Les Roquios : les passeu

Transcription

Les Roquios : les passeu
Rezé MEP décembre
17/11/05
M
14:29
Page 22
ÉMOIRE DE LA VILLE
Même si beaucoup ne les ont jamais vu,
tout le monde les connaît.
Les Roquios, ces bateaux
qui traversaient jadis la Loire,
ont marqué le passé fluvial de Rezé.
Les Roquios : les passeu
eur histoire, difficile à cerner
tant elle s’étale dans le temps,
semble toutefois commencer
vers 1889*.
C’est à cette époque que les navires
effectuant la traversée TrentemoultChantenay prennent le nom de
“Roquios” (en référence au surnom
d’un certain Jean Moreau, ancien gardien et ramasseur de crottin près des
bacs de Loire).
D’abord propriété de la Compagnie de
Navigation de Basse Loire, puis des
Messageries de l’Ouest (vers 1906),
les Roquios iront jusqu’à être réquisitionnés par le Conseil Municipal de
Rezé, début 1931, à défaut de quoi le
service, en difficultés financières,
L
22
Rezé Mensuel - Décembre 2005
aurait pu s'arrêter. Au grand dam des
nombreux usagers de l'époque...
Le père de Marcelle Le Floch, habitante des Couëts, fut justement
patron de Roquios. Arrivée à
Trentemoult dans les années 30, la
famille était évidemment cliente de
ces vedettes fluviales alors incontournables. “J’ai pris le bateau très tôt.
D’abord avec ma mère pour aller faire
les commissions à Nantes puis, plus
tard, quand j’ai commencé à travailler
dans un atelier de couture de
Chantenay. Le dimanche, je m’en souviens bien, les Roquios étaient bondés. Les gens venaient se promener à
Trentemoult, ou se baigner sur la
plage Beau-Rivage. On se déplaçait
même spécialement pour manger des
galettes et boire du cidre.”
Un transport rapide
Les Roquios restaient aussi le meilleur mode de transport des ouvriers et
des ouvrières. Beaucoup venaient de
Rezé, Bouguenais ou de plus loin
encore, pour embarquer tôt le matin.
Direction les chantiers navals mais
aussi les principales usines de l’époque. Dans les années 50 et 60,
Simone Leray, qui a aujourd’hui 81
ans, tenait un magasin de cycles sur
les quais de Trentemoult. Avec son
mari mécano, elle voyait ainsi passer
dans sa boutique une centaine de per-
Rezé MEP décembre
17/11/05
14:29
Page 23
eurs du temps
sonnes par jour et autant de deuxroues. “Il y avait beaucoup de gens
qui prenaient les Roquios pour rejoindre la cale Crucy, juste sur l'autre rive.
C'est là qu'il y avait les raffineries de
Chantenay et les brasseries de la
Meuse. C’était le moyen le plus rapide
pour s’y rendre sans passer par Pirmil.
C’était un vrai gain de temps pour tout
le monde.”
Le temps est passé et les Roquios
ont disparu vers la fin des années
50 - début des années 60, laissant
derrière eux des sillons indélébiles
dans le passé fluvial de Rezé. La
Ville participe d’ailleurs financièrement à la restauration d’un Roquio
(le Chantenay).
Roquios et Navibus :
un air de famille
*Sources :
“Annales de
Nantes et du Pays
nantais”. 1982.
Article
de Yann Vince.
“L’Ami de Rezé”.
Avril 1993. Article
de Pierre Rouaud.
Le Navibus, géré par la société Finist’mer, a été mis en
place par la Tan et la Communauté Urbaine cet été. Il relie
la gare maritime de Nantes au port de Trentemoult et présente plusieurs similitudes avec ses ancêtres les Roquios.
En effet, au siècle dernier, les rotations avaient lieu toutes
les 20 minutes. Idem pour le Navibus. Quant aux horaires,
ils n’ont presque pas changé : premier départ vers 7h et
dernier peu après 20h. L’équipage, lui, même avec plusieurs décennies d’écart, est toujours composé d’un pilote
(appelé autrefois le “patron”) et d’un mousse. Il n’y a guère
que le carburant qui ait changé, le diesel remplaçant le charbon et la vapeur !
Rezé Mensuel - Décembre 2005
23