L`Économie de Communion : Instrument au service de l`homme vers

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L`Économie de Communion : Instrument au service de l`homme vers
L’Économie de Communion :
Instrument au service de l’homme vers un monde unifié
Intervention de Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari
Caux, 14 août 2010
La mondialisation, provoquée par une expansion inédite des marchés, a aussi des conséquences et
influences culturelles. Nous assistons en effet à une transformation radicale de styles de vie, de
comportements, d’attitudes mentales. Le concept qui en est à la base – l’individualisme – pénètre les
horizons culturels et religieux les plus variés sur toute la planète, provoquant des bouleversements
éthiques et une relativisation de la dignité de la personne dans la société.
Indubitablement, l’économie est au centre de cette phase mouvementée et pleine de risques pour
l’histoire de l’humanité.
Voilà pourquoi, de toutes parts, on voit surgir l’exigence d’un retour à l’éthique pour l’ensemble du
monde économique et, en particulier, pour les mécanismes du marché et la vie des entreprises.
Cet approfondissement de l’éthique, pour être vraiment efficace, doit être mené à partir de ses
racines évangéliques et humanistes, pour éviter qu’il soit lui aussi phagocyté par les exigences de
l’économie, les innovations technologiques, la technique et l’efficience ; pour éviter qu’il se réduise
donc à la seule dimension utilitaire.
Aborder la question éthique en économie signifie rechercher « les valeurs humaines universelles, qui
doivent être présentées et mises en évidence comme la force directrice de tout développement et
progrès ».1
Benoît XVI, dans son encyclique Caritas in veritate, affirme à plusieurs reprises cette nécessité : « La
sphère économique n’est, par nature, ni éthiquement neutre ni inhumaine et antisociale. Elle
appartient à l’activité de l’homme et, justement parce qu’humaine, elle doit être structurée et
organisée institutionnellement de façon éthique ». (n. 36)
Ces nouveaux horizons qui guideront le millénaire requièrent de la part de tous une grande force de
discernement, afin d’évaluer le positif et le négatif de la mondialisation économique, et en particulier
les défis qui y sont liés. Mais ils requièrent aussi de la créativité et de nouveaux développements pour
la pensée et l’action économiques, qui sont la clé de notre avenir.
Mettre en valeur la mondialisation signifie cueillir en son sein non seulement un processus normal de
développement de l’humanité, mais mettre en lumière le fait que, d’une certaine manière, elle va
1
Discours du Pape Jean Paul II à l’Assemblée plénière de l’Académie Pontificale des Sciences Sociales (27 avril 2001)
dans la direction du dessein d’amour de Dieu, qui veut une humanité unie et fraternelle. Un désir que
Jésus exprime dans l’Évangile de Jean, à la fin de son existence terrestre : « Père, que tous soient un »
(Jn 17, 21).
Nous sommes tous appelés à effectuer ce discernement, à cueillir les signes des temps, à travailler
pour leur réalisation, comme le relevait souvent Chiara : « Malgré toutes les tensions du monde
contemporain, que nous connaissons tous, notre planète – c’est presque un paradoxe – semble
tendre vers l’unité : c’est un signe des temps ». (Bologne 1997)
L’unité du genre humain, voulue par Dieu, est donc le source de l’interdépendance et de la solidarité
que la mondialisation, qu’on le veuille ou non, favorise d’une certaine manière.
Œuvrer pour que le monde uni devienne une réalité signifie donc écouter et seconder la voix de
l’Esprit Saint, qui ne cesse d’intervenir dans l’Histoire, à chaque époque, pour aider les hommes à
réaliser les desseins de Dieu.
L’Économie de Communion (EdC) va dans cette direction et je crois qu’elle est vraiment le fruit d’une
inspiration de l’Esprit Saint, que Chiara a accueillie et pour la réalisation de laquelle elle n’a pas
ménagé ses efforts.
Ce projet économique, connu désormais dans le monde entier, a démarré en 1991 durant un voyage
de Chiara au Brésil pour y rendre visite aux communautés du Mouvement des Focolari.
Constatant que de nombreux membres de son Mouvement faisaient partie de cette multitude de
pauvres et de miséreux qui sont l’image des inégalités sociales de ce grand pays, Chiara a eu cette
inspiration : il faut créer un réseau de solidarité, d’amour et de partage qui aille bien au-delà des
gestes spontanés et des possibilités d’aide concrètes de notre communion des biens personnelle, qui
a toujours existé dans le Mouvement sur le modèle des premières communautés chrétiennes.
Et voici qu’apparaissent les premiers axes sur lesquels se concentre le projet :
- Faire naître des entreprises, en main de personnes compétentes, capables de bien les diriger et
donc de produire des bénéfices ;
- Partager ces bénéfices en les divisant en trois : une part pour les personnes dans le besoin, les
démunis, les pauvres ; une autre pour la formation d’« hommes nouveaux », formés à la solidarité
et à la communion fraternelle, car sans eux on ne peut pas façonner une société nouvelle ; et
enfin, une troisième part doit être réinvestie dans l’entreprise même pour que celle-ci puisse se
développer ;
- Élaborer – à la lumière de cette expérience – une pensée, une doctrine économique innovante,
moins conflictuelle et individualiste, davantage basée sur les relations.
Comme on peut le constater, le projet EdC est assez simple, mais il est vraiment fascinant,
extrêmement efficace et – pourquoi ne pas le dire – révolutionnaire.
Le partage des bénéfices de l’entreprise et la prise en compte de la notion de communion comme
une valeur dans les relations économiques entraînent deux conséquences, provoquent deux
exigences : il faut dépasser la culture de l’« avoir » par la mise en pratique de la culture du « donner »
et adopter un type de raisonnement qui ne soit plus instrumental, mais qui soit empreint d’esprit de
communion.
Dépasser la culture de l’avoir pour adopter celle du don et du donner est un des piliers fondamentaux
de l’EdC. Dans un discours au Parlement européen à Strasbourg en 1999, Chiara a dit :
« Contrairement à l’économie de consommation, basée sur une culture de l’ ‘avoir’, l’économie de
communion est l’économie du ‘donner’. Cela peut sembler difficile, ardu, héroïque. Mais il n’en est
rien, car l’homme, créé à l’image de Dieu qui est Amour, trouve sa propre réalisation justement dans
le fait d’aimer, dans le fait de donner. Cette exigence est inscrite au plus profond de son être, qu’il
soit croyant ou non. C’est dans cette constatation, appuyée par notre expérience, que réside l’espoir
d’une diffusion universelle de l’Économie de Communion. »
On le sait, la culture de l’« avoir » a été la ligne directrice de la société de consommation et des
caractéristiques de l’homme-consommateur, qui tend à se replier sur lui-même, incapable d’avoir une
conscience subjective et morale ; enclin socialement à une compétitivité agressive engendrant
souvent des conflits et des guerres, non seulement entre peuples et nations, mais aussi au sein
même du marché et du monde du travail.
Faire entrer la culture du « donner » dans le processus économique signifie révolutionner les
principes de l’économie de marché, qui voit dans l’État le lieu du don, de la redistribution, et dans le
marché le lieu de la production.
Insérer le marché dans le circuit du « donner », c’est y faire pénétrer la dimension de l’amour, comme
le soutenait Chiara quand elle disait que le « donner » est « l’amour en acte » ; une affirmation très
proche de celle de Mère Teresa de Calcutta, qui affirmait : « Qu’est-ce que donner ? C’est l’amour en
action ».
J’aimerais m’arrêter un instant sur cette culture du « donner », pour souligner le fait que nous nous
trouvons ici face à une conception de l’homme qui ajoute un plus à ses dimensions modernes de
producteur et de consommateur ; un plus qui peut l’aider et le pousser à s’ouvrir à l’altérité. Un type
d’homme et de femme capable de pratiquer le don, le partage, dans ses activités publiques et
privées. La culture du « donner » se base sur le message évangélique de Jésus et sur la vision
chrétienne du monde. Le Dieu de Jésus est celui qui donne, le « donateur » par excellence. Il donne
tout d’abord son Fils pour notre salut, ainsi que l’Esprit pour nous guider et nous conforter. Nous
aussi sommes appelés à accueillir cette relation de donation entre nous.
« J’ai senti – écrit Chiara – que j’ai été créée comme un don pour celui qui est à mes côtés, et que
celui que je côtoie a été créé comme un don pour moi. Comme le Père, dans la Trinité, est tout pour
le Fils, et le Fils est tout pour le Père ».2
2
Cf. Chiara Lubich, Une spiritualité de communion, Nouvelle cité Paris 2004, p. 50.
Le « donner » est une culture et en même temps un art, qui possède son propre style, sa façon d’être
et de se comporter ; il montre les qualités de l’amour comme elles sont décrites dans le Nouveau
Testament :
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8).
« Que chacun donne selon la décision de son cœur, sans chagrin ni contrainte, car Dieu aime celui
qui donne avec joie » (2 Cor 9,7).
« […] Que, disposant toujours et en tout du nécessaire, vous ayez encore du superflu pour toute
œuvre bonne. Comme il est écrit : Il a distribué, il a donné aux pauvres, sa justice demeure à
jamais. » (2 Cor 9,9)
Cet amour évangélique vécu dans les entreprises de l’EdC rejoint en premier lieu les pauvres. Mais ils
sont rejoints de façon originale, dans la mesure où ceux qui sont aidés vivent eux aussi la culture du
« donner ». Il ne s’agit donc pas de bienfaisance. Beaucoup d’autres opérateurs du marché pratiquent
cette dernière. Au contraire, on considère ici les pauvres comme des sujets actifs du projet d’EdC.
Eux aussi donnent quelque chose : ils donnent leurs besoins matériels et ils apportent leur digne
participation à une opération qui vise à bâtir des relations de réciprocité fraternelle, de communion.
Dépasser le raisonnement instrumental pour adopter un raisonnement de communion ne veut pas
dire que l’on nie la dimension du contrat, ou de son équivalent dans les relations marchandes, mais
cela signifie essentiellement s’ouvrir à une dimension de gratuité, de générosité, de communion
fraternelle.
Vivre la communion fraternelle, aujourd’hui, peut devenir une réponse inédite, dans une société qui
semble créée pour vivre l’individualisme.
Pour les chrétiens, la source de cette communion entre les personnes est la Trinité elle-même,
modèle d’unité, reflet de la vie intime de Dieu, qui est Un en trois Personnes.
Dans l’Encyclique Sollicitudo rei socialis, Jean Paul II affirme : « À la lumière de la foi (…) la
conscience de la paternité commune de Dieu, de la fraternité de tous les hommes dans le Christ, ‘fils
dans le Fils’, de la présence et de l'action vivifiante de l'Esprit Saint, donnera à notre regard sur le
monde comme un nouveau critère d'interprétation. Au-delà des liens humains et naturels, déjà si
forts et si étroits, se profile à la lumière de la foi un nouveau modèle d'unité du genre humain dont
doit s'inspirer en dernier ressort la solidarité. Ce modèle d'unité suprême, reflet de la vie intime de
Dieu un en trois personnes, est ce que nous chrétiens désignons par le mot ‘communion’. » (n. 40).
Ce modèle de communion trinitaire n’est pas abstrait ou lointain, il peut être réalisé sur la terre, entre
les hommes, en chaque lieu et dans les situations les plus diverses. Chiara écrit :
« C’est la vie de la Trinité que nous devons nous efforcer d’imiter, en nous aimant entre nous, avec
l’amour que l’Esprit Saint a répandu dans nos cœurs, comme le Père et le Fils s’aiment entre eux.
Dès les débuts du mouvement, les paroles de Jésus de la prière pour l’unité nous ont beaucoup
impressionnés : ‘De même que toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’ils soient aussi un en nous’
(cf. Jn 17,21). Et nous avons compris que nous devions nous aimer jusqu’à nous consumer en un et
retrouver dans l’unité notre distinction : comme Dieu qui, étant Amour, est un et trine. C’était une
nouvelle spiritualité qui naissait dans l’Église, une spiritualité où l’amour va à double sens, aime et est
aimé, donne et reçoit. Dans cette spiritualité la vie de la Trinité n’est plus vécue seulement dans
l’intimité d’une âme, mais circule librement entre les membres du Corps mystique du Christ. »3
Est-il possible de vivre une réalité aussi profonde au sein des structures de production ?
Là, toute une démarche est nécessaire. Avant tout, il faut que les entreprises deviennent une
communauté de personnes unies par des relations authentiques, ayant des objectifs positifs et
efficaces. Sur cette base – et c’est ce qui se passe dans les entreprises de l’EdC – il est alors
possible d’instiller toute une série de valeurs dans les rôles et les fonctions de l’entreprise. La
coopération, la confiance, l’écoute, l’amour pour la vérité, le respect des compétences, la
participation, l’attention : toutes ces valeurs, on le constate, peuvent devenir des éléments d’une rare
efficacité pour atteindre les buts fixés. Non seulement : elles peuvent donner une impulsion à la
créativité et à l’innovation dans la conception de structures et de règles de gestion respectant la
dignité des personnes et favorisant la vie communautaire.
Dans les entreprises de l’EdC sont élaborées des lignes de conduite – que l’on nomme « lignes
directrices pour gérer une entreprise » – qui gravitent autour du concept de communion comme
fondement de toute la vie de l’entreprise, des relations personnelles aux choix stratégiques pour
réaliser la mission à laquelle l’entreprise est appelée.
Alors, l’entreprise s’organise comme une communauté de personnes, qui se consacre certes à la
production de biens et de services, mais dans laquelle tous les employés jouissent d’une égalité
fondamentale dans leur être et leur action, au-delà des rôles et des fonctions qu’ils occupent. En
conséquence, tous prennent conscience de la dignité de chaque travailleur et cette dignité imprègne
une culture du travail que tous partagent. Cette culture contient tous les aspects de la vie des
employés, y compris la sauvegarde de leur santé, le repos, la détente, la formation continue.
Organisée de cette manière, l’entreprise s’ouvre différemment vers l’extérieur. Les relations avec la
concurrence perdent cette dimension de compétition poussée à l’extrême, de choc frontal, et
adoptent une approche constructive et prennent même parfois la forme d’une collaboration. Les
clients sont pris au sérieux ; on ne tient pas seulement compte de leurs requêtes, mais aussi de leurs
besoins réels. Ils ne sont pas seulement des sujets avec lesquels on peut faire une affaire, mais avant
tout des personnes qu’il s’agit d’aimer, avec lesquelles on peut construire des relations fraternelles.
Ainsi, on leur propose un produit de qualité, soigné dans ses moindres détails, et on cherche à les
C. Lubich, Lectio, à l’occasion de la remise du doctorat honoris causa en théologie par l’Université de Trnava
(Slovaquie), 23.06.2003, Castegandolfo (Rome), Editions Nové Mesto, Bratislava 2003, p. 36.
3
conseiller dans leurs choix, de façon désintéressée. La sensibilité envers l’environnement grandit elle
aussi. Bien plus : l’entreprise se sent appelée à mettre en œuvre une écologie sociale du travail et à
contribuer au bien commun au travers de la sauvegarde de l’environnement.
Il est logique qu’une entreprise organisée ainsi sente qu’elle fait partie intégrante de la communauté
politique et de la société civile où elle opère. Elle assume en effet une importante fonction sociale.
Dans la conduite de l’entreprise, l’entrepreneur prend en compte les lois de la communauté politique
dans laquelle il opère ; il n’accomplit pas seulement son obligation de payer les impôts et d’observer
les autres dispositions sociales, mais il se peut parfois qu’il sollicite les autorités pour que ces
dernières interviennent par une législation adaptée pour répondre aux exigences nées de cette
nouvelle manière d’organiser la vie de l’entreprise.
Une autre réalité née du projet EdC est celle des Pôles industriels ou d’entreprises.
Le Pôle doit être – et il l’est – la concrétisation, la visibilité du projet : des entreprises réunies dans
un territoire donné – proches des cités-pilotes de témoignage du Mouvement – et qui vivent les
principes de l’amour réciproque et de la fraternité au cœur de leur gestion, avec tous les problèmes
de coûts et de profits, de risques et de concurrence que cela implique. Le Pôle est un lieu de
référence idéal pour toutes les entreprises de l’EdC présentes dans un pays. Lieu de référence
signifie soutien, partage, solidarité, animation du réseau entre les entreprises.
De nombreux Pôles sont déjà actifs.
Le premier-né est celui du Brésil, près de la cité-pilote de témoignage du Mouvement des Focolari,
non loin de São Paulo. Il compte 7 entreprises, les infrastructures nécessaires à leur fonctionnement,
une zone sociale et une zone commerciale.
D’autres Pôles sont nés dans le nord-est et le nord du Brésil, en Argentine, aux États-Unis, en
Belgique, au Portugal et en France.
En Italie, on trouve le Pôle Lionello, près de la cité-pilote de Loppiano, à Incisa Valdarno, près de
Florence.
Le projet EdC revêt aussi une dimension théorique et culturelle.
Dès les débuts, Chiara avait confié aux jeunes la tâche d’étudier le projet.
Depuis lors, plus de 200 thèses de licence et de doctorat ont été écrites dans le monde entier. De
cette manière, l’EdC a été connue et reconnue dans les sphères académiques. De nombreux
économistes et chercheurs renommés se sont intéressés au projet et l’ont étudié. Beaucoup d’amis
de l’EdC ont organisé des conférences, des forums, des séminaires. Les publications sont très
nombreuses, de même que les cours de formation, stages, etc.
Les conséquences de tout cela sont intéressantes : des idées sont en train d’émerger, qui pourront à
l’avenir donner naissance à une véritable théorie économique. Nous en sommes encore aux débuts,
mais nous travaillons concrètement sur des principes tels que les biens relationnels, la communion
en tant que paradigme relationnel, la confiance, la gratuité, le don.
L’EdC est aujourd’hui davantage connue et considérée comme un projet sérieux, dont il s’agit de
tenir compte dans le débat en cours sur la recherche d’un modèle économique plus ouvert aux
exigences éthiques, en vue d’une vie sociale plus digne pour tous.
Preuve en est le fait que Chiara s’est vu conférer trois doctorats honoris causa en économie : de
l’Université de Buenos Aires (Argentine, 1998), de l’Université catholique de Pernambouc (Brésil,
1998), de l’Université catholique du Sacré Cœur, siège de Plaisance (Italie, 1999).
Alors qu’elle se trouvait au Brésil, en 1998, elle a écrit une lettre dans laquelle elle affirmait entre
autres :
« Il faut que l’Économie de Communion ne se limite pas à donner des exemples de création
d’entreprises inspirées par elle, avec des commentaires d’experts plus ou moins qualifiés ; il faut
qu’elle devienne une science, avec la participation d’économistes préparés qui sachent en définir la
théorie et la pratique, en la confrontant à d’autres courants scientifiques économiques, et suscitant
non seulement des thèses de doctorat, mais aussi des écoles auxquelles beaucoup puissent puiser.
Une véritable science qui confère de la dignité à celui qui doit la démontrer par les faits et qui
représente une véritable vocation pour celui qui s’y engage d’une manière ou d’une autre » (7 mai
1998).
L’EdC – comme toutes les autres expressions du Mouvement des Focolari – est au service des
femmes et des hommes d’aujourd’hui, de ce monde moderne qui attend un souffle de vie véritable,
cette vie qui peut venir seulement de la redécouverte de l’amour, de cet Amour qui est Dieu luimême, vivant et proche de chacun de nous.
Ramener l’amour et toutes ses expressions – confiance, don, solidarité, communion – dans le
quotidien : la politique, le travail, la famille, les institutions culturelles, le processus de production, est
une tâche que l’on ne doit pas négliger.
C’est le chemin vers un monde solidaire et uni. Un monde qui possède aujourd’hui les structures
capables de réaliser les objectifs du millénaire (disparition de la pauvreté et de la faim, éducation
pour tous, santé, responsabilité face à l’environnement, solidarité entre pays fortement développés et
pays pauvres) ; mais ce monde a encore besoin d’une sève vitale, d’une âme, d’une cohérence de vie
entre projets et actions concrètes, entre définitions et comportements adéquats.
L’économie elle aussi est appelée à la table des grandes décisions.
L’Économie de Communion entend faire sa part et ne pas être absente de ce rendez-vous avec
l’Histoire.