Travaux des BTS AM 2 Exposition Diane ARBUS

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Travaux des BTS AM 2 Exposition Diane ARBUS
Département Economie
et société
Correspondant: Béatrice PAULY-LAUBRY
Pour la première rétrospective en France de la photographe
américaine Diane Arbus présentée au Jeu de Paume (janvier 2012), des étudiants du supérieur ont pu approcher les
clichés de l’artiste, cela sous divers angles. De même, certains ont été sollicités pour visiter une exposition portant sur «le
rôle des femmes dans les pays émergents».
Ces sorties, organisées par un professeur d’économie du Lycée Teilhard de Chadin, sont en réalité à l’origine de la création
d’un Département Economie et société qui se développera
au sein du Pôle culturel. Il a pour fonction de regrouper des
travaux documentés produits par des lycéens et étudiants et
réalisés d’après «des choses vues» lors de sorties ou manifestations culturelles organisées par les enseignants et pouvant relayer les problèmatiques rencontrées dans les sciences
économiques et sociales.
Le Pôle culturel présente: d’une part le bilan de la sortie qui a
intéressé le rôle et l’image des femmes dans les pays emergents et d’autre part la production rédigée et le point de vue
esthétique de trois étudiantes de BTS2 AM d’après les clichés de Diane Arbus.
A la découverte du rôle des femmes dans les pays émergents
à travers deux activités, un film, une expo photo
Sortie du 22 novembre 2011 avec les BTS2A
Film « Laïcité inch’allah » de Nadia El Fani - Sorti en salle en 2011
Par Béatrice PAULY-LAUBRY Professeur d’économie
Résumé public: Août 2010, en plein Ramadan sous Ben Ali et malgré la chape de plomb de la censure, Nadia El Fani filme une Tunisie qui semble ouverte au principe de liberté de conscience et à son rapport à l’Islam… Trois mois plus tard, la Révolution Tunisienne
éclate, Nadia est sur le terrain. Tandis que le Monde Arabe aborde une phase de changement radical, la Tunisie, ayant insufflé le
vent de révolte, est à nouveau le pays laboratoire quant à sa vision de la religion. Et si pour une fois, par la volonté du peuple, un
pays musulman optait pour une constitution laïque ? Alors, les Tunisiens auraient vraiment fait «La Révolution».
Bilan et analyse: Nadia El Fani, se définit comme laïque et féministe. De père tunisien musulman et de mère française catholique,
cette journaliste franco-tunisienne, bilingue français-arabe, est parti à la rencontre des tunisiens, quelques mois avant la révolution du
printemps arabe, pour sonder l’état de l’opinion sur la laïcité. Sentant monter la force de la religion, l’islam, dans le pays, elle s’inquiète
du droit des autres religions et des athées d’exister publiquement, notamment pendant le Ramadan. C’est donc en plein Ramadan
du mois d’août 2010 qu’elle filme les rues de Tunis, nous montrant durant la journée des rues désertes, et autant d’endroits cachés,
bar et restaurants, où les hommes vont néanmoins, contre les interdits, boire, fumer et manger. On n’y voit pas de femmes puisqu’il
est plus grave pour une femme de braver publiquement les interdits que les hommes. Ce qu’elle fera néanmoins avec un groupe
d’amis pour soutenir des jeunes marocains en organisant comme eux un dé-jeuner (littéralement, qui rompt le jeune) pique nique
sur la plage, ce qui avait été empêché par les autorités marocaines de Casablanca.
Nadia El Fani n’a peur de rien : elle s’avance dans les marchés caméra au poing pour filmer malgré les interdits des derniers mois
de l’époque Ben Ali. Elle fume et boit de la bière fraiche dans les cafés, comme autant de défis aux islamistes avec qui nous dit-elle
« entre eux et moi c’est la guerre » ! Puis elle montre quelques mois plus tard dans l’agitation de la révolution, les défilés des islamistes, où « il n’y a que des hommes » constate-elle, inquiète. Cette combattante acharnée nous révèle à travers les conversations
avec ses amis et ses reportages dans la rue, le constat de la montée irréversible de la religion comme socle social du pays, devenant affaire publique, contrairement au principe même de la laïcité pour qui la religion est une affaire privée. Laïcité va avec liberté,
liberté de croire ou de ne pas croire. Quand la religion devient affaire publique, la liberté est remise en cause. C’est le sens d’un
débat qu’elle organise avec d’autres citoyens et intellectuels, à Tunis pour la défense de la laïcité comme principe inconditionnel de
la démocratie. Ce documentaire vivant, à taille humaine, reflet d’une inquiétude légitime d’une femme qui se bat pour la liberté, a été
visionnaire puisque aux premières élections libres de Tunisie en octobre dernier, le partie Ennahda1 des islamistes est arrivé en tête.
Mais les femmes démocrates tunisiennes l’ont fait savoir : elles n’accepteront aucune régression les concernant.
http://www.youtube.com/watch?v=9we1m86Qj0I
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Derrière Ennahda, prés d 40% des suffrages, deux partis de gauche. Ettakatol, emmené par le médecin et ancien opposant Mustapha Ben Jaffar, “ 15%. Et le Congrès pour la république (CPR) de Moncef Marzouki, qui a réalisé une percée surprise, obtenant aussi entre15
et 16% des voix. Laminé avec entre 8 et 10% des voix, le Parti démocrate progressiste (PDP) fondé par Ahmed Néjib Chebbi a pris acte de sa
défaite . Source : AFP, le 24/10/2011. Depuis Ennahda et les deux partis de gauche, CPR et Ettakatol, sont tombés d’accord sur le trio qui dirigera le pays pour une période intérimaire. La présidence de la République reviendra à Moncef Marzouki, membre du CPR, celle de l’Assemblée constituante à Mustapha Ben Jaafar (Ettakabol) et la direction du gouvernement à Hamadi Jebali (Ennahda). Tous les trois sont d’anciens
opposant au régime de Ben Ali. Source AFP, novembre 2011.
Exposition de photo « Elles changent l’Inde » 100 photos pour la liberté de la presse,
au Petit Palais.
Résumé public: C’est la première fois que Reporters sans frontières publie un album consacré à
un pays. Pour illustrer l’Inde, Reporters sans frontières présente les clichés de six immenses photographes de l’agence Magnum Photos : Alessandra Sanguinetti, Martine Franck, Alex Webb, Olivia
Arthur, Patrick Zachmann et Raghu Rai. Tous ont passé plusieurs semaines sur place pour saisir
le rôle des femmes dans les bouleversements en cours. Cet album offre des images magnifiques
qui sont autant d’hommages à ces femmes qui occupent une place stratégique dans l’évolution
de l’Inde. Commentaire personnel: Après la force de frappe d’une femme engagée dans le combat pour
la laïcité, nous avons pu découvrir la très belle exposition photo du Petit Palais sur les femmes
entrepreneurs en Inde. Chacun devait choisir une photo et montrer la manière dont les femmes
participent au développement de leur pays.
J’ai choisi deux photo d’une même personne : ARUNA ROY, militante politique et membre fondateur du Mazdor Kisan Shakti Sangathan, une organisation rassemblant les travailleurs pauvres au
Rajasthan.
« Le plus grand défi d’un militant ? Continuer à espérer envers et contre tout. Croire aux utopies,
malgré ce qu’en disent les cyniques de tous bords ».
Assise en tailleur sur son lit, un journal à la main, un stylo dans l’autre, elle regarde au loin avec
la détermination de la militante au quotidien, rêvant le temps d’une pause dans sa lecture. Agée
d’une soixantaine d’années, les cheveux gris ramenés en arrière, un beau visage doté de grandes
lunettes, avec le troisième œil, elle dégage la sérénité de l’expérience.
La deuxième photo la montre avec un homme assis sur le rebord du lit, elle debout un doigt sur
le menton dans une pause songeuse, drapée d’un beau sari rose, et cet homme qu’on devine
être son mari la regarde en levant sa tête vers elle dans un mouvement où l’on devine toute sa
tendresse et son admiration. Derrière leur lit un grand tissu qui représente l’arbre de vie.
Ce qui est beau dans ses deux photos, c’est de montrer l’intimité de cette militante, seule ou avec
son mari, qui reste, jusque dans sa chambre, songeuse à ses engagements.
Je voudrai aussi citer la photo de SIVAKAMI, écrivain et représentante politique des « Dalits », ou
« Intouchables », terme qui désigne les opprimés, exclus du système des castes. Par son action,
elle donne la parole aux marginalisés et laissés pour compte.
« Chaque jour je travaille pour que les femmes de tous horizons sociaux aient le même accès à la
politique »
On la voit vêtue d’un sari rouge et or, assise devant une de ses affiches politiques, probablement
pendant un meeting ou une campagne politique, l’air d’une femme forte et sure d’elle, pleine de
courage et de détermination. Ce qui est magnifique dans son travail c’est de donner la parole aux
plus faibles d’entres les plus faibles, les intouchables, citoyens de troisième, quatrième zones en
Inde. Et de le faire par les femmes, et par la politique. C›est-à-dire par deux vecteurs a priori contradictoires, puisque les femmes ont été parmi les intouchables les plus opprimées, et la politique est
un exercice de prise de pouvoir souvent exercé par les hommes.
Ce qu’on voit ici à travers ces 2 femmes en particulier, mais aussi à travers toutes celles qui travaillent
à leur propre liberté au quotidien, c’est qu’on a beaucoup de choses à apprendre de ces femmes
indiennes, courageuses et déterminées, face à l’adversité, à l’heure où le sexisme reprend du poil
de la bête dans les entreprises françaises, et où après 20 ans de progrès et de libération, (années
70-80) on assiste, médusés, à 20 ans de régression (années 90-10) et au retour de la domination
masculine (comme le montrait le très bon documentaire du canadien Patrick jean « La domination
masculine » que nous étions allé voir en 2007).
Exposition Diane Arbus
trois regards esthétiques
trois interprétations
trois étudiantes de Teilhard
DIANE ARBUS
Virginie MORELON BTS AM 2
«J’avais toujours pensé que la photographie était une occupation diabolique. C’était là un de mes sujets de
réflexion favoris, et je me suis sentie vraiment perverse la première fois où je m’y suis livrée.» (Diane Arbus)
« Jeune homme en bigoudi chez lui. 20ème siècle. »
J’ai décidé de choisir le sujet des travestis, car durant mon
voyage à New York (Avril 2007) j’ai eu l’opportunité de croiser
plusieurs travestis qui se promenaient dans la rue (perruque,
manteau en fourrure..). J’ai donc voulu faire le lien entre mon
expérience et l’exposition de Diane Arbus du 10.01.2012.
New York est la ville de la diversité, d’un melting-pot dans tous
les sens du terme (religions, styles de vies…)
« Les travestis » est un thème courant pour Diane Arbus. En
effet, nous avons pu observer plusieurs photos à ce sujet durant l’exposition.
Les travestis sont principalement pris en photos durant leur
transformation.
Diane Arbus appréciait et était fascinée par les personnes qui
choisissaient leur mode de vie et qui s’investissaient pleinement.
Elle trouvait qu’ils avaient une force de croire en ce qu’ils défendaient et surtout avaient l’audace de l’imposer à leur environnement en ce temps là.
En règle générale, les photos de Diane Arbus ne sont pas recadrées car pour elle s’était une question d’honnêteté envers
les spectateurs.
« Jeune homme en bigoudi chez lui. 20ème siècle. »
DIANE ARBUS
Lory NEVEU BTS AM2
Fille blonde avec rouge à lèvre brillant », New York City, 1967
Cette photographie représente le visage d’une jeune femme, blonde, très maquillée. Ses
yeux sont entourés de noir et elle porte un rouge à lèvre brillant : en d’autre termes ce qui
ressort le plus de ce portrait c’est le maquillage à outrance présent sur son visage.
Diane Arbus a voulu faire un parallèle entre l’apparente simplicité du portrait et la complexité
de ce visage « transformé ». En effet, à travers ce portrait, la photographe veut nous montrer
la transformation opérée sur le visage de la jeune femme par le maquillage, qui s’apprête à
entrer sur la scène de la vie : la société est vue comme un théâtre, où les différents individus
la composant doivent se mettre en scène, se déguiser.
Nous pouvons également dire qu’il y a une critique du modèle socio-économique de NewYork des années 60, où l’apparence à un rôle clé. Par cette photographie, la tendance de la
mode et les suiveurs sont condamnés, au profit des individus en marge de la société, des
personnes qui s’assument différents et que Diane Arbus a beaucoup mis en avant dans son
travail de photographe (travestis, hippies, nudistes…) .
Nous pouvons donc en conclure que cette photographie est une sorte de réquisitoire contre
le conformisme de la société New Yorkaise des années 1960.
DIANE ARBUS
Delphine MORIN BTS AM 2
J’ai découvert pour la première fois le travail d’une photographe américaine,
Diane Arbus, lors d’une exposition située au Jeu de Paume.
J’ai apprécié me balader dans les différentes pièces pour regarder et observer
plusieurs fois ces portraits détonants. En effet, Diane Arbus a dirigé son travail
sur la photographie de personnes pour la plupart « hors normes », marginaux,
qui ont fait un choix de vie ou ont une vie peu habituelle (travestis, nudistes,
bourgeois, nains, jumeaux …) dans le New York des années 60.
Elle aime photographier les figures dites « caricaturales », à contre-courant de
cette époque, se promener dans les rues pour prendre des clichés, entrée
dans l’intimité d’inconnus pour les photographier... Ces photos nous présentent
le plus souvent des personnes atypiques, mais accompagnées de détails nous
permettant d’en savoir un peu plus sur le milieu d’où vienne ces personnes.
J’ai choisi la photographie « Jeune couple sur un banc dans Washington Square
Park » car Diane Arbus a voulu souligner les effets de mode, les codes sociaux ainsi
que les courants (contre-cultures) qui peuplent New York, nous démontrant que la
vie en elle-même est un spectacle et que chacun détient un rôle dans la pièce. Ces
codes sociaux sont fréquents dans les années 60, chez les jeunes notamment
(à côté de jeunes « rockeurs »), et est à la base de l’émergence de communautés
diverses et atypiques (ex : rockeurs, blousons noirs, travestis, bourgeois, hippies,
yéyés, féministes etc. ...). Une multitude de communautés fermées sur elles-mêmes
se regroupant dans une même ville.
Le conférencier nous expliquait d’ail eurs que Diane Arbus était une fois allée à San Francisco
pendant la période « Peace & Love » des années 60/70 et avait détesté cette vil e car il n’y
avait pas cette diversité des cultures et des communautés telle qu’à New York.
Je comprends cette femme et sa fascination pour les personnes qui ne veulent pas
d’une vie « habituelle », qui se démarquent des autres par leur choix de vie et n’ont
pas peur du regard des autres.

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