« Par-dessus tout cela, qu`il y ait l`amour »

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« Par-dessus tout cela, qu`il y ait l`amour »
Homélie de Monseigneur Gérald Cyprien Lacroix
Évêque auxiliaire à Québec et Administrateur diocésain
lors de la célébration de
LA SAINTE FAMILLE DE JÉSUS, MARIE ET JOSEPH
Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec,
Québec, 26 décembre 2010
« Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour »
Très chers frères et sœurs,
En ce dimanche qui suit le Noël du Seigneur, nous célébrons avec joie la Sainte Famille
de Nazareth, celle de Jésus, Marie et Joseph.
Le contexte est très adapté, car Noël est par excellence la fête de la famille. Les nombreuses traditions et coutumes sociales bien enracinées chez-nous, en particulier l'habitude de se
réunir en famille pour les repas de fête ainsi que pour les vœux et l'échange de cadeaux, nous le
démontrent bien. Comment ne pas souligner également qu'en cette circonstance, les difficultés et
la douleur provoquées par certaines blessures familiales sont amplifiées ?
Jésus a voulu naître et grandir dans une famille humaine. Il a eu pour mère la Vierge
Marie et Joseph a été un père pour lui. Ils l'ont élevé et éduqué dans un immense amour. La famille de Jésus mérite véritablement le titre de "sainte", car elle est entièrement habitée par le désir
de faire la volonté de Dieu et de vivre comme Dieu, dans l’amour.
D'une part, c'est une famille comme toutes les autres et, en tant que tel, un modèle
d'amour pour les époux, de collaboration, de sacrifices, de confiance dans le Seigneur, de travail
et de solidarité. En bref, de toutes les valeurs que la famille préserve et promeut, en contribuant à
former le tissu de chaque société. Mais en même temps, la Famille de Nazareth est unique, diffé-
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rente des autres, à cause de sa vocation particulière liée à la mission de Jésus, le Fils de Dieu.
Précisément en vertu de ce caractère unique, elle indique à chaque famille, et en premier lieu aux
familles chrétiennes, le plan de Dieu et le comment vivre la recherche de la volonté de Dieu,
l’accueil et la place de Jésus au sein de leur famille. Pour tout cela, nous rendons grâce à Dieu
aujourd'hui mais également à la Vierge Marie et à saint Joseph qui, avec tant de joie et de disponibilité, ont coopéré au dessein du Seigneur de sauver l’humanité.
Nazareth est l’école où nous commençons à comprendre la vie de Jésus, l’école de
l’Évangile. Ici, nous apprenons à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification si
profonde et si mystérieuse de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de
Dieu.
Chers amis, qu’il est bon de contempler longuement la scène de la crèche de Bethléem et
de laisser partir notre imagination pour penser à la vie humble et discrète de cette Sainte Famille.
Trente années vécues dans l’ordinaire de la vie quotidienne. Il n’y avait pas d’iPod, pas de téléviseur avec 164 canaux à pitonner, pas de console Wii, pas de grandes vacances dans le sud, mais il
y avait une forte dose d’amour qui circulait entre les membres de cette famille. Chacun cherchait
à vivre dans le respect de l’autre. Voilà le secret de la Sainte Famille. Dans cette famille, on vivait au quotidien la recommandation de saint Paul : « Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour ».
Dans l'évangile de ce dimanche, nous voyons une famille unie et solidaire dans l’amour
autour de l'enfant qu'il faut protéger à tout prix, afin qu’il vive, qu’il grandisse et accomplisse sa
mission. Dieu le Père aurait facilement pu confier ce qu’il avait de plus précieux, son Fils Jésus,
son unique, à une armée sur terre pour le protéger, ou à des gardes du corps pour éviter qu’on
s’en prenne à lui. Mais non, il a plutôt choisi de le voir naître au sein d’une famille humaine.
Dieu a mis sa confiance dans une maman, un papa ; que c’est beau et merveilleux. Quelle est
grande cette confiance de notre Dieu envers la famille. Aujourd'hui encore, il confie à des
femmes et des hommes fragiles ces trésors que sont les enfants. Alors comment ne pas penser
aux personnes dont la vie est menacée, celles qui sont victimes des guerres, de la famine, des
violences et de mauvais traitements ou par le manque de soins, le manque d'amour et d'affection.
En nous révélant la grandeur et la fragilité de l'Enfant Jésus, Noël nous invite à nous
soucier de chaque enfant. Nous sommes appelés à tout faire pour que chacun puisse grandir sans
danger et s'épanouir dans la joie. A travers tous ces enfants qui subissent toutes sortes d'épreuves
douloureuses, c'est le Christ qui attend notre amour. Il est toujours du côté des petits, des pauvres
et des exclus.
Voilà cette famille de Jésus, Marie et Joseph ; mais plus tard, le Christ nous révèlera
qu'il fait partie d'une autre Famille, celle de Dieu Père, Fils et Esprit. Sa mission sera de ramener
tous les hommes et toutes les femmes vers le Père et de nous faire entrer dans l’amour de cette
grande Famille. Au jour de notre baptême, nous avons été introduits dans la Famille de Dieu.
Nous avons été immergés dans cet océan d'amour qui est en Lui. Nous sommes invités à marcher
tous les jours vers ce monde nouveau que Jésus appelle le Royaume de Dieu. Tout cela vient
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nous rappeler que la fête de la Sainte Famille, c'est aussi la nôtre car nous en faisons tous partie.
Les textes de la Parole de Dieu nous proposent de précieux conseils pour que la vie de
nos familles ressemble de plus en plus à celle de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph.
Nous aurions avantage, vous et moi, à relire ces textes et à voir comment nous pourrions mieux
en vivre dans notre propre famille.
Pour certains, ce sera de développer ce que Ben Sirac le Sage nous présente dans la première lecture, honorer avec un respect plus profond nos parents et grands-parents : « Même si son
esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force ». (Si 3, 13) SaintPaul suggère de précieux conseils, très pertinents pour notre vie en famille : « Revêtez votre cœur
de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement, et
pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même. Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour. » (Col 3, 12-14) Et dans l’Évangile
de ce jour, à deux reprises, l’ange du Seigneur dit à Joseph : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa
mère ». Quelle belle invitation pour Joseph mais pour nous aussi afin que nos familles soient
saintes, qu’elles vivent et respirent la vie, l’amour, l’unité. Alors, prenons l’Enfant Jésus et sa
Mère chez-nous. Vivons comme la Sainte Famille, en cherchant toujours à conserver l’amour, à
vivre en présence de Dieu, en accomplissant sa volonté.
Que la Sainte Famille, qui a dû surmonter plusieurs épreuves douloureuses, veille sur les
familles du Diocèse de Québec, sur nos familles québécoises et sur toutes les familles du monde,
en particulier sur celles dont les conditions sont difficiles. Qu'elle aide également les personnes
de d’autres cultures et les responsables politiques à défendre l'institution familiale fondée sur le
mariage et à la soutenir pour affronter les grands défis du temps présent.
Vivons ce jour de la Fête de la Sainte Famille dans l’action de grâce. Comme nous y invite saint Paul, « Que la parole du Christ habite en nous dans toute sa richesse… chantons à
Dieu, dans nos cœurs, notre reconnaissance… ». (Col. 3, 16) Et surtout, rappelons-nous « par dessus tout cela, qu’il y ait l’amour » (Col. 3, 14).
† Gérald Cyprien Lacroix
Évêque auxiliaire à Québec
Administrateur diocésain