contre la peine de mort - Festival du Film et Forum International sur

Transcription

contre la peine de mort - Festival du Film et Forum International sur
CONCOURS « RACONTE MOI LES DROITS DE L’HOMME »
CONTRE LA PEINE DE MORT
« La peine de mort n’est pas juste.
Tous les êtres humains font des erreurs, même les juges »
Vera Chirwa, militante abolitionniste malawite
QUELQUES REFERENCES ET PISTES DE REFLEXION
NOTES D’INTENTION
L'art est un moyen d'interpeller le public sur la peine de mort, en essayant de le
sensibiliser à la cause abolitionniste, ou tout du moins de l'amener à s'interroger.
En complément à l’énoncé et au règlement du concours, nous avons réalisé ce
document afin d’offrir aux enseignants décidés d’aborder et de travailler le sujet en
classe avec leurs élèves, mais également aux étudiants participant de manière libre au
concours, un aperçu général de la situation mondiale actuelle.
Nous y avons réuni des explications, des analyses, des chiffres, des définitions et des
références afin de vous permettre de mieux cerner les origines, les conséquences, les
enjeux de la peine de mort à travers le monde et les solutions qui pourraient peut-être
y remédier.
Ce document est à utiliser comme source d’inspiration ou comme piste de réflexion qui
doit appartenir à chaque intervenant. Il n’est pas exhaustif et ne prétend pas faire le
tour de la question. Il devrait vous inciter à approfondir vos connaissances sur le sujet
et à consulter par exemple les documents ou les sites Internet auxquels nous faisons
allusion.
Néanmoins, la thématique devrait vous permettre de vous exprimer dans de nombreux
domaines. Imaginez! Créez! Exprimez votre opinion ou vos sentiments ! Nous sommes
impatients de découvrir vos travaux !
1
LA PEINE DE MORT DANS LE MONDE : PRECISIONS
En 30 ans, la cause de l’abolition a grandement progressé dans le monde. En 1978,
seuls 19 pays étaient abolitionnistes de la peine de mort pour tous les crimes contre
131 rétentionnistes. En 2009, ce sont 113 pays qui ont aboli la peine de mort en droit
ou en pratique, sur les 192 Etats que comptent les Nations Unies. Il reste encore 58
pays où la peine de mort est appliquée.
Histoire
La peine de mort est l'une des premières sanctions pénales. Appliquée au moins depuis
l'Antiquité (et peut-être même avant), elle est présente dans les textes juridiques les
plus anciens comme dans le code d'Hammourabi. Elle représente la « clef de voûte des
systèmes répressifs jusqu'au XVIIIe siècle » et reste une loi commune jusqu'au début
du XIXe siècle où le mouvement abolitionniste commence à prendre de l'ampleur. Des
traces de textes juridiques sur la peine de mort ont été retrouvées dans de nombreuses
civilisations au cours de l'histoire. Les Mésopotamiens, les Grecs anciens, les Romains et
les hommes du Moyen Âge appliquaient la peine de mort. Sanction universellement
reconnue et appliquée, il faudra attendre le XIXe siècle pour assister à une remise en
cause, puis à l'abolition de cette sanction dans la majorité des pays du monde.
Cependant au XXIe siècle, la peine de mort n’a pas disparu et connaît encore de
nombreux soutiens.1
Le point de vue des instances internationales sur la peine de mort
I/ Contre la peine de mort
L'ONU :
L'ONU n'interdit pas la peine de mort, mais elle est à l'origine d'un moratoire contre
celle-ci. En revanche, plusieurs pays fortement peuplés ont refusé de signer ce
moratoire, qui souligne la volonté de l'ONU de remettre en cause la peine de mort.
L'ONU prévoit certaines conditions pour l’application de la peine de mort (elles ne sont
pas non plus une réelle contrainte), comme l'impossibilité d'exécuter un mineur, ou une
femme enceinte. Malgré la volonté de l'ONU de faire diminuer le nombre de pays
pratiquant la peine capitale, les partisans de la peine de mort ne sont pas forcés de
suivre les directives de l'ONU.
Europe:
Tous les Etats européens (à l'exception de la Biélorussie) sont abolitionnistes.
Afrique :
Le Togo, les Seychelles, le Sénégal et le Rwanda ont aboli la peine de mort
officiellement. L'Union des Comores, si elle ne s'est officiellement pas prononcée sur la
peine capitale, ne l’a pas appliquée depuis 1997. Le Gabon devrait également abolir
officiellement la peine de mort (elle n'est déjà plus appliquée depuis 1988.) Madagascar
continue de condamner à mort des criminels, mais aucun n'a été exécuté depuis '1958.
1
http://cbhg.org/wp-content/uploads/2009/12/peine-de-mort.pdf
2
La coalition mondiale contre la peine de mort :
Il existe une coalition composée majoritairement d'ONG, d'avocats et de syndicats en
faveur de l'abolition de la peine de mort. Cette coalition organise des évènements
internationaux et a instauré une journée mondiale contre la peine de mort (10 octobre).
Ses actions visent en particulier la Chine et le Moyen Orient.
II/ En faveur de la peine de mort
Un certain nombre de pays prévoient la peine de mort mais en 2008, seuls 26 pays l'ont
appliquée.
Etats Unis :
Aux Etats Unis la peine de mort est prévue dans les textes mais elle n'est pas mise en
pratique dans tous les états. Elle est par exemple légale en cas de trafic de drogue mais
dans ce cas elle n'est cependant pas appliquée. Le Texas reste l'un des états qui fait le
plus usage de la peine capitale.
Japon :
Le Japon autorise la peine de mort pour les « pires parmi les pires », sans que ce terme
soit défini légalement. Elle est surtout utilisée contre les criminels ayant tué plus de
deux personnes.
Chine:
La peine de mort est appliquée en Chine en cas de récidive, ou si les criminels ont
plusieurs victimes à leur actif. C'est le pays qui applique le plus la peine capitale : plus
de 5000 exécutions en 2008.
Inde :
Malgré l'exécution d'un homme en 2004 (pour le viol et le meurtre d'une jeune fille),
l’lnde pratique peu la peine de mort.
Moyen Orient :
L'Iran, l'Arabie Saoudite sont des pays qui pratiquent l'exécution des criminels,
notamment à cause de la charia, la loi islamique. Après la Chine, ce sont les pays qui
mettent le plus en pratique la peine de mort. Dans ces pays, il n'y a pas que le meurtre
qui est passible de mort. C'est aussi le cas des viols ou des enlèvements.
En Arabie Saoudite et en Iran, l'homosexualité (comme dans trois autres pays) et
l'adultère sont aussi punis par la peine de mort.
Peine de mort automatique :
Dans certains pays comme l'Iran, Singapour ou la Malaisie, les meurtres entraînent
l’application automatique de la peine capitale
3
L’abolition de la peine de mort
Depuis les années soixante-dix, le combat pour l’abolition de la peine de mort est
devenu un enjeu international qui dépasse les frontières nationales. C’est un sujet
régulièrement discuté au sein des Nations Unies. Amnesty International n’avait intégré
la revendication de l’abolition dans son mandat qu’en 1975.
Souvent, les pays qui ont connu un traumatisme politique majeur (génocides et guerres
en Europe, génocide au Cambodge, apartheid en Afrique du Sud) ont su abolir la peine
de mort et expurger leur raison d'État de ses prérogatives les plus excessives.
Le mouvement vers l'abolition universelle de la peine de mort est lancé. Mais il reste
fragile.2
Pourquoi abolir la peine de mort ?
La peine de mort est une violation des Droits Humains
L’article 3 de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée
générale des Nations Unies en décembre 1948, reconnaît à chaque individu le droit à
la vie et l’article 5 stipule que « nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants ».3
La peine de mort est discriminatoire
La peine de mort est appliquée de manière discriminatoire en ce qu’elle touche souvent
de manière disproportionnée les plus démunis, les minorités et les membres de certains
groupes raciaux, ethniques et religieux. À travers le monde, elle est appliquée de façon
disproportionnée aux personnes démunies. La peine capitale est largement imposée aux
personnes des classes les plus basses qui ne risqueraient pas la peine de mort si elles
avaient été issues de classes plus favorisées.
Dans certains pays, c’est aussi un moyen de répression, une manière expéditive et
brutale de réduire au silence l’opposition politique.
La peine de mort est irréversible
Une fois exécuté, le condamné à mort ne peut bien sûr pas reprendre vie. Or la justice
humaine est faillible. Il arrive qu’elle reconnaisse ses erreurs trop tard. L’erreur sur la
culpabilité peut dépendre d’éléments indirects : le talent de l’avocat, les opinions
politiques de l’accusée, la condition sociale, les origines ethniques, la
sévérité plus ou moins forte du tribunal, la procédure qui permet un appel ou pas en
matière pénale…
Des prisonniers ont pu être exécutés à travers le monde malgré des doutes quant à leur
culpabilité. D'autres ont été libérés après que la révision de leur procès eut prouvé leur
innocence.
En 2008, aux États-Unis, 8 nouveaux cas de libération des couloirs de la mort ont été
décidés en plus des 120 autres prononcés depuis 1975. Les 4 hommes avaient purgé
plus de 10 ans dans les couloirs de la mort.
2
3
Dossier d’exposition édité par Ensemble Contre le Peine de Mort
http://www.amnesty.org/fr/library/asset/ACT50/015/2008/fr/06d9e6a8-3b7c-11dd-a66b-8955c11ff020/act500152008fra.pdf
4
Les principales causes d'erreurs judiciaires aux Etats-Unis sont:4
> Indigence de 97% des condamnés à mort
> Défense inadéquate voire bâclée
> Dérives de la police et de la justice américaine
> Témoignages fictifs ou manquants
> Préjudices raciaux
La peine de mort n’a aucun effet dissuasif sur la criminalité
De nombreux gouvernements justifient le retour à la peine capitale en affirmant qu’elle
a un effet dissuasif sur la criminalité. Pourtant il n’a jamais été prouvé qu’elle soit plus
efficace pour lutter contre la criminalité que d’autres châtiments sévères. 5
La peine de mort n’est pas économiquement rentable
Une société ne peut accepter la violence et sacrifier les droits humains afin de réduire
ses coûts. La décision de mettre fin à une vie humaine ne doit pas reposer sur des
motivations financières. Par ailleurs, utiliser la peine de mort pour réduire la population
carcérale est absolument vain. Ainsi, aux États-Unis, il y a environ 2,2 millions de
détenus, mais seulement quelque 3 000 condamnés à mort. Même si tous ces
condamnés étaient exécutés, on ne constaterait pas de baisse sensible de la population
carcérale. De plus, les condamnés restent en général quelques années dans les couloirs
de la mort avant d’être exécutés.
La peine de mort est une solution de facilité
Les causes de la criminalité violente, véritable fléau affectant de nombreuses sociétés,
sont complexes, tout comme les solutions à y apporter. Il est possible de réduire la
criminalité en formant et en équipant mieux les policiers, en éradiquant la pauvreté, et
en améliorant l'accès à l'instruction, entre autres. Les hommes politiques refusent
cependant souvent de se pencher sur les véritables problèmes qui sous-tendent la
criminalité, optant plutôt pour la « solution » de facilité qui consiste à prôner le recours
aux exécutions. Les exécutions donnent l’impression qu’une action forte est entreprise,
et l’illusion que l’ordre est rétabli dans une situation chaotique. En réalité, vouloir lutter
contre la criminalité en ôtant la vie d’une personne déjà incarcérée et qui ne représente
donc plus une menace pour la société est inutile et grotesque.
Aucun mode d’exécution n’est humain
Parmi les nombreux modes d’exécution – électrocution, pendaison, exécution par balle,
gazage, lapidation – l’injection létale s’est imposée comme la nouvelle méthode
privilégiée par certains parce que soi-disant plus humaine. Cependant, chaque mode
d’exécution s’avère problématique et susceptible de causer des souffrances prolongées.
En effet, certains cas récents d’injection létale, qui ont été bâclés, inefficaces, lents et
sans anesthésie ont conduit à reconsidérer l’usage de cette méthode, ainsi qu’à
s’interroger sur l’existence réelle d’un moyen humain d’ôter des vies au nom de l’État.
4
5
http://www.revoltes.org/innocent.htm
http://www.amnesty.org/fr/library/asset/ACT50/015/2008/fr/06d9e6a8-3b7c-11dd-a66b-8955c11ff020/act500152008fra.pdf
5
La peine de mort et l’expression de la vengeance
La vengeance est souvent mise en avant comme justification de l’existence de la peine
de mort. En répondant à une agression, elle ne permet pourtant pas d’aborder une
situation avec la sérénité nécessaire aux règles visant à la mise en place d’un procès
juste et équitable.
La peine de mort appliquée aux mineurs :
Amnesty International a recensé 46 exécutions de mineurs entre 2001 et 2008 dans 7
pays parties à la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE), dont
l’Iran, loin en tête du peloton avec 29 mineurs exécutés. Dans quelques autres pays,
des enfants condamnés à la peine capitale attendent encore dans le couloir de la mort.
Aux États-Unis – qui n’ont toujours pas ratifié la CIDE – certains de ses États
exécutaient encore des mineurs jusqu'à ce que la Cour Suprême, en mars 2005, déclare
cette peine inconstitutionnelle.
Bien que la peine de mort contre les mineurs devienne relativement rare en dehors de
l’Iran, il y a encore des cas ambigus et problématiques où des jeunes condamnés à
mort risquent l’exécution parce que leur minorité ne peut être prouvée, faute d’état civil
ou de tout autre document officiel tangible. Dans d’autres cas, des personnes de plus
de 18 ans sont condamnées à mort pour des crimes commis quand elles étaient encore
mineures. Enfin, certains pays renoncent certes à la peine capitale pour des mineurs
mais y substituent l’emprisonnement à vie sans remise de peine possible, ce qui est
aussi interdit par la CIDE.
L’Iran est le seul pays ayant ratifié la Convention à reconnaître l’exécution de mineurs
délinquants en 2008, au moins huit selon Amnesty International. En 2008, au moins
140 mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés étaient toujours dans les
couloirs de la mort dans ce pays, selon l’organisation Stop Child Executions.
De 2000 à 2004, les États-Unis ont exécuté neuf délinquants mineurs.
En mars 2005, la Cour Suprême a déclaré la peine de mort pour les mineurs contraire à
la Constitution.
Néanmoins, certains États des États-Unis d’Amérique jugent encore des mineurs comme
des adultes :
- 16 ans et plus - 3 États : Connecticut, New York, Caroline du Nord
- 17 ans et plus - 9 États : Géorgie, Illinois, Louisiane, Massachusetts, Michigan, New
Hampshire, Caroline du Sud, Texas, Wisconsin6
6
Source : Death Penalty Information Center
6
REFERENCES
Quelques définitions
(sources: Ensemble Contre la Peine de Mort + Amnesty International + Coalition mondiale contre la peine de mort)
Peine de mort
La peine de mort ou peine capitale est une peine prévue par la loi consistant à retirer la
vie à une personne ayant été reconnue coupable d'une faute qualifiée de « crime
capital ». La sentence est prononcée par l'institution judiciaire à l'issue d'un procès. En
l'absence d'un procès, ou dans les cas où celui-ci n'est pas réalisé par une institution
reconnue, on parle d'exécution sommaire, d'acte de vengeance ou de justice privée.
Pays rétentionniste
Lorsque la peine de mort existe dans la loi et que le pays exécute ses condamnés à
mort ou qu’il a exécuté au moins une fois ces dix dernières années nous appelons ce
pays rétentionniste. C’est le cas de l’Arabie saoudite, des États-Unis, du Japon ou
encore de la République démocratique du Congo qui pourtant n’a pas exécuté de
condamnés depuis 2003, c'est-à-dire depuis cinq années.
Pays abolitionniste de facto
Lorsque la peine de mort est prévue dans la loi mais qu’il y a un moratoire sur les
exécutions depuis plus de dix ans et que la politique interne est favorable à l’abolition
de la peine de mort (comme au Maroc, en Tunisie, en Algérie) nous parlons d’abolition
de la peine de mort de facto ou d’abolition de fait. En revanche, la Jamaïque qui
n’exécute plus depuis 20 ans mais dont le gouvernement vient de réaffirmer son
soutien à l’usage de la peine capitale ne peut être considérée comme abolitionniste de
fait ; la Jamaïque est donc comptabilisée parmi les rétentionnistes.
Pays abolitionniste sauf crimes exceptionnels
Lorsque la peine de mort est interdite, sauf en cas de crimes exceptionnels (comme en
temps de guerre par exemple), là encore nous parlons de pays abolitionniste.
Pays abolitionniste en toutes circonstances
Lorsque les pays ont aboli la peine de mort en toutes circonstances, comme en France,
au Mexique, au Royaume-Uni ou en Italie… il s’agit évidemment de pays abolitionnistes.
Discrimination
Toute distinction, exclusion, restriction ou préférence fondée sur la race, la couleur,
l'ascendance, l'origine nationale ou ethnique, la langue, le sexe, l’orientation sexuelle, le
niveau de richesse ou la religion ou l’opinion politique, qui a pour but ou pour effet de
détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice, dans des
conditions d'égalité, des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les
domaines politique, économique, social et culturel ou dans tout autre domaine de la vie
publique.
Droit commun
Ensemble des règles juridiques applicables généralement à toutes les situations qui ne
sont pas soumises à des règles spéciales ou particulières.
7
Repères historiques :
1944
1976
1976
1977
1981
1992
1994
1995
2005
Date de la dernière exécution en Suisse
Réintroduction de la peine de mort aux Etats-Unis
Abolition de la peine de mort au Portugal
Date de la dernière exécution en France
(Hamida Djandoubi le 10 septembre 1977)
Abolition de la peine de mort en France
Abolition de la peine de mort en Suisse
Abolition de la peine de mort en Italie
Abolition de la peine de mort en Espagne
Abolition aux Etats-Unis de la peine de mort à l'encontre des mineurs, âgés de
moins de 18 ans au moment où ils ont commis leurs crimes.
Quelques chiffres
(sources: Amnesty International + Coalition mondiale contre la peine de mort)
139 pays ont aboli la peine de mort de jure ou de facto :
94 pays ont aboli la peine capitale pour tous les crimes
10 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes sauf les crimes
exceptionnels, tels que ceux commis en temps de guerre
35 pays peuvent être considérés comme abolitionnistes de facto: la peine de
mort est toujours prévue par leur législation, mais ils n'ont procédé à aucune
exécution depuis au moins dix ans
58 pays et territoires maintiennent la peine de mort et appliquent ce châtiment
Au cours de l'année 2008 :
2 390 prisonniers ont été exécutés dans 25 pays
8 864 personnes condamnées à mort dans 52 pays.
93% des exécutions recensées ont eu lieu en Chine, aux États-Unis, en
Iran, au Pakistan et en Arabie Saoudite.
Ces chiffres reflètent uniquement les cas dont Amnesty International a eu connaissance et sont
certainement en deçà de la réalité.
Aux Etats-Unis en 2009 :
35 états sur 55 appliquent encore la peine capitale
52 exécutions
106 nouvelles condamnations à la peine de mort
3'279 personnes condamnées à mort en attente de leur exécution
1'188 exécutions depuis 1976
119 condamnés à mort innocentés depuis 1973 !
8
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
Articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme en lien avec la peine de
mort :
Art. 1.
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils
sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un
esprit de fraternité.
Art. 2.
1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés
proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race,
de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre
opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre
situation.
2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique,
juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante,
que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une
limitation quelconque de souveraineté.
Art. 3.
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Art. 5.
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants.
Art. 6.
juridique.
Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité
Art. 9.
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Art. 10.
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue
équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera,
soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle.
Art. 11.
1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente
jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où
toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. 2. Nul ne sera
condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne
constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même,
il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où
l'acte délictueux a été commis.
Texte complet de la Déclaration universelle des droits de l’homme:
http://www.un.org/fr/documents/udhr/
9
Quelques références artistiques
Francisco de Goya
Tres de Mayo (en français Trois mai) est, avec Dos de Mayo, le plus célèbre tableau du
peintre espagnol Francisco de Goya. Complétée en 1814 et conservée au musée du
Prado à Madrid, cette toile est également connue sous le nom Les Fusillades du 10 mai
ou en espagnol sous les noms de El tres de mayo de 1808 en Madrid, ou Los
fusilamientos de la montaña del Príncipe Pío
Dans la nuit du 2 au 3 mai 1808 les soldats français - en représailles à la révolte du 2
mai - exécutent les prisonniers espagnols qu'ils ont faits au cours de la bataille. Les
toiles Dos de Mayo et Tres de Mayo ont toutes deux été commissionnées par le
gouvernement provisoire espagnol sur suggestion de Goya.
Le sujet de la toile, sa présentation ainsi que la force émotionnelle qu'elle dégage en
font l'une des représentations les plus connues de la dénonciation des horreurs liées à
la guerre. Bien que s'inspirant en partie d'œuvres d'art l'ayant précédé, Tres de Mayo
marque une rupture par rapport aux conventions de l'époque. Cette toile diverge des
représentations traditionnelles de la guerre dépeintes dans l'art occidental et est
reconnue comme l'une des premières toiles de l'ère moderne. Selon l'historien de l'art
Kenneth Clark, Tres de Mayo est "la première grande toile qui peut être qualifiée de
révolutionnaire dans tous les sens du terme : par son style, son sujet et son intention."
Tres de Mayo a été la source d'inspiration de nombreuses autres toiles dont une série
d'Édouard Manet, L'Exécution de Maximilien, ainsi que les toiles de Pablo Picasso,
Massacre en Corée et Guernica.
10
Edouard Manet
L'Exécution de Maximilien est un tableau réalisé par le peintre Édouard Manet en 1867.
La toile représente l'exécution de Maximilien de Habsbourg-Lorraine par un peloton
d'exécution républicain.
Pendant trois ans, Maximilien avait été empereur du Mexique sous la protection des
troupes de Napoléon III. Lorsque l'empereur des Français reniant sa parole, ordonne le
retrait de ses troupes et abandonne Maximilien à son sort, celui-ci tombe entre les
mains des opposants républicains, et est condamné à mort (dans un théâtre transformé
en cours de justice) et exécuté.
La nouvelle parvient à Manet au cours de l'Exposition universelle de la même année. Le
peintre, depuis toujours fervent républicain, est scandalisé par la manière dont finit ce
jeune prince. Il travaille plus d’une année à une petite étude à l'huile, une lithographie
(interdite par la censure) et trois grands tableaux. De son vivant, Manet ne peut
exposer ni vendre aucune de ces œuvres en France, même après la chute du Second
Empire. L'Exécution est exposée dans un pavillon personnel au pont de l'Alma.
11
Andy Warhol
Big Electric Chair sérigraphie et acrylique sur toile, 1967. A partir d'une photographie
sérigraphiée, Andy Warhol imprime sur sa toile une image haïssable de la société
américaine. faire de la chaise électrique, objet de torture et de mort, un tableau-affiche
aux couleurs complémentaires est une véritable gageure. C'est pourtant une
dénonciation soft et pleine d'ambigüité qui laisse perplexe.
"Certaines personnes, mêmes des personnes intelligentes, disent que la violence peut
être belle. Je ne comprends pas parce qu'il n'y a que de beaux instants et de tels
instants ne sont jamais beaux pour moi."
Andy Warhol
Orange Disaster #5, 1963
Red Disaster, 1963
"On n'imagine pas le nombre de personnes qui accrocheraient chez elles le tableau de
la chaise électrique, surtout si les coloris de la toile s'harmonisent avec les rideaux."
Andy Warhol
12
Yue Minjun
Execution, de Yue Minjun, est directement inspiré par la répression du mouvement
démocratique de la place Tiananmen en 1989, mais plonge aussi dans l'histoire de
l'art : Manet et Goya.
Ironiquement, l'artiste, devenu une des stars de l'art contemporain chinois, est quelque
peu embarrassé aujourd'hui par la référence à Tiananmen. Lorsque le tableau a été
vendu à un collectionneur jusqu'ici anonyme par une galerie de Hongkong en 1995, une
des conditions de la vente était qu'il ne devait pas être montré en public, sous peine de
mettre en danger l'artiste.
Ivan Navarro
Cette œuvre se place dans la lignée de la série des Electric Chair (Blue, Pink, White,
Red and Blue, 2003-2006), qui, par son évocation de la peine de mort par électrocution
au moyen de la chaise électrique, laisse entrevoir une connotation politique. « Les tubes
néons sont fragiles mais ils peuvent vous électrocuter. »
13
Campagnes contre la peine de mort :
Campagne d’Amnesty International ciblant la Chine lors des derniers JO
Campagne d’Amnesty International ciblant les pays non-abolitionistes :
14
Diverses campagnes contre la peine de mort :
Brève filmographie :
Fictions :
- L’exécution (Manners of Dying) de Jeremy Peter Allen, Canada, 2004
- Rédemption (Redemption: The Stan Tookie Williams Story) de Vondie Curtis-Hall,
USA, 2004
- La vie de David Gale (The Life of David Gale) de Alan Parker, USA, 2003
- Jugé coupable (True Crime) de Clint Eastwood, USA, 1999
- Dernière danse (Last Dance) de Bruce Beresford, USA, 1996
- La dernière marche (Dead Man Walking) de Tim Robbins, USA, 1995
- Tu ne tueras point (Kroti film o zabijaniu) de Krzysztof Kieslowski, Pologne, 1988
- Une affaire de femmes de Claude Chabrol, France, 1988
- Douze hommes en colère (12 Angry Men) de Sidney Lumet, USA, 1957
Documentaires :
- Thomas Miller, 20 ans dans le couloir de la mort de A. Gintzburger & J-M Barrère,
France, 2009
- Modes de mort de Patricio Henriquez, Canada, 2003
- Un coupable idéal de Jean-Xavier de Lestrade, France, 2001
- Made in the USA de Solveig Anspach, 2001
15
SOURCES D’INSPIRATION
ET ELEMENTS INDUCTEURS POUR LE CONCOURS
Il est important pour nous, organisateurs de ce concours, que tout travail artistique
réalisé soit issu d’une réflexion personnelle de la part des élèves sur la thématique
proposée. Pour cela il est important d’encadrer le groupe classe lors de la présentation
du thème de la peine de mort. Ce document constitue une approche non exhaustive,
mais que nous considérons comme juste en regard des droits de l’homme et de la
situation mondiale actuelle. Pour en savoir plus et pour approfondir certains points
énoncés dans ce document, vous trouverez un grand nombre de références au bas de
ce document.
Plusieurs participations possibles :
-
Participation du groupe classe entier.
Par ex. faire travailler tous les élèves sur une même problématique précise, ou
une technique particulière, ou un emblème précis, ou un concept unique.
L’utilisation d’un petit format, identique pour tous les élèves, permettra de
réunir tous les travaux bords à bords afin de composer un ensemble, réaliser un
panneau ou une affiche de grand format.
-
Participation individuelle de chaque élève du groupe classe.
Proposer aux élèves de travailler en classe autour du thème général contre la
peine de mort mais en leur laissant le choix du concept, du format et de la
technique. Possibilité pour l’enseignant d’affiner le travail en ne suggérant de ne
travailler que sur une problématique particulière (.
-
Participation individuelle des élèves en candidats libres hors structure scolaire.
L’enseignant peut distribuer ce document aux élèves intéressés.
Supports possibles
Le concours est un concours d’expression libre. Tous les modes d’expression sont donc
les bienvenus. N’hésitez pas à présenter un support original !
Les élèves peuvent par exemple :
-
Créer une œuvre plastique : dessin, peinture, gravure, objet 3D …
Réaliser un travail de recherche sur une situation donnée
Rédiger une bande dessinée
Créer des images photographiques
Écrire un texte : poème, essai, récit
Créer une affiche, inventer un slogan
Réaliser un reportage photo ou écrit sur une situation
Réaliser un collage à partir d’images de presse
Composer une chanson
Dessiner un tee-shirt
Réaliser un petit film (fiction, animation, interviews, témoignages)
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Idées / pistes pour les enseignants :
Travailler à partir d’une citation sur la peine de mort :
- illustrer la citation : dessin, peinture, photographie, montage photo, collages…
- mise en page graphique du texte de la citation
- travail d’infographie à partir des mots composants la phrase
- insérer le texte de la citation dans une image
Quelques citations :
-
La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. Victor Hugo
-
Aussi ne connaîtrait-il pas de but plus élevé, plus saint, plus auguste, que celuilà: concourir à l'abolition de la peine de mort. Victor Hugo
-
La peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis deux mille ans a pensé
de plus haut et rêve de plus noble. Jean Jaurès
-
Mais qu'est-ce donc que l'exécution capitale, sinon le plus prémédité des
meurtres auquel aucun forfait criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé?
Albert Camus
-
L'assassinat sur l'échafaud est la forme la plus exécrable d'assassinat, parce qu'il
est investi de l'approbation de la société. George Bernard Shaw
-
La peine de mort n’est pas juste. Tous les êtres humains font des erreurs, même
les juges. Vera Chirwa, militante abolitionniste malawite
-
L’espèce humaine doit sortir des conflits en rejetant la vengeance, l’agression et
l’esprit de revanche. Le moyen d’en sortir est l’amour.
Martin Luther King, Prix Nobel de la Paix 1964
Travailler à partir des drapeaux des pays qui ont encore recours à la peine de
mort :
- transformer le graphisme du drapeau
- insérer (dessin, collage, etc.) des objets, textes ou emblèmes représentatifs de la
peine de mort dans les différents espaces géométriques du drapeau
- couper, coller superposer les drapeaux entre eux
- etc.
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Liste
des pays et territoires dont la législation prévoit la peine de mort pour des
crimes de droit commun et qui procèdent à des exécutions :
Afghanistan, Antigua et Barbuda, Arabie saoudite, Autorité palestinienne, Bahamas,
Bahreïn, Bangladesh, Barbade, Belize, Biélorussie, Botswana, Chine, Comores, Corée du
Nord, Cuba, Dominique, Égypte, Émirats arabes unis, États-Unis, Éthiopie, Guatemala,
Guinée, Guinée équatoriale, Guyana, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Jamaïque, Japon,
Jordanie, Koweït, Lesotho, Liban, Libye, Malaisie, Mongolie, Nigeria, Oman, Ouganda,
Pakistan, Qatar, République démocratique du Congo, Saint Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie,
Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Sierra Leone, Singapour, Somalie, Soudan, Syrie,
Taiwan, Tchad, Thaïlande, Trinité-et-Tobago, Viêt-Nam, Yémen, Zimbabwe
Prendre comme point de départ les articles de la Déclaration universelle des
droits de l’homme cités plus haut :
- demander aux élèves de les illustrer (dessin, collages, photographie, infographie)
- incruster ces articles dans un document ou une image sur la peine de mort
S’inspirer d’une des définitions citées plus haut
Retrouver tous les chiffres éloquents donnés en référence dans ce document
et les utiliser comme points de départ :
- en infographie
- en dessin
- pour une discussion en classe
- pour la création en groupe d’affiches dénonçant la peine de mort
- créer un panneau informatif
DOCUMENTATION
Sites Internet
Amnesty International : peine de mort.
Plusieurs rubriques, documents écrits, sonores et visuels.
http://www.amnesty.org/fr/death-penalty
Amnesty International faits et statistiques:
http://web.amnesty.org/pages/deathpenalty-statistics-fra
Coalition mondiale contre la peine de mort
http://www.worldcoalition.org/modules/accueil/index.php?sel_lang=french
Ensemble Contre la Peine de Mort
http://www.abolition.fr/
FIDH - Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme
Nombreux articles à découvrir
http://www.fidh.org/-Peine-de-mort-
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Révolte.org Portail d'information sur la peine de mort:
http://www.revoltes.org/
Site de l'association Lifespark, mouvement contre la peine de mort, qui organise entre
autre des liens de correspondance avec des prisonniers du Couloir de la mort aux USA
http://www.lifespark.org/
Sites de soutiens à des condamnés à mort
http://www.rogermcgowen.org/ (en français)
http://www.davidlynncarpenter.com/index_ie.htm (en français)
http://www.savemichaelperry.info/ (en anglais)
http://www.troyanthonydavis.org/ (en anglais)
http://robertwill.moonfruit.com/ (en anglais)
Nombreux documents sur l’abolition de la peine de mort en France
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/peinedemort/
Documents accessibles depuis Internet
Dossier pédagogique réalisé à l'occasion de la 7e Journée mondiale contre la peine
de mort, du 10 octobre 2009, principalement ciblé sur les 14-18 ans. L'objectif de
cette initiative est de sensibiliser et d'expliquer aux jeunes les problématiques liées à la
peine de mort et à son abolition :
http://www.worldcoalition.org/modules/wfdownloads/singlefile.php?cid=34&lid=223
Recherches ECJS TLA sur la peine de mort dans le monde
Dossier assez complet sur le sujet, nombreuses références
http://cbhg.org/wp-content/uploads/2009/12/peine-de-mort.pdf
Discours de Robert Badinter à l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981
Discussion du projet de loi portant abolition de la peine de mort - Texte intégral
http://www.crdp-nice.net/editions/supplements/2-86629-399-1/F5_Badinter.pdf
En France, les crimes passibles de la peine de mort selon la loi avant 1981
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/abolition-peine-mort/crimes.shtml
Document réalisé par l’équipe du programme pédagogique du FIFDH 2009
Sources : Amnesty International, Coalition mondiale contre la peine de mort Ensemble
Contre la Peine de Mort, OMCT, ONU, La documentation française, Abolition.fr)
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