LE ROYAUME SECRET et le sens de l`histoire

Transcription

LE ROYAUME SECRET et le sens de l`histoire
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LE ROYAUME SECRET
et
le sens de l’histoire
George Winston
L’auteur est ancien directeur de l’Institut Biblique Belge et de la “Evangelische Theologische
Faculteit” à Héverlée/Louvain
N.B. Les citations bibliques, sauf contre-indication, sont de la version Louis Segond.
Abréviations: Traduction oecuménique de la Bible - TOB
La Bible en Français courant - FC
La Bible du Semeur - Sem.
La Bible de Jérusalem - Jérus.
INTRODUCTION:
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Avant de demander: “Seigneur, que veux-tu que je fasse de ma vie?”, il serait utile de poser la
question: “Dieu qu’est-il en train de faire dans le monde”. Un récent sondage parmi un large
éventail d’Eglises et de dénominations chrétiennes posait la question: “Quel est actuellement le rôle
et la vocation de l’Eglise?”. Une majorité des chrétiens sondés étaient incapables d’y donner une
réponse claire. D’où viendrait donc ce flou dans les esprits et ce manque d’une action ciblée de la
part du christianisme dans son ensemble? La question du Royaume de Dieu, et le fait qu’elle soit
toujours d’actualité dans le débat théologique, n’est sans doute pas étranger à cet état de choses.
L’étude qui suit vise un but utilitaire: celui de préciser un peu plus ce qu’est ce royaume - et ce qu’il
n’est pas; dans le but de favoriser son avancement réel sur la terre.
Qu’est-ce qui a été dit dans la théologie au sujet de royaume de Dieu?
Qui veut aborder sans naïveté le témoignage biblique concernant le Royaume de Dieu doit savoir ce
qui en a été dit au cours de l’histoire des dogmes. Il faut se garder d’une part d’entrer en réaction
contre l’un ou l’autre système ou, d’autre part, de se laisser influencer par lui.
Augustin considérait le royaume de Dieu comme identique à l’Eglise-institution romaine. Le Pape
était le vicaire du Christ, le clergé, les régents du royaume et les laïcs, les sujets. Le pouvoir
temporel de l’Eglise devait s’étendre à toute la société humaine et aboutir à un régime théocratique
où l’Eglise et l’Etat se trouvent réunis. C’est le constantinisme.
Luther s’opposa à ce système en proposant sa doctrine des deux règnes. Selon celle-ci, l’Eglise (le
domaine de la foi, du salut, du spirituel, de l’amour) et le monde (celui de la Loi, des autorités, de la
justice, du profane, du mal) constituent deux réalités différentes et opposées. Dieu, cependant est
Seigneur des deux règnes.
Calvin concevait le royaume de Dieu comme identique à la souveraineté de Dieu sur le cosmos.
Rien dans aucun domaine de la vie n’est exclu de ce royaume. Il a l’Eglise pour centre et guide,
mais est beaucoup plus large qu’elle. Calvin voulut établir à Genève la preuve visible de l’empire
du Christ dans la vie de la société: une théocratie.
Les révolutionnaires tels Thomas Münzer au 16e siècle ou Gustavo Gutierrez au 20e. Pour la
révolte des paysans comme pour les théologies de la libération, le royaume de Dieu doit être établi
dès à présent pour tous et dans tous ses aspects si bien politique qu’économique. L’ancien ordre
oppresseur doit être renversé, s’il faut, par la force.
Le dispensationalisme de E. W. Bullinger et J. C. O’Hair, conçoit le royaume du Christ sur la terre
comme n’étant pas établi avant son retour. Que Jésus le disait “proche” ne signifiait pas qu’il serait
prochainement établi, mais seulement que Jésus, à ce moment, se présentait à Israël comme son
Roi. Son rejet par ce peuple postposait l’établissement de son royaume jusqu’à son retour.
Notre approche consistera à éviter de faire des déductions à partir de principes théologiques
généraux mais plutôt de nous baser sur les précisions bibliques explicites, considérées dans leurs
contextes respectifs. On cherchera au départ à se limiter aux passages contenant le mot “royaume”
ou “règne” se rapportant à Dieu ou a Christ, mais aussi de les examiner tous. En d’autre termes,
nous voulons faire une induction exhaustive du sujet.
CHAPITRE 1
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LE ROYAUME DE DIEU: TROIS TEMPS - TROIS FORMES
S’il est un point concernant le royaume de Dieu sur lequel on peut parler d’un accord général, c’est
bien celui de dire que ce royaume existait avant la venue du Christ, qu’il existe à présent, entre sa
première et sa deuxième venue, et qu’il existera encore après son retour. Herman Ridderbos parle
d’un nouveau consensus. Le royaume est à la foi présent, inauguré et arrivé comme il est aussi
eschatologique, futur et inachevé (“The Coming of the Kingdom” p.347). Le royaume de Dieu se
situe donc dans le passé, le présent et le futur. Il constitue ainsi la trame d’une interprétation
chrétienne de l’histoire de l’humanité. Une préoccupation excessive avec les problèmes du moment
fait oublier à certains qu’il existe un grand dessein. Dieu donne son sens à l’histoire et en est le
Maître. L’Ecriture, considérée dans son ensemble, nous permet de prendre du recul et de nous
situer dans l’ordre général des choses. L’histoire de l’humanité n’est ni cyclique, ni indéfinie, mais
se déploie, sous la surveillance de Dieu, vers un dénouement.
Le royaume de Dieu en trois temps
Ce royaume existait-il avant la venue de Jésus-Christ?
“Dieu dit aux enfants d’Israël: Vous serez pour moi un royaume” (Ex.19:3,6).
“Gédéon dit aux hommes d’Israël: Je ne dominerai point sur vous;...c’est l’Eternel qui dominera
sur vous” (Juges 8:22,23). “Samuel dit au peuple:...le Seigneur votre Dieu est votre roi” (1
Sam.12:6,12 TOB). “David dit:...Dieu a choisi mon fils Salomon pour le faire asseoir sur le trône
du royaume de l’Eternel, sur Israël” (1 Chron.28:5).
“Abija dit: Ecoutez-moi, Jéroboam...maintenant vous pensez triompher du royaume de l’Eternel,
qui est maintenant entre les mains des fils de David” (2 Chron.13:4,8).
“Ainsi parle l’Eternel, roi d’Israël” (Esa.44:6).
“Jésus répondit aux principaux sacrificateurs et aux anciens du peuple:...Je vous le dis, le royaume
de Dieu vous sera enlevé...Les pharisiens comprirent que c’était d’eux que Jésus parlait”
(Mat.21:23,24,43,45). Si le royaume ne leur avait pas été confié, il ne pouvait pas leur être enlevé.
Soudain, Jean Baptiste et Jésus apparaissent et prêchent le royaume de Dieu - sans en donner la
moindre explication (Mat.3:2; 4:17). Leurs auditeurs étaient sensés savoir ce dont il s’agissait. Des
juifs pieux comme Joseph d’Arimathée “attendaient le royaume de Dieu” (Mc.15:43; Luc 23:51).
Cette prédication nouvelle s’enchaînait tout naturellement sur le royaume tel qu’il avait existé avant
Jésus-Christ et tel qu’il avait été confié à Israël et prédit pour lui. Leur message annonçait donc
pour ce royaume des jours meilleurs, mais sous une autre forme.
Dieu règne-t-il à présent dans le monde?
“Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards...Voici, le royaume de Dieu est
au milieu de vous” (Luc 17:20,21). Il était déjà présent, à ce moment-là.
“Il n’est personne qui, ayant quitté, à cause du royaume de Dieu, sa maison, ou sa femme, ou ses
frères... ne reçoive beaucoup plus dans ce siècle-ci” (Luc 18:29,30).
“Cherchez premièrement le royaume de Dieu” (Mat.6:33). Une responsabilité actuelle.
“Philippe annonçait au peuple de la Samarie, la bonne nouvelle du royaume de Dieu” (Act.8:12). Il
ne s’agissait pas d’un royaume futur pour les Samaritains.
“Vous tous (les Ephésiens) au milieu desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu”
(Act.20:25). C’était de l’évangélisation. Voir aussi Act.19:8; 28:23,31, etc.).
“Le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire (les lois diététiques), mais la justice, la paix
et la joie par le Saint-Esprit” (Rom.14:17). Pour nous maintenant.
“Le Père nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé” (Col.1:13). C’était chose faite.
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Paul déclare: “Ils sont les seuls qui travaillent avec moi pour le royaume de Dieu” (Col.4:11).
“Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à
toutes les nations. Alors viendra la fin”. (Mat.24:14). On ne peut reléguer la totalité du royaume de
Dieu au futur.
Dans quel sens le royaume de Dieu n’est-il pas encore arrivé?
“Il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob dans
le royaume de Dieu et vous serez jetés dehors” (Luc 13:28). Ce jour n’est pas encore arrivé.
“Je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu” (Luc
22:18). Jésus n’a pas encore de nouveau bu du vin.
“Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père” (Mat.13: 41,43). Ce
n’est pas encore maintenant que nous resplendissons de la sorte.
“La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et la corruption n’hérite pas
l’incorruptibilité” (1Cor.15:50). L’héritage du royaume est futur comme l’incorruptibilité.
“Voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme; ...On lui donna
la domination et le règne; et tous les peuples le servirent...Je vis cette corne faire la guerre aux
saints...jusqu’au moment où l’Ancien des jours vint...et le temps arriva où les saints furent en
possession du royaume” (Dan.7:14,21,22). Cette forme du règne attend le retour du Fils de
l’homme sur les nuées.
“Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des
siècles” (Apoc.11:15).
“Le Seigneur, notre Dieu tout-puissant, est entré dans son règne” (Apoc.19:6). Daniel, Jésus, Paul,
et Jean ont annoncé une phase finale du royaume.
Le royaume de Dieu sous trois formes
La continuité dans le changement! Il suffit d’une lecture cursive des trois paragraphes ci-dessus,
pour que sautent aux yeux les différences importantes qui existent entre ces trois phases du royaume
de Dieu. Ce royaume, après la première venue du Christ, n’est pas identique à ce qu’il fut avant
cela. Et, après son retour, le royaume sera autre que ce qu’il est maintenant. Chacune de ces trois
phases comporte toutes les marques essentielles d’un même royaume: Dieu intervient en roi sur la
terre, il y exerce une autorité sur des citoyens, il en détermine les conditions d’accès, y promulgue
des commandements de justice, y établit des régents, y accorde des bénédictions et en combat les
adversaires. Mais si une continuité de fond existe à travers ces trois phases, une discontinuité s’y
manifeste aussi. La forme actuelle du royaume est sensiblement différente de ce qu’elle était avant
Jésus-Christ, et de ce qu’elle sera après son retour.
Le changement dans la continuité! On a trop souvent considéré que le royaume de Dieu ne revêtait
qu’une seule et unique forme à travers l’histoire de l’humanité, sans nuance. Tandis que,
manifestement, Dieu n’a pas voulu régner toujours de la même manière. Il est indispensable de
déterminer d’après l’Ecriture les différences exactes qui distinguent ces trois formes du royaume.
Mais plus encore, de respecter ces différences, une fois qu’elles ont été précisées, sans les
confondre ni les mélanger. Dieu a voulu donner à chaque phase une forme qui lui est propre. Les
désaccords à travers l’histoire de l’Eglise quant au royaume de Dieu, dans la doctrine comme dans
la pratique, sont venues essentiellement du non-respect de ces différences. L’erreur et les dérives
proviennent d’amalgames qu’on fait entre des particularités qui ont trait exclusivement aux phases
passée ou future du royaume de Dieu, et les particularités de sa forme présente.
Comment procéder?
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Comment donc s’y prendre pour éviter autant que possible d’imposer aux données bibliques une
idée préconçue? Nous avons recensé plus ou moins 450 textes dans l’Ancien Testament et le
Nouveau, contenant une allusion au royaume de Dieu. Il a fallu, par la suite, chercher à déterminer
d’après chaque contexte, s’il était question du royaume d’avant Jésus-Christ, de la forme actuelle du
royaume, ou de sa phase finale. Des 450 passages, nous en avons compté 35 qui nous semblait être
d’un caractère général pouvant avoir trait si bien à la phase actuelle du royaume qu’à sa forme
finale. Elles marquent la continuité dans l’histoire du royaume. Plus ou moins 15 autres
concernaient le royaume de Dieu avant Jésus-Christ, 145 ont trait au Royaume de Dieu présent, et
255 le royaume futur. Les éléments temporels objectifs dans les divers contextes permettent cette
classification et marquent la discontinuité. Deux autres types de classification temporelle ont
parfois été proposés, basés sur des présupposés herméneutiques opposés, tenant peu compte des
contextes. Une certaine notion des “dispensations” a relégué la plupart des textes au royaume futur.
Et une certaine notion de “l’alliance” s’est accaparée de la plupart des textes pour le royaume
présent.
Des données abondantes
Une lecture attentive de chaque passage ne permet pas de dégager de certains d’entre eux plus d’une
seule précision sur le royaume de Dieu. D’autres textes contiennent plusieurs précisions sur ce
royaume. De nombreux passages contiennent des précisions qui se trouvent répétées une ou
plusieurs fois dans d’autres passages. Tenir compte de tout cela nous permet de relever à peu près
35 précisions différentes au sujet du royaume de Dieu d’avant Jésus-Christ, 155 précisions
concernant la forme présente du royaume et 165 précisions au sujet de sa phase future, soit en tout
355 précisions différentes sur le royaume de Dieu. C’est donc là un des thèmes les plus important
de l’Ecriture. Il n’est pas étonnant que Jésus en ait parlé à ses disciples pendant les quarante jours
où il s’est montré à eux après sa résurrection (Act.1:3).
Il est évident que notre but n’est ni de faire de l’histoire sainte en nous attardant au royaume de
Dieu d’avant Jésus-Christ, ni de faire de l’eschatologie en épluchant les textes sur sa phase finale
après la parousie. C’est uniquement dans un but de comparaison que nous reviendrons sur les
phases passée ou future du royaume, pour mettre celles-ci en parallèle ou en contraste avec sa phase
présente. Nous abordons d’abord le royaume actuel pour déterminer sous quelle forme il se présente
pendant l’ère chrétienne.
CHAPITRE 2
SOUS QUELLE FORME LE ROYAUME DE DIEU SE PRESENTE-T-IL
ACTUELLEMENT?
Il ne frappe pas les regards
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“Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit: Le
royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards...Car voici, le royaume de Dieu est
au milieu de vous” (Luc 17:20,21). Jésus répond à la question des pharisiens en déclarant que le
royaume était déjà venu et était présent en sa personne, mais sous une forme peu frappante. Il était
inutile pour eux de chercher ce royaume autre part; il était déjà présent, même s’ils n’avaient pas
d’yeux pour le voir. Il est évident que, par cette déclaration, le Seigneur ne voulait pas nier ce qu’il
était sur le point de dire à ces disciples un instant plus tard, à savoir que, sous sa forme future, le
royaume viendrait effectivement de façon éclatante, glorieuse et visible pour tous (17:24). Mais
avant ce retour, le royaume serait au milieu des hommes de manière discrète. Beaucoup ne le
reconnaîtraient pas.
Garder l’équilibre
D’une part, les pharisiens devaient moins se braquer sur la phase future et visible du royaume et
plus sur sa forme présente et spirituelle. S’ils ne reconnaissaient pas comme leur roi ce Jésus qui
était parmi eux, ils n’entreraient pas dans son royaume présent. Mais ils ne seraient pas prêts non
plus pour la venue de son royaume futur. Pour notre part aujourd’hui, il ne faudrait pas d’avantage
nous braquer sur la phase présente du royaume, au point d’oublier ou de nier que le royaume futur
apparaîtra un jour avec puissance et grande gloire. Jésus ne réfute pas l’idée d’un royaume terrestre
à venir. Il se borne à préciser que cette forme-là du royaume n’était pas pour maintenant, mais
pour plus tard.
Un royaume modeste
Jésus entre à Jérusalem avant sa passion, et accompli la prophétie de Zacharie: “Voici ton Roi vient,
assis sur le petit d’une ânesse” (Jean 12:14-16; Zach.9:9). Jésus ne se présente pas encore comme le
“Roi des rois”, assis sur un cheval blanc portant des diadèmes et une épée aiguë pour frapper les
nations (Apoc. 19:11-16). Ce qui était vrai du Roi présent au milieu d’eux à sa première venue, l’est
aussi de son royaume spirituel actuel. Sous sa forme authentique, il est paisible, n’impressionne
pas, il est modeste, ne cherche pas le tape-à-l’oeil, passe souvent inaperçu. C’était l’Eglise du
silence derrière le rideau de fer. C’est le réseau des 500 groupes de prière clandestins en Egypte qui
intercèdent pour la nation. Ce sont les 50 millions de Chrétiens en Chine qui se réunissent en églises
de maisons. C’est tout le contraire de l’étalage d’un pouvoir temporel, de la religion civile, des
relations d’état à état, des “basiliques” (temples royaux - basilikos), de l’institution imposante, de
l’éclat des trésors, des démonstrations de savoir, de l’attrait de la culture, de la gloire et des fastes.
“Jésus ajouta une parabole (celle des dix mines), parce qu’il était près de Jérusalem, et qu’on
croyait qu’à l’instant le royaume de Dieu allait paraître” (Luc 19:11). Le royaume s’était déjà
approché (Luc 10:9) et était parmi eux (17:21) mais n’était pas encore apparent. Nul lecteur de
l’Ancien Testament ne pouvait douter qu’il apparaîtrait un jour de façon concrète et éclatante.
L’erreur des Juifs à ce moment, consistait à penser qu’il paraîtrait sous cette forme “à l’instant”.
Le but de cette parabole du Seigneur était de corriger cette erreur. Il signalait que le Roi devait
d’abord partir dans un pays lointain (19:12) avant de revenir (12,13,15,23) pour juger ceux qui ne
voulaient pas qu’il règne sur eux (14,27). Le royaume dans sa forme visible ne paraîtrait pas avant
ce retour. Mais, sans attirer l’attention, le royaume était déjà présent malgré tout. Cette déclaration
de Jésus devait faire réfléchir les adeptes d’un royaume de Dieu dont l’action armée et théocratique
frapperait dès lors les regards. Quand Israël rejette Jésus parce qu’il ne répond pas encore à cette
attente, celui-ci leur déclare que le royaume serait présent dans le monde malgré tout - mais sous
une forme inattendue, non révélée dans l’Ancien Testament.
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Un royaume secret
“Quand ils furent seuls avec Jésus, ceux qui l’entouraient d’habitude et les douze disciples le
questionnèrent au sujet des paraboles. Il leur répondit: Vous avez reçu, vous, le secret (musterion)
du royaume de Dieu; mais les autres n’en entendent parler que sous forme de paraboles, et ainsi: Ils
peuvent bien regarder mais sans vraiment voir, ils peuvent bien entendre mais sans vraiment
comprendre” (Mc.4:10-12 BFC). La version du Semeur suit aussi les dictionnaires grecs du
Nouveau Testament pour traduire le mot grec musterion par le mot “secret” plutôt que par
“mystère”. La raison en est qu’en français, le mot “mystère” désigne, entre autre, ce qui est en luimême difficile à comprendre - “mystérieux”. La notion de “mystère” a souvent eu bon dos en
théologie. Par contre, un “mystère”, dans le grec classique, désignait une information connue
uniquement du mustes, c.à.d. de “l’initié” d’une société secrète. La chose elle-même pouvait être
toute simple et facile à comprendre, mais n’était connue que si elle lui avait été dévoilée. Avant
cela, elle était pour lui un secret.
Secret pour qui? Les “secrets du royaume de Dieu” ne sont donc pas des choses compliquées,
indéfinissables ou obscures, mais des vérités au sujet de ce royaume, précédemment inconnues,
mais dévoilées pour la première fois par Jésus et cela, au cercle restreint de ses disciples. En outre,
ces vérités, sous forme de paraboles, demeuraient encore et malgré tout des “secrets” pour “les
autres” (4:11) pour “la foule” (4:1) qui se tenaient en dehors de l’entourage des intimes de Jésus
(4:10). Elles n’étaient pas comprises par ceux qui n’étaient pas réceptifs ni à sa personne ni à son
message. C’était la raison de l’avertissement de Jésus: “Que celui qui a des oreilles pour entendre,
entende” (4:9). Ils avaient beau regarder le Seigneur, ils ne voyaient pas en lui Celui qu’il était. Et
il ne leur suffisait pas d’entendre ses paraboles pour comprendre les “secrets” de son royaume
(4:13).
Il ne faut pas s’attendre de nos jours à ce que la multitude des personnes dans le monde qui ne
connaissent pas personnellement Jésus, percent par leur seule intelligence les secrets de son
royaume sous sa forme présente. Jésus priait: “Je te loue, Père, de ce que tu as caché ces choses
aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants” (Mat.11:25). “La gloire de Dieu,
c’est de cacher les choses” (Prov.25:2). Les caractéristiques de ce royaume dans sa vraie nature ne
seront jamais ni évidentes, ni populaires, ni acceptables pour les sages de ce monde. Les secrets du
royaume ne s’étalent pas aux regards de tous, ne font aucunement rêver ceux qui sont attachés aux
choses de cette terre, et ne séduisent guère ni le grand nombre, ni les érudits. Les rubriques
religieuses dans les quotidiens et les articles dans les revues traitent d’avantage de tout ce qui est
périphérique au royaume plutôt que du royaume lui-même. Les médias sélectionnent et mettent en
avant les personnalités visibles de l’institution, qui ne sont pas forcément les vrais, ni les meilleurs
représentants du royaume.
Jésus précisait: “Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu” (Jean 3:3).
L’homme régénéré est le seul à percevoir ce royaume. On ne le “voit” que de l’intérieur. “Nous
sommes enfants de Dieu. Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu” (1 Jean
3:1). A son tour, le citoyen du royaume n’est pas toujours reconnu comme tel par son entourage
non-chrétien. Il ne porte pas couronne, ne triomphe pas, ne s’affiche pas. Celui qui suit Jésus en
portant sa croix passe facilement inaperçu comme représentant d’un royaume. Il en est un agent
secret. Mais on objecte que le royaume de Dieu doit être une réalité concrète dans le monde. C’est
vrai, mais son caractère secret n’en fait pas forcément une abstraction, et le retire encore moins du
monde. En fait, le royaume actuel fait sentir son action et s’étend mieux comme Dieu le veut en ne
frappant pas les regards. Et cette discrétion lui permet d’être présent dans le monde et au monde
tout en évitant la tentation d’être du monde. Jacques Ellul écrivait jadis un livre à l’intention d’un
protestantisme français gauchisant et politisé: “Fausse présence au monde moderne”.
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Un royaume longtemps caché
Le passage parallèle dans Matthieu, confirme et explicite le caractère “secret” du royaume de Dieu
actuel. (Que Matthieu se serve de l’expression “le Royaume des cieux” ne doit pas faire penser
qu’il s’agisse d’un royaume autre ou différent du “Royaume de Dieu”. Les mêmes discours de
Jésus, rapportés dans Marc ou Luc au sujet du Royaume de Dieu, quand ils sont rapportés par
Matthieu, contiennent l’expression “le Royaume des cieux”. Le Seigneur employait les deux
locutions alternativement: Voir: Mc.1:15 avec Mat.4:17; Luc 6:20 avec Mat.5:3; Luc 7:28 avec
Mat.11:11; Luc 8:10 avec Mat.13:11; Luc 18:16 avec Mat.19:14). Ces deux expressions sont donc
synonymes.
“Jésus répondit à ses disciples: vous avez reçu, vous, la connaissance des secrets du Royaume des
cieux, mais eux ne l’ont pas reçue...Quant à vous, heureux êtes-vous: vos yeux voient, et vos
oreilles entendent! Je vous le déclare, c’est la vérité: beaucoup de prophètes et de gens fidèles à
Dieu ont désiré voir ce que vous voyez, mais ne l’ont pas vu, et entendre ce que vous entendez ,
mais ne l’ont pas entendu” (Mat.13:11,16,17 BFC). Les prophètes sous l’ancienne alliance avaient
reçu des révélations abondantes au sujet d’un royaume messianique futur, glorieux et visible, qui
serait établi par le Christ venu en juge des nations pour apporter justice et paix sur la terre par la
puissance de Dieu. Ces prophètes auraient bien voulu voir le Christ en personne et entendre son
enseignement sur les secrets du royaume présent, mais ils n’ont pas eu le même bonheur que ces
disciples. En fait, aucun des rachetés, justifiés par Dieu avant Jésus-Christ n’avait reçu cette
révélation-là. “Après avoir autrefois... parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers
temps, nous a parlé par le Fils” (Héb.1:1,2).
Un royaume révéle maintenant aux yeux de la foi
Jésus poursuit ses déclarations dans Matthieu 13 au sujet de ses paraboles: “J’ouvrirai ma bouche
en paraboles, je publierai des choses cachées depuis la création du monde” (13:35). Ces vérités
concernant le royaume actuel n’avaient jamais été révélées auparavant. Le Seigneur continue: “Le
royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ” (13:44). Et finalement:
“Tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui
tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes” (13:52). L’enseignant qu’était Jésus
tirait de son trésor des vérités anciennes sur le royaume de Dieu futur et glorieux, vérités révélées
dans l’Ancien Testament. Mais il révélait aussi de sa propre autorité, des vérités inédites,
nouvelles, fraîches, inattendues, celles-là sur le royaume de Dieu sous sa forme actuelle.
Paul a résumé cet enseignement de Jésus: “Dieu a le pouvoir de vous fortifier dans la foi, selon la
bonne nouvelle que j’annonce, le message que je prêche au sujet de Jésus-Christ, et selon la
connaissance que nous avons reçue du plan secret (lit. “la révélation d’un musterion”) de Dieu. Ce
plan a été tenu caché très longtemps dans le passé (lit.“ “depuis les temps éternels”), mais
maintenant, il a été mis en pleine lumière” (Rom.16:25, 26 FC; Voir aussi Col.1:25,26; Eph.3:3,9; 1
Cor.2:7,8). A en croire l’enseignement de Jésus et de Paul sur la phase actuelle du royaume de
Dieu, les caractéristiques propres à cette phase devront être différentes de tout ce qui avait été
révélé avant Jésus-Christ. Le “secret” du royaume c’était donc l’introduction du royaume dans
l’histoire du monde, avant sa manifestation apocalyptique prédite dans l’Ancien Testament. Il
s’agissait d’un accomplissement partiel, sans sa pleine consommation.
La forme présente du royaume ne ressemblerait donc ni à la souveraineté de Dieu sur le cosmos,
non cachée, mais clairement attestée dans l’Ancien Testament, ni au royaume théocratique d’Israël
qui y était également décrit en détail, ni au royaume messianique futur, abondamment prédit par les
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prophètes comme devant être un règne politique, de gloire, de puissance, de justice et de paix sur
tous les peuples de la terre. Il reste donc maintenant à découvrir l’enseignement du Christ, de ses
apôtres et des autres auteurs du Nouveau Testament sur les particularités de la phase présente du
royaume de Dieu. Il faut aussi se garder résolument d’y mélanger des caractéristiques, propres au
royaume de Dieu sous ses formes passée ou future, puisées dans l’Ancien Testament.
La totalité des 355 précisions explicites au sujet du royaume de Dieu sous ses trois formes se
groupent de façon naturelle sous neuf rubriques: (1) La venue du royaume, (2) Son domaine, (3)
Son accès, (4) Ses adversaires, (5) Ses caractéristiques, (6) Les responsabilités qu’il entraîne, (7)
Les rangs qu’on y occupe, (8) Ses bénédictions, (9) Sa relation à l’Eglise On traitera
successsivement ces points aux chapitres suivants.
CHAPITRE 3
LA VENUE DU ROYAUME DE DIEU
Quand le royaume passé fut-il établi?
Aucune déclaration directe ne nous est donnée sur le moment de cet établissement. Mais nous
avons constaté plus haut dans plusieurs passages, que “le royaume de l’Eternel” s’étendait sur Israël
(Ex.19:3,6; Jug.8:22,23; 1Chron.28:5; 2Chron.13:4,8). Le père de cette nation étant Abraham, il
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faudrait d’abord penser à sa vocation comme marquant le début de la première phase du royaume.
Confirmation nous en est donnée dans certains termes de l’alliance que Dieu établit avec lui: “Des
rois sortiront de toi” (Gen.17:6). Cette promesse fut répétée pour Sarah (17:16) et pour Jacob: “Des
rois sortiront de tes reins” (Gen.35:11). Dès lors, un pays fut aussi promis à Abraham pour Israël,
sa postérité (Gen.13:14,15; 15:18-21). Il était désormais du devoir d’Abraham de se rendre dans ce
pays et de protéger ce royaume que Dieu lui avait confié. Aussitôt, il assume son statut de roi et
s’engage dans une campagne militaire victorieuse contre cinq autres rois, envahisseurs de son pays
(Gen.14: 12).
Le Seigneur lui explique cette victoire: “Le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre...a livré tes
ennemis entre tes mains” (Gen.14:19,20). Cette intervention de Dieu en faveur d’Abraham, de ses
combattants et de leur pays contre cinq nations païennes, montre que l’Eternel considérait
désormais ce peuple et ce pays comme étant son royaume à lui. Abraham se trouve alors “dans la
vallée de Schavé, qui est la vallée du roi” (14:17). Cette vallée fut ainsi appelée suite à cet
événement. Ensuite, Abraham reçoit la bénédiction de Melchisédek, roi de (Jéru)Salem (14: 1821), mais aussi “sacrificateur du Dieu Très-Haut...roi de justice...roi de paix (Héb.7:1,2) et en tant
que tel, type de Jésus-Christ “sacrificateur pour toujours selon l’ordre de Melchisédek” (Héb.7:17).
Par cette présence et cette bénédiction, de la part de ce personnage typique du Christ lui-même,
Dieu confirmait Abraham et sa postérité dans leur qualité de royaume de Dieu, un royaume
différent de tous les royaumes des nations. Quand Moïse donne les prescriptions pour la royauté
(Deut.17:14-20), il précise: “Tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner
un étranger, qui ne soit pas ton frère” (17:15). Les rabbins enseignaient que le royaume de Dieu
avait commencé avec Abraham. Dans sa phase passée, il était lié à la descendance du patriarche. Il
n’existait ni en dehors d’elle, ni avant elle.
Quand le royaume présent est-il venu?
“La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean (Baptiste); depuis lors, le royaume de Dieu est
annoncé, et chacun use de violence pour y entrer” (lit. “y pénètre de force- Luc 16: 16). Le
royaume dans sa phase nouvelle n’a pas fait irruption apocalyptique dans le monde. Au contraire,
pour y entrer, il fallait être empressé, enthousiaste, radical. Personne n’y accédait malgré lui. “En
réalité, c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les esprit mauvais, ce qui signifie que le royaume de
Dieu est déjà venu jusqu’à vous” (lit.” “arriva sur vous”- Mat.12:28 FC). Il fallait que Jésus leur
explique la signification de son pouvoir sur les démons. “Voici, le royaume de Dieu est au milieu
de vous” (Luc 17:21). Il fallait qu’il le leur dise. Le royaume actuel pouvait passer inaperçu. Ces
paroles font coïncider d’une façon générale, la venue d’une forme nouvelle et inattendue du
royaume de Dieu avec la première venue de Jésus-Christ sur terre. Pourquoi disons-nous: “d’une
façon générale? Parce que sa première venue s’est étendue sur une trentaine d’années et a été
marquée par plusieurs étapes, à commencer par sa conception, pour se terminer par son ascension.
Mais également parce la venue du royaume de Dieu dans sa phase secrète nous est décrite comme
ayant eu lieu en deux temps. Ce royaume s’est d’abord approché; il a ensuite été établi.
Le royaume présent s’est approché:
Jésus a déclaré à trois reprises: “Le royaume de Dieu s’est approché” (Mc.1:15; Luc 10:9, 11) et à
deux reprises: “Le royaume des cieux s’est approché” (Mat.4:17; 10:7), chaque fois par la même
expression: eggiken. Que Jésus dût le dire, montre que ce royaume ne frappait pas encore les
regards. Ces déclarations laissent entendre que le royaume n’avait pas encore été pleinement établi.
Et aucune d’elles ne permet de préciser quel fut, à ce moment-là, le degré de proximité du royaume.
La même expression signifie parfois une proximité “toute proche” (Mat. 26:45) et parfois une
proximité plus lointaine (1 Pi.4:7). La meilleure façon de comprendre les paroles du Seigneur est
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de dire qu’au moment où il les prononçait, l’établissement du royaume sous sa forme nouvelle était
imminent. Dans un premier temps, lors de la présence personnelle de Jésus sur terre, le royaume de
Dieu, sous sa forme, secrète, spirituelle et actuelle, s’était approché, mais n’avait pas encore été
pleinement établi. Il ne pouvait s’agir ici de la souveraineté éternelle de Dieu sur le cosmos. Celleci n’avait pas besoin de s’approcher, étant donné qu’elle avait toujours été présente et le serait
toujours.
Le royaume présent a été établi:
Lettre à l’église de Laodicée: “Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable:... Moi j’ai
vaincu et je me suis assis (passé) avec mon Père sur son trône”(Apoc.3:21).
“Nous voyons Jésus maintenant couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a
soufferte”(Héb.2:9 FC). Il est la Tête déjà couronnée du royaume présent.
“Jésus-Christ est allé au ciel et se trouve à la droite de Dieu, où il règne sur les anges et les autres
autorités et puissances célestes” (1Pi.3:22 BFC). Le royaume du Christ sous sa forme présente, sur
les puissances spirituelles, a été établi lors de son ascension pour s’asseoir au ciel à la droite de
Dieu. Que son siège est céleste explique le caractère secret du royaume sur la terre. L’expression
“le royaume des cieux” (plus de 25 fois dans Matthieu) signifie “le règne du ciel sur la terre”. Mais
la phase présente du royaume n’a pas encore son siège sur la terre et ne bouleverse pas à présent
l’ordre politique et social. Il est déjà entré dans l’histoire mais n’a pas encore transformé l’histoire.
Un trône dans le ciel
“Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce” (Héb.4:16). Qui donc est le roi assis
sur ce trône? Les versets précédents précisent qu’il s’agit de Jésus qui a “traversé les cieux” (son
ascension) et qui est le “souverain prêtre” (v.14) d’une “prêtrise royale” (1Pi.2:9). Parce que son
règne déploie un pouvoir réel, nous pouvons “être secourus dans nos besoins” (v.16b). Parce que ce
royaume est de nature spirituelle, nous pouvons “obtenir miséricorde et trouver grâce” en réponse à
nos prières (16a). Mais le royaume n’a pas encore purifié la société. Dès maintenant, il assure à
ceux qui se sont soumis au roi des bénédictions substantielles mais partielles par rapport aux
bénédictions pleines et parfaites du royaume eschatologique.
Jésus n’est pas moins roi aujourd’hui, pour l’être au ciel sur un royaume terrestre au caractère
secret. “Un homme de haute naissance se rendit dans un pays lointain, pour se faire investir de la
royauté (lit. “pour recevoir lui-même la royauté”) et revenir ensuite” (Luc.19:12 TOB). Jésus
raconte cette parabole des dix mines en réponse au fait “qu’on croyait qu’à l’instant le royaume de
Dieu allait paraître” (19:11). De la sorte, il annonçait d’une part, qu’il serait lui-même établi roi,
dans “un pays lointain”, le ciel, dès son ascension. Mais, d’autre part, qu’il ne s’agirait pas encore
là, de la forme visible de son royaume mais de sa forme secrète. Il reviendrait plus tard
(v.12,13,15) pour “juger” publiquement (v.22-27) “ceux qui n’ont pas voulu qu’il règne sur eux”
(v.14, 27). C’est seulement lors de ce retour que “paraîtrait” son royaume sous sa forme future, car
il distribuerait ouvertement “le gouvernement de dix villes (v.17) et de “cinq villes” (v.19) à ses
serviteurs qui auraient fidèlement fait valoir leurs mines pendant son absence au ciel.
Jésus n’avait pas abdiqué en quittant ce monde. “Cette puissance est celle-là même que Dieu a
manifesté avec tant de force quand il a ramené le Christ d’entre les morts et l’a fait siéger a sa
droite dans le monde céleste. Le Christ y est placé au-dessus de toute autorité, de tout pouvoir, de
toute puissance, de toute domination et de tout autre titre qui puisse être cité non seulement dans ce
monde-ci mais aussi dans le monde à venir. Dieu a mis toutes choses sous les pieds du Christ et il
l’a donné à l’Eglise comme chef suprême” (Eph.1:19-22). Comment exprimer plus clairement
l’établissement, dès son ascension à la droite de Dieu, de l’autorité spirituelle du Christ sur les
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dominations maléfiques, mais aussi sur l’Eglise. Cette autorité royale est l’unique explication de
toutes les avancées spirituelles de l’Eglise contre le royaume de Satan depuis 2000 ans. Mais ce
règne “dans le monde céleste” n’entraîne pas l’acceptation universelle de la royauté du Christ. Il ne
frappe pas encore les regards de ceux qui s’attendent à un royaume humain théocratique sur la terre
déjà maintenant.
Un pouvoir royal, pour quoi faire?
Au moment de son ascension “Jésus dit aux onze disciples: Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel
et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples...Et voici, je suis avec vous tous les
jours, jusqu’à la fin du monde” (lit. “l’achèvement de l’ère” Mat.28:18-20). L’exercice de ce
pouvoir royal céleste devait se traduire sur la terre dans l’exécution par ses disciples de l’ordre
missionnaire du Christ. Cette tâche fondamentale mais discrète de faire des disciples, resterait à
l’ordre du jour jusqu’à la fin de l’ère, c.à.d. de la phase présente et secrète du royaume.
L’institution, avide de pouvoir et du grand nombre, a souvent escamoté cette tâche humble mais
essentielle du discipulat, pour poursuivre des visées théocratiques, certes plus exaltantes mais
prématurées. Faire d’un seul pécheur un vrai disciple du Christ demande une puissance spirituelle
plus grande que gagner une élection au nom du Christ.
“Maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: tu le
dis, je suis roi” (Jean 18:36,37). Jésus déclare avoir déjà un royaume, mais précise que celui-ci
n’est pas encore de ce monde. La preuve en est que ses serviteurs n’ont pas combattu pour lui
(v.36). Le royaume du Christ, sous sa forme actuelle, au contraire du règne à venir, n’est pas établi
dans la gloire et par la force. Il est céleste. Jésus rejette l’accusation de sédition ou de révolution
lancée contre lui par les juifs. Il est roi des juifs (Mat.27:11), mais non pas encore roi de Galilée,
comme Hérode (Luc 3:1). Il ne se joint pas aux zélotes pour secouer le joug romain injuste et
oppresseur.
Son royaume n’est pas maintenant politique, visible, comme “tous les royaumes du monde... dont la
gloire à été donnée au diable et qu’il donne à qui il veut” (Luc 4:5-6). Jésus a refusé (v.7), lors de
sa première venue sur terre, l’offre du tentateur de lui céder un pouvoir politique. Ses disciples,
sauf pour Pierre (Jean 18:10), l’ont suivi dans ce refus d’avoir recours à la force. Malheureusement,
par la suite, l’institution a parfois suivi l’exemple de Pierre en la matière, plutôt que celui de Jésus.
Des peuples entiers, au Moyen Âge, ont été contraints de se laisser baptiser sous la menace de
l’épée. Le royaume de Dieu est présent et réel, mais il ne consiste pas à prendre ou à exercer le
pouvoir. On doit lui laisser sa nature céleste et spirituelle même si, à vues humaines, son caractère
secret semble offrir peu de perspectives visibles.
Quand le royaume futur viendra-t-il?
David, prophète du royaume (Act.2:30) chantait: “Que les cieux se réjouissent, et que la terre soit
dans l’allégresse! Que l’on dise parmi les nations: l’Eternel règne!...Car il vient pour juger la terre”
(1Chron.16:31-33). A sa première venue, le Christ fut envoyé pour sauver le monde, non pour le
juger (Jean 3:17). Le règne de l’Eternel sur les nations est établi au moment où le Christ revient
pour juger les vivants et les morts. Ni Jésus ni Paul n’appelle les chrétiens à renverser l’ordre
existant. Mais tous deux, ainsi que l’Ancien Testament (Dan.2:44; 7:27) déclarent que Dieu luimême brisera l’empire des nations. “Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les
étoiles. Et sur la terre, il y aura de l’angoisse chez les nations...Alors on verra le Fils de l’homme
venant sur une nuée avec puissance et une grand gloire...Quand vous verrez ces choses arriver,
sachez que le royaume de Dieu est proche” (Luc 21:25,27,31). Le royaume futur arrive par le
retour du Christ sur la terre avec une puissance irrésistible.
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“L’énorme dragon fut jeté dehors. C’est lui le serpent ancien appelé le diable ou Satan...Puis
j’entendis une voix forte dans le ciel qui disait:...Maintenant notre Dieu a manifesté sa puissance et
son règne! Maintenant l’autorité est entre les mains de son Messie. Car il a été jeté hors du ciel,
l’accusateur de nos frères” (Apoc.12:9,10 FC). L’établissement du royaume messianique en
puissance et en gloire suivra la défaite et l’exclusion de Satan. Aucune solution totale ou définitive
aux problèmes du monde ne pourrait intervenir avant cette victoire-là. “Je t’en conjure devant Dieu
et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de son
royaume...” (2 Tim.4:1). La venue du royaume futur suit donc l’avènement du Christ et le jugement
des rebelles. Ce règne ne vient pas par le progrès de la société humaine, mais après son
effondrement. Son établissement sur terre n’est pas progressif, ni par le moyen d’actions ou
d’efforts humains, mais en vertu d’une deuxième intervention de Dieu dans l’histoire par une venue
personnelle de son Fils. Cet avènement apocalyptique touchera tous les hommes et ébranlera le
mal.
Un royaume, quel qu’il soit, exerce son autorité sur un certain domaine. Et tout domaine connaît
une certaine étendue. Cependant, nous verrons maintenant que le domaine et l’étendue du royaume
de Dieu ne sont pas toujours les mêmes pendant chacune des trois phases de ce royaume.
CHAPITRE 4
DOMAINE ET ETENDUE DU ROYAUME DE DIEU
Quelle fut l’étendue du royaume passé?
“Le royaume de l’Eternel...Israël” (1 Chron.28:5). Le domaine du royaume de Dieu sur Israël était
de caractère territorial car Dieu avait promis à Abraham et sa postérité un pays . “L’Eternel fit
alliance avec Abraham, et dit: Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au
grand fleuve, au fleuve d’Euphrate, le pays des Kéniens, des Keniziens, des kadmoniens, des
Héthiens, des Phérésiens, des Rephaïms, des Amoréens, des Cananéens, des Guirgasiens et des
Jébusiens” (Gen.15: 18-21). “L’Eternel dit à Josué...Vous aurez pour territoire depuis le désert et le
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Liban jusqu’au fleuve de l’Euphrate...jusqu’à la grande mer” (Jos.1:1,4). Le roi Salomon occupa
tout ce territoire (1 Rois 4:21).
Quel est le domaine et l’étendue du royaume présent?
Le royaume des cieux sous sa forme “secrète” (Mat.13:11) commence à s’étendre sur la terre quand
“la parole du royaume” est “semée dans le coeur d’un homme” (13:19) “qui la comprend et porte
du fruit et un grain en donne cent” (13:23). Le domaine de cette nouvelle forme du royaume n’est
plus un territoire, mais le coeur humain. “La parole du royaume” déclare donc: “Je veux régner sur
ton coeur”. La semaille dans le coeur s’accorde avec le caractère secret du royaume actuel. Plus
tard, à son retour, le Roi établira son empire visible sur la terre entière et sur les nations. La petite
taille d’une graine montre le caractère modeste des débuts du royaume présent. Qu’un coeur
réceptif est indispensable montre bien que le royaume n’est pas de nature à être imposé. Il est entré
dans le monde, mais il doit être reçu et peut être rejeté. Son succès actuel est partiel et dépend de la
réceptivité des coeurs. Il n’est pas théocratique, comme fut celui d’Israël et comme le sera celui du
Messie à son retour. Ceux qui n’en veulent pas, ne bénéficieront ni des bienfaits du royaume
présent, ni de ceux du royaume à venir. Qu’un grain puisse en donner cent souligne le formidable
potentiel de croissance du royaume. Mais son extension n’est pas territoriale.
Présence au monde
Selon l’explication de Jésus de la parabole de l’ivraie (13:36-43), “le champ c’est le monde”
(13:38)- non pas le royaume ou l’Eglise. Le royaume se situe chez “les fils du royaume” (38b).
Dans cette parabole, comme dans la première, le royaume n’est pas territorial (le monde), mais
personnel (chez des humains, nés de ce royaume). Ces “fils du royaume”, sur qui Dieu règne,
constituent “la bonne semence” qui est semée par le Fils de l’homme partout sur le terrain qu’est le
monde. Le royaume est présent partout dans le monde en la personne de ses fils, des chrétiens
authentiques. Mais ceux-ci n’occupent pas le monde, car celui-ci contient aussi de l’ivraie, “les fils
du malin”, des chrétiens d’imitation, semés par le diable (39). Le règne du Christ s’étend par
l’action personnelle de celui-ci. Il assure lui-même la distribution partout, de vrais chrétiens. Il ne
veut pas que ceux-ci se concentrent tous en un même endroit, encore moins qu’ils se soumettent le
monde, mais qu’ils soient présents au monde entier. Voila qui montre la volonté chez Dieu d’une
extension universelle du royaume, non pas territoriale, mais en la personne de ses enfants, nés de
nouveau suite à l’action missionnaire.
Leur présence ne se distingue pas avec certitude, parce que le diable a semé une contrefaçon, les
chrétiens de nom qui, à première vue, ressemblent superficiellement aux vrais (13:28,29). On n’est
pas toujours certain à qui on a affaire. Ce n’est pas avant la fin du monde (“de l’ère” 13:39), c.à.d.
de la phase actuelle du royaume, que “les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de
leur Père” (13:43). La forme du royaume qui doit encore “paraître”, qui “frappe les regards”,
rendra enfin manifeste pour tous l’identité des vrais chrétiens et les distinguera clairement des faux.
C’est “la révélation des fils de Dieu” que la création attend avec impatience (Rom.8:18). Pour le
moment, le fait que quelqu’un se dise chrétien n’est pas une garantie qu’il l’est vraiment.
Extension
“Le royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème en terre, est le plus
petit de toutes les semences; mais lorsqu’il est semé, il monte, devient plus grand que tous les
légumes, et pousse de grandes branches” (Mc.4:31,32). Ici encore, le royaume de Dieu n’est pas
représenté par le terrain, mais par le grain qui devient un arbre, semé dans la terre. Il se trouve sur
le terrain, mais n’est pas lui-même territorial. Le royaume commence petitement, de façon
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insignifiante. Mais par une croissance graduelle, il atteint des dimensions inattendues. Jésus,
s’étant dépouillé lui-même (Phil.2:7), est né dans une étable dans un coin reculé de l’empire romain
(Luc 2:6), “Il n’avait ni beauté ni éclat pour attirer nos regards” (Esa.53:2). Il s’est entouré
“d’hommes du peuple sans instruction” (Act.4:13), d’un “petit troupeau” (Luc 12:32) qui s’est
disloqué à sa mort (Luc 26:56). Le grain est tombé en terre et est mort afin de porter beaucoup de
fruit (Jean 12:24). Le royaume secret s’est approché en la personne du Christ. Il a été semé dans le
monde. Il s’est déployé lentement à travers les siècles, non par la force des armes ou la révolution
mais par une vitalité intérieure. Aujourd’hui, deux milliards d’hommes (sur six milliards) se
réclament du christianisme. Il est impossible de dire combien de ceux-ci sont de vrais chrétiens, car
il s’agit d’un royaume secret.
Domaine
Le royaume de Dieu sous sa forme présente est:
Le domaine du salut: “Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un
riche d’entrer dans le royaume de Dieu. Les disciples se dirent les uns aux autres: Et qui peut être
sauvé? Jésus dit: Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu” (Mc 10:25-27). Être dans le
royaume de Dieu, c’était être sauvé.
Le domaine de la lumière: “Le Père vous a rendu capables d’avoir part à l’héritage des saints dans
la lumière; il nous a délivré de la puissance des ténèbres et nous a transporté dans le royaume de
son Fils” (Col.1:12,13).
Le sens premier du mot basileia est celui de “royauté”, “dignité royale”, “règne”. Ce n’est que son
deuxième sens, par métonymie (“royaume”), qui comprend l’idée d’un territoire (Voir les
dictionnaires grecs). L’enseignement de Jésus résumé ci-dessus demande qu’on accorde au
royaume sous sa forme présente, le sens premier du mot basileia et qu’on ne lui impose pas un
caractère territorial. Une plaie pour le christianisme a été de reprendre sans discernement le
caractère territorial du royaume passé d’Israël, et de l’appliquer au royaume actuel. Mais si le pays
de Canaan était la patrie des sujets du royaume passé (Gen.17:8), c’est le ciel, par contre, qui est la
patrie des citoyens du royaume actuel (Phil.3:20). On a pensé créer des “pays chrétiens” dont on
considérait le sol comme étant “chrétien” - plutôt que leurs habitants. Cette pensée est à tel point
entrée dans les mentalités qu’une des définitions du mot “chrétienté” proposée par le Larousse est:
“l’ensemble des pays chrétiens”. Les effondrements politiques et sociaux dans des pays considérés
comme chrétiens ont toujours bouleversé ceux qui faisaient l’amalgame entre le royaume de Dieu et
leur nation. Ceux qui se savent surtout citoyens d’un pays céleste restent plus facilement sereins
dans les changements de régimes et dans les révolutions de ce monde.
Charlemagne a étendu les limites de la chrétienté par la force des armes. L’Orthodoxie considère le
Kosovo comme un territoire “chrétien” parce qu’il a été conquis il y a des siècles par les Serbes.
Qu’aujourd’hui 80% de sa population ne soit pas orthodoxe mais musulmane n’y change rien. Pour
le Serbe, c’est le sol du Kosovo qui le rend chrétien, plutôt que les gens qui s’y trouvent. La
méprise territoriale sur le royaume de Dieu a engendré “provinces ecclésiastiques”, “diocèses”,
“archevêchés”, “évêchés”, “paroisses”. L’église locale est devenue une circonscription.
L’institution est devenu un état. En France, les diocèses correspondent aux départements et les
évêques aux préfets. Ces dérives ont profondément altéré la conception du royaume secret enseigné
par Jésus. Le royaume présent, le vrai, n’est ni territorial, ni administratif, ni hiérarchisé, ni
prestigieux ni politisé. Il faut distinguer la phase présente du royaume de Dieu de ses formes
théocratiques passée et future.
Quel est le domaine et l’étendue du royaume futur?
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“Dites parmi les nations: L’Eternel règne...Que la terre soit dans l’allégresse, que la mer
retentisse...,que la campagne s’égaie avec tout ce qu’elle renferme. Que les arbres des forêts
poussent des cris de joie, devant l’Eternel! Car il vient, car il vient pour juger la terre” (Ps 96:1013). Ce règne de l’Eternel est établi au moment ou il vient pour juger la terre et les nations qui s’y
trouvent. Ce type d’action n’a pas marqué la première venue du Christ, car à ce moment-là, il
n’était pas venu juger le monde, mais sauver le monde (Jean 12:47). Il s’agit donc de la phase
future du royaume de Dieu qui lui soumet les nations et renouvelle la terre et la nature.
“Notre Père qui es aux cieux!...Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme
au ciel” (Mat.6:10). Cette prière que nous adressons encore à Dieu à partir de cette terre, réclame
que son royaume vienne jusqu’à nous, c.à.d. sur la terre. Si nous devons encore le demander, c’est
qu’il n’est pas encore pleinement venu. Le royaume, sous sa forme présente et secrète, est déjà
venu et s’étend de plus en plus. Mais, pour le moment, la volonté de Dieu ne s’accomplit pas sur la
terre comme au ciel, c.à.d. parfaitement. C’est donc pour le plein accomplissement de ce royaume
“sur la terre” que nous devons prier. Quand nous demandons que vienne le royaume de Dieu, c’est
donc le royaume sous sa forme future que nous réclamons, celle déjà promise dans l’Ancien
Testament, et que le Christ établira à son retour sur la terre. Cette prière correspond donc à celle de
Jean et de l’Eglise: “Viens, Seigneur Jésus!” (Apoc.22:20). La venue du royaume dans toutes ses
phases est présentée comme l’action de Dieu, non celle des homme. S’il faut annoncer le royaume
et prier pour qu’il vienne, jamais nous est-il suggéré dans les textes qu’on puisse l’établir,
l’apporter, le construire, ou l’introduire.
La terre entière
“Voici ton roi vient à toi; il est juste et victorieux...Il annoncera la paix aux nations, et il dominera
d’une mer à l’autre, depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre...L’Eternel sera roi de toute la
terre” (Zach. 9:9,10; 14:9). On ne peut donner un sens purement figuré aux expressions: “le
fleuve”, “les extrémités de la terre”, “toute la terre”, “ton Roi vient”. La domination du Roi
assurera la paix parmi les nations de la terre. Ce n’est pas encore le cas. Cette forme du royaume
est de caractère terrestre et territorial dans le même sens que l’était le royaume passé d’Israël. Il en
diffère en ce que ses limites s’étendront au delà de celles du pays promis à Israël, pour inclure toute
la
surface du globe. “Tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu,...de tout peuple
et de toute nation; tu as fait d’eux un royaume...et ils régneront sur la terre” (Apoc.5: 9,10). “Le
royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ” (Apoc.11:15 FC). La phase future du
royaume sera donc territoriale et mondiale.
Ayant précisé les domaines propres aux différentes phases du royaume de Dieu, il est essentiel de
connaître les conditions sous lesquelles il serait possible d’y accéder. C’est ce que nous abordons
dans le chapitre suivant.
17
CHAPITRE 5
L’ACCES AU ROYAUME DE DIEU
Comment accédait-on au royaume passé?
“Dieu dit aux enfants d’Israël: Vous serez pour moi un royaume” (Ex.19:3,6).
“Samuel dit au peuple...le Seigneur votre Dieu est votre roi (1 Sam.12:6,12 TOB). De simples
constatations. On ne se choisissait pas citoyen du “royaume de l’Eternel” (1 Chron.28:5), dans sa
phase passée. On avait “droit de cité en Israël” (Eph.2:12) en vertu de (1) la naissance de parents
Israëlites et/ou (2) de la “circoncision en la chair par la main de l’homme” (2:11): “Abraham prit
Ismaël, son fils, tous ceux qui étaient nés dans sa maison...tous les mâles parmi les gens de la
maison d’Abraham; et il les circoncis selon l’ordre que Dieu lui avait donné” (Gen.17:23). On ne
leur a pas demandé leur avis. “Josué circoncit les enfants d’Israël” (Jos.5:3). Le contexte indique
que ce fut malgré eux.
18
Les textes ci-dessus montrent que ce royaume d’Israël comprenait, outre “le reste fidèle”, aussi ceux
d’entre le peuple qui étaient infidèles, idolâtre et rebelles; souvent une majorité. A un moment
donné il n’y eut que sept mille hommes qui restèrent fidèles à Dieu. Tous les autres avaient fléchi
les genoux devant Baal (1Rois 19:18; Rom.11:4). Jésus déclarait au sujet des juifs de Capernaüm
incrédules et impénitents qui ne voulaient pas de son royaume présent (Mat.8:5; 11:20,23): “Les fils
du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors” (8:12). Ils étaient du royaume passé, mais ils
ne seraient ni de son royaume présent ni de son royaume futur. Le royaume d’Israël avait été
national, théocratique, imposé; on y accédait d’office, par naissance et circoncision. On a souvent
appliqué sans discernement le régime de la forme passée du royaume de Dieu, à sa forme présente,
avec des effets pervers. Nombreux sont ceux en Europe post-chrétienne à en vouloir à l’institution
d’avoir fait d’eux des “chrétiens” sans demander leur avis. Ils auraient aimé au moins avoir eu
l’occasion de se choisir chrétiens - ou non.
Comment accéder au royaume présent?
La clé qui y donne accès est la connaissance sur le Christ
“Malheur à vous, docteurs de la loi! parce que vous avez enlevé la clé de la science - “parce que
vous fermez aux hommes le royaume des cieux”(Mat.23:13). Vous n’êtes pas entrés vous-mêmes,
et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient” (Luc 11:52). Les “docteurs de la loi” qui
étaient sensés enseigner l’Ancien Testament, avaient caché au peuple son thème le plus important, à
savoir la connaissance exacte sur le Messie, prédit “dans toutes les Ecritures” (24:27). En rejetant
Jésus comme Messie, ces conducteurs avaient refusé d’entrer dans son royaume actuel. En
détournant les autres de sa connaissance, ils leur avaient enlevé la clé de ce royaume, et leur en
avaient fermé la porte. Pour faire accéder les hommes au royaume présent, il faut tout d’abord leur
présenter la personne du Christ. Il leur faut un minimum de connaissances à son sujet. Voila
d’ailleurs ce qui constituera l’attrait durable du message chrétien.
“Et vous, leur dit Jésus, qui dites-vous que je suis? Simon Pierre répondit: Tu es le Christ (le
Messie), le Fils du Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole lui dit:...Je te donnerai les clés du
royaume des cieux” (Mat.16:15-19). Les clés du royaume, à savoir, la connaissance sur le Messie
comme Fils de Dieu, clés que les scribes et les pharisiens avaient enlevés aux hommes, Jésus les
confiait maintenant à Pierre. C’est lui qui, le premier, avait formulé ce qui deviendrait le thème
central de la prédication apostolique: “Jésus est le Fils de Dieu” (Act.9:20). Et la confession
publique de ceux qui avaient reçu cette connaissance était: “Je crois que Jésus-Christ (Messie) est
le Fils de Dieu” (Act.8:36,37; 1 Jean 4:15). Les clés du royaume des cieux leur en avaient ouvert la
porte.
La condition pour accéder à ce royaume est de le recevoir par la foi
“Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point”
(Mc.10:15). “Si vous ne changez pas d’attitude et ne devenez pas comme de petits enfants, vous
n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi le plus grand dans le royaume des cieux
est celui qui s’abaisse lui-même comme cet enfant...l’un de ces petits qui croient en moi”
(Mat.18:3,4,6 Semeur).). Avec le temps, l’adulte acquièrt trop d’orgueil que pour accepter une
invitation faite en toute simplicité. Il est devenu trop grand et considère comme une humiliation de
recevoir et d’accéder gratuitement à un avantage. Le petit enfant, ingénu, qui croit en Jésus, a reçu
le royaume et y est entré sans façon. Plus l’offre faite à l’adulte est grande et précieuse, comme la
réception du royaume et son accès, moins il croit à la sincérité et la gratuité de l’invitation du
Seigneur. Recevoir le royaume et y entrer sont deux côtés d’une même réalité. Recevoir la
citoyenneté, c’est aussi être admis au royaume.
19
“Jésus dit aux chefs des prêtres et aux anciens du peuple juif: Collecteurs d’impôts et prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu. En effet, Jean (Baptiste) est venu dans le chemin de la
justice, et vous ne l’avez pas cru; collecteurs d’impôts et prostituées, au contraire, l’ont cru (quand
il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche” (3:2). Et vous, voyant cela, vous ne
vous êtes pas dans la suite davantage repentis pour le croire” (Mat.21:23,31,32 TOB). Pour entrer
dans le royaume passé, il suffisait d’être Israélite (voir plus haut). Mais Jésus annonce un régime
radicalement nouveau. L’accès au royaume présent sera refusé, même aux conducteurs religieux,
faute chez eux de repentance et de foi en la prédication du royaume. Par contre, le royaume actuel
serait plutôt peuplé du rebut de la société, de gens de mauvaise vie qui auraient reconnu leur péché
et ajouté foi à la bonne nouvelle. La chrétienté est souvent retournée au régime du royaume passé
en ouvrant d’office les portes de l’institution aux bien-pensants, aux personnes influentes, aux
religieux et aux gens de bonne famille, sans s’inquiéter de savoir s’ils s’étaient jamais repentis ou
avaient une foi personnelle en Christ. Par contre, cette institution a continué de juger, de mépriser
et d’exclure bon nombre de corrompus et de débauchés, quand bien même ceux-ci s’étaient
convertis à Dieu et avaient délaissé leur péché. De la sorte, on a renversé les fondements-mêmes du
royaume présent.
Comment donc décrire cette foi du petit enfant et de la prostituée, qui leur donne accès au royaume
présent? L’épître aux Hébreux déclare qu’elle est “la conviction (elegxos ), “la démonstration
intérieure”) des réalités qu’on ne voit pas” (11:1). Il serait étonnant que l’accès au royaume secret
et caché se fasse par des preuves visibles qu’on ne pourrait nier. Il n’est pas possible de “croire”, au
sens biblique du terme, que 2+2=4. On peut uniquement le constater. Dieu accorde à l’homme
sincère des raisons abondantes et suffisantes de croire à l’Evangile. Mais il n’oblige personne de
croire, à coup de preuves contraignantes, qui le priveraient de sa liberté. Une certaine théologie
rationaliste a voulu faire des démonstrations objectives de la vérité, à 100% certaines. Jésus à dit:
“Vous connaîtrez la vérité” (Jean 8:32), mais il n’a jamais imposé celle-ci à personne. Et Paul
déclare: “Nous marchons par la foi et non par la vue” (2 Cor.5:7).
Les richesses sont un obstacle
Après sa rencontre avec le jeune homme riche (Mc.10:17-22), “Jésus dit à ses disciples: qu’il sera
difficile à ceux qui ont des richesses...qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de
Dieu!...Les disciples furent encore plus étonnés, et ils se dirent les uns aux autres: Et qui peut être
sauvé? Jésus les regarda et dit: Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu” (10:23-27).
L’étonnement des disciples provenait de ce que, dans le royaume passé du judaïsme, les richesses
étaient une marque de la faveur de Dieu, et par conséquent, étaient considérées comme un avantage.
Par contre, pour accéder à son royaume présent, dit Jésus, les richesses constituent une difficulté
presqu’insurmontable pour les hommes. La raison en est que le riche est tenté de placer sa
confiance en ses richesses, le faux Dieu Mamon, au lieu de croire en le seul vrai Dieu. Et c’est cette
confiance mal placée qui l’exclut du royaume de Dieu actuel, et le perd.
Cependant, le riche n’est pas sans espoir de salut. Il est possible pour Dieu de l’amener à se méfier
de ses richesses, au point même de donner celles-ci aux pauvres, comme Jésus venait de le
demander au jeune homme riche. Par conséquent, aux premiers siècles, les apôtres et la plupart de
ceux qui devenaient chrétiens n’appartenaient pas aux classes favorisées de la société. Bon nombre
de chrétiens qui, à cette époque, gagnèrent beaucoup d’argent par diligence, en donnèrent aussi
beaucoup par charité. Mais, au gré des siècles, l’institution est retournée au régime du royaume
passé du judaïsme et a courtisé les riches pour les faire entrer en elle sans qu’ils aient placé leur
confiance en Jésus-Christ pour leur salut. En s’enrichissant matériellement, l’institution s’est
appauvrie spirituellement.
20
Pour bénéficier des avantages du royaume présent, il faut y entrer:
“Un de ceux qui étaient à table dit à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de
Dieu. Et Jésus lui répondit: Un homme donna un grand repas, et il invita beaucoup de gens. A
l’heure du repas, il envoya son serviteur dire aux conviés: Venez, car tout est déjà prêt. Mais tous
unanimement se mirent à s’excuser...Alors le maître de la maison, irrité, dit à son serviteur: Va
promptement et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux...Oblige-les à entrer
afin que ma maison soit remplie. Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités
ne goûtera de mon repas” (Luc 14:15-24). Quel est le point capital de la parabole? Dieu veut à tout
prix que les hommes entrent dans son royaume présent, sans quoi ils n’en goûteront pas les
avantages.
Il s’est répandu une doctrine du royaume selon laquelle l’Eglise a le devoir de faire bénéficier tous
les hommes des avantages du royaume de Dieu - même à ceux qui font des excuses pour ne pas
accepter son invitation d’y entrer. Selon cette idée, toute la société devrait pouvoir profiter du
royaume, du simple fait des besoins qui s’y trouvent, sans pour autant reconnaître le Seigneur
comme Roi. Mais Jésus insiste que même les socialement désavantagés: pauvres, estropiés,
aveugles, boiteux doivent impérativement entrer dans le royaume avant de pouvoir en profiter; à tel
point qu’il faut tout faire pour les convaincre d’y entrer. Personne n’y est d’office; personne n’est
exclu d’office; le Seigneur tient à ce que sa maison soit remplie, mais on n’apporte pas le repas à
domicile, il n’y a pas de raccourci. Tout effort pour étendre le royaume à des personnes qui ne
reconnaissent pas l’autorité du Roi sera inutile, frustrant et, à longue échéance contre-productif.
D’ou vient donc cette doctrine, en apparence généreuse, qui veut étendre les bienfaits du royaume à
tous les hommes sans distinction? Elle provient pour certains, du fait que le royaume passé et tous
les avantages du droit de cité en Israël s’étendaient à la société juive toute entière, et qu’ils pensent
devoir revenir à cette forme passée du royaume pour leur pays. D’autres retiennent les promesses
d’un royaume dont les bienfaits doivent s’étendre sur toute la surface de la terre et à tous ses
habitants sans distinction. Mais ils oublient que les textes lient ces promesses-là au retour du Roi en
gloire et se réalisent après le jugement des rebelles. Il s’agit donc bien du plein accomplissement
du royaume dans sa phase future, non de sa forme présente et partielle. Le royaume secret est
l’acompte, le gage de l’héritage promis, non pas l’héritage lui-même.
Le royaume de Dieu n’est pas sa souveraineté
D’autres encore ne respectent pas la distinction que fait l’Ecriture entre la souveraineté de Dieu et le
royaume de Dieu (Voir l’APPENDICE). Il tirent la conclusion du fait que Dieu est souverain sur
toutes choses sans exception, que nous devons étendre son autorité sur tous les domaines de la vie
de tous les hommes, que ceux-ci croient en lui ou non. De la sorte, le monde entier bénéficiera de
tous les avantages sociaux, économiques, politiques et culturels, de l’autorité divine, sans forcément
devoir se convertir à Dieu. Mais, la bonne nouvelle du royaume présent ne déclare pas qu’on peut
profiter des avantages du royaume sans y entrer. Pour l’Ecriture, le royaume de Dieu, au contraire
de sa souveraineté, n’englobe aucunement tous les hommes. Elle déclare à répétition que certains
se trouvent à l’intérieur de ce royaume et bénéficient de ses avantages. Mais que d’autres se
trouvent à l’extérieur de son royaume et, de ce fait, sont privés de ses avantages. Bien entendu,
ceux qui s’y trouvent et se soumettent à l’autorité de Dieu dans leur vie religieuse, personnelle,
familiale, économique, sociale, culturelle, politique, etc. jouissent également des bienfaits qui
découlent de cette soumission. Il arrive aussi que ces bienfaits se répercutent, par personnes
interposées, sur les non-croyants de leur entourage. Mais c’est là une grâce commune, comme celle
du soleil qui se lève sur les justes et les injustes.
21
Le royaume présent est accessible aux seuls régénérés par l’Esprit, et justifiés par la foi:
“Jésus répondit à Nicodème: En vérité en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne
peut voir le royaume de Dieu...Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le
royaume de Dieu...Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient ni
où il va” (Jean 3:3,5,8). Le royaume actuel est un royaume spirituel et secret. On y entre un à la
fois, par une naissance. Nicodème, maître en Israël, ignorait tout d’une naissance “quand on est
vieux” (3:4,10). Jésus lui parle de choses nouvelles, célestes (3:12), du royaume des cieux, auquel
on n’accède pas en vertu d’une première naissance, purement naturelle, au royaume d’Israël.
“Si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le
royaume des cieux” (Mat.5:20). “Israël,...cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas
soumis à la justice de Dieu; car Christ est la fin de la loi pour la justification de tous ceux qui
croient” (Rom.9:30-10:4; voir aussi Phil.3:9). La justice du Christ que Dieu veut accorder aux
hommes, et qui seule donne accès au royaume présent, s’acquièrt uniquement par une soumission
confiante au Roi et à sa justice. La justice de la loi, des propres justes, des orgueilleux, des
insoumis, ne donnent pas accès à son royaume actuel et à ses avantages.
Ceux qui pensent devoir assurer les avantages matériels du royaume présent à tous les hommes,
sans distinction, sont bien aimables. Mais qu’en pense le Roi? Certes, des insoumis bénéficieront
de nombreux sous-produits sociaux de l’Evangile. Mais ces avantages dérivés ne peuvent jamais
remplacer l’objet principal du royaume, à savoir la justification et la régénération. Et Dieu sait si
un soulagement momentané des besoins matériels des hommes ne les a pas, à l’occasion, empêché
de chercher d’abord les biens spirituels du royaume et sa justice. Après tout, il y a une éternité
auprès de Dieu et une éternité loin de lui. Et la destinée finale de chacun n’est pas sans importance.
Mais si l’Eglise devient un deuxième UNESCO, qui donc montrera aux hommes le chemin du
salut?
Cependant, d’une façon générale, ces réalités spirituelles ont fini par engendrer chez les pauvres du
monde qui en ont fait l’expérience, des avantages matériels et sociaux incontestables. Et ceux qui
ont été au bénéfice d’avantages sociaux, sans qu’ils ne ne s’intéressent à la transformation intérieure
proposée par l’Evangile, n’ont pas toujours tiré de cette aide un avantage matériel durable. Les
livres et les enquêtes sur le rapport entre la prospérité économique et les convictions religieuses ne
manquent pas. Ils montrent tous que les régions de la terre les plus prospères sont celles qui ont été
le plus touchées par un christianisme authentique - en contraste avec celles touchées par les autres
grands courants religieux du monde: l’animisme, l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam ou le
marxisme
Certains non-croyants ont accès aux sous-produits matériels du royaume présent
Mais tout cela veut-il dire que les fils du royaume, justifiés et régénérés, n’ont aucune responsabilité
sociale et économique envers tous les défavorisés parmi les non-chrétiens de ce monde?
Assurément, non! Mais c’est une distorsion de l’enseignement de l’Ecriture sur la forme présente
du royaume que de présenter l’extension de ce royaume comme devant en assurer les avantages
matériels à ceux qui ne s’y trouvent pas et sont peu intéressés d’y accéder. La Bible fonde l’action
sociale actuelle du croyant en faveur des besoins physiques des non-chrétiens autre part - en dehors
de son enseignement sur la phase présente du royaume. Non pas sur une notion de justice sociale,
mais sur l’amour, la compassion, l’aide aux frères en la foi. Mais son enseignement est tout aussi
clair quand il s‘agit du devoir des oeuvres bonnes, c.à.d.de celui d’aider matériellement ceux qui se
trouvent en dehors du royaume de Dieu:
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“Vous aimerez l’étranger...Quand tu secoueras tes oliviers, tu ne cueilleras point ensuite les fruits
restés aux branches: ils seront pour l’étranger” (Deut.10:19; 24:20).
“Job disait:...J’étais l’oeil de l’aveugle...J’étais le père des misérables, j’examinais la cause de
l’inconnu” (Job 29:15,16).
“Si quelqu’un veut prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau...Donne à celui qui te
demande” (Mat.5:40,42).
“Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer...Car le Très-Haut est bon pour les
ingrats et les méchants” (Luc 6:35).
“Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis ni tes frères...Mais lorsque tu donnes
un festin, invite des pauvres, des estropiés, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne
peuvent pas te rendre la pareille” (Luc 14:12-14).
“Pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi” (Gal.6:10).
“Que le Seigneur fasse croître l’amour que vous avez les uns pour les autres, et pour tous” (1
Thess.3:12).
De nombreux autres textes demandent une aide sociale en faveur des défavorisés quels qu’ils soient,
sans distinction entre ceux qui seraient dans le royaume ou en dehors de celui-ci: pour le
“prochain” ( Luc 10:27-37; Gal.5:13,14; Jac.2:5-8); “la foule” (Mc 6:34,37); les orphelins et les
veuves (Esa.1:17; Jac.1:27); les prisonniers (Héb.10:34;13:3); les pauvres (Mat.19:21; Luc 19:8,9;
Gal.2:10; Eph.4:28); les dévêtus et les affamés (Luc 3:10). Ces actions sont appelées des “oeuvres
bonnes” (1 Tim.5:10), auxquelles tous les croyants sont appelés (Mat.5:16; 2 Cor.9:8; Eph.2:10;
Col.1:10; 1 Tim.6:18; 2 Tim.3:17; Tite 2:14; 3:14; Héb.10:24; 1 Pi.2:12, etc.). Par conséquent, il
n’est pas nécessaire de tordre l’enseignement biblique sur le royaume de Dieu présent (avec toutes
les effets pervers théologiques et pratiques que cela entraîne) pour découvrir dans l’Ecriture une
base solide et des exhortations vigoureuses en faveur d’une action de l’Eglise au bénéfice du corps
de l’homme nécessiteux, et non pas seulement de son âme.
Comment accéder au royaume futur?
“Jésus dit: même en Israël je n’ait pas trouvé une aussi grande foi (que celle du centenier romain).
Or je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident (non-juifs comme lui), et
seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux (après la résurrection).
Mais les fils (naturels, juifs) du royaume (passé) seront jetés dans les ténèbres du dehors”
(Mat.8:10-12). L’accès au royaume futur sera pour ceux qui (mêmes païens) auront eu la foi en
Jésus. L’exclusion sera pour les juifs incrédules (comme ceux de Capernaüm - 8:5). Le simple fait
d’être des Juifs, “fils du royaume” passé, ne les empêcherait pas d’être exclus de la fête du royaume
futur.
“Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son
champ...La bonne semence, ce sont les fils du royaume; l’ivraie, ce sont les fils du malin. La
moisson c’est la fin du monde (“de l’ère”- du royaume présent)...On arrache l’ivraie et on la jette
au feu..., ceux qui commettent l’iniquité...Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le
royaume de leur Père” (Mat.13:24,38-43). L’accès au royaume futur est aux justifiés; l’exclusion à
ceux qui commettent l’iniquité, sans avoir été pardonnés.
“Quelqu’un lui dit: Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés? Il leur dit: Efforcezvous d’entrer par la porte étroite. Car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand
le maître de la maison sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez
à frapper à la porte, en disant: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! il vous répondra: Je ne sais d’où
vous êtes. Alors vous vous mettrez à dire: nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné
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dans nos rues. Et il répondra:... retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité....Vous verrez
Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume de Dieu, et vous serez jetés dehors”(Luc 13:23-28). Cet
enseignement de Jésus concerne le royaume futur dans lequel se trouveront les patriarches. Il répète
que l’exclusion de ce royaume-là est due aux iniquités non pardonnées. Mais il ajoute un
rectificatif à deux idées fausses quant à l’accès à ce royaume futur. Pour y entrer, il ne suffit pas
d’avoir “mangé et bu devant Jésus”. Visait-il ceux qui, sans foi personnelle, pensent accéder au
royaume en allant à la communion? Mais il ne suffit pas non plus qu’il ait “enseigné dans nos
rues”. Visait-il ceux qui, sans foi personnelle, pensent avoir leur place dans le royaume pour avoir
été exposés à l’enseignement de la Bible?
“Paul et Barnabas retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche, fortifiant l’esprit des disciples, les
exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut
entrer dans le royaume de Dieu” (Act.14:21,22). Ces disciples d’Antioche avaient déjà accédé au
royaume de Dieu dans sa phase présente et secrète. Qu’ils aient encore à subir des tribulations,
montre bien que la forme actuelle du royaume n’est pas celle d’un pouvoir temporel et théocratique,
qui les mettrait à l’abri de la persécution ou qui pourrait même faire d’eux des persécuteurs. Ils n’y
entreraient pas en faisant partie d’un monde christianisé et favorable, mais en subissant l’opposition
d’un monde dont l’hostilité irait grandissante. Cependant, outre leur place dans le royaume présent,
leur persévérance dans la foi leur assurerait également un accès à la phase future du royaume.
“C’est pourquoi, frères, appliquez-vous à votre tour à affermir votre vocation et votre élection; car,
en faisant cela, vous ne broncherez jamais. C’est ainsi, en effet que l’entrée dans le royaume
éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera largement accordée” (2 Pi.1:10,11).
Prendre au sérieux le fait que Dieu nous a appelés à la vie éternelle et nous a choisis pour lui-même,
assurera notre passage du royaume de Dieu présent et secret, à son plein accomplissement dans sa
phase future et glorieuse. L’éventualité de ne pas affermir sa vocation et la possibilité de broncher
réellement ne sont pas de pures suppositions. Paul adresse des avertissements solennels à certaines
personnes dans trois églises locales différentes, celles de Corinthe, de Galatie, et d’Ephèse, pour
préciser le danger qui existait pour eux de ne pas accéder au royaume futur. “Les injustes
n’hériteront point le royaume de Dieu...Ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les
efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les
ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu” (1 Cor.6:9-10). Considérer le royaume de Dieu
comme un “héritage” à manquer (ici comme dans Gal.5:21 et Eph.5:5) montre bien qu’il est
question de manquer le royaume futur et éternel. Ceux dont la vie est caractérisée par ces péchés
n’accéderont pas à ce royaume.
Entrer dans un royaume entraîne des conséquences. D’une part, on profite des avantages qu’apporte
ce royaume à ses sujets. D’autre part, on accepte certaines responsabilité et certains inconvénients
qui en accompagnent la citoyenneté. Si ce royaume a des ennemis, il faut aussi accepter que ceux-ci
deviennent les nôtres.
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CHAPITRE 6
LES ADVERSAIRES DU ROYAUME DE DIEU
Le nom propre “Satan” signifie “adversaire”. L’Ecriture donne un témoignage abondant et clair au
sujet du “...serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre...” (Apoc.12:9;
20:2). Le Dieu souverain a un ennemi, un opposant en révolte contre son autorité. Le mot “serpent”
renvoie au récit de la Genèse décrivant la tentation et la chute de l’homme, pour souligner la ruse et
le pouvoir de séduction de cet adversaire. L’adjectif “ancien” indique que cette opposition à Dieu
et cette séduction des hommes date des temps les plus reculés. Le mot “diable” signifie
“accusateur” et montre que l’adversaire ne se contente pas de faire tomber l’homme dans le péché,
mais qu’il obtient sur lui, de ce fait, un pouvoir d’accusation. Mais le diable n’est pas le seul
ennemi.
Qu’il “séduit toute la terre” montre que, outre Adam et Eve, tous les hommes se laissent prendre au
piège de vouloir “être comme Dieu” (Gen.3:5). Ils pensent que celui qui leur suggère d’être leur
propre maître, sera pour eux un meilleur ami que Dieu, et ils se joignent à son insurrection. Mais:
“Ne savez-vous pas qu’être ami du monde c’est être ennemi de Dieu?” (Jac.4:4). Et, au lieu de
devenir libres et autonomes, ils sont tombés sous “l’empire de Satan”(Act.26:18 TOB), ils se sont
retrouvés dans “son royaume” (Mat.12:26) et sous “le pouvoir des ténèbres” (Col.1:13 Darby).
L’homme est asservi à un pouvoir personnel plus fort que lui. Le délivrer du royaume de Satan et le
transporter dans le royaume de Dieu, sera au coeur-même de la mission du Christ.
Une province rebelle
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Le Dieu Tout-Puissant, créateur de l’univers, avait fait de la terre une des belles provinces de son
immense empire et y avait placé l’homme. Mais désormais, par sa permission souveraine, “le
monde entier est sous la puissance du malin” (1 Jean 5:19), qui est “le prince de la puissance de
l’air” (Eph.2:2), “le prince de ce monde” (Jean 12:31; 14:30; 16:11), “le dieu de ce siècle” (2
Cor.4:4). Ce dieu usurpateur devient maître pour un temps d’un pays en rébellion. Il administre
celui-ci par une hiérarchie d’anges mauvais: “les dominations, les autorités, les princes de ce monde
de ténèbres, les esprits méchants dans les lieux célestes” (Eph.6:12). La terre est désormais un
territoire illégalement occupé par une puissance étrangère. Aussi, les conséquences de la révolte ne
se sont font pas attendre. Ceux qui ont pensé mieux s’en tirer tout seul et sans Dieu ont fait de ce
paradis terrestre une région invivable: pleine de violence, de maladie, d’injustice, de mort, de
corruption, de souffrance, de honte, de misère, d’exploitation, d’exclusion, et de famine.
“Dieu dit au serpent: Je mettrai l’hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et la tienne.
La sienne t’écrasera la tête, tandis que tu la mordras au talon” (Gen.3:15 FC). C’est désormais la
guerre entre Satan, ses anges et ses hommes d’une part (“engeance de vipères”- Mat.3:7 Jérus)) , et
le Roi légitime d’autre part (“né d’une femme”- Gal.4:4) avec ceux qui lui appartiennent. Le diable
blesserait le Christ et son peuple, mais ceux-ci finiraient par le détruire avec tous ceux qui l’auraient
suivi. L’histoire de l’humanité se déroulerait sous le signe de cette inimitié, de cette lutte.
L’adversaire et les siens s’attaqueraient sans arrêt à la lignée par laquelle devait venir le Messie.
Nous avons vu au chapitre précédent qu’à partir d’Abraham, Dieu avait établi au milieu de la
province rebelle une tête-de-pont, un royaume qui s’étendrait par plusieurs étapes et qui finirait par
triompher du royaume de l’usurpateur. Le Souverain légitime s’était révélé à Abraham, un des
habitants de cette province, pour lui promettre, ainsi qu’à sa famille, d’être les instruments pour
restituer le bien-être qui y avait régné au départ, à toutes les peuplades du territoire occupé.
Au cours de la première phase de ce royaume, Dieu interviendrait directement en faveur de cette
famille à de nombreuses reprises pour la conduire dans une partie de la province qu’elle devrait
reprendre de haute lutte, le pays promis. Ainsi se créerait une poche de résistance, un genre de cité
libre ou seraient rétablies sous une succession de régents les lois du Souverain et de son empire.
Cette famille, Israël, retranchée dans un coin du monde mauvais, continuerait de recevoir des ordres
du dehors par une succession de messagers, les prophètes, envoyés par le Souverain. Parce que ce
peuple refuserait la domination de l’usurpateur, sa lignée royale subirait tout au long de son histoire
les assauts répétés de “l’adversaire” et du monde païen dont ce dernier était le prince. La nation
connaîtrait: famines, captivités, contamination par les occupants idolâtres et dépravés de la terre
promise, attaques des nations environnantes, exils, persécutions, occupations, etc.
Les adversaires du royaume passé:
Satan s’est opposé au royaume de l’Eternel, à Israël, lors de la conquète du pays promis
“Le royaume de l’Eternel qui est entre les mains des fils de David” (2 Chron.13:8) comprenait le
pays de Canaan. Outre qu’il était le pays d’Israël, ce territoire était appelé de façon toute
particulière, et à répétition “le pays de l’Eternel” (Deut.32:43; Jos.22:19; Ps.85:2; Joël 2:18). On
portait atteinte au royaume de Dieu en portant atteinte à “son pays”. Le caractère territorial du
royaume dans sa phase passée a déjà été souligné. Au moment où le peuple d’Israël devait prendre
possession de la terre promise, “L’archange Michel contestait avec le diable et lui disputait le corps
de Moïse” (Jude 9). “Le royaume de l’Eternel” subissait une opposition de la part de Satan. Deux
puissances spirituelles s’affrontaient dans le monde physique (le corps de Moïse), chacun représenté
par son protagoniste angélique.
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Répercussions terrestres de réalités célested! Au moment où David, par ses victoires militaires,
avait étendu les limites territoriales du royaume et de son pouvoir politique (1 Chron. 18-20):
“Satan se leva contre Israël, et il excita David à faire le dénombrement d’Israël” (1 Chron. 21:1).
L’opposition de “l’adversaire” au royaume de l’Eternel consista cette fois à tenter le roi à un péché
d’orgueil et ainsi de faire tomber un jugement sur le peuple de Dieu. Au moment où le peuple
d’Israël se préparait à retourner au pays promis après son exil à Babylone: “L’Eternel fit voir à
Zacharie, Joshua, le grand sacrificateur, debout devant l’Ange de l’Eternel, et Satan se tenant à sa
droite pour s’opposer à lui. Et l’Eternel dit à Satan: Que l’Eternel qui a choisi Jérusalem te tance”
(Zach.3:1,2 Darby). C’était la guerre dans le ciel au sujet du rétablissement du siège politique et
terrestre du royaume de Dieu à Jérusalem, “la ville du grand Roi” (Ps.48:3; Mat. 5:35).
Satan s’opposait au royaume de L’Eternel, par ses anges, inspirateurs des ennemis d’Israël
L’ange de Dieu, envoyé pour fortifier le prophète Daniel (Dan.10:4-6,11), s’est vu opposer une
résistance pendant vingt et un jours par “le chef du royaume de Perse” (10:13a - un être angélique,
autre que “les rois de Perse” (13b). “Mais voici, Michaël, le grand chef, le défenseur des enfants de
ton peuple, est venu à mon secours” (10:13; 12:1). Il s’agit de l’archange Michel de Jude 9 (voir
plus haut)... Il me dit: Sais-tu pourquoi je suis venu vers toi? Maintenant je m’en retourne pour
combattre le chef de la Perse; et quand je partirai, voici, le chef de Javan (la Grèce) viendra”
(10:20). Deux armées angéliques, au service de deux royaumes opposés, s’affrontaient dans des
conflits entre des peuple païens et le peuple adorateur du Souverain légitime.
Autre exemple: Le roi de Syrie était en guerre avec Israël et il envoya une armée de chevaux et de
chars assiéger la ville de Dothan ou se trouvait le prophète Elisée et son serviteur (2 Rois
6:8,14,15). Quand ce dernier vit l’armée qui entourait la ville (6:15), “Il dit à l’homme de Dieu:
Ah! mon seigneur, comment ferons-nous? Il répondit: ne crains point, car ceux qui sont avec nous
sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux. Elisée pria, et dit: Eternel, ouvre ses yeux,
pour qu’il voie. Et l’Eternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et
de chars de feu autour d’Elisée” (6:15-17). L’opposition de l’adversaire, Satan, contre le royaume
de l’Eternel dans sa phase passée, s’exprimait par les agressions des nations païennes qui
entouraient la Palestine contre le peuple de Dieu et son territoire. Derrière ces nations ennemies se
cachaient les armées des anges de Satan, opposées à l’Eternel des armées et ses légions d’anges.
Ce conflit spirituel avec le royaume de Satan s’exprimait par les combats armés d’Israël
Les nations païennes attaquaient le pays de Canaan qui, en contraste avec leurs pays “impurs” (Jos.
22:19a) était “le pays qui est la propriété de l’Eternel, où est fixée la demeure de l’Eternel”
(22:19b,33). Lors de la conquête de Canaan, “l’Eternel mit les Amoréens en déroute devant
Israël...L’Eternel combattait pour Israël” (Jos.10:10,14;23:3). “Le Dieu de ce peuple
d’Israël...ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur en accordât le territoire comme
propriété” (Act.13:16-19). David appelle l’armée d’Israël, attaquée par celle des Philistins
“l’armée du Dieu vivant” (1 Sam. 17:26). L’armée d’Israël était donc en même temps l’armée du
royaume de Dieu. Et il déclare à Goliath: “Je marche contre toi au nom de l’Eternel des armées, du
Dieu de l’armée d’Israël que tu as insultée” (17:45). Outre les armées d’anges, le royaume de
“l’Eternel des armées” avait aussi une armée d’hommes, celle d’Israël.
Quand Néhémie rebâtit Jérusalem, siège de la théocratie: “Ceux qui bâtissaient la muraille
travaillaient d’une main et tenaient une arme de l’autre...Il dit au peuple: Notre Dieu combattra
pour nous” (Néh.4:19-20). Et le peuple de Dieu chantait, à l’occasion de la pose du fondement du
temple, habitation de l’Eternel rebâti sous Esdras: “Toutes les nations m’environnaient. Au nom de
l’Eternel, je les taille en pièces” (Ps.118:10). Dieu défendait son royaume dans sa phase passée avec
27
des armes de guerre: “Dieu dévore les nations qui s’élèvent contre Israël et les abat de ses flèches”
(Nom.24:8). Les cent hommes qui étaient avec Gédéon crièrent: “L’épée du Seigneur et de
Gédéon” (Jug.7:20 Darby). Cerait-ce là une justification des ordres de chevalerie du moyen âge qui
mirent des nations entières à feu et à sang au nom du Christ?
On ne peut pousser l’allégorisme jusqu’à réduire les adversaires d’Israël, le territoire et les guerres
se rapportant à la phase passée du royaume de Dieu, à une dimension exclusivement spirituelle. Il
est regrettable, cependant, que des institutions chrétiennes, se voulant théocratiques, aient repris à
leur compte sans discernement, les caractéristiques des combats du royaume de Dieu passé, pour
promouvoir ou justifier des guerres de religion ou des croisades. Prétendant devoir défendre des
territoires baptisés “orthodoxes” ou “catholiques” ou “protestants” contre d’autres religions ou
institutions ecclésiastiques nationales, considérées comme ennemies, elles ont eu recours aux armes
de guerre. Sans la création de tels systèmes théocratiques, il n’y aurait jamais eu de guerres de
religion entre des institutions, chacune se réclamant de Dieu. Sans le maintien de ces institutions
jusqu’à ce jour, les animosités et les méfiances suscitées jadis par les conflits armés, seraient moins
vivaces.
Les adversaires du royaume présent
Satan et ses anges
Deux royaumes s’affrontent. “Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même; comment donc
son royaume subsistera-t-il? ...Mais, si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le
royaume de Dieu est donc venu vers vous...Celui qui n’est pas avec moi est contre moi” (Mat.12:2630). Le royaume de Dieu sous sa forme présente, venu vers les hommes en la personne de Jésus,
fait irruption dans le monde. Il engage le combat contre le royaume de “l’adversaire” et de ses
anges. Si Satan avait un trône près de l’église de Pergame (Apoc.2:13), c’est qu’il avait aussi un
royaume ici sur terre. Il est d’ailleurs Apollyon, le “roi” des esprits mauvais (Apoc.9:11).
Ces passages n’enseignent pas le dualisme, car le royaume de Dieu n’est pas identique à sa
souveraineté. Celle-ci est au-dessus de tout et ne peut être contestée par rien ni personne. La
création et la matière ne sont pas moralement mauvaises et l’univers appartient toujours à Dieu. Le
royaume de l’Usurpateur est limité dans le temps et dans l’espace. Cependant, face à ce pouvoir
illégitime mais réel, Jésus exclut toute possibilité de neutralité. Celui qui n’a pas décidé d’être
avec lui est, d’office, contre lui. Il exige qu’on choisisse son camp. Si on n’est pas dans son
royaume, on est dans celui de l’adversaire. Il n’existe aucun “no man’s land” spirituel. Il est
important de le savoir et de prendre clairement position. Surtout, étant donné la tactique qu’adopte
actuellement cet adversaire contre le royaume de Dieu.
Jésus, par la parabole de la mauvaise herbe (l’ivraie) nous enseigne que le diable ne combat pas à
visage découvert: “Voici à quoi ressemble le royaume des cieux: Un homme avait semé de la
bonne semence dans son champ. Une nuit, pendant que tout le monde dormait, un ennemi de cet
homme vint semer de la mauvaise herbe parmi le blé... Les serviteurs du propriétaire vinrent lui
dire:...D’où vient donc cette mauvaise herbe? Il leur répondit: C’est un ennemi qui a fait cela
(Mat.13:24-28 FC)...Ses disciples lui dirent: “Explique-nous la parabole de la mauvaise herbe dans
le champ”. Jésus répondit en ces termes: “Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de
l’homme; le champ, c’est le monde; la bonne semence représente ceux qui se soumettent au
royaume; la mauvaise herbe représente ceux qui obéissent au Mauvais; l’ennemi qui sème la
mauvaise herbe, c’est le diable” (13:36-39 BFC). Trois fois le mot “ennemi”, ainsi que les termes:
“le diable” et “le Mauvais” nous disent que le Christ et son royaume sont actuellement confrontés à
un adversaire redoutable.
28
Mais il s’agit d’une opposition sournoise. Voici l’explication que Jésus donne de cette parabole: Le
champ qui appartient de droit au Fils de l’homme (24) c’est le monde (38- non pas le royaume de
Dieu, ou l’Eglise). Le bon blé, “les fils du royaume” constituent la présence du royaume de Dieu
dans le monde. La mauvaise herbe, “les fils du malin” y représentent ceux qui sont du côté de
Satan. La boule terrestre et la société humaine dont elle est peuplée, sont le terrain (agros) qui est
devenu un champ de bataille sur lequel ces deux royaumes s’affrontent. Le Propriétaire ne laisse pas
la bonne semence entassée dans un coin de son champ, mais entreprend de la “semer” de par le
monde (24). Le Christ veut que les fils du royaume se déploient sur toute la surface de la terre. La
tactique du Mauvais pour contrer le Fils de l’homme est... diabolique: car il sème ses fils “parmi le
blé” (25). Non pas dans une partie séparée du champ où tout le monde peut les identifier, mais “au
milieu” (ana meson) des fils du royaume. Quelles en sont les conséquences?
Il s’en suit une grande confusion dans la société humaine. Car, si on cherchait dès à présent à faire
un triage entre le blé et la mauvaise herbe, entre les fils du royaume et les fils du Mauvais, on
risquerait dans bon nombre de cas de se tromper, tant les imposteurs arrivent à se faire passer pour
des chrétiens authentiques (28,29). Il en résulte une société humaine mélangée dans laquelle les
vrais croyants et les pseudos chrétiens se côtoient; une “chrétienté” dans laquelle des enfants fidèles
et des faux frères grandissent ensemble dans le monde (30). Et ces “chrétiens sociologiques”, aux
apparences et aux prétentions chrétiennes, constituent des “scandales” (41), des “causes de chute”
(TOB), des gens “qui détournent de la foi les autres” (BFC). Cette stratégie sournoise de Satan
fournit des prétextes à tous ceux qui ne veulent pas se soumettre au Roi. Elle leur permet de
contempler avec mépris les hypocrites et ainsi de discréditer son royaume.
Mais il ne faut pas avoir recours au “bras séculier” pour éliminer de la surface de la terre les
hypocrites. On risquerait tuer un vrai chrétien (29). Dieu dit qu’il faut laisser les “faux jetons”
dans le monde des vivants, à côté des vrais (29,30 - ce qui n’exclut pas une certaine discipline
d’Eglise). Et cette situation embrouillée perdurera jusqu’à “la fin de l’ère” présente (39), quand le
Fils de l’homme enverra ses serviteurs pour opérer la séparation. “Les anges” recueilleront la
mauvaise herbe, de parmi le blé où elle avait été semée, et la jettera au feu (40). “Ceux qui
commettent l’iniquité” (41) seront éliminés du milieu des “justes” (43) - non pas éliminés du
royaume, comme s’ils y avaient été présents.
On y verra clair, enfin. La distinction morale deviendra éloignement physique. Une situation
limpide en résultera, où le royaume du diable sera radicalement écarté du royaume de Dieu, aux
yeux de tous. “Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père” (43). Il
sera mis fin à une situation confuse, qui est une source de souffrance pour le monde. “La création
entière attend avec impatience le moment où Dieu révélera ses enfants” (Rom.8:19BFC). Ce sera
une étape importante vers la phase future du royaume de Dieu et la défaite finale de “l’adversaire”.
Pour le présent, l’institution ecclésiastique qui favorise, justifie ou facilite la réception en elle-même
de citoyens de contrefaçon, fils du malin, fait oeuvre du diable. Qui trop embrasse, mal étreint. Il
ne s’agit pas d’un danger imaginaire pour qui recherche le grand nombre.
Confondre le royaume de Dieu avec sa souveraineté sur toutes choses (voir l’appendice), mène à
une méconnaissance de la réalité et du pouvoir du “royaume des ténèbres” (Col.1:13). Si, d’une
part, il ne faut pas concevoir ce royaume comme étant autonome, il ne faut pas non plus sousestimer la portée du pouvoir présent du malin, ni adopter une attitude passive à l’égard de son
royaume, sous prétexte que ce dernier aurait déjà été déterminé par Dieu. Satan lui-même a intérêt
qu’on ne lui accorde qu’une existence ou une action toute théorique. Il agit plus librement contre
ceux qui pensent qu’il a déjà été lié, enchaîné et enfermé et qui “ignorent ses desseins (2 Cor.2:11).
29
Encore des tactiques du diable: “Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend
pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur” ou “l’étouffe par les soucis du siècle
et la séduction des richesses” (Mat.13:19,22). Voila deux des stratagèmes actuels de Satan à
l’encontre du royaume de Dieu: D’abord d’ôter des esprits l’enseignement biblique à ce sujet, et
ensuite d’étouffer cette parole du royaume par les soucis qu’engendrent tous les problèmes du
monde actuel et par la séduction du matérialisme ambiant. L’adversaire amène de la sort le “soldat
de Jésus-Christ” (2 Tim.2:3,4) à se tromper de cible. Celui-ci s’agite sur un terrain qui est à côté de
celui où se déroule le vrai combat de la foi. Mais toute l’opposition de Satan contre le royaume de
Dieu présent, n’est pas cachée et sournoise
Le monde des nations s’oppose aussi au royaume présent
Qui mène le ballet? “Le diable, ayant élevé Jésus, lui montra en un instant tous les royaumes de la
terre, et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m’a été
donnée, et je la donne à qui je veux” (Luc 4:5,6). Jésus ne conteste pas cette prétention de Satan et
appellera lui-même ce dernier à trois reprises “le prince de ce monde” (Jean 12:31; 14:30; 16:11).
Jean confirme: “Le monde entier est au pouvoir du mauvais” (1 Jean 5:19 BFC). Et encore: “Le
dragon (Satan) donna à la bête sa puissance, son trône et une grande autorité” (Apoc.13:2). C’est
que Satan disposait de ce pouvoir et pouvait le céder aux chefs humains des nations.
Mais le diable, par sa petite phrase “elle (cette puissance) m’a été donnée...” (Luc 4:6), trahi sa
conscience indéracinable d’être une créature dont la puissance découle, en fin de compte, de la
permission et de la souveraineté du Créateur. Jésus ne se laisse pas séduire par l’offre d’un pouvoir
temporel et, par conséquent, il reste le maître. Par contre, si Satan exerce un pouvoir sur les
nations, c’est parce qu’il est arrivé à les “séduire” (Apoc.20: 3,8). Il leur fait penser que c’est lui le
plus fort et que c’est lui qu’il faut adorer (Apoc.13:4), plutôt que Jésus-Christ. Et les institutions
ecclésiastiques qui, contrairement à l’exemple de Jésus, se sont laissé séduire par la possibilité d’un
pouvoir temporel, ont aussi succombé à l’influence du malin. Et le pouvoir temporel des nations
s’oppose ouvertement au royaume de Dieu.
Jésus prédisait donc: “Vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom” (Mat.24:9).
Aucune nation n’est exceptée. Elles n’ont pas toutes haï l’institution, mais toutes, elles haïssent les
disciples authentiques du Christ. Toutes les nations font partie du “royaume du monde”
(Apoc.11:15), plutôt que du royaume de Dieu. “Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant
vous” (Jean 15:18). “Pourquoi ce tumulte parmi les nation?...Les princes de la terre se sont ligués
contre le Seigneur et contre son Oint. En effet, contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint,
Hérode et Ponce Pilate se sont ligués dans cette ville avec les nations et avec les peuples d’Israël”
(Act.4:25-27). Satan et ses anges s’opposent au royaume de Dieu dans sa phase présente, comme
avant Jésus-Christ, par l’entremise de toutes les nations de la terre. Les organisations qui militent
pour les droits de l’homme recensent actuellement parmi celles-ci au moins 80 pays où l’Evangile
se heurte à des restrictions, des discriminations, des tracasseries et des persécutions. Si l’opposition
dans le reste des pays du monde se fait plus discrète, elle est non moins réelle.
La nation chrétienne existe-t-elle? Deux mille ans d’histoire nous permettent de répondre: De tous
les régimes de tous les pays du monde, la grande majorité se sont montrés défavorables, sinon
hostiles à l’Evangile. Contrairement aux illusions que se sont faites de nombreux chrétiens, il n’y a
jamais eu de sociétés qui n’auraient pas fait partie du “monde”, qui auraient été vraiment
chrétiennes. Dire, comme le font certains croyants patriotes, que leur pays: les Etats-Unis, la
Pologne, les Pays-Bas, la Russie, l’Angleterre doivent “redevenir” des nations chrétiennes, est une
naïveté. Même les sociétés prétendument chrétiennes, parce qu’elles avaient établi une institution
ecclésiastique officielle, se sont souvent jointes aux persécuteurs. Ce fut le cas en Europe
30
méridionale pendant trois siècles. L’institution, établie, était devenue partie intégrante du monde.
Si les croyants doivent “être soumis aux magistrats et aux autorités” (Tit.3:1), et éviter toute
paranoïa à leur égard, il sera toujours avantageux pour eux de tenir compte avec réalisme de cette
estimation de Jésus au sujet des nations et de se méfier d’elles.
Ces réalités devraient faire réfléchir toute institution ecclésiastique qui pense tirer avantage de liens
avec l’Etat. Si celui-ci accorde des privilèges à l’institution, ce sera toujours parce qu’il y voit son
intérêt, et malgré l’antipathie que la plupart de ses officiers éprouvent à l’égard des vrais disciples
de Jésus. Plus l’institution accepte les faveurs de l’état, plus elle s’y lie, plus elle subit l’influence
néfaste du royaume de Satan et plus en souffrent les vrais intérêts du royaume de Dieu. On
objectera que “les autorités qui existent ont été instituées de Dieu” (Rom.13:1). Ce fut écrit par
Paul aux croyants à Rome, sous le règne de Néron, empereur cruel, cynique et persécuteur des
chrétiens. Que Dieu “donne le règne à qui il lui plaît” (Dan.4: 17,25,32) est dit de Nebucadnetsar
qui avait emmené le peuple de Dieu en captivité. Ces deux empereurs païens avaient été établis en
vertu de la souveraineté et de la providence de Dieu, non afin d’assurer l’appartenance de leurs
empires à son royaume. La volonté de Constantin, d’associer le royaume de Dieu et l’empire
romain, amena la plus grande des victoires de Satan. Dès lors, l’institution subira l’influence des
nations et se dressera toujours plus contre l’Eglise.
L’opposition actuelle de Satan contre le royaume de Dieu se manifeste de plusieurs manières
Par l’incitation des hommes incroyants à un esprit de révolte contre l’autorité divine:
“Autrefois,...vous suiviez le chef des puissances spirituelles mauvaises, cet esprit qui agit
maintenant dans le coeur des hommes rebelles à Dieu” (Eph.2:1,2 Semeur). Les dirigeants
incroyants des nations ne sont pas les seuls à connaître cette incitation satanique à la rébellion
contre Dieu et son royaume.
Par un aveuglement de l’esprit des non-croyants par rapport à la lumière de la Bonne Nouvelle:
“Si notre Evangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent, pour les incrédules dont le
dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile
de la gloire de Christ” (2 Cor.4:3-4). Le “dieu de ce siècle” ou “de ce monde” c’est Satan. Il
empêche les hommes de passer de son royaume à celui de Dieu en leur infligeant une cécité
spirituelle.
Par une volonté de domination sur les citoyens du royaume de Dieu:
“Nous (les croyants) avons à lutter contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de
ce monde de ténèbres”(Eph.6:12). Ecoutez l’apôtre: “Nous voulions aller vers vous, du moins moi,
Paul, une et même deux fois; mais Satan nous en a empêchés” (1 Thes.2:18). Leur volonté
d’opposition s’exerce soit de façon directe sur les chrétiens, soit de façon indirecte par
l’intermédiaire de chefs humains.
Par une emprise démoniaque sur des corps d’hommes:
“Alors on amena à Jésus un démoniaque aveugle et muet, et il le guérit...Jésus dit:..si c’est par
l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous” (Mat.12:
22,28). Cette emprise cherche à empêcher les hommes de connaître la liberté du Christ au sein de
son royaume.
Par une sollicitation des citoyens du royaume de Dieu au péché:
“Que ton règne vienne...Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c’est à toi
qu’appartiennent...le règne, la puissance et la gloire” (Mat.6:13). Tout péché constitue une victoire
pour Satan et une insoumission au règne de Dieu. “Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang ,
31
en luttant contre le péché” (Héb.12:4). Le péché est un adversaire bien plus redoutable que
n’importe quel homme.
Par la propagation d’enseignements destructeurs des fondements-même de la foi et du royaume:
“Dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits
séducteurs et à des doctrines de démons” (1 Tim.4:1,2). “N’ajoutez pas foi à tout esprit; mais
éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le
monde” (1 Jean 4:1). Certains théologiens peuvent nier la divinité du Christ, sa naissance virginale,
ses miracles, sa résurrection corporelle et son retour personnel tout en étant reconnus et rémunérés
par une institution ecclésiastique. Les séducteurs sont des anges de Satan.
Par des persécutions de la part des nations contre des citoyens du royaume de Dieu:
“Voici, le diable jettera quelques-uns d’entre vous en prison,...et vous aurez une tribulation de dix
jours. Sois fidèle jusqu’à la mort...Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous , là
où Satan a sa demeure” (Apoc. 2:10,13). De nombreux chrétiens ont fait de la prison ou ont été mis
à mort pour leur foi. On a recensé 160 000 martyrs chrétiens dans le monde en 1999.
Mais cette révélation claire et abondante au sujet de l’adversaire ne doit pas nous conduire à en être
exagérément préoccupé. Etre conscient des forces spirituelles peut engendrer une fascination
malsaine pour la possession démoniaque, l’occultisme et des ministères de délivrance qui voient le
diable partout. On en vient à minimiser la responsabilité personnelle pour le péché et la nécessité
de la repentance et de la foi. Le diable ne doit pas être plus dans nos pensées que n’y est le
Seigneur. Ce serait se laisser prendre par l’une de ses ruses. Mais toutes ces manifestations de
l’opposition satanique ne doivent pas nous inspirer une attitude défaitiste, ni même purement
défensive.
Le Christ a remporté la victoire décisive sur Satan et ses anges, pour établir son royaume présent
Toute la carrière du Christ, et les grandes étapes de celle-ci, furent marquées par ce combat entre
Jésus et son règne, et Satan et sa volonté de domination. Ce fut un des buts importants de
l’incarnation, de la mort et de l’ascension du Christ. Jésus fut vainqueur:
Par son apparition dans le monde:
“Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable” (1 Jean 3:8). Dieu aurait pu écraser
la rébellion dans l’oeuf, dès ses débuts en Eden. Mais c’est l’humanité entière qui aurait été
supprimée. Par la suite, et à travers les siècles, il envoya dans la province rebelle des messagers
pour appeler les hommes à quitter l’insurrection et a devenir des citoyens loyaux de son royaume.
Certains de ses prophètes furent écoutés, mais la plupart furent maltraités et même tués (Act.7:52).
Finalement, il envoya le Prince-Héritier en personne. La simple apparition du Fils de Dieu dans le
monde fit la démonstration du caractère illégitime du gouvernement de l’usurpateur. Le Souverain
légitime eut de nombreux affrontements avec la hiérarchie démoniaque. Il montra qu’il était le plus
fort en délivrant de leur pouvoir ceux que leurs agents tenaient captifs. Et il proposait l’amnistie à
tous les hommes qui capituleraient sans conditions. Certains le comprirent et acceptèrent sur le
champ son offre de paix. Dès lors, il commença à mettre en place avec eux un réseau de résistance.
Il leur donna de la nourriture et des armes spirituelles et l’ordre de se disséminer dans toutes les
parties de la province pour y prêcher la réconciliation . Mais la victoire n’était pas encore acquise
pour autant.
Par sa mort sur la croix:
32
“Jésus dit:...Maintenant a lieu le jugement de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera jeté
dehors...Le prince de ce monde est jugé” (Jean 12:31; 16:11). Il faisait allusion à sa mort
prochaine. Quel paradoxe! Il remporte la victoire en mourant, non en tuant. “Le Christ a dépouillé
les dominations et les autorités , et les a livrés publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par
la croix” (Col.2:15). Ce fut la victoire cruciale qui brisa aux yeux de tous les prétentions de Satan.
Christ privat celui-ci de son arme en acceptant la mort pour le péché. Le diable perdit son emprise
sur l’humanité quand le péché du monde fut expié. Personne désormais n’est plus obligé de subir la
domination de Satan et du péché. Ceux-ci ont été vaincus dans leur principe. Le diable continue à
être actif et dangereux et certains cèdent encore à ses ruses. Il enlève des coeurs la parole du
royaume (Mat.13:19) et rôde autour de nous comme un lion rugissant (1 Pi.5:8). S’il faut s’en
méfier et lui résister (v.9), il ne faut cependant pas le craindre.
Prendre le maquis! “Le Père nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans
le royaume de son Fils bien-aimé” (Col.1:13). “Ils passent des ténèbres à la lumière et de la
puissance de Satan à Dieu” (Act.26:18). Jésus-Christ cherche désormais à faire passer de leur plein
gré à la résistance un maximum de tous ceux qui ont collaboré avec l’occupant. Il laisse encore
dans la province rebelle tous ceux qui ont cru à la victoire finale du Souverain légitime et se sont
joints à son royaume secret. Ceux-ci vivent et luttent dans le monde, mais n’en font pas partie (Jean
17:14-18). Ils ont l’ordre de ne pas s’entasser en un même endroit, mais de se disséminer à travers
le monde. Ils agissent et militent dans la clandestinité pour faire connaître à tous leurs semblables
l’offre de grâce que leur propose le Roi.
Par son ascension:
“Jésus-Christ est à la droite de Dieu, depuis qu’il est allé au ciel, et que les anges, les autorités et les
puissances lui ont été soumis” (1 Pi.3:22). Il y a été “investi de l’autorité royale” (Luc 19:12).
“Le Père a déployé sa puissance en Christ, en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa
droite dans les lieux célestes, au dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance,
de toute dignité” (Eph.1:20,21). Le royaume de Dieu s’était approché sur terre en la personne du
Christ. Par son ascension, Il s’est assis sur le trône, et son royaume sous sa forme présente et
secrète, est définitivement établi.
Les adversaires du royaume de Dieu actuel doivent être combattus avec des armes spirituelles
exclusivement
Debout, soldats du Christ! Certains ont pensé devoir reproduire dans le temps présent la forme
passée du royaume telle que Dieu l’avait établie pour Israël. Ils ont cherché à constituer des états
chrétiens par la force ou par la politique et à y imposer la loi de Dieu, même à ceux qui n’y étaient
pas entrés de leur plein gré. La conception théocratique du royaume de Dieu, a conduit de
nombreuses “nations chrétiennes” à s’engager dans des croisades et des conflits armés au nom du
Christ pour défendre ou étendre leurs territoires, conçus comme “chrétiens”. Les institutions ont
aussi employé des moyens politiques, des influences économiques, des pressions sociales, des
propagandes idéologiques, des intimidations intellectuelles, et exploité les spécificités culturelles et
ethniques, pour asseoir un pouvoir sur leurs territoires.
“Tout homme que nous sommes, nous ne combattons pas de façon purement humaine. Non, les
armes de notre combat ne sont pas d’origine humaine, mais leur puissance vient de Dieu pour la
destruction des forteresses. Nous détruisons les raisonnements prétentieux, et toute puissance
hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu. Nous faisons captive toute pensée pour
l’amener à obéir au Christ” (2 Cor.10:3-5 TOB). On s’est attaqué à des armées et à des châteaux
forts au lieu de résister aux sophismes orgueilleux, aux courants de pensée et aux idéologies qui
33
s’opposent à Dieu.
En tant que citoyens du royaume de Dieu, nous sommes mêlés à ce combat que nous le voulions ou
non. Voici donc notre panoplie: “Nous n’avons pas à lutter contre des êtres humains mais contre les
puissances spirituelles mauvaises du monde céleste. C’est pourquoi, saisissez maintenant toutes les
armes de Dieu...la vérité comme ceinture...la droiture comme cuirasse...le zèle à annoncer la Bonne
Nouvelle comme chaussures...la foi comme bouclier: il vous permettra d’éteindre toutes les flèches
enflammées du Mauvais...le salut comme casque et la parole de Dieu comme épée donnée par
l’Esprit Saint. Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez
à cela avec une entière persévérance , et priez pour tous les saints. Priez pour moi.” (Eph.6:12-19
BFC). “Sois vainqueur du mal par le bien” (Rom.12:21). “Revêtons les armes de la lumière”
(13:12). “Nos armes offensives et défensives, c’est faire ce qui est juste aux yeux de Dieu” (2
Cor.6:7 BFC). “La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi” (1 Jean 5:4). “Combats le bon
combat de la foi” (1 Tim.6:12).
L’arsenal est bien fourni pour qui est prêt à combattre. Les citoyens du royaume ont souvent sousestimé l’efficacité des armes spirituelles. On a préféré les théologies à la vérité, la ruse à la
droiture, les pressions à l’évangélisation, les dogmes à la foi, l’embrigadement au salut, les
arguments à la parole de Dieu, l’aide des puissants à la prière. “Parmi vous qui avez été appelés, il
n’y a ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses faibles du
monde pour confondre les fortes” (1 Cor.1:26,27).
Les nations occidentales dites “chrétiennes” se sont montrées guerrières dans leurs relations entre
elles. Les croisés catholiques ont mis à sac la Constantinople orthodoxe en 1204. Ces nations ont
pris les armes pour établir leur pouvoir colonial et ont décimé les aborigènes des Amériques et de
l’Australie. De la sorte, elles ont donné aux nations pauvres et aux religions non-chrétiennes du
monde l’image d’un christianisme belliqueux et dominateur. D’autant plus que les colonisateurs et
certains missionnaires ont souvent pénétré dans ces pays en même temps et se sont parfois aidés
entre eux. Ces peuples ne font pas la distinction dans leur esprit entre l’activité missionnaire et les
puissances occidentales d’où proviennent les missions. Le chrétien à beau dire qu’il veut servir, il
est perçu comme voulant asservir. Son évangélisation ne serait qu’une arme de plus dans l’arsenal
impérialiste de l’occident. De là la nécessité d’une grande prudence, de beaucoup de clarté dans
l’usage que l’on fait des figures de style bibliques se rapportant au combat spirituel. Quand un
hindouiste ou un musulman entend les mots “combat”, “forces du mal”, “soldat du Christ”,
“armes”, “triomphe de l’Evangile”, etc., ils pensent aux croisades, aux conquistadores et aux
troupes des empires britannique, portugais, hollandais, etc.
Les citoyens du royaume actuel doivent se garder de combattre tout être humain, même
persécuteur
Il est arrivé que des ordres religieux et militaires, tels les Templiers et les Chevaliers Teutoniques,
soumettent par les armes et au nom du Christ des Slaves, des Germains, des Scandinaves, des
Baltes, des Mongols, des Turcs, des Orthodoxes, des Cathares, des Protestants, etc. Des institutions
ecclésiastiques se sont servies du pouvoir temporel et de la force militaire pour envahir des nations
païennes, s’opposer à des institutions ecclésiastiques adverses et persécuter des chrétiens
minoritaires. Jésus ne demande pas aux siens de créer d’autres royaumes parallèles, du même type
que celui de l’usurpateur. Il veut simplement qu’ils quittent son régime fantoche pour se joindre à la
résistance - et qu’ils en acceptent tous les risques.
“Nous n’avons pas à lutter contre des êtres humains” (Eph.6:12 BFC). “Moi je vous dis de ne pas
résister au méchant...bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et
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priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent” (Mat.5:39,44). “Si quelqu’un te frappe
sur une joue, présente-lui aussi l’autre” (Luc 6:219). “Un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la
main , et tira son épée; il frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille.
Alors Jésus lui dit: remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par
l’épée” (Mat.26:51,52; Mc 14:47; Luc 22:50,51; Jean 18:10,11). “Si mon royaume était de ce
monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi” (18:36).
“Et ils lapidèrent Etienne...Il s’écria: Seigneur ne leur impute pas ce péché” (Act.7:59,60). “Ne
rendez à personne le mal pour le mal...Ne vous vengez point vous-mêmes...car il est écrit: à moi la
vengeance dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger...Sois vainqueur du mal
par le bien” (Rom.12:17-21). “Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que
vous suiviez ses traces...Lui qui, injurié, ne rendait point d’injure, maltraité, ne faisait point de
menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement” (1 Pi.2:21,23). “Ne rendez point mal pour
mal” (1 Pi.3:9). Il est arrivé que des chrétiens mènent des combats politiques contre des
républicains, des pluralistes, des communistes, des laïcs, des libéraux, des monarchistes, des
fascistes, etc. Ils ont aussi pensé devoir lutter de diverses manières contre les infidèles, les
irréligieux, les homosexuels, les blasphémateurs, les pédophiles, les mécréants, les criminels. Mais
il faut les gagner, non les combattre. En attaquant ceux qui ont le plus besoin de l’Evangile on les
dresse contre l’Evangile au lieu de le leur apporter.
Mais Jésus ne considérait pas les gens de mauvaise vie et ceux qui exploitaient les autres comme
des ennemis à combattre. Au contraire, il était venu chercher et sauver Zachée, le riche collecteur
d’impôts corrompu, considéré comme perdu (Luc 19:1-10). A nous aussi de les attirer au Christ
par des attitudes et des actes bienveillants, non de les repousser, les mépriser et de nous en prendre à
eux comme le faisaient les chefs religieux. C’est un christianisme théocratique qui se sent obligé
d’être intolérant envers les mécréants. Une des ruses du diable a été de dresser les citoyens du
royaume contre de faux ennemis. L’institution s’est aussi souvent trompée de cible.. Paul déclarait:
“Je boxe ainsi: je ne frappe pas dans le vide” (1 Cor.9:26 TOB). Pour lui, viser une cible physique,
combattre un homme, c’était “battre l’air” (Seg). La lutte présente se situe sur un autre plan. Ce
n’est d’ailleurs pas le mouvement de résistance, les combattants clandestins qui maintenant peuvent
libérer la province occupée par l’ennemi. Ce n’est ni réaliste, ni selon le plan de Dieu. Quelqu’un
doit venir du dehors. Il faut d’abord “...que la totalité des païens soit entré. Et...le Libérateur
viendra” (Rom;11:25-26). Il débarquera sur les plages du monde. Mais, en attendant...
Quand la sécurité physique des citoyens du royaume actuel est menacée par un régime hostile, ils
doivent se réfugier dans la fuite
“Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous...Parce que vous n’êtes pas du monde...à
cause de cela le monde vous hait” (Jean 15:18,19). C’est la situation normale pour le citoyen du
royaume de Dieu qui habite la province rebelle. “Heureux serez-vous, lorsqu’on vous persécutera
et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous parce que
votre récompense sera grande dans les cieux” (Mat.5:11,12). Mais que faire concrètement ici-bas
quand le danger menace? “Un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prend
le petit enfant (“le roi des Juifs”, “le Fils de Dieu” 2:2,15) et sa mère, fuis en Egypte” (Mat.2:13).
Et si Joseph et Marie avaient répondu: Le rois des Juifs ne fuit pas devant un usurpateur comme
Hérode? Jésus dit: “Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre” (Mat.10:23).
“Alors, que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes” (Mat.24:16). “Jésus ne voulait pas
séjourner en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir”(Jean 7:1). “Les pharisiens
résolurent de le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne se montra plus ouvertement parmi les Juifs;
mais il se retira dans la contrée voisine du désert” (Jean 11:53,54). “On gardait les portes jour et
nuit afin d’ôter la vie à Paul. Mais, pendant la nuit, les disciples le prirent, et le descendirent par la
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muraille, dans une corbeille” (Act.9:23-25).
Une telle fuite n’est pas une lâcheté, mais vise la prédication de l’Evangile dans d’autres
contrées, plus réceptives.
Courage, fuions! “Les Juifs de Nazareth menèrent Jésus jusqu’au sommet de la montagne afin de le
précipiter en bas. Mais Jésus, passant au milieu d’eux, s’en alla. Il descendit à Capernaüm et il
enseignait” (Luc 4:29-31). “Les Juifs cherchèrent encore à le saisir; mais il s’échappa de leurs
mains. Jésus s’en alla au-delà du Jourdain...Beaucoup de gens vinrent à lui...Et dans ce lieu,
plusieurs crurent en lui” (Jean 10:39-42). Ce ne fut pas une lâcheté de la part de Jésus car:
“Lorsque le temps où il devait être enlevé du monde approcha, Jésus prit la résolution d’aller à
Jérusalem” (Luc 9:51). “Jésus dit: Je donne ma vie...personne ne me l’ôte, mais je la donne de moimême” (Jean 10:17,18).
C’était stratégique: “Il y eut une grand persécution contre l’église de Jérusalem; et tous, excepté les
apôtres, se dispersèrent dans les contrées de la Judée...Ceux qui avaient été dispersés allaient de
lieu en lieu, annonçant la bonne nouvelle de la parole (Act.8:1,4). “Ceux qui avaient été dispersés
par la persécution survenue à propos d’Etienne allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre, et à
Antioche, annonçant la parole” (11:19). “Les principaux de la ville provoquèrent une persécution
contre Paul et Barnabas. Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds, et allèrent à
Icône. A Icône, Paul et Barnabas...parlèrent de telle manière qu’une grande multitude de Juifs et de
Grecs crurent” (Act.13:50-14:1). “Comme les païens et les Juifs...se mettaient en mouvement pour
les lapider, Paul et Barnabas se réfugièrent dans le villes de la Lycaonie. Et ils y annoncèrent la
bonne nouvelle” (Act.14:5-7 Voir aussi 14:19-21; 17:5,10,11; 19:30-32,20:1-3).
On peut se demander si ces persécutions ne furent pas permises par la providence divine pour hâter
la dispersion des fils du royaume dans le champ qu’est le monde. Leur dissémination y était, dès le
départ, voulue de lui (Mat.13:24,38). Peut-être les milliers de chrétiens à Jérusalem commençaientils à se sentir si bien entre eux qu’ils perdaient de vue l’ordre missionnaire de Jésus. Ce ne fut en
aucun cas son intention que les croyants s’entassent dans des périmètres devenus “chrétiens”. Mais
ces fuites ne furent en aucun cas des lâchetés de la part des premiers croyants car il fut dit de
certains d’entre eux: “Ils furent livrés aux tourments, et n’acceptèrent point la délivrance”
(Héb.11:35). Et au sujet d’autres: “Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens”
(Héb.10:34). La fuite peut être un témoignage de la part du citoyen du ciel, d’un détachement par
rapport aux biens de cette terre. Des témoins du Christ démunis mais vivants et dispersés de par le
monde profitent plus au royaume secret de Dieu que les terres d’un seigneur et la mort de ceux qui
ont succombé pour les défendre. L’émigration de chrétiens persécutés a été, pendant 2000 ans, une
des causes importantes de l’ extension du royaume présent dans le monde.
Calvin reconnaît qu’il est fâcheux pour un homme fidèle, en danger de perdre corps et biens, de
s’exiler. Mais, le premier conseil qu’il donne est, malgré tout, celui de chercher refuge ailleurs
(Calvin homme d’Eglise, p. 194, & 241, Genève 1936). Ce qui n’empêche la création d’un certain
nombre de républiques calvinistes à Genève et aux Pays-Bas et d’états protestants en France, en
Allemagne et en Scandinavie, opposés à des états catholiques. On voit des princes adhérer à la
réforme souvent davantage guidés par leurs intérêts matériels ou par une possibilité d’exercer un
pouvoir que d’exprimer un choix religieux. La coupure passe du domaine spirituel au domaine
temporel, du religieux au politique, de l’épée de l’Esprit à l’épée tout court. Ce sont les guerres de
religion. La formule “Tel prince, telle religion” entérine la division religieuse de l’Europe. Luther,
Calvin et Zwingli cherchent des appuis politiques et militaires. Une partie importante de la réforme
ne met pas en cause la théocratie, mais aide à la perpétuer. Elle y perd de sa crédibilité.
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La terreur espagnole en Belgique est déclenchée surtout par les violences iconoclastes. Encouragés
par la force armée et le pouvoir politique grandissant de certains nobles, des partisans d’une
théocratie protestante pensent ne plus pouvoir tolérer dans le pays les images taillées et les tables
d’autel, perçues comme une pollution souillant le territoire. Ils ne veulent pas seulement la liberté
du culte pour eux-mêmes et exclure les statues de leurs propres temples. Ils veulent aussi bannir du
pays, comme en Israël jadis, ce qu’ils estiment être un faux culte.
Par contre, en France sous la répression, des centaines d’églises protestantes clandestines sont
réorganisées par Antoine Court dans le refus de la violence et dans la loyauté envers le roi. Mais en
même temps, des centaines de milliers de protestants persécutés en Europe, fuient en Ecosse, au
Nouveau Monde, en Afrique du Sud et en Australie où ils pourront librement vivre et annoncer leur
foi. Ils ouvriront de nouvelles frontières, établiront des églises sans liens avec l’Etat, et ces régions
deviendront des foyers d’activité et d’expansion missionnaire vers d’autres régions encore. La
dispersion fut une catastrophe pour Israël. Elle est une nécessité pour le royaume de Dieu présent.
Les adversaires du royaume futur
Jésus avait prédit son retour sur terre. “Ce sont des esprits de démons, qui vont vers les rois de toute
la terre, afin de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout puissant. Voici je viens ”
(Apoc.16:14,15). “Les dix rois...donnent leur puissance et leur autorité à la bête. Ils combattront
contre l’Agneau , et l’Agneau les vaincra” (Apoc.17:12-14). “Puis je vis le ciel ouvert, et voici,
parut un cheval blanc. Celui qui le montait s’appelle Fidèle et Véritable. Son nom est la Parole de
Dieu. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient...Il avait sur son vêtement et sur sa cuisse un
nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs...Et je vis la bête, les rois de la terre et leurs
armées, rassemblés pour faire la guerre à celui qui était assis sur le cheval et à son armée”
(Apoc.19:11,13,16,19). Le Roi des rois, reviendra du ciel, en gloire, avec ses armées d’anges, pour
reconquérir la province rebelle. “Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clé de l’abîme et
une grande chaine dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il
le lia pour mille ans. Il le jeta dans l’abîme, ferma et scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne
séduise plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis. Après cela, il faut qu’il soit
délié pour un peu de temps” (Apoc.20:1-3).
Dieu se verra opposer un ultime et futile combat d’arrière-garde. Les anges de Satan seront les
instigateurs d’une dernière révolte de la part des nations et des rois de la terre. Cette opposition
s’avérera dérisoire. Le Roi légitime qui était en exil aura débarqué en force et aura renversé et jugé
le gouvernement fantoche de l’adversaire. Les résistants loyaux de son royaume secret seront
libérés et associés à son gouvernement. Les conditions de bien-être qui régnèrentt à l’origine dans
le paradis terrestre seront rétablies. “Ensuite viendra la fin quand il remettra le royaume à celui qui
est Dieu et Père, après avoir réduit à l’impuissance toute domination, toute autorité et toute
puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Le
dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort” (1 Cor.15:24-26). “Quand les mille
ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison. Et il sortira pour séduire les nations qui sont
aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre; leur nombre est
comme le sable de la mer. Ils montèrent à la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints
et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora. Et le diable qui les séduisait, fut
jeté dans l’étang de feu et de souffre, où sont la bête et le faux prophète (Apoc.20:7-10). La fin de
l’histoire est la démonstration de la souveraineté de Dieu.
Une étude des adversaires d’un royaume donne une idée fort incomplète des caractéristiques de ce
royaume. Et l’Ecriture n’est pas avare de détails sur les particularités propres à chacune de trois
phases du règne de Dieu sur la terre.
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CHAPITRE 7
LES CARACTERISTIQUES DU ROYAUME DE DIEU
Le royaume de Dieu se présente, dans ses trois phases, sous des formes différentes. La Bible décrit
chacune d’elles avec ses traits distinctifs.
Les caractéristiques du royaume passé:
Il fut théocratique:
Son trône à Jérusalem était “le trône de l’Eternel” (1 Chron.29:23). Le roi humain était un régent,
le représentant de Dieu. Le temporel et le spirituel, le religieux et le politique, étaient liés. Tout
culte, autre que celui de l’Eternel, toute idolâtrie était hors-la-loi.
Son roi devait être choisi par Dieu: “Tu mettras sur toi le roi que choisira l’Eternel ton Dieu”
(Deut.17:15). De sorte que David appelle le roi Saül “l’oint de l’Eternel” (2 Sam.1:14; 26:10).
La loi de Dieu, révélée à Moïse, était la loi du roi et du pays: “Quand il s’assiéra sur le trône de son
royaume, il écrira pour lui dans un livre, une copie de cette loi, qu’il prendra auprès des Lévites. Il
devra l’avoir avec lui et y lire tous les jours de sa vie, afin qu’il apprenne à...observer toutes les
paroles de cette loi; afin que son coeur ne s’élève point au-dessus de ses frères” (Deut.17:18-20).
Le roi n’avait pas de fonction législative. Le royaume était un état de droit; une monarchie
tempérée.
Dieu conduisait et aidait le royaume dans ses guerres qui étaient “les guerres de l’Eternel” (1 Sam.
18:17; 25:28 Voir plus haut).
Les états musulmans modernes prétendent être, à des degrés divers, des théocraties, dans la mesure
où ils sont dirigés par des religieux comme les ayatollah en Iran, qu’ils ne tolèrent pas d’autres
cultes, qu’ils appliquent la loi islamique de la sharia à la vie civile, et qu’ils déclarent la guerre
sainte, la djihad.
Il fut national:
Le roi devait être de race Israélite: “Tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te
donner un étranger” (Deut.17:15). Le royaume de Dieu ne pouvait exister dans une nation autre
que celle d’Israël. La monarchie en elle-même n’était pas contraire à la volonté de Dieu pour Israël
car, bien avant son établissement, Dieu avait promis à Abraham, Sarah et Jacob que des rois
sortiraient d’eux (Gen.17:6,16; 35:11) et il en avait fixé les modalités dans la loi de Moïse
(Deut.17). Pour David, aucune contradiction n’existait entre son propre statut de roi d’Israël et le
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fait que Dieu était roi d’Israël et son roi à lui également. Il dit: “Le Saint d’Israël est notre roi”
(Ps.89:19) et: “Sois attentif, mon roi et mon Dieu” (Ps.5:3).
Mais ce fut le désir du peuple d’être comme toutes les autres nations, qui déplut à Dieu. “Ils dirent à
Samuel:... établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations...et nous
aussi nous serons comme toutes les nations; notre roi marchera à notre tête et conduira nos guerres”
(1 Sam. 8:5, 20). Ce fut un rejet de la part d’Israël, de la façon dont Dieu voulait régner sur son
peuple et une méconnaissance du caractère particulier et national du royaume de Dieu. Samuel les
avertit que des rois de ce type seraient des despotes, des tyrans qui leur imposeraient la conscription
obligatoire (8:11,12), les travaux forcés pour eux (12) et pour leurs femmes (13), des dîmes (15) des
réquisitions (16) et en feraient leurs esclaves (17). Si Dieu a voulu faire d’Abraham une grande
nation (Gen.12:2), ce ne fut pas pour qu’elle devienne une puissance dictatoriale et nationaliste
comme les autres.
Il fut territorial:
“Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Eternel ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que
tu y auras établi ta demeure...tu mettras sur toi le roi que choisira l’Eternel” (Deut.17:14,15). Le
royaume de Dieu, outre qu’il était établi sur le peuple, l’était aussi sur le pays. La nation
comprendrait l’un et l’autre. L’exil, comme la dispersion, porteraient atteinte à l’essence-même du
royaume de Dieu sous sa forme passée.
Caractéristiques du royaume présent:
Le royaume présent ne s’impose à personne:
Quel contrate avec la forme du royaume d’avant Jésus! “Lorsqu’un homme écoute la parole du
royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur: cet
homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin” (Mat. 13:19). Comme le sol n’est pas
obligé d’accueillir la semence, le coeur d’un homme n’est pas obligé d’accepter la parole du
royaume actuel. Cependant, un autre homme “la reçoit avec joie” (v.20) et un autre encore
“l’entend et la comprend” (v.23). Contrairement à la forme future du royaume, sa forme présente
doit être reçue volontairement. “Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit
enfant n’y entrera point”(Mc.10:15). Si l’accès au royaume est limité à ceux qui le reçoivent, il est
évident qu’il n’est imposé à personne. Chacun doit pouvoir choisir, se positionner. “Un de ceux
qui était à table dit à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu! Et Jésus
lui répondit: Un homme donna un grand repas et invita beaucoup de gens...Mais tous unanimement
se mirent à s’excuser...Le maître de la maison fut irrité” (Luc 14:15-18,21). Dieu veut qu’on
accepte de plein gré l’invitation de participer à son royaume. Il respecte le choix de la personne
humaine qu’il a créée à son image. Aussi, recevoir le royaume de Dieu et recevoir une éducation
chrétienne ou une aide sociale au nom du Christ ne sont pas actions identiques.
“Les concitoyens du roi...envoyèrent une ambassade après lui, pour dire: Nous ne voulons pas que
cet homme règne sur nous” (Luc 19:14). Dieu ne force personne à se décider pour lui. Il donne la
possibilité de dire non à l’Evangile. Le royaume de Dieu actuel peut être refusé. Il est tout sauf
théocratique. Mais les institutions, surtout constantiniennes, n’ont pas accordé cette possibilité.
Elles ont cherché, à travers les siècles, à s’imposer aux gens par des contraintes en tous genres:
militaires, physiques, morales, financières, sociales, politiques, religieuses, sentimentales,
culturelles, psychologiques, économiques, mentales. Selon la logique des Eglises d’Etat et des
“nations chrétiennes”, laisser choisir son appartenance ecclésiale, c’était rompre l’unité civile,
c’était de la subversion politique, c’était trahir son peuple. Mais par ces contraintes, elles ont aussi
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porté atteinte à l’essence-même du royaume présent.
Le royaume présent vise une vie juste:
“Préoccupez-vous d’abord du royaume de Dieu et de la vie juste qu’il demande, et Dieu vous
accordera aussi tout le reste” (vêtement, nourriture, etc. Mat.6:31,33 BFC). Il s’agit surtout d’une
justice personnelle, qui doit constituer une priorité par rapport à la recherche d’une sécurité sociale.
Le royaume présent veut nous délivrer de la tyrannie des valeurs matérialistes conventionnelles.
“Le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice” (Rom.14:17).
L’importance d’un comportement droit et probe, plutôt que l’attachement aux lois diététiques et
religieuses, souligne le caractère moral et éthique du royaume présent. “Heureux ceux qui sont
persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux” (Mat.5:10). Cette persécution sousentend qu’une vie juste chez le citoyen du royaume présent suscite l’hostilité de la part de la société
injuste qui l’entoure. Le royaume n’est donc pas lui-même cette société, même si celle-ci se
présente parfois sous une forme christianisée. “Celui qui observera ces commandements, et qui
enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux” (Mat.5:19). Tous
ces textes présentent la justice du royaume présent comme étant surtout une probité personnelle
dont la justice sociale n’est qu’un aspect et un sous-produit. Celle-ci n’est pas un égalitarisme
économique imposé à toute la société. Car il est possible d’être pauvre parce qu’on a été injuste. Il
ne faut pas séculariser le sens du mot “justice”.
Le royaume présent est de nature spirituelle
“Si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers
vous” (Mat.12:28). Jésus déclare que l’action puissante de l’Esprit Saint à l’encontre des esprits
mauvais est la preuve de la venue du royaume actuel. L’autorité de ce règne est une puissance
d’ordre spirituel. “Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de
Dieu” (Jean 3:5). Le royaume de Dieu présent est constitué en vertu d’une oeuvre de régénération
spirituelle. Jésus poursuit: “Le vent (pneuma) souffle où il veut, et tu en entend le bruit; mais tu ne
sais d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit” (3:8). L’action de
l’Esprit de Dieu qui crée son royaume, est souveraine, sensible mais insaisissable.
“On ne dira point: le royaume de Dieu est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au
milieu de vous” (Luc 17:21). On ne peut circonscrire le royaume présent dans l’espace, ni le limiter
à un seul lieu comme s’il pouvait s’étendre sur un pays, mais non sur un autre. La nature
essentiellement spirituelle et intérieure du royaume dans sa phase actuelle lui confère aussi son
caractère secret (voir au chap.12). “Heureux ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres, car
le royaume des cieux leur appartient. (Mat.5:3 Semeur). Une conscience de son besoin spirituel doit
précéder la transformation spirituelle de la nouvelle naissance. La suffisance prive l’homme du
royaume. “Car le royaume de Dieu...c’est la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit”
(Rom.14:17). C’est le règne intérieur et spirituel de la vie du Christ en nous. Tout mépris pour le
caractère spirituel du royaume présent trahit une mentalité profane.
Le royaume présent est le domaine du salut
“Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le
royaume de Dieu. Les disciples se dirent les un aux autres: Et qui peut être sauvé. Jésus dit: Cela
est impossible aux hommes, mais non à Dieu” (Mc. 10:25-27). Etre “sauvé”, c’est entrer dans le
royaume de Dieu, un à la fois comme par le trou d’une aiguille. “Le royaume des cieux est
semblable à un roi qui voulut faire rendre compte à ses serviteurs...Un serviteur se prosterna devant
lui et dit: Seigneur, aie patience envers moi...Emu de compassion, le maître de ce serviteur le laissa
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aller, et lui remit la dette” (Mat.18:23,26,27). Le royaume présent est celui d’un Dieu qui donne
libre cours à sa miséricorde pour la rémission des péchés de chacun. Le salut en question consiste à
être délivrer du mal fondamental de l’idolâtrie des richesses et de la dette du péché, non pas tout
d’abord de la pauvreté, de l’injustice sociale ou des structures oppressantes.
Quelle est une des conséquence du salut par la foi en Jésus? “Paul annonça aux Juifs le royaume de
Dieu...cherchant à les persuader de ce qui concerne Jésus...les uns furent persuadés, les autres ne
crurent point...Paul n’ajouta que ces mots:..Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux
païens, et qu’ils l’écouteront...Paul recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de
Dieu” (Act.28:23-25,28,30,31). Annoncer le royaume de Dieu, c’est expliquer comment y accéder,
c’est persuader les gens concernant Jésus et prêcher le salut de Dieu à recevoir par la foi. D’une
conscience de salut personnel, jaillit la conscience qu’il y a un monde perdu à secourir et à sauver.
Le salut en question ne semble pas correspondre à la délivrance des structures d’oppression de la
société actuelle.
Le royaume présent n’est pas administré selon un principe de loi, mais de grâce:
Quelles en seraient les conséquences pratiques? “Le temps de la loi de Moïse...a duré jusqu’à
l’époque de Jean-Baptiste. Depuis lors, la bonne nouvelle du royaume de Dieu est annoncée” (Luc
16:16 BFC). Ce texte établit un contraste entre le régime légaliste sous l’ancienne alliance et le
royaume de Dieu actuel. “Comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce règne (basileuo) pour
la vie éternelle, par Jésus-Christ” (Rom.5:21). La loi était imposée comme règle de vie sous la
théocratie d’Israël. Elle ne l’est plus dans le royaume de Dieu sous sa forme présente. Le croyant y
vit sous un régime de grâce. Toutes les tentatives pour légiférer la moralité avaient échoué. C’est
le règne de la grâce, et non du droit. Jésus a apporté au monde actuel une façon nouvelle de
concevoir la royauté. Il règne par la grâce et l’amour, au lieu de la contrainte. C’est la différence
entre son royaume présent et un christianisme légaliste. Le Christ attire les hommes à lui et se les
rend volontairement obéissants par le sacrifice suprême de lui-même. Ce ne sont pas les codes ou
les conventions qui fondent et motivent l’éthique, mais la relation personnelle avec Dieu. Non pas
les impositions et les pressions du milieu, mais la vie spirituelle et intérieure.
Une parabole de Jésus pour enseigner la théologie: “Voici à quoi ressemble le royaume des cieux:
Un propriétaire sortit tôt le matin afin d’engager des ouvriers pour sa vigne” (Mat.20:1). Quand les
ouvriers engagés à la dernière heure reçurent le même salaire que celui qui avait été promis à ceux
de la première heure, ces derniers murmurèrent contre le maître. “Mais il répliqua à l’un d’eux:
Mon ami, je ne te fais pas de tort; n’es-tu pas convenu avec moi d’une pièce d’argent?...Je veux
donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de mon bien? Ou
vois-tu d’un mauvais oeil que je sois bon? (20:13-15). Dieu, dans son royaume dispose du pouvoir
d’accorder gratuitement une récompense bien au-delà de ce qui revient a quelqu’un. Il se plaît à
accorder des faveurs imméritées.
Qu’est-ce qui est à l’ordre du jour? Jésus, lors de sa première venue sur la terre déclare: “Je suis
venu, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde” (Jean 12:47; 3:17). Que Jésus est
souverain sur toutes ses créatures et jugera un jour le monde, ne signifie pas que l’établissement sur
terre d’un ordre socio-politique juste soit maintenant à son ordre du jour. Ni même que la vocation
de l’Eglise soit d’oeuvrer pour que soient votées et appliquées des loi équitables afin d’écarter
l’injustice du pays. C’est maintenant un jour de grâce et de vérité. Essayer de légiférer la moralité
au nom du Christ aux non-chrétiens, rend ceux-ci sourds à la bonne nouvelle de sa grâce. Le règne
universel de justice et de paix attend le retour du Roi. En attendant, le chrétien fait bien de s’assurer
qu’il mène lui-même une vie vraiment juste sans prétendre imposer celle-ci aux non-chrétiens.
41
Le royaume de Dieu présent est peuplé de peu de riches
Cela peut rendre mal à l’aise. “Jésus dit à ses disciples: Qu’il sera difficile à ceux qui ont des
richesses d’entrer dans le royaume de Dieu!” (Mc 10:23). Chercher d’abord le royaume de Dieu,
c’est chercher ce royaume avant la nourriture et le vêtement (Mat.6:31-33). “Les soucis du siècle et
la séduction des richesses étouffent la parole du royaume” (Mat.13:19,22). Le monde apporte son
lot de soucis, et les richesses sont trompeuses, tandis que l’un et l’autre nous privent des vraies
richesses du royaume présent. “Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaumes de Dieu est à vous”
(Luc 6:20). Dès le VIe siècle, le Pape devient le plus riche propriétaire d’Italie. Dans les pays dits
“chrétiens” l’institution a été composée, le plus souvent, des couches aisées de la société. Ce
constat donne à réfléchir quant à la correspondance effective entre l’institution et le royaume de
Dieu. “Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres aux yeux du monde pour qu’ils soient riches en la foi et
héritiers du royaume” (Jac.2:5)? Une méconnaissance généralisée de ces réalités essentielles du
royaume, est à la base du capitalisme sauvage dont se sont accommodées les institutions
Catholique, Protestantes, Anglicanes et Orthodoxes. Elles sont souvent devenues le règne de
l’avoir, au lieu de celui de Dieu. Par contre, si les chrétiens aux revenus et à l’avoir importants
avaient toujours suivi l’enseignement biblique sur la libéralité et les oeuvres bonnes, le nombre de
riches parmi eux en aurait été sensiblement réduit.
Les corinthiens brûlaient les étapes. Paul leur écrit: “Déjà vous êtes riches, sans nous vous avez
commencé à régner (basileuo). Et puissiez-vous régner en effet, afin que nous aussi nous régnions
avec vous...Nous les apôtres, nous souffrons la faim, la soif, la nudité” (1Cor.4:8,9,11). Paul use de
sarcasme. Les corinthiens voulaient jouir, sur le champ, des richesses du royaume futur. Mais ils le
faisaient prématurément, et sans Paul et les autres apôtres. Le royaume à venir et ses richesses
n’étaient pas encore venus pour les missionnaires. Paul souhaite que les corinthiens connaissent
effectivement le régime de pauvreté du royaume présent. C’est dans la pauvreté de ce royaume, que
ceux-ci régneraient effectivement dès maintenant avec les apôtres (v.9).
Eviter les effets pervers. Par leur vie sobre et leur courage au travail, les chrétiens doivent
forcément s’enrichir, comme ceux de Corinthe. C’est ainsi que l’Occident est devenu la partie la
plus riche du monde. Comment donc les chrétiens, devenus riches par rapport au reste du monde,
peuvent-ils empêcher que leurs enfants (enfants de riches) restent en rade en dehors de ce royaume
dans lequel il y a peu de riches? On peut échapper aux périls de la richesse en aidant tous les
apôtres (missionnaires) dispersés dans le reste du monde, à échapper aux périls du besoin. Il faut
aussi dire que si, dans ce royaume, il y a peu de riches, il n’y a aussi en lui, que peu de vrais pauvres
(Ps.37:25). En général, les conséquences sociales d’une authentique conversion à Dieu ne se font
pas attendre.
Le royaume de Dieu présent entraîne des persécutions pour ses citoyens
Béatitude? “Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux”
(Mat.5:10). Le royaume présent n’est pas composé de ceux qui ont le pouvoir de persécuter, mais
de ceux dont le manque de pouvoir et la vie juste les exposent à la persécution. Cette persécution
peut venir des autorités, de l’institution ecclésiastique, des employeurs, des syndicats, du voisinage,
des écoles, des médias et de tout autre organe de pouvoir. Jésus, le Maître de l’univers, est né, a
vécu, a été exclu et est mort en personne marginale par rapport aux structures de la société de son
temps. Son message est clair: Dieu ne sauve pas les hommes par les sages selon la chair, par les
puissants et par les nobles, mais par la folie de la prédication, par ce qui est faible et méprisable aux
yeux du monde (1Cor.1:17-31). Les citoyens du royaume doivent continuellement se poser la
question: “De quel côté de la barrière est-ce que je me trouve dans ce monde? Du côté des
puissants ou des faibles?”
42
Paul fut lapidé à Lystre et traîné hors de la ville comme mort (Act.14:19). Il retourna à Lystre,
“...fortifiant l’esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par
beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu” (14:22). L’apôtre ne se
borne pas à constater ce cas particulier de persécution. Il énonce un principe général: Etre
persécuté est une des marques de tous ceux qui entrent dans le royaume de Dieu actuel.
L’institution qui persécute ne saurait être le royaume de Dieu. “Que vous soyez trouvés dignes du
royaume de Dieu pour lequel vous souffrez” (2 Thes.1:5). “Moi Jean, votre frère, qui ai part avec
vous à la tribulation, au royaume et à la persévérance en Jésus...”(Apoc.1:9). Avoir vraiment part
au royaume présent, c’est avoir part aux persécutions. La forme actuelle de ce royaume (le “déjà
maintenant”) n’est qu’un avant-goût, un gage, un acompte qui nous garantit cependant une
délivrance complète lorsque nous prendrons possession pleinement du royaume futur (le “pas
encore”- Eph.1:14).
Le royaume de Dieu présent ne consiste pas en l’exercice d’un pouvoir
Si une des caractéristiques des citoyens du royaume présent consiste à être persécutés par divers
pouvoirs, il s’en suit que ce royaume ne pourrait lui-même être un pouvoir. Chaque fois que les
chrétiens sont devenus une “majorité morale” dans un pays quelconque, comme dans les théocraties
catholiques, comme à Genève, dans certaines colonies de la Nouvelle Angleterre et en Russie sous
les Tsars, cette majorité s’est montrée intolérante et persécutrice. Sous le régime d’une chrétienté
constantinienne, l’Evangile devient un support idéologique pour un système injuste. Jésus prévoyait
une minorité qui deviendrait missionnaire parmi toutes les nations. On a dénaturé son intention pour
en faire une majorité oppressante dans un nombre limité de pays. Si on avait toujours visé d’abord
l’implantation d’églises partout dans le monde où il en manquait, le problème d’une hégémonie
culturelle chrétienne intolérante ne se serait jamais posé. Quand l’institution vient à représenter des
pouvoirs économiques, politiques et culturels, elle devient répressive et, de ce fait, la négationmême du royaume présent et secret. L’homme se méfie des pouvoirs. Dans la mesure où
l’institution est un pouvoir, dans cette mesure-là elle est également un obstacle à la foi.
Jésus a-t-il connu la tentation du pouvoir? “Le diable...montra à Jésus tous les royaumes du monde
et leur gloire, et lui dit: Je te donnerai toutes ces chose...Jésus lui dit: Retire-toi, Satan!” (Mat.4:89). Jésus aurait-il institué, à sa première venue, un règne de pouvoir et de gloire, et cela
immédiatement après avoir rejeté l’offre de régner sur tous les royaumes du monde? Quand les
juifs virent les oeuvres puissantes de Jésus (Jean 6:1-14), ils se sont imaginé qu’il allait dès lors
établir son royaume théocratique. “Jésus se rendit compte qu’ils allaient venir l’enlever de force
pour le faire roi. Il se retira donc de nouveau” (6:15). Il respecte l’horaire, le calendrier de son
Père; il ne se laisse pas bousculer par les hommes, ni tenter par un pouvoir messianique prématuré.
Pouvoir ecclésiastique: “La mère des fils de Zébédée dit à Jésus: Ordonne que, dans ton royaume,
mes deux fils, siègent, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche. Jésus répondit: Vous ne savez pas ce
que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire?...Siéger à ma droite et à ma
gauche sera donné à ceux pour qui mon Père l’a préparé...Vous le savez, les chefs des nations les
tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. Il ne doit pas en être ainsi parmi
vous. Au contraire, si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur” (Mat.20:2126). Jésus ne nie pas qu’il y aura un pouvoir théocratique dans le royaume futur; il l’affirme avec
force. Mais il ajoute que, dans son royaume sous sa forme présente, la grandeur ne consiste pas à
exercer un pouvoir mais à être serviteur. L’une des marques les plus probantes d’un christianisme
authentique s’est toujours présentée quand des hommes et des femmes dotés de biens, de rang, de
savoir de privilèges et de pouvoirs, se sont servis de ceux-ci en faveur des missions, des perdus, des
faibles, des abandonnés, des méprisés.
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“Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi” (Jean 18:36). Au
moment où on vient au jardin de Gesthémané pour arrêter Jésus, Pierre veut s’y opposer par la
force. Mais Jésus, à qui appartenait tout pouvoir dans le ciel et sur la terre (Mat.28:18) objecte:
“Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze
légions d’anges?” (Mat.26:51-53). Il refuse pour son royaume présent l’intervention de ces mêmes
armées célestes qui assureront l’établissement par la puissance, de son royaume futur et glorieux
(Mc.8:38;13:26,27; Mat.13:41-43, 49; 16:27; 24:30,3; Luc.9:26; 2 Thes.1:7,8; Apoc.19:13-16, etc.).
L’institution a souvent eu recours au “bras séculier”, à la puissance temporelle, à l’autorité civile, au
pouvoir politique, à la force militaire et aux pressions économiques pour servir ses intérêts. Ce
recours a toujours desservi les intérêts réels du royaume de Dieu sous sa forme présente. Car toute
contrainte, réelle ou ressentie, porte atteinte à la nature-même de ce royaume.
Le royaume de Dieu présent devient progressivement très grand, à partir de petits
commencements, par une vitalité intrinsèque:
“Voici à quoi ressemble le royaume de Dieu: Un homme lance de la semence dans son champ.
Ensuite...les graines germent et poussent sans qu’il sache comment. La terre fait pousser d’ellemême la récolte: d’abord la tige des plantes, puis l’épi vert, et enfin le grain bien formé dans
l’épi...A quoi pouvons-nous comparer le royaume de Dieu?...Il ressemble à une graine de
moutarde; quand on la sème dans la terre, elle est la plus petite de toutes les graines. Mais après
qu’on l’a semée, elle monte et devient la plus grande de toutes les plantes du jardin” (Mc 4:26-32).
Le royaume de Dieu actuel a commencé petitement: “de la semence”, “des graines”, “une graine de
moutarde, la plus petite de toutes”: Jean Baptiste, Jésus, les douze.
Il a grandi progressivement: “germent”, “poussent” “d’abord la tige”, “puis l’épi”, “enfin le grain”,
“elle monte”: les 70, les 120, les 3000, les 5000, Jérusalem, la Judée, la Samarie, l’Ethiopie, la
Phénicie, Chypre, l’Asie, la Macédoine, la Grèce, Crète, la Sicile, Rome, les extrémités de la terre.
Il a progressé par une vitalité intrinsèque, indépendamment de facteurs extérieurs: “sans qu’il sache
comment”, “d’elle-même”, “elle devient”: L’historien Latourette écrit: “Plus on examine les
différents facteurs qui semblent expliquer la victoire extraordinaire du Christianisme (aux trois
premiers siècles), plus on est obligé de chercher une autre cause qui serait à la base de ces facteurs”
(Tome I, p.167).
Il est devenu la plus grande entité sur terre: “elle devient la plus grande de toutes les plantes du
jardin”, “et jusqu’au bout du monde”: Aucune nation aujourd’hui , aucun mouvement, aucune
entreprise, aucune religion, aucune idéologie n’égale le royaume secret de Dieu en importance.
“Le Seigneur connaît les siens” (2 Tim.2:19) - mais lui seul. Les sociologues nous informent que
deux des six milliards d’habitants sur terre se réclament, d’une façon ou d’une autre, du
christianisme, c.à.d. un tiers de la population du monde. Certes, les estimations les moins
charitables concernant le nombre de croyants authentiques parmi eux, réduiraient considérablement
ces chiffres. Mais l’importance que l’Ecriture accorde au royaume secret n’en serait nullement mis
en cause.
Le christianisme le plus authentique est discret. Un royaume qui frappe l’oeil, quantifiable,
discernable, repérable, identifiable, intitulé et sécurisant, outre son manque de fondement biblique,
est destructeur du royaume de Dieu sous la forme que Dieu veut lui donner maintenant. Il n’est pas
étonnant que Jésus ait introduit les deux paraboles ci-dessus par ces paroles: “Vous avez reçu,
vous, le secret du Royaume de Dieu. Mais les autres...peuvent bien regarder mais sans vraiment
voir, ils peuvent bien entendre mais sans vraiment comprendre” (14:11,12). Cette constatation se
trouve-t-elle confirmée par le reste de l’Ecriture?
Naître de l’Esprit, c’est comme le vent dont on ne sait d’où il vient ni où il va (Jean 3:8). La
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nouvelle naissance ne permet pas de faire des statistiques.
Le royaume de Dieu présent ne frappe pas les regards” (Luc 17:20,21).
Pour Jésus, c’était une erreur de penser qu’à ce moment, il devait “paraître” (Luc 19:11).
“Ce sont des choses que l’oeil n’a point vues...que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment” (1
Cor.2:9,10).
“Nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses
visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles” (2 Cor.4:18).
“C’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance”
(Rom.8:24).
“Nous marchons par la foi et non par la vue” (5:7).
“La foi est une ferme assurance des choses...qu’on ne voit pas” (Héb.11:1).
Jésus disait qu’il ne fallait pas prier comme certains, “pour être vu des hommes” (Mat.6:5,6).
Et quand on jeûne, il ne faut pas montrer aux hommes qu’on jeûne (Mat.6:17,18).
“Dieu n’habite pas dans des temples faits de mains d’hommes”, qui frappent l’oeil (Act.17:24).
Les signes extérieurs de la religion ne rendent pas visible le royaume de Dieu présent. On comprend
que Luther ait parlé de “l’Eglise invisible”. Quand l’Ecriture parle de “montrer sa foi”, elle entend
que ce soit par des “oeuvres bonnes” et une “bonne conduite avec la douceur de la sagesse” (Tit.2:7;
Jacq.2:18; 3:13).
Les enseignements ci-dessus sur le royaume de Dieu dans sa phase actuelle ne sont ni intéressants,
ni accessibles pour l’esprit profane. Sa faiblesse, sa pauvreté, ses souffrances, son caractère secret
sont contraires à la sagesse du monde. Il est utile de comparer les caractéristiques du royaume de
Dieu sous sa forme présente, telles que l’Ecriture les présente, avec celles du “royaume du monde”
(Apoc.11:15). Les tendences à la mondialisation se manifestent de plus en plus dans les domaines
cybernétique (internet) et juridique (compétence universelle des tribunaux). L’Ecriture donne
d’ailleurs des avertissements concernant des mondialisations politique (Apoc.13:7), religieuse
(13:8,12-15) et économique (13:16,17). On constate que la culture mondialiste oppose des
contrastes frappants à la contre-culture chrétienne, plus discrète celle-là, mais également
universelle. Il est troublant de noter qu’une partie importante de la chrétienté s’identifie d’avantage
à la première qu’à la seconde. Mais la seconde réunit peut-être un plus grand nombre de personnes
qu’on ne pense, du fait-même qu’elle est secrète. Les différentes constatations ci-dessus sur les
caractéristiques du royaume présent nous permettent de préciser certains contrastes entre ce
royaume et celui du monde.
Le royaume du monde
Le royaume de Dieu
(la culture mondialiste)
(la contre-culture chrétienne)
Apparence..................................Secret
Matérialisme...............................Spiritualité
Pragmatisme...............................Radicalisme
Justice imposée...........................Probité intérieure
Législation...................................Grâce
Prestige......................................Modestie
Sécurité sociale...........................Salut personnel
Oppresseur................................Oppressé
Etablissement.............................Marginalité
Richesse....................................Simplicité
Exploitation de la création..........Protection de la nature
Moyens impressionnants............Petits commencements
Agressivité.................................Oeuvre de paix
Succès, réussite..........................Renoncement à soi-même
Individualisme............................Communauté
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Dénomination............................Anonymat
Consumérisme ..........................Modération
Pouvoir temporel.......................Vitalité intrinsèque
Médiatisation.............................Clandestinité
L’organisation............................La personne
Profit.........................................Service
Technologie...............................Valeurs
Les armes..................................Les armes de Dieu
Croissance économique.............Croissance du royaume
Le royaume de Dieu n’accepte aucune étiquette. Il ne fait pas la “une” des journaux, ne peut être vu,
ni cerné, ni identifié, ni recensé, ni mesuré. Il résiste à toute tentative de dénommination:
“Catholique” (qui signifie “universel”) ne convient pas étant donné que plus de chrétiens se situent
en dehors de l’institution romaine qu’au sein de celle-ci.
“Orthodoxe” (“de doctrine droite”) réserverait les vues théologiques correctes aux seules
institutions portant ce nom et prétendrait garantir la saine doctrine au sein de chacune d’elles.
“Protestant” outre les accents négatifs qu’il confère à un mouvement de renouveau, il donne une
illusion d’unité quand il s’agit en fait d’une multitude de courants.
“Réformé” suggérerait que l’Eglise ne fut réformée qu’au 16eme siècle et que toutes les institutions
qui portent ce nom depuis quatre siècles continuent encore à être réformées.
“Evangélique” accorderait à certains le monopole de l’évangile authentique et irriterait ceux
d’autres traditions qui apportent aussi la bonne nouvelle.
“Oecuménique” (qui concerne “la terre habitée”) prétendrait réunir toutes les institutions
ecclésiastiques en une seule, mais groupe moins d’un tiers des chrétiens sur terre, tout en taxant de
sectarisme ceux qui ne souhaitent pas se joindre à son “conseil mondial”.
“Charismatique” réduit les marques de l’Eglise vivante à la glossolalie, les miracles et la guérison
et dénierait la qualité de “charismatiques” aux chrétiens qui exercent la quinzaine d’autres dons
spirituels également appelés “charismes” dans l’Ecriture.
Etc.
Un certain calvinisme fait appel à la souveraineté de Dieu pour concrétiser la Seigneurie de JésusChrist sur le monde et, par conséquent sur toute sphère d’activité humaine. Abraham Kuyper
(1837-1920) écrivait: “Il n’existe pas un seul pouce, dans aucune sphère de la vie, au sujet duquel le
Christ, Souverain et Seigneur de tout, ne dise: “à moi!” Kuyper en a conclu que le royaume de
Dieu actuel est appelé à prendre la forme d’une société christianisée sous tous ses aspects: religieux,
familial, politique, social, économique, culturel et intellectuel. Cette prétention soulève certaines
questions:
1) Où dans les paroles de Jésus trouve-t-on le modèle à suivre pour construire dès maintenant une
cité chrétienne politico-socio-economico-culturelle?
2) Dans l’éventualité d’un monde christianisé, dans quel sens Satan serait-il encore “le prince de ce
monde”, “le dieu de ce siècle”, et ce monde gîrait-il encore sous l’empire du Mauvais (1 Jean 5:19)?
3) N’y aurait-il aucune différence entre la souveraineté éternelle de Dieu sur le cosmos et le
royaume présent du Christ sur la terre (voir l’appendice)?
4) En cas de réussite d’un programme socio-politique chrétien et de la constitution d’une majorité
morale, le royaume de Dieu n’aboutirait-il pas à des états théocratiques de monoculture chrétienne?
5) A-t-on pris suffisamment conscience des effets pervers de l’action politique de l’institution, et de
la responsabilité d’un pouvoir chrétien dans la déchristianisation de l’Europe catholique, orthodoxe,
protestante?
6) Aurait-on sous-estimé les retombées indirectes, mais positives du royaume présent et secret, en
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faveur des sociétés les plus touchées par un christianisme authentique?
7) Le calendrier de Dieu pour l’histoire de l’humanité, ne réserve-t-il pas la puissance et la gloire du
royaume, pour après le retour du Christ? Cette question introduit tout naturellement les précisions
bibliques au sujet du royaume qui suivra le retour du Christ:
Caractéristiques du royaume futur:
Il sera théocratique:
Le roi sur le trône sera le Christ lui-même: “Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,
avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire...Alors le roi dira...:Venez, vous qui êtes
bénis de mon Père; prenez possession du royaume” (Mat.25:31,34). “Voici ce que dit
l’Amen...Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône” (Apoc.3:21). L’élément
apocalyptique n’est pas un aspect purement accessoire de l’enseignement de Jésus sur le royaume,
mais est de son essence-même.
Ce royaume sera établi par la force des armées célestes: “Je vis le ciel ouvert, et voici parut un
cheval blanc. Celui qui le montait s’appelle Fidèle et Véritable et il juge et combat avec justice...Il
était revêtu d’un vêtement teint de sang...De sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les
nations; il les paîtra avec une verge de fer; et il foulera la cuve du vin de l’ardente colère du Dieu
tout puissant. Il avait sur sa cuisse un nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs”
(Apoc.19:11,13,15,16).
Le politique et le religieux seront liés: “Tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute
tribu, de toute langue, de toute nation; tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs, et ils
régneront (futur) sur la terre” (Apoc.5:9,10). Ce sera, le règne politique des sacrificateurs, le règne
sacerdotal du Roi. “Ainsi parle l’Eternel des armées: Voici un homme dont le nom est germe...Il
portera les insignes de la majesté; il s’assiéra et dominera sur son trône, il sera sacrificateur sur son
trône, et une parfaite union régnera entre l’un et l’autre” (Zach.6:12,13). Le roi sur son trône est
aussi le Souverain Prêtre. Les deux fonctions sont réunies en sa personne. Pas de séparation ni de
conflit entre le temporel et le spirituel. Le spirituel fait aussi partie de la création
Un pouvoir judiciaire sera confié aux disciple de Jésus:
“Jésus répondit à ses disciples: Quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera
assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et
vous jugerez les douze tribus d’Israël” (Mat.19:28; Luc 22:30). “Ne savez-vous pas que les saints
jugeront le monde...que nous jugerons les anges?” (1 Cor.6:2,3). “Et je vis des trônes; et à ceux qui
s’y assirent fut donné le pouvoir de juger” (Apoc.20:4).
Un pouvoir exécutif sera confié aux serviteurs fidèles du roi:
“Jésus ajouta une parabole parce qu’il était près de Jérusalem, et qu’on croyait qu’à l’instant le
royaume de Dieu allait paraître. Il dit donc: Un homme de haute naissance s’en alla dans un pays
lointain pour se faire investir de l’autorité royale, et revenir ensuite...Lorsqu’il fut de retour, il fit
appeler auprès de lui les serviteurs auxquels il avait donné l’argent...Il dit au premier: c’est bien,
bon serviteur; parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes...Il dit
au second: Toi aussi, sois établi sur cinq villes” (Luc 19:11,12,15-18).
Vouloir nier le sens normal des diverses termes ci-dessus (“le gouvernement de dix villes”, “de cinq
villes”), relève d’avantage de l’hellénisme que de l’exégèse. On ne peut insister que le spirituel
exclut le matériel sans tomber dans le platonisme ou le manichéisme. Le seul système politique
prôné dans l’Ecriture est la théocratie. Elle exista en Israël avant Jésus-Christ et existera sur la terre
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entière après son retour. Le Seigneur ne propose aux hommes aucun système politique particulier
pour la période qui se déroule entre ses deux venues. L’Ecriture garde un silence éloquent à ce
sujet. Les gouvernements humains actuels sous leurs formes et leurs régimes politiques divers, sont
établis et reconnus par la souveraineté de Dieu. Mais non comme étant son intention première, ni
comme faisant partie de son royaume, mais simplement pour rendre vivable l’existence d’une
humanité rebelle et méchante dans un monde fracturé par le péché - en attendant mieux.
Le royaume futur sera international
“Plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans
le royaume des cieux” (Mat.8:11). “Voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à
un fils de l’homme...On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les
nations, et les hommes de toutes langues le servirent...Son règne ne sera jamais détruit” (Dan.7:14;
Mat.26:64). “Ceux qui avaient vaincu la bête...étaient debout...ayant des harpes de Dieu. Ils
chantaient le cantique de l’Agneau, en disant...Tes voies sont justes et véritables, roi des nations...Et
toutes les nations viendront et t’adoreront” (Apoc.15:2-4; Jér.10:7; Ps.86:9; Ps.72:9-11). “Il sortira
d’Isaï un rejeton qui se lèvera pour régner sur les nations” (Rom.15:12; Esa.11:10). Il s’agit des
nations en tant que collectivités politiques et d’entités territoriales.
“Car de toi, Bethléhem sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple” (Mat.2:6).
“A la fin des temps il adviendra que la montagne de la maison du Seigneur sera mise à la tête des
montagnes...Toutes les nations y afflueront, des peuples s’y rendront en foule. Venez, (diront-ils),
montons à la montagne du Seigneur...Il nous enseignera ses routes...Car de Sion doit sortir la loi, et
de Jérusalem la parole du Seigneur. Il sera l’arbitre des nations, le gouverneur de peuples
nombreux. De leurs épées ils forgeront des socs...Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre,
et l’on ne s’entraînera plus à la guerre” (Esa.2:2-4 Maredsous). La nation d’Israël convertie à son
Messie (Rom.11:12,15, 24, 26,27,29; Zach.12:10-12) occupera une place privilégiée dans son
royaume et se verra confier un rôle en vue parmi toutes les nations (Ezéch.37:21-28) à Jérusalem
(Esa.24:23). Mais cela dépendra sa conversion nationale (Rom.11:26).
Le royaume futur sera mondial
“Il en viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi; et ils se mettront à table dans le
royaume de Dieu” (Luc 13:29).“Voici le jour de l’Eternel arrive...L’Eternel paraîtra, et il combattra
ces nations... Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers...L’Eternel sera roi de
toute la terre” (Zach.14:1,3,4,9). “Le Seigneur jugera la terre entière. Il donnera la puissance à
son roi, il élèvera le front de son messie” (1 Sam.2:10 TOB). “Le fils du roi...dominera d’une mer à
l’autre, et du fleuve aux extrémités de la terre” (Ps.72:1,8). “L’Eternel m’a dit: Tu es mon
fils!...Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, les extrémités de la terre pour
possession” (Ps.2:7-8). Toutes les paroles de Jésus dans les Evangiles ainsi que les déclarations de
Paul et de Jean confirment la conception de l’histoire qu’on trouve dans l’Ancien Testament, à
savoir que la vie dans le royaume de Dieu pendant le siècle à venir sera une vie sur la terre. Mais
une vie transformée par la domination du Roi, quand son peuple héritera la pleine mesure des
bénédictions divines. Il peut sembler souhaitable de chercher dès maintenant à réaliser à l’échelle
mondiale, les éléments théocratiques, politiques, religieux et sociaux du royaume futur. Il reste à
voir si un tel programme entre dans les intentions de Dieu pour la phase présente de son royaume.
Le royaume futur sera éternel:
“Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin” (Luc 1:33). “Le
Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la
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domination d’un autre peuple...Voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un semblable à un fils
de l’homme...On lui donna la domination, la gloire et le règne...Sa domination est une domination
éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit...Son règne est un règne éternel”
(Dan.2:44; 7:14,27). “L’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ
vous sera largement accordée” (2 Pi.1:11). “Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à
son Christ; et il régnera aux siècles des siècles” (Apoc.11:15). Ces déclarations au sujet du règne
éternel du Christ, ne contredisent-elles pas les suivantes: “Tu as fait d’eux un royaume et des
sacrificateurs et ils régneront sur la terre...Ils régnèrent avec Christ pendant mille ans...Ils seront
sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans” (Apoc.5:10; 20:4,6).
On objecte que: Si le règne du Christ dure mille ans, il n’est pas éternel et vice-versa. Mais ce n’est
pas la seule façon de lire le texte et d’autres déclarations bibliques confirment qu’il n’y a pas
contradiction. Si le Christ règne pour toujours, il règne aussi pendant mille ans. Et le fait de régner
pendant mille ans sur la terre, n’exclut pas la continuation de son règne dans les nouveaux cieux et
la nouvelle terre. “En les jours du Fils du Roi...la paix sera grande jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de
lune” (Ps.72:7). “J’ébranlerai encore une fois, non seulement la terre, mais aussi le ciel...Les choses
créées seront ébranlées et disparaîtront, afin que seul demeure ce qui est inébranlable...Nous
recevons un royaume inébranlable” (Héb.12:26-28). Ce même royaume inébranlable est reçu dès
maintenant par les croyants; il continuera tant que la terre existe, mais aussi après la disparition de
celle-ci. Le règne de mille ans est à la fois la dernière phase de l’histoire de l’humanité sur la terre
présente, et l’antichambre de l’éternité. Le royaume futur durera mille ans sur cette terre, et toute
l’éternité après que la terre et les cieux actuels auront été remplacés par la nouvelle terre et les
nouveaux cieux.
Il ne suffit pas de détermniner les caractéristiques du règne de Dieu, ni même de s’en réjouir, sans
comprendre que ce règne est également assorti de responsabilités pour l’homme qui s’y trouve.
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CHAPITRE 8
LES RESPONSABILITES DES CITOYENS DU ROYAUME DE DIEU
Les responsabilités des sujets au sein du royaume passé
“Garder l’alliance” que Dieu avait établie avec Abraham, en faisant circoncire tout mâle comme
signe de cette alliance: “Toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, selon leurs
générations...Tout mâle parmi vous sera circoncis” (Gen.17:9-14; Rom.4:9-12).
“Garder la loi” de Moïse qui était aussi celle de l’Eternel: “Que je garde ta loi” (Ps.119:34). Dans
la théocratie d’Israël, la loi comprenait, outre les commandements personnels (Ex.20), et les
préceptes religieux (Lév.1-27), également les ordonnances civiles (Ex.21-23). Tout Israëlite était
tenu de les observer.
Les responsabilités des citoyens au sein du royaume présent:
Ces responsabilités ne sont pas des principes moraux d’ordre général, qui pourraient être respectés
par tous les hommes sans distinction, qu’ils aient accédé à ce royame par la nouvelle naissance ou
non. Ces responsabilités ne sont pas non plus les conditions pour accéder au royaume. Ni même
une législation sociale basée sur l’ordre de la création. Mais elles dessinent un style de vie radical,
d’une justice du coeur pour ceux qui sont au bénéfice de la grâce du Roi et ont accepté de plein gré
son autorité. C’est accorder la priorité aux intérêts du royaume au-dessus des siens propres et des
exigences des liens naturels.
Pardonner à ses concitoyens du royaume:
“Pierre dit au Seigneur: Combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre
moi?... Jésus lui dit:...Le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulu faire rendre compte à
ses serviteurs...Le maître fit appeler ce serviteur, et lui dit: Méchant serviteur, je t’avais remis en
entier ta dette...Ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de
toi?...C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de
tout son coeur” (Mat.18:21-23,32-34). Dieu veut assurer la paix au sein du royaume présent,
malgré les torts que peuvent se faire ses citoyens entre eux. Il fait appel au fait qu’il a pardonné luimême personnellement, pour dire que les citoyens doivent se pardonner individuellement entre eux.
Son royaume est une communauté de pardon et de réconciliation.
Voilà un élément essentiel de son témoignage au milieu du présent siècle mauvais marqué par les
animosités, les conflits et les rancunes. Il ne s’agit pas essentiellement de torts et de pardon entre
institutions. Dans de tels cas, autres sont ceux qui pardonnent que ceux qui ont subi les torts; et
autres sont ceux qui sont pardonnés que ceux qui les ont infligés. Jésus ne collectivise, ni le péché,
ni le pardon. Ce ne sont pas là des solutions efficaces aux conflits au sein de son royaume. La
preuve en est l’entente, l’harmonie et la collaboration qui existent à divers niveaux, entre des
citoyens du royaume appartenant à des institutions différentes, institutions encore en situation de
conflit entre elles.
Mettre en pratique et enseigner les commandements du Roi
“Celui qui mettra en pratique ces commandements et les enseignera, celui-là sera déclaré grand
dans le royaume des cieux. Car je vous le dis, si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et
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des Pharisiens, non, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux” (Mat.5:19,20 TOB). Paul
déclare au sujet des Juifs: “Cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la
justice de Dieu; car Christ est la fin de la loi pour la justification de tous ceux qui croient” (Rom.10:
3,4). La justice des scribes et des Pharisiens n’était pas suffisante. Il s’agit d’abord de se soumettre
par la foi à la justice que Dieu veut nous accorder. Il veut nous justifier, nous imputer la justicemême de son Fils (Rom. 4:3,5; Gal.3:6). Ensuite, il s’agit d’observer, non une loi purement civile
mais une loi morale; non la lettre, mais l’esprit; non les interprétations traditionnelles, mais
l’intention de l’auteur; non dans une conformité extérieure, mais dans la vérité intérieure. On n’est
pas responsable envers l’institution religieuse, mais envers Dieu directement. Et tout citoyen est
appelé, non seulement à mettre en pratique les commandements du Roi, mais aussi à les enseigner.
Il existe une continuité évidente entre les phases passées et présentes du royaume, par rapport au
contenu éthique des lois du royaume. Mais une discontinuité est tout aussi évidente par rapport à la
motivation, à l’esprit et à l’intériorité de l’obéissance à ses commandements. Jésus ne se borne pas
à répéter les commandements, mais il impose de sa propre autorité les interprétations nouvelles
qu’il en donne. Il déclare: “Il a été dit..., mais moi, je vous dis...”. Son autorité accorde aussi les
moyens d’accomplir ce qu’il demande. On peut faire, dès maintenant, une expérience authentique
de la justice du royaume sans pour autant en connaître la réalisation totale.
Refuser toute discrimination entre citoyens du royaume:
“Si vous accomplissez la loi royale: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien.
Mais si vous faites du favoritisme, vous commettez un péché” (Jac.2:8,9). “La loi royale”, ce sont
les principes en vigueur dans le royaume de Dieu. Le contexte montre qu’il s’agit de ne pas avoir
plus d’égards dans l’église pour celui qui est bien habillé que pour celui qui est mal vêtu (2:2-4).
Qu’il n’est pas raisonnable de mépriser le pauvre qui, cependant, est riche en la foi, tout en donnant
la cote aux riches qui oppriment les chrétiens et déprécient le Nom qu’ils portent (2:5-7). C’est agir
avec partialité. Or, il n’y a pas de place dans le royaume de Dieu pour une discrimination basée sur
la race, la classe (1 Cor.12:13), l’âge (Act.2:17,18), le sexe (Gal.3:28) ou la nationalité (Col.3:11).
Rechercher prioritairement les intérêts du royaume:
“Ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez, et ne soyez pas inquiets. Car toutes
ces choses, ce sont les païens du monde qui les recherchent. Votre Père sait que vous en avez
besoin. Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus”
(Luc 12:29-31). Refuser l’inquiétude. Reconnaître que matérialisme et consumérisme sont les
paganismes de l’occident. Ne rien miser sur le royaume du monde. Tout investir dans l’avancement
du royaume de Dieu. Celui-ci demande une décision radicale et inconditionnelle. Ne pas
rechercher, même le nécessaire pour vivre, mais se le voir “donner”, en plus du royaume. Car cette
recherche est une menace pour la progression du royaume. Il en est qui recherchent de quoi vivre
avant le royaume et qui ne trouvent ni l’un ni l’autre. Mettre donc certaines limites à son train de
vie au profit du royaume.
Jésus disait: “Malheur à vous riches” (Luc 6:24), mais, lors de sa première venue, il ne s’attaquait
pas encore aux structures d’oppression engendrées par leurs richesses. Il annonçait l’Evangile aux
pauvres (Luc 4:18; 7:22), il leur donnait du pain (Jean 6), il leur apprenait à demander au Père leur
pain quotidien (11:3) et les sortait ainsi de leur mentalité de pauvres et d’assistés. Mais il ne faisait
pas miroiter devant eux un certain standing de vie auquel ils auraient droit et qu’ils devraient
rechercher. Au contraire il leur disait, à eux également, de chercher plutôt le royaume de Dieu. Au
cours de l’histoire, la masse des enfants pauvres du Père ont d’avantage fait avancer son royaume
que ne l’ont fait les riches.
51
Annoncer la bonne nouvelle du royaume:
“Jésus proclamait en ces termes la Bonne Nouvelle venue de Dieu:...le royaume de Dieu est tout
proche: Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle” (Mc.1:14-15 Jérus). Toute proclamation du
royaume de Dieu qui ferait l’économie de la repentance et de la foi personnelle en l’Evangile est
une proclamation du royaume tronquée. Elle passe à côté de l’essentiel et induit les gens en erreur.
“Jésus allait de ville en ville et de village en village, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du
royaume de Dieu”(Luc 8:1). Il donnait l’exemple. Son message ne consistait pas tout d’abord en
de “bons conseils”. Chaque ville et village avait depuis toujours ses scribes et ses Pharisiens qui
faisaient la morale aux gens. Jésus apportait une “bonne nouvelle”, celle que le royaume de Dieu
s’était approché en sa personne et que chacun pouvait y entrer en l’acceptant comme Roi.
Le Seigneur ne s’est pas borné à annoncer lui-même la bonne nouvelle du royaume. “Jésus envoya
(apostello) les douze prêcher le royaume de Dieu” (Luc 9:2). Suivre son exemple en la matière
était la mission principale qu’il confia aux apôtres. “Jésus dit à un autre homme: Suis-moi... Laisse
les morts ensevelir leurs morts; et toi, va annoncer le royaume de Dieu” (Luc 9:60). Il y a urgence.
L’annonce du royaume devient la priorité, outre celle des apôtres, aussi celle de chacun qui veut
suivre Jésus. Elle demande un engagement total. “Le royaume de Dieu” fut donc le sujet de
l’évangélisation de l’Eglise primitive. En quoi consistait cette prédication? Ce royaume était
annoncé à Samarie: “Philippe leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de
Jésus” (Act. 8:12).
Paul, arrivé à Ephèse, “...discourut sur les choses qui concernent le royaume de Dieu, s’efforçant de
persuader ceux qui l’écoutaient. Mais... quelques-uns restaient incrédules, décriant devant la
multitude la voie du Seigneur” (Act.19:8,9). Il rappelle le contenu de cette évangélisation: “Je n’ai
pas craint de vous prêcher publiquement... annonçant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers
Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ ...Vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu
desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pourquoi...je suis pur du sang de vous
tous” (20:20,21,25,26). A Rome, “Paul annonça le royaume de Dieu aux Juifs, en rendant
témoignage, et en cherchant, par la loi de Moïse et par les prophètes, à les persuader de ce qui
concerne Jésus...: Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens” (Act.28:23,28,31).
Ce qui précède donne une idée précise du contenu de la prédication du royaume de Dieu. Aucune
trace de “l’évangile socio-politique” qu’on propose aujourd’hui. “Cette bonne nouvelle du
royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors
viendra la fin” (Mat.24:14). Le royaume doit continuer à être le sujet de l’évangélisation, jusqu’aux
extrémités de la terre et jusqu’au retour du Christ. Il faut expliquer aux gens tous les avantages que
comporte l’appartenance au royaume et comment y accéder. Ils doivent aussi connaître les
conséquences d’un refus de reconnaître Jésus comme Roi, et d’être exclu de son royaume. Cette
prédication-là doit encore constituer une priorité pour tous ceux que l’extension du royaume tient à
coeur. L’histoire authentique du royaume de Dieu présent est l’histoire de l’évangélisation et des
missions chrétiennes.
Travailler pour le royaume:
“Voici, en effet, à quoi ressemble le royaume des cieux: Un propriétaire sortit tôt le matin afin
d’engager des ouvriers pour sa vigne...Et il les envoya travailler dans sa vigne” (Mat.20:1,2 FC).
La vigne du maître représente le royaume de Dieu au sein duquel les citoyens sont appelés à
oeuvrer. “Aristarque, Marc et Justus...sont les seuls qui travaillent avec moi (Paul) pour le royaume
de Dieu” (Col.4:11). En quoi consistait le travail de Paul et de son équipe? Il s’agissait d’une
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action missionnaire allant au-delà d’une annonce du royaume de Dieu, et qui visait le
rassemblement des nouveaux croyants en communautés. Il fallait un travail en équipe pour assurer
l’implantation de nouvelles églises locales là où il en manquait. Voilà l’oeuvre du royaume, bien
plus que de chercher à changer les structures de la société.
Souffrir pour le royaume:
“...le royaume de Dieu pour lequel vous souffrez” (2 Thes.1:5). Les souffrances sont supportables
quand ont sait qu’elles sont à cause de Jésus, et qu’elles ont un but. Elles sont encore plus
supportables quand on sait qu’il s’agit du but élevé de faire avancer son règne ici-bas. Le contexte
(v.4,6) montre qu’il s’agissait de persécutions de la part d’une ville qui n’appréciait guère la
conversion de nombreux Thessaloniciens à Jésus-Christ (1 Thes.2:14; Act.17:4-6). En général, la
société apprécie moins le travail d’évangélisation que l’oeuvre sociale. Les gens attendent rarement
pour voir l’avancement social durable des pauvres auxquels l’Evangile a été annoncé et dont la vie a
été transformée par Dieu (Mat.11:5; Luc 7:22) . Elle préfère l’aide matérielle tout de suite et sans la
solution radicale de l’Evangile qui touche aux causes de la misère.
Quitter maison et famille à cause du royaume:
“Jésus leur dit: Il n’est personne qui, ayant quitté, à cause du royaume de Dieu, sa maison ou sa
femme, ou ses frères, ou ses parents, ou ses enfants, ne reçoivent beaucoup plus dans ce siècle-ci,
et, dans le siècle à venir, la vie éternelle” (Luc 18:29,30). Jésus avait donné l’exemple en quittant
Son Père et sa maison céleste pour s’incarner et habiter parmi les hommes. Il demande aux citoyens
de son royaume de faire de même pour être physiquement présents parmi ceux qui ne connaissent
pas Dieu. Ils quitteront le cocon sécurisant d’un milieu confortable pour être pour beaucoup
d’hommes le seul Jésus que ceux-ci verront jamais - pour être l’unique Bible qu’ils liront jamais.
Assumer nos responsabilités en faveur du royaume, nous placera inévitablement devant des choix
douloureux. Les biens immobiliers et les membres de nos familles ont leurs exigences. Il faudra
leur accorder tout ce qui leur revient, non tout ce qu’ils réclament. Faire pour eux ce que le reste de
l’Ecriture enseigne être notre devoir à leur égard, fera partie de nos responsabilités au sein du
royaume de Dieu. Ils ne se trouveront jamais vraiment désavantagés, si nous leur préférons les
intérêts du royaume. Par contre, ce faisant, nous ne répondrons pas nécessairement à tous leurs
souhaits. Les exigences du royaume prennent le pas sur des obligations et des affections humaines
normales. Les avancées importantes du royaume se sont toujours faites au prix de sacrifices. Mais
ces renoncements, dit Jésus, seront largement récompensés.
Accepter le célibat à cause du royaume - si on en a le don:
Jésus dit: “D’autres renoncent à se marier à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut
accepter cet enseignement l’accepte!” (Mat.19:12 BFC). Paul déclare: “J’aimerais que vous soyez
libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié se préoccupe des affaires du Seigneur, il cherche à
plaire au Seigneur; mais celui qui est marié se préoccupe des affaires du monde, il cherche à plaire à
sa femme, et il est ainsi partagé entre deux préoccupations” (1 Cor.7:32-34 BFC). Mais l’apôtre
venait de dire aussi: “Je préférerais que tout le monde soit célibataire comme moi; mais chacun a le
don particulier que Dieu lui a accordé, l’un ce don-ci, l’autre ce don-là... Si vous ne pouvez pas
vous maîtriser, mariez-vous: il vaut mieux se marier que de brûler de désir” (7:7,9 BFC). Jésus et
Paul sont réalistes; et leur enseignement équilibré a profité immensément pendant vingt siècles à
l’avancement du royaume de Dieu. Il a permis à des dizaines de milliers de femmes et d’hommes
de se consacrer totalement et directement, au service du royaume, service principalement
missionnaire décrit dans les points énumérés ci-dessus.
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Ces neuf points constituent la totalité des données explicites du Nouveau Testament sur les
responsabilités du chrétien par rapport au royaume présent. Nous en ferons les priorités de notre
vie si nous voulons contribuer à l’avancement du règne du Christ. Il est évident que tout ce que
nous faisons en parole ou en oeuvre, nous devons pouvoir le faire au nom du Seigneur Jésus
(Col.3:17). Aucun travail honnête n’est en soi, ni sacré ni profane. Mais il ne s’en suit pas que
n’importe quelle activité contribue dans la même mesure à l’avancement du royaume de Dieu.
Prétendre que toute occupation légitime est également “travail du royaume”, au lieu de conférer
dignité à tout travail, banalise les responsabilités spécifiques que Jésus nous confie par rapport au
royaume. C’est un nivellement par le bas. C’est parfois une échappatoire pour ne pas faire face aux
aspects exigeants des priorités énumérées ci-dessus: pardonner, obéir, être impartial, chercher le
royaume d’abord, souffir, quitter ses proches, travailler et envisager le célibat pour lui .
Une seule d’entre elles décrit une responsabilité envers le monde des hommes non-chrétiens: celle
de leur annoncer la bonne nouvelle du royaume, c.à.d. (1) la personne de Jésus, (2) le salut, (3) la
délivrance du jugement et (4) la repentance et la foi (voir plus haut). Voila une réponse claire à la
question d’actualité, à savoir: en quoi consiste le travail du royaume de Dieu par rapport au monde.
Deux de ces neuf points demandent des paroles. Les sept autres demandent des actes. Et pas
n’importe quels actes, mais ceux auxquels Dieu accorde de l’importance. Plusieurs d’entre eux
n’ont guère la cote aujourd’hui et se voient remplacés par d’autre actes, d’avantage aux goûts du
jour. Pourtant, Oscar Cullmann, Walter Freytag et d’autres ont donné une base théologique des plus
solides à la conviction que la vocation principale de l’Eglise entre l’ascension du Christ et la
Parousie est l’oeuvre missionnaire et l’évangélisation dans le monde.
Il est temps de situer la question à nouveau dans le cadre du plan de Dieu pour l’histoire de
l’humanité et d’abandonner l’approche anthropocentrique qui consiste à tout aborder en fonction
des besoins de l’homme. On s’est perdu trop longtemps dans des discussions stériles sur la priorité
à accorder au spirituel ou au physique. Que penser donc de tous les objectifs qu’on propose
actuellement à l’Eglise comme faisant partie du programme en faveur de l’extension du royaume
sur terre: justice sociale, jugement de toute forme d’aliénation, lutte pour une culture chrétienne,
changement des structures d’oppression, établissement d’une société responsable, opposition aux
gouvernements injustes, transformation de la création, voix prophétique de l’Eglise au monde et sa
présence dans l’arène politique? Un tel programme suscite certaines questions:
N’est-il pas plus facile de dénoncer à distance les structures de la société, que de s’engager dans ce
que Jésus demande de radical par rapport à nos propres personnes, à nos proches et à nos biens?
Est-il nécessaire de déformer l’enseignement biblique sur le royaume présent, quand une action
sociale étendue nous est proposée sous la doctrine biblique des “oeuvres bonnes” et par les
charismes tels: “servir” (Rom.12:7), “libéralité” (12:8), “pratiquer la miséricorde” (12:8), “guérir”
(1Cor.12:9,28), “secourir” (12:28)? Il n’est pas question d’une résignation face à la misère. Le mal
systémique des structures n’est-il pas lié à Satan, à la nature humaine imparfaite, à la mort, et au
“présent siècle mauvais”, des éléments sur lesquels nous avons peu d’emprise? Ne brûlons-nous
pas les étapes, ne nous éreintons-nous pas, à force de vouloir éliminer tout de suite ce qui ne pourra
l’être avant le retour du Christ? Ne passons-nous pas à côté de ce qui est essentiel pour Dieu, en
courant trop de lièvres à la fois? Ne nous laissons-nous pas influencer et culpabiliser par l’agenda
d’un monde sécularisé? Etre dans le royaume de Dieu n’est-ce pas se placer sous son autorité et
obéir à ses priorités à lui? Ne cédons-nous pas à la prédisposition innée de l’homme pécheur à
donner la priorité à ses besoins physiques et sociaux plutôt qu’à la repentance et à la foi que Dieu
demande? L’Eglise doit-elle se laisser déterminer par les problèmes du moment, qui changent avec
les époques? L’histoire des révolutions ne consiste-t-elle pas en l’échange d’un type d’oppression
contre un autre?
54
Où est le mandat biblique pour astreindre à l’éthique du royaume des gens qui n’en font pas partie?
C’était aux anciens de l’église d’Ephèse (Act.20:17, 28), et non à la foule des païens que Paul a
“annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher” (20:27)? Ne disait-il pas: “Ce n’est pas mon
affaire de juger les non-chrétiens. Dieu les jugera. Mais ne devriez-vous pas juger les membres de
votre communauté”? (1Cor.5:12,13 FC). En jugeant les injustices des non-chrétiens, ne les
dressons-nous pas contre l’Evangile? Ne faut-il pas, dans un premier temps, comme l’apôtre,
“décider de ne rien savoir parmi eux sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié”? (1 Cor.2:2). Fautil annoncer tout le conseil de Dieu à tous les non-croyants? Faut-il, au nom du Christ les
contraindre à une prise de position au sujet du nucléaire, de la bioéthique, de la mondialisation, de
l’immigration, du désarmement, de la pollution, de l’euthanasie, d’une politique de droite ou de
gauche, etc.? Le non-croyant doit être mis en présence d’une seule question, à l’exclusion de toute
autre: “Que pensez-vous du Christ?” (Mat.22:42). Dieu, que pourrait-il bien accepter de la part
d’un homme qui rejette son Fils? Mais à partir du moment où celui-ci reconnaît Jésus comme
Seigneur, aucun aspect de sa vie ne pourrait échapper à l’autorité de Dieu et de sa parole.
Ne cherchons-nous pas à imposer au monde non-chrétien des comportements qui sont encore loin
d’être la règle générale dans la chrétienté? La discipline d’église ne devrait-elle pas s’en prendre
aux “poutres” que celle-ci a encore dans l’oeil? Ne devrions-nous pas d’avantage partager sans
vouloir obliger les non-chrétiens à partager, moins divorcer au lieu de légiférer d’avantage sur le
divorce, etc.? Le professeur G. C. Berkouwer déclarait: “Ce sera en vain qu’on mettra en vedette
l’universelle royauté du Christ, si l’Eglise ne confesse pas la Seigneurie du Christ sur elle-même et
si elle n’en fait pas la vivante expérience. Car alors, personne ne pourra jamais vraiment parler de
la royauté du Christ sur le monde...Si l’Eglise a une tâche à accomplir dans ce monde, c’est avant
tout celle de montrer, dans son existence actuelle et quotidienne, ce que signifie pour elle d’avoir un
Seigneur, un Chef, un Roi” (Christ et son Eglise. Revue Réformée, 1955, I). L’Eglise doit être
avant tout un modèle, une communauté exemplaire.
Les responsabilités des agents au sein du royaume futur:
“Régner”, “gouverner” (basileuo- Rom.5:17; 2 Tim.2:12; Apoc.5:10; 20:6; 22:4-5; Dan.7:27). Il
s’agit d’une fonction, non d’un état. Cette responsabilité gouvernementale est précisée:
“Juger”, “rendre la justice” (krino- Mat.19:28; Luc 22:29-30).
“Avoir autorité sur dix villes”, “recevoir le gouvernement de dix villes” (exousia- Luc 19:17).
“Etre au-dessus de cinq villes”; “être établi sur” (Seg.),“Etre à la tête de”(TOB); “être nommé
gouverneur de”(BFC- Luc 19:19).
“Etre établi sur beaucoup pour avoir été fidèle sur peu”; “se voir confier beaucoup” (Mat.25:21,23).
Quel serait le rapport entre les responsabilités qu’on assume et le rang qu’on occupe dans le
royaume?
CHAPITRE 9
LES RANGS DANS LE ROYAUME DE DIEU
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Selon l’Ecriture, Dieu accorde une préséance à certaines personnes dans son royaume. Il y existe
un ordre de grandeur, des degrés de responsabilité, des rangs. Il est instructif de découvrir sur
quelles bases Dieu attribue ces niveaux et de constater que ces bases ne sont pas les mêmes dans les
différentes phases du royaume.
Les rangs dans le royaume passé:
Deux principes ont déterminé l’attribution d’un rang dans “le royaume de l’Eternel” avant JésusChrist: (1) le choix souverain de Dieu et (2) l’hérédité. Dieu a souverainement choisi Abraham.
Mais c’est en vertu de l’hérédité que ses fils après lui, Isaac, Jacob et les douze fils de ce dernier,
furent tous patriarches. Ces pères de famille remplissaient aussi une fonction sacerdotale
(Gen.12:7; 26:25; 33:20; Jos.2:10, etc.).
Par la suite, Moïse (1 Sam.12:6), Josué (Nom.27:15-21) et les juges jusqu’à Samuel (Jug.2:16; 2
Sam.7:11; Act.13:20) furent tous choisis par Dieu comme conducteurs de son peuple.
Aaron fut choisi par Dieu pour être consacré prêtre. Ses fils et la tribu de Lévi après eux devinrent
sacrificateurs par hérédité (Ex.28,29; Lév.8).
Ensuite, Dieu, par l’intermédiaire de Samuel a choisi Saül (1 Sam.9:15-17) premier roi d’Israël et,
après lui, David (1 Sam.16:1,12,13), qui n’était pas son fils. Enfin, malgré la division du royaume
après Salomon et la création du royaume du Nord, tous les rois suivants devaient être des
descendants de David (2 Sam.7:11-16). Leur rang leur viendrait par hérédité. “Et maintenant,
vous pensez triompher du royaume de l’Eternel, qui est entre les mains des fils de David.” (2
Chron. 13:8). Le principe qui détermine l’attribution d’un rang dans le royaume présent est tout
autre.
Les rangs dans le royaume présent:
“Celui qui observera ces commandements, et enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand
dans le royaume des cieux” (Mat.5:19). “Le plus grand dans le royaume des cieux est celui qui
s’abaisse et devient comme cet enfant” (Mat.18:4). C’est la vraie grandeur aux yeux de Dieu dès
maintenant. “La mère des fils de Zébédée dit à Jésus: Ordonne que mes deux fils, que voici, soient
assis dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus répondit...:Quiconque veut être
grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit
votre esclave” (Mat.20:26,27). Le critère actuel de grandeur c’est le service dans l’humilité.
“Celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand (Luc 9:48).
(1) Obéir à Dieu (2) encourager d’autres à lui obéir (3) se faire petit comme un enfant (4) être
serviteur et esclave pour ses frères (4) accepter la dernière place, voilà ce qui fait la grandeur et la
primauté aux yeux de Dieu dans son royaume présent. Notre grande crainte est de nous rendre
méprisables aux yeux des autres en nous comportant de la sorte. Et ce n’est qu’en faisant confiance
à Jésus et en le prenant au mot que nous agirons en conséquence. Notre nature nous pousse à être
grands et les premiers aux yeux des hommes plutôt qu’aux yeux de Dieu.
Dieu ne met pas en question les rangs dans la société humaine. Il demande qu’on se soumette aux
autorités civiles (Rom.13), aux parents (Eph.6:1), aux employeurs (1 Pi.2:18), aux anciens de
l’église locale (1 Pi.5:5), etc. Mais il demande aux chrétiens qui auraient de tels rangs, de les vivre
modestement, comme un service. Le Nouveau Testament ne contient aucune trace objective d’une
charge ecclésiastique officielle au-dessus du niveau de l’église locale, c.à.d. d’une hiérarchie
institutionnelle (voir plus loin). Qu’il doit donc être difficile pour un pape, un évêque, un président
de Synode, un Métropolitain, un secrétaire général du Conseil Mondial des Eglises, le général d’un
ordre religieux, le directeur d’une grand oeuvre para-ecclésiastique, etc. d’être grand dans le
royaume présent et aux yeux de Dieu. Soyons les premiers, à l’exemple de Jésus, à accorder respect
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et honneur aux modestes, aux obéissants, aux serviteurs, et à ceux qui, dans son royaume,
s’abaissent et laissent les places en vue à ceux qui les recherchent. A la lumière de cet ordre de
grandeur et des critères qui le déterminent, il est impossible que le royaume de Dieu actuel soit de
nature politique, administrative, hiérarchique ou institutionnelle.
Les rangs dans le royaume futur:
L’attribution d’un rang dans le royaume de Dieu futur sera basé sur l’action de l’intéressé dans le
royaume présent, et en faveur de ce royaume. “Pierre dit à Jésus: Voici, nous avons tout quitté, et
nous t’avons suivi; qu’en sera-t-il pour nous? Jésus leur répondit: Quand le Fils de l’homme, au
renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous
serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël...Plusieurs des
derniers seront les premiers” (Mat.19:27-30). Si l’application stricte de ce texte se limitte aux
douze apôtres, d’autres passages enseignent que tous les vrais croyants participerons avec Christ à
ce jugement (Ps.149:5,9; 1 Cor.6:2: Apoc.2:26,27; 3:21; 20:4). En quittant tout, on devient dernier
ici-bas, socialement et aux yeux des hommes. Mais tout quitter pour suivre Jésus assure une
première place dans son royaume futur. “Alors le roi dira à ceux qui sont à sa droite: Venez, prenez
possession du royaume...Car...vous m’avez donné à manger...vous m’avez recueilli...vous m’avez
vêtu...vous m’avez rendu visite... toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un des plus petits
de mes frères” (Mat.25:34-41). La possession du royaume futur est à l’action sociale personnelle
maintenant, et dans les relations proches.
“Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves; c’est pourquoi je dispose du
royaume en votre faveur...afin que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus
d’Israël” (Luc 22:28-30). Ce rang est à ceux qui souffrent maintenant avec Christ et pour sa cause.
Et cette promesse ne se limite pas aux douze disciples. “Si nous persévérons, nous régnerons aussi
avec lui” (2 Tim.2:12). “A celui qui vaincra et qui gardera jusqu’à le fin mes oeuvres, je donnerai
autorité sur les nations” (Apoc.2:26). Persévérer jusqu’à la fin n’a de sens que si on est tenté de
tout arrêter. Mais c’est le prix d’un rang à venir honorable. “Et je vis des trônes; et à ceux qui s’y
assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis... ceux qui avaient été décapités à cause du
témoignage de Jésus...et ceux qui n’avaient pas adoré la bête...et n’avaient pas reçu sa marque. Ils
revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ” (Apoc. 20:4).
(1) Tout quitter pour Jésus (2) le suivre (3) faire des oeuvres de miséricorde envers lui en la
personne de ses frères, jusqu’à la fin (4) persévérer avec lui dans ses épreuves (5) accepter le
martyre pour avoir rendu témoignage de lui (6) refuser d’adorer l’Antichrist (7) ne pas avoir reçu la
marque de celui-ci. Toutes ces actions sont en rapport direct avec la personne de Jésus au cours du
royaume actuel, et déterminent les rangs qui seront attribués dans son royaume à venir. Cela donne
à réfléchir.
CHAPITRE 10
LES BENEDICTIONS DU ROYAUME
Le règne de Dieu entraîne, pour ceux qui y sont soumis, des effets bénéfiques, des avangtages.
L’Ecriture révèle que chacune des trois phases successives du royaume est marquée par des
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bienfaits d’ordres différents.
Les bénédictions du royaume passé:
Des bénédictions nationales:
“L’Eternel dit à Abram: Je ferai de toi une grande nation” (Gen.12:2; 18:18).
“Dieu donna à Jacob le nom d’Israël...Et lui dit: Des rois sortiront de tes reins” (Gen.35:10,11).
Ces promesses nationales furent inconditionnelles.
Des bénédictions de fécondité:
“Dieu dit à Jacob: Ta postérité sera comme la poussière de la terre” (Gen.28:14).
“Si tu obéis à la voix de l’Eternel...il multipliera le fruit de tes entrailles” (Deut.28:1,11).
Le fait de la fécondité fut une promesse inconditionnelle. Son degré dépendait de l’obéissance.
Des bénédictions territoriales:
“L’Eternel fit alliance avec Abram, et dit: Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Egypte
jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate” (Gen.12:7; 15:18). “Bénis ton peuple d’Israël et...ce
pays où coulent le lait et le miel” (Deut.26:15). Le droit de propriété (Act.13:19) fut accordé à la
nation sans condition. La jouissance que le peuple aurait du pays, dépendrait de son obéissance.
Des bénédictions de justification:
“Abraham eut confiance (crut) en l’Eternel, qui le lui imputa à justice” (Gen.15:6; Gal:3:6).
“David exprime le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les oeuvres” (Rom.4:6).
La justification était assurée en réponse à une foi personnelle uniquement. L’appartenance à la
nation juive par naissance et circoncision n’assurait pas le salut personnel (Mat.3:7-9; Jean
8:37,39,44; Rom.2:28,29; 9:6-8).
Des bénédictions de prospérité:
“L’Eternel t’a béni dans tout le travail de tes mains” (Deut.2:7). “Lorsque tu obéiras à la voix de
l’Eternel: Tu seras béni dans la ville, et dans les champs...Le fruit de ton sol, de tes troupeaux...
toutes ces choses seront bénies” (Deut.28:2-4). Tout ce que Dieu avait créé était bon, y compris la
matière (Gen.1:31; 1 Tim.4:4). La prospérité matérielle dépendait de l’obéissance.
Des bénédictions répercutées pour les autres peuples:
“L’Eternel dit à Abram: Je bénirai ceux qui te béniront...et toutes les familles de la terre seront
bénies en toi” (Gen.12:3). “Tous les peuples verront que tu es appelé du nom de l’Eternel” (Deut.
28:10). “Moïse donna cet ordre aux sacrificateurs et à tous les anciens d’Israël:...Tu rassembleras
l’étranger qui sera dans tes portes, afin qu’ils apprennent à craindre l’Eternel“ (Deut.31:9,12).
Salomon pria:...Quand l’étranger viendra d’un pays lointain...prier dans cette maison, exauce-le des
cieux...afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom pour te craindre” (1Rois 8:41-43).
“La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas: Lève-toi, va à Ninive” (Jon.1:1,2). Il dit à Jérémie: “Je
t’avais établi prophète des nations” (1:5). Dieu aurait-il placé Israël au carrefour des continents et
des grands empires, pour que les peuples puissent entrer en contact avec le Dieu vivant et vrai ?
Les intentions bienveillantes de Dieu pour le royaume passé ont été réalisées de façon fort
imparfaite par le peuple d’Israël. Celui-ci ne s’est pas multiplié comme Dieu l’aurait voulu. Il n’a
occupé qu’une partie du territoire que Dieu lui avait proposé, et celui-ci a fini par être occupé par
d’autres. Une minorité seulement, le “reste”, a connu la justification par la foi. La prospérité
matérielle et physique n’a pas marqué toutes les époques et ne profitait pas à tous les Juifs. Très
peu de bénédictions spirituelles se sont répercutées sur les autres peuples de la terre. Cet échec a
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amené une phase nouvelle du royaume sous une forme qui n’avait pas été révélée dans l’Ancien
Testament. Et quand Jésus a commencé à en parler, la plus grande partie de la nation Juive n’était
pas disposée à comprendre. C’était la forme secrète (musterion) du royaume des cieux.
Les bénédictions du royaume présent:
“La bonne nouvelle du royaume de Dieu” (Luc 8:1), annoncée par Jésus fut ainsi dénommée parce
que ce royaume devait apporter, pour ceux qui y entreraient, des effets bénéfiques dans l’immédiat.
En effet, le Seigneur précise que: “Le royaume des cieux est semblable à un trésor” (Mat.13:44). Il
comporte, dès maintenant, des bienfaits importants. Mais ces bénédictions présentes ne sont que
préliminaires, un acompte, un avant-goût.
Justice imputée
“Si par l’offense d’un seul (Adam) la mort a régné (basileuo) par lui seul, à plus forte raison ceux
qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils (basileuo) dans la vie par
Jésus-Christ lui seul...Comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce règne par la justice pour
la vie éternelle” (Rom.5:17,21). Deux royaumes: celui d’Adam, du péché, de la mort d’une part, et
celui du Christ, de la justice et de la vie, d’autre part. Ceux qui règnent dans la vie ont reçu le don
de la justice. La justice même du Christ a été mise à leur compte; ils sont justifiés par la foi en lui.
Quelle bénédiction d’avoir été lavés de tout péché dès le moment où ils ont mis leur confiance en
Jésus! Le caractère universel du péché fait de cette bénédiction du royaume celle dont chacun a le
plus besoin et celle qui doit être présentée en premier lieu à ceux qui ne connaissent pas le Christ.
Justice personnelle
“Car le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice...par le Saint-Esprit”
(Rom.14:17). Selon le contexte, il s’agit de la justice pratique qui accorde à l’autre citoyen du
royaume ce qui lui revient - en l’occurrence, de ne pas être pour lui une occasion de chute dans ce
qu’on mange et boit. Qu’elle bénédiction pour le citoyen du royaume que de recevoir dès
maintenant la force, par l’Esprit Saint, d’agir avec justice envers l’autre! Cet effet bénéfique serait
certainement l’un des premiers à rechercher. On a souvent agi injustement en voulant imposer
indistinctement la justice au nom de Christ à un monde qui n’a pas l’Esprit Saint. Aussi, pour Dieu,
la valeur se situe avant tout en l’individu, ensuite seulement dans la société. Celle-ci n’est autre
chose que la totalité des individus qui la composent. La première question morale qui se pose est
celle de savoir ce que je dois faire, moi, un être unique, dans les circonstances singulières du
moment, Jésus étant mon modèle. Les sociétés où la probité intérieure et personnelle a été la plus
répandue ont été sans exception les plus vivables et prospères. Il n’y a pas de raccourci.
Délivrance du pouvoir de Satan
“Jésus leur dit: Si c’est par le doigt de Dieu que je chasse des démons, le royaume de Dieu est donc
venu vers vous” (Luc 11:20). “Jésus, ayant assemblé les douze, leur donna force et pouvoir sur tous
les démons...Il les envoya prêcher le royaume de Dieu” (Luc 9:1,2). “Le Père nous a arrachés au
pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour” (Col.1:13 TOB).
Les citoyens de ce royaume ne sont plus obligés de céder au pouvoir de Satan et peuvent désormais
réclamer la victoire dans tout affrontement avec son royaume. Ils doivent encore se méfier de son
action, mais ils n’ont plus à craindre les influences démoniaques, les mauvais sorts, les anxiétés,
l’action des puissances occultes, les esprits impurs, les servitudes, les faux prophètes, les
oppositions à l’annonce de l’Evangile etc. Ils peuvent aussi être des instruments entre les mains de
Dieu pour délivrer, par l’autorité du Christ, ceux qui sont sous le pouvoir de l’adversaire.
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L’exorcisme a été pratiqué tout au long de l’histoire de l’Eglise dans toutes les branches de la
chrétienté, sans toutefois avec le même succès partout. Cette bénédiction du royaume est sans
doute la première à être présentée à toute personne “démonisée” et aux nombreuses peuplades
animistes et musulmanes, qui vivent dans la crainte des esprits mauvais et des djinns. Ce serait là
un de leurs premiers besoins à satisfaire, sans quoi toute aide humanitaire risquerait de demeurer
sans suite. La victoire totale sur le diable, cependant, attend le retour du Christ.
Secours dans nos faiblesses
“Approchons-nous donc avec confiance du trône de Jésus, où règne la grâce. Nous y obtiendrons la
miséricorde et nous y trouverons la grâce, pour être secouru au bon moment” (Héb.4:16). Celui qui
est assis sur le trône céleste de ce royaume est Jésus, le Fils de Dieu (v.14). Il a été tenté comme
nous en toutes choses, mais sans pécher, et peut donc compatir à nos faiblesses (v.15). Quelle
bénédiction de pouvoir prier librement quand nous nous sentons incapables de faire face à nos
tentations, difficultés et incapacités! Et avoir la certitude d’être compris et aidé par le Roi qui a
connu les mêmes limitations et en est sorti victorieux. Une des priorités du chrétien confronté à des
personnes faibles, déforcées et en difficulté serait de leur parler de l’accès direct qu’elles pourraient
avoir elles-mêmes à Jésus-Christ dans la prière. Et de leur annoncer l’Evangile. La bonne nouvelle
du royaume présent a un message pour les faibles qui respecte la dignité de la personne humaine.
Au lieu de favoriser chez eux la dépendance, d’en faire des “assistés” on leur ouvre un accès direct
et personnel au trône du Roi.
Bonheur
“Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux” (Mat.5:3). “Heureux vous qui
êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous” (Luc 6:20). Il ne peut s’agir que du royaume
présent car les citoyens du royaume futur ne seront pas pauvres. Le bonheur dans le royaume
présent ne dépend pas de la prospérité matérielle. Il est assuré à ceux dont la disposition d’esprit
leur a donné de recevoir ce royaume.
“Car le royaume de Dieu...c’est la joie par le Saint Esprit” (Rom.14:17). La joie est le fruit de
l’esprit produit en le citoyen du royaume par une puissance intérieure et surnaturelle. Cette joie
n’est pas le produit des circonstances, souvent contraires, vécues au cours du royaume de Dieu
actuel. Il n’est pas interdit de parler de cette bénédiction du royaume à ceux qui ont soif de
bonheur.
Guérisons
“Jésus répondit à ses disciples: Vous avez reçu, vous, la connaissance des secrets du royaume des
cieux, mais eux ne l’ont pas reçue...Car ce peuple est devenu insensible; ils se sont bouché les
oreilles, ils ont fermé les yeux ...et ainsi , il ne reviendront pas à moi pour que je les guérisse”
(Mat.13:11,15 FC). Le contexte de cette citation du prophète Esaïe (6:5,7) montre que le mal dont
devait être guéri le peuple était celui des “lévres impures”, de “l’iniquité” et du “péché”. Recevoir
les secrets du royaume apporte d’abord une guérison à ces maux-là. Les bénédictions du royaume
sont d’abord spirituelles et morales. Mais pas uniquement. “Jésus accueillit les foules, et leur
parlait du royaume de Dieu; il guérit aussi ceux qui avaient besoin d’être guéris” (Luc 9:11). Cette
juxtaposition dans le texte, du royaume de Dieu et de la guérison des malades, suggère une relation
entre les deux de cause à effet. Jésus se montrait Roi par ses guérisons. Son règne s’étendait au
corps humain. Jésus ne dévaluait pas le domaine physique. Le royaume présent n’appelle pas le
mépris de la création, mais sa transformation, même si ce changement est encore partiel. Jésus ne
guérissait pas tous les malades qu’il rencontrait (Jean 5:7,8). Paul déclarait: “Nous attendons la
rédemption de notre corps” (Rom.8:23). Notre délivrance totale de la maladie et de la mort attend
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le royaume futur.
“Jésus, ayant assemblé les douze, leur donna...la puissance de guérir les maladies. Ils les envoya
prêcher le royaume de Dieu, et guérir les malades” (Luc 9:1,2). Les apôtres furent les premiers à
recevoir un don de guérison. Ce don était aussi un signe, une manifestation de la venue du
royaume. Ils guérissaient le plus souvent des personnes qui n’avaient pas encore cru en Jésus-Christ
et avant de leur prêcher l’évangile. Ces signes attiraient l’attention et attestaient le message. Mais
il fallait toujours que le message du salut en Christ suive immédiatement, sans quoi le signe restait
ambigu. Car Satan peut accomplir des miracles, des signes et des prodiges mensongers (2 Thes.2:9;
Mat. 24:24). On peut offrir de prier pour la guérison de n’importe quelle personne non-chrétienne
malade qu’on rencontre, sans cependant lui en donner la promesse formelle. Un exaucement peut la
rendre réceptive, ainsi que son entourage, au message du salut. Malgré toutes les guérisons au
cours de l’histoire de l’Eglise, toutes les personnes guéries ont fini par mourir. La maladie et la mort
ne sont pas encore extirpées.
Paix entre citoyens du royaume
“Le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais...la paix... par le Saint-Esprit...Ainsi
donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle” (Rom.14:17-19). Le
contexte traite des différences d’opinion qu’il peut y avoir entre citoyens du royaume au sujet du
manger et du boire, des sabbats et des fêtes religieuses. Une bénédiction importante du royaume de
Dieu actuel est l’action de l’Esprit Saint qui permet de maintenir l’harmonie entre croyants en
Christ issus de cultures, de traditions et d’arrière-plans religieux différents. Par la puissance de
l’Esprit, on s’accepte (v.1a), on ne discute pas les opinions (v.1b), on ne méprise pas l’autre (v.3,
10), on ne le juge pas (v.4, 10, 13), on n’est pas pour lui une occasion de chute (v.13,20) ou de
tristesse (v.15).
De nombreuses inimitiés raciales, linguistiques, idéologiques, religieuses, tribales et de classes se
sont vues atténuées ou complètement éliminées entre personnes ayant accédé, chacune pour sa part,
au royaume actuel. La paix dont il est question ici n’est pas la “paix sur la terre”, celle entre les
non-chrétiens du monde, bien que les citoyens du royaume soient appelés à être des artisans de paix
pour tous (Mat.5:9; Luc 10:5,6). Les institutions ecclésiastiques ont souvent entretenu des inimitiés
entre elles. Peut-être était-ce dû à la majorité de personnes dont elles furent composées, qui ne
s’étaient pas personnellement soumises au Roi. Ces conflits ont constitué un contre-témoignage
auprès des non-croyants. L’harmonie des relations entre citoyens sous-tend toute leur action auprès
de leur entourage et confère à celle-ci toute son efficacité. Elle mérite qu’ils lui accordent la
priorité.
Les bénédictions explicitement attachées au royaume présent et mentionnées ci-dessus, ne semblent
pas, prises ensemble, se résumer à la christianisation de la société humaine ni à l’amélioration
morale du monde des non-croyants. Mais de nombreux pays ont bénéficié à tel point de ces effets
bénéfiques qu’ils constituent des contrastes frappants par rapport à des contrées qui n’ont profité
d’aucune présence chrétienne. Mais si riches soient-elles, les bénédictions du royaume présent ne
sont pas comparables à celle de celui qui est à venir.
Les bénédictions du royaume futur
“Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, il s’assiéra sur le trône de sa gloire...Alors le roi
dira: Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé
dès la fondation du monde” (Mat.25:31,34). Il s’agit manifestement du retour du Christ et du
royaume futur. Celui-ci, contrairement à l’élection au salut qui eut lieu dès avant la fondation du
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monde” (Eph.1:4), fut “préparé dès la fondation du monde”, et constitue la destinée ultime de notre
terre, le couronnement de l’histoire de l’humanité et de la Rédemption. Ceux qui en prennent
possession sont appelés les bénis du Père. Car sur eux seront répandues toutes les bénédictions qui,
dès la création, furent l’intention de Dieu pour l’humanité, sans exclure les bienfaits matériels.
Une sécurité parfaite
Le Christ, dans son dernier discours eschatologique (Luc 21:5-37), fait l’énumération des
différentes menaces qui, depuis le péché et la chute de l’homme, ont pesé sur les habitants de la
terre et qui iront en s’accentuant dans la période précédant son retour: Guerres et révolutions (v.9),
tremblements de terre, famines, épidémies (v.11), persécutions de ses disciples (v.12), martyrs
(v.16), angoisse chez les nations, bruit violent de la mer et des vagues (v.25), etc. Mais Jésus ne se
veut ni pessimiste ni alarmiste et ajoute: “Alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée
avec puissance et une grande gloire. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et
levez vos têtes, parce que votre délivrance approche...sachez que le royaume de Dieu est proche”
(v.27,28,31). En d’autres termes, le royaume qui sera établi par le Christ à son retour constituera,
pour ceux qui y entreront, une délivrance de tous les dangers qui ont toujours inquiété l’humanité.
“Voici les jours viennent dit l’Eternel, où je susciterai à David un germe juste; il régnera en roi...En
son temps, Israël aura la sécurité dans sa demeure” (Jér.23:5,6). Jésus, par sa première venue a
permis d’atténuer de nombreuses conséquences du péché et de la malédiction. Il désire aussi se
servir de nous à cette fin. Mais la sécurité parfaite, face à tous ces fléaux, attend son retour et la
dernière phase de son règne.
Une justice publique:
Jérémie ajoute une précision à ce qui précède: “Voici les jours viennent, dit l’Eternel ou je
susciterai à David un germe juste; il régnera en roi, il pratiquera le justice et l’équité dans le pays”
(23:5).
“Le Fils du Roi jugera ton peuple avec justice et tes malheureux avec équité...Il fera droit aux
malheureux du peuple, il sauvera les enfants du pauvre, et il écrasera l’oppresseur (Ps.72:2-4).
“Le Père dit au Fils: Ton trône, ô Dieu, est éternel, le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité;
tu as aimé la justice et tu as haï l’iniquité” (Héb.1:8,9). Jamais un humain, qu’il fut roi, magistrat,
ministre, législateur ou agent de police n’a été parfaitement juste. Nombreux parmi eux ont été des
pourris. De là, une partie importante des injustices dans la société. Finalement, pour le monde
entier, viendra un roi parfaitement juste qui pratiquera la justice. Mais des études ont montré
qu’actuellement, le citoyen moyen est encore moins honnête que le politique moyen. Or, l’Ecriture
est formelle sur la composition de la société dans le royaume futur: Outre les gouvernants, les
gouvernés aussi seront des justes.
“Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux
qui commettent l’iniquité...Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur
Père” (Mat.13:41,43). “Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le
royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père...En ce jour-là...je leur
dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connu, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité”
(Mat.7:21-23). Le temps du verbe montre qu’il s’agit de ceux qui sont des pratiquants habituels de
l’illégalité (anomia). “Les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu. Ne vous y trompez pas:
ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les pédérastes, ni les homosexuels, ni les
voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les ravisseurs, n’hériteront le
royaume de Dieu” (1 Cor.6:9,10). Le mot “hériteront”, mentionné deux fois, montre qu’il s’agit du
royaume futur.
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Ces divers qualificatifs ne décrivent pas les mauvais penchants que pourraient avoir certaines
personnes. Tous les hommes, y compris les vrais croyants en Christ ont et gardent encore
maintenant leur nature humaine pécheresse avec ces tendances diverses au mal. Ces termes ne
décrivent pas non plus le vrai chrétien à qui il arrive, à l’occasion, de tomber dans l’un ou l’autre de
ces péchés. Ils décrivent des personnes dont toute la vie est caractérisée par de tels actes immoraux.
Ceux dont parle l’apôtre Pierre: “Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie lavée s’est
vautrée dans le bourbier” (2 Pi.2:22). La qualité de vie dans le royaume futur sera dû, en partie, à
l’absence de tous les comportements qui portent atteinte au bien-être dans une société. Il y aura une
justice publique parce que les gouvernés aussi seront des justes.
Une gloire resplendissante
“Dieu vous appelle à son royaume et à sa gloire” (1 Thes.2:12). “A la fin du monde...les justes
resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père” (Mat.13:39). “En ce temps-là,
l’Eternel châtiera dans le ciel l’armée d’en haut, et sur la terre, les rois de la terre...L’Eternel des
armées régnera...resplendissant de gloire en présence de ses anciens” (Esa.24:21,23). “Quand
Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire” (Col.3:4). Au lieu du
royaume secret, ce sera le royaume manifeste. Au lieu du mépris, de la croix, de la pauvreté, de la
souffrance maintenant, ce sera alors l’honneur, la splendeur, l’éclat, la couronne, la louange, le
triomphe.
La paix sur la terre
“Il a reçu l’empire sur les épaules, on lui donne ce nom...Prince-de-la-Paix. Etendu est l’empire
dans une paix infinie” (Esa.9:5,6 Jérus.). “Voici ton roi vient à toi; il est juste et victorieux...Les
arcs de guerre seront retranchés. Il annoncera la paix aux nations et il dominera d’une mer à
l’autre, jusqu’aux extrémités de la terre” (Zach.9:9,10). “Il rendra son jugement entre les nations, il
sera un arbitre pour tous les peuples. De leurs épées, ils forgeront des pioches, et leurs lances, ils
feront des faucilles. Il n’y aura plus d’agression d’une nation contre une autre, on ne s’exercera
plus à la guerre” (Esa.2:4 FC). C’est uniquement la présence personnelle du Roi qui pourrait
assurer un tel état de choses sur la terre. “Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds”
(Rom. 16:20). Un pouvoir absolu sera entre les mains d’un Roi absolument bon, sage et juste,
régnant sur toutes les nations partout dans un monde, dont Satan aura été banni. Ce pouvoir
assurera une paix parfaite et durable entre les hommes. Seul le Christ présent en personne pourra
résoudre les problèmes socio-politiques qui accablent le monde. Aujourd’hui déjà on comprend
qu’il faut un pouvoir supranational pour le maintien de la paix. Avant la parousie, il s’en présentera
peut-être un de contrefaçon, en la personne d’un Antichrist.
Une joie sans mélange
“Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses
serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces” (Mat.22:2). “Alléluia! Car le Seigneur tout
puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse car les noces de
l’Agneau sont venues, son épouse s’est préparée” (Apoc.19:6,7). Depuis toujours, les noces sont le
symbole des réjouissances les plus intenses. “Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les
prophètes dans le royaume de Dieu...Il en viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi; et
ils se mettront à table dans le royaume de Dieu” (Luc 13:28,29). “J’ai désiré vivement manger cette
Pâque avec vous, avant de souffrir; car, je vous le dis je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit
accomplie dans le royaume de Dieu. Je ne boirai plus jamais du fruit de la vigne, jusqu’au jour où
je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu” (Luc 22:15,16; Mc.14:25). Dieu avait dit à son
peuple au sujet de la fête de la Pâque: “Vous célébrerez ce jour par une fête en l’honneur de
63
l’Eternel; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle”(Ex.12:14). Le festin par excellence, la
célébration ultime, la fête éternelle!. “L’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra...et Dieu
essuiera toute larme de leurs yeux” (Apoc.7:17).
Une création renouvelée
“Le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire” (Mat.
19:28). “Il frappera la terre de sa parole comme d’une verge, et du souffle de ses lèvres il fera
mourir le méchant...Le loup habitera avec l’agneau; le veau, le lionceau, et le bétail qu’on
engraisse, seront ensemble, et un petit enfant les conduira...Le lion comme le boeuf mangera de la
paille. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère...Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma
montagne sainte; car la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel comme le fond de la mer
par les eaux qui le couvrent. En ce jour le rejeton d’Isaï (le Messie) sera là comme une bannière
pour les peuples” (Esa.11:4-10). Le retour du Christ pour juger précède donc ces bénédictions sur
la nature. L’expression: “ma montagne sainte” est l’image biblique pour le siège d’un pouvoir
politique, d’un royaume, en l’occurrence, celui de Dieu (Eze. 35:1-5; Dan.2:35,44,45; Ps.68:16,17;
Apoc.17:9,10).
“Pierre dit au peuple:...Que les temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu’il
envoie Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses,
dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois” (Act.3: 20,21).
Toutes les prophéties de l’Ancien Testament concernant un rétablissement de la création à son état
originel, doivent donc être prises au sens propre et situées au moment du retour du Christ sur terre.
Seul ce retour pourra balayer toutes les craintes des partis verts pour l’habitat. Car la catastrophe
écologique est due à la catastrophe morale (Ps.107:33,34). On ne peut donner un sens figuré à
toutes ces déclarations et les reléguer au domaine spirituel, au ciel et en dehors de l’histoire.
“La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et la corruption n’hérite pas
l’incorruptibilité...La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous
serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel
revête l’immortalité” (1Cor.15:50-53). La répétition du verbe “hériter” montre qu’il s’agit du
royaume futur. Le contexte et le “son de la trompette” parlent du retour du Christ. L’expression:
“la chair et le sang” parle de notre corps physique présent, sujet à la maladie et à la dissolution, avec
l’assurance que ce n’est pas dans ce corps-là que nous hériterons du royaume futur. En effet, nous
serons changés et nous y revêtirons un corps impérissable et immortel. Ce corps ne sera pas
immatériel, mais c’est la matière qui aura part à la Rédemption. “Et celui qui était assis sur le trône
dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles” (Apoc.21:5). Le Symbôle des Apôtres le résume bien:
“Je crois à la résurrection de la chair”. Ce renouvellement attend que le Christ entre dans son règne
pour s’asseoir sur son trône. Les conséquences de la malédiction sur le serpent (Gen.3:14), sur la
terre (Gen.3:17; 5:29), sur nos corps physiques (3:19) et sur la création en général, ont soumis
toutes choses à la futilité, à la corruption et à la douleur (Rom.8:18-24). L’aboutissement du
royaume de Dieu vise la transformation de la création toute entière. La malédiction présente sera
changée en bénédictions.
Quelle donc est la portée pratique pour le présent, de toutes ces bénédictions du royaume futur?
Certains disent: “On verra bien! Tout cela ne nous concerne pas maintenant.” Mais Dieu n’a
jamais hésité de présenter l’avenir comme une motivation pour l’action présente. Paul écrivait à
Timothée: “Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ qui doit juger les vivants et les morts
et au nom de son avènement et de son royaume (futur): prêche la parole, insiste en toute occasion,
favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant...Sois sobre en
toutes choses, supporte les souffrances, fais l’oeuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère”
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(2 Tim.4:1,2,5). L’obéissance à toutes ces exhortations trouve sa motivations dans la certitude du
retour du Christ et dans la gloire de son royaume.
Ne pas brûler les étapes. Le renouvellement du cosmos est manifestement futur. Si on veut à tout
prix le rendre présent, réaliser tout de suite ce que Dieu réserve pour l’avenir, on risque de ne pas
réaliser pleinement ce qu’il veut pour le royaume présent. Qui trop embrasse, mal étreint! Il y aura
toujours trop de problèmes à résoudre: le nucléaire, l’urbanisation, la guerre, la distribution des
biens, la désertification, l’immigration, la disparition des espèces, le crime organisé, le trou
d’ozone, le réchauffement de la planète, la faim dans le monde, etc. La compassion chrétienne qui
veut absolument donner une réponse dès maintenant à tous les besoins criants du monde ne doit pas
déterminer la théologie, ni fixer les priorités de Dieu, ni déterminer l’agenda de l’Eglise. Le
chrétien impatient passe facilement à côté de ce qui est l’essentiel pour le présent, ses forces se
dispersent, ses objectifs ne sont plus clairs, ses moyens sont distendus.
Quand Jésus a déclaré: “Je bâtirai mon Eglise” (Mat.16:18), il a manifestement annoncé ce qui était
à son programme pour la période entre sa première venue sur terre et son retour. Cette annonce
soulève tout naturellement la question, à savoir: Quel serait le rapport entre l’Eglise et le royaume
de Dieu sous sa forme présente?
CHAPITRE 11
L’EGLISE UNIVERSELLE EST LE ROYAUME DE DIEU
Luther, Calvin et, par la suite, la plupart des théologiens protestants ont refusé avec force l’idée que
l’Eglise puisse être le royaume de Dieu. Ils combattirent cette notion en réaction aux prétentions de
l’institution catholique à exercer une domination spirituelle sur les âmes et un pouvoir temporel sur
le monde. Mais en même temps, les réformateurs ne mettaient pas en cause les présupposés
romains que l’Eglise était une institution et que le royaume de Dieu était une théocratie. Par
conséquent, si l’Eglise universelle n’est pas en fait une institution et si le royaume n’est pas
maintenant une théocratie, ce préjugé protestant est dépassé. On peut dire que les divergences de
vues sur la question qui ont surgi par après au sein du protestantisme découlent de conceptions non-
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bibliques soit de l’Eglise, soit du royaume, voir des deux. Cependant, il reste à déterminer si
l’Ecriture dans ses textes, fait explicitement le rapprochement entre l’Eglise universelle et le
royaume de Dieu présent et secret.
Jésus fait le lien entre l’Eglise et le royaume des cieux
“Jésus dit à Pierre...Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise...Je te donnerai les clés du royaume des
cieux” (Mat.16: 17-19). Pierre fait la déclaration qui fonde l’édifice de l’Eglise et reçoit en même
temps du Christ les clés qui donnent accès à l’édifice du royaume. Le fondement de la maison et les
clés pour y entrer font partie de la même image, car une maison ne sert à rien sans les clés qui y
donnent accès. On ne peut prétendre que la maison signifie une chose dans la première phrase et
tout autre chose dans la suivante. Jésus lui-même, dans sa toute première déclaration au sujet de
l’Eglise universelle, identifie donc celle-ci au royaume des cieux. Vouloir séparer, voir distinguer
le royaume de Dieu de l’Eglise s’est toujours avéré un exercice délicat dans la théologie.
Pierre et Paul confirment que l’Eglise correspond au royaume présent
Pierre s’adresse “aux élus” (1 Pi.1:1). Il leur déclare: “Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal,
une nation sainte, un peuple acquis” (2:9). L’Eglise se trouve désignée par les images de “peuple”,
de “nation” et de “prêtrise” dont se sert abondamment l’Ecriture pour la décrire, ainsi que par les
notions “d’élection” et de “Rédemption”. Qualifier également l’Eglise de prêtrise royale, et cela
dans la même phrase, c’est identifier l’Eglise avec le royaume.
Paul s‘adresse aux saints de l’église à Philippe (1:1; 4:15,16) et déclare à leur sujet et au sien, tandis
qu’il était prisonnier à Rome: “Nous (vous et moi), nous sommes citoyens des cieux (lit.” “notre
citoyenneté est dans les cieux”), d’où nous attendons aussi le Seigneur Jésus-Christ” (3:20). Les
membres de l’Eglise universelle à Philippe et à Rome, sont également les citoyens du royaume des
cieux dont le trône céleste est occupé par Jésus-Christ et le sera jusqu’à son retour.
Les rachetés des sept églises en Asie constituaient, avec l’apôtre Jean, un royaume
L’apôtre Jean sur l’île de Patmos s’adresse aux rachetés des sept églises en Asie (1:4),
représentatives de par leur nombre parfait de l’Eglise universelle: “A celui qui nous aime, qui nous
a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume” (Apoc.1:5,6). Le “nous”
rassemble l’apôtre et les églises locales dans l’Eglise universelle. Jean déclare en même temps que
le Christ a fait de lui et d’eux ensemble un royaume. Ils sont donc le royaume. L’Eglise universelle
constitue le royaume de Dieu.
L’apôtre poursuit en s’adressant aux frères de ces mêmes églises en Asie: “Je suis Jean, votre frère;
uni comme vous à Jésus, je suis votre compagnon (lit.“ “coparticipant”) dans...le royaume”
(Apoc.1:9 BFC). Jean se situe avec ces frères des Eglises “dans le royaume et comme participant
avec eux à ce royaume”. Ils sont frères au sein de l’Eglise universelle. Et en tant que tels et en
même temps, ils ont part au royaume. Comment assimiler plus clairement l’Eglise et le royaume du
Christ?
Les rachetés de l’Eglise universelle ont été constitués en royaume
“Tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, langue,
peuple, et nation. Tu en as fait, pour notre Dieu, un royaume et des prêtres, et ils régneront sur la
terre” (Apoc.5:9,10 TOB). Une assemblée constituée des “rachetés” du Christ (5:9), qui sont aussi
“prêtres” pour Dieu (10), ne pourrait être que l’Eglise. Qu’il s’agisse de Eglise universelle est clair
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du fait de la provenance de tous horizons de ceux qui la constituent (9). Que cette Eglise et le
royaume de Dieu soient identiques découle du fait que Dieu a déjà constitué celle-ci en royaume
pour Dieu mais aussi que ceux qui la constituent régneront plus tard sur la terre. Si Dieu a fait des
prêtres qui constituent l’Eglise, un royaume, l’Eglise est ce royaume. Ces prêtres en sont dès
maintenant des “citoyens” (Phil.3:20) et des “coparticipants” (Apoc.1:9), mais ne régneront pas
avec le Christ avant son retour.
L’Eglise universelle et le royaume présent sont tous deux composés de régénérés
L’Eglise
“Vous vous êtes approchés...de l’Eglise (ekklesia) des premiers-nés inscrits dans les cieux” (Héb.
12:23). L’Eglise dont le rôle est tenu dans les cieux est le domaine de la réalité spirituelle, c.à.d.
elle est l’Eglise universelle. Ceux qui la composent s’y trouvent en vertu d’une naissance
surnaturelle.
Le royaume
“Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu...Si un homme ne naît d’eau
et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu” (Jean 3:3,5). Les citoyens du royaume
présent s’y trouvent pour y être nés. Aucun autre moyen n’existe pour y accéder. Pour Jésus,
“recevoir la vie éternelle” (Mc.10:17,30) équivalait à “entrer dans le royaume de Dieu (10:23,24).
L’Eglise et le royaume secret sont identiques quant à ceux qui la constituent.
L’Eglise, corps du Christ, comme le royaume des cieux, fut un secret caché avant Christ
L’Eglise, un corps composé de Juifs et de non-Juifs fut un secret
L’apôtre Paul écrit: “Dieu m’a accordé une révélation pour me faire connaître son plan
secret...Dans les temps passés, ce secret n’a pas été communiqué aux humains, mais Dieu l’a révélé
maintenant par son Esprit à ses saints apôtres et prophètes. Voici ce secret: par le moyen de la
Bonne Nouvelle, les non-Juifs...avec les Juifs...sont membres du même corps...Dieu réalise son
plan secret. Lui qui est le Créateur de toutes choses, il a tenu caché ce plan depuis toujours, afin
que maintenant, grâce à l’Eglise, les autorités et les puissances du monde céleste puissent connaître
la sagesse divine sous tous ses aspects” (Eph.3:3-6,9-10 FC). Mais que le salut s’étendrait aux
gentils avait été clairement prédit dans l’Ancien Testament. Qu’y avait-il donc de neuf dans cet
enseignement des apôtres du Christ, qui n’avait pas été révélé avant sa venue? L’élément
précédemment caché, c’était le rassemblement de Gentils, devenus “concitoyens”(2:19) du royaume
avec les Juifs , et leur introduction avec eux et sur un même pied au “corps du Christ” (2:15),
“l’Eglise”.
Le royaume présent fut un secret
“Jésus répondit à ses disciples: Vous avez reçu, vous, la connaissance des secrets du royaume des
cieux...Beaucoup de prophètes et de gens fidèles à Dieu ont désiré voir ce que vous voyez, mais ne
l’ont pas vu...J’annoncerai des choses tenues secrètes depuis la création du monde...tout maître de
la loi qui devient disciple du royaume des cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son
trésor des choses nouvelles et des choses anciennes” (Mat.13:11,17,35,52 FC). Qu’y avait-il donc
de neuf dans l’enseignement de Jésus sur le royaume des cieux qui, comme pour l’Eglise, n’avait
pas été révélé avant sa venue, mais tenu secret? (1) Le message du royaume est semé dans les
coeurs; il doit être reçu et peut être refusé. Il n’est pas théocratique (13:19). De même, l’Eglise est
constituée de ceux, sans distinction, qui ont reçu volontairement la parole du Christ semée dans
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leurs coeurs (2) Le royaume actuel est constitué du “blé”, des “fils du royaume”, c.à.d. de gens
régénérés, présents dans le monde entier. Il ne s’agit plus d’un territoire quelconque (13:38). De
même, l’Eglise est constituée des fils de Dieu partout dans le monde. Elle est universelle. (3) Ce
royaume commencerait petitement comme une graine, pour pousser graduellement (13:31), plutôt
que de s’imposer soudain et avec puissance. De même l’Eglise a commencé petitement pour
grandir progressivement (4) Le royaume est un trésor caché dans le champ du monde. Il n’est pas
manifeste car il a fallu le chercher et le trouver (13:44), etc. De même, malgré sa discrétion dans le
monde, l’Eglise est d’une grand valeur pour le Christ qui la cherche pour la trouver.
L’Eglise universelle et le royaume présent sont tous les deux le domaine du salut
L’Eglise
“Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise (ekklesia-Texte Reçu) ceux qui étaient sauvés”
(Act.2:47). Si ceux que Dieu lui-même incorpore à l’Eglise sont des personnes sauvées, il s’en suit
que l’Eglise universelle est la compagnie des sauvés. Mais ceux que d’autres que Dieu
chercheraient à y ajouter ne seraient pas nécessairement sauvés.
“Le Christ est en effet le Sauveur de l’Eglise qui est son corps” (Eph.5:23). Tous ceux qui ont été
sauvés par le Christ, ont été ajoutés par l’action de l’Esprit Saint à son corps, l’Eglise universelle.
Par conséquent, cette Eglise est un domaine réunissant des personnes sauvées.
Le royaume
“Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le
royaume de Dieu. Les disciples se dirent les uns aux autres: Et qui peu être sauvé? Mc.25,26).
L’entrée dans le royaume de Dieu assure le salut. Ce royaume est donc peuplé de citoyens sauvés.
“Paul annonça le royaume de Dieu aux Juifs de Rome, en rendant témoignage...de ce qui concerne
Jésus...: Sachez-donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens, et qu’ils l’écouteront...Paul
recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu” (Act.28:23,28,30,31).
Annoncer le royaume de Dieu c’était annoncer Jésus, et par lui le salut. Quand Jésus sauve
quelqu’un c’est pour qu’il entre dans le royaume de Dieu, qui est en même temps le royaume des
sauvés.
Dans plusieurs des paraboles du royaume des cieux (Mat.13), les éléments qui correspondent
à ce royaume, correspondent aussi à l’Eglise universelle
Dans la parabole du semeur, la bonne terre (8,23), les hommes qui entendent la parole du royaume,
la comprennent (23) et portent du fruit (8,23) constituent le royaume. Ils correspondent aussi à
l’Eglise universelle composée de ceux qui reçoivent l’Evangile “dans le coeur” (19) et le vivent
(23).
Dans la parabole de l’ivraie, la bonne semence (24,27,37), le blé (25,29), qui porte du fruit (26),“les
fils du royaume”(38),“les justes” (43) disséminés par le propriétaire dans son champ, le monde
(24) constituent les citoyens du royaume. Ils correspondent aussi à l’Eglise composée de fils de
Dieu, de justifiés qui portent du fruit, implantés par le Christ partout dans son monde (38).
Dans la parabole du grain de sénevé, cette petite graine, plantée par un homme dans son champ et
devenue un grand arbre (31) est le royaume. Il correspond aussi à l’Eglise, implantée par le Christ
dans le monde, petite par le nombre à ses débuts, mais grandissant jusqu’à devenir universelle.
Dans la parabole du trésor trouvé par un homme, caché de nouveau par lui dans le champ, et pour
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lequel il sacrifie tout avec joie pour acheter le champ (44), ce trésor est le royaume. Il correspond
aussi à l’Eglise qui est d’une grande valeur aux yeux du Christ, et est cherchée et trouvée par lui
dans le monde. Il l’envoie dans le monde, mais sous une forme cachée, jusqu’à sa rédemption
future avec celle de la création entière. Ce rachat est au prix du sacrifice de tout ce qu’il avait, et en
vue de la joie qui lui était réservée.
Dans la parabole du filet jeté dans la mer qui rassemble des poissons de toutes sortes (47), les bons
poissons (47,48), les justes (49) rassemblés et recueillis dans des vases (48) constituent le royaume.
Mais ils correspondent aussi à Eglise composée des justifiés rassemblés de parmi les nations, au
sein de la chrétienté, par l’évangélisation. L’Eglise s’y trouve avec les chrétiens de nom, qui ne
sont pas séparés d’elle ni jugés avant la fin de l’ère. Recueillis dans l’Eglise, les justes demeurent
en sécurité.
Précisions importantes
Cependant, le royaume présent de Dieu n’est pas l’Eglise, si par “Eglise” on entend:
l’une ou l’autre des institutions ecclésiastiques
l’ensemble des institutions ecclésiastiques
l’église locale
l’ensemble des églises locales
Mais le royaume présent de Dieu est l’Eglise si, par “Eglise” on entend:
l’Eglise bâtie par Jésus-Christ sur le témoignage de Pierre qu’il est le Messie, le Fils de Dieu
l’Eglise universelle
l’Eglise qui réunit Juifs et non-juifs sans distinction dans un même corps
l’Eglise composée exclusivement de personnes “nées d’en-haut”, “sauvées”
Cependant, l’Eglise n’est pas “le royaume de Dieu”, si par ce royaume on entend:
le royaume de Dieu passé, la théocratie politico-religieuse d’Israël, avant la venue du Christ
le royaume de Dieu futur, pleinement réalisé, glorieux et mondial, après le retour du Christ
la “chrétienté” socio-politico-economico-culturelle actuelle
la souveraineté éternelle de Dieu sur le cosmos
Mais l’Eglise est “le royaume de Dieu” si, par ce royaume on entend:
le royaume dans sa phase présente, entre les deux venues du Christ
le royaume établi et présent dans le monde sous sa forme secrète, cachée aux hommes avant
le Christ et aux yeux des hommes endurcis actuellement
le royaume spirituel de justice dans les coeurs
le royaume composé de ceux qui y sont entrés et en possèdent la citoyenneté parce q’ils se
sont volontairement soumis au Christ Roi.
Le royaume de Dieu actuel, et l’Eglise universelle recouvrent donc la même réalité. Mais cette
réalité est décrite par ces deux termes différents selon qu’elle est perçue de deux angles différents:
celui de Dieu ou celui des hommes. Le royaume (basileia) de Dieu secret, est la totalité des
hommes dans le monde qui ont personnellement accepté son autorité. Ce royaume n’a aucune
existence en dehors de ceux-ci. L’Eglise (ekklesia) universelle est constituée de ces mêmes
hommes rassemblés du fait de leur acceptation de son autorité, pour ne plus être du monde. Les
deux aspects de cette réalité, étant différents, cette différence explique qu’on ne puisse substituer
indistinctement ces deux termes l’un pour l’autre dans tous les textes.
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CHAPITRE 12
ROYAUME DE DIEU ET SPHERES D’AUTORITE
L’autorité effective de Dieu, Roi au ciel sur son royaume secret ici sur terre, s’exerce par
l’intermédiaire des “fils du royaume”, les vrais croyant en Jésus. Il délègue son autorité aux
humains qui revêtent une certaine fonction dirigeante au sein de diverses sphères d’autorité, que
ceux-ci soint de vrais croyants en lui ou non. Cependant, son autorité effective se fait
particulièrement sentir de manière bienfaisante par l’intermédiaire de ceux qui se sont effectivement
soumis à son autorité.
L’autorité est le pouvoir légitime d’agir (Ex.2:14; Mat.21:23). L’autorité de Dieu sur toutes choses
découle de ce qu’il est le Créateur de toutes choses (Ps.95:6; Apoc.4:11). Toute autorité humaine
vient de Dieu et est de nature dérivée (Jean 19:11; Rom.13:1). Elle doit être explicitement déléguée
par Dieu (Dan.2:37; Act.20:28) pour l’exercice d’une fonction spécifique (Mc.13:34; Héb.13:17).
L’autorité d’une personne humaine sur une autre est toujours basée sur une relation entre elles:
§ la relation entre les citoyens et les autorités, au sein d’un Etat (Rom.13:1-7; 1 Pi.2:13,14)
70
§ la relation entre les enfants et leurs parents au sein de la famille (Eph.6:1-4; Col.3:20,21).
§ la relation entre l’épouse et son propre mari au sein du mariage (Eph.5:22,23; Col.3:18,19)
§ la relation entre les adhérents de l’église locale et leurs conducteurs (1 Pi.5:1-5; Héb.13:7,17).
§ la relation entre l’employé et son employeur dans un contrat de travail (Eph.6:5-9; Col.3:22)
§ la relation entre l’homme et la nature dans le cadre de la création (Gen.1:26-28; Ps.8:4,6)
Là où la relation n’existe pas, on ne peut faire valoir l’autorité.
Le mot grec pour “autorité” (exousia) peut aussi désigner une “sphère d’autorité”, une juridiction
sous laquelle l’autorité est légitimement exercée (Luc 23:7; Eph.2:2). Dieu a voulu que les six
relations décrites plus haut constituent autant de cadres, de domaines, à l’intérieur desquels
s’exercerait les autorités qu’il reconnaît aux humains. Les sphères conjugale, familiale, civique,
ecclésiale, professionnelle et culturelle servent à atténuer la vulnérabilité et l’aliénation de l’homme,
ainsi que le chaos et l’anarchie, dans un monde touché par le péché. Le fonctionnement normal de
ces sphères apporte le ciment que demande une société stable et libre. Toute personne humaine se
trouve dans ces différentes sphères, soit en position d’autorité, soit sous autorité. L’Ecriture lui
fournit des indications claires quant à ses responsabilités dans chaque sphère, et selon la position
qu’elle y occupe. L’autorité au sein de chaque sphère est limitée par la relation sur laquelle est
fondée, et par les domaines légitimes de toutes les autres sphères. Elle ne doit pas empiéter sur
l’autorité des autres, chaque autorité étant souveraine dans sa propre sphère. L’Etat ne peut
s’immiscer dans les affaires de l’église et vice-versa; l’employeur dans un mariage, des parents dans
les familles des autres, etc.
La raison d’être des sphères d’autorité:
Toute autorité légitime existe pour le bien de ses subordonnés (non inférieurs), et est déterminée par
ses responsabilités envers eux. Celui qui exerce l’autorité est redevable à Dieu pour la façon dont il
l’exerce. Si d’une part, il exerce l’autorité dans une certaine sphère, il se trouve lui-même, en
même temps, sous autorité dans d’autres sphères. Personne n’est exclusivement en autorité. Peu
d’adultes sont exclusivement sous autorité. La séparation de ces pouvoirs est un garant de liberté.
L’autorité n’est pas du même type dans toutes les sphères. Seul l’Etat a le pouvoir du glaive pour le
maintient de l’ordre. L’autorité des parents est éducative, celle du conducteur de l’église locale est
pastorale, celle du mari est prévenante, celle de l’employeur est directive, celle de l’humain sur la
création est culturelle et protectrice. La meilleure façon de promouvoir le bien de la société,
consiste à assumer ses responsabilités personnelles au sein de ces sphères, que ce soit en position
d’autorité ou sous autorité:
Etre un officier civil consciencieux et juste (Deut.17:14-20), et/ou un citoyen soumis (Rom.13:1,7)
Etre un mari aimant et bienfaisant (Eph.5:25), ou une épouse respectueuse (Eph.5:33)
Etre un parent éducateur et à imiter (Eph.6:1,4), et/ou un enfant obéissant ou secourable (1 Tim.5:4)
Etre un conducteur dévoué de l’église locale (1 Pi.5:1-5), ou en être un adhérent fidèle (Act.2:42)
Etre un employeur équitable et doux (Col.4:1) ou un employé empressé (Eph.6:5-7): dans une
entreprise, une administration, un établissement scolaire, une oeuvre, etc.
Cultiver et protéger la création (Gen.1:26-28; 2:15): dans l’agriculture, l’élevage, l’artisanat,
l’industrie, la construction, l’économie, l’hygiène, la science, la technologie, l’art, la littérature, etc.
Les croyants authentiques, en tant que membres individuels de l’Eglise universelle, sont présents et
actifs dans ces six sphères d’autorité de la société humaine. C’est par leur action qu’ils favoriseront
l’extension du royaume de Dieu et la croissance de l’Eglise universelle. En tant qu’adhérents de
l’église locale ils doivent être particulièrement présents et actifs dans la vie communautaire de celleci. Cet engagement dans tous les aspects de la société humaine est tout le contraire de
l’individualisme ou d’une retraite.
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Les retombées sociales positives sont considérables quand un chrétien assume toutes ses
responsabilités personnelles dans chaque sphère: Il prie pour tous les chefs d’état pour qu’il y ait la
paix (1 Tim.2:2), il paie tous ces impôts (Rom.13:6), il respecte toutes les lois du pays (1 Pi.2:14), il
réussit son mariage (Eph.5:22-33), il a des enfants bien-élevés et croyants (Tit.1:6), il pourvoit aux
besoins de ses parents âgés (1 Tim.5:4,8,16), il soutient de ses biens les pauvres, les conducteurs et
les missionnaires de sa communauté et y exerce ses dons spirituels (Gal.6:6,10; Phil.4:15-18; 1
Pi.4:10,11), il paie un salaire juste à celui qui travaille pour lui (Jac.5:4), il travaille pour son
employeur comme pour le Seigneur (Eph.6:7), il entretient les terres (Lév.25:1-7), les plantes
(Deut.20:19) et les animaux (25:4) et se soumet la création par une activité scientifique,
technologique et artistique sous l’autorité de Dieu et selon les valeurs de l’Ecriture (Gen.1:26-28).
Les conséquences sociales pour son entourage, y compris pour les non-chrétien, en sont
considérables. L’église locale enseignera, formera et soutiendra ses propres adhérents pour qu’ils
assument leurs responsabilités individuelles dans chacune de ces sphère. En terre de mission, des
villages retirés, où on n’a jamais entendu parler de “justice sociale” ou de “théologie de la
libération”, connaissent une transformation économique et sociale quand les nouveaux Chrétiens
arrêtent de boire, travaillent, stabilisent leurs familles et agissent en citoyens responsables. Mais
l”Eglise ne s’époumonera pas à faire la morale sur toutes ces questions aux non-chrétiens. Elle
s’organisera encore moins en groupes de pression, en syndicats ou en partis prétendant parler au
nom du Christ, pour influencer les gouvernements.
Chercher à imposer au monde des incroyants un ordre social chrétien se fait, en général, au dépend
de la prise de ses propres responsabilités dans ces sphères, et s’avère socialement contre-productif.
Jésus apporte un enseignement moral touchant tous les aspects de la vie humaine. Il n’en tire
jamais des conclusions politiques et sociales. En attaquant de front les nombreux
dysfonctionnements de la société, des chrétiens ont rarement résolu ceux-ci. Au contraire. On
gravit parfois les échelons du pouvoir politique à coup de compromis, mais aux dépends d’une prise
en charge des problèmes concrèts au niveau local. Il arrive que des psychologues ou des conseillés
conjugaux fassent carrière, tout en négligeant leurs propres conjoints, au point de divorcer. Certains
pédagogues, à force de s’occuper des enfants des autres, ne peuvent empêcher les leurs de tourner
mal. Cléricaux et théologiens, se disputent les postes en vue de la hiérarchie institutionnelle et
académique, et voient se vider les lieux de culte et les facultés de théologie. Ecologistes et autres
protecteurs de l’habitat font les apprentis sorciers. En s’attaquant à un problème, ils en créent
d’autres.
Le croyant en Christ ne favorisera pas le bien-être général, sinon en tant que personne individuelle,
dans des situations particulières et concrètes. Refuser un rôle socio-politique pour la collectivité de
l’Eglise, ce n’est pas abandonner la société à son triste sort. Le royaume de Dieu présent ne vient
pas par l’exercice d’un pouvoir en vue de changer les structures sociales et politiques. Il s’étend
quand des hommes et de femmes sont réconciliés avec Dieu et commencent à suivre Jésus-Christ. Il
s’en suit, avec le temps, des changements sociaux et politiques incontestables et en profondeur.
Mais ceux-ci sont le fruit du royaume nouveau, non le moyen par lequel il est établi.
Le fondement des sphères d’autorité:
Ces fonctions d’autorité et leurs sphères respectives existent en vertu de la souveraineté de Dieu.
Elles ont été voulues par lui dans le but de rendre vivable l’existence de l’homme dans un monde
fracturé par le péché. Par contre, le règne effectif de Dieu sur la terre, c.à.d. le royaume de Dieu, se
manifeste par la présence et l’action des membres authentiques de l’Eglise universelle dans chacune
de ces sphères. Ceux-ci, ayant reconnu par la foi l’autorité de Dieu sur leur personne, ils deviennent
des agents pour étendre l’autorité agissante de Dieu, c.à.d. son royaume secret. Qu’ils soient en
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autorité ou sous autorité humaine, ils cherchent à se soumettre aux directives de la parole de Dieu
pour les positions qu’ils occupent. Même s’il le font de manière imparfaite, ils étendent d’avantage
le royaume de Dieu que ne le font ceux qui n’ont pas accepté son autorité. Ils sont et agissent dans
le monde, sans être du monde (Jean 17:14-18).
Les abus des sphères d’autorité:
Ces mêmes positions d’autorité et leurs sphères respectives (qui existent, nous le rappelons, en vertu
de la souveraineté de Dieu) peuvent aussi devenir des instruments et des domaines du royaume de
Satan. Le règne effectif du “dieu de ce siècle”, du “prince de ce monde” de “l’esprit qui agit
maintenant dans les fils de la rébellion” (Eph.2:2) se réalise dans toutes ces sphères par
l’intermédiaire de femmes et d’hommes insoumis à Dieu. Présents dans chaque sphère, des
personnes n’ayant pas accepté par la foi l’autorité du Christ, deviennent des agents pour étendre le
royaume usurpateur de Satan (Mat.12:26) et de ses esprits méchants et dominateurs (Eph.6:12). Les
autorités légitimes dans ces sphères, peuvent tout aussi bien être des personnages indignes
(Dan.4:17; Ezéch. 22:26-28): des magistrats injustes, des parents démissionnaires, des maris
égoïstes, des clercs immoraux, des employeurs acariâtres.
Dans ces cas, le croyant doit soumission et respect envers leur fonction, même si leur personne ne le
mérite pas (1 Sam.26: 9-11; Act.23:2-5). La raison en est qu’une autorité légitime, même mauvaise,
est préférable à l’anarchie et au chaos. L’empire romain n’était pas une démocratie et son empereur
était un despote, mais Paul écrit aux Romains de s’y soumettre (Rom.13). Cependant, celui dont
une autorité quelconque exigerait qu’il agisse contrairement à la parole de Dieu, doit obéir à Dieu
plutôt qu’aux hommes (Act.4:19; 5:29). Le croyant qui est victime malgré lui d’une autorité
abusive peut quitter la sphère en question pour une autre s’il le veut et le peut. Qu’ils soient en
position d’autorité ou sous autorité humaine, tous les hommes rebelles à Dieu sont du monde.
Le terrain neutre, le “no man’s land” où l’homme, prétendument autonome, serait son propre maître
n’existe pas. Jésus déclare: “Celui qui n’est pas avec moi est contre moi” (Luc 11:23). Il exige
cette prise de position radicale, immédiatement après avoir mis en opposition “le royaume de
Satan” (11:18) et “le royaume de Dieu” (11:20). Jésus dit à Paul que ceux qui ont la foi en lui
“passent de la puissance de Satan à Dieu” (Act.26:18). Paul témoigne à son tour: “Le Père nous a
délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils” (Col.1:13).
On sert toujours quelqu’un: Dieu, ou Satan. On sert Dieu dans les sphères d’autorité établies par lui
pour l’avancement de son règne et pour notre propre bonheur. Ou on sert Satan, dans ces mêmes
sphères, détournées par lui de leur but et dénaturées en sphères d’oppression, pour notre propre
malheur et celui des autres. Depuis la chute, des maris dominent leurs femmes (Gen.3:16), des
parents irritent et découragent leurs enfants (Col.3:20), des gouvernants oppriment leurs sujets (1
Rois 12), des chefs religieux tondent leurs troupeaux (Ezéch.34), des employeurs exploitent leurs
employés (Jac.5:1-6) et des hommes dévastent la nature (Zach.7:14). De même, la société se
désagrège par des citoyens séditieux (Mc.15:7), des épouses déloyales (Gen.27:6-16), des enfants
rebelles (Deut.21:18-21), des adhérents d’église contestataires (3 Jean 9,10), et des employés
indolents et revendicatifs (Col.3:22-25; Tit.2:9). De là, la désillusion généralisée quant au
“système”.
Les composantes des sphères d’autorité:
L’homme qui, à cause de son incrédulité, n’a pas encore été “arraché du présent monde mauvais”
(Gal.1:4), est encore “du monde”. Il mène sa propre vie dans ces différentes sphères d’autorité dans
un esprit d’indépendance et d’insoumission vis-à-vis de Dieu, sans toujours avoir conscience de se
trouver sous la puissance de Satan. Par conséquent, la société humaine actuelle a toujours deux
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composantes: ceux qui sont dans le royaume de Satan et par conséquent “du monde”, et ceux qui
sont dans le royaume de Dieu et également “dans le monde”, sans pour autant être “du monde”.
C’est une société mélangée. “Les fils du Mauvais” (Mat.13:25,38b) se trouvent dans le monde,
“parmi” les “fils du royaume” (13:24,38a). Et ces deux catégories d’hommes ne seront pas
physiquement séparées avant “la fin de l’ère” (13:40-43). Ils se trouvent même ensemble dans les
mêmes sphères d’autorité.
Le péché et Satan sont à la base de tous les dysfonctionnements de la société humaine. Le royaume
de Dieu et le royaume de Satan ne mettent donc pas en opposition le spirituel et le matériel, l’âme et
le corps, l’Eglise et la société, l’autorité du Saint-Esprit et celle de l’Etat, la foi et les oeuvres,
l’amour et la loi, mais “les fils du royaume” et “les fils du mauvais”. Les deux catégories de
personnes se trouvent ensemble face au spirituel (bon ou mauvais), dans la société, dans l’Etat, sous
les lois, dans les entreprises, dans les familles, dans les églises locales et dans le domaine matériel.
Mais ils abordent ceux-ci de façon diamétralement opposée: soit dans la soumission personnelle à
Dieu, soit dans l’indépendance vis-à-vis de lui et au service de Satan.
Les sociétés qui fonctionnent le mieux sont celles qui comptent le plus grand nombre de citoyens
authentiques du royaume de Dieu. Quand ceux-ci, qu’ils soient en autorité ou sous autorité, sont
disséminés dans les différentes sphères et se soumettent ne fut-ce qu’imparfaitement à l’autorité
effective de Dieu, toute la société en profite. La seule façon d’apporter des solutions durables aux
dysfonctionnements d’une société est de “faire des disciples du Christ” (Mat.28:19,20),
d’augmenter en cette société le nombre des citoyens authentiques du royaume de Dieu qui
observent tout ce que Jésus a commandé. Mais en même temps d’y réduire le nombre des adeptes
de Satan. Mais comment le faire? Jésus expliquait à Paul le but de son élection: “Je t’ai
choisi...pour que les païens passent des ténèbres à la lumière, de la puissance de Satan à Dieu”
(Act.26:17-18). A quoi sert-il de marteler devant un monde sécularisé, islamisé ou païen, que toute
la création dans tous ses aspects est sous la souveraineté du Christ, si personne ne passe d’un
royaume à l’autre? Si, dans le monde, on n’augmente pas le nombre des “enfants de Dieu” (1 Jean
3:10a) tout en réduisant, par la régénération, le nombre des “enfants du diable” (3:10b).
La solution n’est pas de “christianiser”, d’imposer une culture, de faire des chrétiens sociologiques.
Ils risquent de n’être que des gens éduqués, religieux, cultivés, captivants, puissants et influents,
mais mauvais. Ce qui ne fait qu’augmenter leur capacité de nuire. On aura traité les symptômes, en
surface, sans toucher à la racine, à la cause du mal. Les vrais disciples de Jésus, son royaume
secret, loin d’abandonner la société à son sort, sont partout présents en personne, et actifs dans ses
différentes sphères. Ils sont le sel de la terre qui imprègne imperceptiblement toute une société et
freine la corruption. Ils sont la lumière du monde, non pour mettre à jour et démasquer toutes les
injustices de la société humaine, mais parce que leurs bonnes oeuvres luisent devant les hommes,
qui voient celles-ci et en glorifient le Père (Mat.5:13-16). Les incroyants, glorifient-ils Dieu à cause
des propos moralisateurs des gens d’Eglise et à cause de l’exercice du pouvoir par des partis
politiques chrétiens? Mais quand donc, le royaume de Dieu présent, n’est-il plus en situation
légitime et stratégique dans le monde, pour devenir illégitime et banal comme une simple partie du
monde? Réponse: “Quand il cesse d’être “secret”, c.à.d. quand le monde lui reconnaît un statut de
royaume, quand il devient un pouvoir, quand il incarne un avoir”, quand il frappe les regards.
74
APPENDICE
SOUVERAINETE DE DIEU ET ROYAUME DE DIEU
Il est indispensable de constater la distinction que fait l’Ecriture entre ces deux notions. Dieu est
souverain depuis toujours sur tout ce qu’il a créé par sa Parole, mais la plénitude de son règne doit
encore venir: “Que ton règne vienne” (Mat.6:10). Cette prière est absurde si son règne est identique
à sa souveraineté. Celle-ci est une réalité depuis toujours. Mais tous ne se sont pas encore soumis à
son règne: “Nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises”
(Héb.2:8). Méconnaître cette distinction a créé certains malentendus quant au royaume de Dieu.
La souveraineté de Dieu
Le royaume de Dieu
(1) EST INFINIE, SANS LIMITE
(1) EST FINI, A DES LIMITES
“L’Eternel dit: Je suis le Dieu Tout-Puissant” “L’Eternel dit à Samuel: Ecoute la voix
(Gen.17:1). “Job répondit à l’Eternel et dit: du peuple...car ce n’est pas toi qu’ils
Je reconnais que tu peux tout” (Job 42:2). rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin
“Rien n’est impossible à Dieu” (Luc 1:37). que je ne règne plus sur eux” (1 Sam.
8:7). “Ceux qui me disent: Seigneur,
“L’Eternel est grand, notre Seigneur est
Seigneur! n’entreront pas tous dans le
au-dessus de tous les dieux. Tout ce que
royaume des cieux” (Mat.7:21). “Le Fils
l’Eternel veut, il le fait, dans les cieux et sur de l’homme enverra ses anges, qui
75
la terre” (Ps.135:5,6). “Le seul souverain, arracheront de parmi son royaume tous
le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs... les scandales et ceux qui commettent
à qui appartiennent l’honneur et la puissance l’iniquité” (Mat.13:41). On peut s’exclure
éternelles” (1 Tim.6:15,16). Rien, ni homme et être exclu du royaume de Dieu.
ni ange n’échappe à la souveraineté de Dieu.
(2) EST DE TOUTE ETERNITE
(2) EST SITUE DANS LE TEMPS
“Ton règne est un règne de tous les siècles, “Et maintenant vous pensez triompher
et ta domination subsiste dans tous les âges” du royaume de l’Eternel, qui est entre
(Ps.145:13). “Eternel, tu règnes à jamais;
les mains des fils de David” (1 Chron.
ton trône subsiste de génération en
13:8). “La loi et les prophètes ont
génération (Lam.5:19). “Au roi des
subsisté jusqu’à Jean; depuis lors,
siècles...” (1 Tim.1:17). “Dieu qui de toute le royaume de Dieu est annoncé” (Luc
éternité est assis sur son trône” (Ps.55:20). 16:16). “Il faut qu’il règne jusqu’à ce
Elle transcende le temps et l’histoire.
qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses
pieds” (1 Cor.15:25). Il est historique.
(3) EST COSMIQUE, OMNIPRESENTE (3) EST SITUE DANS L’ESPACE
“A toi, Eternel, la grandeur,...le règne, car tu “L’Eternel a choisi mon fils Salomon
t’élèves souverainement au-dessus de tout! pour le faire asseoir sur le trône du
C’est toi qui domines sur tout, c’est dans ta royaume de l’Eternel, sur Israël”
main que sont la force et la puissance” (1 Chr. (1 Chron.28:5). “Le royaume des cieux
29:11,12). “L’Eternel a établi son trône dans est semblable à un homme qui a semé
les cieux, et son règne domine sur toutes
une bonne semence dans son champ...
choses”(Ps.103:19). “Le Très-Haut...dont
Le champ, c’est le monde” (Mat. 13:
la domination est éternelle et dont le règne
24,38). “Notre Père...Que ton règne
subsiste...Il agit comme il lui plaît avec
vienne; que ta volonté soit faite sur la
l’armée des cieux et avec les habitants de la terre comme au ciel” (Mat.6:10).
terre (Dan.4:34,35).
(4) TIENT A LA CREATION
(4) TIENT A LA REDEMPTION
“Malheur à qui conteste avec son créateur!... “Tu diras aux enfants d’Israël: Vous
L’argile dit-elle à celui qui la façonne: Que avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et
fais-tu?” (Esa.45:9). “Le Dieu qui a créé
comment je vous ai amenés vers moi...
l’univers et tout ce qui s’y trouve, lui...est le Si vous gardez mon alliance, vous
Seigneur du ciel et de la terre” (Act.17:24).
m’appartiendrez; vous serez pour moi
“Qui résisterait à sa volonté?...L’ouvrage
un royaume de sacrificateurs” (Ex.19:
va-t-il dire à l’ouvrier: Pourquoi m’as-tu
3-6). “Le Père nous a transportés dans
fait ainsi? (Rom.9:19,20 TOB).
le royaume de son Fils, en qui nous
avons la rédemption” (Col.1:13,14).
“Tu as racheté pour Dieu par ton sang
des hommes de toute tribu; tu as fait
d’eux un royaume” (Apoc.5:9,10).
(5) FONDE LA JUSTICE
(5) EST MARQUE PAR LA JUSTICE
“Ton trône, ô Dieu, est à toujours; le sceptre “Le royaume de Dieu...c’est la justice...
de ton règne est un sceptre d’équité. Tu
par le Saint-Esprit” (Rom.14:17). “Je
aimes la justice, et tu hais la méchanceté”
susciterai à David un germe juste; il
(Ps.45:7,8). “Justice et droit: voilà les
régnera en roi...il pratiquera la justice et
bases de ton règne” (Ps.89:15 FC).
l’équité dans le pays” (Jér.23:5).
“L’Eternel règne à jamais, il a dressé son
“Cherchez d’abord le royaume et la
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trône pour le jugement; il juge le monde
avec justice” (Ps.9:8,9).
justice de Dieu” (Mat.6:33).
(6) EST IRRESISTIBLE ET
(6) EST OPPOSE ET CONTESTE
INCONTESTABLE
PAR LE ROYAUME DE SATAN
“Job répondit à l’Eternel:...Rien ne
“Jésus leur dit: Tout royaume divisé
s’oppose à tes pensées” (Job 42:2). “Qui
contre lui-même est dévasté...Si Satan
es-tu, donc, homme pour contester avec
chasse Satan, il est divisé contre luiDieu? (Rom.9:20). “Il n’y a personne qui
même; comment donc son royaume
résiste à sa main et qui lui dise: Que fais-tu? subsistera-t-il?...Mais si c’est par
Dan.4:35). “Eternel, n’es-tu pas Dieu dans
l’Esprit de Dieu que je chasse les démons,
les cieux, et n’est-ce pas toi qui domines sur le royaume de Dieu est donc venu vers
tous les royaumes des nations...qui as en
vous” (Mat.12:25-28). “Le Père nous a
main la force et la puissance, et à qui nul
délivrés de la puissance des ténèbres et
ne peut résister?” (2 Chron.20:6).
nous a transporté dans le royaume de son
Fils bien aimé” (Col.1:13). “Il y avait
sur la tête de ces sauterelles comme une
couronne...Elles avaient sur elles comme
Roi l’ange de l’abîme nommé Abaddon
...et ...Apollyon” (Apoc.9:7,11).
(7) ETABLIT ET INSTITUE LES
(7) A COMME REGENTS DES
AUTORITES CIVILES
CONDUCTEURS SPIRITUELS
“C’est Dieu qui établit les rois” (Dan.2:21). “J’établirai sur mes brebis un seul berger,
“Le Très-Haut domine sur le règne des
mon serviteur David; il les fera paître, il
hommes et il le donne à qui il lui plaît” (4:25). sera leur pasteur” (Ez.34:23). “Celui
“Les autorités qui existent ont été instituées qui observera ces commandements, et
de Dieu...Celui qui s’oppose à l’autorité
qui enseignera à les observer, celui-là
résiste à l’ordre que Dieu a établi...Les
sera appelé grand dans le royaume des
magistrats sont des ministres de Dieu”
cieux” (Mat.5:10). “Jésus donna aux
(Rom.13:1,2,6). “Jésus répondit à Pilate:
douze pouvoir et autorité sur tous les
tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne
démons...Il les envoya prêcher le
t’avait été donné d’en haut” (Jean 19:11).
royaume de Dieu, et guérir les malades”
“Eternel,...c’est toi qui es le seul Dieu de
(Luc 9:1,2). “Je dispose du royaume en
tous les royaumes de la terre” (2 Rois 19:
votre faveur...afin que vous soyez assis
15).
sur des trônes, pour juger les douze
tribus d’Israël” (Luc 22:29,30).
Le calvinisme a parfois tiré des conclusions injustifiées sur le caractère politique du royaume de
Dieu actuel, en ne respectant pas la distinction entre souveraineté et royaume. Il est certain que rien
n’échappe à la souveraineté de Dieu, y compris le domaine politique. Il ne suit pas que
l’enseignement de l’Ecriture sur la forme présente du royaume de Dieu confère à celui-ci un
caractère ou un rôle politique.
77
SOMMAIRE
INTRODUCTION
1. LES PHASES DU ROYAUME DE DIEU
2. LA FORME PRESENTE DU ROYAUME
3. LA VENUE DU ROYAUME
4. DOMAINE ET ETENDUE DU ROYAUME
5. L’ACCES AU ROYAUME DE DIEU
6. LES ADVERSAIRES DU ROYAUME
7. LES CARACTERISTIQUES DU ROYAUME
8. LES RESPONSABILITES DES CITOYENS DU ROYAUME
9. LES RANGS DANS LE ROYAUME DE DIEU
10. LES BENEDICTIONS DU ROYAUME
78
11. L’EGLISE UNIVERSELLE EST LE ROYAUME DE DIEU
12. ROYAUME DE DIEU ET SPHERES D’AUTORITE
APPENDICE: SOUVERAINETE DE DIEU ET ROYAUME DE DIEU

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