorgne déjà le Japon, gros consommateur de cosmétiques made in France. Les Japonais devraient apprécier le 100 % naturel de Puressentiel. La marque s’est donné quatre ans pour conquérir le pays : en 2019 justement, le Japon accueillera la Coupe du monde de rugby, un sport que Marco Pacchioni a pratiqué. L’un des tout premiers partenaires de l’événement sera… Puressentiel. g Marco et Isabelle Pacchioni, fondateurs du laboratoire Puressentiel. J.-C. FRAnColon * 36 | regards JDD | 6 décembre 2015 Dictons électoraux Rouge vif Anne Roumanoff Dictons de décembre – Si les sondages toujours se vérifiaient, à quoi ça servirait d’aller voter ? – Qui pratique l’abstention ne doit pas ensuite râler contre le résultat des élections. – Pendant les soirées électorales, tous les partis prétendent avoir gagné. – Pour savoir qui dit vrai, regarde celui qui a l’air le moins dépité. Dictons pour Bernard – Bien mal Tapie ne profite jamais. – Tapie touché mais pas encore coulé, car Tapie même à terre jamais ne se laisse faire. – Celui qui croit que Tapie lessivé est un paillasson qu’il foulera aux pieds peut toujours aller se brosser. – Plutôt que de te lamenter d’avoir, à 72 ans, 404 millions d’euros à rembourser, pense à tous ceux qui, à ton âge, touchent 404 € par mois comme retraités. Dictons footballistiques – Pour garder ta tranquillité, évite de copuler en te faisant filmer. – Benzema qui croyait prendre. – Un footballeur tire comme un roi, réfléchit comme un pied et parle comme un âne. – Faute avouée à moitié pardonnée. Faute niée jamais totalement oubliée. – Footballeur qui n’a pas un bon entourage subit bien des dommages. – Difficile de préserver l’esprit du sport quand les sportifs ont tellement peu d’esprit. – Proverbe platinien : quand ton ennemi t’offre deux millions d’euros, méfie-toi, ça n’est pas forcément un cadeau. Dictons du Téléthon – Il n’y a jamais de petits donneurs, juste des gens qui agissent selon leur bon cœur. – Qui donne au Téléthon fait une bonne action. – 3 637 raisons de donner, c’est 3 637 raisons d’espérer. – Le Français, on peut compter sur lui pour râler mais aussi pour faire preuve d’une grande générosité, surtout dans l’adversité. Il était 8 heures, vendredi, le jour n’était pas entièrement levé. Rue de la Fontaine-au-Roi, la Bonne Bière a rouvert ses portes. C’est la première des terrasses meurtries à accueillir à nouveau des clients. La devanture a été refaite, un peu de peinture a été passée pour tenter d’effacer l’ineffaçable. Il y avait de nombreuses caméras vendredi mais aussi des clients attablés pour avaler un café et en même temps affirmer par leur présence que la vie continue. » C. PETIT TESSON/EPA/MAXPPP La photo de la semaine D Opinion Laurence Tiennot-Herment Présidente de l’AFM-Téléthon DURAND FLORENCE/SIPA Après le Téléthon, la solidarité continue ! Cette nuit, à 0 h 15, les promesses de dons atteignaient 73,6 millions d’euros. epuis des années, nous entendons parler du lien social déconstruit, de solidarité en crise, de vivre-ensemble impossible. Et pourtant, plus que jamais, la solidarité et la générosité s’expriment. Dans notre domaine, celui de la recherche médicale, de l’innovation et de l’accompagnement des malades et de leurs familles, nous contribuons depuis près de trente ans à cette France qui avance. Les heures que nous venons de vivre avec le Téléthon en sont la meilleure preuve et je rappelle que pendant toute la semaine, les Français pourront continuer à donner via le 3637 et sur telethon.fr. ChAqu e jou r , transformés, comme c’est le cas pour le syndrome de Wiskott-Aldrich, maladie génétique qui altère les défenses immunitaires, qui touche un enfant sur 200.000, et pour laquelle nous avons développé un médicament qui a permis de rétablir le système immunitaire des enfants traités. Ce succès de thérapie génique ouvre la voie aux traitements d’autres maladies du sang. Ces formidables avancées ne sauraient toutefois masquer la réalité des besoins qui restent très importants : 3 millions de Français sont concernés par 6.000 à 8.000 maladies rares, dont 99 % sont aujourd’hui encore sans traitement. Et la moitié des malades ont moins de 19 ans. Pour ACCéLérer LA Mise à disPosiTion des traitements pour les malades et demain, guérir, nous adaptons nos méthodes et nos habitudes, en nous réinventant en permanence. C’est notre devoir vis-à-vis de chaque donateur et partenaire de notre combat, que je veux ici remercier. C’esT Le sens même de la plate-forme dédiée à la production de médicaments innovants que nous lancerons prochainement. Ce nouveau centre permettra de mener à son terme le développement et la commercialisation à grande échelle de thérapies géniques et cellulaires et de répondre aux besoins actuels des laboratoires de l’AFM-Téléthon ainsi qu’à ceux d’autres acteurs des biotechnologies pour la production de leurs thérapies. C’est un nouveau chapitre dans l’histoire de notre combat pour la guérison du plus grand nombre de malades. g « Les Français peuvent continuer à donner toute la semaine via le 3637 » nous voyons combien la volonté d’être ensemble est forte. Le don est naturellement l’une des composantes de cette mobilisation qui permet de passer du statut d’observateur à celui d’acteur de notre société. La générosité des Français est le levier essentiel pour préparer un avenir que nous appelons de toutes nos forces : celui de la guérison des malades. Cette générosité qui permet à notre association de dépasser les limites pour lutter contre encore plus de maladies génétiques longtemps considérées comme incurables. Les résuLTATs sonT ConCreTs quand on lit la joie, la combativité, le courage, l’enthousiasme et la ténacité des malades, des bénévoles et des chercheurs. En 2014, l’AFM-Téléthon a financé 230 projets de recherche et elle soutient actuellement 37 essais cliniques pour 27 maladies du système immunitaire, de la vision, des muscles, du sang, du foie, du cœur… Et ces essais sont Dictons de la COP21 – Il faut polluer pour vivre et non vivre pour polluer. – Qui veut trop ménager les lobbys pétroliers finira par ne plus pouvoir respirer. – Dans une réunion au sommet, plus les dirigeants sont nombreux à participer, plus ils auront tendance à s’accorder pour dire qu’il est urgent de ne rien décider. – La pollution de la pensée est la plus difficile à juguler. – Plus une idée est facile, plus elle se propage dans des cerveaux fragiles. Dicton de Parisien Malgré ce contexte inquiétant, profitons de l’instant présent : sortons, rions, pleurons, marchons, mangeons, buvons. Respirons à pleins poumons malgré la pollution et surtout dansons, discutons, vivons… – Ceux qui pour l’avenir se font trop de souci ne profitent pas pleinement des beautés de la vie. Déchiffrage Axel de Tarlé Mini smic, maxi courage P as de coup de pouce. Le gouvernement fait le « minimum syndical » concernant le smic, qui n’augmentera que de 0,6 % au 1er janvier. Soit à peine 6 centimes de plus par heure, à 9,67 €. Pourtant, à un an des élections, il était très tentant de lâcher les vannes en fixant – pourquoi pas ? – le smic à 10 € ! On aurait alors applaudi une vraie mesure de « justice sociale », une mesure « de gauche » – ou « frontiste », c’est selon –, une mesure de « soutien à la consommation, à même de relancer la croissance », et blablabla… MAnueL VALLs A Tenu bon. C’est tout à son honneur. Il faut dire qu’on a vu les ravages causés par les fortes hausses du smic dans les années 2000. Cela a laminé la compétitivité de nos entreprises. Car on oublie trop souvent de dire que quand le gouvernement augmente le smic, c’est avec l’argent du patron qu’on doit ensuite régler la facture. Le gouvernement est « généreux » avec l’argent des autres ! Deuxième conséquence : les hausses de smic des années 2000 ont fait disparaître les emplois les moins qualifiés qui ont été remplacés par des machines, condamnant les travailleurs peu qualifiés à vivre du RSA. resTe une quesTion : comment vivre dignement avec 1.136 € net par mois ? Comment ne pas se sentir insulté quand on augmente votre salaire de 6 centimes de l’heure ? Réponse : la prime d’activité. Elle sera mise en place le 1 er janvier. Cela représente 132 € de plus par mois pour une personne seule au niveau du smic. Objectif : donner un « coup de pouce » à ceux qui travaillent par rapport à ceux qui vivent des minima sociaux. En clair, il s’agit de subventionner le travail. Mais, après tout, dans un pays où l’on subventionne le logement, le cinéma, la presse, l’amicale de la pétanque, pourquoi ne pas subventionner le travail ? Bravo donc au gouvernement de ne pas céder aux sirènes du populisme… qui ne tarderont pas à dénoncer une décision « honteuse et insultante ». g 38 | RegaRds | Portrait Yannick Rousselet L’irréductible antinucléaire Cet enfant du Cotentin milite depuis toujours contre l’atome. Activiste, il ne veut pas s’éloigner de son village gaulois même si son naturel et son expertise le propulsent comme tête d’affiche C Matthieu Pechberty @mpechberty e lundi 16 novembre, la France est en deuil après les attentats de Paris. Yannick Rousselet, lui, court à l’usine de la Hague vérifier si le convoi d’uranium va bien rejoindre le sud de la France. Quels que soient les événements, le militant de Greenpeace ne dévie pas de sa mission : lutter contre le nucléaire. Une obsession qui l’éloigne parfois des autres sujets. La COP21, ces jours-ci, n’est pas sa priorité. Quand on lui parle de l’essor des énergies renouvelables, il approuve mais revient rapidement à son obsession, la fin de l’atome. Yannick Rousselet est tombé dans le chaudron atomique quand il était petit. En octobre 1959, quelques jours après sa naissance, de Gaulle annonce la construction de l’usine de la Hague, à deux pas de Cherbourg, où il vit depuis toujours. Une provocation qui jette les bases de son engagement. « J’étais là avant elle, en parle-t-il comme d’un ennemi. Je la fermerai un jour. » À la vie, à la mort. Ce colosse à la carrure d’Obélix, sans couettes ni moustache, qu’il a coupée il y a peu, se bat depuis quarante ans pour protéger le Cotentin, son village gaulois devenu la « presqu’île du nucléaire » avec la centrale EDF de Flamanville, à quelques kilomètres. Il refuse de capituler. « Cette usine nous a colonisés, lâche-t-il. On a menti à la population. » À l’époque, le gouvernement avait promis que la Hague fabriquerait des Cocotte-minute… Le mensonge et le secret, son autre combat, moral celui-là. Le parcours militant de Yannick Rousselet, loin des clichés, emprunte un chemin plein de contradictions. Il grandit dans une famille nourrie à l’atome. Ses grands-pères, oncles et père ont travaillé aux chantiers navals de Cherbourg, où se construisaient les sousmarins nucléaires. Il y entre à son tour à l’âge de 15 ans. Bien noté au concours, il refuse « l’élite » de l’électronique et préfère devenir chaudronnier pour fréquenter le milieu ouvrier, son monde. Il en garde aujourd’hui le goût du savoir technique de l’industrie nucléaire que personne ne lui conteste. « Il est un puits de connaissance remarquable », estime le scientifique Bernard Laponche, qui lui voue une admiration sans bornes. Sa première manifestation à 17 ans, face aux dizaines de CRS protégeant le chantier de la centrale de Flamanville, devient l’acte fondateur de sa lutte contre la « société secrète et policière ». L’ancien enfant de chœur de la paroisse de Cherbourg se fond dans l’ambiance antimilitariste des années 1970. Le plutonium est l’objet de toutes ses actions. Une obsession qui lui a valu avec une bande de militants le surnom de « pluto boys » qu’il a repris sur son compte Twitter « plutonyck ». « Cette matière est dangereuse, sinon il n’y aurait pas tous ces gardes et ces barbelés, s’énerve-t-il en montrant les kilomètres de grillage de la Hague. Mais il y a aussi une fascination pour la technologie et la puissance de cette matière. » Toute son histoire est là : Yannick Rousselet et le nucléaire, c’est attraction et répulsion. Presque un syndrome de Stockholm. « Je comprenais la cohérence gaullienne de la dissuasion nucléaire » Cultivant la différence, il se syndique à la CFDT, qui n’avait aucun militant à Cherbourg, bastion de la CGT. « Les communistes sont productivistes et tout le monde ne lisait que L’Huma, se défend-il. On était deux au départ et on est monté rapidement à 40 personnes. » Pendant vingt ans, il multiplie les coups d’éclat : stopper un convoi de déchets nucléaires ; arraisonner un bateau d’Areva ; bloquer le port de Cherbourg pour l’inauguration d’un sous-marin. En 1980, il embarque sur le célèbre Rainbow Warrior pour une action qui lui coûtera une garde à vue. « 3.500 personnes étaient dans les rues de Cherbourg pour demander ma libération », s’emballe-t-il, enivré par la nostalgie. Les années 1990 marquent un tournant. Un divorce et des doutes sur son combat. Il ne digère pas que la France exporte le retraitement de l’uranium et ses sous-marins. « Je comprenais la cohérence gaullienne de la dissuasion nucléaire pour l’indépendance nationale, explique-t-il encore plein de déception. Mais pas à des fins commerciales. » Son éducation judéo-chrétienne lui rappelle qu’il doit garder la foi. « Son engagement est total, même en cas de coup dur, explique Adélaïde Colin, ancienne directrice de la communication de Greenpeace France. C’est presque un sacerdoce. » Son compte Twitter ? “Plutonyck !” Pour lui, le plutonium est une matière dangereuse et en même temps fascinante Yannick Rousselet, spécialiste de l’atome, devant l’usine de retraitement de la Hague (Manche). THOMAS JOUANNEAU pOUr lE JDD 17 octobre 1959 Naissance à Cherbourg dans une famille catholique, son père travaille aux chantiers navals 1976 Première manifestation antinucléaire contre l’usine de la Hague et la construction de la centrale de Flamanville 1978 Devient militant pour Greenpeace à Cherbourg 2000 Épouse Nathalie en secondes noces qui le suit sur toutes ses actions militantes 2002 Démissionne de la DCN et devient salarié de Greenpeace, chargé de campagne sur le nucléaire Le militantisme de terrain recule, la bataille des idées est en plein essor. Greenpeace emprunte cette voie et l’embauche comme permanent. Sa connaissance pointue du nucléaire le propulse comme tête d’affiche. Conférences, médias et comités Théodule, tout le monde se l’arrache. Le Cherbourgeois devient la référence pédagogique avec le franc-parler d’un passionné. Il force le respect de tous, même de ses ennemis. « Il a grandi dans l’industrie, sait de quoi il parle et travaille ses dossiers », reconnaît Dominique Minière, le patron du parc nucléaire français chez EDF, qui désapprouve ces actions illégales. « Il a des arguments de fonds. » Activiste et expert, Yannick Rousselet navigue entre les deux camps, quitte à s’attirer les critiques. « Il siège dans des commissions d’information de centrales et pour certains, c’est déjà une compromission », note Pierric Duflos, de l’ONG Sortir du nucléaire. « Un pied dedans, un pied dehors » : il a fait sienne la règle de Greenpeace pour justifier actions de terrain et participation aux débats politiques. Mais il rechigne à la vie de bureau, même deux jours par semaine. « Il est ingérable, car il veut tout faire à la fois et a du mal à prioriser ses actions », sourit sa directrice de campagne Sophia Majnoni, pleine d’admiration pour celui qui a été son mentor. « C’est un émotionnel qui a du mal à prendre du recul. » Elle raconte amusée ses « rousselades », petites actions imprévues qu’il réalise seul dans son coin. Son ami Yves Marignac a bien cerné le bonhomme. « Il est comme Depardieu, trop grand pour rentrer dans une case », résume le patron du think tank antinucléaire Wise. Le duo Rousselet & Rousselet Du coup, sa femme, Nathalie, joue les intermédiaires pour arrondir les angles avec Greenpeace. De petite main, elle est vite devenue son bras droit sur le terrain. « Je gère tout ce qui l’entoure afin qu’il puisse bien travailler, reconnaît-elle humblement. Il ne fait pas les courses mais il rencontre les ministres. » Parfois lassée d’être la « femme de Yannick », Nathalie se ravise, estimant qu’avec lui, « [sa] vie est trépidante ». Seule cette benjamine de huit enfants peut vivre dans l’ombre de cet aîné de trois frères, chéri par sa mère. Le duo Rousselet & Rousselet, une PME au service de son maître. Quand s’arrêtera-t-il ? « Jamais, il est trop optimiste pour ça », lâche-t-elle. Chez Greenpeace, certains le voient intégrer l’Autorité de sûreté nucléaire pour finir en apothéose sa carrière de spécialiste de l’atome. « On s’est posé la question, reconnaît le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet. Il a des compétences qui nous manquent. » Flatté, Rousselet refuse à demi-mot. Quitter Cherbourg est impossible pour lui. « Je suis un contre-pouvoir à l’extérieur, là-bas je serais noyé dans la masse », reconnaît-il comme un dernier pêché d’orgueil. g Les livres de la semaine P o u r b i e n f a i r e, i l conviendrait de lire en mode stéréo : dans une main, le livre du poète Adonis ; dans l’autre celui de Jean-Pierre Filiu. Le premier fait le procès d’une violence constitutive de l’islam depuis ses origines. Le second raconte les tentatives d’émancipation, cette nahda (renaissance) arabe telle qu’elle s’est manifestée au XIX e siècle, et les forces qui l’ont jusqu’à maintenant contrecarrée. L’islam en questions Adonis est, depuis la disparition de Mahmoud Darwich, le plus grand poète arabe vivant. Né en 1930 en Syrie, il a tout connu, la proximité jeune avec le pouvoir, les geôles, l’exil au Liban, aujourd’hui en France. C’est au nom de cet immense parcours, de son statut d’intellectuel mais surtout en tant que poète (donc esprit essentiellement libre) qu’il construit au long de ses conversations avec la psychanalyste Houria Abdelouahed son implacable réquisitoire contre l’islam. Pour lui, dès le VIIe siècle de notre ère, l’islam s’est fondé sur la violence et contre la liberté. Pour deux raisons parfaitement intriquées : 1) Historiquement, l’islam fut la croyance d’une tribu en guerre, météo | 39 regards jdd | 6 décembre 2015 à La Mecque, à Médine puis sur le chemin de ses conquêtes, de Bagdad à Cordoue et même au-delà. 2) Théologiquement, l’islam se présente comme le troisième monothéisme qui délivre des vérités ultimes auxquelles le croyant n’a rien à ajouter, encore moins à modifier. Dans un texte moins simple qu’il n’y paraît, Adonis s’oppose à l’idée que la violence serait marginale dans le Coran et qu’un islam sectaire serait le fait d’interprétations ultérieures, notamment wahhabites. Pour lui, c’est une fermeture originelle qui explique l’impossibilité de toute réforme spirituelle (à la différence des autres monothéismes). Seule la mystique, la poésie et les croyances préislamiques offrent la possibilité d’un humanisme. Alimentée par l’apport psychanalytique de Houria Abdelouahed, la démonstration est brillante (notamment sur les rapports de domination hommes-femmes) mais il faut la lire avec prudence. Ce dialogue n’a pas la prétention d’un ouvrage total incluant les différentes nuances des nombreux schismes de l’islam, il s’en tient d’ailleurs pour l’essentiel au courant dominant sunnite, tellement sûr de sa domination spirituelle qu’à la différence du chiisme, il ne se sentit pas tenu d’instaurer un clergé. Lire en même temps ou dans la foulée Jean-Pierre Filiu ne conduit pas, bien au contraire, à atténuer l’appel à la liberté de penser d’Adonis ; c’est se donner la possibilité de compléter la lecture idéologique de l’islam par les conditions concrètes de son exercice. L’historien rappelle comment de nombreuses tentatives de renaissance politique du monde arabe ont été systématiquement ruinées sous l’effet de forces diverses (pas uniquement les puissances dominantes, France, Angleterre, Turquie mais aussi des forces politiques arabes). C’est d’abord en Égypte et en Tunisie (la première Constitution du monde arabe adoptée en 1861) que les premières ouvertures virent le jour. En Algérie, même après l’atroce guerre qui opposa les troupes françaises à celles de l’émir Abdelkader, Napoléon III envisagea l’instauration d’un royaume arabe dont la destinée aurait été confiée à Abdelkader. Un soulèvement arabe parallèle à la Commune de Paris ruina le projet et ouvrit la voie de la répression et de la colonisation systématiques. De ces balbutiements jusqu’au démembrement actuel de la Syrie et de l’Irak, le récit très complet de Jean-Pierre Filiu donne le vertige : tant de manœuvres, tant de malheurs pour les populations ! L’utilisation du fondamentalisme à des fins politiques (notamment dans les rapports complexes entre l’Égypte et l’Arabie) est loin d’être une donnée récente. Et l’idée que les dictatures civiles ou militaires seraient d’utiles remparts contre le djihadisme ne résiste pas à l’examen. On peut sortir accablé de la lecture de ces deux ouvrages et pourtant, Adonis et JeanPierre Filiu conservent l’espoir (la certitude ?) qu’une renaissance spirituelle et politique est possible dans ce MoyenOrient aux précipitations explosives. Malgré tout, Adonis et Filiu conservent l’espoir qu’une renaissance est possible Patrice traPier @patricetrapier Violence et islam, adonis, Seuil, 190 p., 18 € Les arabes, leur destin et le nôtre, Jean-Pierre Filiu, La Découverte, 262 p., 14,50 €. À lire aussi Le Livre III (Al-Kitâb), d’Adonis, Seuil. « Un nuage était venu, le soleil s’était caché, la photo ratée. » Extrait de « La Vie d’une vamp » Hommage à Musidora, décédée le 7 décembre 1957 5 Lille 13 Abbeville 7 13 Dimanche 6 décembre Indice de confiance 5/5 10 14 11 15 Cherbourg 5 12 Brest 9 14 8 14 Rennes Nantes 7 16 9 18 5 12 Dijon Besançon 3 3 11 13 Tours Clermont-Ferrand 5 14 Bordeaux Biarritz Toulouse 7 15 Ensoleillé Éclaircies Nuageux Couvert - 10°/0° 1°/5° Lundi 7 5/5 7 Nord 13 Sud 7 15 Mercredi 9 4/5 5 Nord 10 Sud 6 12 Vendredi 11 3/5 6 Nord 10 Sud 5 14 Nancy Strasbourg 4 4 11 12 Paris Lyon 6 Grenoble 14 1 12 9 16 Nice Marseille 11 Bastia 15 8 17 Pluie Orages Neige 6°/10° 11°/15° 16°/20° 21°/25° 26°/30° 31°/35° 36°/40° Mardi 8 5/5 7 Nord 12 Sud 7 15 Jeudi 10 3/5 Nord Sud 4 9 4 13 Samedi 12 3/5 Nord Sud 5 9 5 12 40 | dimancheCulture jdd | 6 décembre 2015 Claude Lelouch revient avec une formidable histoire d’amour, cinquante ans après « Un homme et « Je suis un homme libre » I IntervIew StéPhAniE BELPêChE @StephBelpeche l n’a pas changé. À 78 ans, Claude Lelouch a toujours une étincelle dans le regard, et une acuité rare quand il s’agit d’évoquer le sentiment amoureux, sa spécialité depuis cinquante ans. Il revient avec Un + Une, comédie romantique qui met en scène la rencontre entre Jean Dujardin et Elsa Zylberstein en Inde. L’occasion d’une interview sans tabous sur la vie et la mort, les tourments de la passion et les jeux du hasard, la spiritualité et même les attentats. Encore une histoire d’amour ? Oui, car ils sont soudain seuls au monde et ne se comportent pas de la même manière. Le voyage force à regarder les autres. En France, ils ne se seraient jamais rencontrés… Jean incarne le dernier des machos, un type qui ne pense qu’à sa gueule. Compositeur de musique de films à succès, récompensé aux Oscars, il a tout. À un moment donné, il faut payer l’addition, c’est inévitable. Le personnage d’Elsa prend tout à cœur, je lui donne raison : le courage des femmes ne cesse de m’épater. Jean et Elsa se courent après pendant deux heures, mais le temps sait des choses que nous ignorons. Il faut lui faire confiance. Je n’y suis pour rien ! Jean DuUn + Une, c’est une formule jardin et Elsa Zylberstein, durant un mathématique ? trajet en avion, ont passé leur temps Celle de l’humanité. à parler de mon cinéma. Après l’atUn + Une = 7 milliards de gens. Il terrissage, ils m’ont appelé pour me y a cinquante ans, je tournais Un demander si je n’avais pas un film à homme et une femme. Je revisite leur proposer. J’ai trouvé l’idée force sujet, auquel j’ai consacré ma midable pour une raison : je ne les carrière. Pour voir si j’ai appris voyais pas ensemble. Les plus belles quelques trucs entre-temps. Je me histoires d’amour ne sont pas éviconsidère comme un reporter de dentes. Je voulais montrer le coup la vie, qui est la plus grande scéde foudre entre nariste du monde. deux personnes Et je suis à sa disheureuses en méposition. Depuis nage : lui avec une ma mère, j’ai propianiste, elle avec fondément aimé un ambassadeur. les femmes, elles On peut assurer m’ont façonné et sa voiture, pas fait grandir. J’ai la son couple. Il faut chance d’avoir eu entretenir une sept enfants avec relation comme cinq compagnes un trésor. Ça de- « dePuis ma mère, différentes. mande du travail. Croyez-vous L’amour fonc- j’ai Profondément au hasard ? tionne comme une aimé les femmes, Il joue un rôle drogue dure, on en essentiel. Plus fort veut toujours plus. elles m’ont que l’intelligence, On est fidèle tant façonné et fait trop pragmatique, qu’on n’a pas dénitrouillarde, raigrandir » sonnable et ché mieux. Avez-vous déjà chiante. L’inconscient m’emmène ailleurs. Ce que connu ce type d’attirance je préfère ? Partir à l’aéroport et irrépressible ? Bien sûr, c’est chimique. Les prendre le premier avion, quelle promesses qu’on s’est faites à soique soit la destination. J’arrive même, la morale qu’on peut avoir dans un pays où je n’ai pas réservé en tête et les clichés s’écroulent. et c’est la fête. Pour ne pas m’enOn oublie tout. On a beau se dire nuyer, j’ai décidé qu’il en serait que ce n’est pas bien, on y va. Je ainsi. J’ai eu le déclic après Itinésuis un homme libre. Comme mes raire d’un enfant gâté (1988). Le héros, qui ne s’interdisent rien. Je héros quitte sa femme, ses enfants, veux être témoin de tous les ricoson travail, tout ce qu’il a construit. chets de l’amour qui n’a pas de Il ressent un manque. Aller vers mémoire. On redevient des adol’inconnu crée la surprise. L’avenlescents, on croit toujours que c’est ture, c’est l’aventure ! [Rires.] Le la première fois. Même en maison hasard est le grand inventeur de de retraite et en chaise roulante, l’amour. Les sites de rencontres on se pomponne ! J’ai souffert mais en ligne sont contre-nature. Y aj’ai aussi connu le bonheur. La vie t-il une part de divin là-dedans ? est une forêt d’emmerdements. Il êtes-vous mystique ? faut profiter du présent. Plus on Cela faisait des années que se rapproche de la ligne d’arrivée, mon entourage me conseillait de plus on en a conscience. me rendre en Inde. Là-bas, les Vous aviez envie de faire le portrait gens font preuve d’une générosité extraordinaire, ils sourient tout de Français à l’étranger ? Un + Une iiii De Claude Lelouch, avec Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Alice Pol et Christophe Lambert. 1 h 53. Sortie mercredi. En Inde, Antoine, célèbre compositeur de musique de films, rencontre Anna, la femme de l’ambassadeur de France. Il souffre de maux de tête, elle désespère de tomber enceinte. Ensemble, ils partent en pèlerinage pour voir Amma, une femme capable de faire des miracles… Claude Lelouch marque son grand retour avec une histoire d’amour, dont il a le secret, en écho à Un homme et une femme (1966) et Un homme qui me plaît (1969). Avec une délicatesse inouïe, le cinéaste nous emporte dans un tourbillon de sentiments authentiques, portés par un duo À l’occasion d’un tournage en Inde, Antoine (Jean Dujardin), un compositeur insouciant, rencontre Anna (Elsa Zylberstein), en mal d’enfant. le temps et expliquent pourquoi ils acceptent leur condition sans se plaindre : la prochaine vie sera meilleure. En Occident, on rêve tous d’aller au paradis. Mais on y est ! On ne trouvera pas mieux que la Terre, ses mers, ses montagnes, un chef-d’œuvre qu’on a transformé en enfer. La vie est trop maligne pour avoir inventé un truc aussi stupide que la mort. Pas possible que d’un seul coup tout s’arrête, ça ne tient pas la route. Comment avez-vous appréhendé le tournage ? J’ai réalisé Un + Une comme un premier film, en prenant tous les risques et sans avoir forcément toutes les autorisations. J’étais enthousiasmé par la photogénie incroyable de l’Inde. Mais c’est compliqué car les gens ne disent jamais ni oui ni non. À tout moment ils auraient pu nous renvoyer à Paris. Le pays a senti que j’étais là pour de bonnes raisons. Je suis tombé amoureux de l’Inde comme d’une femme. Et toutes les portes se sont ouvertes. d’acteurs qui n’ont jamais été aussi bons : Jean Dujardin et Elsa Zylberstein, saisissants de naturel. Ce récit résolument positif touche au cœur par les questions qu’il soulève, tout en évitant les écueils du genre. Une invitation au voyage pleine d’humanité et de tolérance, au souffle romanesque qui fait du bien à l’âme. S.B. J’ai tourné dans la continuité façon reportage : Jean dans l’avion, attendant ses bagages, passant la douane. Pas maquillé, il avait vingt heures de vol dans les pattes et ça se voyait sur son visage ! On sent une improvisation constante à l’écran… à hauteur des yeux, où se trouve la vérité. Tout le reste, c’est du pipeau. L’étreinte d’Amma est un cadeau qui permet de faire le plein. Ce qu’on ressent est indescriptible. Après, on se met à réfléchir. Un + Une arrive dans une France meurtrie par les attentats… « Plus ça va mal, Plus on a besoin de s’administrer une Piqûre de comédie. Pour retrouver le goût de la vie et dire merde à ces cons » J’ai travaillé avec une équipe réduite et en toute discrétion grâce aux nouvelles technologies. J’avais plus l’air d’un touriste que d’un cinéaste. Malgré un scénario très écrit, j’autorise les sorties de route. Quand les acteurs perdent le contrôle, c’est sublime. Ils cessent de faire semblant et me donnent accès à leurs cicatrices. Vous avez rencontré Amma, cette femme qui consacre son existence aux autres. La personne qui m’a le plus impressionné au monde. Les gens viennent la voir avec leurs problèmes et leurs maladies, mais la tête haute. Elle commence par leur sourire, puis elle les serre dans ses bras. Sa religion, c’est l’amour. J’y suis allé un peu à reculons, il y a tellement d’escrocs et de gourous. Mais quand j’ai croisé son regard, j’ai su qu’il n’y avait pas d’arnaque. Voilà pourquoi je filme toujours Et le drame de Charlie Hebdo est survenu au début du tournage ! Deux malheurs encadrent ce projet, je n’arrive pas à l’analyser. Le 7 janvier, bizarrement, des forces invisibles m’ont donné l’envie de me battre. C’est maintenant que le long métrage doit sortir, que le public a besoin d’aller au cinéma. Pendant la guerre, petit garçon, c’est ce que je faisais. Dès que l’alerte retentissait, je me rendais dans un abri ou le métro, j’y restais une heure ou deux, je revenais et la séance reprenait là où elle s’était arrêtée. Les spectacles n’ont jamais autant marché que sous l’Occupation. Plus ça va mal, plus on a besoin de s’administrer une piqûre de comédie. Pour retrouver le goût de la vie et dire merde à ces cons. Où étiez-vous le 13 novembre ? À Beaune. Je venais d’inaugurer mon école de cinéma et de présenter en avant-première Cinéma | culture | 41 jdd | 6 décembre 2015 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff une femme » Voyage L’impossible retour au bout de l’enfer Back Home iiff De Joachim trier, avec isabelle Huppert, Gabriel Byrne et Jesse eisenberg. 1 h 49. Sortie mercredi Un film d’animation pour adultes épique qui mêle fiction et réalité Cafard iiif De Jan Bultheel, avec Benoît Magimel, Jean-Hugues Anglade, Julie Gayet. 1 h 26. Sortie mercredi. BAptiSte tHion À l’origine du film, il y a une histoire vraie. Celle d’une odyssée sur fond de tragédie. Pendant la Première Guerre mondiale, les engagés volontaires du régiment d’élite belge ACM (Autos-CanonsMitrailleuses) n’affrontèrent pas seulement l’ennemi. Ils assistèrent à la révolution russe, traversèrent la Sibérie, puis rallièrent les ÉtatsUnis en bateau avant d’enfin rentrer chez eux. Une épopée que le réalisateur Jan Bultheel a découvert dans l’ouvrage Voyageurs de la Grande Guerre, d’August Thiry et Dirk Van Cleemput. Elle lui a inspiré Cafard, son premier long métrage : l’aventure, fictive cette fois, du lutteur Jean Mordant. Elle débute en 1914, à Buenos Aires, où l’athlète savoure son titre de champion du monde fraîchement acquis. Un bonheur de courte durée : il apprend bientôt qu’à Ostende, en Belgique, sa fille a été violée par des soldats allemands. Fou de rage, il rejoint le bataillon ACM avec son entraîneur et son neveu pour se venger. La traversée du pays va se révéler épique. Prod mon film. Nous étions en train de dîner quand Jean a vu les nouvelles sur son téléphone. J’ai cru à une plaisanterie de très mauvais goût. Notre époque est plongée dans la confusion. On ne sait même plus à qui on fait la guerre, où se situe l’ennemi, on ne l’a pas cerné, on lui donne des noms abstraits comme Daech. D’habitude, des soldats se battent contre d’autres soldats. Là, ce sont les idées qui s’affrontent et en plus elles ne sont pas claires. L’univers a donné un coup d’accélérateur dans tous les domaines, de l’écologie à la communication. Les SMS et les e-mails, des armes de lâches, tuent le contact humain. Notre société est devenue très susceptible, dépourvue d’humour. On ne peut plus parler des Juifs et des Arabes, de la gauche et de la droite, sans se mettre en colère. La crise, globale, va être longue et faire beaucoup de dégâts. Je reste optimiste. Derrière les plus grandes catastrophes il y a eu des progrès majeurs. Un graphisme très BD À l’instar du dernier Tintin ou d’Avatar, Cafard a été tourné en motion capture, technique qui permet de restituer les émotions des acteurs en enregistrant leurs mouvements et expressions. Benoît Magimel, Jean-Hugues Anglade et Julie Gayet n’ont donc pas seulement prêté leurs voix aux personnages, ils les ont incarnés. Mais le style graphique qui habille le film est bien éloigné de celui d’un Spielberg ou d’un Cameron. Les références du réalisateur belge sont plutôt Muñoz & Sampayo, Tardi ou Hugo Pratt, maîtres de la BD pour adultes. Le résultat : un mélange de réalisme et d’abstrait, de fluidité et d’imperfections qui peut dérouter de prime abord, avant d’hypnotiser par les aplats de couleur et les formes improbables qui rehaussent le romanesque du récit. Celui d’un héros ordinaire, témoin et acteur d’un monde en pleine mutation, dont les idéaux sont mis à mal par la guerre et l’absurdité des hommes. « De Borges, j’ai appris à raconter la vérité comme si c’était un mensonge », disait Hugo Pratt. Avec Cafard, Jan Bultheel perpétue la tradition tout en innovant. g De quoi nourrir un prochain long métrage ? La Treize Intime Conviction, douze sketches de dix minutes qui n’ont rien à voir les uns avec les autres et qui se retrouvent tous dans l’épilogue qui donne la solution de l’énigme. Je m’interroge sur ce qui reste en chacun de nous après avoir écouté tous les discours. Dans une cour de justice, malgré les preuves, doit-on se fier à son instinct ? g Benoît Magimel, Jean-Hugues Anglade et Julie Gayet prêtent leurs voix aux personnages de « Cafard ». Prod Peu de temps après avoir renoncé à son métier de reporter de guerre, Isabelle meurt dans un accident de voiture. La célèbre photographe, qui a parcouru le monde, laisse un mari et deux fils inconsolables. Trois ans plus tard, ils tentent toujours de se reconstruire. Une galerie consacre une grande exposition au travail d’Isabelle… Sept mois après L’Épreuve, de son compatriote Erik Poppe, avec Juliette Binoche, qui abordait à peu près le même sujet, Joachim Trier s’interroge sur l’explosion de la cellule familiale lorsqu’un de ses membres est soumis à une passion, et en l’occurrence Isabelle Huppert et Gabriel Byrne. Prod à une vocation aussi dangereuse que couvrir les zones de conflit. Ironie du sort, Isabelle ne disparaît pas sur le terrain, mais de retour à la maison, où elle ne se sentait visiblement pas à sa place. Le réalisateur norvégien parle avec délicatesse des dommages collatéraux de l’absence, du travail du deuil, de la communication difficile entre un père (Gabriel Byrne, très digne) et ses enfants, avec lesquels il cherche à se réconcilier. En fantôme du passé, Isabelle Huppert est magnétique. Dommage que ce drame manque à ce point d’émotion. S.B. 42 | culture | cinéma JDD | 6 décembre 2015 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Des Américains à Marrakech Sous haute surveillance policière, le Festival de cinéma marocain fait le plein d’invités avec Francis Ford Coppola, président du jury, sa fille Sofia, et l’hommage à Bill Murray En sallEs mErcrEdi Au cœur de l’océan ifff De Ron Howard. 2 h. Danielle aTTali Vendredi, lors de la cérémonie d’ouverture de sa quinzième édition, le festival marocain a honoré Bill Murray pour sa carrière, en présence du président du jury Francis Ford Coppola, sous le regard amusé de sa fille Sofia. @danielleattali « Un acte de foi politique et culturel. » C’est ainsi que Daniel Toscan du Plantier le considérait. Ces mots résonnent toujours avec une acuité particulière, presque un mois après les attentats de Paris. Le Festival de Marrakech a bien ouvert ses portes vendredi soir sous haute surveillance, à peine deux semaines après celui de Carthage en Tunisie. « Il y a toujours eu beaucoup de sécurité à Marrakech, et plus encore cette fois, explique Mélita Toscan du Plantier, directrice de la manifestation depuis la disparition de son mari, Daniel, en 2003. C’est normal. La sécurité est primordiale. Des procédures ont été mises en place. Pour autant, il faut que le festival, ouvert au public, reste fluide et accessible. » L’événement cinématographique le plus important de l’Afrique Vendredi soir donc, l’ambiance était plutôt sereine, les personnalités nombreuses, dont Francis Youssef Boudlal/ reuters Ford Coppola, président du jury, entouré de son équipe dont Naomi Kawase, Sergio Castellitto, JeanPierre Jeunet et Sami Bouajila. « J’ai appelé chaque membre du jury un par un pour les rassurer, explique-t-elle. Beaucoup de gens nous ont téléphoné. Mais il y a eu très peu de désistements, environ 5 pour 400 invités. Le roi du Maroc, qui prône un islam modéré, tient énormément à ce festival, qui ac- UnE cEntainE dE films En UnE sEmainE c’Est lE film dE de Barry Levinson Rock The Kasbah (ne pas confondre avec deux autres films avec le même titre, sortis en 2012 et 2013) qui a ouvert vendredi soir les festivités, et dans lequel joue Bill Murray. L’occasion de lui rendre hommage par la voix de Sofia Coppola, avec qui il a tourné Lost in Translation. Pour Bruno Barde, coorganisateur et sélectionneur de la manifestation depuis onze ans : « On est là pour affirmer la culture face à des terroristes qui n’en veulent pas. Aujourd’hui, l’important est de présenter des films qu’on aime, venus du monde entier, dont le Maroc. Mais la géographie passe après la qualité. » Une centaine de longs métrages seront donc projetés cette semaine, et parmi les 15 en compétition, sept sont des premiers films. Le pays invité, le Canada, a débarqué, fort d’une délégation présidée par le cinéaste Atom Egoyan, dont le remarquable Remember sortira le 24 février en France. Du 4 au 12 décembre : festivalmarrakech.info cueille toutes les nationalités, toutes les cultures. » La chance, cette fois, est sans doute d’avoir eu affaire à Francis Ford Coppola. « Après les attentats, il est resté droit dans ses bottes, poursuit Mélita. Nous nous sommes appelés et il m’a déclaré : “Tant que vous me dites qu’il n’y a pas de danger, je n’ai aucune raison d’annuler. Non seulement, je vais venir, mais en plus avec ma fille Sofia, qui veut absolument être là pour rendre hommage à Bill Murray.” Du coup, il a rassuré tout le monde. Les autres jurés se sont dit : “Si lui qui est américain n’a pas peur, nous non plus.” Quant à moi, je suis fière de défendre cet événement cinématographique, qui est le plus important de toute l’Afrique. Il était impensable d’annuler. On n’y a même pas pensé. » Il faut dire que la manifestation a affûté sa résistance puisqu’elle est née quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001. « Défendre des valeurs universelles » « Je me souviens à l’époque de l’horreur et de la sidération qui nous avaient submergés pendant 48 heures, explique la directrice. On ne savait pas quoi faire, quoi dire. Les événements internationaux étaient bien plus importants que notre festival, sur lequel on avait travaillé pendant un an. » Cette année-là, Marrakech enregistre une vague d’annulations sans précédent. Tous les Américains, en état de choc, se désistent. Mais le roi décide de le maintenir. « Sa décision d’alors nous a fascinés par ce qu’elle montrait de sa volonté politique, et agréablement surpris car nous n’étions plus sûrs de rien. Nous avons alors activé tous nos réseaux, téléphoné aux cinéastes, acteurs, actrices jour et nuit. Jeremy Irons est venu, mais aussi Omar Sharif, Youssef Chahine, Claude Lelouch, Charlotte Rampling… Ça a été un moment de très forte solidarité entre les participants. On voulait montrer qu’en terre musulmane, toutes les nationalités se retrouvaient pour parler de cinéma et défendre des valeurs universelles. » Pour preuve, en 2003, elle reprend le flambeau à la tête du festival : « J’étais une femme, une Française, je n’avais que 34 ans. Les Marocains m’ont fait confiance. C’était de leur part un message très fort. » g Thomas Nickerson, dernier rescapé du baleinier Essex, raconte à l’écrivain Herman Melville la tragédie vécue en 1820 par tout l’équipage, obligé d’abandonner le navire coulé par un énorme cachalot et poursuivi à travers toutes les mers par la bête. Ron Howard revisite l’histoire qui a inspiré Moby Dick sans parvenir à nous faire chavirer d’émotion, hésitant entre le spectaculaire et le film de survie. Les flash-back n’arrangent pas les choses. Et puis le sort réservé aux pauvres cétacés à l’époque est tellement horrible qu’on est immédiatement du côté de Moby Dick ! B.T. Belle et Sébastien : l’aventure continue iiff De Christian Duguay. 1 h 37. Sébastien a 10 ans désormais, et l’affection qu’il voue à Belle, son amie à poils blancs, demeure indéfectible. La Seconde Guerre mondiale terminée, Angelina, sa cousine, rentre au village, mais son avion se crashe. Tous sont convaincus du décès de la jeune femme, sauf le garçon et son grand-père, César (Tchéky Karyo, parfait en montagnard bourru). La recette est rodée : un héros intrépide, de nombreuses péripéties, beaucoup de naïveté et une pincée d’humour. La montagne, trop sublimée, donne parfois l’impression d’un décor factice. Reste un conte à l’intrigue un peu convenue mais charmant, qui séduira les plus jeunes. Bap.T. Vue sur mer ifff De et avec angelina Jolie. 2 h. Un couple d’Américains passe ses vacances dans une ville balnéaire du sud de la France. Tandis que lui tente de trouver l’inspiration pour son prochain roman au bistrot du coin, elle s’ennuie dans sa chambre d’hôtel. Jusqu’au moment où elle découvre un trou dans le mur qui lui permet d’assister aux ébats du jeune couple de la chambre voisine. Dix ans après leur rencontre sur le tournage de Mr & Mrs Smith, Angelina Jolie et Brad Pitt s’amusent à jouer les voyeurs libidineux dans ce drame conjugal faussement sulfureux, qui lorgne du côté de l’ambiance délétère d’un film de Bergman mais ne raconte rien d’intéressant. B.T. jdd | 6 décembre 2015 cinéma | musique | culture | 43 en salles mercredi Béliers iiff De Grímur Hakonarson. 1 h 33. Dans une vallée oubliée d’Islande, deux frères ne se parlent plus. Ils sont pourtant voisins et liés par la même activité, l’élevage de moutons, soudain menacé par une épidémie de tremblante… Paysages magnifiques, colosses barbus, bêtes attendrissantes : avec ses ingrédients inattendus, ce drame rural ne crée vraiment la surprise que sur sa toute fin. Mais le dépaysement est garanti. Al.C. Comment c’est loin iiff De et avec Orelsan et Gringe. 1 h 30. FANNY LAToUr LAMBErT La révélation Feu ! Chatterton Rabibochant slam et électro, ironie et poésie, le jeune combo rock parisien fait sensation sur scène et sur disque AlExiS CAMpiOn Orelsan et son compère Gringe. Prod À Caen, Aurélien et Gringe vivotent entre glande intensive et rap. En panne d’inspiration, le duo n’a plus enregistré un seul morceau depuis cinq ans. Jusqu’au jour où leur producteur lance un ultimatum : ils ont 24 heures pour écrire un tube, ou il leur coupe les vivres. Le rappeur Orelsan adapte dans ce premier long métrage son excellent et drolatique album concept enregistré avec son complice Gringe (Casseur Flowters). Si l’humour est toujours présent, il se fait plus feutré pour laisser place à une chronique douce-amère sur une jeunesse coincée entre immaturité chronique et difficulté à assumer ses ambitions artistiques comme ses rêves de gloire. Touchant, malgré quelques maladresses. E.M. Suburra ifff De Stefano Sollima. 2 h 15. Elio Germano. Prod À Suburra, quartier mal famé de Rome, le monde de la nuit, le pouvoir politique, la mafia et l’Église s’entrecroisent de façon incestueuse sur fond de projet immobilier. Déjà réalisateur des séries Gomorra et Romanzo Criminale, Stefano Sollima signe une saga criminelle noire et austère, où la violence et la corruption avancent masquées. Malheureusement, on s’y perd un peu et la mise en scène manque d’ambition. B.T. Leurs influences communes vont de Radiohead à Léo Ferré en passant par Led Zeppelin, le slam et le jazz. Leur formule, elle, est résolument unique, affranchie de tout cliché rock ou pop. Elle se cristallise autour du personnage d’Arthur Teboul, auteur chanteur des textes ensorceleurs et accidentés d’Ici le jour (a tout enseveli), leur premier album tout juste paru chez Barclay. Ledit disque, enregistré dans les conditions du live sur une console ayant servi à David Bowie dans un studio de Göteborg, en Suède, baigne dans une ambiance rétrofuturiste. À lui seul, il rassemble une douzaine de chansons oscillant librement du rock tarabusté à la poésie précieuse, évoquant en vrac le lamentable naufrage du Concordia en Italie, début 2012, une Ophélie trucidée, des amoureux suicidés, un Boeing d’une grande majesté, DSK et le triple A, mais encore les rives de Léthé chères à Baudelaire, des « ecstas merdiques » ou… une coloquinte au fond d’un bocal. Le résultat est joyeusement foisonnant, un poil désenchanté mais plutôt énergisant. Et surtout intrépide et disert, à l’image du jeune Arthur Teboul. Avec Éric Reinhardt au Festival d’Avignon Moustache fine, œil polisson et voix éraillée, l’apprenti rocker assume ses airs de dandy Belle Époque, dont il joue avec humour, conciliant avec naturel éloquence et sauvagerie. « L’élan très pur de l’adolescence, on a ça en nous mais après, on en connaît les limites. Alors il faut passer de la nécessité d’idéaliser cette impulsion à celle de s’en moquer, en somme passer du premier degré à l’ironie, du grave au léger. » Il raconte s’être trouvé poète sur les bancs du lycée, au moment où il est devenu l’ami de Clément et Sébastien, les deux guitaristes compositeurs de ce qui deviendra leur groupe, « notre forteresse », plus tard rejoints par Raphaël le percussionniste, et Antoine le bassiste. « J’arrivais d’un collège du 20e arrondissement dans un prestigieux lycée du 6e, où je devais m’accrocher, Louis-Le-Grand. J’aimais le français et le mystère dans l’écriture. » Il se souvient d’une nouvelle de Vercors à laquelle il n’avait « rien pigé », mais qui eut le don d’éveiller sa curiosité. Sébastien, lui, se rappelle avoir savouré les premières stances de son impétueux copain en cours. « Il me chuchotait ses trucs d’érotisme et de mort. On se sentait subversifs, ça nous faisait marrer. » Diplômés de haut vol dix ans après – l’un en commerce, l’autre en physique –, les compères restent plus que jamais liés et engagés dans leur projet musical. « Mes études de commerce m’ont servi à savoir ce que je voulais éviter, et donc à précipiter les choses pour faire exister le groupe », dit Arthur. Le choix fut moins conflictuel pour Sébastien : « La rigueur et la pensée exigées par la physique m’ont sans doute aidé à me rapprocher de la musique. » Une semaine au Bataclan En 2011, Feu ! Chatterton se lance et trouve son drôle de nom au détour d’une expo, tombant par hasard face à un fameux tableau préraphaélite anglais, La Mort de Chatterton. Le parangon du poète maudit, un jeune rouquin androgyne tout juste suicidé, semble y dormir. On y sent comme une odeur du poison, et des émanations romantiques liant Alfred de Vigny, Gainsbourg et Bashung, qui tous ont chanté Chatterton. Dès les premiers concerts, fort des morceaux d’emblée cultes tels Bic Medium, La Mort dans la pinède et Harlem, leur réputation est sur des rails. Elle les mène vite au Bataclan, où ils jouent une semaine en première partie de Fauve, mais aussi au Festival d’Avignon, où ils créent un « concert littéraire » autour du roman L’Amour et les Forêts, d’Éric Reinhardt et en sa présence au micro. Une expérimentation qu’ils aimeraient répéter. À condition qu’Arthur fasse attention à sa voix : « Je me suis découvert un kyste sur une corde vocale en août, en pleine répétition. On est inquiets mais l’opérer exige trois mois d’arrêt. Alors on n’a rien fait pour l’instant. » Si dangereux soit-il, le succès n’attend pas. g Ici le jour (a tout enseveli) iiii. CD, Barclay, 13,99 €. Actuellement en tournée française et une fois par mois à paris, au Trianon, 80 bd de Rochechouart (75018), les 11 décembre, 27 janvier, 17 février, 7 mars, 4 avril, 11 mai. 22 € la place. Rens. : 01 44 92 78 00. 44 | culture | art JDD | 6 décembre 2015 La revanche de l’art contemporain africain Coffrets DVD, Blu-ray, CD… Plein Oubliés à la Fiac mais présents à Venise, les artistes contemporains africains ont le vent en poupe et font parler d’eux, notamment à la fondation Cartier avec l’exposition « Beauté Congo » Marie-anne KleiBer @Makleiber Tôt ou tard, le monde changera. C’est le titre d’un grand tableau de Monsengo Shula, exposé à la fondation Cartier, à Paris. Le peintre congolais a réalisé une métaphore « de l’Afrique qui va émerger, peutêtre pas tout de suite, mais elle va émerger ». Le peintre congolais fait partie des artistes kinois présentés à la fondation, dans la très jubilatoire exposition « Beauté Congo » (19262015). L’événement a attiré plus de 110.000 visiteurs depuis cet été. En raison de son succès, il a été prolongé de deux mois. « Ce monument historique, esthétique et politique », selon le commissaire d’exposition, le galeriste et expert André Magnin, devrait marquer les esprits, comme l’ont fait « Les Magiciens de la Terre » au Centre Pompidou, en 1989, le sculpteur Ousmane Sow sur le pont des Arts en 1999, ou en 2005 à Beaubourg, « Africa Remix ». Qualité et diversité de la production artistique « Beauté Congo » ? Le signe d’une plus grande visibilité et reconnaissance de la vitalité de l’art contemporain africain, pas du tout représenté à la dernière Fiac mais bien présent à la Biennale de Venise. Cet été, une trentaine d’artistes venus du conti- « Ata Ndele Mokili Ekobaluka » (Tôt ou tard le monde changera), du peintre congolais Monsengo Shula. Florian KleineFenn nent africain (sur 136 créateurs) étaient invités. Sur la lagune également, le Ghanéen El Anatsui, qui vit depuis des décennies au Nigeria, a reçu un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière. Ce tisseur-recycleur de 73 ans crée de grandes tapisseries miroitantes à base de capsules aplaties. Il est devenu l’artiste africain le « plus cher » au monde, depuis la vente en mai 2014 chez Sotheby’s d’une de ces tentures ondoyantes pour 1,2 million d’euros. La très influente foire de Bâle n’est pas en reste : en juin, le Béninois Georges Adéagbo présentait un solo-show (une exposition personnelle) de ces constellations arborescentes d’objets trouvés dans la rue. Enfin, à Paris, le grand photographe-portraitiste malien Seydou Keita (1921-2001) sera à l’honneur au Grand Palais en mars 2016. « Une exposition comme “Beauté Congo” génère de l’attention, et at- tise même des convoitises de la part de nouveaux acheteurs », explique André Magnin, qui a commencé à s’intéresser à ce continent, et à Kinshasa, en particulier, il y a plus de trente ans, lorsqu’il a conseillé l’homme d’affaires Jean Pigozzi, devenu depuis l’un des plus grands collectionneurs d’art africain. « Depuis cinq ans, poursuit ce spécialiste, il y a un engouement. Ce qui manque cruellement, ce sont des foires dédiées, où l’on apprend à reconnaître des noms. Dans une grand-messe comme Bâle, les artistes émergents disparaissent dans la masse. Or il faut du temps pour regarder une œuvre, l’argent ne suffit pas. » Depuis 2013, en même temps que la Frieze de Londres, se tient 1:54, une foire d’art contemporain africain, lancée par Touria El Glaoui, qui avait calculé que « dans la Frieze, 0,05 % des artistes exposés venaient du continent ». « Une aberration lorsqu’on connaît la qualité et la diversité de la production artistique en Afrique, où des scènes artistiques se développent de façon enthousiasmante comme au Nigeria ou au Maroc », juge-t-elle. 1 : 54 se tient depuis cette année également à New York. Les artistes se font connaître via les réseaux sociaux À Paris, un événement de la même ambition, « AKAA » (Also Known as Africa), annulé à la suite des attentats du 13 novembre, est reporté d’un an. En 2014, une vente d’art contemporain africain s’est tenue chez Piasa, avec un succès mitigé (60 % des lots vendus). Pour l’écrivain, cofondateur de la Revue noire et curateur notamment d’« Africa Remix », Simon Njami, il n’y a pas « d’évolution soutenue en France ». « Des moments de grande visibilité, comme en ce moment, puis le désert pendant des années. Pour que la tendance soit à long terme, il faudrait qu’elle s’inscrive dans une quotidienneté véhiculée par les critiques, les musées et les galeries (sur ce point, cela commence). » La collectionneuse Gervanne Leridon, à l’origine de l’exposition « Lumières d’Afrique », qui s’est tenue à Chaillot jusqu’à fin novembre *, estime que « la première reconnaissance de l’art contemporain du continent viendra des collectionneurs africains, et ils ont commencé à jouer un rôle. Les artistes, de leur côté, utilisent les nouveaux médias et se font connaître grâce à Facebook et aux réseaux sociaux. » Et la jeune femme, qui vit entre Paris et l’Afrique du Sud, d’ajouter : « Il est plus que temps que l’on s’intéresse au gigantisme culturel de l’Afrique, à l’art, mais aussi à la mode et à Nollywood, le cinéma produit au Nigeria ! Tout cela est en train d’exploser. » g Beauté Congo, fondation Cartier, Paris. Jusqu’au 10 janvier. rens. : fondation.cartier.com * Une partie des œuvres est actuellement exposée dans le salon eurostar, à la gare du nord, Paris (75010). CinÉMa Xavier Dolan Coffret, 5 DVD, TF1 Vidéo, 32,44 € Il est l’un des réalisateurs les plus doués de la nouvelle génération. Depuis sept ans et en cinq films, le Canadien Xavier Dolan, 27 ans, invente un cinéma à fleur d’émotion aux sujets ambitieux et à la mise en scène inventive et audacieuse. Les frères Coen Coffret, 7 DVD, StudioCanal, 34,99 € Une sélection qui montre le talent caméléon de ces deux frères touche-à-tout. Ils revisitent le polar avec leur premier film, Blood Simple ; se font les spécialistes de la comédie loufoque avec The Big Lebowski et Burn After Reading ; explorent les affres existentielles avec Barton Fink et A Serious Mind ; se prennent pour Frank Capra avec Intolérable Cruauté, et s’essaient même au film musical avec Inside Llewyn Davis. Jane Campion Coffret, 12 DVD, TF1 Vidéo, 119,99 € Elle méritait bien ça ! En plus de vingt-cinq ans, elle s’est imposée comme l’une des cinéastes les plus audacieuses. Faisant jouer du piano à Holly Hunter sur la plage dans La Leçon de piano ; transformant Nicole Kidman en aristocrate dans Portrait de femme ; tâtant de la perversion dans In the Cut et s’essayant avec brio à la série télé avec Top of the Lake. Tous ses courts en bonus. Andreï Zviaguintsev Coffret, 4 DVD, Pyramide Vidéo, 40 € Avec Le Retour (2003, Lion d’or à Venise), Le Bannissement (2007, prix d’interprétation masculine à Cannes), Elena (2011, prix Un certain regard) et Léviathan (2015, prix du scénario à Cannes), Andreï Zviaguintsev a illuminé le cinéma russe des années 2000. Ces quatre films essentiels, ici présentés avec des entretiens et des making-of, constituent déjà une œuvre de référence, profondément lucide et actuelle. Belmondo par Belmondo Coffret, 10 DVD, StudioCanal, 69,99 € On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! C’est donc notre Bébel national qui a choisi les dix films, à ses yeux, emblématiques de sa carrière, d’À bout de souffle à Itinéraire d’un enfant gâté, en passant par Un singe en hiver, L’Homme de Rio et L’As des as. Il confie ses souvenirs de tournage dans un livret illustré de 16 pages. Charlie Chaplin Coffret, 18 DVD, TF1 Vidéo, 99,90 € Les 11 longs métrages du réalisateur anglais réunis pour la première fois dans un coffret ! Enrichis de quinze heures d’archives rares, de scènes coupées et d’un documentaire retraçant la vie et le travail du cinéaste. Lumière ! Coffret, France Télévisions, 19,99 € Cent quatorze films restaurés des frères Lumière racontent la naissance du cinéma. Un bonheur absolu pour cinéphiles. Interviews, inédits, documents rares. Les commentaires de Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux accompagnent cet ensemble exceptionnel. cadeaux | culture | 45 jdd | 6 décembre 2015 Les Revenants Notre sélection à mettre sous le sapin les hottes ! Coffret, 6 DVD, StudioCanal, 39,99 € Une sélection du service culture L’une des meilleures séries françaises. Plongez dans l’atmosphère glauque et addictive de ce village où les morts affrontent les vivants et tentent de retrouver leur place dans la communauté. Game of Thrones Coffret, 16 DVD, Warner Video, 79,99 € L’occasion de retrouver la série dans son intégralité et de saisir tous les enjeux politiques et de pouvoir qui agitent les multiples personnages de cette saga d’heroic fantasy. Sherlock Coffret, 6 DVD, France Télévisions, 29,99 € Pour le jeu tout en finesse de Benedict Cumberbatch, qui a su moderniser le détective créé par Arthur Conan Doyle, et ses rapports un brin tordus avec Watson. MUSIQUE Arthur H - Mouvement perpétuel Polydor, 18 CD, 69,99 € Jacques Graf pour le JDD Sacré Graal Coffret Blu-ray, édition limitée, Sony, 49,99 € Il y a quarante ans, ils faisaient exploser de rire la planète en revisitant les aventures des Chevaliers de la Table ronde. Pour fêter l’événement, les Monty Python ont ajouté quelques bonus hilarants au DVD : une session inédite de questions-réponses, un bêtisier en version longue, un petit film éducatif restauré, Que faire de vos noix de coco, une catapulte et des animaux de la ferme en caoutchouc pour rejouer l’inoubliable attaque du château fort. Le Corniaud Édition limitée, StudioCanal, 89,99 € Depuis cinquante ans, la scène de l’accident entre Bourvil et Louis de Funès amuse des générations de spectateurs. Un tel anniversaire méritait bien une version restaurée du film de Gérard Oury et un documentaire inédit de Dominique Maillet sur le tournage. Le tout réuni dans un coffret exceptionnel comprenant en plus un scénario original annoté par le réalisateur, une lettre que François Truffaut lui avait adressée et une sélection d’articles de presse assemblés par sa maman. Amy Coffret collector, TF1 Vidéo, 29,99 € Un bel hommage à la « diva de la soul » avec ce documentaire riche en archives inédites et présentant des films de famille jamais vus. En bonus : Amy Winehouse en studio interprétant trois titres en version acoustique, un tee-shirt exclusif et un livret de 36 pages. Sorcerer Édition ultime Blu-ray, Wild Side Video/ La Rabbia, 39,99 €. Après sa ressortie en salles en juillet, le chef-d’œuvre de William Friedkin fait l’objet d’un magnifique coffret comportant la reproduction du scénario original annoté par le réalisateur américain et un livret retraçant le tournage apocalyptique. Côté bonus, sa conversation avec un de ses plus fidèles disciples, Nicolas Winding Refn. POUR LES PETITS Shaun le mouton, le film Coffret collector, StudioCanal, 19,99 € Après Wallace & Gromit et les poulets de Chicken Run, les studios Aardman nous embarquent dans les aventures de Shaun, un petit mouton débrouillard, qui, avec ses compagnons de la ferme, se retrouve pourchassé par un agent de la fourrière. Le making-of du film et la figurine dotée d’une tête à ressort feront rigoler sous le sapin. Le Petit Prince - Voyage vers les étoiles Ludonaute, 28 € Pour retrouver l’intemporelle aventure du héros d’Antoine de Saint-Exupéry, découvrez le long métrage d’animation de Mark Osborne, qui revisite avec poésie les péripéties du garçonnet de l’astéroïde B612 (Paramount, 19,99 €), relisez le roman illustré par les images du film (Le Petit Prince raconté aux enfants, Gallimard Jeunesse, 8,90 €) et envolez-vous à la rencontre du héros avec un jeu de parcours où l’aviateur le plus malin l’emportera ! Le Roman de Renart INA, 19,99 € L’INA a eu la bonne idée de rééditer le magnifique Roman de Renart réalisé par Richard Rein en 1974. En 18 épisodes de cinq minutes, il figure à travers de belles marionnettes filmées en stop motion (image après image) les aventures de maître Renart et ses multiples ruses face à son terrible ennemi, le loup Ysengrin. Une série culte avec Maxime Le Forestier au générique et un duo de voix mythiques : celle grinçante et enveloppée d’Henri Virlogeux pour le Goupil et celle caverneuse et claudélienne d’Alain Cuny. Tex Avery Coffret, 5 DVD, Warner, 33 € L’intégralité des cartoons réalisés par le créateur de Droopy entre 1942 et 1955. Avec, en bonus, des dessins originaux, un documentaire et un livret expliquant le travail de l’artiste. Trotro Coffret, 4 DVD, 19,99 € Les aventures du petit âne gris qui ne manque pas une occasion de faire des bêtises avec ses meilleurs amis Lili et Boubou. L’ours Paddington Coffret, 3 DVD, StudioCanal, 19,99 € L’intégrale de la série anglaise avec ses personnages en papier et son héros à poils qui ne se sépare jamais de son manteau bleu et de son chapeau noir. Sans oublier le film à succès sorti l’an dernier. SÉRIES Downton Abbey Coffret, 40 DVD, Universal, 69,99 € Dans quelques semaines, le manoir des Crawley aura définitivement fermé ses portes, la sixième et ultime saison s’achevant samedi prochain sur TMC. Il n’est pas trop tard pour découvrir l’univers délicieusement suranné de l’aristocratie des années 1920 et les intrigues entre domestiques de cette série anglaise élégante. En plus d’une intégrale de 11 albums studio et 4 live, ce coffret comporte 3 CD inédits : Surprises, Retrouvailles et Transformations. Pour les amateurs de la poésie rauque d’Arthur H. On y trouve un livret de 48 pages avec des textes de Brigitte Fontaine et Jean Fauque, mais surtout les notes du compositeur sur la quarantaine d’inédits qu’il dévoile ici. Au cœur de Téléphone Coffret, 10 CD, Parlophone, 84 € Un coffret réunissant 10 CD publiés entre 1977 et 1984, soit l’intégrale du groupe. Avec en bonus deux live, trois volumes d’inédits et des raretés exhumées des archives du groupe. Un livret retrace l’épopée du quartet, reformé sans Corinne Marienneau sous le nom des Insus. g 46 | culture | lire Leurs guerres JDD | 6 décembre 2015 Joyce Carol Oates Owen Sheers Fred Kihn/adoc-photos ; patrice norMand/opale/leeMage Les deux romanciers s’interrogent sur les conflits internationaux en racontant l’histoire de familles confrontées à la disparition de leur enfant Marie-Laure DeLorMe D eux romans contemporains sur la guerre. La porosité des vies à l’heure de la mondialisation, les balles invisibles, la complexité morale des situations. Les styles respectifs sont à l’opposé. L’auteur de Blonde est dans le souffle, l’énergie, la folie alors que l’auteur de Résistance est dans la retenue, l’ellipse, la névrose. Le héros d’Owen Sheers est passepartout ; l’héroïne de Joyce Carol Oates est d’emblée bizarre. Mais la trajectoire de leurs personnages est similaire : ils fuient avant d’affronter. Joyce Carol Oates (née en 1938, dans l’État de New York) et Owen Sheers (né en 1974, aux îles Fidji) sont dans la fiction pure pour dire le réel. La Cressida Mayfield de Carthage et le Michael Turner de J’ai vu un homme sont des caractères troubles. Ils sont des observateurs à la fois proches et loin des autres. La violence et l’amour Dans le roman de Joyce Carol Oates, une enfant disparaît. Nous sommes durant l’été 2005. La fille cadette de l’ancien maire Zeno Mayfield s’est volatilisée dans la nuit. Les recherches battent leur plein pour retrouver Cressida Mayfield, 19 ans, disparue aux alentours de la ville de Carthage. « Tous les parents le savent : il y a des enfants faciles à aimer et des enfants qui réclament des efforts. » Elles sont deux sœurs. Cressida Mayfield, renfermée, laide, intelligente, demande des efforts alors que Juliet Mayfield, aimable, belle, normale, ne demande aucun effort. Le caporal Brett Kincaid, ancien fiancé de la jolie Juliet Mayfield, est le principal suspect. Il est un héros de retour de la guerre en Irak. Le 11-Septembre a déterminé son engagement. Il est revenu de la guerre, à 26 ans, brisé physiquement et moralement. Brett Kincaid a été retrouvé, dans un semi-coma éthylique, au volant de sa Jeep. Cressida Mayfield en était secrètement amoureuse. La violence et l’amour. Chacun des membres de la famille réagit, à sa manière, à la disparition de la fille mal-aimée. C’est la guerre qui a tué leur enfant Dans le roman d’Owen Sheers, une enfant disparaît. L’écrivain Michael Turner a vendu le cottage du pays de Galles, pour emménager à Londres, lorsque sa femme est morte à l’âge de 34 ans dans le cadre de son métier de reporter de guerre. Caroline Marshall a été tuée par un pilote de drone, alors qu’elle était en reportage au Pakistan. Les jeunes mariés avaient en commun un intérêt apparentes. Ses personnages sont pour la vie des autres. Explorer le rongés par le remords. Michael Turmonde et raconter une histoire : une ner se souvient à la fin des propos de vocation, un métier, une nécessité. son épouse sur la vérité : « Une histoire qu’on ne raconte pas demeurait Mais là où le mari trouvait qu’il fallait peser les conséquences de ses mots ; enfouie, invisible mais bien présente, l’épouse trouvait qu’il fallait ne s’intéimprégnant le sol autour. » resser qu’à la révélation de la vérité brute. À Londres, le veuf Michael Comment devient-on adulte ? Turner loue un appartement dans Les deux romanciers s’attachent un immeuble surplombant le parc de aux séismes psychologiques de la Hampstead. Il noue alors une solide guerre pour dire : il n’y a jamais amitié avec Josh et Samantha Nelde retour à la vie normale. Ils anason. Le couple habite une maison lysent les effets souterrains de la voisine de son appartement et a de guerre sur les amours, la famille, deux petites filles, Rachel et Lucy. les proches. La construction est Nous sommes durant l’été 2008. Le virtuose. Ça se diffracte à l’infini. couple Nelson explose quand Lucy Un feu de brousse : on introduit la est retrouvée morte à la suite d’une souffrance dans une vie qui, à son chute. Michael Turner était dans la tour, l’introduit dans d’autres vies. maison quand le drame a eu lieu, à La violence, les souvenirs, le déséla recherche d’un tournevis prêté. quilibre. La culpabilité d’y être allé, Il aimerait dire au couple ce qu’il ne la culpabilité de ne pas y être allé. peut pas dire : c’est la guerre qui a On peut avoir une lecture politique tué l’enfant. de ces deux romans sur les ravages Joyce Carol Oates visite les couinfinis et concrets des conflits interloirs de la mort de la prison de haute nationaux. Mais Carthage et J’ai vu sécurité d’Orion, fait le portrait d’une un homme sont, au final, des œuvres héroïne passionécartelées sur le née par les œuvres de renonceUn feU de broUsse : désir minimalistes de ment, d’expiation, M.C. Escher, suit on introdUit la d’anéantissement. une étrange sil- soUffrance dans Les personnages se sentent couhouette de retour pables et leur à Carthage sept Une vie qUi, à son véritable guerre ans après la dispa- toUr, l’introdUit rition. Son grand est là. Le journathème est là : la dans d’aUtres vies liste et écrivain Michael Turner fuite, la rupture, la fugue. Son héroïne se bat pour avoir s’interroge : est-ce qu’il y a vraiment une vie. « Elle n’avait pas d’existence deux manières pour un homme de propre. Depuis toute petite, c’était sa venir au monde, avoir des enfants et conviction. Elle était une surface réfléperdre ses parents ? Il va découvrir chissante, réfléchissant la perception qu’il y a bien d’autres manières de devenir un adulte, comme d’assuque les autres avaient d’elle, et leur mer la responsabilité de ses actes. amour pour elle. » Owen Sheers s’intéresse au dysfonctionnement Joyce Carol Oates et Owen Sheers du couple, donne un visage au comfont leur travail d’écrivain. Sous la peau, ailleurs, au-delà des limites, mandant Daniel McCullen coupable dans le cœur du trouble. Les deux d’avoir assassiné Caroline Marshall avec un missile Fire and Forget sur romanciers racontent une histoire. une montagne du Pakistan, mainDes hommes et des femmes se reconstruisent, autrement, à la suite tient le suspense jusqu’au bout. Sa d’une perte. g palette habituelle est là : le pays de Galles, les traumatismes cachés de la guerre, la question de la responCarthage, Joyce Carol Oates, sabilité. Les protagonistes de J’ai vu trad. Claude Seban, un homme sont écrivain, banquier, Philippe Rey, pilote de drone, journaliste. Le ro600 p., 24,50 €. mancier et poète britannique analyse J’ai vu un homme, Owen un monde déshumanisé où l’on peut Sheers, trad. Mathilde Bach, saccager la vie des autres derrière Rivages, 352 p., 21,50 €. un écran à l’abri des conséquences lire | culture | 47 jdd | 6 décembre 2015 Les herbes des dieux chardon, le lierre, le noyer, le rhododendron. La grenade est un roman à elle seule, le pin parasol Bernard Pivot une tragédie. Le coquelicot de l’académie Goncourt symbolise la mort du guerrier. Pourtant, en français, son nom ébé, Zeus pleure, crie, hurle rappelle le chant du coq. si fort que Cronos, son père, Explication : à Rome, un berger alerté, viendra le dévorer. poussait un cocorico chaque fois Comment l’apaiser et le rendre qu’un dieu possédait une nymphe silencieux ? L’une des nourrices dans la rivière. Agacé, Jupiter court sur le mont Ida pour y l’a transformé en coquelicot… cueillir de petits fruits délicieux. Pas de quinoa dans Le Jardin Ils se colorent de son sang quand des dieux. Normal, puisque c’est les ronces égratignent les aréoles une plante d’Amérique du Sud de ses seins. C’est ainsi que les précolombienne. Si le quinoa a framboises sont devenues rouges. nourri une mythologie, ce serait Zeus aime leur couleur et leur celle des Incas. Produit goût. Les framboises lui ont essentiellement par la Bolivie et sauvé la vie. le Pérou, il est l’une des quatre Les mythologies grecque grandes plantes alimentaires et romaine font une place du continent avec le maïs, les considérable aux plantes, aux haricots et les pommes de terre. arbres, aux fruits. À travers eux Seuls ces trois-là ont conquis le la nature est associée à la vie monde. Les grains de quinoa ne des dieux et des déesses quand faisaient pas le poids, si l’on peut elle n’en est pas l’alliée ou le dire, à côté des graines de riz. handicap. Laure de Chantal s’est On aurait donc pu croire à sa faite l’historienne du Jardin des disparition dieux. Excellente quand, « sorte idée car, hormis Deux livres d’Edmond Dantès Dionysos au pays des ou Bacchus pour apprenDre », il est et la vigne, on est comment associer céréales réapparu en bien en peine force sur le d’associer végétation et marché mondial. spontanément mythologie ainsi C’est pourquoi végétation et Jean-Philippe mythologie. que l’histoire Il y a des Du quinoa avec ses Derenne (L’Amateur de « plantes vertueuses », multiples recettes cuisine en 3 volumes) lui comme le bleuet, consacre un livre qui guérit les novateur et utile blessures des pour Tout savoir sur le quinoa. immortels ; l’oignon, « aliment Son histoire, sa composition, démocratique » des hommes et ses vertus. Son nouveau statut des dieux ; ou le pavot, qui de star de la cuisine mondiale. redonne à Déméter le sommeil Car c’est pour leurs qualités qui l’avait fuie depuis la mort de nutritionnelles que les grains sa fille. « En souvenir de ce seul minuscules du quinoa son moment de calme dans ses aujourd’hui tant appréciés. tourments, la déesse des céréales Protéines, lipides, glucides, […] accepte que le pavot pousse vitamines, acides aminés dans les champs avec les blés. » essentiels, oméga 3… Pas de Parmi les « plantes magiques », gluten. Ce vieux jeune homme l’ail, grâce auquel Ulysse peut latino-américain vient de repousser la séduction mortelle s’installer sur 1.000 hectares en de Circé ; et la truffe, d’origine Anjou et dans les pays de Loire. mystérieuse, donc divine, Mais comme il existe plus de puisqu’on ne lui connaissait ni 3.000 variétés de quinoa, il faut graine ni racine. Il y a aussi de bien choisir celle qui sera la magie dans le gui, la groseille, le mieux adaptée au terrain l’aubépine… et au climat. L’auteur en a planté Ah, l’amour ! Les plantes ne dans son jardin… sont pas toujours un gage de Encore faut-il que le quinoa félicité. L’héliotrope, par conquière la gastronomie exemple. La nymphe Clytie aime française. Jean-Philippe Hélios, le dieu du Soleil. Hélas ! Derenne s’y emploie en C’est un séducteur, un amant proposant 200 recettes de volage. Il l’abandonne. Elle soupes, salades, légumes farcis, dépérit. Pris de pitié, les dieux lui risottos, boulettes, viandes, donnent la forme d’un héliotrope. poissons, etc. Plus les « Devenue fleur, elle regarde préparations de quelques dieux toujours en direction de celui de la table, comme Alain qu’elle aime encore, le Soleil. » Ducasse, Akrame Benallal et Se rappeler, quand on mange Alain Passard. Le quinoa est un une laitue, que sous ses feuilles migrant auquel ce livre fournit – c’étaient des laitues papiers d’identité et carte géantes ? – Aphrodite cachait son étoilée. g amant Adonis pour le soustraire à la concupiscence de Perséphone, Calliope et Apollon. Le Jardin des dieux, Enfin, Laure de Chantal Laure de Chantal, préface a recensé, sur les quelque d’Alain Baraton, 80 plantes de son herbier Flammarion, 225 p., 35 €. mythologique magnifiquement Tout savoir sur le quinoa, illustré par Djohr, 18 plantes Jean-Philippe Derenne, dites « infernales ». On ne sera Fayard, 572 p., 24 €. pas surpris d’y trouver la ciguë, le B Beuriot et Richelle La fin d’un monde Le septième album de la série « Amours fragiles » suit le lieutenant Mahner, hostile au régime hitlérien JeAn-MAurice de MontreMy Début 1944, le lieutenant Martin Mahner, 33 ans, revient d’Ukraine, où il a été blessé. Affecté à des tâches administratives comme officier d’ordonnance, il ne se bat plus au front. Comme la plupart des soldats allemands, Mahner éprouve un soulagement – même s’il reste marqué par ce qu’il a vu et vécu làbas. Hostile au régime depuis ses années de lycée à Berlin, l’ancien étudiant en lettres rêve d’en finir… En finir avec la sale guerre qu’il sait perdue ; en finir avec le Führer ; en finir aussi avec le sentiment de compromission que beaucoup de militaires éprouvent : les doutes et la dissidence intérieure n’ont jamais ébranlé la discipline, y compris dans les combats les plus douteux. Aussi Mahner accepte-t-il d’entrer dans le complot contre Hitler dont son supérieur, le lieutenant-colonel Voigt est l’un des participants. En finir… se situe entre Berlin, à moitié en ruines, et les paysages du Brandebourg dans le magnifique domaine où vit la famille sélection JDD 5 Livres frAnçAis un amour impossible, Christine Angot, Flammarion. Prix Décembre La cache, Christophe Boltanski, Stock. Prix Femina ce cœur changeant, Agnès Desarthe, L’Olivier. Boussole, Mathias Énard, Actes Sud. Prix Goncourt Les Prépondérants, Hédi Kaddour, Gallimard. Prix de l’Académie française 5 Livres étrAngers L’imposteur, Javier Cercas, Actes Sud. L’intérêt de l’enfant, Ian McEwan, Gallimard. sable mouvant, fragments de ma vie, Henning Mankell, Seuil. en toute franchise, Richard Ford, L’Olivier. délivrances, Toni Morisson, Christian Bourgois. Hors Liste sauve qui peut la vie, Nicole Lapierre, Seuil. Prix Médicis Essai (Liste composée par : Anne-Julie Bémont, Marie-Laure Delorme, Nicolas Demorand, Laëtitia Favro, Alexandre Fillon, Ilana Moryoussef, Augustin Trapenard.) d’un camarade de Fredi, caractéristique de la haute bourgeoisie prussienne cultivée. Le père de Fredi, un ancien général, partage, lui aussi, l’état d’esprit des conjurés, mais pas tous les membres du clan. Lorsque l’opération Walkyrie échoue, Mahner doit fuir Berlin sous une fausse identité. Ce dernier bel été est aussi la fin d’un monde… D’un bout à l’autre de l’Europe en guerre Le septième album de la série « Amours fragiles » – dessins de Jean-Michel Beuriot et scénario de Philippe Richelle – confirme, s’il le fallait, la qualité visuelle et littéraire d’un cycle commencé en 2011 et dont les albums paraissent à des intervalles assez longs, témoignant du perfectionnisme des auteurs. En suivant Martin Mahner, le lecteur aura visité Berlin au temps de l’ascension de Hitler ; Paris à l’époque où de nombreux intellectuels allemands ont fui le nazisme ; la Côte d’Azur, où Mahner se voit affecté après l’invasion de la zone « libre » et l’Ukraine, où la vraie nature de la guerre se révèle. La justesse de la documentation historique et la finesse de l’analyse politique n’empêchent pas cette série d’être aussi, comme son titre l’indique, une grande et belle histoire d’amours : celles de Mahner, hanté par son amie Katarina, qui s’est réfugiée en France dès 1933 et qu’il y retrouve ; celles des autres personnages, garçons et filles devenus hommes et femmes dont les destins s’entrecroisent d’un bout à l’autre de l’Europe en guerre. À l’instar de Mahner, la narration prend son temps, méditative, reflétant la perplexité de ce héros introverti qui observe plus qu’il n’agit et dont les émotions maîtrisées, indignations ou chagrin, donnent à cette fresque des années noires, paradoxalement lumineuse, sa richesse et sa gravité. Le récit va et vient dans le temps. Cette structure très élaborée se confond au rythme du dessin et des couleurs qui visent toujours à l’essentiel et dont l’élégance soutient la force du propos. Même si En finir… comme chacun des albums, se suffit à lui-même, on voit mal comment le lecteur résisterait à l’envie de lire ou relire l’ensemble depuis le premier volume. g En finir… Jean-Michel Beuriot et Philippe Richelle, 56 p., Casterman, 13,95 €. 48 | personnalités JDD | 6 décembre 2015 Pierre Perret « Henri IV serait très populaire » Son texte « Ma France à moi », écrit dans la foulée des attentats du 13 novembre, en a fait une star de Facebook. Rencontre avec le chanteur de notre enfance, qui publie une anthologie espiègle des grands personnages de notre histoire INTERVIEW LUDOVIC PERRIN @LPJDD b FaCEbOOk Un journaliste m’avait posé la question : « C’est quoi, votre France ? » J’ai couché ces quelques lignes à la main et les ai données à ma secrétaire : « Voilà, on met ça sur Facebook. » Ça m’a pris un quart d’heure. J’étais loin de penser que ça intéresserait des millions de personnes. D’habitude, je postais des nouvelles de mon chien Philou, mon boxer, qui est né le même jour que moi, le 9 juillet, quand il bouffe mon gâteau d’anniversaire. Là, c’était un cri du cœur. Je voulais parler de ma France à moi, qui n’est pas celle qui est en train d’advenir. C’est la France des créateurs, des poètes, des surréalistes. b bOURRE-PIF J’avais 7 ans. C’est le premier coup de poing que j’ai donné, alors que je suis non-violent. Un gamin avait traité un copain de « sale macaroni ». Il avait dû entendre ça chez lui. Ma France est celle de l’intégration. Quand j’étais à l’école, il y avait des Italiens, des Espagnols, qui, tous, avaient fui le fascisme. On se retrouvait dans une configuration fraternelle. Je sais le poids des mots. C’est une force incontrôlable. Certains les manient n’importe comment et d’autres sciemment avec une mauvaise intention, surtout dans les partis extrémistes. Je ne conseillerais à personne pour qui voter, mais il faut faire gaffe avec certaines idées. Ça pourrait nous coûter très cher. J’ai eu peur pendant la guerre et j’ai de Pierre Perret, fin novembre, à l’hôtel San Régis, à Paris. Jérôme mArs Pour le JDD nouveau peur aujourd’hui. À mon âge, je n’ai pas envie de devoir faire mes valoches. b À La CLaIRE FONtaINE Les Animaux malades de la peste, c’est une fable qui illustre bien notre époque. Y a la peste, mais ce n’est pas moi. Personne n’est responsable. On pourrait aussi relire Molière (Tartuffe) ou bien 1984, Le Meilleur des mondes… Et puis Cent Ans de solitude, de Gabriel García Márquez. Il y a tout dedans : la guerre, l’amour, la saga… Tous les maux de la terre. Pour ma part, Lily me semble plus que jamais d’actualité, avec tous ces pauvres gens en transhumance qui meurent en cours de route, La bête est revenue ou bien Au nom de Dieu : « Depuis la nuit des temps / On s’étripe gaiement / Au nom de Dieu/On continue pourtant / En faisant toujours mieux / Il est jamais content. » b ROIS Et REINES J’ai fait le portrait des grands potentats qui nous ont gouvernés pendant dix siècles. Aucun ne serait allé se commettre sur les réseaux sociaux. C’était des intouchables, des dieux. Ils ne seraient pas allés chez Ruquier ou Bourdin. Mais ils avaient les mêmes travers que ceux d’aujourd’hui : ils étaient dépendants de leur bonne femme. Les trois quarts du temps, c’est elles qui tiraient les ficelles. De Clovis au dernier Napoléon, tous ont été menés braguette ouverte : « Suismoi, Pépère, tu m’écoutes. » Et ils écoutaient, même s’ils changeaient souvent de cap. Celle qui réussissait à détrôner la précédente reprenait les rênes du pouvoir. b UN ROI « LIké » De nos jours, incontestablement, Henri IV serait très populaire. C’était un fédérateur terrible qui a su avec intelligence tirer son épingle du jeu dans un tas de situations délicates. Il était débonnaire. Il aimait les femmes, le pouvoir, la bonne chère. Il était considéré, aimé. Il a fait des choses pour son pays. Il reste le mec le plus populaire de toute notre histoire, je crois. g Les Grandes Pointures de l’Histoire, Le Cherche-Midi, 384 p., 22 €. lejdd.fr Notre interview vidéo perso Vanessa Paradis pense à la retraite DANS LE DERNIER NUMÉRO de Vogue, l’interprète de Joe le taxi se livre longuement. Elle y évoque son amour pour ses parents, son amitié avec François-Marie Banier (« Quand j’ai le moral à zéro, ou si j’ai le sentiment de perdre pied dans mes capacités d’artiste, il me remonte le moral comme personne ») ; ses dents du bonheur, qu’elle a refusé de refaire justement parce qu’elles lui portaient chance ; le conseil que lui donna un jour Johnny (« Ne crois jamais à ta propre publicité, qu’elle soit bonne ou mauvaise ») ainsi que la paire d’escarpins, la robe que Marilyn portait le jour de son divorce et le petit mouchoir que la star hollywoodienne avait brodé adolescente pour sa mère, qui était en hôpital psychiatrique, et qui appartiennent désormais à sa plus fervente fan française. À 42 ans, l’ex-lolycéenne n’oublie pas non plus de faire le point sur l’amour et le boulot. L’amour : « J’apprécie aussi le cœur en jachère, les vacances de l’amour. Ça doit m’être supportable parce que j’ai ai été servie intensément. » Le boulot : « Je suis professionnellement en plein chantier. Pas en reconstruction parce que rien n’est détruit mais en plein chantier. J’ai besoin de partager des aventures avec d’autres artistes, de challenges […] Concrètement, je ne suis pas une Vanessa Paradis, cet été, lors de la présentation des collections haute couture de Chanel. Domine-Poree-Wyters/ABACA artiste qui écrit toutes ses chansons, je ne réalise pas de films, je dépends du talent et du désir des autres. Peut-être qu’on désire moins un artiste qu’on a sous les yeux depuis près de trente ans. C’est comme un vieux mariage. Seulement moi, je veux continuer à susciter le désir et à vibrer. Je sais que j’ai été pourrie gâtée et que j’ai eu la chance jusqu’ici de vibrer très fort. Je ne supporterais pas de vibrer moins fort. Je préférerais encore faire tout autre chose. D’un autre côté, même si je suis passionnée, je ne sais pas si je me vois sur scène, derrière un micro, à 60 ans. » Un peu tôt pour y songer, non ? L.P. téléVision | 49 jdd | 6 décembre 2015 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Ciné dimanChe Sélection de la semaine JÉsus et l’islaM Cette ambitieuse série documentaire de sept épisodes met en lumière les nombreuses passerelles qui relient l’islam et le christianisme. Fidèle à la veine sobre de leurs précédentes séries (Corpus Christi, L’Apocalypse), Gérard Mordillat et Jérôme Prieur remontent le fil d’une histoire religieuse complexe. Face caméra, théologiens, historiens et scientifiques révèlent les emprunts, influences, interprétations communes mais aussi les différences fondamentales entre les deux religions du Livre. Un document à la fois pointu et accessible, indispensable en ces temps de crispations religieuses. Richard Burton et Liz Taylor, qui ont tant défrayé la chronique, dans « Cléopâtre ». Flic ou voyou iiff Pour mettre fin aux crimes organisés à Nice, un policier aux méthodes de voyou (Belmondo) s’oppose à des flics ripoux. 20.55, W9. Flashdance iiff L’un des films cultes des années 1980. 20.45, Arte. Jésus et l’islam, mardi à 20.55, mercredi à 23.00, jeudi à 22.25, arte. SIlvER SCREEn CollECtIon/Hulton ARCHIvE/GEtty ImAGES Ils se sont tant aimés… Un documentaire foisonnant revient sur les destins et les amours croisés des stars du 7e art Éric Mandel Il est un peu le Monsieur Loyal des vedettes du cinéma et de la jet-set internationale des glorieuses années 1950 et 1960. Un peu comme Stéphane Bern incarne le chroniqueur des têtes couronnées souvent décapitées par les soubresauts de l’Histoire. Avec Destins secrets d’étoiles, Henry-Jean Servat livre un documentaire à la fois léger et plaisant à regarder, même s’il souffre parfois de certaines longueurs et d’un ton à l’emphase trop appuyée. Mais le journaliste nourrit une passion sincère pour ses étoiles toujours scintillantes dans l’inconscient collectif et l’imaginaire populaire. Durant presque deux heures, il raconte les destins croisés de rois volages et de princesses célibataires en quête de chevaliers, de comédiennes aussi glamour que talentueuses : Grace Kelly, Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor, Brigitte Bardot… Certaines ont démarré leur carrière ensemble, ont été complices, amies et rivales, se sont croisées dans les mêmes soirées et les studios de légende (de Cinecittà à la Fox). Elles ont aussi souvent aimé les mêmes hommes. Ava Gardner et Grace Kelly, les meilleures amies dans la vie, s’étaient amourachées de Clark Gable. Le milliardaire grec Onassis avait pour maîtresses la Calas et Ava Gardner. Grace Kelly aima Gary Cooper, lequel eut une aventure parisienne avec Gisèle Pascal, ex-amoureuse du prince Rainier… Amours et intrigues autour du Rocher La liste est longue de ces chassés-croisés amoureux. Elle donne parfois le tournis. S’il se délecte à conter les amours multiples et les intrigues de cœur, Servat alimente également son récit d’anecdotes sur l’époque, les petites manies de nos stars, ressuscite des figures oubliées du 7e art. Il exhume des images d’archives rares, comme celles du prince Rainier de Monaco filant le parfait amour, sans protocole ni paillettes, avec la fameuse Gisèle Pascal, jeune et pimpante comédienne qui avait deux défauts : elle était roturière et accusée par les autorités monégasques d’être « polonaise, juive et stérile ». Après des campagnes de dénigrement, le Rainier fut contraint de rompre. Il trouva finalement l’âme sœur grâce aux émissaires d’Aristote Onassis. Du glamour et de la cruauté Ce dernier, actionnaire principal de la Société des bains de mer de Monaco, savait tout le bénéfice que pourrait tirer la Principauté d’un mariage princier avec une star de cinéma. Le récit des prétendantes se révèle assez croustillant (Marilyn Monroe fut même approchée, mais elle était baptiste et non catholique). La suite est connue : Grace Kelly en quête d’un nouveau rôle allait devenir princesse et se faner peu à peu sous les ors des palais monégasques. Côté coulisses et petites intrigues, on découvre les rivalités à couteaux tirés entre Marilyn Monroe et Elizabeth Taylor. Ces deux-là se livrèrent une guerre sans merci pour décrocher le rôle principal dans Cléopâtre. Point commun, elles s’étaient toutes deux converties au judaïsme pour épouser respectivement Arthur Miller et le producteur Mike Todd. Cette chronique en noir et blanc d’un temps révolu, mais toujours aussi fascinant, nous entraîne dans une époque figée : chic, snob, superficielle, élégante à l’extrême et voluptueuse. En un mot, glamour. Cruelle aussi… Notamment quand Henry-Jean Servat relate cette sentence d’Alfred Hitchcock au sujet de Marilyn Monroe, désireuse de travailler avec le maître pour enfin décrocher un rôle dramatique. Il dira simplement « ne pas aimer tourner avec des actrices qui ont le sexe affiché sur la figure ». g destins secrets d’étoiles, demain à 20.50, France 3. cotillard pour l’environneMent Après Mélanie Laurent avec son film Demain, c’est au tour de Marion Cotillard de s’engager pour la cause environnementale. La comédienne prête sa voix et son image à ce documentaire tourné dans un archipel des Philippines frappé en 2013 par un supertyphon (6.000 morts, des villages entiers rasés, disparition de la faune et de la flore aquatiques). Face à ce cataclysme, une jeune femme, Marinel Ubaldo, 18 ans, refuse le statut de simple victime et choisit de s’engager. Elle rencontre des scientifiques qui établissent le lien entre réchauffement des océans et catastrophes naturelles. On la suit dans des écoles pour sensibiliser les jeunes sur les enjeux écologiques. En filigrane se noue un dialogue entre Marinel et Marion Cotillard aux Philippines mais aussi à Paris à la veille de la COP21. Une belle leçon de vie. la Jeune Fille et les typhons, mercredi à 20.40, ushuaïa tv. L’archipel des Philippines a été frappé en 2013 par un supertyphon. C SCHWAIGER anne sinclair, le retour Elle signe son grand retour à la télévision avec Fauteuils d’orchestre, une nouvelle émission conçue rendez-vous culturel autour d’une éminente personnalité du monde des arts. Pour ce premier numéro, Anne Sinclair reçoit donc le légendaire chanteur d’opéra Ruggero Raimondi, interprète inoubliable du Don Giovanni (1979) de Joseph Losey. Autour du baryton-basse, lequel aurait accepté de chanter, des invités de marque issus de la musique classique (Julia Migenes, Nora Gubisch...) mais aussi Patrick Bruel ou le directeur de la Comédie-Française Éric Ruf. Le service public aurait-il enfin trouvé son nouveau Grand Échiquier ? Réponse vendredi prochain. Fauteuils d’orchestre. 20.55. France 3. Le Trou normand iiff Un naïf (Bourvil) hérite d’une auberge. Mais il doit se méfier de sa cousine (Brigitte Bardot). 20.55, D8. Le Jour d’après iiff Un climatologue découvre les catastrophes du réchauffement de la planète. 20.50, France 4. Votre soirée 18.05 Sept à huit. 19.30 Journal. 19.50 Élections régionales. 21.15 Ocean’s Eleven iiff Film américain de Steven Soderbergh (2001). En prison, Danny Ocean a mijoté le coup du siècle : dévaliser dans la même soirée trois casinos de Las Vegas. Libéré sur parole, il renoue avec son bras droit. Avec George Clooney et Brad Pitt. 23.35 Les Experts. 17.30 Stade 2. 18.20 Vivement dimanche prochain : Linda de Suza. 19.30 Journal. 19.40 Élections régionales et D’art d’art. 21.25 Meurtres sous les tropiques. Série française (2015). L’Entrepôt aux esprits ; Un bon jour pour mourir. Avec Kris Marshall et Sara Martins. 23.35 Faites entrer l’accusé. Sophie Berkmans, le meurtre de la rhumatologue. D8 20.55 Le Trou normand iiff Film français de Jean Boyer (1952) W9 20.55 Flic ou voyou iiff Film français de Georges Lautner (1979) TMC 20.55 Banzaï ifff Film français de Claude Zidi (1982) NT1 20.55 Sissi impératrice iiff Film autrichien d’Ernst 16.15 Du côté de chez Dave. 17.15 Personne n’y avait Marischka (1956) pensé ! 17.50 Le Grand Slam. 18.50 Élections régionales; 19.00 Le 19/20. 19.35 Élections régionales. En direct, France 4 20.50 Le Jour d’après présenté par Carole Gaessler et François Letellier. 0.00 Les iiff Film américain de Misérables : l’évadé du bagne iiff Film italien de Riccardo Roland Emmerich (2004) Freda (1947). Avec Gino Cervi. D17 20.50 King David ifff 16.15 Rugby. Brive-Clermont-Auvergne. En Film français de et avec Pierredirect. Top 14. 10e journée. 18.10 Canal rugby François Martin-Laval (2009) club. 19.10 Canal football club. 20.55 Saint-Étienne-Rennes. Championnat de France de Ligue 1. 17e journée. En direct de stade Numéro 23 20.45 Poupoupidou Geoffroy-Guichard. 22.55 Canal football club. 23.15 L’Équipe du iiff Film français de Gérald dimanche. 0.00 Le Journal des jeux vidéo. Hustache-Mathieu (2011) 17.05 Juger Pétain. 19.05 L’Énigme de l’île de Pâques. 19.00 On n’est pas que des cobayes ! 20.00 In vivo, l’intégrale. 20.40 Chauffage, le piège électrique. Documentaire français de Stéphane Manier et Raphaël Rouyer (2015). En France, plus de huit millions de logements sont chauffés à l’électricité, un système peu efficace et très cher. 21.30 Gel douche, peaux sensibles, s’abstenir. 22.25 La Séparation. 23.50 États-Unis, le pays le plus dangereux du monde. RTL 9 20.40 Les Fils de l’ombre iiif F i l m a m é r i c a i n d’Alfonso Cuaron (2005) Paris Première 20.45 Vikings Série TCM Cinémas 20.40 Will Penny, le solitaire iiff Film améri18.40 Personne ne bouge. 19.15 Cuisines des cain de Tom Gries (1968) terroirs. 19.45 Arte Journal. 20.00 Karambolage. 20.10 Vox Pop. 20.45 Flashdance iiff Film américain d’Adrian Polar 20.50 Les Accusés Lane (1983). Une jolie danseuse qui officie dans un night-club et iiif Film américain de travaille comme soudeuse rêve d’intégrer l’Opéra. Avec Jennifer Beals Jonathan Kaplan (1988) et Michael Nouri. 22.15 Forever Crazy. 23.35 Ballet de Maurice Béjart : 9e de Beethoven. FX 20.50 Le Loup-Garou de Londres iiif Film américain 16.25 66 Minutes : Le doc. 17.15 66 Minutes. 18.40 de John Landis (1981) 66 Minutes : grand format. 19.45 Le 19.45. 20.40 Sport 6. 20.50 Zone interdite. Magazine. L’Incroyable OCS Géants 20.40 Bagdad Café Vie des gens du cirque. 23.00 Enquête exclusive. La Face cachée iiif Film américain de Percy de Rungis. Adlon (1987) session de rattrapage du Jdd aVec Le top des 3 programmes à revoir aujourd’hui sur Internet a Série Une Famille formidable a Doc. Technosexe a Doc. Ma Vie zéro déchet TF1 France 4 France 2 50 | JEUX mots croisés JDD | 6 décembre 2015 Jean Marny [email protected] 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 si ici l’aveuglement est de mise, là, il faudrait une vision Y U 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 mots fléchés Albert Varennes les hautes sphères pour le ballon métier de bouche joint le geste à la parole ça sent le sapin ! zeste d’orange d d d d [email protected] Y du temps des shoguns redouble, voire triple dans le secondaire Y Y dont fait usage la copropriété d des affaires qui peuvent faire pschitt d bouffon bluffeur breton anonyme ou italien notoire le coq vu par les anglais b goût pour les effets spécieux b U bluffé d b tombe et se casse b en tenue... ou sans b recettes à base de patates il en contient un ! deux d’une troïka stade antique d d d b U tarte à la poire beautés intérieures d b kil s’en sortir avec du sursis dont l’homonyme envie la profondeur b U il a la cote avec les moins de 10 ans ! états unis mot pour cambronne ou titre de chateaubriand d b d futur souverain africain b en mer ou en cieux b est à l’écoute des autres n’est pas tenu de cracher d a non sans os a prendre du temps pour agir moins en mer qu’en cieux elle s’est fait larguer banlieue du sud au nord b tout d’une traite noir ou des noirs morte à jérusalem d d U tigre d’europe d monstre s’exposent avant que qu’un an de d’être peints plus rend à autrui meilleur d affection pour les anglophones U d pour les navigateurs de plaisance grecque U b d sudoku difficile b rites dont elles sont frites b solution des jeux Mots croisés Keno Loto horizontalement. 1. Obscurcissement. 2. Iléon. Inachevée. 3. Sentiers. Fart. 4. Emet. Neurula. Vu. 5. Aï. Este. Etoilée. 6. Ure. Piste. Trous. 7. Tachée. Altiers. 8. Rio. Crasser. Gel. 9. Osseuses. Taon. 10. Sil. Redescend. 11. Pied-à-terre. Trié. 12. Erre. An. Asti. As. 13. Ta. Restai. Admis. 14. Tissus. Inouïe. 15. Eté. Terreux. Ris. verticalement. 1. Oiseau-trompette. 2. Blêmirais. Irait. 3. Séné. Ecosser. Se. 4. Cotte. Eiders. 5. Uni. Spécula. Eut. 6. Entiers. Tasse. 7. Cirées. Aèrent. 8. Insu. Tasser. Air. 9. Sa. Réels. Drainé. 10. Scout. Tétées. Ou. 11. Eh. Lotiras. Taux. 12. Méfaire. Octidi. 13. Eva. Lorgner. Mer. 14. Nerveuse. Niai. 15. Têtues. Là-dessus. Mots fléchés Sudoku u e f a b courte vue c retournée plusieurs fois à la campagne b a n T o o k s m e i k u s e r e g u s o r e n s a i u e s n T e o c p o n l a p o T i s lettres de rappel d m e c n i m h e i T a r T e u s s i e q u o i a Travail exécuté par les ouvriers syndiqués b d a i d s Diffusion Presstalis Réassortiments 06 68 08 16 67. Imprimé en France par Paris Offset Print parler du bon vieux temps e v e r n e o n a r d l e e o c r e s a g u i c n u n a o m T e l e m e o n c e a g e n u u e T e u x f s o u l m e n c e e r e c T i r l r c e e Gérant-Directeur de la publication Philippe Pignol. Président d’honneur Daniel Filipacchi. éditeur édouard Minc. éditrice adjointe Anne-Violette Revel de Lambert. Communication Nawal Hocine, Anabel Echevarria. Ventes Frédéric Gondolo et Katia Parent 01 41 34 64 78. b plutôt à gauche mais attirés par le milieu c g o l g i n k m a v i l l a a r d mou que ne goûte le minou au goût du minou 93120 La Courneuve, CIMP Toulouse, MOP Vitrolles, CILA Nantes, CIRA Lyon et Nancy Print. N° de Commission paritaire 0420 C 86 368. Numéro ISSN 0242-3065. Dépôt légal : à parution. © HFA 2015 Hachette Filipacchi Associés est une filiale de Lagardère Active SAS. Président du directoire Denis Olivennes Service abonnement CS 50002 – 59718 Lille Cedex 9. Tél. : 02 77 63 11 36 (France / Dom Tom et étranger). Tarif France 6 mois : 32 € ; 1 an : 55 €. Le JDD + Version Femina. 6 mois : 37,90 € ; 1 an : 64,90 €. Tarif étranger nous consulter. Abonnements au journal en ligne www.lejdd.fr Tirage du 29 novembre 2015 : 243.720 exemplaires. d i n d i g e n T e LE JOURNAL DU DIMANCHE est édité par : Hachette Filipacchi Associés SNC au capital de 78 300 €, siège social 149 rue Anatole France 92534 Levallois-Perret cedex. RCS Nanterre B 324 286 319. Associé : Hachette Filipacchi Presse. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40. d b Solution du numéro 3594 Publicité : Lagardère Publicité, 10, rue Thierry le Luron, 92300 Levallois-Perret. Tél. : 01 41 34 90 00. Fax : 01 41 34 90 01. Présidente Constance Benqué. Directeur général Philippe Pignol. Directrice de la publicité Frédérique Vacquier. Tél. : 01 41 34 92 46 octogone dans l’hexagone elle a joué, lui aussi Solution la semaine prochaine Directeur Jérôme Bellay. Directeur adjoint de la rédaction Patrice Trapier. Rédacteurs en chef François Clemenceau, Dominique de Montvalon, Cyril Petit (éditions), Guillaume Rebière, Brigitte Suffert (directrice artistique), Laurent Valdiguié. Secrétaire général adjoint Robert Melcher. Rédacteurs en chef adjoints Danielle Attali, Richard Bellet, Stéphane Joby, Pierre-Laurent Mazars, Didier Siberchicot. Chef du service économie Bruna Basini. Chef du service photo Aurélie Chateau. géant du far west d d b b c l a T i T verticalement 1. Fait des pointes en courant. Montée dans un lit. - 2. Vieille cloche. - Font la vie. - 3. Menait carrosse. - Apre au grain. - Tête de Turcs. - 4. Son existence est assurée. - Attaque de train. - 5. Pris à la gorge. - Courus sans but. - Attrapemouches. - 6. Réussit une introduction. - A contribué au développement des puces. - Pige. - 7. Il peut conseiller des ministres. - Repose sur cinq piliers. - 8. On ne désire pas y instaurer l’horaire flexible. - Coule en Bourgogne. - Renvoi, même en raccourci. - 9. Comme des boules qui cognent. - A la fibre américaine. - 10. Point fixe. - Spécialité rémoise. - Avec un frère ou une sœur, ça n’a rien d’insultant. - 11. Courant de faible intensité. - Cherche l’inspiration. - Brin d’oseille. - 12. Le bleu lui va bien. - Transmit. - Fin de partie. - 13. Ferai des relations. - Bord de disque. - 14. Sortie d’un gros lot. - Collera. - Petites annonces matrimoniales. - 15. Retirer du liquide. - Pare-feu. article prend feu s’il prend l’air Y horizontalement 1. Il est payé pour trinquer. - 2. Ses tours n’amusent personne. - Telle une vue qui porte très loin. - 3. Organiserai une collecte. - Beaucoup trop vieux pour faire le singe. - 4. Contrainte par corps. - Tables des matières. - 5. Variété de cassis. Couvert de voyage. - 6. Exemple à suivre. - Tire sur la caravane. C’était déjà une grille sélective. - 7. Vider les magasins. - Guindé. - Mine de surface. - 8. Elève au plus bas. Enfant du premier lit. - Combine. - 9. Donna signe de vie. - Bahut. Feu sacré. - 10. Arrivé à temps. Monsieur mis à l’honneur. - C’est vraiment la dernière des cloches. - 11. Bronches. - Il en est question. 12. Montré du doigt. - Ne fait pas le même bruit que des claques. - Deux doigts de pieds. - 13. Proche du violon. - Fait chanvre à part. - Filent à toutes jambes. - 14. On s’y intéresse à plus d’un titre. - Au Japon, peut se montrer grand seigneur. - Est dit de façon différente. - 15. A la base de la langue. - Reçoit souvent des marrons. - Renvoie à l’auteur. a sans trèfle, ni cœur, le pique ou reste sur le carreau d b tendances | 51 jdd | 6 décembre 2015 Des labels font bouger les lignes en s’affichant en La collection printemps-été 2016 du collectif Andrea Crews dirigée par la créatrice Maroussia Rebecq. groupes de créateurs. Une démarche pluridisciplinaire qui propose un vestiaire mixant luxe et culture alternative Q CharLotte Langrand ChantapitCh @Chalangrand uel est le point commun entre Le Dépôt, une boîte gay historique de Paris, et Le Président, un restaurant chinois mythique de Belleville ? Les deux endroits ont récemment accueilli tout le gotha de la mode venu découvrir un nouveau phénomène : le collectif Vêtements. Né en mars 2014, ce groupe de créateurs alternatifs, qui préfèrent garder l’anonymat, défile dans des lieux populaires et dessine des looks « couture » à partir de fripes savamment retravaillées. Vêtements ne fait rien comme les autres. Personne ne vient saluer à la fin de ces shows atypiques, auxquels ont assisté le rappeur Kanye West ou l’acteur Jared Leto. Leurs mannequins sortent de l’underground (des Djettes, des barmaids…) plutôt que des agences de modèles. À peine sait-on que ce groupe, finaliste du prix LVMH consacré aux jeunes labels, est constitué de sept anciens de chez Martin Margiela (premier adepte de l’anonymat), qui s’ennuyaient dans l’industrie de la mode, devenue saturée et mimétique sous l’emprise d’un calendrier de défilés toujours plus chargé. Le style vient de la rue Dans leur concept, tout dit l’envie de se recentrer sur l’essentiel : le vêtement. De suivre un modèle différent de celui des grandes maisons, centré autour d’un créateur star. La nouvelle génération de la mode serait-elle en train d’éclore en réaction à ses aînés, décidée à ne pas suivre (toutes) les règles du métier ? Ainsi, Coperni, Jour/ Né, Études Studio ou plus anciennement Andrea Crews tirent joliment leur épingle du jeu. « On assiste depuis cinq ans à une vraie dans l’air l’autre thé Le rouge et le noir La jeune maison de thé parisienne, fondée en 2003 par Arnaud Dhénin, propose Stendhal, le bien nommé. Un thé noir bio parfumé aux fruits rouges (framboise, fraise, groseille, cassis) et rehaussé d’épices : cardamome, poivre du Brésil, clous de girofle, poivre noir. Il est aussi agrémenté de morceaux de fruits pour une dégustation fine avec une belle longueur en bouche. lautrethe.com rituals Intérieur, extérieur La mode des collectifs effervescence de jeunes marques en France, confirme Nathalie Dufour, présidente de l’Andam (Association nationale de développement des arts de la mode). Cette jeunesse est consciente que, pour réussir, il faut à la fois une vision créative et managériale. Ils s’organisent donc en binôme ou en groupe, comme Yves Saint Laurent et Pierre Bergé dans les années 1970. » Après une formation dans les groupes de luxe, les jeunes créateurs s’associent par affinités et complémentarités de compétences. Face à une demande devenue globale, ils se positionnent dans les bons réseaux et les boutiques branchées (Colette, Opening Ceremony…). Ils maîtrisent aussi avec maestria le digital. « Leurs compétences sont transversales, observe encore Nathalie Dufour. Ils veulent être inventifs à tous les niveaux, cherchent un nouveau système de mode. » Leurs créations sont étiquetées « streetwear couture » : le style, portable, vient de la rue. Vendu au prix du luxe abordable, leur vestiaire se fabrique souvent à partir de fripes ou d’anciens costumes d’officiers, soigneusement recoupés, détournés et accessoirisés. Il fait le lien entre une culture underground et un savoir-faire d’atelier haut de gamme. « C’est un positionnement par rapport au système de la consommation et de la mode, estime Maroussia Rebecq, fondatrice d’Andrea Crews. Je m’intéresse aux gens de la rue, pas au glamour. Je cherche des alternatives au luxe, je suis touchée par des gens aux particularités différentes de celles d’un top-modèle. » En 2002, elle a créé sa marque autour de projets qui touchent à la mode, à l’art et au design. « J’ai inventé ce personnage fictif pour qu’on puisse travailler autour de valeurs plutôt qu’autour de quelqu’un, expliquet-elle. Le collectif a une organisation horizontale, les compétences et les envies de chacun sont sur la même ligne. » Ces labels séduisent les designers débutants Ces groupes doivent certainement leur liberté d’organisation à la diversité de leurs parcours, parfois éloigné de la mode. Études Studio, un label de mode masculine et urbaine, a été fondé par Jérémie Égry, graphiste, et Aurélien Arbet, qui a fait les BeauxArts. « Pour notre génération, le collectif est naturel, explique Jérémie. L’organisation verticale avec un créateur star ne nous parlait pas vraiment, même si notre fonctionnement, avec des défilés, présente beaucoup de similitudes avec la mode. » Ayant déjà monté une première marque en 2000 et une maison d’édition en 2007, les deux trentenaires fondent Études Studio en 2012, rejoints par quatre autres personnes. Après avoir ouvert leur première boutique dans le Marais cette année et accueilli un fonds d’investissement, ils travaillent à leur implantation aux États-Unis. Modernes, ces labels séduisent les designers débutants, qui postulent en nombre aux castings de recrutement. « Ils aiment toujours Dior tout en se sentant plus proches de notre démarche », constate Maroussia Rebecq. Les maisons de luxe sont attentives à ces changements. « Leurs futurs directeurs artistiques seront repérés dans ces collectifs, observe Nathalie Dufour. Ils sont appréciés pour leur capacité à avoir aussi une vision globale. » Kenzo et maintenant Carven sont dirigés par des binômes alors que des designers stars quittent des grandes marques pour se recentrer sur leur propre griffe. D’autres plongent dans le grand bain. Le Géorgien Demna Gvasalia, porteparole du collectif Vêtements, peut oublier l’anonymat : il vient de succéder à Alexander Wang chez Balenciaga. g La marque de cosmétiques décline des produits de beauté pour soi et pour l’intérieur. On trouve aussi bien des soins pour le visage et le corps et du maquillage que du thé, des bougies parfumées voire même des vêtements de détente. La collection limitée de cet hiver décline le thème Oriental Nights, aux senteurs épicées et aromatiques. rituals.com chanel Écrin de beauté Un espace masculin, des parfums exclusifs, des make-up stations avec conseils de maquilleurs, les produits cultes… Les indispensables de Chanel ont trouvé leur écrin, fait de meubles laqués et de miroirs ronds : la toute première boutique beauté Chanel vient d’ouvrir dans le Marais à Paris (40, rue des Francs-Bourgeois). chanel.com stadiumBox Vis ton match C’est un cadeau original : offrir des places pour un match de foot, de rugby ou de basket dans une box cadeau. Le concept de la StadiumBox est simple : c’est celui qui la reçoit qui choisit l’événement auquel il veut assister. L’OM, le RC Toulon, la SIG Strasbourg, mais aussi les 24 Heures du Mans ou l’Open 13 en tennis, il existe 29 propositions à partir de 29,90 €. stadiumbox.net 52 | dimanchesport jdd | 6 décembre 2015 HANDBALL Nikola et Luka Karabatic, qui rêvent d’offrir la Ligue des champions au PSG, ont pris leurs repères dans la capitale. Visite guidée Le Paris des Karabatic Luka et Nikola Karabatic, vendredi à la halle Carpentier, à Paris. Bernard Bisson pour le jdd L MICKAËL CARON @CARONJDD e PSG handball a frappé fort cet été pour atteindre enfin son objectif, le Final Four de la Ligue des champions. Le meilleur joueur du monde, Nikola Karabatic, et son frère Luka, désormais l’un des pivots les plus performants de la planète, ont débarqué pour reproduire en club leurs nombreux succès avec l’équipe de France. Pour le plaisir, aussi, de vivre dans une ville qu’ils adorent et dont ils profitent à la moindre occasion. b Le sOIR Des AtteNtAts, LuKA Au CINé, NIKO INquIet Prendre un abonnement illimité au cinéma a été l’un des premiers réflexes parisiens de Luka. Sa salle favorite : le Pathé Beaugrenelle, un complexe ultramoderne posé le long des quais de Seine, dans le 15e arrondissement. Avec sa compagne, Jeny, c’est là qu’il a passé la soirée du vendredi 13, celle des attentats dans la capitale, devant Spectre 007, le dernier James Bond. Vers la fin du film, ils ont vu des écrans de téléphone s’allumer un peu partout, puis des spectateurs sortir dans la précipitation. À son tour, la jeune femme a reçu des alertes l’informant des fusillades. « Nous avons attendu la fin de la séance mais je suis incapable de raconter la fin du film », souffle Luka. Au même moment, Nikola est chez lui, dans le 16e arrondissement . Il appelle son frère, tombe sur le répondeur, commence à s’inquiéter. « Ce con n’avait plus de batterie ! Heureusement, sa copine a fini par répondre. Ils sont 1 vite rentrés. D’autres un coup de cœur pour joueurs du PSG d’anciennes chambres n’étaient pas loin du de bonne réunies. « Je Trocadéro Bataclan. Ça a été ne l’avais vu qu’en 1 Les Mauvais Garçons une longue nuit, photo avant de signer 4 Musée 6 avec le sentile bail ! » L’ami Luc d’Orsay 5 ment d’être Abalo n’habite pas Restaurant au milieu loin, Noka Serdarusic, Stade Pierre- 3 Aux Prés d’une guerre. » 2 de-Coubertin Hôtel coach et mentor des Concorde Montparnasse De longue date, deux frères, non plus. Nikola avait acheté des billets b LIgNAC, COLette et ORsAy pour l’un des concerts parisiens de U2, à l’AccorHotels Arena, deux « Sans la proximité de la salle, jours plus tard. Un concert finaj’aurais choisi un quartier plus cenlement annulé. tral », dit Nikola, qui a profité de l’été indien pour rouler à vélo sur b POP ARt et vue les quais de la Seine, traverser les suR LA tOuR eIffeL Tuileries et découvrir les tables en Au printemps, dès que leur vogue pour le brunch. Le dernier, arrivée au PSG s’est précisée, c’était Aux Prés, le restaurant de Nikola et Luka ont missionné Cyril Lignac . Tout aussi gourleurs compagnes respectives pour met, le grand Luka (2,02 m) a trouver un logement. Géraldine retenu l’adresse de La Cantine du et Jeny, qui ont vécu à Paris avant Troquet, non loin du Champ-dede les rencontrer, ont choisi le Mars. Il se dit aussi impatient de 16 e arrondissement, où le PSG s’encanailler à Pigalle. joue ses matches de championnat, S’ils passent beaucoup de temps au stade Pierre-de-Coubertin . ensemble, notamment en soirée, Parce qu’il louait un meublé en chaque couple a ses loisirs. Nikola Catalogne, Nikola a dû racheter apprécie les boutiques du Marais et tous ses meubles et une biblioles grands magasins du boulevard thèque pour ses beaux livres sur le Haussmann. Il a fait ses courses de pop art. Le couple achève à peine Noël chez Colette, la boutique chic la décoration de son appartement et fric de la rue Saint-Honoré. Les de style haussmannien, haut sous musées parisiens l’attirent, mais les plafond, aux teintes bois et camel. files d’attente dominicales beaucoup Ne manquera que la chambre de moins. Il veut se renseigner sur les leur premier enfant, qui naîtra sessions en nocturne. La foule n’a en avril. pas dissuadé Luka et Jeny, qui ont Pour Luka, qui avait eu le coup déambulé dans les collections perde cœur pour les gratte-ciel de manentes du musée d’Orsay Doha, c’est d’abord la vue qui dimanche dernier. L’ancienne gare a prime. Son nid au dernier étage, fasciné le plus jeune des Karabatic. proche du Trocadéro, donne sur « Dommage que l’impressionnisme les toits de Paris et un bout de soit le courant pictural qui me touche tour Eiffel. Son amie, Jeny, a eu le moins », sourit-il. 5 2 4 Un tour au Salon de la moto et du scooter a tenté ces deux titulaires du permis deux roues, mais il ferme ses portes ce dimanche en fin de journée, à l’heure où le PSG accueille Celje en Ligue des champions (17 heures). Le PSG dispute ses matches européens à la halle Carpentier, une salle municipale du sud-est de Paris, particulièrement sombre et froide. « Pour le confort et la logistique, ce n’est pas le top. On a parfois l’impression de jouer à l’extérieur. Heureusement, on a réussi à se l’approprier à force de bons matches », positive Nikola, qui a joué dans les plus belles salles d’Allemagne et d’Espagne. b LA gALèRe Des tRANsPORts Pour honorer le rendez-vous avec le JDD, vendredi après-midi, les frères les plus célèbres du sport français ont fait cinquante minutes de métro, comme de vrais Parisiens. « Connaître cette vie, c’est ce que je voulais. Mais quand il faut faire le trajet jusqu’ici, je ne saute pas de joie. Les gens sont agréables dans les transports même si certains nous fixent car ils doivent nous prendre pour des footballeurs du PSG. D’autres fois, on utilise l’Autolib’. » Ça ne sera peut-être plus nécessaire la saison prochaine car les joueurs ont reçu la promesse de jouer tous leurs matches à Coubertin. La salle historique du club vient d’être aménagée avec tout le confort possible. « Des consoles de jeu, des canapés en cuir, une salle de soins, énumère Luka. On y fête aussi les anniversaires. Benoît Kounkoud y a payé un coup il y a quelques jours pour son nouveau contrat. » Par manque de temps, un seul restaurant a réuni l’effectif au complet, en début de saison, Le Matignon. C’était le traditionnel repas des nouveaux. Les footballeurs ont leurs habitudes chez Volver, une table argentine, mais les handballeurs n’y ont pas encore été conviés. Les calendriers n’aident pas. Une exception mercredi : Nicolas Douchez a assisté à la victoire contre CessonRennes au lendemain du nul des footballeurs à Angers (0-0). b « MARCOussIs » et ANNuAIRe Des BARBIeRs Mais Nikola et Luka n’ont pas attendu de signer au PSG pour avoir des repères à Paris. L’équipe de France s’y réunit avant chaque rassemblement. D’abord au Novotel de la porte d’Italie puis au Concorde Montparnasse , à deux pas de la tour (16e). « Un lieu intimiste où l’on se sent chez nous. C’est notre Marcoussis », compare Nikola. Les deux frères n’ont pas oublié l’ancien manager de l’hôtel, lui aussi d’origine serbe, qui était aux petits soins avec eux. L’année dernière, Nikola avait posté un tweet pour connaître l’adresse d’un barbier proche de l’hôtel. Un follower lui en avait donné une proche de la Bastille. Depuis, les hipsters multimédaillés ont écumé les barbiers de Paris. Nikola est fidèle aux Mauvais Garçons , sur l’île Saint-Louis (4e), tandis que Luka alterne entre La Barbière de Paris (9e) et David Mallett (2e). À raison d’une taille toutes les trois ou quatre semaines, il reste des salons à découvrir. « On a signé pour quatre ans, lancent-ils de concert. Paris n’aura bientôt plus de secret pour nous. » g 3 6 sport | 53 jdd | 6 décembre 2015 TéLEX Rugby Camou dégaine en rase campagne À un an des élections à la FFR, son président Pierre Camou, 70 ans, en poste depuis 2008, a annoncé être candidat pour un troisième mandat. Il s’en est violemment pris à son concurrent Bernard Laporte, épinglant ces « grands préconisateurs […] qui font de la défaite du XV de France [en quarts de finale de la Coupe du monde] le lit de leurs ambitions personnelles. » Il a rappelé que la « plus large défaite du XV de France face aux All Blacks » n’avait pas été celle d’octobre (62-13) mais celle de juin 2007 (61-10), alors que Laporte était sélectionneur. Top 14 : Bordeaux rince Paris L’Union Bordeaux Bègles s’est imposée à la dernière minute sur la pelouse du Stade Français, alors qu’elle évoluait à quatorze (21-24). Les champions de France en titre sont plus fébriles que jamais et à la traîne au classement (11e). Résultats : Vendredi Pau-Racing 15-15. Hier : Toulon-Agen 53-23, La Rochelle-Grenoble 33-16, Castres-Montpellier 34-19, Stade Français-UBB 31-24, Toulouse-Oyonnax 27-3. Aujourd’hui : Brive-Clermont (16 h 15, Canal+). Classement : 1. Toulon 32 pts; 2. Toulouse 32; 3. Racing 30 ; 4. Clermont 29 ; 5. Bordeaux-Bègles 28 ; 6. Brive 27 ; 7. Montpellier 26; 8. Castres 24 ; 9. La Rochelle 21 ; 10. Grenoble 19 ; 11. Stade Français 18 ; 12. Pau 15 ; 13. Agen 10 ; 14. Oyonnax 10. Biathlon Fourcade marque son territoire AFp Martin Fourcade a remporté le sprint d’Östersund (Suède), première étape de la Coupe du monde 2015-2016, signant la 40e victoire de sa carrière. « C’est une bonne dynamique, ça fait du bien de démontrer qu’on est en forme », s’est réjoui le champion olympique sur l’Equipe21. Quentin Fillon-Maillet a pris la 4e place. Handball Balade bleue L’équipe de France féminine a réussi son entrée dans le Championnat du monde. À Kolding, au Danemark, elle a battu l’Allemagne (30-20). Dans les cordes BOXE Sans stars ni diffuseurs, le noble art peine à s’imaginer un avenir en France. Un rapport ministériel cristallise les divergences DamiEn BURniER @initialsDB partir de 2017 risquent d’être suspendues par l’AIBA, et ainsi privées d’olympisme. Asloum, qui a fait une carrière lucrative dans l’ancien système, est partie prenante du nouveau. Il a même été nommé à la tête de la commission APB. Logique qu’il ne voit pas d’avancée dans le rapport Tiozzo, qui parle « d’ouvrir une négociation » et de « trouver le meilleur compromis avec l’AIBA ». « C’est comme si au foot, on se mettait en travers de la Fifa, tranchet-il. Pourquoi ne se penche-t-on pas sur cette réforme ? Pourquoi vouloir créer une ligue alors qu’il faut une ligue APB nationale ? Avec des droits TV qui seraient vendus par la Fédé, des boxeurs au centre de l’activité, et non plus les promoteurs. Au final, on va encore sacrifier une génération. » Pour les fans, c’était l’affiche de l’année. Sauf que les attentats de Paris l’ont déchirée, elle aussi. Adversaire de Hassan N’Dam en demi-finale mondiale, le Géorgien Khurtsidze ne voulait plus se déplacer pour monter sur le ring de Levallois le 21 novembre. L’annulation de la réunion a été un rude coup pour l’organisateur Malamine Koné, qui se lance là où beaucoup ont échoué. Le but du patron d’Airness ? « Redonner du prestige à la boxe. » Pas simple tant la discipline périclite en France. En résumé : on manque de grands champions, de grands combats et Mormeck cogne sur la fédération de grands diffuseurs TV, chacun se Pas simple de faire bouger les nourrissant de l’autre. lignes, même si le système touche Commandé l’an passé par le ses limites depuis le retrait de Canal ministère et rendu en octobre, le +, qui en était l’argentier. Pour Jeanrapport de l’ancien champion du Marc Mormeck, champion du monde Fabrice Tiozzo a reçu un monde des lourds-légers entre 2002 accueil très mitigé. Seule préconiet 2007, le ver est dans le fruit depuis sation tangible : la création d’une longtemps. Sa cible principale ? Une Ligue professionnelle, via l’octroi Fédération française jugée immobide « licences club », qui serait détenliste. « Elle est restée figée sur la boxe trice de droits télé. Un vieux seramateur, c’est-à-dire sur ce qu’elle pent de mer. Sauf maîtrise. Le reste ne l’intéresse pas. que cette ligue « On continue est censée voir le Les boxeurs pro ne jour dès le mois le bricolage » sont pas protégés, prochain. Si l’idée Brahim Asloum notamment sur le se concrétisait, ce plan juridique, et serait déjà un pas se retrouvent sans comparativement au rapport de le sou la plupart du temps. Or, c’est Mahyar Monshipour (2008), vite le monde pro qui fait briller la boxe enterré. Pour Thierry Braillard, qui amateur, pas l’inverse », pose JMM, regrette que « personne ne connaisse qui a endossé la casquette de proles visages » des quatre champions moteur à la fin de sa carrière. d’Europe actuels (Soro, Vitu, MoEt de rappeler son expérience : houmadi et Masson), le rapport « Quand ça s’est terminé pour moi Tiozzo est « une révolution ». D’autres n’y voient qu’un coup d’épée dans l’eau. Au premier rang, Brahim Asloum. Le dernier champion du monde français (WBA mimouche en 2007), vice-président de la Fédération (FFB) depuis 2013, ne « cautionne pas le travail de cette commission, qui ne servira à rien. On continue le bricolage, les effets de manche. J’en veux au ministre et je lui ai dit directement. On met de la lumière là où il ne peut plus y en avoir. » Selon le champion olympique 2000, le curseur doit accompagner la réforme du système mondial, mise en place par la Fédération internationale (AIBA). L’APB, nouveau modèle économique ? Celle-ci, désireuse de mettre la main sur le secteur pro cornaqué par quatre fédérations commerciales (WBA, WBC, WBO, IBF), a lancé le programme APB (AIBA Pro Boxing). Une compétition qui permet aux boxeurs pro (moins de 20 combats) de rester éligibles pour les Jeux olympiques, jusque-là réservés aux amateurs. Classés « au mérite », et non plus selon des arrangements en coulisses, ils bénéficient d’un nombre de combats garantis par contrat. Les rémunérations sont modestes (de 25.000 à 70.000 $ par an, 7.000 la prime de victoire, 4.000 la défaite) mais le programme n’en est qu’à ses débuts. En France, il a déjà permis à Khedafi Djelkhir, médaillé d’argent aux JO 2008, de relancer sa carrière pro. L’été prochain, à Rio, il reverra le drapeau olympique. Les fédérations nationales qui ne suivraient pas le mouvement à Une soirée de combats, baptisée Apocalypse, organisée par Malamine Koné au Cirque d’Hiver, à Paris. André FerreirA/icon Sport avec Canal, j’ai convaincu trois télés de diffuser mes combats [Orange, MCS, L’Équipe 21]. Avec des bonnes audiences à la clé. Est-ce que la Fédé a contracté avec la moindre chaîne ? Non. En a-t-elle au moins démarché ? Pas sûr… Au département marketing, soit il n’y a personne, soit ils sont mauvais. On n’a ni travaillé avec les entreprises pour voir comment la boxe peut les mettre en avant, ni sur l’image du boxeur. Du coup, le cliché demeure : ‘‘En boxe, il n’y a que des bourrins !’’» À l’évidence, la discipline a besoin de personnalités et son public de s’attacher à des champions. Dans la sinistrose actuelle, Mala- mine Koné tente donc de fabriquer des vedettes. Avec un postulat : les meilleurs doivent s’affronter, et non plus s’éviter. « C’était la condition pour m’investir. J’ai réussi à vendre cette idée aux boxeurs. On a vu trop de combats courus d’avance. » En corollaire, il s’agit pour lui d’instaurer un suivi avec les diffuseurs, avec ses soirées baptisées Apocalypse. Le volet 2, prévu à Levallois, a été reporté au 17 décembre au Cirque d’Hiver. « Il faut soutenir Malamine, glisse Mormeck. Ce qu’il fait est courageux. Surtout dans un milieu où l’on fait semblant d’être unis alors que les intérêts individuels continuent de primer. » g 54 | sport | football JDD | 6 décembre 2015 « Plus grave que Knysna » JAMEL SANDJAK Le patron du foot francilien raconte les ravages de l’affaire Benzema-Valbuena sur le monde amateur, et la société en général IntervIew SoLEN ChErriEr Lyon en danger Lyon 0 Angers 2 N’Doye (17e, 81e) @SolenJDD Depuis trois ans, il est le président de la Ligue Paris Ile-de-France, une des plus puissantes de l’Hexagone. De Noisy-le-Sec à la place de Valois (1er arrondissement), des terrains aux fauteuils du pouvoir, Jamel Sandjak, 56 ans, a tout connu dans le foot. Une ascension qui lui taille un costume de présidentiable à la Fédération française (FFF). Ce raccourci le fait sourire. D’autres beaucoup moins… 17e Journée Quatrième défaite en cinq matches. Aulas maintient Fournier Le président de la Ligue Paris Île-de-France, jeudi dans son bureau de la place de Valois. JÉRÔME MARS POUR LE JDD que la FFF s’est portée partie civile. Mais c’est une affaire insoluble. Il Pour moi, le coup de tête de faudra prendre la décision la moins Zinédine Zidane en 2006 a été le mauvaise. Les condamnations par déclencheur d’un système qui part prévention, ça n’existe pas en droit à vau-l’eau. On peut se dire que français. La seule piste possible, Zidane, exemplaire par ailleurs, a c’est la commission de discipline juste « pété un câble » ; je pense que qui devra se saisir du dossier. À c’est plus prol’image de ce fond que ça. Il « Le communautarisme qui s’est passé y a une forme avec Nasri, d’impunité in- est très présent, mais pas Didier Desconsciente. La dans le sens qu’on croit » champs peut performance aussi ne pas passe avant sélectionner l’exemplarité pour des intérêts école joueur parce qu’il considère que nomiques. Ce n’est pas acceptable. ce n’est pas bon pour le groupe. Les dérapages qui ont suivi ne sont Mais il faut l’expliquer. pas liés aux origines sociologiques, Dans le contexte actuel, mais au fait que le sport perd la craignez-vous l’exploitation tête à cause de la course effrénée à politique de cette affaire ? l’argent… On laisse faire des choses On ne pourra pas l’empêcher, contraires aux principes républinotamment sur les régionales. Il y cains et aux fondements de notre aura des conséquences, bien sûr. vie en société. On a été trop complaiIl faut que les gens prennent du sant. Le sport professionnel ne peut recul, évite de faire des raccourcis. pas toujours se sentir en dehors de Il faut séparer l’acte et sa gestion la société. Le football vit dans une médiatique. Mais oui, au-delà de bulle en suspension. ça, j’ai peur. Je suis très fatigué de L’affaire Valbuena-Benzema tout cela. Le jour où les personnes qui s’investissent dans le tissu asen est le reflet ? Elle montre le degré d’isolement sociatif vont s’arrêter, ce sera la de nos acteurs et de nos structures guerre civile. Il y a une scission dans le foot de haut niveau ; les dans la société, et je ne parle pas médias y participent aussi. Elle est de gens qui sont capables de perplus grave que Knysna en ce sens pétrer le 13 novembre. Et si moi, qu’elle oppose des gens qui portent Jamel Sandjak, qui baigne dedans le même maillot. Celui de la France, depuis des années même si je le avec tous les symboles derrière et suis un peu mois aujourd’hui, j’ai l’Euro 2016 à l’horizon. C’est le fonl’impression que ça va aller très dement même de l’esprit du sport mal, il faut vraiment être inquiet. collectif : se battre ensemble pour Quel est l’impact sur le monde un même objectif. amateur ? La Fédération doit-elle sanctionner C’est surtout le cumul d’affaires qui pèse. Et le problème part de làKarim Benzema ? Sanctionner Valbuena, c’est haut, de la Fifa. La conséquence impossible ou alors je ne comdirecte, c’est le rejet des élus loprends plus rien. Pour Karim, il caux. Des clubs nous racontent que faut en savoir plus et c’est pour ça lorsqu’ils réclament 2.000 € ou un Quel regard portez-vous sur les affaires qui salissent le foot français ? BENzEMA rEpASSE à L’ATTAQuE EN LigA, il n’avait plus marqué depuis deux mois et un jour, contre l’Atletico. Hier, contre une autre équipe madrilène, Getafe (4-1), Karim Benzema a retrouvé le chemin du but après quatre minutes et marqué le doublé au quart d’heure de jeu. Souriant et très entouré par ses partenaires. Une performance éclatante pour le joueur englué depuis des semaines dans l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena. Après la rencontre, Rafael Benitez a expliqué avoir eu une conversation avec son attaquant. « Il avait très envie de jouer et de mettre des buts. Nous avions évoqué le fait de mettre un doublé. Qu’il se fixe des objectifs et les atteigne me prouve qu’il est suffisamment concentré, s’est satisfait l’entraîneur merengue. Il sait qu’il doit bien faire au niveau du foot parce que ça va l’aider à affronter n’importe quel problème. C’est un joueur très important pour nous. » Il a été ovationné à sa sortie. car pour une sortie d’enfants, on leur remet en pleine face que le foot est pourri. C’est un amalgame prétexte, politiquement facile à utiliser. Et puis les bénévoles en ont marre. Or, le foot amateur ne vit que par eux. Et sur les terrains ? Quand les images de problèmes chez les professionnels tournent en boucle, vous pouvez être sûr d’avoir des répliques le dimanche. On l’a vu quand Ibrahimovic a défié les arbitres. Les mômes sont dans le mimétisme, positif comme négatif. Ça impose d’être exemplaire. Ça devrait même être un motif de rupture de contrat. Plus les résultats de l’OL se dégradent, plus la parole de Jean-Michel Aulas est d’or. Une heure après avoir subi la loi du promu angevin, le président lyonnais a diffusé son sang-froid pour commencer : « Il n’y aura pas de décision à chaud. On pense souvent qu’en se défoulant sur l’entraîneur, on peut trouver des solutions. Est-ce qu’on va améliorer les choses ou les faire empirer en faisant évoluer l’encadrement ? » Puis il s’est montré protecteur avec ses joueurs, dépassés. « Ce sont de bons mecs mais ils ne se sont pas rendu compte, après notre grande saison dernière, que la situation était fragile. » Avant que l’on entende un début d’ultimatum dans ces mots lâchés aux derniers micros tendus : « Le coach sera là à Valence et Paris. » Ce qui ne représente qu’une semaine de sursis. L’appel du pied de Juninho Aulas n’est pas sourd aux échos d’une rupture dans le vestiaire. Lui qui ne dit jamais rien sans raison a rappelé hier qu’il y avait quatre entraîneurs diplômés dans le staff lyonnais… Il se murmure d’ailleurs que Bruno Genesio, son adjoint le plus ancien au club, aurait toujours l’oreille des jeunes, lui. Il n’est pas absurde de l’imaginer en recours si JMA finissait par trancher dans le vif. Hubert Fournier se dit prêt à assumer ses responsabilités, tout en assurant que « l’énergie n’est pas un souci ». Il a trouvé en Mathieu Valbuena, qui a touché la transversale, un défenseur plus vif que Baky Koné, devancé par Cheikh N’Doye sur les deux buts, quasi identiques. « On est au plus mal mais c’est la responsabilité des joueurs à 100 %, a-t-il assumé au micro de Canal+. C’est facile de tirer sur un entraîneur alors que nos performances sont catastrophiques. On peut dire ce qu’on veut sur le coach, la tactique… Pour moi, c’est de la foutaise. » Voilà un homme capable de positions courageuses, et pas seulement en vidéo. Il en faudra d’autres pour interrompre la vilaine série lyonnaise. Deux heures plus tôt, la légende Juninho avait offert ses services pendant l’hommage rendu aux anciennes gloires de l’OL, réunies pour l’ultime match de championnat à Gerland. Pas frontalement, après avoir passé ses diplômes d’ici un an ou deux, certes. Mais il y a des timings plus heureux. La fête n’est peut-être pas gâchée pour tout le monde. M.C. Y a-t-il plus de violence aujourd’hui sur les pelouses d’ile-de-France ? Il y a moins d’actes, mais ils sont plus « chauds ». C’est trois cas pour 5.000 matches par semaine, soit 0,06 %. Il faut en parler, certes, mais il faut aussi mettre en avant les choses positives parce qu’il y en a énormément. On concentre les maux de la terre alors qu’on se bat comme des chiens pour accompagner les mômes. J’aimerais bien qu’on mesure la casse sociale si on arrêtait les compétitions pendant un mois : les statistiques d’abribus cassés, de vols… On verrait ce qu’apporte le foot amateur en termes d’animation et de prise en charges, sans parler de structuration de l’individu. On imagine ce que ça représente 180.000 jeunes dans la rue ? récemment, une note du service central du renseignement territorial (SrCT) a pointé la radicalisation dans le monde amateur. Avez-vous été confronté à ça ? Radicalisation, c’est un mot à la mode. Si on parle de prosélytisme, là on a eu deux ou trois cas. On a essayé d’en savoir plus, de comprendre. On m’a beaucoup sollicité pour parler de la communautarisation dans le football. Mais je ne connais pas de club communautaire en France. Si j’avais des cas, j’agirais immédiatement mais je ne ferais pas de pub afin d’éviter l’instrumentalisation. Question : comment peut-on avoir 265.000 licenciés [en Ile-de-France] avec des milliers d’Ibrahima, et pas un dans les instances ou les commissions ? Je suis le seul. Et à la Fédération, le Comité exécutif estil représentatif de l’ensemble des licenciés français ? J’ai demandé à participer à des commissions, on ne m’a jamais rien proposé. Alors oui, le communautarisme est très présent, mais pas dans le sens qu’on croit. g Mathieu Valbuena se tient la tête mais continue de soutenir son entraîneur Hubert Fournier. LAUREnt CiPRiAni/AP/SiPA Toulouse 2 Caen 1 Lorient 3 Lille 2 Ajaccio 1 Nantes 1 Kana-biyik (40e), Ben Yedder (58e) Jeannot (47e,48e), Mesloub (76e) Tshibumbu (84e) Sala (57e) Delort (70e sp) Benzia (28e, 57e) Vendredi Nice-Paris-SG 0-3 Aujourd’hui Bastia 1 Bordeaux-Guingamp Monaco 2 Saint-Étienne-Rennes Romain (90e) Traoré (72e, 84e) Stade Geoffroy-Guichard (21h, Canal+) reims 1 Troyes 1 De Préville (36e) Pi (47e) Stade Matmut Atlantique (17 h, beIN) Tous les résultats du week-end sur Football | sport | 55 jdd | 6 décembre 2015 Classement (17e journée) G N p bp bc diff. 1 Paris SG 45 17 14 3 0 40 8 32 Pts J 2 Angers 30 17 8 6 3 16 9 7 3 Caen 29 17 9 2 6 20 18 2 4 Monaco 28 17 7 7 3 24 23 1 5 Lyon 26 17 7 5 5 21 16 5 6 Nice 25 17 7 4 6 30 22 8 7 Lorient 25 17 6 7 4 27 23 4 8 Saint-Etienne 25 16 8 1 7 20 20 0 9 Marseille 22 16 6 4 6 24 17 7 10 Rennes 22 16 5 7 4 21 19 2 11 Nantes 22 17 6 4 7 13 16 -3 12 Lille 20 17 4 8 5 11 12 -1 13 Reims 20 17 5 5 7 18 21 -3 14 Gazélec-Ajaccio 20 17 5 5 7 17 20 -3 15 Guingamp 19 16 5 4 7 16 22 -6 16 Montpellier 18 16 5 3 8 18 21 -3 17 Bordeaux 18 16 4 6 6 20 26 -6 18 Bastia 18 17 5 3 9 17 23 -6 19 Toulouse 15 17 3 6 8 19 31 -12 20 Troyes 6 0 6 11 9 17 34 -25 Meilleurs buteurs 12 buts : Ibrahimovic +2 (Paris SG) ; 11 buts : Moukandjo (Lorient) ; 10 buts : Batshuayi (Marseille) ; 9 buts : Cavani + 1 (Paris SG) ; 7 buts : Ben Arfa (Nice) ; 6 buts : Delort +1 (Caen), Lacazette (Lyon), Germain (Nice), Braithwaite (Toulouse) ; 5 buts : N’Doye +2 (Angers), Jeannot +2 (Lorient), Alessandrini (Marseille)... 18 journée e Vendredi 11 décembre Rennes-Caen (20 h 30, beIN). Samedi 12 Reims-Nice (16 h, Canal+); Lille-Lorient, NantesToulouse, Troyes-Bastia, Montpellier-Guingamp (20 h, beIN). Dimanche 13 Monaco-St-Étienne (14 h, beIN), Angers-Bordeaux, Marseille-Ajaccio (17 h, beIN), PSG-Lyon (21 h, Canal+). Le casse-tête de Michel Marseille Stade Vélodrome (14 h, beIN) Montpellier TRANSFERTS L’entraîneur de l’OM espère un défenseur et un attaquant. Mais la remontée actuelle pourrait inciter sa direction à ne pas bouger MICKAËL CARON @CARONJDD Pendant la trêve internationale qui a suivi la défaite face à Nice (0-1, le 8 novembre), la direction a tenu une réunion sur le mercato. Michel a eu le temps d’analyser tout son effectif. À présent, ses désirs sont connus : un défenseur et un attaquant. Avec ses 10 buts, Michy Batshuayi brille, mais il est le seul avant-centre de l’OM. Il manque un profil complémentaire pour revenir au 4-3-3, le schéma favori de l’entraîneur espagnol. Il est donc passé au 4-5-1, qui profite de l’éclosion de Nkoudou (5 buts) et a permis une belle série (6 victoires, 1 nul, 1 défaite). Mais à l’inverse de Bielsa, il ne croit pas à Ocampos en pointe et souhaite un renfort offensif. Sportivement, Vincent Labrune partage son analyse. Il se renseigne sur les attaquants sans temps de jeu chez les grands d’Europe. Déjà approché en août, Simone Zaza (Juventus) a le profil, mais prendrat-il le risque d’un prêt à six mois de Michel au Vélodrome lors de la 15e journée contre l’AS Monaco. MAXPPP l’Euro ? Le dirigeant phocéen espère que ses bonnes relations avec Nelio Lucas, le patron du fonds d’investissement Doyen Sports, ou encore avec Daniel Levy, le président de Tottenham, l’aideront à trouver la perle. De son côté, Michel suit toujours le Suédois Marcus Berg (Panathinaikos). Mais l’argent manque, et la fréquentation catastrophique du Vélodrome a creusé les finances. Nkoulou va partir, Mandanda peut rester Du coup, la stratégie de janvier va dépendre du classement à la trêve. Le calendrier (Montpellier, Ajaccio, Bordeaux) rend la remontée possible. Si l’OM s’est rapproché des cinq premiers avec son effectif actuel, l’effort consenti ne sera pas important pour cette saison de transition économique. À mi-exercice, aucun objectif n’est compromis : la qualification pour les 16es de finale de la Ligue Europa sera dans la poche à la faveur d’un nul à Liberec, jeudi. Dans le même temps, Labrune avance sur les cadres en fin de contrat en juin. Il ne se fait plus beaucoup d’illusions sur une prolongation de Nicolas Nkoulou, qui possède déjà l’un des meilleurs salaires de l’effectif (1,8 million d’euros net par an) et ne peut espérer plus. Il s’en ira libre, comme Ayew et Gignac avant lui. « C’est confidentiel », coupe court son agent, Maxime Nana, sans admettre qu’il négocie déjà une somptueuse prime à la signature avec la Lazio Rome… S’il est aussi en fin de contrat, Steve Mandanda, lui, a une chance de rester. L’été dernier, Besiktas et la Roma s’étaient manifestés mais aucune piste n’avait abouti. À bientôt 31 ans, il pourrait accepter un bail de longue durée contre un salaire légèrement revu à la baisse. Labrune, qui l’adore et en parle comme du « Maldini de l’OM », se dit en tout cas confiant dans ce dossier symbolique. La question ne se posera même pas si l’équipe accroche le podium : depuis trois ans, le contrat du capitaine comporte une clause de prolongation automatique d’une saison à chaque qualification pour la Ligue des champions. g télex Ribéry, retour triomphal mais gâché Neuf mois après sa blessure à une cheville, Franck Ribéry a rejoué en Bundesliga. À Mönchengladbach, le Français a remplacé Robert Lewandowski à quinze minutes de la fin. Surtout, six minutes lui ont suffi pour retrouver le chemin des filets, un numéro dans la surface après une passe d’Arturo Vidal. Malheureusement, le come-back tant attendu a été éclipsé par la première défaite de la saison des Bavarois (1-3). Dortmund, vainqueur à Wolfsburg (1-2), ne pointe plus qu’à cinq unités. Chelsea a le blues La situation de José Mourinho à Chelsea ne s’arrange pas après la défaite à domicile contre le promu Bournemouth (0-1). Déjà le huitième revers de la saison pour le champion d’Angleterre qui glisse à la 14e place. dimancheparis jdd | 6 décembre 2015 |i eXcLUSIF Un vœu, voté à l’unanimité par les élus du 9e arrondissement, propose de piétonniser et végétaliser les abords du palais Garnier. La mairie de Paris pourrait accepter L’Opéra veut changer de place Vue d’artiste de la place de l’Opéra débarrassée du trafic routier. Bertrand Gréco I l veut « libérer » l’Opéra Garnier et « le rendre aux Parisiens ». Jonathan Sorel, élu EELV du 9e arrondissement, a élaboré un projet assez ambitieux de piétonnisation et de végétalisation des abords du célèbre monument parisien. Il a même fait réaliser par un architecte des perspectives, que le JDD publie en avant-première. Déterminé à faire aboutir son idée, l’écologiste a déposé un vœu en conseil d’arrondissement le 2 novembre, adopté à l’unanimité, gauche et droite confondues. Le texte réclame une « étude de préfiguration pour le réaménagement du quartier ». Etape suivante : le même vœu, porté cette fois par le maire du 2e, Jacques Boutault (EELV), sera discuté au conseil de Paris des 14-15 décembre. À droite, la maire du 9 e , Delphine Burkli (Les Républicains), soutient le projet sans état d’âme : « C’est normal : ce réaménagement était dans mon programme pendant la campagne des municipales. Et je suis tout sauf sectaire. » Candidate, elle promettait une « piétonnisation partielle de la place » et « l’installation d’un miroir d’eau devant les marches », ainsi que la création d’un « boulevard [Haussmann] semi-piéton ». Mais elle reconnaît que son arrondissement n’a pas la « surface financière » pour se lancer seul dans ce chantier. Lors du conseil de Paris, elle s’associera donc « pleinement » à la démarche des écologistes. « Haussmann s’était opposé aux jardins » « Tout le monde s’accorde à dire que la place de l’Opéra est un carrefour extrêmement inhospitalier, voire dangereux, une jungle urbaine chaotique qui ressemble souvent à un parcours du combattant pour les piétons et les cyclistes. C’est aussi un parking géant pour les autocars des grands magasins boulevard Haussmann. Un immense gâchis pour ce bijou architectural ! », vitupère Jonathan Sorel. Il propose donc d’interdire la circulation automobile non seulement sur la place, jusqu’aux boulevards des Capucines et des Italiens, mais aussi sur le losange formé par les rues alentour – Auber, Halévy, Gluck et Scribe –, ainsi que sur la place Daghiliev, qui borde le boulevard Haussmann En bas à gauche, le projet vu du palais Garnier. Ci-dessous, l’actuelle place avec son flux de trafic très dense. DORian RigaL et eRic DessOns/ jDD derrière le palais Garnier. Seuls les bus y auraient droit de cité. Pas moins de quatorze lignes de la RATP se croisent ici, dont le Roissybus ou l’OpenTour, à vocation touristique. Le conseiller d’arrondissement suggère également de « poursuivre le rêve de Charles Garnier », l’architecte qui remporta le concours de l’Opéra en 1861 : « Ce précurseur du style Second Empire voulait entourer son palais de jardins, mais Haussmann Lifting prévu pour sept Lieux embLématiques La maire de paris a acté le réaménagement de sept places d’ici 2020 : Bastille, Nation, Italie, Panthéon, Madeleine, Gambetta et place des Fêtes. Un budget de 30 millions d’euros a été débloqué à cette fin, alors que la mue de la République avait coûté à elle seule 24 millions. Le mot d’ordre désormais est « sobriété ». Pas de gros travaux, pas de remplacement du pavement. Anne Hidalgo n’ambitionne pas d’« inscrire [sa] marque ». Mais « les voitures auront une place résiduelle », avait-elle prévenu lors du lancement de la consultation (de juin à fin septembre). La place de la République, elle, devrait être bientôt légèrement modifiée, afin d’accueillir une installation en hommage aux victimes de Charlie Hebdo, et des attentats du 13 novembre. B.G. s’y est opposé. Garnier espérait que les immeubles environnants seraient un jour démolis. Je ne vais pas aussi loin… » Son initiative se contente d’envisager une végétalisation massive des espaces publics, des toits et des façades, à grand renforts de plantes grimpantes. Enfin, il imagine de « thématiser les nouveaux espaces », c’est-à-dire de dédier chacune des quatre rues piétonnisées à la danse, à la musique, aux arts et aux enfants. « Des lieux populaires et citoyens, respectant et démocratisant la vocation culturelle du quartier », décrit-il. Autant de propositions qui, malgré l’unanimité politique locale, risquent de faire des vagues auprès des automobilistes. Pas sûr non plus que les commerces du boulevard Haussmann fassent preuve d’un enthousiasme débordant. Les grands magasins attirent 120 millions de visiteurs par an, quand la gare Saint-Lazare voisine enregistre plus de 100 millions de voyageurs en douze mois. « Dès qu’il s’agit d’améliorer le quartier, les grandes enseignes sont parties prenantes, c’est aussi leur intérêt », objecte Delphine Bürkli. L’édile « travaille beaucoup depuis un an », dit-elle, sur le problème des cars de tourisme : « À l’été 2016, nous allons expérimenter de nouveaux itinéraires », explique-t-elle. Élargir le périmètre sans voitures à Saint-Lazare Reste à convaincre Anne Hidalgo. La maire de Paris s’est déjà engagée à réaménager sept places parisiennes – sur le modèle de la République – au cours de la mandature [lire encadré]. La place de l’Opéra viendra-t-elle s’ajouter à la liste ? « La Ville va apporter une réponse favorable à ce vœu », annonce au JDD Christophe Najdovski, adjoint EELV de la maire en charge des transports et de la voirie : « Avec mon collègue Jean-Louis Missika [chargé de l’urbanisme], nous allons même aller plus loin, puisque nous proposerons d’élargir le périmètre de l’étude urbaine aux secteurs des grands magasins et de la gare Saint-Lazare, qui subissent de très fortes pressions automobiles. Les trottoirs sont trop étroits, il est nécessaire de rééquilibrer l’espace public. » Jean-Louis Missika confirme, mais se montre plus prudent : « Il est hors de question de rejeter ce vœu. Soit nous le reprendrons à notre compte tel quel, soit nous proposerons un vœu de l’exécutif un peu moins radical. Car l’endroit ne nécessite peut-être pas une intervention d’envergure. Il me paraît compliqué de piétonniser complètement les rues adjacentes, il faut pouvoir transporter les décors de l’Opéra. » L’étude-diagnostic, associant les grandes enseignes, la SNCF et l’Opéra national de Paris, pourrait être lancée dès 2016. Ce qui ne signifie pas qu’elle débouchera automatiquement sur un projet concret. Le Plan d’investissement de la mandature (PIM) est acté, mais une « clause de revoyure » est prévue à mi-mandat, en 2017, indique Christophe Najdovski. En attendant, la mairie de Paris a d’ores et déjà provisionné 100.000 € pour un « petit réaménagement » visant à faire disparaître l’actuel rond-point et à « créer un vrai parvis devant les marches de l’Opéra ». g ii | paris JDD | 6 décembre 2015 Redonner du souffle aux orgues PatriMoine La Ville de Paris compte 290 orgues, dont seulement 14 sont en bon état. La Fondation du patrimoine lance deux souscriptions populaires pour en rénover deux dans les 5e et 8e arrondissements Hervé Guénot La Fondation du patrimoine a ouvert deux souscriptions afin de restaurer deux orgues à Paris. L’association ouvre ainsi une « boîte de Pandore culturelle » car le patrimoine parisien de ces vénérables instruments de musique est aussi impressionnant qu’il est en péril. Il y a, d’après le ministère de la Culture, 290 orgues à Paris, dont 32 classées, mais 14 seulement en bon état. « C’est un patrimoine unique, probablement sans équivalent dans le monde », estime François Montel, délégué pour Paris de la Fondation du patrimoine. Mais ces orgues exigent des soins coûteux. Ainsi, pour relever l’orgue de Saint-Merry, près du Centre Pompidou, dont Saint-Saëns fut titulaire, il faudrait 1,5 million d’euros. Les gros travaux d’entretien (10.000 à 50.000 €) concernent 49 orgues parisiennes. Or le budget d’investissement de la Ville de Paris pour ces orgues s’élève à (seulement) 150.000 €. Il faut donc faire appel au mécénat populaire. C’est l’objet des deux souscriptions, actuellement ouvertes. Il « établit un dialogue » durant la messe La première concerne les grandes orgues de l’église SaintAndré-de-l’Europe (rue de SaintPétersbourg, 8e arrondissement) et a réuni à ce jour 43.000 €. L’église néogothique abrite un instrument des frères Delmotte, construit en 18601870. Buffet, soufflerie, alimentation, console, tuyauterie doivent être restaurés pour un montant de près de 180.000 €. Doté de deux claviers et de 20 jeux, l’orgue est démonté depuis juillet. Après restauration, il sera remonté en août 2016. « Il sonne magnifiquement. On peut tout jouer, jusqu’à Olivier Messiaen et les contemporains », explique Bertrand Ferrier, l’organiste titulaire *. Avant restauration, l’orgue avait le souffle court, ses jeux souffraient. Il rencontrait des problèmes d’harmonie entre les jeux, et était même asphyxié par la pollution. « Notre orgue établit un dialogue lorsque je célèbre la messe », souligne AlainChristian Leraitre, curé de SaintAndré de l’Europe. Des « concerts de remontage » seront organisés. Trois instruments déjà rénovés, dont « la Rolls » Autre souscription, pour l’orgue de la chapelle des Spiritains, rue Lhomond, dans le 5e arrondissement. « Construit dans la première moitié du XIXe siècle par un facteur anonyme, l’orgue – 2 claviers, 21 jeux – est installé dans une chapelle conçue dans les années 1770 », précise François Montel. « On l’utilise tous les dimanches pour les offices. Notre orgue a besoin d’une sérieuse mise à niveau », témoigne le Père Gabriel Vuittenez, supérieur de la maison des Spiritains de la rue Lhomond : « Un bon commencement : au total, les dons dépassent 20.000 €. Mais il reste encore du chemin pour atteindre la totalité de la somme du chantier : 57.126 € [la Fondation du patrimoine abonde 5.800 €] » Depuis 2008, trois instruments ont été tirés d’embarras grâce aux souscriptions populaires et à la Fondation du patrimoine. L’orgue du temple des Batignolles (1898), œuvre du facteur Joseph Merklin, a retrouvé son souffle. Quant à l’orgue du temple du Foyer de l’âme, à la L’orgue de la chapelle des Spiritains, rue Lhomond, dans le 5e arrondissement, a besoin « d’une sérieuse mise à niveau ». fondation du patrimoine Bastille, il dispose désormais d’une nouvelle palette sonore dans l’esprit des orgues du XVIIIe siècle allemand à l’époque de Jean-Sébastien Bach. La facture des travaux a été salée : 245.000 €. Enfin, l’orgue Cavaillé-Coll (1912) – « la Rolls » de l’instrument – de l’église luthérienne Saint-Jean, rue de Grenelle, a, lui aussi, retrouvé tout son éclat. Ces souscriptions, témoins de l’intérêt du public, constituent une première prise en compte d’un patrimoine instrumental oublié. Les orgues vont-elles connaître le sort heureux des églises parisiennes, certes en grand danger (JDD, 13 novembre 2013), mais qui bénéficient, depuis avril 2015, de 80 millions d’euros d’investissement sur cinq ans ? À ces crédits de la Ville de Paris s’ajoutent une participation de l’État de 11 millions et du mécénat privé. Le patrimoine musical des orgues parisiennes mériterait bien, lui aussi, un plan d’investissement. La Fondation du patrimoine a dans ses projets d’autres restaurations d’orgues, celles de l’église Saint-Merry et de Saint-Bernard de la Chapelle, un autre précieux instrument Cavaillé-Coll. g * L’homme qui jouait de l’orgue, Bertrand Ferrier, éd. Max Filo, 248 p., 18 €. Rosa Parks s’est fait un nom dans le 19e Histoire La pionnière des droits civiques aux états-unis est honorée à Paris soixante ans après avoir refusé de céder sa place dans un bus en alabama Marie-anne KLeiBer @Makleiber Le 1 décembre étaient célébrés aux États-Unis les 60 ans d’un acte de résistance, fondateur dans la lutte des droits civiques : c’est en effet en 1955 que Rosa Parks, une quadragénaire noire, refusa de céder sa place à un passager blanc dans un bus à Montgomery, dans l’Alabama. Cette semaine, rue d’Aubervilliers à Paris (19e), des artistes femmes (et un homme) travaillaient sur une grande fresque en plein air, en hommage à la couturière américaine. Cette paroi de béton de 400 m de long sera terminée et transformée à temps pour l’ouverture de la gare Rosa-Parks (ligne du RER E), le dimanche 13 décembre, près de la porte d’Aubervilliers. Un événement en soi : il n’y a plus eu de nouvelle gare construite dans Paris depuis celle de Biblioer thèque-François-Mitterrand en 2001. Mais en raison de l’état d’urgence, la transparente station Rosa-Parks, dessinée par les architectes Jean-Marie Duthilleul et François Bonnefille, accueillera ses premiers passagers dimanche 13 décembre, sans tambour ni trompette. Elle devrait être officiellement inaugurée plus tard, au premier trimestre 2016, par le nouveau président du conseil régional, la Région ayant financé la moitié du chantier, d’un montant de 130 millions d’euros. À terme, 85.000 passagers doivent emprunter chaque jour cette nouvelle gare et pourront se rendre à Saint-Lazare en sept minutes, contre vingt-cinq minutes en métro actuellement. Jusqu’en 2011, la gare en projet s’appelait gare Évangile, comme la rue qui la jouxte. En 2011, la Ville de Paris cherche à nommer les nouvelles stations du tramway le long des Maréchaux. « Nous voulions donner au moins 50 % de noms féminins, se rappelle la députée Annick Lepetit, qui était alors adjointe de Bertrand Delanoë chargée des Rosa Parks et une vue d’artiste de la gare à son nom qui ouvrira dimanche prochain. WiLLiam pHiLpott/reuterS et arep/SerGio CapaSSo transports, on a parfois beaucoup débattu, notamment avec la RATP, qui privilégie les noms de lieux déjà existants, mais pour Rosa Parks, il y a eu consensus : cela s’impose pour une station de tramway, c’est un symbole fort. » Une gare et un centre social portent son nom Dans le même temps, les habitants des quelque 1.800 logements de la cité Curial furent appelés à voter pour trois noms de voies dans une liste de dix, dont celui de Rosa Parks (comme la station de tramway). Plusieurs centaines de personnes votèrent : le nom d’un médecin très aimé dans le quartier, Bernard Tétu, arriva en tête, suivi de peu par celui de la couturière de l’Alabama. « On a eu alors l’idée de switcher le nom d’Évangile par celui de Rosa Parks, qui faisait consensus et qui avait du sens », explique-t-on au cabinet du maire du 19e, François Dagnaud. « Ce nom plébiscité localement a depuis irrigué largement dans le coin. » Le conseil de ce nouveau quartier s’appelle Rosa-Parks/ Macdonald. Un nouveau centre social qui doit ouvrir début 2016 a aussi pris le nom de la militante américaine. « Les jeunes ne connaissent pas tous l’histoire de Rosa Parks, ou vaguement, mais ils jugent avec bienveillance ce nom qui n’est pas clivant, et en sont même fiers », raconte Martial Buisson, président de l’association GFR, à l’origine de la fresque murale. Martial Buisson a organisé des rencontres et des ateliers artistiques pendant deux mois, avec les artistes de la rue d’Aubervilliers et les habitants de Curial et de La Chapelle, sur le thème du vivre-ensemble et de la non-violence. Grâce notamment à une aide de l’ambassade américaine, deux militants des droits civiques sont venus s’exprimer et échanger, en octobre : les deux avaient participé aux freedom rides, (des voyages de « la liberté en bus » jusque dans le sud ségrégationniste en 1961). « Ils ont parlé durant trois heures, de leur passé de “petites frappes” dans la rue, puis de leur engagement politique, raconte Martial Buisson, et ils nous ont montré que les communautés peuvent dialoguer, agir ensemble pour des droits, un message fort dans un quartier où vivent des juifs et des musulmans. » Les graffs rue d’Aubervilliers seront effacés d’ici à l’été prochain, mais de nouvelles œuvres devraient être réalisées, toujours autour des valeurs de résistance pacifique qu’affectionnait Rosa Parks. g paris | iii jdd | 6 décembre 2015 La péniche de Le Corbusier renaît à Austerlitz aurélie chaigneau PATRIMOINE Le célèbre architecte a aménagé un asile flottant en béton, en cours de rénovation MARIE-ANNE KLEIBER Entre Palais-Royal et Palais Brongniart, la brasserie La Bourse et la vie. Julien De FOnTenAY POuR le JDD la découverte de la semaine la Bourse et la vie (2e), adage confirmé Un vrai bistrot comme on les espère, presque touchant dans son décor en boiserie ; typique avec sa banquette et ses tables rapprochées ; sympathique dans son service, classique et copieux dans sa cuisine. On démarre gentiment avec un tendre poireau vinaigrette (9 €) ; une salade de betterave, anguilles fumées et raifort au top (12 €) ou encore une bonne soupe de chou (9 €). Ensuite, le filet de rouget est bien délicat, servi avec une bonne salade tiède de pommes de terre et une crème de romarin (30) ; le pot-au-feu de veau 7/10 ravigote, tête croustillante, herbes et citron vert est revigorant (28 €). En dessert : mousse au chocolat (8 €) ; coupe Vienne (9 €) ou crème caramel (6 €). Autour, arrosé par une belle carte des vins, on parle parigot mais aussi anglais. Et surtout on apprécie le tout dans une ambiance chaleureuse. Le bémol : le prix des plats qui grimpent très vite. La Bourse et la vie, 12, rue Vivienne (2e). Fermé samedi et dimanche. Tarifs : entre 40 et 55 € (hb). Tél. : 01.42.60.08.83. l’adresse du dimanche le Pigalle (9e), picorer branché Derrière les grandes baies vitrées, voici le Pigalle sexy, tamisé, à la fois café, bar, restaurant et hôtel. Sur banquette, sur chaise ou sur canapé, les jolies filles viennent partager quelques assiettes avec leur amoureux. Ou bien alors, c’est l’inverse. Au Pigalle, pas de cuisine, c’est plutôt un assemblage de bons produits servis dans des petites assiettes. Le pain vient de chez le chef Thierry Breton ; les terrines de chez Rodolphe Paquin ; la tarte de saison de chez Sébastien Gaudard et le café de chez Télescope… Et dans les assiettes, on déguste une belle burrata 6,5/10 bien crémeuse servie avec citron confit, fleurs de thym et huile d’olive (18 €) ; des arancini, des petites boulettes au fromage (8 €) ; une bonne terrine de campagne servie avec des pickles de mini-betteraves pour le peps (10 €) ; une poignée de haricots blancs à la bergamote, un peu chiche mais l’accord fonctionne (8 €). Pour les oiseaux de jour ou de nuit, amateurs de picore. Le bémol, la carte des vins et certains plats au prix trop élevé. Le Pigalle, 9, rue Frochot (9e). 7j/7. Tarifs : à la carte, 40 à 50 € environ (hb). Tél. : 01.48.78.37.14. retour chez… Julien De FOnTenAY POuR le JDD Schwartz’s Deli (4e), burger Schwartz’s Deli, c’est une des valeurs sûres du burger. Copieux, généreux, tendre. Un réconfort les jours gris d’hiver. À dévorer avec les doigts dans un décor à l’américaine. Nappes à carreaux, 6,5/10 banquettes et photos made in USA. Dans les assiettes, pas d’entourloupe, on commande et on obtient des burgers de compèt’, maousse costauds pour appétit d’ogre : veggie (12 €) ; poulet (15 €) ; fish (16 €) ; ou le Parisien avec steak tartare en aller retour (16 €) ; le Rossini avec foie gras poêlé (24 €) ou alors le classique cheeseburger (14,50 €). Selon l’envie, le temps et l’heure. Votre choix sera le bon. Allez, on dit « cheese » avec le sourire. Schwartz’s Deli, 16, rue des Écouffes (4e). 7j/7. Tarifs : entre 15/20 € environ. Tél. : 01.48.87.31.29. @Makleiber L’architecte Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier, est mort il y a cinquante ans. En hommage à ce penseur et bâtisseur, le 13e arrondissement organise exposition, visites et conférences*. « Le Corbu », comme on l’appelle parfois, a en effet construit trois édifices dans le 13e, Le Palais du peuple de l’Armée du salut, La Cité Refuge, la Maison Planeix. Ce que le grand public sait moins, c’est que ce visionnaire a transformé totalement une péniche en béton, toujours amarrée non loin de la Cité de la mode et du design, à Austerlitz. Cette barge, datant de 1919, servait à transporter le charbon de Rouen à Paris. En 1929, l’Armée du salut la rachète et Le Corbusier est chargé de l’aménager pour en faire un asile flottant. Il perce des fenêtres, crée des dortoirs, des casiers, des terrasses, ouvre des portes et une perspective dans les cloisons étanches. La péniche, bap- ATelieR CAnTAl-DuPART Bonnes taBles tisée Louise-Catherine, sera fermée en 1994 pour raisons de sécurité. En 2006, des amis passionnés d’architecture l’acquièrent, la font classer monument historique en 2008. Depuis, des travaux de rénovation ont été entrepris par l’association Louise-Catherine, présidée par l’architecte Michel Cantal-Dupart. « Dans un an, le chantier devrait être fini et la péniche sera alors un nouveau lieu culturel du 13e, dédiée notamment à des expositions d’architecture », annonce-t-il. Et des jardins devraient même refleurir sur les trois terrasses de la barge en béton. g Du 15 décembre au 6 janvier. mairie13.paris.fr. Visite de la péniche sur inscription, [email protected] iV | Paris | que faire aujourd’hui JDD | 6 décembre 2015 En famille gratuit unique À l’extérieur CouP de Cœur À l’intérieur en famille artillerie militaire Pour les gourmets films d’animation la fête de la street culture pour les démonstrations d’artillerie militaire ancienne à l’occasion de la fête de la Sainte-Barbe (4 décembre). Catapulte du Moyen Âge, canons du XVIIIe et obusier de 1945. Hôtel des Invalides (7e), M° Invalides. De 14 h 30 à 17 h. Gratuit. musee-armee.fr pour goûter les spécialités des 350 exposants du salon Saveurs. Dégustation et vente de produits fins : foie gras, poissons fumés, thés, confitures, etc. Espace Champerret (17e), M° Porte-de-Champerret. De 10 h à 20 h. Tarif : 10 €. salon-saveurs.com pour un panorama des nouvelles productions du cinéma d’animation indépendant. Sept séances dont un ciné-concert à 17 heures avec des classiques du dessin animé. Forum des images (1er), M° Les Halles. À partir de 14 h. Tarifs : 6 € par séance, 5 € (réduit). forumdesimages.fr pour découvrir la danse hip-hop dans des ateliers d’initiation (à partir de 8 ans), un skatepark géant (BMX, skate, trottinette), et des spectacles de plusieurs compagnies. Grande Halle de la Villette (19e) De 11 h à 21 h. Gratuit (coupe-file à imprimer sur lavillette.com) 9e Belle Brocante Avenue de Trudaine, M° Anvers. Environ 150 exposants, professionnels de l’antiquité-brocante, s’installent avenue de Trudaine. Mobilier ancien, objets d’art, vaisselle, etc. 5e De 7 h à 19 h. Gratuit. spam.fr trésors d’égypte Institut du monde arabe, M° Jussieu. Découvrez des trésors engloutis en mer depuis le VIIe siècle et retrouvés après sept années de fouilles sous-marines. Parmi les pièces, des monuments, statues, instruments rituels et autres vestiges de la cérémonie secrète des Mystères d’Osiris. 4e De 10 h à 20 h. Tarifs : 15,50 €, 10,50 €. imarabe.org 18e la Bd au top 19e Espace de glisse parisien, M° Porte-de-la-Chapelle. Épreuve de freestyle en skate au programme des Trophées parisiens de la glisse. Pour les participants, possibilité de s’inscrire entre 12 h et 13 h 30. Animations DJ, expo photo, graffiti… De 12 h à 17 h. Gratuit. paris.fr Le Zénith de Paris, M° Porte-de-Pantin. Après la sortie de leur album en duo, les deux compères Alain Souchon et Laurent Voulzy se produisent ensemble en concert. Nouvelles chansons et tubes indémodables des deux répertoires. À 17 h. Tarifs : de 45 € à 75 €. le-zenith.com Belles cylindrées Parc des expositions, M° Porte-de-Versailles. Les plus grandes marques dévoilent leurs dernières motos au Salon de la moto. Gros plan sur les modèles vintage et néo-classiques, ainsi que sur les deux-roues urbains, high-tech et écolos. chanson jeune puBlic Scène du Canal, M° Château-Landon. Dans le cadre du festival Only French, le chanteur Barcella présente son premier spectacle jeune public. Les péripéties de Tournepouce, tantôt contées, tantôt chantées, invitent au rêve et au voyage. À partir de 8 ans. À 16 h. Tarif : 8 €. Casino de Paris, M° Liège. La compagnie Antonio Gades présente Carmen et Suite flamenca. Un spectacle de flamenco qui reprend l’histoire de la nouvelle Carmen, de Prosper Mérimée, un hommage aux danses endiablées andalouses. souchon & Voulzy 5e De 10 h à 19 h. Tarifs : 16 €, 8 € (réduit). lesalondelamoto.com 10e ViVa flamenco À 17 h 30. Tarifs : de 35 € à 80 €. casinodeparis.fr De 11 h à 19 h. Gratuit. sobd2015.com glisse urBaine 15e 9e Halle des Blancs-Manteaux, M° Hôtel-de-Ville. Dessinateur du magazine Fluide glacial, Daniel Goossens présente 50 planches et dessins au salon SoBD. Une quarantaine d’éditeurs attendus. Gros plan sur les dessinateurs taïwanais et performance de création sur une planche de 10 m. salon du dVd Cinéma La Clef, M° Censier-Daubenton. Une vingtaine d’éditeurs participent au salon de l’édition DVD indépendante. Des centaines de fictions et de documentaires pour tout public, des grands classiques aux films de série B, des idées de cadeau à dénicher… De 14 h à 20 h. Gratuit. salondvd.fr 18e noël des papilles Co, M° Porte-de-Clignancourt. Le restaurant Co, situé 15, rue Esclango, propose un marché de Noël dédié à la gastronomie. Produits à déguster et idées de cadeaux autour de la cuisine : livres de recettes, accessoires de service, épicerie fine, etc. 20e De 11 h à 19 h. Gratuit. co18.fr cirque pour enfants Cirque électrique, M° Porte-des-Lilas. Acrobaties, marionnettes décalées et dressage de peluches au programme du spectacle de cirque enfantin AbaDaba, jusqu’au 27 décembre. À partir de 2 ans. Après le spectacle, accueil des enfants au bar à sirop. À 15 h. Tarifs : 16 €, 12 € (réduit). cirque-electrique.fr en Île-de-france 91 92 93 95 mozart et l’amour les rouart, famille d’artistes liVre jeunesse 100 % polar Théâtre de Longjumeau La soprano Sandrine Piau et l’Orchestre national d’Île-de-France proposent le concert Amoureuses. Le thème de l’amour chez Mozart, avec des extraits des Noces de Figaro, Don Giovanni, etc. À 15 h. Tarifs : de 17 € à 25 €. theatre-longjumeau.com Atelier Grognard, Rueil-Malmaison. Trois générations d’artistes à découvrir à l’exposition « Les Rouart », de l’impressionnisme au réalisme magique. Cent trente œuvres signées de Henri, Ernest ou Augustin Rouart, confrontées à celles de maîtres de l’impressionnisme comme Degas ou Morisot. De 13 h 30 à 18 h. Tarifs : 6 €, 4 € (réduit). mairie-rueilmalmaison.fr Espace Paris-Est, Montreuil. Le 31e Salon du livre et de la presse jeunesse présente un panorama de la littérature jeune public. Nombreux temps forts : lectures, rencontres avec des auteurs, performances autour du dessin et de la BD, contes, marionnettes, etc. De 10 h à 19 h. Tarif : 4 €, gratuit (– 18 ans). slpj.fr Espace Léonard-de-Vinci, Montigny-lès-Cormeilles. Environ 70 auteurs de roman et de BD attendus au Salon du polar, dont le parrain est le réalisateur Xavier Durringer. Au programme : rencontres, débats et dédicaces. À 11 h 30, dictée polar. Également, espace consacré aux livres jeunesse. De 11 h à 18 h. Gratuit. salondupolar.montigny95.fr