LA CÉVENNE MÉRIDIONALE HABITER DANS
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LA CÉVENNE MÉRIDIONALE HABITER DANS
H ABITER DANS L A C ÉVENNE M ÉRIDIONALE C AHIER DE R ECOMMANDATIONS A RCHITECTURALES Parc naturel régional des Monts d’Ardèche P ARC N ATUREL R ÉGIONAL DES M ONTS D’ A RDÈCHE ÉDITORIAL Les paysages des Monts d’Ardèche constituent une richesse exceptionnelle qui leur a valu une reconnaissance nationale avec ce classement en Parc naturel régional. Nous nous sommes engagés ensemble à préserver et valoriser ces paysages hors du commun. Lors de l’élaboration du Plan du Parc qui accompagne notre charte constitutive, nous avions caractérisé les “grands paysages” du Parc, au nombre de six : plateau de Vernoux, massif du Mézenc Gerbier, Boutières, Haute Cévenne, Cévenne méridionale et Piémont cévenol. Depuis nous nous sommes employés à démontrer leurs spécificités, à apprendre leur histoire et décrire leurs fonctionnements. Car on ne construit bien l’avenir qu’en comprenant mieux le passé, sans nostalgie mais avec la ferme conviction que nos paysages sont porteurs de sens. Ce cahier technique concerne la Cévenne méridionale. Il est le premier d’une série de six que nous élaborons grâce à l’appui et aux compétences du Conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement de l’Ardèche (CAUE). SOMMAIRE VIVRE ET UTILISER LA PENTE LA CÉVENNE MÉRIDIONALE Page 2 Une identité paysagère Une organisation horizontale du territoire Page 4 Évoluer sur la pente Des villages sur la pente, une architecture adaptée UN PAYSAGE CONSTRUIT Des conseils pratiques pour rénover et agrandir son habitation et quelques recommandations simples pour réaliser une construction qui intègre son environnement sont ensuite proposés : l’implantation de la maison, son adaptation à la pente, son volume, ses couleurs, sont parmi les éléments les plus importants à étudier. PROTÉGER L’EXISTANT Page 8 Bâtir la pierre, un savoir-faire La charpente et la couverture Les façades Les enduits de façade et les ouvertures Page 12 Agrandir ou créer une ouverture Page 13 Les projets d’extension Petites interventions AGRANDIR SA MAISON CONSTRUIRE AUJOURD’HUI BÂTIR UN PROJET Page 16 S’engager dans un projet et définir ses besoins Page 17 S’adapter au terrain Volumes et couleurs L’architecture contemporaine Nouveaux matériaux, nouvelles démarches S’IMPLANTER SUR LA PENTE Enfin quelques informations pratiques pourront accompagner la mise en oeuvre d’un projet : quelles démarches administratives doivent être conduites, qui peut apporter des conseils spécifiques ou des aides? Je sais que vous saurez trouver dans ce cahier tous les éléments permettant de préserver et valoriser notre belle Cévenne méridionale. Henri BELLEVILLE Président du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche En quelques pages, des clés vous sont données pour mieux comprendre l’habitat de la Cévenne méridionale, identifier les techniques et savoir-faire afin de réussir ensuite un projet de rénovation ou de construction. RESTAURER SA MAISON Le présent cahier technique s’adresse à tous ceux qui peuvent avoir un projet de construction ou de rénovation. Il a la prétention d’aider à découvrir ou redécouvrir ce qui fait le caractère de la Cévenne méridionale : un regard éclairé sur son environnement est un premier pas pour réussir son projet. Prenons donc le temps de découvrir notre environnement quotidien : terrasses de schiste, de granite ou de grès, maîtrise de l’eau, villages accrochés à la pente, volumes des habitations, nature et couleur des matériaux de construction, petit patrimoine bâti, etc... Page 6 UN BÂTI SORTI DU SOL Matériaux locaux et matériaux rapportés LES OUVERTURES Il présente des Monts d’Ardèche en route pour la Méditerranée... Un travail considérable a été conduit afin de conquérir des pentes et de maîtriser l’eau tumultueuse. Un habitat typique, en schiste ou en granite s’est accroché à la pente sur un socle de terrasses. Parler d’habitat demande tout d’abord d’identifier et de comprendre les caractéristiques paysagères de la Cévenne méridionale. VIVRE ET UTILISER LA P ENTE GUIDE PRATIQUE LE CADRE RÉGLEMENTAIRE Page 22 À QUI CONFIER SON PROJET Page 23 ADRESSES UTILES Page 24 P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 1 L A C ÉVENNE M ÉRIDIONALE L A C ÉVENNE M ÉRIDIONALE UNE IDENTITÉ PAYSAGÈRE UNE ORGANISATION HORIZONTALE DU TERRITOIRE Une géologie variée L’organisation des villages Vivre en utilisant la pente Les terrasses Les escaliers La Cévenne méridionale comprend trois grands types de roches : les schistes des vallées, le granite du plateau et du Tanargue, les grès de la partie sud-est. Ces roches ont toujours constitué la matière première utilisée dans les constructions locales. Elles participent à l’intégration des bâtiments dans leur environnement. La Cévenne méridionale est un territoire habité. Elle abrite une multitude de hameaux et de villages toujours très regroupés. La recherche d’une organisation horizontale a toujours présidé à l’activité humaine autant dans ses déplacements que dans son travail. Sous une apparente simplicité de formes, les terrasses témoignent d’une technicité complexe, issue d’une grande expérience du maniement de la pierre et de sa pose à sec. Les murs de pierres sèches sont bâtis sans liant de mortier, les pierres étant posées en équilibre les unes sur les autres. En granite, en grès ou en schiste, les escaliers de liaison entre les terrasses donnent l’impression d’une immense légèreté. Ce sont pourtant des matériaux lourds et difficiles à manier qui sont mis en oeuvre. Les marches de pierre sont souvent en porte-à-faux, avec un équilibre parfait. Elles donnent un jeu d'ombre et de lumière mettant en valeur le caractère de la pierre. Un sol plat contribue également à mieux canaliser les eaux de ruissellement dans un pays où les orages sont particulièrement violents. Leur préservation est très importante : - elles assurent la gestion des eaux de ruissellement, - elles dessinent le paysage et ouvrent des vues lointaines sur les vallées. Des rivières imprévisibles La Cévenne méridionale comprend les bassins versants de la Beaume, de la Drobie, du Chassezac et de la Gagnière. Ces rivières connaissent un régime où alternent sécheresses estivales et crues torrentielles. Les amplitudes du débit ont conduit à d’importants travaux hydrauliques pour tenter de domestiquer l’eau. Cette maîtrise de l’eau et son économie sont depuis toujours un enjeu majeur dans un projet de construction. Béalière Un relief accidenté Le versant sud du Tanargue aux fortes pentes, le plateau d’une altitude moyenne de 1100 mètres et les vallées aux importants dénivelés composent le relief de la Cévenne méridionale. Aujourd’hui comme hier, l’adaptation à la pente est essentielle pour créer son habitat. En fonction du relief et des différences expositions, la végétation est étagée entre le chêne vert, la châtaigneraie, le hêtre et la lande sur les sommets. La prise en compte de l’environnement végétal et l’utilisation d’essences indigènes doivent permettre une meilleure intégration des nouvelles constructions. 2 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES Sablières, vue lointaine Il faut respecter ce principe d’habitat groupé pour conserver le caractère des villages et préserver les espaces naturels ou cultivés. Les routes et les chemins Un réseau de routes et de chemins relativement dense relie villages, hameaux et fermes isolées. Contraint par le relief, il nécessite de nombreuses infrastructures, ponts, murets, parapets, dont la mise en oeuvre fait preuve d’une grande ingéniosité. Il est très utile de s’inspirer de ces techniques pour aménager, par exemple, un nouveau chemin d’accès à son habitation. Paysage de terrasses Saint-Mélany Escalier en grès Ce qu’il faut retenir LE PAYSAGE EST CONSTRUIT Ce qu’il faut retenir UN ÉQUILIBRE FRAGILE Pour établir un équilibre entre préservation des caractères de la Cévenne méridionale et développement, il faut : - s’adapter à la pente en considérant toutes les contraintes (difficulté d’accès, ruissellement,…); - prendre en compte la forme des villages et l’aspect des constructions traditionnelles. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Aujourd’hui, leur manque d’entretien contribue au développement de la friche et à la fermeture des paysages. Une recherche de rationalité L’édification des terrasses a façonné le territoire de la Cévenne méridionale en permettant une utilisation rationnelle et logique de la pente. Du fond des vallées aux cimes des versants, toutes les parcelles comptent et répondent à un étagement rigoureux de l’usage du sol. Comme un mur porteur ou une charpente pour une maison, les terrasses sont l’ossature du paysage. Pour construire sur cette ossature et rechercher l’insertion la plus cohérente avec le relief et les terrasses existantes, il faut : - limiter les terrassements, - respecter les courbes de niveaux, - éviter les bouleversements du sol et les terrassements déstabilisants et coûteux, - éviter la mise en oeuvre d’enrochements gigantesques. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 3 U N P AYSAGE C ONSTRUIT U N P AYSAGE C ONSTRUIT ÉVOLUER SUR LA PENTE Soutènements Les routes et les murs de soutènement sont des composantes essentielles du paysage construit. Comme pour les bâtiments, l’unique matériau est la pierre. DES VILLAGES SUR LA PENTE, UNE ARCHITECTURE ADAPTÉE L’eau Le paysage de la Cévenne méridionale est marqué par les ouvrages liés à l’eau. Son utilisation répond à de nombreux besoins aussi bien dans l’agriculture (canaux d’irrigation appelés béalières) que dans la construction (mortiers), le tourisme, l’industrie ou l’usage domestique. Que ce soit sous la forme d’une citerne au fond du jardin, d’une fontaine, d’une béalière ou d’un lavoir, la récupération de l’eau est une nécessité quotidienne. Soutènement en pierre sèche Le rôle du soutènement est toujours identique : il permet de caler les voies de communication qui suivent les courbes de niveaux et d’éviter les éboulements. La technique de construction dite en pierre sèche est la plus souvent utilisée. Contrairement aux murs de béton qui nécessitent d’importantes fondations, ces murs sont simples et solides et présentent une forte résistance aux poussées du sol. Ils sont également plus adaptés que les importants enrochements de calcaire, appelés assemblages cyclopéens. Les ponts sont souvent hauts et courts car les vallées sont encaissées et les chemins assez élevés. Cette hauteur les met hors de portée des crues. Les parapets des ponts présentent une très grande variété de chaperons de finition des murettes, des plus sophistiqués (pierre taillée) aux simples blocs posés. Les terrasses ont un rôle majeur dans la maîtrise de l’eau. La technique de la pierre sèche permet aux eaux de ruissellement de traverser les murs sans effectuer de poussée trop forte sur ceux-ci (risque d’éboulement). Eau libérée : torrent Les structures des villages La recherche de l’horizontalité On dénombre trois grands types de structures urbaines en Cévenne méridionale. Autant dans le paysage (organisation des terrasses) que dans l’habitat (bâti de la pierre par strates et succession de planchers), la recherche de l’horizontale est essentielle. Les villages de pentes ou de vallées, comme Valgorge ou Saint-Mélany qui s’organisent selon le modèle du village-rue. Les espaces publics sont peu nombreux et le centre est souvent mal identifié. L’UTILITÉ DES CHAPERONS Ponts et chaperons La Cévenne méridionale recèle trois grands types différents d’habitat. Ils ont cependant un point commun : le caractère groupé et resserré. Ce sont en outre des volumes simples avec des toitures à deux pentes. MAÎTRISER LE RUISSELLEMENT Parmi les aménagements assurant une meilleure gestion de l’eau, les terrasses permettent de ralentir le ruissellement et de limiter très fortement l’érosion des sols. L’eau est trop rare ou trop violente. Il faut donc étudier tous les moyens pour l’économiser et la maîtriser (récupération de l’eau du toit dans des citernes). Eau maîtrisée : passage Les grands types architecturaux Ce qu’il faut retenir Les chaperons ont une fonction essentielle de protection du mur contre les infiltrations d’eau. Leurs différentes formes peuvent être une source d’inspiration pour l’édification de clôtures ou de murs. Les villages de crête ou de croupe, comme Thines et Sablières s’ouvrant en éventail sur la place centrale. Le bâti, constitué de maisons massives, suit les courbes de niveaux. Les villages du plateau comme Loubaresse qui se développent autour de la place centrale avec un habitat plus diffus et plus lâche. Eau captée : réservoir La maison de granite des vallées est plus haute et massive. Comprenant souvent deux niveaux, elle repose sur des caves voûtées. ÉVITER LE MITAGE Eau domestiquée : lavoir Eau conservée : château d’eau CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES L’implantation des bâtiments est toujours soigneusement choisie et tient compte de plusieurs paramètres : - proximité de la ressource en eau (rivière, source…), - proximité des voies de circulation, - terrains peu favorables à l’agriculture (souci d’économiser les bonnes terres), - bonne situation par rapport aux intempéries (vent dominant, ensoleillement…). La maison de granite du plateau a une assise plus large. C’est souvent une ferme basse, d’un seul niveau, aux petites ouvertures pour se protéger des intempéries. Ce qu’il faut retenir Eau ludique : piscine 4 Les maisons sont construites sur la pente par une série de planchers superposés ou décalés afin de suivre au plus près la topographie du terrain. L’impression que le bâti est sorti du sol est entière La maison de schiste est bâtie en hauteur avec peu d’emprise au sol, par manque de place sur un terrain en pente. Chaperon arrondi Eau apprivoisée : béalière Blocs de pierre P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Vallée de la Drobie Le mitage c’est l’éparpillement des constructions dans la campagne. Ce mode d’urbanisme est très consommateur de territoire au détriment de l’activité agricole, de la préservation des espaces naturels et des formes traditionnelles des villages. Afin d’enrayer ce phénomène, les collectivités doivent bâtir des projets de développement adaptés à chaque type de villages en favorisant le regroupement et les retranscrire dans les documents d’urbanisme. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 5 U N B Â T I S O R T I D U S OL MATÉRIAUX LOCAUX ET MATÉRIAUX RAPPORTÉS La pierre La tuile de terre cuite Que ce soit les schistes des vallées, le granite du plateau, le galet de rivière ou le grès, la pierre est utilisée, telle quelle ou taillée, pour dresser les murs. Les techniques de mise en œuvre sont adaptées aux différents types de matériaux. Face à la difficulté de mise en oeuvre de la pierre (matériau lourd, difficile à tailler) l’homme a toujours recherché l’économie de l’effort en utilisant des matériaux pris ou fabriqués sur place (lauze de pierre, tuile canal). Le schiste est souvent trop friable pour être utilisé en pierre d’angle (ossature du bâti) ou en encadrement de fenêtre. C’est pourquoi on le retrouve marié au granite ou au grès, notamment dans les secteurs de jonction de ces types de roches. La tuile en ciment et la tôle ondulée L’amélioration des voies de communication a permis l’acheminement de matériaux manufacturés faciles à mettre en oeuvre et souvent très bon marché. Ils sont peu adaptés aux charpentes (quand celles-ci sont conservées), ainsi qu’au caractère local. L’architecture traditionnelle de la Cévenne méridionale, accrochée à la pente, est l’un des patrimoines majeurs du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Quelques clés sont proposées pour que ce patrimoine continue de vivre en respectant le caractère du bâti traditionnel, tout en y intégrant des éléments plus contemporains liés à de nouveaux modes de vie. Elles concernent la manière de protéger l’existant, de traiter les ouvertures en place et celles à créer, d’aborder l’extension d’une maison sans la dénaturer. Tuiles mécaniques et lauze Toiture en tuiles canal, maçonnerie schiste et briques en encadrement La tuile de terre cuite a souvent remplacé la lauze disparue par une charpente effondrée (hormis la lauze scellée sur les têtes de murs). Le mélange terre cuite / lauze est très fréquent. Tuiles canal et lauze La lauze La difficulté des transports contraignait à construire avec les matériaux locaux. Les toitures traditionnelles ont donc été naturellement couvertes de lauzes de schiste. Tuiles en ciment Tuiles canal et lauze Ce qu’il faut retenir RESTAURER SA M AISON RECHERCHER DE MEILLEURES ALTERNATIVES Lorsque la mise en oeuvre des matériaux traditionnels est difficile ou coûteuse, les choix sont difficiles. Beaucoup de produits de substitution sont présents sur le marché. Cependant, dans le souci d’une restauration la plus proche possible de l’existant, la tuile canal est souvent le bon choix. 6 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 7 P R O T É G E R L’ E X I S T A N T P R O T É G E R L’ E X I S T A N T BÂTIR LA PIERRE, UN SAVOIR-FAIRE LA CHARPENTE ET LA COUVERTURE La maison est avant tout constituée de quatre murs. Construits traditionnellement en pierre, ils font appel à un savoirfaire universel basé sur des règles constructives précises. Il est important de rappeler ces règles de base afin d’éviter bien des erreurs. Le mur de pierre Le mur traditionnel est une superposition de rangées de pierres (les assises), soigneusement disposées à l’horizontale et d’épaisseur constante. Les lignes horizontales de séparation (les lits) sont des droites continues. Les lignes verticales de séparation (les joints) sont discontinues et crénelées. Le mur de pierre traditionnel présente toujours la même structure, quelle que soit sa nature (schiste, granite ou grès). Il est composé en trois parties, deux parties externes dites de parement et une partie interne de remplissage (ou remplage). L’appareillage désigne un système d’assemblage de pierres assisées (sur lits horizontaux). Il peut être laissé apparent ou enduit si les pierres sont simplement dégrossies. La pierre de taille Le blocage Elle constitue le parement définitif d’un mur de pierre. Elle est en appareillage soigneusement dressé et assisé, à joints et lits de mortier maigre. La pierre de taille se retrouve naturellement dans les éléments structurants du bâtiment. Il est formé d’un empilement inorganisé de moellons de tout-venant ou de galets de rivière. Il est difficile de repérer une assise régulière ou des joint ordonnés. Le blocage est la maçonnerie de remplissage des édifices les plus ruraux ou les plus récents. Il constitue l’essentiel du bâti ancien. Il est éventuellement destiné à être protégé d’un enduit. Plus ou moins équarri et dressé, à joints gras et irréguliers, approximativement assisé, il est présent sur toute la hauteur de la façade. En Cévenne méridionale, la charpente support de la couverture, est le plus souvent un simple tronc d’arbre reposant d’un mur à l’autre. La dimension moyenne des arbres a défini une portée d’environ cinq mètres de mur à mur. Cette simplicité des charpentes donne une architecture aux volumes simples, avec une toiture à deux pentes. Refaire sa toiture, c’est idéalement pouvoir conserver la toiture d’origine. En cas d’impossibilité il est bon d’observer attentivement son environnement avant de choisir un nouveau matériau de couverture. Ce qu’il faut retenir PIERRE POSÉE, PIERRE COLLÉE Construire un mur de pierre à deux parements, selon les règles de l’art, permet d’avoir un ouvrage solide. Les pierres sont en effet posées les unes sur les autres dans un équilibre parfait et avec une stabilité due au poids de l’ensemble. Les constructions de pierre ont peu de fondation. C’est le plus souvent un simple premier rang de pierres, un peu plus large que le mur et enterré (libage). Que la pierre soit taillée ou équarrie, on distingue trois sortes de pierre de construction : - le carreau ou panneresse qui est la pierre occupant au plus l’épaisseur du parement, plus courte ou égale en queue (ou profondeur) qu’en tête (ou largeur). - la boutisse qui est la pierre qui pénètre dans le remplissage, plus longue en queue qu’en tête. - le parpaing qui est la pierre occupant toute l’épaisseur du mur en composant les deux faces de parement. Le parpaing est nécessaire pour assurer la solidité du mur, en évitant qu’il s’écarte. CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES Choisir une couverture Le limousinage Plaquer de la pierre sur un mur nécessite de la coller fortement pour assurer sa tenue. Dans ce cas la logique d’équilibre et de stabilité n’existe plus. 8 Des charpentes simples En règle générale, les pentes de toiture sont comprises entre 30 et 35% La lauze est lourde et réclame une pose attentive. La tuile canal a été longtemps considérée comme peu fiable car fragile et gélive. L’ouverture de la Cévenne méridionale à l’extérieur et le développement des échanges et du commerce ont permis d’importer dans les années 1950 beaucoup de matériaux usinés de substitution, comme la tuile mécanique (tuile plate de couleur rouge). Les années 1960 ont vu fleurir la tuile béton, souvent de couleur noire, qui était censée ressembler à la lauze. Tous les systèmes de tuiles à emboitement sont considérés comme plus fiables. Les tuiles ne glissent pas, l’ensemble de la couverture travaille de manière homogène. Une observation attentive de toutes les sortes de couvertures présentes sur le territoire de la Cévenne méridionale permet de noter que la tuile canal, en terre cuite, reste le meilleur matériau de substitution : - par sa nature, terre issue du sol et cuite, - par sa facture, emboitements irréguliers, - par sa texture, forme et cuisson différenciées, - par sa couleur, changeante d’une tuile à l’autre. Tuile canal Lauze Tuile béton Tuile mécanique Ce qu’il faut retenir C’est là la différence entre la copie de l’ancien (qui est la reproduction scrupuleuse d’un savoir-faire et d’une logique construtive) et le pastiche (qui est une imitation de l’ancien sans la connaissance et la mise en oeuvre). P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Malbosc : la maison au premier plan est recouverte par de la tuile béton couleur “lauze”. Sa régularité et son uniformité ne trompent pas l’oeil, même de loin. La seconde toiture est recouverte en tuiles “canal” qui dans ce cas précis paraît préférable à la place de la lauze. LA SIMPLICITÉ DES FORMES Brahic P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Le bâti traditionnel est fait de formes et de volumes simples. Cette simplicité facilite la restauration ou l’extension d’un bâtiment. Elle permet aussi de bien répondre à des besoins plus contemporains, tant au point de vue des volumes que des matériaux. CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 9 P R O T É G E R L’ E X I S T A N T P R O T É G E R L’ E X I S T A N T LES FACADES LES ENDUITS DE FACADE ET LES OUVERTURES Les murs sont maintenant bâtis ou confortés. Il faut désormais les protéger et “planter le décor”. Enduire ou jointer, la décision devra répondre à différents critères techniques (type de maçonnerie) et culturels (effets des modes). La chaux, un matériau ancestral Depuis des millénaires et jusque dans les années 1950, la chaux a été la composante exclusive des liants de maçonnerie et d'enduit de façade. Chaîne taillée et remplissage Joints “beurrés” La chaux naturelle (aérienne ou hydraulique) permet de confectionner des mortiers pour la construction (hourdage) et des enduits souples et respirants. Enduit et décors Joints “beurrés” façade mise à nu ÉVOLUTION DES PRATIQUES ET DES MODES Enduire ou jointer Depuis les années soixante, la mode est à la pierre apparente pour répondre à une recherche d’authenticité. Or, dès que cela était possible, la maison cévenole était enduite. En effet, l’enduit protège la pierre des dégradations liées aux intempéries (le schiste est particulièrement fragile et friable). Dans l’habitat le plus rustique des joints épais et largement couvrants étaient utilisés. Maison rustique, joints couvrants ou enduit de jointoiement La plupart des maisons de village étaient protégées par un enduit. Bien que l’architecture de ces maisons fut banale mais régulière, il existait une tradition picturale et constructive qui révélait une grande ingéniosité dans la façon d’ordonnancer les façades. Les décors et ornements rapportés montrent la science du bâtisseur dans sa connaissance des règles constructives. C’était, et cela reste, une approche inventive et moderne dans l’intelligence de l’art de bâtir. 10 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES La chaux hydraulique naturelle (XHN ou NHL) est utilisée pour le scellement de la maçonnerie de pierre. Elle peut également être utilisée pour des enduits de complément ou de remplacement de la chaux aérienne. Le mortier de hourdage est généralement assez maigre et constitué de sable grossier. Il ne sert pas à coller les pierres, mais à les caler. Sa grande porosité en fait un excellent isolant thermique et hygrométrique. Le mortier destiné aux enduits de façade est également dosé maigrement, la chaux ayant une adhésivité exceptionnelle. Il est mélangé à des sables plus ou moins finement tamisés et soigneusement serré à la taloche et aplani, pour constituer une surface imperméable aux eaux de pluie. Le rôle de l’enduit de jointoiement est d’obturer toutes les infractuosités du support, en venant mourir sur les têtes des moellons de construction. Les enduits sont des mortiers de chaux naturelle aérienne et de sable qui donne la teinte. Les mortiers peuvent être colorés par un badigeon. De sa prise lente à l’air, la chaux aérienne (CAEB ou CL) donne à l’enduit souplesse et résistance. C’est le matériau idéal pour la maçonnerie ancienne car il assure une imperméabilité du mur tout en le laissant respirer. Restes d’enduit L’enduit de jointoiement Du linteau au cintre En Cévenne méridionale d’Ardèche, une manière plus fréquente, de protéger la façade est l’enduit de jointoiement. Il est également dénommé à “joints beurrés” ou encore à “têtes vues”, qui est l’appellation la plus révélatrice de son aspect final. Créer une ouverture dans un mur de pierre est un acte difficile. La pierre est lourde, difficile à tailler et à manipuler. Traditionnellement fenêtres et portes de l’habitat étaient étroites de manière à mieux protéger la maison du froid et surtout à pouvoir utiliser une simple pierre droite en linteau. Cette solution permettait de fabriquer facilement des menuiseries vitrées simples à confectionner. La possibilité d’accéder à de nouveaux matériaux a permis l’utilisation du métal et du béton à la place du bois pour les linteaux. Joints “beurrés” L’arc de décharge L’arc de décharche soulage la pierre de linteau de la charge de la maçonnerie, afin d’éviter qu’elle ne casse. Linteau schiste légèrement cintré formant un arc de décharge Ce qu’il faut retenir Enduit de jointoiement Chaîne droite peinte Chaîne droite peinte détail À ÉVITER Finition sur l’angle. Il n’est pas en saillie et oblige à casser l’enduit. CHAÎNES D’ANGLE ET ENCADREMENTS Les arcs simples Modénature soulignée Chaîne harpée peinte Enduit et chaîne d’angle apparente Enduit avec chaînes d’angle et encadrement peints Ce qu’il faut retenir LES DANGERS DU CIMENT Le ciment artificiel est d’invention très récente (vers le milieu du XIXème siècle). Il n’a réellement pénétré le marché de la construction qu’entre les deux guerres, n’y prenant la place que l’on connaît aujourd’hui qu’à partir de la reconstruction en 1945. Le ciment artificiel est dangereux pour la tenue de la pierre dans le temps et, n’étant pas perméable à l’eau, générateur d’humidité interne au mur. De plus, il tache la pierre de manière indélébile. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E La manière dont sont taillées les pierres constituant les chaînes d’angles et encadrements de fenêtre renseigne sur la volonté initiale de la mise en enduit. La pertinence du recours à la technique de l’enduit est indiquée par la saillie de 3 à 4 centimètres des pierres structurantes (encadrements d’ouvertures, chaînes d'angle) par rapport au nu des moellons de remplissage. L’enduit est indispensable dans le cas d’un blocage inorganisé de pierres. Il est nécessaire de suivre cette règle en restauration ancienne. L’arc surbaissé est une portion d’arc de cercle posé sur les jambages. Pierre non jointée Pierre jointée à la chaux Enduit de jointoiement À ÉVITER Pierre jointée au ciment L’arc le plus simple à fabriquer est le plein cintre, en demi cercle parfait. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 11 L ES O U V E R T U R E S A GRANDIR SA M AISON AGRANDIR OU CRÉER UNE OUVERTURE LES PROJETS D’EXTENSION Les fenêtres Les portes d’entrée Le linteau droit de pierre est limité dans sa dimension (environ 1 mètre de long). De ce fait les fenêtres étaient assez hautes pour pouvoir capter la lumière. Ces contraintes ont défini la proportion des ouvertures qu’il convient aujourd’hui de respecter pour la création d’une fenêtre. Les portes les plus courantes sont la porte à panneaux pour les maisons de villages et la simple porte à lames pour l’habitat le plus rustique. Récupérer de la lumière Les ouvertures existantes peuvent être conservées telles quelles pour leur qualité architecturale propre ou pour leur ordonnancement sur la façade. Un choix judicieux de menuiserie vitrée permettra d’optimiser l’apport de lumière naturelle. Des solutions simples peuvent être adoptées pour agrandir une fenêtre et apporter plus de lumière et de soleil à la maison. Porte à panneaux Porte à lames Respecter l’habitat existant Prévoir une extension Quelle que soit la taille et la forme de l’extension, il convient de conserver l’intégrité et le caractère du bâtiment existant, en particulier s’il est un bel exemple d’habitat traditionnel. La partie rapportée peut également souligner et mettre en valeur l’ensemble construit par un changement de matériau, par une implantation volumétrique en retrait. L’habitat vernaculaire a toujours évolué dans sa forme au fil des générations et on peut toujours “lire” aujourd’hui la succession des volumes rapportés, qu’ils soient dans le même matériau de construction ou non. L’habitat traditionnel de la Cévenne méridionale s’est souvent transformé au fil du temps. D’une génération à l’autre, les occupants ont agrandi l’habitat ou ajouté de nouveaux bâtiments pour l’exploitation agricole. Les volumes d’origine en hauteur permettaient des extensions et des rajouts aisés à réaliser. Les volets Les couleurs des menuiseries Dans l’habitat traditionnel les menuiseries ont toujours été peintes. La peinture protégeait le bois des portes, fenêtres et volets des intempéries. Aujourd’hui, les fabriquants offrent une large gamme de couleurs. Il est souhaitable de rester dans des tons chaleureux et discrets qui accentueront la qualité du bâti. Peu répandus en Cévenne méridionale, les volets ont néanmoins une grande importance pour l’habitat. Ils ont d’abord un rôle de protection évident contre les intempéries. Ils apportent de la couleur sur les façades de pierre et soulignent enfin les proportions des ouvertures. Ce qu’il faut retenir LES MENUISERIES EN PVC Il est tentant d’utiliser le PVC car il paraît robuste et ne demande aucun entretien. Il présente cependant la particularité d’avoir des profils menuisés très épais qui obturent plus de lumière que des menuiseries en bois ou en aluminium. De plus, il soulève de nombreuses questions en terme de recyclage. Sa couleur blanche est souvent inadaptée aux dominantes de l’environnement. 12 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES Volet à lames Le volet à cadre Présent dans la Cévenne, c’est la fabrication la plus aboutie. Ce type de volet correspond à la maison bourgeoise. MATÉRIAUX ET RAJOUTS Une fenêtre peut être transformée en porte vitrée pour apporter juste un peu plus de lumière (le linteau qui est la pièce la plus difficile à transformer reste ainsi en place) Il est possible de créer une deuxième fenêtre identique à celle d’origine quand la largeur de la pièce d’habitation le permet. Le volet à lames C’est le volet le plus classique de la Cévenne. Il est composé de simples lames verticales tenues par des pentures de fer. Le volet roulant Il peut être utilisé pour les grandes ouvertures (porte de grange transformée en baie), à la condition que le mécanisme et son coffre soient intégrés à la maçonnerie, du côté intérieur du mur. Visuellement, il y a un risque d’avoir un nouveau bâtiment trop long et mal proportionné. Ce qu’il faut retenir Maison à Malbosc Simulation d’extension. La hauteur du bâtiment d’origine permet d’accoler un nouveau volume dans la continuité bâtie. Extension en continu Volet à cadre Les maisons trop basses, telles qu’on les construit souvent aujourd’hui, offrent beaucoup moins de choix pour une extension. Celle-ci ne peut être que linéaire dans la continuité du sens du faîtage, pour garder une cohérence au niveau de la toiture. Un élément d’architecture plus contemporain peut être envisagé en élevant sur toute la hauteur l’ouverture. Cela nécessite cependant un soin particulier. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E L’extension en continuité bâtie d’un volume existant (par mimétisme) peut poser quelques problèmes à la réalisation. De plus, la reproduction de volumes anciens (trames réduites) ne correspond peut-être plus aux modes de vie et aux envies actuels. Il est de plus en plus difficile de bâtir en pierre pour des problèmes d’approvisionnement et surtout de coût. Les matériaux de substitution sont donc nécessaires et ils doivent être correctement mis en oeuvre. Il est nécessaire d’éviter les rajouts mal finis sous le prétexte qu’ils sont à l’arrière de la maison. Ils sont souvent très visibles de loin. Une surélévation avec un autre matériau doit être évitée; c’est une des parties les plus visibles d’un bâtiment, en particulier de loin. La solution est de faire l’effort de continuer le bâti du mur dans le même matériau. Un bâtiment d’origine assez haut offre une grande souplesse dans les possibilités d’extension. Selon la forme de la parcelle, sa topographie, l’orientation du bâti et les ouvertures existantes, les choix sont possibles sur les quatre côtés de la maison. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 13 A GRANDIR SA M AISON La décision de construire une nouvelle maison n’est pas un acte anodin. PETITES INTERVENTIONS Les terrasses et loggias Pour des raisons de confort (apport de lumière, espace supplémentaire), des loggias vitrées sont souvent rapportées en extension d’un bâti existant. Ces pièces rapportées sont souvent trop visibles et rajoutées en “verrue” sur une façade très ordonnée. C’est un exercice très difficile que de créer un balcon sur une façade existante. Les balcons étaient souvent construits en même temps que la maison et les pierres les soutenant étaient intégrées à la maçonnerie. Quand un balcon a été rajouté, il était soutenu par des pièces métalliques (IPN) en support de voutains. Le béton utilisé aujourd’hui donne souvent un élément très lourd par rapport au bâti. Il semble préférable de construire des balcons les plus légers possibles (voutains dur métal ou bois), après s’être préalablement posé la question de l’utilité de celui-ci. Il s’agit de s’insérer dans un lieu déjà riche de son habitat vernaculaire et d’y bâtir un projet qui le respecte par une architecture directement inspirée de cet habitat ou par une réalisation plus contemporaine d’aspect. Ce chapitre aborde la manière d’implanter une nouvelle construction en tenant compte des spécificités du territoire notamment la pente. Balustrade en béton Ce qu’il faut retenir AMÉNAGER UNE LOGGIA Une bonne solution d’aménagement est de créer ces nouveaux espaces à partir d’éléments du bâtiment déjà existants. Véranda béton et métal Par exemple en fermant la terrasse couverte (couradou) pour la transformer en loggia afin de créer de la surface supplémentaire et une nouvelle pièce très éclairée. Les balcons Les balcons de pierre étaient composés de dalles posées sur des corbeaux ouvragés (pierres de support encastrées dans le mur porteur). Ceux-ci contribuaient à la qualité des éléments de modénature très ouvragés. Les balcons de voutains (apparus plus tard) sont beaucoup plus légers et soulignent souvent la finesse et le dessin des balustrades de métal assemblé. Balcon en béton En l’absence d’éléments pré-existants il conviendra de créer un nouveau volume en harmonie avec l’existant, par exemple en utilisant les mêmes matériaux de construction que le bâtiment d’origine. CONSTRUIRE AUJOURD’HUI Balcon sur corbeaux en pierre Balcon sur voutains 14 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 15 B ÂTIR UN P ROJET S ’IMPLANTER SUR LA P ENTE S’ENGAGER DANS UN PROJET ET DÉFINIR SES BESOINS Du territoire à la parcelle Choisir son lieu d’habitation Respecter le lieu d’implantation de sa maison c’est personnaliser son projet en croisant ses propres envies avec les contraintes du site (pente, ensoleillement, végétation existante, accès). Résoudre cette équation c’est également gérer l’économie de son projet sans faire de concession sur la qualité des matériaux mis en oeuvre. Un projet de nouvelle construction nécessite une approche globale qui va du territoire à la parcelle. Prendre en compte les spécificités du territoire, c’est réfléchir à ses besoins et trouver le site le plus adapté à son projet. programme commune Un terrain en pente n’est pas un obstacle à la construction. On peut en tirer parti pour bénéficier d’un meilleur ensoleillement et des vues plus lointaines sur l’extérieur. Il est indispensable de modifier le moins possible la topographie du terrain. Concevoir son habitat Ce qu’il faut retenir LES ÉTAPES DU PROJET parcelle maison 16 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES Orienter sa maison S’implanter sur la parcelle Les critères les plus déterminants sont le parcours du soleil, les vues, les vents dominants. Une maison bien implantée doit permettre de recevoir un maximum de soleil en hiver et un minimum en été. L’idée de pouvoir tourner autour de sa maison est fortement ancrée dans l’esprit du futur constructeur. Implanter sa maison sur une parcelle n’est pas si simple. Hormis les contraintes données par la structure du terrain (pente), il faut s’implanter par rapport à l’ensoleillement, les vues et les constructions voisines. Il faut également penser à l’extension possible du bâti et à l’aménagement du jardin. S’adapter au site budget territoire S’ADAPTER AU TERRAIN Pour imaginer son habitat il est important de poser les bases de ce que l’on souhaite, le programme. Cette réflexion permet de faciliter le travail à venir avec un architecte ou un constructeur. Mettre à plat ses besoins et ses envies, envisager toutes les contraintes sont la garantie d’un projet cohérent et adapté. Concevoir sa maison c’est mettre en relation des oppositions. - Choisir sa région d’implantation. - Choisir sa commune. - Choisir entre acquisition, restauration ou construction neuve. - Définir les grandes lignes de son budget en distinguant : - les coûts d’acquisition (achat du terrain, charge foncière et frais de notaire) ; - les coûts de conception (architecte, constructeur) ; - les coûts de construction ; - les coûts connexes (raccordement aux réseaux, taxes diverses,…). P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E La maison sur talus rapporté est en équilibre instable. Pour éviter le glissement du bâtiment un ancrage au sol important est nécessaire et onéreux. La maison sur un décaissement du terrain trop important oblige à tenir le talus arrière par un mur de soutènement lourd et coûteux. Ce type d’implantation réduit considérablement l’apport de lumière naturelle dans les pièces d’habitation. Le terrassement est équilibré. On rapporte en talus ce qui est enlevé en décaissement. Cette solution permet de reconstituer des petites murettes de soutènement à moindre frais. La maison épouse la forme du terrain. Cette implantation apporte des solutions innovantes dans l’organisation de la maison (création de demi niveaux, stabilité de l’ensemble, économie du projet). Optimiser les accès Au delà des questions d’ensoleillement et de vues, l’implantation d’une maison sur la pente est tributaire de la voirie d’accès au terrain. Ce qu’il faut retenir LES SENS DE FAÎTAGE Il est intéressant de sortir du schéma classique d’organisation de la maison avec le garage en sous-sol et l’habitation au dessus. En effet, dans ce cas, un accès par le haut du terrain oblige une grande boucle de chemin d’accès au garage, au détriment du jardin d’agrément. Le faîtage est toujours dans le sens de la plus grande longueur de la maison. Sur la pente il se retrouve naturellement perpendiculaire à la pente. Sur la croupe il est parallèle à celle-ci. Ainsi le volume bâti est toujours implanté de manière cohérente sur la pente. L’implantation du garage au plus près de l’accès et de la route libère plus d’espace pour le jardin et permet une meilleure organisation de l’habitat sur la parcelle. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 17 S ’IMPLANTER SUR LA P ENTE S ’IMPLANTER SUR LA P ENTE VOLUMES ET COULEURS L’ARCHITECTURE CONTEMPORAINE Une architecture simple L’architecture traditionnelle de la Cévenne méridionale est simple : - simplicité des matériaux (pierre et bois), - simplicité des formes architecturales (issue de la simplicité des charpentes à porter), - unité de teintes des façades dans les villages et hameaux (même pierre de construction), - implantation du bâti commandée par la pente (même logique pour toutes les maisons). HABITAT ANCIEN Les maisons sont très regroupées et sont implantées suivant les courbes de niveaux en épousant parfaitement la forme du terrain. HABITAT RÉCENT Les maisons sont éparpillées (mitage) et sont posées sur un talus rapporté sans tenir compte de la forme initiale du terrain. Les constructions existantes sur un même secteur présentent souvent des caractères communs (hauteur de faîtage, pente des toits, etc.). Tenir compte de ces caractéristiques c’est à la fois se fondre dans une volumétrie générale et en même temps proposer des solutions plus innovantes sous réserve de bien étudier la conception d’un habitat répondant à des exigences plus actuelles. Enduit ton pierre en harmonie avec l’environnement proche. 18 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES Oser innover Les limites séparatives des terrains sont souvent constituées de murs, clôtures, haies… Elles sont visibles de loin et doivent faire l’objet d’une attention particulière. L’architecture traditionnelle de la Cévenne méridionale est un bel exemple de l’emploi de matériaux issus du sol au service de formes architecturales adaptées à un terrain difficile. Elle est liée à une activité humaine bien définie. La richesse de cette architecture rurale est une démonstration que chaque époque a su innover. Ces innovations constituent une grande diversité patrimoniale. Les couleurs de la maison La couleur est un repère fort dans le paysage. Elle contribue à la lecture d’une façade et souligne les caractéristiques de celle-ci. Si la couleur est une réalité physique, sa perception est par contre très subjective. Choisir une couleur d’enduit, une teinte pour les menuiseries est fonction de critères simples: - le lieu où l’on va l’appliquer, - l’environnement coloré dans lequel elle va s’inclure, - la lumière qui éclaire l’endroit. Choisir des couleurs c’est également distinguer les fonctions des différentes parties de la maison. Les teintes des fenêtres, des volets, des portes et portails peuvent être choisies dans une large gamme de couleurs. Le choix doit être fait en fonction de la teinte de l’enduit afin de créer un contraste. Il convient de manier avec prudence les couleurs et d’éviter les teintes trop vives et trop tranchées. Ce qu’il faut retenir Enduit rose vif visible de très loin avec une maison posée sur un talus. Les clôtures et les haies PALETTE DE COULEUR La couleur est un repère fort dans le paysage, mais à l’inverse ne doit pas créer de tache. De ce fait, il importe de chercher une teinte neutre et relativement foncée pour les constructions isolées, à l’instar des constructions traditionnelles anciennes. muret de pierres sèches clôture en bois Les clôtures en pierre sont fréquentes dans l’habitat traditionnel. Souvent bâties en pierres sèches elles permettaient de délimiter un parcellaire tout en “nettoyant” le sol du surplus de cailloux. Ces murettes constituent des milieux rupestres propices à l’accueil d’une faune et d’une flore naturelle. Elles sont souvent préférables à un mur maçonné et enduit. Les clôtures de métal (grillage) sont peu onéreuses et discrètes. Leur transparence laisse découvrir l’espace privé tout en le protégeant. Ce support laisse facilement pousser certaines plantes grimpantes. Aujourd’hui nous recherchons dans l’habitat de vastes volumes, des grandes ouvertures pour la vue et de la clarté pour les pièces de vie. Un projet résolument contemporain peut, dans sa conception, répondre à ces nouvelles exigences et être parfaitement en harmonie avec son environnement, qu’il soit bâti ou naturel. Le choix judicieux d’un nouveau matériau de construction, d’une forme d’ouverture ou d’un volume particulier, le tout conçu avec simplicité et harmonie, peut souligner et enrichir un lieu donné. Les clôtures végétalisées participent à la réalisation du jardin (arbres d’ornement, jardin potager ou massifs fleuris). L’utilisation de variétés locales qui sont adaptées aux conditions climatiques et à la nature des sols permet d’optimiser la croissance des végétaux. L’absence d’essences exogènes (cyprès, thuya, laurier...) permet également de délimiter l’espace privatif sans rupture visuelle brutale. Enfin, l’association d’essences locales différentes constitue des haies vives qui jouent un rôle fondamental dans le maintien de la biodiversité en constituant des habitats idéaux pour la faune et la flore. Maison en béton brut Extension d’un bâti ancien Maison en bois Toiture cintrée P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Pierre, bois et métal Toiture végétale P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Volume posé CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 19 S ’IMPLANTER SUR LA P ENTE Ce guide a pour objectif de transmettre des indications essentielles sur les démarches à suivre du point de vue réglementaire et pratique. NOUVEAUX MATÉRIAUX, NOUVELLES DÉMARCHES La brique de terre cuite La brique est connue depuis l’antiquité. Ses qualités sont nombreuses et reconnues. C’est un matériau naturel pré-fabriqué à base d’argile cuite doté d’un important pouvoir isolant. Le bois Le bois est un matériau issu aujourd’hui d’une ressource renouvelable et en croissance. Il a de bonnes propriétés d’isolation et contribue également à la réduction de l’effet de serre. Le béton Malgré une image souvent négative, le béton est un matériau très souple pour créer des formes originales ou pour réaliser des structures de grande portée. Le métal et le verre Proche du bois par sa structure, le métal est un matériau d’une grande souplesse d’usage et économique. Le double vitrage permet d’agrandir les ouvertures et conserver des propriétés isolantes satisfaisantes. L’éco-construction L’impact environnemental des matériaux de construction est un critère de choix au même titre que le prix et la qualité. Dans ce cas, il s’agit de prendre en compte l’impact global du matériau (fabrication, transport, durée de vie et recyclage). Par ailleurs, au delà du matériau, c’est une démarche de conception aboutie et une mise en oeuvre adaptée des matériaux choisis qui permettent de réduire l’impact environnemental de la construction. 20 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES La Haute Qualité Environnementale (HQE) La qualité environnementale d’un bâtiment doit satisfaire à plusieurs exigences : - Maîtriser les impacts du bâtiment sur l’environnement immédiat en utilisant les opportunités offertes par le voisinage et le site. - Gérer les avantages et inconvénients de sa parcelle en l’organisant dans son ensemble pour y créer un cadre de vie agréable. - Créer un environnement confortable et sain en terme de confort de vie mais également par l’utilisation des matériaux de construction. - Préserver les ressources naturelles en optimisant leur usage par une bonne gestion de l’eau potable, un assainissement correct des eaux usées et un recyclage des eaux pluviales. La démarche HQE se base sur l’objectif de quatorze cibles à atteindre dans une démarche de qualité : L’éco-construction : 1. Établir une relation harmonieuse des bâtiments avec leur environnement immédiat, 2. Faire un choix intégré des procédés et produits de construction, 3. Réaliser un chantier à faibles nuisances. L’éco-gestion : 4. Gérer l’énergie, 5. Gérer l’eau potable, 6. Gérer les déchets d’activités, 7. Entretenir le bâtiment. Le confort : 8. Entretenir les bonnes conditions de confort hygrothermique, 9. Réaliser une bonne isolation accoustique, 10. Établir des relations visuelles avec l’extérieur et optimiser l’éclairage naturel, 11.Réduire les sources d’odeurs désagréables. La santé : 12. Créer des conditions d’hygiène optimales, 13. S’assurer d’une bonne qualité de l’air dans le logement en gérant les risques d’air pollué, 14. Améliorer la qualité de l’eau potable et traiter les eaux usées (assainissement individuel ou collectif). Les énergies renouvelables Il est nécessaire de maîtriser ses besoins en énergie. Il faut également bien isoler la maison et avoir une bonne régulation du chauffage. Parallèlement aux économies d’énergie, l’utilisation d’énergies renouvelables doit être envisagée comme le bois énergie, le solaire thermique ou photovoltaïque, l’hydro-électricité, les pompes à chaleur, etc... Les adresses utiles vous permettront de contacter et de rencontrer les organismes pouvant vous aider dans votre démarche. Les économies d’eau Si l’adduction d’eau potable est nécessaire à la construction, les économies représentent une nécessité d’intérêt général. Elles peuvent être utilement mises en oeuvre dans un projet de construction ou de rénovation en intégrant un système de récupération des eaux pluviales (toitures principalement). L’assainissement La collecte et le traitement des eaux usées est une priorité sanitaire pour la collectivité. Aujourd’hui, qu’il s’agisse d’un projet construction ou de rénovation, la question de l’assainissement doit absolument être abordée avant même l’achat du terrain. Ce qu’il faut retenir DES CONSEILS Polénergie, Espace Info Énergie de l’Ardèche, est une association de promotion de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables, en relais de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Forte d’un réseau de conseillers, son action vise à renseigner et accompagner les candidats à la construction ou à la réhabilitation sur les équipements de chauffage, de production d’eau chaude et d’électricité (choix des équipements, aides financières...). P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E G UIDE PRATIQUE P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 21 L E C ADRE R ÉGLEMENTAIRE LE CERTIFICAT D’URBANISME LE PERMIS DE CONSTRUIRE DÉFINITION DÉFINITION Le certificat d’urbanisme renseigne à un moment donné des règles de constructibilité d’une parcelle, ainsi que sur les contraintes applicables au terrain. Ce document est délivré gratuitement. Le permis de construire est une autorisation obligatoire pour tout projet de construction. Le recours à l’architecte est obligatoire si le projet représente plus de 170 m2 de surface hors-oeuvre nette. CONTENU CONTENU Il existe deux sortes de certificats d’urbanisme. L’un fournit des renseignements très généraux sans préciser la constructibilité du terrain, l’autre est un certificat plus détaillé qui répond à une demande sur un projet bien précis. Le dossier de demande de permis de construire doit comporter les documents suivants qui sont l’explication et la justification du projet : - le plan de situation du terrain et l’état parcellaire du secteur, - le plan de masse des bâtiments à édifier ou à modifier, comportant les indications d’accès au terrain, le branchement aux réseaux et le système d’assainissement (collectif ou autonome), DÉMARCHE PRATIQUE Ce document peut être demandé par quiconque est intéressé par un terrain, sans même l’autorisation du propriétaire. La demande de certificat d’urbanisme est à déposer en mairie. À QUI C ONFIER SON P ROJET Ce qu’il faut retenir LE VOLET PAYSAGER Le volet paysager est la traduction du processus de reflexion débouchant sur le projet. C’est un document très important pour l’expression et la compréhension du projet par le service instructeur. Il est réalisé à partir de photographies et de montages graphiques comme le dessin sur photo ou la simulation informatique. La vue d’ensemble situe le terrain dans son contexte général. Elle relève les éléments marquants du paysage (espaces naturels, espace urbanisé, végétation, relief). Le dossier comprend un plan de situation du terrain, un plan de masse et un document graphique faisant apparaître les modifications apportées. Un document photographique de l’existant est souvent très explicite. 22 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES contrat + paiements contrat + paiements La mise en oeuvre du projet peut se dérouler selon plusieurs possibilités, soit en passant par un architecte, soit en confiant son projet à un constructeur. Maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’oeuvre Vue rapprochée, document photographique DÉFINITION CONTENU suivi de chantier - les vues en élévation des façades, - les vues en plan des distributions intérieures (documents non obligatoires mais utiles à la compréhension du projet), - les vues en coupe précisant l’implantation de la construction, la position du terrain naturel et des terrassements éventuels à effectuer, - le volet paysager, incluant les documents photographiques situant le terrain dans son environnement et montrant l’impact visuel du projet, ainsi qu’une notice justifiant des choix retenus pour la construction (c’est le volet paysager qui a un caractère essentiel pour la bonne compréhension du projet). ENTREPRISES Maçon Charpentier etc... La vue rapprochée situe le terrain dans son contexte immédiat. Elle indique la topographie du terrain, l’occupation des parcelles voisines, la présence de plantations et de clôtures. Document graphique, montage Le document graphique représente le projet dans son environnement afin de permettre d’évaluer son impact visuel et son insertion. Ce document peut être établi à partir de la vue d’ensemble. P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Les éléments du projet établis (terrain trouvé, budget défini, programme élaboré), le projet peut-être réalisé et suivi par un architecte ou par un constructeur. Ils assurent la maîtrise d’œuvre de ce projet. Le client assurant quand à lui la maîtrise d’ouvrage. Les méthodes de travail et d’élaboration du projet sont sensiblement différentes entre la pratique de l’architecte et celle du constructeur. C’est au niveau de la conception du projet que l’architecte a le plus souvent une approche différente. L’essentiel de ce travail va consister à compléter le programme défini par les futurs occupants, à vérifier par le dialogue qu’ils n’ont rien oublié dans leur démarche, à préciser le budget. Il étudiera également la manière dont le programme pourra s’adapter au terrain choisi et ses contraintes. Le constructeur va regrouper toutes les compétences dans un seul contrat de réalisation de la maison individuelle. Les garanties CONSTRUCTEUR (maître d’oeuvre et entreprise) Vue d’ensemble, document photographique LA DÉCLARATION DE TRAVAUX La déclaration de travaux concerne des projets sans création de surface habitable. Cela correspond à des modifications de toiture, des créations d’ouvertures ou de création de balcons... MAÎTRE D’OUVRAGE Client MAÎTRE D’OUVRAGE Client Il sera mandataire des bureaux d’études techniques et le maître d’ouvrage passera un contrat à part avec les entreprises en charge des travaux. MAÎTRE D’OEUVRE Architecte, Bureau d’étude L’architecte transcrit en dessins et esquisses ces idées, jusqu’à des plans aboutis. Le projet sera le fruit d’un travail commun entre le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage. La maison aura son caractère propre et sera un objet unique dans sa fonction, sa forme et son aspect. Le travail du constructeur a relativement évolué depuis son apparition sur le marché de la maison individuelle. Ils ne présentent plus de catalogue de modèles figés dans leur structure, où il était impossible de changer quoi que ce soit au plan-type proposé. Les plans de maison sont maintenant adaptés à la demande du maître d’ouvrage, dans la mesure de ses possibilités financières. Cependant la maison reste un objet manufacturé, un produit commercial, suivant les cours du marché et les modes en terme d’esthétisme. Le suivi du chantier suit les mêmes procédures pour l’architecte et le constructeur. L’architecte va détailler les modes d’intervention de chacun (l’économiste, les ingénieurs en structure, en chauffage et en électricité, les entreprises). P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E Établies par la loi, elles sont identiques quels que soient les professionnels que vous emploierez. A partir de la signature du contrat, le constructeur vous garantie la « livraison en prix et délais ». Une fois le chantier terminé, la réception des travaux vous fait bénéficier d’une garantie de un an dite de « parfait achèvement » (enduits, menuiseries, finitions…), d’une garantie de deux ans dite « de bon fonctionnement » (concernant l’équipement dissociable du bâtiment comme chaudière, électricité…), et d’une garantie décennale concernant le gros œuvre (maçonnerie, charpente…). Les assurances En tant que maître d’ouvrage, vous êtes tenu de souscrire une assurance dite « dommage ouvrage » qui servira de relais avec l’assurance du constructeur en cas de dommage concernant la garantie décennale. Les risques de dégradations et de vols sur le chantier sont pris en charge par les entreprises qui en ont obligatoirement la garde. Une fois les travaux réceptionnés, c’est l’habitant qui assure la maison de façon classique. CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 23 A DRESSES U TILES Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche DDASS - Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales La Prade - BP 3 07560 Montpezat-sous-Bauzon Tel : 04.75.94.35.20 Fax : 04.75.94.35.21 Courriel : [email protected] 2 bis, rue recluse - 07000 Privas Tel : 04.75.66.78.06 Fax : 04.75.64.50.03 Courriel : [email protected] CAUE - Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Ardèche 6, Cours du palais – BP 101 07001 Privas cedex Tel : 04 75.64.36.04 Fax : 04.75.64.01.30 Courriel : [email protected] SDAP - Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine de l’Ardèche 35, Avenue de la gare – 07000 Privas Tel : 04.75.66.74.90 Fax : 04.75.64.55.12 DDE - Direction Départementale de l'Équipement de l’Ardèche 2, Place des Mobiles - BP 613 07006 Privas cedex Tel : 04.75.65.50.00 Fax : 04.75.64.59.44 Courriel : [email protected] DDE - Subdivision de l’équipement des Vans Plaine Chabiscol - 07140 Les Vans Tel : 04.75.94.34.40 Fax : 04.75.37.37.02 DDE - Subdivision de l’équipement de Largentière Le Bosquet - 07110 Largentière Tel : 04.75.39.29.20 Fax : 04.75.39.26.91 ANAH - Agence Nationale d’Amélioration de l’Habitat 2, Place des Mobiles - 07000 Privas Tel : 04.75.65.50.00 Fax : 04.75.65.50.02 Courriel : [email protected] ADEME - Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie 10, rue des Émeraudes - 69006 Lyon Tel : 04.72.83.46.00 Fax : 04.72.83.46.26 DIREN RHÔNE-ALPES - Direction Régionale de l’Environnement 208 bis, rue Garibaldi - 69422 Lyon cedex 03 Tel : 04.37.48.36.00 Fax : 04.37.48.36.01 Courriel : [email protected] Chambre d’Agriculture de l’Ardèche 4, avenue de l’Europe Unie - 07000 Privas Tel : 04.75.20.28.00 Fax : 04.75.20.28.01 Courriel : [email protected] Chambre des Métiers de l’Ardèche 5, rue Ile - 07300 Tournon Tel : 04.75.07.54.00 Fax : 04.75.08.09.22 Courriel : [email protected] Ordre des architectes Rhône-Alpes 7, avenue de Birmingham - 69004 Lyon Tel : 04.78.29.09.26 Fax : 04.78.29.63.35 Courriel : [email protected] Syndicat des architectes de l’Ardèche 56, rue Olivier de Serre - 07400 Le Teil Tel : 04.75.49.09.80 Fax : 04.75.49.26.78 CAL 07 - Centre d’Amélioration du Logement de l’Ardèche 6, Cours du palais – BP 409 07004 Privas cedex Tel : 04 75.66.13.80 Fax : 04 75.66.13.81 Courriel : [email protected] Polenergie - Espace Info Énergie de l’Ardèche 39, rue Jean Mermoz - 07200 Aubenas Tel : 04.75.35.59.65 Fax : 04.75.89.00.76 courriel: [email protected] ADQE - Association pour le Développement de la Qualité Environnementale Drôme-Ardèche Girodet concept, bâtiment B 26500 Bourg-les-Valence Tel : 04 75.78.17.17 Fax : 04 75.55.63.09 Maisons paysannes d’Ardèche B LOC-NOTES Ce qu’il faut retenir LE SERVICE DÉPARTEMENTAL DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE Le SDAP intervient en matière de protection des sites, des abords de monuments historiques, des secteurs sauvegardés et des Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP). L’avis de l’Architecte des Bâtiments de France est obligatoire pour toutes les demandes d’autorisation de travaux dans les espaces protégés (avis simple ou conforme, selon le cas). Il est préférable de le consulter en amont de toute démarche administrative. LE CONSEIL D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ARDÈCHE Le CAUE tient des permanences sur tout le département. Des architectes conseil sont gratuitement au service des particuliers pour les conseiller et les assister dans leur démarche de projet. Dusayes, 07160 Saint-Jean-Roure Tel : 04 75.29.26.43 Fibois Ardèche-Drôme 220 rue Louis Saillant 26800 Portes-les-Valence Tel : 04.75.57.98.35 Fax : 04.75.57.98.36 Courriel : [email protected] DDAF - Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt 7, boulevard du Lycée - 07000 Privas Tel : 04.75.66.70.00 Fax : 04.75.66.70.70 24 CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E P A R C N A T U R E L R É G I O N A L D E S M O N T S D ’A R D È C H E / C O N S E I L D ’A R C H I T E C T U R E , D ’ U R B A N I S M E E T D E L’ E N V I R O N N E M E N T D E L’A R D È C H E CAHIER DE RECOMMANDATIONS ARCHITECTURALES 25 P ARC N ATUREL R ÉGIONAL DES M ONTS D’ A RDÈCHE Le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche a été créé le 9 avril 2001. Sur un vaste territoire entre Boutières et Cévenne d’Ardèche, une identité commune existe sur ces pentes ardéchoises où le châtaignier et les terrasses sont les éléments les plus visibles. Le projet de développement durable porté par le Parc repose sur un environnement, des paysages et des cultures riches autant que fragiles. Les communes, le Département de l’Ardèche, la Région Rhône-Alpes et les chambres consulaires se sont engagés à promouvoir un développement économique harmonieux, fondé sur la préservation et la valorisation des patrimoines. L’État a accepté de les accompagner. Ouvert à l’ensemble des habitants du territoire, des associations et de l’ensemble des acteurs présents sur le territoire, le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche oriente ses interventions sur quatre axes principaux : - Territoire d’exception, le Parc protège ses patrimoines naturels, architecturaux, paysagers et culturels par une gestion concertée fondée sur leur connaissance, reconnaisance, préservation et valorisation. Le Parc encourage les initiatives qualitatives pour la préservation et l’amélioration des paysages et de l’environnement. - Territoire vivant, le Parc participe au maintien et au développement des activités artisanales, commerciales, industrielles et touristiques respectueuses de l’environnement. Il contribue au développement social, culturel et à la qualité de la vie sur son territoire. - Territoire d’échanges, le Parc assure l’accueil, l’éducation et l’information du public pour un projet de développement durable compris et partagé par tous. - Territoire d’expérimentation, le Parc réalise des opérations innovantes, exemplaires et démonstratives et contribue à des programmes de recherche. Rédaction : Parc naturel régional des Monts d’Ardèche et Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de l’Ardèche. Dossier suivi par Patrice Flambeaux, architecte (CAUE de l’Ardèche). Assistance technique : Jacques Florenson, David Martin, Stéphane Robert, David Grimaud, Émilie Fabre et Marion Gastinel (CAUE de l’Ardèche). Suivi d’édition : Yves Vérilhac et Jérôme Damour (PNR des Monts d’Ardèche), Patrick Fifre (CAUE de l’Ardèche). Photos : CAUE de l’Ardèche, PNR des Monts d’Ardèche. Dessins, croquis : CAUE de l’Ardèche. Merci aux représentants des services de l’État, établissements publics et associations pour l’aide apportée à la réalisation de ce document. Juin 2005