Téléchargez l`interview de didier Bigot

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Rallye
L’Africa Eco Race co
L
es dunes d’Afrique n’ont plus trop de secret pour lui. Depuis plus
de 15 ans, le bergeracois Didier Bigot (49 ans – 5 participations
au Dakar et 3 à l’Africa Race) les sillonnent en moto ou en voiture
lors de différents rallyes. Cette année 2015 est, pour le moment, un
excellent cru puisqu’il a remporté comme copilote avec Patrick Martin
le « Rallye de Tunisie » catégorie T1 (prototype 2 roues motrices diesel)
et termine 3e du classement général au mois de mai. Sa grande actualité
débutera le 27 décembre avec la 8e édition de l’Africa Eco Race, au
départ de Monaco et qui arrivera le 10 janvier 2016 à Dakar. Rencontre.
Bonjour Didier. Revenons ensemble sur votre victoire au Rallye de
Tunisie, catégorie T1.
C’est une très bonne surprise car nous allions en Tunisie pour faire ce
que l’on appelle du roulage, c’est-à-dire s’entraîner en situation réelle,
apprendre à travailler
ensemble, à se comprendre. J’ai eu le plaisir
de rouler en mars 2014
les « 24h du Maroc »
avec Patrick Martin,
pilote lyonnais qui a
sept Dakar au compteur. Nous avions fini 3e.
Je connaissais les qualités de Patrick, c’est
quelqu’un qui ne parle pas dans la voiture, il est concentré, intériorise
ses émotions pour avoir un pilotage le plus précis possible. La première
journée en Tunisie fut difficile car après 20 km, on casse la durite de
freins. On répare et on repart mais le soir, nous sommes seulement 28e.
Le lendemain, sur une étape de dunes, nous avons rectifié le tir de
manière magistrale car nous sommes passés tôt dans les dunes, grâce
à ma navigation et à son pilotage. Nous avons doublé tout le monde
pour arriver le soir avec 2h45 d’avance sur le suivant. Je savais que pour
Le 24sport
notre équipage, dans notre catégorie, c’était la victoire qui nous tendait
les bras. Nous avons assuré sur les autres étapes, évité la casse mécanique pour remporter le Rallye de Tunisie. C’est une bonne chose qui
nous donne encore plus envie de réaliser une grande performance à
l’Africa Eco Race. Ce rallye nous a permis de valider nos méthodes de
travail et de voir les points à améliorer.
Quelles sont selon-vous les améliorations à apporter au véhicule ?
La partie mécanique, ce n’est pas moi qui la gère directement car ce
n’est pas mon véhicule. Le buggy, un Volkswagen TDI Tarek avec un
moteur V6 turbo diesel de Mercedes 3,5 litres vaut dans les 250 000 €.
Je n’ai pas les moyens d’en posséder un. Il en existe seulement trois
dans le monde. Ce véhicule appartenait à Jutta Kleinschmidt, la seule
femme à avoir gagné un Paris-Dakar. Du côté copilote, j’ai demandé à
rehausser l’appareillage, notamment le GPS. Il faut aussi régler la hauteur du siège. Ce sont des détails qui peuvent nous faire gagner.
Pouvez-vous nous expliquer la fonction réelle d’un copilote dans le
monde du rallye ?
Disons que je suis un peu le majordome de l’équipage avec une grande
responsabilité. Le pilote se concentre sur sa conduite, moi, je gère tout
le reste. Cela va des papiers administratifs à la gestion de la pression
des pneus. Je dois avoir en tête le road book qui nous est remis la veille
de chaque étape. C’est 50 pages contenant 7 colonnes d’informations
chacune que je dois apprendre pour le lendemain. Mais je m’occupe
aussi des heures de lever, de l’alimentation pour la course, des allures à
indiquer à Patrick, du gasoil lors de nos arrêts et bien évidemment de
proposer la meilleure navigation qui doit nous permettre de gagner. Je
suis un peu le cerveau de la voiture. C’est très varié, les journées sont
longues nerveusement mais passionnantes. J’y trouve une adrénaline
que je ne trouve pas ailleurs. Être copilote me permet de m’évader pour
vivre des aventures et découvrir des paysages uniques.
Pourquoi avez-vous opté pour l’Africa Eco Race plutôt que pour le
Dakar qui se déroule en Argentine à partir du 3 janvier 2016 ?
Pour ma part, l’Africa Race conserve ce qui a fait la légende du Paris-
- 2 - Novembre 2015
mme terrain de jeu
Dakar, à savoir la traversée de l’Afrique et le fait de se confronter aux
dunes. En Argentine, il n’y en a plus. Créé par René Metge, ancien directeur du Paris-Dakar, l’esprit est d’amener tous les participants sur la
ligne d’arrivée. Nous dormons en tente, les bivouacs sont toujours d’actualité. C’est un rallye un peu « à l’ancienne » mais c’est comme cela
que je conçois la course. Nous partons de Monaco mais tout débute
vraiment au Maroc. Rouler au Maroc, ce n’est pas une sinécure car les
routes sont très caillouteuses. On ne gagne pas la course au Maroc par
contre, on peut la perdre. Le vrai juge de paix, c’est la Mauritanie. Les
dunes sont impitoyables et ne laissent pas de place à l’approximation.
Celui qui sortira en tête des dunes aura de grandes chances de remporter la victoire finale, à Dakar au Sénégal. Les 15 jours de course sont
éprouvants, le physique est aussi important que la lucidité et la gestion
des événements mécaniques.
Quels sont vos objectifs pour l’édition 2016 ?
Il y aura soixante voitures au départ dont une vingtaine dans notre
catégorie. Nous visons un Top 5 si nous n’avons pas d’ennuis mécaniques majeurs. Nos principaux concurrents sont Yves Fromont et JeanAntoine Sabatier qui a gagné l’an passé. Nous avons un buggy qui est
excellent, il faudra faire un gros coup sur la navigation pour atteindre
notre objectif.
Vous pourrez suivre le rallye sur Motors TV, Eurosport 2 et sur la page
facebook de Didier Bigot.
Rédaction : S.TESSAUD
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Le 24sport
- 3 - Novembre 2015