N°2 Mai 2004
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N°2 Mai 2004
European Defence Vision VISION de la DEFENSE EUROPEENNE Lettre de l’Association des auditeurs et cadres des sessions européennes de l’Institut des hautes études de défense nationale - ( AAE IHEDN) EDITORIAL Chers auditeurs des sessions européennes, Chers amis, Nouveau logo de notre association et nouvelle session européenne ! Le nouveau logo de notre association a été choisi récemment entre plusieurs projets qui étaient tous déclinés à partir de ceux de l’IHEDN et de l’UA IHEDN. Celui qui a été retenu est très inspiré par le logo créé il y a 15 ans environ par M. Pierre CASTILLON pour l’Association des auditeurs des sessions européennes de défense et de sécurité; association aujourd’hui disparue, mais dont l’AAE IHEDN veut poursuivre les objectifs en cherchant à développer l’esprit de défense SOMMAIRE p. 1 à 3 : Éditorial par Colin CAMERON. p. 4 : Extrait du rapport de M. GUBERT. Commentaire par Le Dr. Gabriel G. STANESCU. p. 5 : Commentaire par Émile BLANC. p. 6 : Commentaire par Klaus OLSHAUSEN. p. 7 : Tableau des organisations de sécurité et de défense en Europe. p. 8 : Brèves. européen. Le logo se compose d’un livre et d’un glaive – symbole du savoir et du courage, de la réflexion et de l’action dans le domaine de la défense – entourés par douze étoiles – chiffre symbolique représentant les pays européens. Le livre et les étoiles sont dorés et se détachent sur un fond bleu de forme ronde; le glaive dont la lame est de couleur acier est posé sur le livre ouvert, comme vous pouvez le voir sur cette première page de notre journal. centrale, de Chypre et de Malte. Il s’agit en réalité de consolider, entre la mer Baltique et la mer Noire, un espace de paix, de stabilité démocratique et de prospérité économique. Comme le constate Günter Verheugen, le Commissaire européen chargé de l’élargissement, « l’Europe ne s’élargit pas, elle se retrouve » et il s’agit bien là « d’un impératif stratégique pour notre sécurité et pour notre compétitivité ». Nouvelle session européenne et donc aussi nouveaux adhérents de l’AAE IHEDN en perspective… En effet, du 22 au 29 avril 2004 , l’Institut des hautes études de défense nationale a organisé, en coopération avec la Führungsakademie der Bundeswehr et le Royal Military College of Science, Shrivenham, la quatrième édition du Séminaire trilatéral sur la sécurité et la défense européenne. Depuis le 1er mai, Chypre, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Slovénie sont membres de l’UE, qui compte désormais 25 États membres. La Bulgarie et la Roumanie devraient être à même de les rejoindre d’ici 2007. La Turquie est également candidate et une décision sur l’ouverture de négociations d’adhésion entre ce pays et l’UE est attendue d’ici la fin de cette année. Une quarantaine de participants, civils et militaires, étaient issus des dix nouveaux pays membres de l’UE et de trois pays encore candidats (Bulgarie, Roumanie et Turquie). Le thème de cette session : « Sécurité et défense européenne : élargissement et coopération » était particulièrement bien choisi. L’élargissement de l’UE, le 1er mai 2004, est un événement d’une portée considérable, comparable aux grands traités et conférences qui ont jalonné l’histoire de l’Europe et dessiné, pour des décennies, notre géographie politique : Paix de Westphalie, Congrès de Vienne, Traité de Versailles, Conférence de Yalta. Mais si les précédents célèbres ont été imposés par le sort des armes, consacrant de nouveaux rapports de force politiques et militaires, la carte de l’Europe d’aujourd’hui résulte d’un accord négocié dans la liberté et la paix entre ses États et peuples souverains. La construction européenne serait une œuvre inachevée sans l’arrivée en son sein de l’Europe A plus long terme, la porte de l’UE reste ouverte aux pays d’Europe du sud-est. L’Albanie, la BosnieHerzégovine, la Croatie, l’ancienne République Yougoslave de Macédoine, la Serbie et Monténégro, en tant que “candidats potentiels”, participent déjà à un processus dit « de stabilisation et d’association » dans le cadre de l’UE. Parallèlement, l’OTAN s’élargit aussi. Le 29 mars 2004, sept nouveaux pays : la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie, sont officiellement devenus membres de l’OTAN. Ils sont désormais parties au Traité de Washington et membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. EDITORIAL ( suite de l’éditorial de la p. 1 ) Il s’agit du cinquième élargissement de l’histoire de l’Alliance. D’une ampleur sans précédent, cet élargissement porte à 26 le nombre de pays membres de l’Alliance atlantique. Lors du quatrième élargissement, il y a cinq ans, en mars 1999, la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque étaient devenues membres de l’OTAN. Le dernier sommet de l’OTAN s’est tenu à Istanbul les 28 et 29 juin 2004. Le 3 juin 2003, les ministres des affaires étrangères de l’OTAN avaient réaffirmé que la présente vague d’élargissement ne serait pas la dernière. Les portes de l’OTAN restent ouvertes. Ils ont félicité « l’Albanie, l’ancienne République de Macédoine, et la Croatie pour les efforts de réforme qu'elles continuent de mener et leur attachement à la coopération régionale. Ces pays devront poursuivre la mise en œuvre de vastes réformes dans les domaines politique, économique, de défense et autres, identifiés dans le cadre du processus du Membership Action Plan (MAP), pour faire progresser leur dossier de candidature ». Quelles sont les conséquences des élargissements concomitants de l’UE et de l’OTAN pour la défense et la sécurité en Europe ? A quels défis nouveaux serons-nous confrontés ensemble ? A 25 au sein de l’UE et à 26 au sein de l’OTAN, les décisions seront plus difficiles à prendre. Le risque de paralysie des structures de décision est réel. On comprend dès lors l’importance d’aboutir à une solution efficace et équitable sur la question de la double majorité dans le cadre du projet de Traité constitutionnel de l’UE. Au sein de l’OTAN, une application plus flexible de la règle du consensus sera peut-être nécessaire. Dans le souci de permettre aux pays qui le souhaitent d’aller de l’avant plus vite, l’idée de coopérations renforcées fait aussi son chemin. Mais la question fondamentale reste celle de la volonté politique de construire une « Europe puissance » qui maintienne une relation forte et cons- Colin Cameron Président de l’AAE IHEDN tructive non seulement de part et d’autre de l’Atlantique mais aussi à l’Est et avec l’Asie. Pour progresser, il faudra faire preuve d’une réelle volonté d’agir en commun et adapter ses capacités (budgets de défense, effectifs, moyens de recherches, équipements militaires) aux objectifs globaux de la sécurité de l’Europe. Nos gouvernements européens montreront-ils suffisamment de volonté politique pour doter l’Europe des capacités nécessaires pour mettre en œuvre une stratégie commune forte et cohérente ? L’analyse sur le « Concept stratégique européen et ses aspects de défense », que nous vous proposons dans ce numéro, est une invitation à débattre entre nous de ces questions essentielles. Les sessions européennes de l’IHEDN ont été un élément précurseur vital à ces grands mouvements d’intégration au sein de l’UE et de l’OTAN. Ouvertes avant l’heure à des participants de l’Europe élargie, elles ont permis de tisser des liens professionnels et personnels concrets. Nous souhaitons que les auditeurs des sessions européennes me mb r e s d e l ’ A A E IH E D N perpétuent ces liens précieux et restent à l’avant-garde de la réflexion sur l’Europe de la défense. Dear Alumnis, Dear Friends, New logo for our Association and new European session! Our Association recently selected a new logo from among several proposals, all of which were based on the IHEDN and UA IHEDN logos. The final choice was very much influenced by the logo designed some 15 years ago by Mr Pierre CASTILLON for the Association of Alumnis of European Defence and Security Sessions. That Association has since disappeared, but AAE IHEDN has embraced its objective of developing the spirit of European defence. It depicts a book and sword – symbols of knowledge and courage, reflection and action in the field of defence – surrounded by twelve stars representing symbolically the European countries. The gold book and stars are set against a blue circle. The steel-grey blade of the sword lies on the open book, as you can see from the first page of our newsletter. C.C. ( suite p. 3 ) N°2 - Juillet 2004 - p. 2 - European Defence Vision EDITORIAL ( suite de la p. 2) A new European session means new members for AAE IHEDN. Indeed, from 22 to 29 April, the Institut des hautes études de défense nationale, in cooperation with the Führungsakademie of the Bundeswehr and the Royal Military College of Science, Shrivenham, organised a trilateral seminar on European security and defence. It brought together some 40 civilian and military participants from the ten new EU member states and three candidate countries (Bulgaria, Romania and Turkey). The theme of the session – “European security and defence: enlargement and cooperation” – was a particularly apt choice. The EU enlargement of 1 May 2004 is an event of considerable magnitude comparable to the other major milestones in Europe’s history, in other words the different treaties and conferences that shaped our political geography for decennies : the Peace of Westphalia, the Vienna Congress, the Treaty of Versailles and the Yalta Conference. While these were imposed by the force of arms in order to consolidate a new political and military balance of power, today’s map of Europe is the result of peaceful and free negotiations among the sovereign states and peoples of Europe. European construction would be incomplete without central Europe, as well as Cyprus and Malta. In reality we are consolidating an area of peace, democratic stability and economic prosperity between the Baltic and Black Seas. As pointed out by Günter Verheugen, the European Commissioner for enlargement, “Europe is not enlarging, it is regaining its identity”. Enlargement, as he said, is indeed a “strategic necessity for our security and competitiveness”. With the accession on 1 May of Cyprus, the Czech Republic, Estonia, Hungary, Latvia, Lithuania, Malta, Poland, Slovakia and Slovenia, the EU now has 25 member states. Bulgaria and Romania should be in a position to join in 2007. Turkey is also a candidate and a decision on the start of accession negotiations with the EU is expected by the end of this year. In the longer term, the doors of the EU remain open to the countries of south-eastern Europe − Albania, Bosnia and Herzegovina, Croatia, the Former Yugoslav Republic of Macedonia, Serbia and Montenegro − which, as “potential candidates”, are already involved in the so-called “stabilisation and association” process in the EU framework. NATO enlargement is taking place in parallel. On 29 March, Bulgaria, Estonia, Latvia, Lithuania, Romania, Slovakia and Slovenia formally became members of NATO. At that moment the seven countries formally became parties to the Washington Treaty and members of the North Atlantic Treaty Organisation. This is the fifth and the largest round of enlargement in NATO’s history, bringing NATO to 26 member countries. The Czech Republic, Hungary and Poland became members of NATO during the fourth round of enlargement five years ago in March 1999. The last NATO Summit was held in Istanbul on 28 and 29 June 2004. On 3 June 2003, the NATO Foreign Ministers reaffirmed that the present round of enlargement would not be the last and that NATO’s doors remain open. They commended “Albania, the former Yugoslav Republic of Macedonia and Croatia for their continuing reform efforts and their pursuit of regional cooperation”, maintaining that these countries would “need to continue to implement the extensive political, economic, defence and other reforms identified through the Membership Action Plan (MAP) process, in order to advance their candidacies”. What are the consequences for European security and defence of the parallel enlargement of the EU and NATO? What new challenges will we be facing together? Decisions will be harder to arrive at in the EU at 25 and NATO at 26. The risk of N°2 - Juillet 2004 - p. 3- European Defence Vision paralysis of the decision-making structures is real; hence the importance of arriving at an effective and equitable solution to the double majority issue in the draft EU Constitutional Treaty. Within NATO, a more flexible application of the consensus rule may be necessary. Also, the idea of enhanced cooperation is gaining ground, with a view to enabling those countries that so wish to move ahead faster. However, what remains fundamental is the political will to create a powerful Europe which maintains a strong and constructive relationship not only across the Atlantic but also to the east and with Asia. To make further progress, it will be necessary to develop the genuine resolve to take common action and to adapt capacities (defence budgets, manpower, research resources, defence equipment) to the overall aims of Europe’s security. Will our European governments have sufficient political will to give Europe the means to implement a strong and coherent common strategy? In this issue we propose an analysis of the European Strategic Concept and its defence aspects, which we hope will stimulate a debate among our members on these fundamental issues. The IHEDN European sessions have played a vital role in helping pave the way for these major developments towards integration in the EU and NATO. Well ahead of others, it opened its doors to participants from the enlarged Europe, leading to the development of real professional and personal ties. We hope that the AAE IHEDN members participating in the European sessions will foster these valuable contacts and remain at the forefront of the process of reflection on European defence issues! C.C. ANALYSES - ANALYSIS European strategic concept defence aspects Extracts from “A European strategic concept – defence aspects”, Report submitted on behalf of the Defence Committee by Mr Gubert, Rapporteur, Document A.1841, 1 December 2003, Forty-ninth session, Assembly of Western European Union – The Inter parliamentary European Security and Defence Assembly, Internet: http://assembly.weu.int The EU must acquire the political and other means it needs to tackle the current challenges. Three types of measures are proposed to make it more effective: "we need to be more active, more coherent and more capable". For the first point, "more active policies are needed to counter the new, dynamic threats" and "we need to develop a strategic culture that fosters early, rapid, and when necessary, robust intervention". That is a point on which all (present and future) member states agree. Where they differ is on a point that the document " A secure Europe in a better world" never mentions, namely that of Europe's autonomy of action vis-à-vis other international "centres of power" (to quote the term used in the United States National Security Strategy). It is more necessary than ever to be "more coherent" given the multiplicity of security and defence initiatives at both multilateral and bilateral level among EU states. Whether it be at political or operational level, or in terms of assets (armaments), the member states have different approaches and different rates of progress. The imbalances among member states in terms of their capabilities, particularly for the purpose of intervention abroad, for example, limit the scope of any joint action. That is why the CFSP secretariat proposes to pool military and civil capabilities as well as political, diplomatic and economic instruments. That pooling of capabilities means rationalising efforts and making better use of available (in particular, budgetary) resources. Six ways of achieving that aim are suggested: ¬"More resources for defence (...); ¬Systematic use of pooled and shared assets would reduce overheads and, in the medium-term, increase capabilities (...); ¬Greater capacity to bring civilian resources to bear in crisis and post crisis situations (...); ¬Stronger diplomatic capability (...) We need to develop a system that combines the resources of Member States with those available in EU institutions; ¬Improved sharing of intelligence among Member States and partners (...); ¬(...) As we increase capabilities in the different areas, we should think in terms of a wider spectrum of missions. In addition to the Petersberg tasks this might include joint disarmament operations, support for third countries in combating terrorism and security sector reform. The last of these would be part of broader institution building". A final aspect with regard to strengthening EU action in the field of international security is that of cooperation with other partners. This is based on recognition of the fact that the Union cannot solve all the problems on its own (the United States reaches the same conclusion in its National Security Strategy), neither can it deal with all the threats. Hence "we need to pursue our objectives both through multilateral cooperation in international organisations and through partnerships with other key actors or regions". However, a distinction is drawn between strategic partners at regional level (Russia, Japan, China, Canada and India) and the partner in transatlantic relations. M.G. N°2 - Juillet 2004 - p. 4 -European Defence Vision Romania and the European initiative for security and defence Romania, as a new member of NATO and a future member of EU, envisages a total involvement in operations for maintaining peace and stability, especially in Europe. The Romanian media salute the European initiative for security and defence and for a better administration of the crisis in region. After the collapse of the communist regime, in Romania begun a complex operation to modernise the Army forces, combined with an increase for Army’s spending. Also, Romania was and is involved in international operations for peace and stability. In the political field, Romania – as a member of OSCE and Security Council of UN – used its contacts to bring former foes to negociate peace treaties. As Romanian officials stated recently, Romania can be a bridge between Europe and USA, in both political and military issues. We may conclude that Romania could be a factor of stability in Europe, a pillar in region, for the future structure of security and defence. Dr.Gabriel G.Stanescu General Manager of the newspaper “Gardianul” ( E. 98 ) Création à Bucarest d’une association affiliée Une association regroupant les Roumains ayant participé à une session européenne de l’IHEDN va bientôt être créée à Bucarest, à l’instigation de M. Liviu Muresan, Président de la Fondation Eurisc et de Mme Adriana Ahciarliu de la Brd Sogelease, tous deux membres de notre association. Nous leur adressons tous nos encouragements pour cette initiative qui, dans l’esprit de l’IHEDN, facilitera notamment les rapports entre l’AAE et ses membres roumains. COMMENTAIRE — COMMENT Quelques remarques sur le document C/1841 Le but du rapport de M.Gubert est d’amener le Conseil à se mobiliser pour l’élaboration d’un Concept stratégique européen. Le temps, en effet, est venu de doter l’Europe d’un texte fondamental - une Constitution - qui écrirait dans le marbre une organisation politique apte à la doter d’une pleine efficacité et à lui donner le statut de puissance mondiale conforme à ce qu’elle est en réalité avec ses 450 millions d’habitants, son PIB, sa richesse égale à 25% de la richesse mondiale, et traduisant mieux son rayonnement et son influence. Après un rappel historique complet et brillant le rapport analyse le document présenté par J.Solana le 20 mars 2003 et adopté par le Conseil européen. Ce texte est en effet une ébauche de Concept stratégique qui propose une grille de lecture de la situation internationale. Quelques points sont à souligner : ¬ Acceptation de l’Europe en tant que puissance susceptible d’avoir une action internationale et d’être un acteur sur la scène internationale. ¬Ratification du multilatéralisme et primauté de l’ONU. ¬Développement des capacités militaires et affectation de ressources suffisantes pour la défense. ¬Partage du renseignement entre les membres et les partenaires. ¬Le texte Solana reste toutefois très proche de la vision américaine dans l’analyse des menaces et dans les ripostes nécessaires. Sans aller jusq u ’ à l a p o s s i bi l i t é d ’ a c t i o n « préventive » il développe une démarche analogue y compris dans la distinction entre le côté du BIEN et le côté du MAL. S’il se fait l’interprète des préoccupations sécuritaires occidentales il n’exprime pas une vision des relations internationales qui serait propre aux européens. Il ne définit pas clairement son concept de prévention des crises et des conflits. Il ne mentionne pas non plus le degré d’autonomie recher- ché de l’action européenne, le seul juge de la puissance réelle, celle que les autres vous reconnaissent. Si on aurait pu souhaiter que ce texte aille plus loin, il n’en demeure pas moins que l’adoption à Bruxelles de la « stratégie européenne de défense »constitue un point très positif. Le rapport de M. Gubert doit être regardé comme un document d’analyse des efforts passés, méritoires en eux-mêmes; il est l’illustration de l’expérience acquise au sein de l’UEO pour tout ce qui touche aux questions de l’Europe de la défense. Il met en lumière les « invariants » qui se sont affichés au fil du temps. L’UE doit disposer d’une capacité militaire forte, s’appuyant sur une base industrielle et technologique de défense, consolidée et autonome résultat d’une politique d’armement crédible, cohérente et répondant à une expression de besoins harmonisée. Il existe des domaines pour lesquels l’Europe en quête d’autonomie doit donner des impulsions fortes : l’espace, les nouvelles technologies etc… La défense de l’Europe se distingue de l’Europe de la défense. La première pour un temps encore resta intergouvernementale c'est-à-dire l’apanage des États avec ce que ceci veut dire de handicaps et de freins pour le développement de la seconde qui elle s’édifie jour après jour et qui grâce à un effet cliquet naturel avance dans le bon sens sans retour en arrière : Saint-Malo, Cologne, Helsinki, Bruxelles…. L’analyse des menaces est pertinente : ADM, terrorisme, atteinte à l’environnement. Elles n’ont guère changé depuis 1995, comme d’ailleurs les capacités de gestion des crises. Les recommandations adressées au Conseil sont sages et bienvenues. Pour l’heure l’UE n’est pas une organisation de sécurité; le projet de Constitution marque des avancées sur la coopération multilatérale et la « gouvernance mondiale ». N°2 - Juillet 2004 - p. 5 - European Defence Vision Pour agir l’Union doit disposer des moyens appropriés. Un projet de Concept stratégique doit être d’une écriture plus politique, il doit définir d’une façon explicite ce que l’Union souhaite et/ou exige. Il doit dire aussi ce sur quoi elle fonde son identité. Une rédaction molle s’accommode mal d’un texte d’une telle portée. «WE THE EUROPEAN PEOPLE…»serait l’exorde qui ferait exister l’Europe. Quand le peuple s’exprime les ambiguïtés des diplomates sont remisées au vestiaire. En conclusion le rapport de M. Gubert est une contribution, excellente en soi pour faire avancer la réflexion. Mais il faut tremper la plume dans le sang des victimes de nos guerres civiles, le sang du peuple européen qui sait exprimer ce qu’il veut quelque fois contre certains responsables politiques quand sonne ou a sonné l’heure de l’engagement. Ce peuple sera de plus en plus exigeant. Pour être cru il ne suffira plus aux politiques d’être vus il faudra être sans peur sans reproche et être en harmonie avec les attentes de paix, de sécurité et de liberté des citoyens d’Europe . Émile Blanc , Président d’Euro-Défense Club Atlantique - Oural Ce club aura pour vocation de réfléchir sur des thèmes européens majeurs et de proposer des recommandations. Le premier thème portera sur le Collège Européen de Sécurité et de Défense. Les réunions débuteront en Octobre 2004 avec une journée d’étude. Ses membres seront issus des sessions IHEDN (jeunes, régionales, nationales et internationales) et cooptés. Le président de l’AAE donnera son accord sur l’admission finale d’un futur membre car il est de droit le président du club. Pour le bon fonctionnement des travaux un délégué a été désigné. Il s’agit d’Olivier Védrine, membre du bureau de l’AAE . KOMMENTAR — COMMENTAIRE Einige Gedanken zu der ESVP. Zunächst zum Aspekt der Autonomie. Ich bin fest davon überzeugt, dass effektiver Multilateralismus ein weithin anerkanntes politisches Prinzip sein wird. Die derzeit noch unterschiedlichen, nationalstaatlichen Bewertungen werden sich voraussichtlich in dem Sinne angleichen, dass kooperatives Zusammenwirken der Internationalen Gemeinschaft gegen die erkannten Gefahren und zur Weiterentwicklung des friedlichen Zusammenlebens für alle Staaten und Organisationen wichtig bleibt. Heutzutage ist kein Staat autonom. Die weltweiten Interdependenzen sind dafür schon zu stark ausgeprägt und nehmen zu. Selbst die Vereinigten Staaten, die derzeit vermutlich als einziger Staat weltweit die notwendigen militärischen Voraussetzungen für einen autonomen Einsatz hätten, müssen sich dieser politischen Realität beugen. Die gegenwärtigen Ereignisse im Nahen und Mittleren Osten, aber auch in Afrika unterstreichen dies in ihrer gesamten Reichweite nachdrücklich. Auch militärische Autonomie ist damit eher eine Fiktion als eine realistische Option. Den zweiten Aspekt der verstärkten Kohärenz teile ich in jeder Hinsicht. Er wird zudem durch den Entwurf der Europäischen Verfassung einschließlich der „different rates of progress“ bereits erfasst. Zentrales Stichwort ist hier die „Strukturierte Zusammenarbeit“. Dieses Instrument wird zusammen mit der Europäischen Rüstungsagentur sicherlich deutliche Fortschritte im militärischen Bereich der Mitgliedsstaaten der Europäischen Union ermöglichen. Die Kohärenz ist aber ebenso zwischen den militärischen und nicht-militärischen Werkzeugen herzustellen. Sie gehen in diesem Zusammenhang im letzten Absatz zurecht darauf ein, dass Europa nicht auf sich begrenzt bleiben dürfe, sondern stets Kooperationsmöglichkeiten mit Partnern genutzt werden müssen. Diesen Gedanken teile ich vollauf. Wesentliche Voraussetzung ist es hier „gleiche Augenhöhe“ zu schaffen. Es scheint daher ausgesprochen interessant, den Gedanken der verstärkten Kohärenz zu erweiterten und auch transatlantisch zur Geltung zu bringen. Leider ist die gegenwärtige Realität zwischen NATO und EU immer noch stärker von der Betonung der Eigenständigkeit, ja, einer gewissen Konkurrenz geprägt, als von der Einsicht, dass die häufig beschworene strategische Partnerschaft den Mitgliedern beider Organisationen deutlich spürbaren, praktischen Nutzen bringen kann. Mögliche Synergieeffekte werden nach meiner Erfahrung bis heute nur in sehr geringem Umfang genutzt. Hier könnten wir alle noch deutliche Effizienzgewinne zum Nutzen unserer Nationen realisieren und erfolgreichere Arbeit in der Konfliktverhütung und Krisenbewältigung leisten. General leutnant Dr Klaus Olshausen, Représentant militaire allemand au comité militaire de l’OTAN, auprès de l’UE et de l’UEO Voici quelques idées sur la Politique européenne de sécurité et de défense . Premièrement sur l’autonomie: je suis fermement convaincu que le multilatéralisme réel continuera à être un principe politique largement reconnu. Les différentes appréciations, défendues sur le plan de l’État ou de la nation actuellement, se rapprocheront vraisemblablement étant donné l’importance que revêt l’action coopérative de la communauté internationale contre les dangers identifiés et en faveur du développement de la coexistence pacifique. De nos jours, aucun État n’est autonome. Les interdépendances mondiales sont déjà trop affirmées et ne cessent de s’étendre. Même les ÉtatsUnis, le seul pays disposant actuellement en théorie des capacités militaires nécessaires à un engagement autonome, doivent s’incliner devant cette réalité. Les événements récents au Proche et au Moyen Orient, mais N°2 - Juillet 2004 - p. 6 - European Defence Vision aussi en Afrique, le confirment nettement dans leur portée générale. En conséquence, l’autonomie militaire est plus une fiction qu’une option réaliste. Je suis tout à fait d’accord avec le deuxième aspect de la cohérence renforcée. De plus, il est déjà couvert dans le projet de Constitution européenne y compris au niveau « des rythmes différents de progrès ». Le mot clé ici est celui de « coopération structurée ». Avec la création de l’agence européenne de l’armement, l’UE disposera d’un instrument lui permettant sans doute de réaliser des avancées spectaculaires dans le domaine militaire de ses États membres. Mais il faut aussi établir la cohérence entre les outils militaires et non militaires. Dans ce contexte, M. Gubert insiste à juste titre dans le dernier paragraphe sur le fait que l’Europe ne doit pas se limiter à elle-même et qu’il faut inlassablement utiliser les possibilités de coopération avec des partenaires. Je partage pleinement cet avis. Un préalable important est de créer une même « hauteur de vue ». C’est pourquoi il est intéressant d’élargir l’idée de la cohérence renforcée et de l’appliquer aussi aux relations transatlantiques. Malheureusement, la réalité d’aujourd’hui des relations entre l’OTAN et l’UE est marquée fortement par l’aspiration à l’autonomie, voire par la rivalité, plutôt que par le partenariat stratégique si souvent prôné entre les États membres des deux organisations et susceptible de leur apporter des bénéfices concrets tangibles. D’après mon expérience, les effets de synergie potentiels ne sont utilisés que modestement. Dans ce contexte, nous devons pouvoir réaliser des gains d’efficacité visibles au profit de nos nations et des activités fructueuses dans la prévention des conflits et dans la gestion des crises. K.O. ORGANISATIONS N°2 - Juillet 2004 - p. 7 - European Defence Vision BREVES ¬Le nouveau Président de l’Union des associations de l’IHEDN (UA IHEDN) qui coordonne toutes les associations de l’IHEDN (nationale, régionales et européenne) a été élu le 8 avril 2004. Il s’agit de M. René Occhiminuti à qui nous adressons toutes nos félicitations. ¬M. Colin Cameron et les membres du bureau de l’AAE IHEDN ont reçu à déjeuner le 24 mai 2004, M. René Occhiminuti, le nouveau Président de l’UA IHEDN ; le 15 juin, Jacques Lefort, Président de l’Association nationale des auditeurs jeunes de l’IHEDN, accompagné de MM. Christophe Mellies et Pierre-Yves Godin ; le 30 juin, Mme Chantal Brault, Présidente de l’Association régionale Paris de l’IHEDN, accompagnée de MM. Pierre d’Amarzit et Bruno Poisson. Des projets communs vont bientôt voir le jour. ¬Le séminaire des auditeurs de l’IHEDN s’est tenu les 25 et 26 juin 2004 à l’École militaire - Paris. Il a été ouvert par le général de Zuchowicz, directeur de l’IHEDN. Les deux premières conférences avaient l’Europe pour thème. Le sénateur Denis Badré traita de l’élargissement de l’Union européenne, enjeux et perspectives en matière de sécurité et de défense et le journaliste Antoine Sfeir de l’Islam et l’Europe . ¬Si vous organisez ou si vous êtes invités à participer à des séminaires ou des conférences sur l’Europe de la défense merci de nous en faire part afin que nous les signalions dans notre journal ! LE FUTUR COLLEGE EUROPEEN DE SECURITE ET DE DEFENSE THE FUTURE EUROPEAN SECURITY AND DEFENCE COLLEGE DAS KÜNFTIGE EUROPÄISCHE SICHERHEITS- UND VERTEIDIGUNGSINSTITUT A l’initiative du ministre français de la Défense, Mme Michèle ALLIOTMARIE, l’IHEDN a organisé les 11, 12 et 13 février 2004, en coopération avec ses partenaires allemands, belges et luxembourgeois, un séminaire international visant à définir les contours du futur Collège européen de sécurité et de défense (CESD). Réunissant à Paris, à l’École militaire, les experts de 25 pays européens (États membres et futurs États membres), les travaux ont permis d’aboutir à un projet d’organisation et de fonctionnement du CESD. L’enseignement sera principalement dispensé sous forme de modules d’une semaine environ prenant place, à tour de rôle, dans 4 ou 5 pays européens différents. Une formule de télé-enseignement complètera ce dispositif. D’ores et déjà, il a été convenu qu’un premier module expérimental ou « pilote » serait organisé en Allemagne en septembre 2004, suivi d’un second en novembre, à Bruxelles et à Paris. At the initiative of the Defence Minister of France, Michèle ALLIOT-MARIE, the IHEDN, in cooperation with its German, Belgian and Luxembourg partners, organised an international seminar on 11, 12 and 13 February 2004 with a view to defining the basic structure of the future European Security and Defence College (ESDC). Auf Initiative der französischen Verteidigungsministerin, Michèle ALLIOT-MARIE, und in Zusammenarbeit mit seinen Partnern aus Belgien, Deutschland und Luxemburg, hat das IHEDN vom 1113 Februar 2004 ein internationales Semi nar zur Festlegung der Grundlinien des künftigen Europäischen Sicherheits- und Verteidigungsinstituts veranstaltet. Experten aus den 25 aktuellen und künftigen EUMitgliedstaaten haben an dieser Konferenz in der Ecole Militaire in Paris teilgenommen. Diese Überlegungen haben zu einem Entwurf über die Organisation und Arbeitsmethoden des künftigen Bildungsinstituts geführt. Die Ausbildung soll hauptsächlich aus Lehrkursen von ungefähr einer Woche bestehen, die in vier oder fünf verschiedenen europäischen Ländern turnusmässig abgehalten und durch Internetkurse ergänzt werden sollen. Ein erster „Pilotkursus“ soll im September 2004 in Deutschland a b ge h a l t e n we r d e n . W e i t e r e experimentelle Kurse sollen im November in Brüssel und Paris folgen. Ausbildungsthemen sind die jüngsten Entwicklungen im Rahmen der europäischen Sicherheits- und Verteidigungspolitik (ESVP). Die Teilnehmer − Zivilisten und hochrangige Militärs (mit dem Rang Le contenu de l’enseignement portera sur les évolutions actuelles de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Les participants seront choisis par les États membres parmi les personnalités civiles et les militaires de haut rang (à partir du grade de colonel) The conference, which took place at the Ecole Militaire in Paris, brought together experts from 25 current and future EU member states. Its deliberations produced a draft document defining the organisation and modus operandi of the ESDC. Its courses will be dispensed essentially during week-long modules to be held, successively, in 4 or 5 different European countries. The modules will be supplemented by distance-learning courses. It has already been agreed to organise a pilot module in Germany in September 2004, to be followed in November by further experimental modules in Brussels and Paris. The courses will cover current developments in the European Security and Defence Policy (ESDP). Participants will be civilians or highranking military personnel (rank of Colonel) selected by the member states. AAE IHEDN adresse postale : 43, avenue du Président Wilson - 75 116 PARIS Contact: Corine Caballero-Bourdot - tel: 01 53 67 22 00- Fax: 01 53 67 22 01 - ccaballero.assembly.weu.int Rédacteur en Chef : Pierre Cadet - Éditeurs associés : Isabelle Chanel & Sylvie Sahut d’Izarn Copyright interdite N°2 - Juillet 2004 --p.reproduction 3- European Defence Vision