Raymond FORNI

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Raymond FORNI
Hommage à Raymond FORNI
Un enfant de MONTREUX-CHÂTEAU
Au nom d’une solide amitié qui ne s’est jamais démentie, je tiens à évoquer l’ascension
exceptionnelle de Raymond FORNI, car son parcours est l’illustration d’une intégration
réussie et cette réussite doit demeurer un exemple pour les générations montantes.
Deux frères, venant de la « région des Sept Lacs » au nord de l’Italie, Jean et Antoine FORNI
ont choisi la France pour s’y installer à la fin du 19è siècle, vers l’année 1895. Quatre
décennies plus tard, j’ai bien connu l’un d’eux, le grand-père Jean, rétameur de son métier,
puisqu’il vivait tout près de la maison de mes parents à Montreux-Château. Enfant, je lui
rendais souvent visite dans son atelier. J’étais admirative de son travail où il rendait vie aux
objets. Dur métier qu’il exerça avec ses fils Alexis, Marius, Alfred, en sillonnant, avec
persévérance, les routes du département et visitant les clients des villages environnants.
Puis les évolutions techniques leur permirent de créer leur petite entreprise familiale.
Du mariage d’Alexis avec Antoinette, une fille, elle aussi du Nord de l’Italie, naquirent trois
enfants : Jean, Rosette et Raymond né le 20 Mai 1941.
Ma mère, institutrice à l’école communale de Montreux-Château depuis 1919, avait tout de
suite décelé chez Raymond un intérêt et une curiosité rare pour un élève de son âge, ainsi
qu’une adaptation étonnante à communiquer avec les autres enfants. Elle nous disait
souvent : « ce petit ira loin ». Et il est allé loin, jusqu’aux plus hautes fonctions de l’Etat.
Ce parcours ne fut pas de tout repos.
Petite enfance difficile dans un milieu modeste, situation aggravée par la douleur et la
disparition de son père victime d’un accident tragique alors que Raymond n’avait que 10
ans. Bien des années de privations l’attendaient, mais la force de son caractère était son
principal atout, ne pas désespérer pour arriver à se frayer un chemin.
Enfin naturalisé à 17 ans sur sa demande, devant le juge de paix de Fontaine, très tôt
confronté aux réalités de ses charges, il n’hésita pas à accepter un travail à la chaîne chez
Peugeot où il prit conscience de la nécessité d’un vrai syndicalisme au sein des entreprises,
expérience qui lui fut utile pour son entrée en politique. En 1960, il trouva un poste de
Surveillant d’études au Lycée Technique de Belfort, ce qui lui permit de reprendre les
siennes, tout en ayant recours à différents petits boulots pour améliorer l’ordinaire. Grâce à
sa ténacité, le reste s’enchaîna.
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Bachelier à 20 ans - licencié en Droit en 1968 à Strasbourg – obtention du Certificat
d’aptitude à la profession d’Avocat – Associé, pendant 4 ans, au Cabinet de Pierre NETTER,
avocat à Belfort.
C’est précisément en 1972 qu’il est sollicité pour plaider la cause de Nicole MERCIER,
professeur de philosophie au Lycée Courbet de Belfort, poursuivie en justice, puis inculpée
pour avoir osé parler de sexualité pendant ses cours. Cette affaire eut un retentissement
national. L’instruction dura des mois et pour Raymond FORNI, l’enjeu professionnel était
capital. Finalement le procès se solda par un non-lieu pour Nicole MERCIER et permit à son
jeune avocat, d’asseoir sa notoriété.
En 1971, Raymond FORNI avait déjà répondu à l’appel de la politique, en devenant conseiller
municipal à Montreux-Château. En 1973, il fut élu député de « Belfort-Campagne », puis
réélu en 1978. Présente à ses côtés, lors de la campagne de 1973, j’ai été témoin de
quolibets et de termes désobligeants sur ses origines italiennes, mais il a toujours su passer
outre ces excès de langage.
Pendant 1/4 de siècle, assidu à l’Assemblée Nationale, très apprécié de ses pairs pour son
travail parlementaire, il fut d’abord en 1981, Président de La Commission des Lois. Puis en
1986, membre de la Haute Autorité de l’Audiovisuel. En 1991, puis en 1999 vice-président de
l’Assemblée Nationale, puis finalement, en Mars 2000, élu Président à une très large
majorité.
Devenu le 4e personnage de l’Etat dans la hiérarchie de la République Française, Raymond
FORNI occupa cette fonction durant 2 années.
Après avoir œuvré, avec détermination, des décennies plus tôt pour faire aboutir la loi
mettant fin à la peine capitale, il eut, en octobre 2001, l’énorme satisfaction d’organiser à
l’Hôtel de Lassay, le vingtième anniversaire de l’abolition de la peine de mort, en présence
de son plus acharné artisan, son ami, Robert BADINTER.
En 2002, après le changement de majorité, il reprit sa fonction de maire de Delle et, en 2004,
fut élu Président du Conseil Régional de Franche-Comté.
Parti bien trop tôt, le 5 Janvier 2008, la fatigue et la maladie ont eu raison de son courage. Il
repose au cimetière de cette commune si chère à son cœur, MONTREUX-CHÂTEAU.
Grand Serviteur de l’Etat, Raymond FORNI laissera, dans le cœur de toux ceux qui l’ont aimé
et apprécié, le souvenir d’un homme courageux et intègre, ardent défenseur des valeurs de
notre République.
Raymonde FEUERSTEIN
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Texte : Raymonde FEUERSTEIN
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forme et par quelque moyen que ce soit, électronique ou traditionnel, sans l’autorisation de
Madame Raymonde Feuerstein.
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