Déchargement fatal

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Déchargement fatal
Déchargement fatal
Enquête d’accident
Un semi-remorque se renverse, entraînant dans la mort un travailleur. La Commission de la santé et de la
sécurité du travail (CSST) émet des recommandations pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.
L
e 10 août 2006, un semiremorque à benne basculante procède au déchargement de
sa cargaison de gravier sur un chantier routier dans la municipalité de
Châteauguay. Comme le gravier
commence à s’écouler, le semiremorque se renverse en direction
d’un camion-benne, lui aussi en
cours de déchargement. Le semiremorque écrase la cabine du
camion 12 roues, écrasant mortellement son conducteur.
Ce travailleur aurait pu être un de
vos proches. Et ce décès aurait pu
être évité si la gestion du déchargement des semi-remorques avait été
respectée. En effet, dans son rapport d’enquête, la CSST retient les
trois causes suivantes pour expliquer cet accident.
La conception du semi-remorque fait en
sorte qu’il est instable pendant son
déchargement. D’une manière générale,
les semi-remorques à benne basculante
sont des véhicules dont la stabilité est précaire. Plusieurs facteurs inhérents à la
conception de ces véhicules influencent
cette stabilité, notamment le type de suspension, la largeur d’appui de la suspension sur
les essieux et la base d’appui du véhicule
sur le terrain. Dans le cas qui nous intéresse, on retrouve un semi-remorque à
suspension de très faible largeur sur lames.
Le cumul des facteurs déstabilisants vers
le côté conducteur entraîne le renversement du semi-remorque. Même dans des
conditions idéales, le déchargement d’un
semi-remorque chargé de vrac rend ce véhicule instable. La stabilité du véhicule en
cours de déchargement dépend notamment
de l’inclinaison du terrain, du type de matériau transporté, de sa distribution dans la
benne et de l’écoulement du matériau lors
de son déversement. Bien qu’il ne soit pas
possible d’établir ce fait avec certitude, le
chargement du semi-remorque à la carrière
est probablement plus important du côté
chauffeur, ce qui a pour effet d’incliner le
semi-remorque de ce côté, puisque la
suspension sur lames subit ainsi une
contrainte plus importante du côté le plus
lourd. À cela s’ajoute l’inclinaison de 2 à 3
degrés du terrain du côté conducteur et
l’importance de la charge en hauteur par
rapport à la charge au bas (celle contribuant
le plus à la stabilité de la benne) qui, à environ
30 degrés d’élévation, accentue le déséquilibre du semi-remorque du côté conducteur.
La gestion du déchargement des semiremorques sur le chantier est déficiente.
Bien que la faible stabilité des semiremorques à benne était connue du maître
d’œuvre, aucune mesure de prévention n’a
été mise en place pour pallier cette lacune.
En effet, le signaleur, qui n’a reçu aucune
directive concernant l’établissement d’un
périmètre de sécurité autour des semiremorques en cours de déchargement, se
contente d’indiquer l’emplacement de
déchargement aux conducteurs et ces derniers amorcent leur déversement de pierre
sans aucune autre directive ou autorisation.
Des recommandations qui s’imposent
Pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise à
l’avenir, la CSST recommande l’établissement
d’une séquence de déversement des camions
et sa supervision, de manière qu’aucune
personne ni aucun équipement de chantier ne
se trouve à proximité d’un semi-remorque à
benne basculante lorsqu’il déverse son
contenu. Cette zone d’exclusion se situe de
chaque côté du camion, sur une distance minimale égale à la longueur de la benne.
Pour accéder à la version intégrale du rapport d'enquête de la CSST, rendez-vous à l’adresse suivante : http://centredoc.csst.qc.ca/pdf/ed003672.pd
6 PRÉVENIR AUSSI
Volume 23, numéro 1, printemps 2008