L`enfant élevé par une gazelle (ATU 535) On raconte qu`il

L’enfant élevé par une gazelle
(ATU 535)
On raconte qu’il y avait une fois un sultan qui tuait tous les enfants de son royaume
dès qu’ils venaient au monde.
Un fois l’une de ses servantes tomba enceinte. Elle avait peur du sultan, car elle savait
qu’il tuait tous les nouveau-nés. Et ce fut ainsi, prise d’effroi, qu’elle accoucha d’un petit garçon ;
et, pour que le sultan ne le tuât pas, elle le mit dans un couffin, se dirigea vers la forêt et le
lâcha dans le fleuve.
Les eaux du fleuve prirent le panier et l’emportèrent jusqu’à une île pleine de forêts,
qui n’était habitée que par des animaux. Personne n’y avait accès à part les animaux ! Le
panier s’arrêta juste au bord de la forêt…
Comme par hasard, là-bas il y avait une petite gazelle qui mangeait de l’herbe. Tout
d’un coup elle entendit les pleurs, et ensuite elle commença à remuer les herbes. La gazelle se
mit à chercher, et fouilla et fouilla partout... Elle trouva enfin le couffin, et à l’intérieur vit un
enfant qui avait une tout petite figure.
La gazelle eut peur. Se retourna et recula. Après (que Dieu soit loué !) elle retira
soigneusement l’enfant du panier, le mit sur l’herbe et elle lui donna boire du lait.
La gazelle allaita l’enfant et, avec le temps, il commença à grandir… La gazelle aussi
grandit et vieillit. Et ce fut ainsi que l’enfant devint un jeune homme. Il ne s’éloignait jamais
d’elle. Ils marchaient toujours tous les deux ensemble et l’enfant l’embrassait, car il était
convaincu qu’elle était sa maman.
La gazelle devint vieille et un jour elle tomba malade. Le garçon lui ramena de l’herbe,
mais la fièvre s’accentua et elle finit par mourir.
Le garçon avait grandi ; il était déjà un jeune homme. Un jour le jeune se demanda :
« Et qu’est-ce que je vais manger moi maintenant ? ». Il pensait : « Je mange la gazelle ou je
l’enterre ? ». Enfin, il décida de ne pas la manger. Il creusa un trou et il plaça [le cadavre de] la
gazelle à l’intérieur. Ensuite il la couvrit de terre. Au même temps, le pauvre pleurait pour elle…
Il pleura beaucoup !
Il commença à marcher. Il marcha et marcha dans la forêt jusqu’à ce qu’il rencontra un
singe, et ce dernier lui demanda :
–Qu’est ce que tu fais tout seul dans cette forêt ?
Il lui rétorqua :
–Moi, j’ai été banni ! Je n’ai personne ! Est-ce qu’on peut devenir des amis toi et moi ?
Et le singe répondit :
–Oui, bien sûr !
Et ce fut ainsi que le singe et l’homme devinrent amis et ils marchèrent les deux
ensemble dans la forêt.
Un jour l’homme demanda au singe :
–Cela fait combien du temps que tu vis dans cette forêt ?
Et l’homme lui dit :
–Cela fait très longtemps que je vis ici. Je connais très bien la forêt. Je vais te donner
un conseil : Ici il y a des grands animaux. Tu devrais grandir parmi eux...
L’homme répondit :
–D’accord, emmène-moi chez eux !
Le singe l’accompagna chez les animaux et le présenta : Je vous présente cet homme.
Il va vous aider, et vous allez l’aider aussi.
Et depuis ce jour il devint l’ami des animaux.
Un jour l’homme demanda au singe :
–Je me demande qui c’est le sultan de la forêt…
Le singe lui dit :
–Le sultan de la forêt ? Personne ne pourrait jamais l’approcher ni pourrait avoir affaire
avec lui. Il s’agit du lion ! C’est lui le sultan de la forêt ; il nous gouverne tous.
–Est-ce que tu pourrais m’accompagner et me le présenter ? Je voudrais le
connaitre…
–Je ne peux pas. Moi-même, je ne peux aller chez lui. Personne ne peut s’approcher
de lui.
–D’accord –rétorqua l’homme.
Et il resta toute sa vie dans cette forêt. Il vieillit là-bas.
Le conte est fini.
[Informateur : Mohamed Chalabi, de 40 ans. Il l’apprit d’un
homme de Sétif. Enregistré le 4/3/2015. Version traduite de
l’arabe]