- Semiose
Transcription
- Semiose
Art Media Agency Newsletter N°258 7 octobre 2016 pp. 30-33 NEWSLETTER 258 7 octobre 2016 CROWDFUNDING ADOPTE GINETTE ! [ INTERVIEW Sentinelles, sculptures au FRAC. DR Semiose - 54 rue Chapon, 75003 Paris, France + 33 (0) 79 26 16 38 - [email protected] - www.semiose.com FRANÇOISE PÉTROVITCH RÉVÈLE SES PEINTURES Trois institutions culturelles ont souhaité inviter Française Pétrovitch à concevoir un parcours artistique, de Marseille à Tarascon, en passant par Arles. Peintures, dessins, vidéos et sculptures composent un corpus inédit. Entre obsession de l’étrange et paysages hybrides, un récit singuler. Françoise Pétrovitch expose jusqu’au 30 octobre ses travaux dans le sud de la France. Elle y décline son univers à la fois ambigüe et inquiétant, peuplé de jeunes adolescents, héros d’un conte contemporain qui ne se terminerait pas si bien que ça ! Et, grande nouveauté, elle livre pour la première fois son travail de peintre, un volet placé sous le regard protecteur des grands maîtres de l’histoire de l’art. Vous avez inauguré début juillet une triple exposition à Marseille, en Arles et à Tarascon. Quelle est la genèse de ce projet réparti sur trois lieux ? Après avoir exposé avec Pascal Neveux en 2005 – alors qu’il était directeur du Frac Alsace à Sélestat –, il m’a invité presque dix ans après à présenter mon travail cette fois-ci à Marseille, au Frac PACA. Il n’était pas question d’une redite cependant, d’autant que mon travail a beaucoup bougé depuis. Lorsqu’il m’a proposé cette nouvelle intervention, en 2013, je venais de participer à une exposition collective au château de Tarascon, Centre d’arts René d’Anjou. Le directeur avait envie qu’on retravaille ensemble, et donc cela s’est fait assez naturellement. Ventriloque, au château de Tarascon. DR Le thème a-t-il été imposé ou la réflexion fut-elle commune ? Non, c’était à moi d’initier le projet sur les trois lieux, à partir de discussions individuelles avec les trois commissaires. Je voulais montrer au Frac essentiellement de la peinture – avec, certes, des dessins et de la vidéo –, que je travaille de manière très régulière depuis des années, mais que j’ai peu montrée jusqu’à présent. Pour quelle raison ? On me demande souvent des dessins, et il faut dire aussi que je me sentais plus fragile en peinture. Mais aujourd’hui, je me sens capable de la montrer. À Tarascon, nous sommes dans un lieu à part, un château du XVe siècle, très minéral et dense. Je voulais y présenter quelques œuvres produites spécifiquement, dont une tapisserie, technique que j’aborde pour la première fois d’ailleurs. Pour chaque espace, il s’agit de propositions différentes avec des titres propres : « S’absenter » au Frac, « Verdures » à Tarascon et « Îles » à Arles, où j’ai accroché de grands dessins et une petite sculpture, un choix plus radical. Avez-vous établi une narration entre les différents lieux ? Je ne l’ai pas du tout construit comme cela, même si je pense que les visiteurs pourront bâtir un récit. Comme j’ai un travail d’atelier quotidien, je pense que les expositions sont aussi là pour rendre compte de ce travail, pas uniquement pour produire de nouvelles pièces spécifiques. J’aime inverser cette tendance, où l’on est illustrateur d’une pensée, d’un contexte, d’un propos. Abonnez-vous gratuitement : subscribe.artmediaagency.com 31 ] Semiose - 54 rue Chapon, 75003 Paris, France + 33 (0) 79 26 16 38 - [email protected] - www.semiose.com INTERVIEW Françoise Pétrovitch On note une très grande présence de la couleur dans vos œuvres et pourtant vous dites que vous ne vous êtes jamais pensée comme une coloriste ? Je me suis toujours sentie appartenir au monde du dessin. Je pratique la gravure, un art du noir et blanc, j’enseigne à l’École Estienne l’art du livre, on y travaille la typographie, le texte, l’image en noir et blanc souvent… Aujourd’hui, je me rends compte que je pense les couleurs en valeurs, un sombre, un clair… Les blancs forts vont donner la lumière, un vert et un gris peuvent s’unir parce qu’ils sont de la même valeur. C’est ce qui m’intéresse. Quelle complémentarité trouvez-vous entre le dessin, la sculpture et la peinture ? Comment tout cela s’articule-t-il ? D’abord, il y a des projets que je pense immédiatement en sculpture, avec comme point de départ un petit croquis. Ensuite, j’ai essayé de ne pas transposer le dessin en peinture, ce qui a été très dur au début car je ne retrouvais pas ce qui m’était propre et il a fallu que je trouve une autre liberté. J’essaye de bouleverser ce qui est de l’ordre du savoir-faire. Vous questionnez les sujets également ? Oui. Il y a une historicité de la peinture avec les grands genres, le portrait, le paysage, la nature morte… Or, il n’y a pas cette contrainte dans le dessin, qui est plus intime. Un certain nombre de choses annexes relevant du dessin ne seront jamais peintes. Vous cherchez à revisiter l’histoire de l’art ? Lorsque je dessine, je ne regarde presque jamais l’histoire de l’art. Lorsque je peins, j’ai en mémoire toute la peinture que j’ai vue dans les musées, dans les livres… Il y a la contemplation et la permanence de la peinture. Est-ce que le rapport au marché de l’art a été une pression sur votre production ? Par rapport à une attente des collectionneurs… Je n’en ai pas trop fait cas. Je sais que certaines séries de dessins, comme les poupées, se vendaient mieux que d’autres, mais si je sens que je m’épuise, que j’ai un peu trop de facilités ou que je ne suis plus en difficulté ni en tension lorsque je dessine, je n’ai plus envie d’avancer dans cette direction. Vous avez changé de galerie, arrêtant votre collaboration avec RX pour la galerie Sémiose. Est-ce qu’il faut entendre la présentation de la peinture comme une demande du galeriste ? Non, pas du tout. Les galeristes m’accompagnent, mais ne me disent pas quoi faire. Il n’y pas de demandes. Il y a des discussions, des analyses autour du travail en train de se faire, ça oui. Qu’est-ce que vous ne supportez pas qu’on écrive sur votre travail ? Que c’est une œuvre de femme et que c’est séduisant… En disant cela, on me range dans une case sans appréhender l’ensemble de mon travail. Quels sont vos projets ? Ils sont nombreux… Un projet de sculpture en bronze est en cours pour le Centre d’art de Campredon à l’Isle-sur-la-Sorgue, car j’ai vraiment envie de développer ce type de sculptures monumentales en extérieur. Et puis deux expositions en Russie, une en Suisse, la commande d’une estampe pour la ville de Lorient, des expositions collectives en centres d’art, un projet avec les Nouveaux Commanditaires pour ATD Quart Monde, à côté du Louvre Lens. Il y a un enjeu moral et une responsabilité dans ce type de projet qui m’intéresse beaucoup. [ 32 « S’absenter » au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Verdures » au Château de Tarascon. « Îles » à Asphodèle en Arles. Jusqu’au 30 octobre. www.francoisepetrovitch.com Art Media Agency – 7 octobre 2016 Semiose - 54 rue Chapon, 75003 Paris, France + 33 (0) 79 26 16 38 - [email protected] - www.semiose.com Françoise Pétrovitch dans son atelier. DR Abonnez-vous gratuitement : subscribe.artmediaagency.com 33 ] Semiose - 54 rue Chapon, 75003 Paris, France + 33 (0) 79 26 16 38 - [email protected] - www.semiose.com