Discours CNU 2011 - SNHU Syndicat National des Hospitalo

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Discours CNU 2011 - SNHU Syndicat National des Hospitalo
Messieurs les Conseillers de madame la Ministre et de monsieur le Ministre, messieurs les Doyens,
Chères et Chers Collègues
Merci de nous accueillir à cette tribune.
Certains dans cette assemblée ont participé il y a quelques années à LA « grand messe » dans les
locaux de la faculté des Saints-Pères au nom prédestiné, puis ont suivi la migration vers
l’amphithéâtre des arts et métiers. « L’art est fait pour troubler. La science rassure » (Georges
Braque). Dans cet amphithéâtre pas de trouble car on parlait peu d’art et beaucoup de métiers.
Aujourd’hui une boucle est bouclée avec la venue dans un site hospitalo-universitaire de grande
renommée, une certaine forme de retour aux fondamentaux.
La tradition d’une assemblée solennelle, réunion de printemps, transmutée en 2011 en réunion d’été,
réunissant les acteurs du monde Hospitalo-Universitaire est aujourd’hui plus qu’hier, d’interpeller les
esprits et surtout d’exprimer, les attentes et les impatiences grandissantes des Hospitalouniversitaires, nos mandants. Il serait cependant réducteur de penser que les HU représentent un
groupe isolé, dans le secteur de la santé. Une lecture rapide des dépêches consacrées au monde
hospitalier, de l’enseignement, au monde de la recherche en santé en général montre ainsi que les HU
ne sont pas les seuls à ressentir la multiplication des blocages et difficultés : présidents de CME,
doyens, praticiens hospitaliers, personnel infirmier, techniciens, cadres de santé, directeurs,
administratifs au sens le plus large du terme y sont également confrontés. Les humains qui font le
CHU, souffrent et ils nous le disent : lorsque, après avoir fait disparaître le gras, on attaque le
muscle puis l’os aucun athlète ne peut se maintenir à son niveau d’excellence.
C’est pourquoi, comme les années précédentes, j’exprimerai les sentiments de la confédération
syndicale qui réunit tous les syndicats HU dans une même conception de leur mission unique (autant le
redire, la triple mission est une et indivisible). Ces syndicats sont : le Syndicat National des
Professeurs Hospitalo-Universitaires, le Syndicat National des Médecins Biologistes HospitaloUniversitaires et en tant que président, le Syndicat National des Hospitalo-Universitaires.
Qu’en est-il du bilan ? Tout d’abord ce qui a été mis en œuvre : la reconstitution de carrière
hospitalière, certes cinq ans après la signature des accords, trois ans après la publication des textes
est terminée ou en passe de l’être. Cela est positif et met fin à une sérieuse anomalie dans la fonction
publique, même si pour les plus anciens dans leur poste cette évolution n’a eu aucune traduction
concrète.
Ensuite, ….euh……
il doit y avoir eu un bug informatique ou un malencontreux « copier pas coller »,……
et bien non !!
Il n’y a pas d’ensuite. Rien d’autre au tableau de bord des douze derniers mois n’a été implémenté
(pour jargonner). N’y avait-il donc plus rien en cours ? A ce stade un rappel est peut-être utile :
l’évolution statutaire envisagée depuis des années n’a été suivie d’aucun effet : les grilles
hospitalières, les échelons des deux corps n’ont pas été modifiés, les MCU-PH stagiaires n’ont
toujours pas accès à l’abondement hospitalier pour la retraite complémentaire ni à la prime d’exercice
public exclusif (même ceux qui en tant que PH la percevaient la veille de leur nomination) sous
l’argument juridiquement inflexible et humainement indéfendable qu’ils sont stagiaires, les PUPH ont
parfois des difficultés à prolonger leur carrière au-delà de l’âge de retraite tandis que les MCU-PH
les plus anciens ne le peuvent tout simplement pas.
De même pour tous les HU sans distinction de corps la retraite complémentaire optionnelle est
toujours plafonnée à un niveau insuffisant comme nous l’avons exposé l’an dernier à la mission
conjointe IGAES/IGAS sur les retraites. A ce sujet qu’il me soit permis de redire à mots mouchetés
comme le fleuret du même nom, que l’intégration à l’IRCANTEC n’est pas considérée par nous comme
une réponse envisageable.
Après les grandes modifications de structure (LRU, HPST), et en dépit du rodage entrepris en
accéléré les problèmes hospitalo-universitaires demeurent. Le mot iniquité continue d’alimenter les
débats dans les interventions publiques et il faudra bien un jour trouver une réponse à ce sentiment.
L’agitation et la fièvre qui montaient dans les CHU parait tomber : thérapeutique efficace ? réponse
adaptée ? non hélas ! simplement un désengagement et une lassitude de ne pas être entendus. Ou
encore l’exacerbation du sentiment d’être pris pour quantité négligeable devant des modèles
économiques ou financiers qui échappent à tout le monde y compris aux mieux formés : « le mépris est
une pilule qu’on peut avaler mais qu’on ne peut pas mâcher » écrivait Molière, fin connaisseur de la
médecine. En clair pour les HU, notamment ceux qui se sont investis très tôt dans les réformes,
flotte la désagréable impression d’avoir été bernés ou ce qui revient au même, d’avoir été utilisés
pour servir d’amortisseur de tension l’autre nom de ce qu’on appelle en mécanique une courroie de
transmission…
Par analogie au secteur financier, qui a supplanté (en un seul mot!) le monde de la médecine humaniste
fondatrice des CHU, créer de la richesse humaine, n’est pas seulement faire des économies, atténuer
le manque à gagner n’est pas générer de la richesse: l’hospitalo-universitaire ne se réduit pas à un
chiffre plaqué dans un tableau de bord (quand celui-ci existe !) et même si l’euphonie peut tromper,
dans les macros Excel il n’y a pas une once d’excellence. Il est vraiment temps de valoriser le concept
de travail public pour la santé des autres en replaçant la valorisation monétaire à son juste niveau,
celui de l’efficience. En se souvenant que la culture du résultat incite à tous les abandons.
Le HU lui, est tourné vers le futur, indépendant, flexible…
Avançons enfin vers l’harmonisation hospitalière des carrières HU, MCU et PU confondus, en
poursuivant les possibilités de promotion universitaires MCU-PH à PU-PH à travers tous les types de
concours disponibles ou à inventer, sur le modèle des acquis de l’expérience. Cette évolution simple,
permettrait aux MCU-PH de rejoindre le corps des PUPH, ce qui règlerait en même temps la question
de la prolongation de l’activité pour ceux qui le souhaitent, dont je rappelle ici avec insistance que les
MCU-PH sont les seuls de la fonction publique à ne pas pouvoir bénéficier. Par ailleurs, en parallèle de
la reconstitution de carrière maintenant réalisée, la revalorisation des émoluments hospitaliers pour
les MCUPH préparerait l’accès à une échelle de rémunération hospitalière unique pour les deux corps,
susceptible d’accompagner la partie à laquelle nous adhérons au sein des propositions formulées par la
mission pilotée par notre collègue Raphael Gaillard.
Dans un tel cadre, qu’il ne soit pas question d’argent entre nous, mais répétons le :
L’assiette de la retraite hospitalière des HU doit être de 100% des revenus hospitaliers.
Quelques paroles verbales pour conclure
Convaincre ou persuader ? On convainc à la tête mais on persuade au cœur : C’est la grande opposition
que faisaient les grecs entre le logos (la raison) et le pathos (l’émotion)
Mais n’oublions pas qu’il n’y a pas de deuxième chance pour une première impression
En réalité, jouer avec les mots n’est pas jouer sur les mots
Les HU ne veulent toujours pas d’une communication unidirectionnelle ; passer de la communication à
l’information et à la concertation est une nécessité, les HU veulent être écoutés et entendus. On est
à la fois convaincant et persuasif lorsque l’on laisse la place à la possibilité que l’autre ait raison. C’est
le credo des hospitalo-universitaires.
Je vous remercie de votre attention.