Discours obsèques de Pierre Dubois 16/12/2015

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Discours obsèques de Pierre Dubois 16/12/2015
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Discours obsèques de
Pierre Dubois
16/12/2015
Obsèques de Pierre Dubois 16/12/2015
DISCOURS DE PATRICK DEGUISE, MAIRE DE NOYON
Mesdames, Messieurs,
Le 10 décembre dernier, l'ancien Maire de Noyon, Pierre Dubois nous a quittés. Avec
sa disparition, c'est une page d'histoire de notre ville qui se tourne. Aussi,
aujourd'hui, en ce moment de recueillement, je souhaite au nom de nos concitoyens,
rendre un dernier hommage et exprimer notre profonde gratitude à celui qui a tant fait
pour Noyon, sa ville qu’il aimait profondément.
Au milieu des années 60, cet homme visionnaire a su redonner l’impulsion dont avait
besoin la Cité de Jean Calvin, lui offrant ainsi, un essor sans précédent.
Elu premier magistrat en 1965, dans une ville encore marquée par ses blessures de
guerre, il endossa à bras le corps, son rôle de maire, qu'il assuma avec passion tout
au long de ses mandats.
Et c’est avec succès, qu’il fit de ce centre bourg, une ville prospère et vivante,
doublant sa population en deux décennies.
Le quartier Saint Siméon, celui des Réservoirs, l’extension du quartier Beauséjour, le
gymnase du Cosec, celui de Jean Bouin, du May, les courts de tennis, la piscine
municipale avec son toit télescopique, le développement de la zone industrielle, sont
autant de réalisations que nous devons à ce maire bâtisseur. Ces équipements,
inédits pour l’époque, développèrent l’habitat dans les quartiers, animés par un vivier
associatif très actif, dont Noyon profite encore aujourd’hui.
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En avance sur son temps, Pierre Dubois comprit le premier, la nécessité de fédérer
le territoire autour d’un projet commun. Il savait qu'il était possible de s’offrir
ensemble, ce que l’on ne peut s’offrir seul. Ainsi naquit en 1976 le Sivom du
Noyonnais, réunissant 25 communes. Les prémisses d'une intercommunalité
devenue depuis, le socle de notre organisation territoriale.
Un Maire qui n'avait pas hésité à le baptiser : le Carrefour de l'Europe. Ce qui illustre
parfaitement l’ambition qu’il portait à sa ville et à son territoire.
Bijoutier de profession depuis son arrivée à Noyon, il sut rester fidèle à l’image
commerçante de notre Ville, en s’adaptant aux nouveaux modes de consommation.
Ainsi il créa en un temps record, la zone du Mont Renaud afin d’éviter une évasion
commerciale sur les territoires voisins.
Pierre Dubois, homme de culture, initia la Maison de la musique, tout comme la
Maison des jeunes et de la culture.
Au-delà de ses responsabilités publiques, nous rendons aujourd’hui hommage à un
homme engagé et sensible aux Lettres. Ce passionné de poésie, de René Char à
Louis Aragon, connut de beaux succès littéraires en tant que parolier, une activité
qu’il évoquait avec beaucoup d’humilité.
Pierre Dubois, animateur de sa ville. Il comprit très tôt qu'un territoire se valorise
aussi par ses évènements.
Ainsi s’inscriront de nombreuses animations dans la tradition noyonnaise, pour n’en
citer qu’un, le Marché aux Fruits Rouges.
Pierre Dubois, européen convaincu avant l'heure. Il est à l'origine en 1969 de notre
jumelage Noyon-Metzingen, symbole de l’amitié franco-allemande. Je salue d’ailleurs
fraternellement la délégation allemande, qui est à nos côtés aujourd'hui.
A cet instant, je me souviens de sa première élection.
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Habitant à deux pas de la mairie, il m'arrivait de le croiser en me rendant à l'école
Paul Bert.
Du haut de mes 10 ans, je me souviens d’un homme impressionnant, à la voix
chaleureuse et au sourire complice quand il s'adressait à nous.
La transformation de la ville, nous l’avons vécue au travers de nos yeux d’enfants : la
généralisation de l’éclairage public, l’amélioration de la circulation sur les boulevards,
la création de nouveaux quartiers, l’inauguration de la piscine en 68,… Autant de
moments extraordinaires que de progrès véritables.
Pierre Dubois, un Républicain affirmé, pas seulement dans la parole, mais surtout
dans les actes.
En d’autres termes, c’était un faiseux et non un diseux, même s’il aimait réserver
quelques mots aux plus jeunes et aux plus anciens…
L’admiration que je porte à cet homme ne s’est pas altérée avec les années.
Depuis quelques temps, je lui rendais visite à la maison de retraite ORPEÀ, sur le
boulevard Carnot, où il me disait apprécier la qualité et l’attention du personnel.
Je garde le souvenir d'échanges d'une extrême richesse.
Mais comment aurait-il pu en être autrement avec un homme aussi talentueux ?
J'étais impressionné par sa lucidité, sa mémoire infaillible aux connaissances sûres.
Il me relatait souvent les temps forts de son parcours politique, sa passion pour la
ville, les grands moments de ses mandatures. Il me témoignait aussi ses déceptions
et notamment le moment de sa défaite de 1989, vécue comme une véritable
trahison, l’ayant considérablement affecté.
A chacune de mes visites, je repartais avec des suggestions, des conseils, des avis,
reposant sur sa vision présente et future du territoire Noyonnais.
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Monsieur le Maire, bien qu'honoré par cette proposition, vous aviez refusé de votre
vivant que le gymnase du Cosec, porte votre nom. Vous m'aviez demandé
d'attendre. J’ai attendu.
Au nom des Noyonnais, permettez-moi, Monsieur le Maire, de vous adresser notre
gratitude, pour tout ce que vous avez fait dans et pour notre Ville.
En ces temps si compliqués, où la République est secouée, ce qui vous inquiétait
d’ailleurs au plus haut point, je voudrais finir par ces quelques mots de René Char,
ce poète et ancien résistant que vous admiriez tant, pour faire écho à votre vie, à
votre engagement pour la cité, pour les autres :
« Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit », quant à
vous monsieur le Maire, merci d’avoir choisi.
Seul le prononcé fait foi.
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