Les entreprises mettent leurs salariés au vert… pâle - Wk-rh

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Les entreprises mettent leurs salariés au vert… pâle - Wk-rh
Enquête
avec les managers concernés le
dossier de l’écoconcepti on po u r
l ’ en s em ble de la gamme et les
opportunités de marché po u r
des produits verts… Ah ! oui !
Ne pas oubl i er l’écoch a n tier
pr é vu avec les co llègues volontaires et or ganisé par l’en treprise ce wee k - end au prof i t
d’une assoc i a ti on. A peine un
an après le Grenelle de l’Environnement, toute ressembl a n ce
avec la semaine de travail d’un
cad re supérieur d’entreprise
française est en core bi en peu
prob a ble.
P.25 PRATIQUES
Com m ent les RH passent
au vert
P.26 SKF
Une bo î te à idées spécial
environ n em ent
P.27 RIP CURL EUROPE
Quand écocon cepti on rime
avec re s ponsabilisation
P.28 VILLE DE SAINT-DENIS
Des correspondants
environ n em ent au service
des directi ons
P.29 D2SI
Une SSII qui cultive
sa différence
Le volet “ve rt” ignoré
P.31 CEA GRENOBLE
Le cen tre veut devenir un site
“neutral carbon e”
P.31 CAPGEMINI
CONSULTING
Une ch a rte de
l’écocon su l t a n t
P.33 ENTRETIEN AVEC
ELISABETH LAVILLE
« De la maîtrise du ri s que
à la logi que d’opportu n i t é s »
RSE
Les entreprises mettent
leurs salariés au vert… pâle
Après s’être saisies des enjeux sociaux de la RSE – diversité et égalité notamment –,
les entreprises commencent à mettre leurs salariés au vert. La plupart en sont au stade
de la sensibilisation aux enjeux environnementaux : challenges internes, communication,
écogestes… Quelques pionnières vont plus loin avec des plans de déplacement,
un intéressement vert, un bilan carbone et, parfois, revisitent leur modèle économique.
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Entreprise & Carrières n°944 - du 3 au 9 mars 2009
si quelques
1 Même
entreprises prennent
des initiatives en matière
d’environnement, peu d’entre
elles en font un élément
de leur stratégie.
RH sont peu mises
2 Les
à contribution,
et le développement durable
ne fait pas partie des critères
de l’évaluation individuelle
ou de l’intéressement.
3
Les pratiques les plus
développées concernent
les déplacements des salariés,
leur sensibilisation aux enjeux
du développement durable
et aux écogestes. La réflexion
stratégique sur l’évolution
des métiers semble encore loin.
arer sa voiture de foncti on à moteur hybri de
sur le parking de l’entrepri s e ; pren d re ga rde du ra n t
la journée à limiter sa con s ommation de papier et d’éner gi e
– des sti ckers co llés près des interru pteu rs sont là pour ra ppeler ces écogestes – en outre,c’est
l’un des critères co ll ecti fs de la
prime d’intéressem en t ; r é d i ger
une note de frais en do u bl e
compt a bilité – eu ros et carbon e ; a s s i s ter à la dem i journée de formation aux enjeux envi ronnementaux prévue
pour les nouveaux embauchés ;
renseigner les volets de l’éva luati on annu elle qui portent sur le
développement du rable ; revoir
G
Rendez-vous dans quelques années ? En effet , le volet “vert”de
la re s pon s a bilité sociale et envi ron n em entale (RSE) ne fait
pas, pour l’heu re, l ’ obj et d’une
vaste mobilisation des salariés,
ni d’une réflex i on stra t é gi qu e
des en trepri s e s . « Pour une très
grande majorité des sociétés du
CAC 40, la sensibilisation et la
formation des salariés ne son t
toujourspas présentées comme
stra t é gi ques dans le déploi em ent de leur po l i tique de développement.L’intégration du dével oppem ent du ra ble aux
s ystèmes de managem ent re s te
ra re et ne con cerne que les entreprises les plus matu res dans
l eur stratégie », constatent Novethic et le cabi n et spécialisé
Des en j eux et des hom m e s ,
a près avoir analysé les rapport s
de développement du rable 2007
des plus grandes en trepri s e s
f rançaises cotées (*).
Début de prise
de conscience
Sylvie Padilla, re s ponsable du
départem ent activités écon om i ques de l'Ademe, se mon tre
un peu plus opti m i s te : « Une
prise de con s c i en cecitoyenne a
commencé dès avant le Grenelle
de l’Environ n ement. Des acti ons ont été mu l tipliées dans
les écoles, des informati ons on t
été dispensées aux parti c u l i ers
sur le ch a n gement climati qu e
et le coût de l’énergie.Cette sensibilisation peut se croi s er avec
celle que mettent en œuvre de s
entreprises de plus en plus nom-
L’intégration
du développement
durable aux
systèmes de
management reste
rare et ne concerne
que les entreprises
les plus matures
breuses. » Le site de l’Ademe,
qui informe les en treprises sur
les modalités de réducti on de
consommation d’énergie et met
à leur dispo s i ti on ses délégati ons régi on a l e s , recen s e ,
d’ailleurs, un nom bre croissant
de pra ti ques.
Futurs éco ci toyens
Certes, en ordre dispersé et en
intégrant rarement les pratiques
à leur stratégie, certaines en treprises s’efforcent, ainsi, de faire
de leurs salariés des écocitoyens.
Diverses approches sont privil é giées dans ce cas :
> la sensibilisation aux écon omies d’énergies et aux “ é co gestes”quotidiens (éteindre son
ordinateu r, la lumière, limiter
l’utilisation du papier…) ;
> des challenges et appels à l’initi a tive , bo î tes à idées, com m e
aux prem i ers temps de la démarche qualité. Cet te chasse au
gaspi est parfois ancienne, à
l’instar de l’en treprise Yves Roch er, où des gro u pes de progr è s
mesu rant l’implication des coll a bora teu rs dans la réducti on des con s omm a ti ons éner g é ti qu e s
ont été mis en place
dans les usines et les
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Enquête
sites administra ti fs dès 1990 ;
> réflexion sur les déplacements
des salariés, qui se traduit par
la prom o ti on de moyens de
transports alternatifs : vélos
é l ectri ques, covoi turage, flotte
d’en treprise moins po lluante,
aides aux tra n s ports publ i c s ,
voi re mise en œuvre plus gl obale d’un plan de déplacem en t
des salariés (PDE, lire p. 31). Le
covoi tura ge peut aussi être app l i qué à gra n de éch ell e . BNP
Pa ribas propose à ses 60 000 sal a riés français un site dédié depuis le 19 ja nvi er.
C ri tères de
développement durable
Les en treprises pionnières dans
ces domaines sont parfois allées
plus loi n , en traduisant, par
exemple, les obj ecti fs d’écon omies d’éner gie en cri t è res de
l’intére s s em ent des salariés,
Les entreprises
pionnières sont
allées plus loin,
en traduisant
les objectifs
d’économies
d’énergie en critères
de l’intéressement
des salariés
comme Bruneau ou Sojinal (lire
En trepri se& Carri è res n° 925 et
n° 931). EDF a aussi signé un
accord, en juin dern i er, qui privi l é gie des critères de dével oppem ent dura bl e , notamment
envi ronnementaux (économies
d’énergie, mise en œuvre de
PDE sur les sites, taux de va l ori s a ti on des déchets, con n a i ss a n ce des valeurs éthiques du
groupe…).
Concernant l’em prei n te écologique, en parti c u l i er pour les
en treprises du secteur terti a i re ,
où les déplacements du person24
nel sont déterminants, quelques
avant-gardistes ont anticipé su r
l ’ obliga ti on de réaliser un bilan
c a rbon e , à dater de 2011 pour
les en treprises de plus de 500
salariés, telle qu’elle app a raît
dans le proj et de loi Grenelle 2,
qui sera discuté en mars au Pa rl em en t .
Prise en compte
des rejets de CO2
C’est le cas de Nature & Déco uvertes, dont le souci de l’environ n em ent fait presque parti e
de la raison sociale. Un outil Excel de réalisati on des notes de
frais est para m é tré pour tradu i re les tra j ets ef fectués en rej ets de CO2, s el on le mode de
transport utilisé.« Il s’agit d’une
sensibilisation, mais elle a permis de réduire significativement
notre CO 2 », ex p l i que AnneL a u re Marchand, re s pon s a bl e
du bilan envi ron n emental de
l ’ en s ei gn e , qui, con tra i rement
à qu el ques autres, n’a pas imposé de con tra i n tes sur les
m odes de tra n s port utilisés en
fon cti on des distances.Sensibil i s a ti on en core, par l’exemple
cet te fois, avec des diri geants et
des chefs de servi ce qui dispos ent pour véhicules de statut ,
n on pas de puissantes et go u rmandes all emandes, mais de
Toyota Prius hybrides (fournies
par GE Fleet , société qui, pour
une part de son activi t é , prospecte depuis qu el ques années
le petit marché des flotte s
vertes).
Ré s eau ve rt
Par aill eu rs Na tu re & Déco uvertes a mis en place un “réseau
vert”, con s ti tué de salariés volontaires, dans les magasins, au
siège, dans les en trepôts, pour
sensibiliser tout au long de l’année clients et collègues. Ils sont
aussi re s pon s a bles des vi s i te s
aux différents projets de la Fondation de l’entreprise et des
Entreprise & Carrières n°944 - du 3 au 9 mars 2009
con t acts avec les assoc i a tions
p a rtenaires.Une re s ponsabilité
pri m é e . La société décline aussi
des form a ti ons en interne su r
le su j et et a associé, en parti e ,
une prime d’intéressem ent au
ren o uvell em ent des certi f i c ati ons ISO 14001, de management envi ronnemental,sur tous
ses sites.
Pat rons “écla i r é s ”
Ce type d’approche gl obale,qui
fait de la pr é s erva ti on de l’envi ron n em ent un axe de la strat é gie de l’entreprise, reste l’apan a ge de qu el ques patron s
“éclairés”. La démarche globale
peut être complétée de façon
spect ac u l a i re dans des stru ctu res mode s te s , plus réactives.
C’est ainsi qu’une SSII d’une
trentaine de pers on n e s , D2SI
(lire p. 29), peut trava i ll er su r
s on bilan carbon e , form er ses
con sultants, s’inve s tir dans de s
é cochantiers , et même s’efforcer de faire un peu de pro s é lytisme auprès de ses clients. De
la même façon, le magasin franchisé Leclerc de Pont-Labbé (29)
emploie tous les levi ers à sa dispositi on(vélos électriques po u r
les salariés, produ cteurs locaux
et bi o s , d é p l acem ents profe ssionnels privi l é giant les mode s
de tra n s port les moins po lluants…).
Sa u f excepti on , le changem ent
de cultu re sera bi en plus long
dans les grandes en treprises.
« Le travail de sensibilisation est
l oin d’y être achevé, con s t a tent
Agnès Rambaud et Th i erry
Ma rn ef fe , du cabi n et Des
E n j eux & des Hommes. La formation des managers et des
collaborateurs est encore insu ff i s a n te , peut - ê tre par més e s ti m a ti on des en j eux du
ch a n gem ent des pra ti ques
profession n elles,peut - ê tre égal em ent par manque d’implicati on des directi ons des re ss o u rces humaines… »
Logique
d’o p p o rt u n i té
Si elles ne sont pas seules en
cause, les DRH seront déterm inantes pour aider l’en treprise à
s ortir d’une simple ge s ti on du
ri s que environ n em en t a l , po u r
se diriger vers une logi que d’opportunité liée à la tra n s form ati on des méti ers. Soit à « sorti r
du rouge par le vert », selon une
formule qui a fait florès. Chez
Philips, par exemple, on a décidé de réaliser près du ti ers du
chiffre d’affaires grâce à des produits verts d’ici à cinq ans. ■
GUILLAUME LE NAGARD
(*) <http://www.novethic.fr/novethic/upload/
etudes/CAC40_formation_RSE_2009.pdf>

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