Paris, le 20 novembre 2001

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Paris, le 20 novembre 2001
Frais, élégant, harmonieux, parfois charnu, voilà qui qualifie assez bien le millésime 2014
à Bordeaux
2014 est un vrai beau millésime, réussi grâce à une arrière-saison exceptionnelle. Un mois de septembre
chaud et sec qui a clairement servi les Cabernets, à maturité tardive. Les plus grandes réussites sont donc
dans le Médoc, terre du Cabernet Sauvignon. Les Merlots de la rive droite ne déméritent pas mais leur
maturité précoce ne leur a pas permis de profiter pleinement des journées ensoleillées de septembre.
De façon plus détaillée, voici, appellation par appellation, les vins qui me semblent les plus intéressants
sur ce nouveau millésime :
Saint-Emilion :
Incontestablement l'appellation la plus hétérogène cette année. Deux propriétés semblent vraiment la
dominer, Ausone, dense, limpide et précis et Tertre Roteboeuf, dans son style si particulier, fumé, velouté
et tellement long. Il faut aussi noter le Belair Monange de Christian Moueix, un grand vin, charnu et
mentholé et la pépite Troplong Mondot qui, année après année impressionne un peu plus.
Les Domaines de l'appellation que conseille Stéphane Derenoncourt se démarquent également avec 4
réussites majeures, Clos Fourtet, La Gaffelière, Tour Figeac et Larcis Ducasse.
Pomerol :
Une belle homogénéité sur l'ensemble du cru et même quelques surprises très agréables comme La Grave
ou La Pointe. Chez les cadors, Petit Village est réussi, dense et crémeux, l'Evangile est très juste,
parfaitement harmonieux mais la palme de toute la rive droite (et c'est tout sauf une surprise) va à Château
Le Pin, cette merveille de 4 hectares domine tout le monde par sa pureté, sa fraicheur et sa longueur.
Margaux :
Dans cette large appellation Médocaine, les réussites sont diverses et variées. Château Margaux domine
comme toujours le cru, même si cette année les 1ers de Pauillac lui semblent supérieurs. Pavillon Rouge,
dans un style plus immédiat et assez floral est une vraie réussite. Palmer occupe bien la place de dauphin
sur l'appellation mais le vin progresse encore cette année vers plus de pureté et de profondeur. Il faut noter
également le très haut niveau de leur second vin, alter Ego. Les autres vins à ne pas manquer sont
Giscours, mur et parfaitement équilibré, Rauzan Régla, dans son style tellement élégant et féminin et Brane
Cantenac, une valeur sure. A noter également Malescot Saint-Exupéry et Marquis de Terme.
Saint-Julien :
Une nouvelle fois cette année, Saint-Julien impressionne dans le Médoc, par la grande qualité de ses vins
mais surtout par une homogénéité redoutable sur l’ensemble de l’appellation. Beychevelle a
incontestablement élaboré un de ses plus grands millésimes cette année, Barton est magnifique, toujours
dans la fraicheur et la pureté, Poyferré est aussi très réussi, dans un style un peu plus large et plus massif.
Saint Pierre progresse encore et gagne en profondeur mais incontestablement le plus grand vin de SaintJulien en 2014 est Ducru-Beaucaillou, un vin complet, dense, structuré et frais, clairement dans mon Top 3
du millésime.
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Pauillac :
Ici on retrouve évidemment plusieurs réussites majeures mais l'appellation est moins homogène qu'à SaintJulien. Clerc Milon, Pichon Baron, Lynch-Bages ou Armailhac sont de très beaux vins juteux et charnus.
Latour est à mon sens le plus réussi des 1ers, avec cette petite austérité que l'on attend (et apprécie) dans
un si grand vin jeune, Lafite est lui plus accessible, nettement plus agréable immédiatement mais peut-être
moins taillé pour la garde. Mouton semble être à mi-chemin, concentré mais avec des tannins assez fondus.
Enfin, et comme c’est souvent le cas depuis une dizaine d’années maintenant, le vin qui me semble le plus
abouti de l'appellation, par son éclat, sa chair, son équilibre et sa profondeur est le Château Pontet Canet
d'Alfred Tesseron. Jean-Michel Comme qui mène la partie technique de la propriété, semble tirer la
quintessence de son terroir magique pour élaborer sur chaque millésime un vin assez exceptionnel.
Saint-Estèphe :
Le nord du Médoc profite évidemment des mêmes conditions estivales qui ont permis de rentrer les
cabernets sous le soleil jusqu’à la mi-octobre. Montrose est très réussi, mentholé, pur, droit, dans son style
toujours un peu austère. Calon Ségur est une merveille. Elégant, avec un grain de tannins d'une finesse
absolu, il ne faudra absolument pas le manquer. Phélan-Ségur semble également incontournable. Structuré,
charnu, c'est incontestablement un beau vin de garde.
Pessac-Léognan :
Si les Cabernets des Graves sont, dans leur ensemble, plutôt réussis cette année (nettement inférieurs aux
vins du Médoc tout de même) c'est surtout une très belle année de blancs.
J'ai particulièrement aimé dans son style si fin et tellement élégant Haut-Bailly, et comme depuis plusieurs
années maintenant Malartic-Lagravière et ce dans les deux couleurs, le blanc étant ici tellement frais et
délicieusement aromatique, bien loin des vins spectaculaires et exubérants que l'on trouve souvent dans la
région. En blanc, Smith Haut Lafitte, Pape Clément et Domaine de Chevalier sont également remarquables.
Quant aux vins de Haut Brion, s’ils sont encore tellement serrés et en dedans, ils seront assurément taillés
pour la garde, Mission blanc (ex Laville) étant un exemple d'équilibre.
Pierre Bérot, 10 avril 2014
Directeur Département Vins - Taillevent
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