des outils pratiques
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Structure, inteRelations , Sens making ( SRS ) : Evacuation , Vade Mecum Rapport Par Prof. Dr. Jacques J – M., Verdin V. MA. L. Pinganaud , M Sc., M. Latiers, MA., S. Luc, M Sc. et Prof. Dr. J – L Wybo Septembre 2009 Table des matières __ Avertissement général Remerciements Introduction 1 ) Partie théorique Modèle SRS et contingence 2 ) Méthodologie ( rappel ) 2.1 ) Méthodologie générale 2.2 ) Méthodologie spéciale 2.3 ) La collecte de données 3 ) Travail empirique : Les cas et exercices 3.1 ) Avertissement 3.2 ) Les cas Cas 1 Katrina Cas 2 City 2 Cas 3 La Loire Cas 4 Antwerpen Autres cas sur des aspects spécifiques ERGO 3.3 ) Exercice de validation du nouveau SRS : PERWEX 4 ) Interprétation 5 ) Le Vade Mecum 6) Validation 6.1 VADEX 6.2 Confrontations Bibliographie Avertissement général Marcheur, ce sont tes traces ce chemin, et rien de plus ; Marcheur, il n'y a pas de chemin, Le chemin se construit en marchant. En marchant se construit le chemin,… Antonio Machado, Chant XXIX Proverbios y cantarès, Campos de Castilla, 1917. Nous souhaitons dans cet avertissement revenir sur certains points de méthodologie inhérent à notre position épistémologique d’ une part ainsi qu’ au choix de notre dispositif de recherche par ailleurs . Nous traiterons cependant ces deux aspects sous la même argumentation. Notre position épistémologique comme annoncée dans notre premier rapport (décembre 2008) est ‘constructiviste’, notre dispositif de recherche s’inscrit dans l’utilisation de méthodes de recherche qualitative. En quelque sorte ces choix sont contraignant pour le déroulement de la recherche. En matière de recherche scientifique et pour faire bref on ‘oppose’ ( nous préférons ‘ complémente ‘ ) généralement les approches dites qualitatives aux approches dites quantitatives , de même on oppose les positions épistémologiques ‘ constructivistes – interprétativistes’ aux positions ‘ positivistes ‘ . En soi cela pourrait n’ être qu’ une question de spécialistes en philosophie des sciences et en méthodologie de la recherche, ces questions sont cependant pertinentes si l’ on veux s’ assurer des la validité scientifique des recherches et résultats et à cela toute notre équipe est parfaitement bien rodé , c’ est bien vrai . Cependant cette distinction, qui n’est pas une véritable opposition, mais des modes de recherche fort souvent complémentaires, présente des implications évidentes et fortes pour nos travaux. Si les épistémologies positivistes souvent accompagnées de méthodologies quantitatives recommandent un processus ( démarche ) linéaire de recherche ( une étape du processus de recherche suivant une autre étape lorsque cette dernière est épuisée ) , quand le chercheur mobilise une épistémologie constructiviste et des méthodes qualitatives , le processus est différant et non linéaire , le chercheur construit petit à petit des interprétations qui ne sont épuisées que lorsque la recherche est finie . Ceci à pour notre recherche les conséquences suivantes : • La recherche a progressé, en utilisant une métaphore, un peu comme on construit un puzzle, une pièce après une autre l’image apparaît, le sens surgit … • C’est la raison pour laquelle, en restant dans l’esprit général de la recherche, nous avons été amené à faire évoluer certains aspects liés à la collecte de données et par conséquent cela peut avoir eut des répercussions sur le planning (certaines activités ont été déplacées dans le temps, d’autres activités non envisagées au début ont été réalisées, tout ceci pour les besoins de notre recherche) • Ceci , même si ceci est le rapport final , il n’ est pas encore final , il sera complété de la validation du Vade –Mecum lors de l’ exercice VADEX et d’ une traduction néerlandaise du Vade – Mecum ( disponible dans la toute dernière version prévue pour mi octobre ) • Le texte est parfois rédigé de manière segmenté , il est cependant parfaitement lisible dans sa continuité • La bibliographie n’ est pas encore unifiée Remerciements Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont accepté de participer à cette étude , elles sont nombreuses et par conséquent ne peuvent être remerciées individuellement , elles se reconnaîtrons cependant : interviewés , CGCCR , comité d’ accompagnement , personnes relais dans les provinces , communes , disciplines , relecteurs , traductrice , experts ou acteurs dans les exercices, les autres et notamment nos étudiants et doctorants belges et français , …. qui ont acceptés ou maniés la camera , l’ enregistreur , le carnet de laboratoire ou leur plume et ordinateur ,…. Introduction L’objet de ce rapport final de nos travaux est de présenter les résultats finaux de ce travail de recherche appliquée. Le rapport comporte comme annoncé, deux grandes parties indissociables. Tout d’ abord un construction d’un cadre conceptuel travail théorique de aboutit appelé ci-dessous le modèle , ensuite un travail empirique basé sur des études de cas et enfin un VadeMecum en deux parties. Les cas portent sur des évacuations dont il faut mentionner que leurs ampleurs sont variées. Ainsi nous avons étudié le cas du cyclone Katrina en Louisiane aussi le cas de la Loire qui sont des cas d’ évacuations de grande tailles, les cas de City 2 et celui d’ Antwerpen sont des cas plus restreints. Enfin un Vade – Mecum pratique a été rédigé sur base d’ une fort large littérature , des cas et des interviews administrés . Par ailleurs : 1 nous avons, avec la collaboration d’ étudiants réalisés une série d’ interviews portant sur des situations particulières d’ évacuation ( demandé par le comité d’ accompagnement ) , 2 - nous avons participés aux journées de visite de l’ équipe d’ ASTON BUSINESS SCHOOL , comme interviewé et nous avons assistés et récoltés tous les interviews . 3 – nous avons collecté avec quatre de nos chercheurs des données vidéo lors de l’exercice PERWEX (afin de valider le nouveau modèle SRS ) les 13 mars 2009 pour l’ exercice et le 23 avril pour le debreifing , 4 – nous avons participé à l’ exercice TUNEX le 5 mai 2009 , et pour finir nous organiserons un exercice appelé VADEX en septembre afin de valider sur le terrain le Vade Mecum , nous avons par ailleurs validé le Vade Mecum en le confrontant à l’ expertise de plusieurs experts de terrain . 1 - Partie théorique : Modèle SRS et contingence Une question de regard sur l’organisation en général L’objectif de ce texte est de mettre en exergue, sur base d’un cadre conceptuel original, les questions soulevées par ce qu’on appelle le changement organisationnel. Le concept de changement organisationnel Ce cadre conceptuel intègre deux dimensions dans l’analyse organisationnelle dans le contexte des évacuations 1 : « celle des structures dans lesquelles prennent place les jeux des acteurs, celle des relations entre acteurs qui mettent en action ces structures contribuant par leurs jeux à les faire évoluer vers de nouvelles donnes organisationnelles. Cette dimension prend également en compte les principes de légitimité par lesquels les acteurs justifient leurs jeux et les ordres construits. »2. L’intérêt de ce cadre conceptuel est de trouver un équilibre entre une perspective mécanique, structuro-fonctionnaliste et une perspective qui, tout en prenant en compte ces contraintes d’ordre structurel, intègre les acteurs avec leurs intérêts propres et la manière dont ils participent à la mise en action de cette structure ainsi que le sens qu’ils vont y trouver ou qu'ils vont lui donner. A ce titre et concernant les évacuations , telle perspective consiste à considérer que leur organisation consiste a prendre en compte et pour paraphraser notre propre définition : des structures ( dans le cas des inondations, les lieux, la division du travail au travers des disciplines , les plans , les temporalités , la logistiques et les équipements ) dans lesquelles prennent place les jeux des acteurs ( ici les décideurs , les intervenants , les impliqués ) , celle des relations entre acteurs ( decideurs , intervenants , impliqués ) qui mettent en action ces 1 Nous tenons à remercier Johan Tirtiaux pour sa participation à la collecte des données empiriques utilisées dans le cadre de cette étude. 2 De Vos A., Lobet-Maris Cl, Rousseau A., (2002), « From coordination to loyalty. Developing a constructivist perpsective on organisational and technological changes », InterfacultyTechnology Assessment Cell (CITA), Univesity of Namur, p. 3 structures contribuant par leurs jeux à les faire évoluer vers de nouvelles donnes organisationnelles ( ici vers les buts que se sont assignés les autorités publiques en relation avec le contenu de l’ A.R. ) . Cette dimension prend également en compte les principes de légitimité par lesquels les acteurs justifient leurs jeux et les ordres construits ( ici les enjeux , le sens que les différents acteurs donnent à leurs actions ). »3. Les différentes études et terrains que nous avons réalisés ( liste ) nous indique que pour comprendre et concevoir des organisations performantes , il s’ agit de prendre en considération plus que la vision traditionnelle de l’ organisation . La littérature en science des organisations et en psychologie des organisations aborde ces thèmes depuis plusieurs années. Nous parcourant ci après les différentes tentatives envisagées par les recherche. Nos travaux de plus nous portent à affirmer que de manière générale la coordination joue un rôle prépondérant et ce n’ est pas étonnant en particulier dans les situations de ruptures . Cette perspective est dite constructiviste4 en ce sens qu’elle prend en considération la dualité des structures qui sont à la fois des produits et des processus, c’est-à-dire en d’autres termes, contraintes pour l’action en même temps que construites par elle. Ainsi, « …Dans une perspective constructiviste, les réalités sociales sont appréhendées comme des constructions historiques et quotidiennes des acteurs individuels et collectifs »5. Cette perspective s'attache donc à cerner la production et la reproduction permanente des réalités sociales dans l'interaction entre les personnes6. Dans ce premier chapitre, nous nous proposons de caractériser ces différentes dimensions qui sont autant de niveaux d’analyse en présentant succinctement les conceptions de l’organisation qui y préside ainsi que les principaux concepts analytiques qui y sont attachés. Nous privilégions une présentation ciblée sur les concepts mobilisés dans le cadre de cette recherche à une présentation exhaustive des référentiels théoriques en question. Ce cadre conceptuel comme dit supra consiste à considérer qu’une organisation n’est pas que une structure objective et qui consiste en ce qui est prescrit et objectivable (on peut en effet objectiver, dans ce cadre ci, la division du travail par la manière dont sont distribué les rôles et les responsabilités, les outils 3 De Vos A., Lobet-Maris Cl, Rousseau A., (2002), « From coordination to loyalty. Developing a constructivist perpsective on organisational and technological changes », InterfacultyTechnology Assessment Cell (CITA), Univesity of Namur, p. 3 4 LeMoigne J-L., (1995), « Le constructivisme – tome 1 : les fondements » et « Tome 2 : des épistémologies» , ESF 5 Corcuff P.,(1995), « Les nouvelles sociologies », Nathan Université, p. 17. 6 Mehan H.,(1982), « Le constructivisme social en psychologie et en sociologie », Sociologie et Société, vol. XIV, 2, pp. 7795. utilisés pour remplir les fonctions assignées, les règles formelles, les plans, les moyens de coordination, ….). L’organisation aussi est tout autant un système de relations. Les relations sont souvent représentées par les jeux de pouvoir entre les intervenants ou également, dans le cas de la crise, entre les différentes disciplines et cellules, ces jeux survenant souvent à l’insu des acteurs individuels et collectifs. Cette dimension des relations fait donc référence à tout ce qui concerne les relations d’alliance, les coalitions, les jeux des différents acteurs, en fonction des règles (structures), et qui modifient aussi les règles. L’organisation comporte aussi selon notre modèle une dimension de « sens making ». Le sens est ce par quoi lequel les acteurs individuels et collectifs justifient leurs actions (principe de légitimité, conscience, éthique, ….). En plus de leurs intérêts, les acteurs agissent aussi en fonction de leurs valeurs. Celles-ci ont un rôle important à jouer car elles rendent certains comportements légitimes, acceptables alors que d’autres sont dénigrés. Notre représentation du monde a une influence sur notre façon d’agir. Dans la littérature plus appliquée, l’on à tendance à ne considérer que la structure comme composant de l’organisation, laissant sur le côté les aspects riches que comportent les deux autres dimensions. Sur la matière qui nous occupe ‘ les évacuations ‘ , les trois dimensions retenue par notre modèle sont tout à fait d’ application et nous nous en serviront pour construire le Vade Mecum . Dit autrement nous considérons par là que le Vade Mecum devra comprendre des aspects relevant des trois dimensions et ce de manière explicite ou implicite . Les lignes qui suivent décrivent plus en détails les fondements théoriques de notre approche. L’intérêt donc de ce cadre conceptuel est de trouver un équilibre entre une perspective mécanique, structuro-fonctionnaliste et une perspective qui, tout en prenant en compte ces contraintes d’ordre structurel, intègre les acteurs avec leurs intérêts propres et la manière dont ils participent à la mise en action de cette structure ainsi que le sens qu’ils vont y trouver ou qu'ils vont lui donner. Cette perspective est dite constructiviste7 en ce sens qu’elle prend en considération la dualité des structures qui sont à la fois des produits et des processus, c’est-à-dire en d’autres termes, contraintes pour l’action en même temps que construites par elle. Ainsi, « …Dans une perspective constructiviste, les réalités sociales sont appréhendées comme des constructions historiques et quotidiennes des acteurs individuels et collectifs »8. Cette perspective s'attache donc à cerner la production et la reproduction permanente des réalités sociales dans l'interaction entre les personnes9. 1.1.1 Un regard sur les structures La première dimension de notre cadre d’analyse s’inscrit dans les théories de la contingence consacrées à l’étude des structures des organisations. L’objet de cette première dimension est d’isoler le « déjà-là » structurel à l’intérieur duquel les jeux d’acteurs prennent place. Conception de l’organisation : une structure Dans une perspective mécanique, l’organisation se définit d’abord et avant tout comme une structure formelle, c’est-à-dire comme « la somme totale des moyens employés pour diviser le travail entre tâches distinctes et pour ensuite assurer la coordination entre ces tâches »10. Deux mécanismes fondamentaux déterminent la structure d’une organisation : la différenciation et l’intégration11. Ces deux mécanismes sont les moyens mobilisés dans les organisations pour gérer les interdépendances de flux de travail. Le mécanisme de différenciation se 7 LeMoigne J-L., (1995), « Le constructivisme – tome 1 : les fondements » et « Tome 2 : des épistémologies» , ESF 8 Jean-Marie JACQUES, Claire LOBET- MARIS, Anne ROUSSEAU, (2004), Kalidoscopie du changement : modernisation de l’hôpital, 2 ieme Eds., P.U.N. 9 Mehan H., (1982), « Le constructivisme social en psychologie et en sociologie », Sociologie et Société, vol. XIV, 2, pp. 77- 95. 10 Mintzberg H., (1978), « Structure et dynamique des organisations », Editions de l’Organisation, p. 18 11 Strategor, (2003), « Stratégie, structure, décision, identité. Politique générale d’entreprise. » InterEditions, p. 224. Pour les concepts d’intégration et coordination, nous tenons à renvoyer le lecteur vers l’ouvrage de Lawrence P. et Lorsch J., (1973), « Adapter les structures de l’entreprise », Editions d’organisation retrouve à deux niveaux : au niveau des tâches d’une part, au niveau des entités ou départements qui composent l’organisation d’autre part. Au niveau des tâches, la différenciation concerne la division du travail. Il s’agit de la division des tâches en différentes activités plus ou moins spécialisées. Mintzberg distingue deux formes de division du travail : la spécialisation horizontale correspondant à la « largeur » du poste c’est-à-dire au nombre de tâches qu’il comprend et la spécialisation verticale du travail qui traite de la séparation plus ou moins marquée entre la conception et la réalisation du travail. Cette spécialisation verticale est liée au degré de contrôle que le professionnel exerce sur son travail. Cette spécialisation va d’un travail très défini, fortement prescrit et sur lequel le travailleur n’a aucun contrôle (forte division ou spécialisation verticale du travail) à un travail peu défini que le travailleur est seul à pouvoir contrôler (faible division ou spécialisation verticale du travail). Au niveau des entités ou départements, la différenciation correspond à ce que Mintzberg nomme le regroupement en unités. Il s’agit du principe de départementalisation qui préside à la définition des différentes entités de l’organisation. Nous avons ici limité la présentation de différents types de regroupement traités par la littérature12 aux trois qui nous intéresseront dans le cadre de notre réflexion quant au changement organisationnel dans le contexte des évacuations : à savoir le regroupement par fonction, le regroupement par produit ou marché et le regroupement par projet. Le regroupement par fonction ou par spécialité qui caractérise une structure dite fonctionnelle se fonde sur un principe de différentiation entre départements sur base de la spécialité ou du métier des professionnels qui les composent. Ce type de regroupement se base sur une même offre de services de tous les opérateurs. Ainsi par exemple beaucoup d’entreprises sont-elles structurées de la sorte en regroupant les financiers d’une part, les personnes en charge des achats d’autres part, etc. Le regroupement par 12 Strategor, (2003), op. cit. et Mintzberg H., (1978), op. cit. , Lawrence P.R. & Lorsch J.W., (1967), «Organization and Environment : Managing Differentiation and Integration », Harvard Business Press, Galbraith J.R., (1977), « Designing complex organisation », Addison Wesley produit ou par marché consiste à rassembler en une même entité organisationnelle les différents opérateurs nécessaires à la réalisation d’un produit de A jusqu’à Z. Ainsi, par exemple, beaucoup de banques sont-elles structurées en fonction des segments de marché qui sont les leurs : on distinguera le département « corporate » qui traite des services aux entreprises du département « retail » s’adressant pour sa part aux particuliers. Le regroupement par projet concerne le rassemblement des différents acteurs nécessaires à la réalisation d’un projet dont la durée peut être limitée dans le temps et dont la réalisation n’est pas répétitive. Ainsi en est-il dans certaines industries du secteur automobile où la conception d’un nouveau modèle rassemble en une même entité ou département des métiers différents autour d’un même objectif. Après qu'on ait défini comment se réalisent la division du travail en tâches et la départementalisation en unités, se pose la question de l’intégration à mettre en place entre, d’une part, les parcelles de travail divisées et entre, d’autre part, les départements ou services de l’organisation. La division des tâches et la départementalisation suscitent de fait toujours un cloisonnement auquel doivent répondre des mécanismes de coordination. Mintzberg isole cinq mécanismes de coordination liés directement à la division des tâches : - l’ajustement mutuel : le travail est coordonné par le biais d’échanges informels et de communications entre les travailleurs; - la supervision directe : le superviseur prend en charge la coordination entre les travailleurs; - la standardisation des procédés de travail : la coordination se réalise par la normalisation de procédures de travail. Le travailleur suit ces normes et standards élaborés par des spécialistes de la chose; - la standardisation des résultats : la coordination se réalise non plus par une programmation, non des tâches à réaliser, mais bien des résultats ou objectifs à atteindre; - la standardisation des qualifications : la coordination se réalise indirectement par la normalisation des compétences des travailleurs, c’est-à-dire par une spécification de la formation requise pour exécuter une tâche. Dans le cadre de l’évolution des moyens de communication et d’information, nous ajoutons à cette liste un sixième mécanisme de coordination qui peut également être considéré comme une variante de la standardisation des procédés de travail : la standardisation des processus de transmission de l’information. Il s’agit de la mise en place de documents (papier ou informatique) standardisés dont le rôle est la transmission systématique de l’information13 entre les différentes unités ou les différents membres de l’organisation. En ce qui concerne la nécessaire coordination entre entités ou départements, les auteurs parlent de mécanismes de liaison et en définissent quatre types : - les postes de liaison : ce sont des postes/fonctions spécifiques dont le rôle est de faire le lien entre deux ou plusieurs unités ; ces fonctions sont, selon les cas, plus ou moins investies d’une autorité formelle pour ce faire; - les groupes de projets et comités permanents sont des organes de coordination rassemblant des membres des différents départements en question. Leur durée de vie peut être limitée à la réalisation d’un projet ou non; - la planification des activités est également une forme de coordination entre département reposant cette fois sur la formalisation (contrat client fournisseur par exemple); - enfin certains autres mécanismes de liaison entre entités organisationnelles s’appuient davantage sur la dimension symbolique des organisations en mobilisant une dimension idéologique (corporate culture, projet qualité,…). 13 Voir notamment Amar L. & Minvielle E., (2000), « L’action publique en faveur de l’usager : de la dynamique institutionnelle aux pratiques quotidiennes de travail. Le cas de l’obligation d’informer le malade » In Sociologie du travail, 42, p. 74 L’organisation ainsi considérée comme une structure se définit donc pour l’essentiel à partir des principes de différentiation et d’intégration qui la caractérisent.. Principales caractéristiques Les composantes de l’organisation Dans sa conception de l’organisation, Mintzberg isole cinq composantes de base à toute organisation : - Le noyau opérationnel accomplit le travail de base de l’organisation. Les travailleurs sont investis de la fabrication des biens et/ou de la prestation de services proposés par l’organisation; - le sommet stratégique est chargé de s’assurer de la gestion de l’organisation et du bon suivi des missions définies. Il sert les besoins de ceux qui contrôlent l’entreprise; - la ligne hiérarchique est composée d’une chaîne de cadres investis d’une autorité formelle. Elle relie le sommet stratégique au noyau opérationnel; - la technostructure est composée d’analystes et d’experts qui contribuent à l’organisation en élaborant des normes de fonctionnement qui définissent les modalités de travail des travailleurs; - la fonction de support logistique est formée d’unités spécialisées fournissant des prestations « périphériques » mais indispensables à la réalisation du travail du noyau opérationnel. Les buts de l’organisation Mintzberg définit également les buts de l’organisation. Il fonde une distinction entre les buts de système et les buts de mission. « Les buts de mission sont ceux qui se réfèrent aux produits, aux services, aux clients de l’organisation ». Alors que « les buts de système sont ceux où il est question de l’organisation en tant que telle, et de ses membres. »14 A titre d’exemple le but de mission d’une entreprise informatique sera peut-être le développement d’un nouveau logiciel. Alors que son but de système sera de rechercher une croissance économique, un gain ou le développement de l’emploi. Une typologie des configurations organisationnelles A partir de ces principaux éléments, Mintzberg dessine les profils de cinq configurations organisationnelles : la structure simple, la bureaucratie mécanique, la bureaucratie professionnelle, la structure divisionnelle et l’adhocratie. Nous nous bornerons à présenter ici les structures que nous mobiliserons dans le cadre de cette réflexion à propos du changement dans les organisations et plus particulièrement les organisation des secours à savoir la bureaucratie mécaniste, la bureaucratie professionnelle et l’adhocratie15. La bureaucratie mécaniste est une configuration organisationnelle caractérisée par un principe d’intégration prenant la forme d’une standardisation des procédés de travail opérationnel. La technostructure y est particulièrement développée et met en place un grand nombre de règles, de procédures de travail et de communication formalisées qui régulent le fonctionnement des unités. Les unités sont souvent de grande taille, les tâches sont verticalement et horizontalement spécialisées et regroupées selon un mode fonctionnel. Les décisions sont centralisées et la structure administrative élaborée. On retrouve souvent une ligne hiérarchique comptant de nombreux échelons. La bureaucratie professionnelle est un type de configuration dans laquelle le mécanisme de coordination privilégié est la standardisation des qualifications de ses travailleurs. L’organisation recrute des spécialistes déjà fortement qualifiés pour accomplir les tâches complexes du centre opérationnel. La complexité de 14 Nizet J. & Huybrechts C., (1998), « Interventions systémiques dans les organisations. Intégration des approches de Mintzberg et de Palo Alto », p. 35 15 Pour une introduction à la théorie de Mintzberg voir entre autre Nizet J., Pichault F., (2001), « Introduction à la théorie des configurations », De Boeck ces tâches va de pair avec une grande latitude dans le contrôle du travail par les professionnels eux-mêmes (faible spécialisation/division verticale du travail). Le caractère bureaucratique de cette structure est lié à l’existence de standards préétablis qui prédéterminent les connaissances et compétences nécessaires à la bonne réalisation des tâches. Dans cette configuration, les standards sont cependant définis à l’extérieur de l’organisation. Le travail du centre opérationnel peut se voir comme un répertoire de programmes standard que les professionnels sont prêts à utiliser, applicables à des situations répertoriées, prédéterminées qu’on peut appeler cas. Il s’agit donc d’un processus de classement qui permet de découpler les diverses tâches et de les affecter à des professionnels relativement autonomes. L’adhocratie est une configuration organisationnelle complexe et peu formalisée. La coordination s’y effectue par ajustement mutuel. Elle rassemble des spécialistes d’orientations différentes afin de répondre à un problème précis. La standardisation du travail y est très faible. L’adhocratie rassemble des experts et leur confie un fort pouvoir d’initiative dans le but de favoriser l’innovation. On y retrouve une faible spécialisation horizontale du travail et la taille des unités y est souvent assez réduite. Ces configurations organisationnelles doivent être vues comme des idéaux-types, des combinaisons structurelles théoriquement cohérentes. Il est évident que l’existence d’organisations correspondant à ces formes pures est peu probable. La volonté, présente dans beaucoup d’organisations contemporaines d’évoluer vers une structure plus transversale, suggère, par exemple, la mise en place de formes adhocratiques superposées à une structure verticale. De ce point de vue, la question porte dès lors moins sur une évolution d’une configuration organisationnelle vers une autre que sur une évolution de l’équilibre entre les différentes configurations en place. L’objectif de « transversalité » est poursuivi : « La transversalité est le concept intégrant de l’interdisciplinarité, qui, réellement, traverse ou fait appel de manière concomitante à plusieurs entités verticales (fonctions, divisions, départements) (…). »16. Ce concept implique de dépasser ce que l’auteur appelle la simple multidisciplinarité « dans laquelle les différents spécialistes sont le plus souvent sollicités de manière séquentielle et dans leur environnement propre »17. 1.1.2 ) Un regard sur les relations La deuxième dimension de notre cadre conceptuel tient aux relations que les acteurs entretiennent entre eux. Nous nous référerons pour l’essentiel à Crozier et Friedberg18 en ce qui concerne la théorie politique de l’action organisée. Conception de l’organisation : un construit social La théorie de la contingence de Mintzberg s’appuie sur une vision réifiée de l’organisation. Selon cette théorie, l’organisation existe en soi au travers de ses structures et de leurs dynamiques. Aucune question n’est posée quant à l’origine de ces structures ni quant aux acteurs et aux rôles qu’ils peuvent jouer par rapport au maintien et au développement de ces structures. Cette théorie repose, selon Chazel, Favereau et Friedberg 19 sur une illusion structurelle qui consiste à penser que « les structures seraient dotées de quelque pouvoir miraculeux de “ marcher toutes seules ” » (p. 88). Or, il n’en est rien. Ce sont les hommes qui, au quotidien, font fonctionner ces structures d’organisation, les adaptent, les transforment pour tenir compte des réalités auxquelles ils sont confrontées. En ce sens, ces structures sont autant travaillées par les acteurs de l’organisation qu’elles ne travaillent sur eux en orientant et délimitant leurs comportements. La prise en compte des acteurs comme moteurs du phénomène organisationnel est le point de départ de notre seconde dimension. Ce changement de perspective 16 17 18 Scholtes J-L., (20001), « L’hôpital se met au matriciel » in L’hôpital belge. 3, 246 Glouberman S. & Mintzberg H., (2001), op. cit. Voir Crozier M. & Friedberg E., (1977), « L’acteur et le système. Les contraintes de l'action collective. » Seuil et Friedberg E., (1993), « Le pouvoir et la règle. Dynamiques de l’action organisée. » Seuil, Coll. Point. 19 Chazel F., Favereau O. & Friedberg E., (1994), « Symposium sur le pouvoir et la règle » In Sociologie du travail, 1, pp. 85-111 engendre une remise en question de la notion d’organisation. Cette dernière est constituée d’un ensemble d’acteurs porteurs d’enjeux et de logiques d’actions variées. La structure devient un contexte d’action dans lequel se nouent et se gèrent des rapports d’échanges et de conflits20. Quand on y réfléchit bien, une organisation n’est rien d’autre qu’un tissu d’interdépendances entre les acteurs, les services et les départements qui la composent. Ce qui permet l’action collective, c’est la capacité et la volonté des uns et des autres à gérer ces interdépendances afin de permettre le fonctionnement de l’ensemble. Or cette coopération et partant l’action collective qu’elle supporte est loin d’être naturelle. Elle met en jeu des acteurs, qu’il s’agisse d’individus, de services ou encore de départements, aux intérêts toujours particuliers et souvent difficilement conciliables. Il s’agit alors de se demander, à la suite de Crozier et Friedberg, « A quelles conditions et au prix de quelles contraintes l’action collective, c’est à dire l’action organisée, des hommes est-elle possible ? … Si l’action collective constitue un problème si décisif pour nos sociétés, c’est d’abord et avant tout parce que ce n’est pas un phénomène naturel. C’est un construit social dont l’existence pose problème et dont il reste à expliquer les conditions d’émergence et de maintien. »21 Cette conception de l’organisation a, selon Crozier et Friedberg, quatre conséquences importantes : « (1) L’organisation ne peut être appréhendée comme une structure indépendante des relations qui s’y nouent; elle en est le produit, pas seulement le cadre; l’organisation est un construit. (2) L’influence de l’environnement sur l’organisation est médiatisée par l’intervention des acteurs sociaux; l’organisation ne subit pas son environnement, elle peut le modifier. 20 Voir Crozier M. & Friedberg E., (1977), op. cit. et Friedberg E., (1993), op. cit. « Le pouvoir et la règle. Dynamiques de l’action organisée ». Seuil, Coll. Point. 21 Crozier M. & Friedberg E., (1977), op. cit. p. 13 (3) L’action des individus peut toujours être saisie comme l’expression de leur stratégie; (…); la stratégie n’a pas besoin d’être consciente pour exister. (4) Enfin, les individus ne maîtrisent jamais complètement leurs objectifs; ils les découvrent à travers leurs expériences (rationalité procédurale) »22. Principales caractéristiques Acteur et pouvoir, ressources et enjeux Voir l’organisation comme un tissu d’interdépendances, c’est aussi se rendre compte que dans une organisation, on est tous dépendants des uns des autres pour l’atteinte des objectifs qu’on s’est fixé… comme, on est aussi tous en puissance une incertitude pour ces autres puisque de notre comportement dépendra la réalisation de leurs objectifs… Et, c’est bien là le jeu subtil et difficile sur lequel doit se tramer l’action collective. Dans cette approche, les relations de travail sont donc aussi et en même temps des relations de pouvoir. Le pouvoir réside en effet dans la dépendance des uns et des autres pour l’atteinte de leurs objectifs. Et pour Giddens23, ce pouvoir devient « une capacité transformatrice », c’est à dire « la capacité des agents d’accomplir leur volonté ». En d’autres termes, ce pouvoir lié à la dépendance permet à chaque acteur de négocier la relation de travail, de la travailler afin de l’infléchir dans le sens particulier de ses intérêts. Nous parlons ici d’acteurs et donc d'action que nous qualifions de stratégique c'est-à-dire d'orientée ou de motivée, sans préciser davantage la nature de l'intérêt poursuivi. Il s’agit pour l’analyste de « suivre les acteurs au plus près de leur travail interprétatif »24. L'action stratégique est par conséquent une action qui s'inscrit dans une séquence temporelle finalisée. La prise en compte d'un acteur stratégique dans la réflexion implique de centrer l'analyse sur les relations ou le système et à se servir de l'hypothèse de 22 23 24 Batsch L., (1994), « L’entreprise sous influence institutionnelle », Gérer et Comprendre, 36, pp. 83-94.11 Giddens A., (1979), « Central problems in social theory », University of California Press, p. 256 Callon M., Latour B., (1991), « La science telle qu’elle se fait », La Découverte rationalité procédurale25 pour découvrir les caractéristiques relationnelles d’une organisation. La vision de l’acteur proposée dans l’analyse stratégique est celle d’un individu mobilisant des moyens afin de réaliser ses objectifs. Cette perspective implique nécessairement l’analyse de ces moyens. A la vision d’un acteur stratège sont associées les notions de pouvoir, de ressources et d’enjeux. Le pouvoir est défini comme la capacité d’une personne d’obtenir d'une autre personne un comportement que cette dernière n’aurait pas eu si la première personne ne l’avait pas influencé26. C’est là la dimension proprement politique de cette théorie. Le pouvoir est un médium d’échange incontournable27. Cette définition met l’accent sur la nature relationnelle du pouvoir. Ce dernier ne peut être ni possédé ni stocké mais il est exercé dans une relation. De plus, cette définition souligne le lien irréductible entre pouvoir et interdépendance, c’est-àdire entre pouvoir et coopération. Dès lors, une question centrale porte sur l’analyse du comment, en situation, des acteurs individuels et collectifs arrivent à construire leurs échanges et à rendre possible la « coopération conflictuelle »28. Crozier et Friedberg distinguent quatre types de ressources de pouvoir29 : • la maîtrise d’une compétence particulière et la spécialisation fonctionnelle • la maîtrise de la communication et des informations • la maîtrise des règles de l’organisation et de leurs définitions ou applications. • la relation à l’environnement pour les besoins en ressources ou pour vendre la production 25 Simon H., (1990), « Alternative Visions of Rationality », sous la direction de Moser P., « Rationality in Action », Cambridge University Press 26 Cette vision du pouvoir chez Crozier et Friedberg s’inspire de celle de Dahl R.A., (1957) « The Concept of Power », Behavioural Science, vol. 2, pp. 202-203 27 Dahl R.A., (1957), op. cit. 28 29 Friedberg E., (1992), op. cit., p. 554 Crozier M. & Friedberg E., (1977), op. cit. A ce niveau, il faut, pour aborder plus avant la problématique, identifier les acteurs concernés et les ressources qui sont les leurs. Système d’action concret et zone d’incertitude Crozier et Friedberg distinguent la « structure formelle » de la « structure informelle ». La structure formelle correspond à notre première dimension d’analyse. Il s’agit de la présentation officielle des fonctions, des compétences, de la hiérarchie telle qu’on peut la trouver dans l’organigramme. La deuxième dimension de notre cadre conceptuel met l’accent sur l’existence d’un autre type de structure plus informelle, le « système d’action concret ». Cette analyse part de l’idée que les acteurs tissent des relations. Ainsi, se créent des alliances, des coalitions qui rassemblent des acteurs aux intérêts différents autour d’un même projet. Le système d’action concret reflète ainsi les jeux de pouvoir en présence; le phénomène du pouvoir débordant constamment les rapports d’autorité traditionnels. L’analyse stratégique dépasse la présentation prescrite des acteurs et de leur autorité pour mieux étudier concrètement comment se met en place, par la négociation et le conflit, une coopération entre acteurs poursuivant des objectifs différents. Selon Crozier et Friedberg, la manière dont les différents objectifs des acteurs vont se rencontrer va prendre la forme d’un « jeu ». Il s’agit d’un « mécanisme concret grâce auquel les hommes structurent leurs relations de pouvoir et les régularisent tout en leur laissant – en se laissant- leur liberté. »30 . Le jeu, instrument de l’action organisée, va rassembler les différents acteurs en présence dans une même compétition. C’est le contexte organisationnel qui va principalement définir les règles du jeu. Ces règles du jeu peuvent être à la fois contraintes et opportunités pour l’acteur. D’un côté, elles s’imposent aux acteurs qui doivent respecter ces contraintes. Par ailleurs, elles constituent une source potentielle de pouvoir. Ces règles du jeu vont en réalité définir les « problèmes pertinents » autour desquels les différents acteurs vont 30 Crozier M. & Friedberg E., (1977), op. cit. coopérer. A ce niveau de la réflexion, la notion de système prend tout son sens. En effet, la structuration des échanges va se faire sur base des contraintes et des finalités qui s’imposent aux acteurs. C’est ce système qui définit les zones d’incertitude, et donc les ressources de pouvoir pertinentes que les acteurs vont pouvoir mobiliser stratégiquement dans leurs jeux. 1.1.3) Regard sur l’action collective : une question d’intérêts ? Dans les sections précédentes, nous avons vu que la coopération entre membres d’une organisation, ou encore la participation de chacun aux objectifs de l’ensemble était fonction des intérêts dont sont porteurs les acteurs en organisation. Cette vision de l’organisation comme un grand jeu de marchandage est à l’évidence très présente dans les fonctionnements organisationnels. Cependant, elle nous semble un peu courte pour expliquer le comportement des acteurs, limitée aussi dans l’analyse de leur rationalité. En effet, il nous semble que d’autres facteurs que la seule logique des intérêts sont à prendre en compte pour expliquer l’engagement ou l’adhésion des agents aux destinées organisationnelles. Ces autres facteurs touchent aux valeurs présentes dans l’organisation et chez ses membres. Ces valeurs donnent aux stratégies des acteurs plus de permanence, plus de consistance aussi. Expliquons-nous. La présence de certaines valeurs au sein de l’organisation rend légitimes certains comportements alors que d’autres sont implicitement dénigrés, proscrits. En d’autres termes, ces valeurs sont un peu à l’image d’un « code d’honneur » rarement explicite mais toujours présent qui fonde la légitimité du comportement de chacun et qui oriente ses choix en matière d’action et de décision. Elles permettent aussi de dépasser l’explication par trop « libérale » des comportements comme mus uniquement par une logique des intérêts « hic et nunc » pour ancrer ceux-ci dans des registres plus stables, moins individuels aussi, à savoir ceux des valeurs auxquels on croit, que l’on partage avec d’autres ou qui nous oppose à d’autres, formant notre représentation du monde, du bien comme du mal, en d’autres termes les ressorts profonds de notre identité sociale… Boltanski et Thévenot31 sont sans conteste parmi les auteurs à avoir le mieux approcher les registres de valeurs sur lesquels peuvent se fonder l’action et la décision en organisation. Dans leur ouvrage « l’Economie des grandeurs », ces auteurs nous proposent de comprendre ces valeurs comme autant de représentations du monde, de ce qui est « grand » ou encore considéré comme « bien » ou « bon » pour la Société et les hommes qui la composent. Or, comme le soulignent ces auteurs, ces notions ne sont pas immuables dans le temps. Elles sont bien au contraire marquées par le temps de l’histoire qui les ont fait évoluer, donnant aujourd’hui lieu à plusieurs conceptions de ce qui est « bien », « légitime » ou « grand ». Pour présenter ces différentes conceptions, les auteurs nous proposent une relecture originale de six textes fondateurs en philosophie politique qui chacun mette en évidence une notion particulière du bien commun ou de l’intérêt général. Ces textes constituent en quelque sorte un capital culturel ou encore un fond d’humanité commune contenant des valeurs ou encore des bases de légitimité partagées dans le monde occidental. Chacun de ces textes nous introduit à une forme particulière du « bien » ou de « l’intérêt général » ou encore pour reprendre les auteurs à un « monde » mettant en avant un « état de grandeur » ou un « mode de légitimité » différent. Le premier monde identifié par ces auteurs est le monde domestique. Inspiré par un texte de Bossuet où il présente le roi comme un père se sacrifiant pour ses sujets, ce monde met en avant les valeurs d’obéissance, de respect des anciens ou des supérieurs comme principe supérieur de légitimité sur lequel les individus fonderont leurs comportements. Ainsi, dans le monde domestique on considérera comme « grand » et donc comme légitimes les comportements de respect envers la hiérarchie ou les règles qu’ils représentent, le respect aussi envers les anciens et leur expérience. Dans ce monde, certains comportements 31 Boltanski L. & Thévenot L., (1987), « Les économies de la grandeur », P.U.F. « ne se font pas » comme critiquer les anciens ou encore court-circuiter la hiérarchie. Le deuxième monde est le monde civique. Inspiré par « Le contrat social » de Rousseau, ce monde met en avant l’intérêt général. Dans ce monde, on attribue une importance primordiale non pas à la personne individuelle mais à la collectivité. « On accède à la grandeur en sacrifiant les intérêts particuliers et immédiats, en se dépassant soi-même, en ne plaçant pas des intérêts individuels avant les intérêts collectifs »32. Dans ce monde, des valeurs telles que la solidarité, l’équité, le bien commun constituent autant de socles sur lesquels s’appuie la justification ou encore la légitimité des conduites en organisation. Le troisième monde approché par ces auteurs est le monde industriel. Dans ses fondements historiques, ce monde industriel s’appuie sur les écrits de Saint-Simon mettant en avant la raison scientifique comme fondement durable du développement de la Société. Dans ce monde est considéré comme « grand » ou légitime, ce qui est rigoureux, calculable, logique, maîtrisé. « L’ordre dans le monde industriel repose sur l’efficacité des êtres, leur performance, leur productivité, leur capacité à assurer une fonction normale, à répondre utilement aux besoins »33. A l’inverse, sera considéré comme peu légitime dans ce monde tout ce qui n’est pas rationnel, performant, mesurable, rentable…. Le quatrième monde est le monde marchand. Inspiré par les travaux d’Adam Smith dans « La richesse des nations », ce monde met en avant la compétition pour l’obtention de ressources rares, la possession, l’accumulation. Dans le monde marchand, « les actions sont mues par le désir des individus à posséder les mêmes biens, des biens rares dont la propriété est désirable »34. La concurrence fait office de principe supérieur commun. « La compétition entre les êtres mis en rivalité règle leurs litiges par une évaluation de la grandeur marchande, le prix, qui explique l’importance des désirs convergents »35. Ainsi 32 33 34 35 Boltanski L. & Thévenot L., (1987), op. cit. p. 237 Boltanski L. & Thévenot L., (1987), op. cit. p. 254 Boltanski L. & Thévenot L., (1987), op. cit. p. 244 Boltanski L. & Thévenot L., (1987), op. cit. p. 240 sera considéré comme « bien » dans ce monde tout ce qui renforce la valeur marchande d’un individu ou de l’organisation. La légitimité des actions personnelles ou organisationnelles se fonde ici sur l’intérêt de ce qui rapporte… A l’opposé, des comportements animés par la gratuité ou le désintérêt seront vus comme peu légitimes dans le monde marchand. Le cinquième monde est le monde de l’opinion. Inspiré par les textes de Hobbes sur l’honneur, le monde de l’opinion met en avant tout ce qui contribue à l’image publique ou encore à la reconnaissance des individus ou de l’organisation. Ainsi sera considéré comme « grand » dans le monde de l’opinion, le fait d’être connu ou renommé par d’autres, le fait d’être médiatisé ou encore de bénéficier d’une bonne image. La légitimité des actions personnelles et organisationnelles se fonde ici sur ce qu’elles peuvent rapporter en termes de notoriété ou de publicité. Par contre, le dicton « pour vivre heureux, vivons cachés » n’aura pas sa place dans le monde de l’opinion dans lequel la discrétion, l’humilité loin d’être des vertus y passent plutôt pour des comportements peu valorisés et valorisables. Dernier monde présenté par ces auteurs, le monde de l’inspiration s’appuie quant à lui sur les définitions données par Saint Augustin à la « grâce divine », au « don » telles qu’on les trouve dans son œuvre « La cité de Dieu ». Dans ce monde, ce qui apparaît comme légitime c’est tout ce qui a trait à la créativité, à la transcendance liée au génie créateur et l’innovation ou encore l’originalité et le détachement par rapport aux règles, à l’ordre ou aux contingences matérielles. Ainsi être innovant, sortir des sentiers battus, défendre des idées originales sont autant de comportements valorisés dans le monde de l’inspiration. Par contre dans ce monde, les « êtres à l’état de petit sont définis par référence au monde de l’opinion en ce qu’ils recherchent la considération et attachent de l’importance à la position sociale et aux signes extérieurs de réussite »36. Ainsi le conformisme, l’obéissance ou encore le conservatisme sont autant de comportements n’ayant pas droit de cité dans le monde de l’inspiration. Pour 36 Boltanski L. & Thévenot L., (1987), op. cit. p. 206 Boltanski et Thévenot, ces différents systèmes de valeur se dévoilent en situation. Face à un problème donné, une réforme à mettre en oeuvre, un projet à mener, les membres de l’organisation vont lire ces situations et bâtir leur position à partir d’une certaine représentation du « bien » ou de ce qu’ils jugent « bon » pour l’organisation. La présence de ces valeurs, toutes légitimes mais différentes, rend l’action commune difficile. Elle nécessite que se mettent en place des compromis entre acteurs, tenant compte des valeurs de chacun, seule voie possible pour l’action collective… En appliquant le réflexion précédente sur les concepts de structures, relations et sens à la contingence des situations d’évacuations nous pouvons les reformuler de la manière suivante. Les caractères contingents : évacuation entre urgence et crise Nous utilisons les différentes « dimensions » d’une organisation contenus dans le modèle SRS initial développée par Jacques, Lobet & Rousseau (2004) dans le cadre de la gestion hospitalière . Nous identifions les trois dimensions d’une situation organisationnelle/de travail. Ces trois dimensions sont les structures, les interactions (remplaçant relations) et la construction de sens (sensemaking, cf. Weick, 1995), (remplaçant sens) . En effet, les individus agissent au sein de structures (de différents types) qui contraignent leurs interactions et les dynamiques de construction de sens. Par leurs interactions, les individus contribuent par ailleurs à modifier les structures, de façon objective mais également en terme de sens. Les trois dimensions sont interreliées de manière dynamique et étroite, l’une modifiant l’autre de façon continue. En utilisant ces trois dimensions, que nous détaillons par la suite, nous pouvons distinguer différentes modalités qui permettent aux acteurs de (ou de ne pas) se coordonner. Précisons à présent ce que nous entendons par Structures, Interactions et Sensemaking. Les structures Définition La structure est ici considérée comme un élément d’un système socio technique qui donne de la cohérence, de la forme, de la rigidité au système (synonyme de « squelette »)37. La structure constitue une contrainte. Elle peut prendre différentes formes. Dans les organisations, il existe une structure spécifique (avec une division du travail, des rôles et des tâches attribuées aux individus). D’autres structures (dans le sens d’une construction organisée) existent dans l’organisation. Les différents types de structure La configuration organisationnelle : La manière dont le travail est divisé et ensuite intégré fournit à l’organisation une configuration particulière (voir les travaux de Lawrence & Lorsch, 1967 ; Galbraith, 1973 ; Mintzberg, 1982). Les organisations mises en place lors de situations d’urgence sont basées sur des structures hiérarchisées, sur base d’un modèle militaire. Un article de Waugh & Streib (2006) décrit l’évolution du métier de gestionnaire d’urgence et de l’organisation mise en place depuis les années 70 aux Etats-Unis. Il montre comment la structure a évolué en fonction des situations vécues et de la manière dont celles-ci avaient été gérées. A partir des années 70, les autorités adoptent une structure qu’ils nomment l’« Incident Command System », afin de gérer de façon plus efficace les situations d’urgence. Le modèle est d’inspiration militaire. L’ICS est un ensemble de personnel, règles, procédures, infrastructures et équipement intégrés dans une structure organisationnelle qui permet de gérer des opérations d’urgence de tout type et de toute complexité (Auf der Heide, 1989). Ce système, assez bureaucratique, possède une unité de commandement et est guidé par un style de management basé sur des règles, des procédures, des plans et des objectifs (Bigley & Roberts, 2001). Les structures adoptées ont donc évolué et se centrent 37 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/structure-1/ davantage sur des approches de type réseau, principalement à l’aide d’une utilisation accrue des technologies. Cependant, le concept de « Command and Control » et la structure hiérarchique restent la base du design organisationnel. La question du choix d’une configuration organisationnelle dans le cadre des situations d’urgence reste posée. Les recherches récentes et l’échec de certaines structures pour faire face à des événements de grande ampleur mettent en cause les structures hiérarchiques rigides. Drabek & McEntire (2003) prônent par exemple une approche plus flexible et décentralisée, qui correspond davantage aux comportements observables en situation critique. De même, Mendonça et al. (2007) critiquent la structure hiérarchique/militaire, car elle n’intègre pas selon eux les valeurs de collaboration, coopération et transparence entre organisations de structure ou culture différentes. La structure spatiale La structure spatiale influence la dynamique des acteurs et leur coordination. Plusieurs éléments peuvent jouer un rôle : la disposition des salles, la façon dont les acteurs se disposent dans une pièce, le fait qu’ils agissent à distance ou en coprésence, le fait qu’ils connaissent les lieux dans lesquels ils agissent ou non. L’appropriation de l’espace par les acteurs, l’influence des contraintes spatiales sur les interactions, et le lieu de travail sont des éléments peu pris en compte lors de l’analyse des situations d’urgence. Kirsh (1995) a initié une réflexion intéressant sur l’usage de l’espace dans les collectifs, qui est selon lui une ressource parmi d’autres à gérer. Il montre comment les acteurs arrangent ou réarrangent leur espace pour faciliter leurs représentations de la situation, diminuer la charge cognitive, contrôler l’activité des autres acteurs, prévoir les étapes à venir. Les situations d’urgence font intervenir plusieurs types d’espace de travail, qui sont plus ou moins aménageables par les acteurs. Les acteurs de terrain ou proches du terrain n’ont pas les mêmes contraintes spatiales que les acteurs stratégiques, situés dans des centres de crise « prédisposés », prééquipés. Les artefacts Dans cette dimension de la structure, nous incluons également les artefacts38 et les technologies. Les artefacts offrent à la fois des contraintes et des possibilités pour l’interaction. Un artefact n’est utile et utilisé que dans la mesure où l’interprétation qui peut en être faite a du sens pour l’individu (Lorino, 2007). Pour cela, l’objet doit intégrer l’anticipation de l’activité de celui qui l’utilise, et tenir compte du fait qu’il n’est qu’une ressource pour l’interprétation d’une situation. Les artefacts, et principalement les artefacts technologiques, reconfigurent les contraintes spatiales et temporelles. Elles permettent de structurer l’activité, de produire de l’ordre, mais nécessitent une appropriation préalable de la part des acteurs, ce qui peut être problématique dans cas de situation d’urgence. Un outil peut avoir différentes fonctions : une fonction mémoire, une fonction diffusion (pour gérer la distribution d’informations dans l’organisation), une fonction application pour soutenir les interactions et la coordination entre acteurs (agendas partagés, « to do list »). L’observation des exercices permet de voir comment les artefacts et technologies sont utilisées dans le cadre de la coordination. La structure temporelle Le temps est de plus en plus considéré comme une lentille nouvelle et complémentaire aux lentilles stratégiques, politiques et culturelles existantes (Landgren, 2007 ; Ancona et al., 2001) Les individus construirent des représentations de structures temporelles (périodes spécifiques, moments dédiés à certaines activités) afin de pouvoir « gérer » le temps (Carreras, 2001). Ces structures temporelles sont utilisées pour anticiper et synchroniser les actions par rapport à la dynamique de l’environnement (Carreras, 2001). Orlikowski & Yates (2002) introduisent le concept de « temporal structuring » ayant pour but d’analyser comment les individus vivent le temps à travers des structures temporelles partagées qu’ils « enactent » de façon continue dans leurs pratiques quotidiennes. En effet, les individus créent des structures temporelles comme 38 Objet fait de la main de l’homme moyens pour accomplir leur travail : des deadlines, des réunions de travail, etc. (Landgren, 2007 : 114). En créant ces structures, les individus en deviennent également dépendants (ibid). L’analyse des exercices permet d’observer comment les structures temporelles émergent et quel impact celles-ci peuvent avoir sur la coordination. La structure cognitive Piaget (1936) a montré que l’individu possédait une structure cognitive construite et modifiable. Il utilise les expressions d’assimilation et d’accommodation pour analyser la dynamique des structures cognitives. L’assimilation concerne l’interprétation de situations nouvelles à l’aide de structures cognitives/de schémas de pensée déjà présents. Par contre, si aucune structure cognitive existante ne permet de faire face à un événement, un nouvel équilibre doit être trouvé, par accommodation. L’individu s’adapte, élargit ou enrichit ses schémas existants. L’assimilation et l’accommodation sont deux processus d’adaptation. Des travaux en ce sens ont fait l’objet d’une thèse de doctorat (Gatot, 2000) et de travaux de recherche au sein du ReCCCoM (Jacques, Gatot & Wallemacq, 2002) La planification/Les règles/procédures/protocoles/dispositions législatives Van Daele et Carpinelli (2001 : 143) définissent la planification comme « l’élaboration et/ou l’utilisation de représentations schématiques et/ou hiérarchisées (plans) susceptibles de guider l’activité ». La planification inclut par conséquent deux aspects principaux : l’anticipation – le plan permet de se représenter la situation avant qu’elle ne se produise - et la schématisation, qui concerne l’abstraction d’une situation sous forme abrégée (ibid). Le plan fait partie d’une approche rationnelle de la prise de décision, de la stratégie. L’hégémonie de la planification dans le domaine des situations d’urgence fait référence à l’origine para militaire de la discipline. Cette approche est pourtant qualifiée de peu utile pour les organisations qui font face à l’incertitude (Hatch, 2000). Le plan, dans le cadre de situations d’urgence, a un statut hybride. Il constitue à la fois une description et une prescription vis-à-vis des pratiques. D’un côté, il intègre des descriptions d’actions déjà pratiquées par le passé, des récits rationalisés de ce qui a été effectué face à une situation donnée (Nathanaël & Marmaras, 2006). D’un autre côté, le plan est un ensemble de prescriptions dirigeant et contraignant l’action, qui n’ont pas toujours fait l’objet d’une compréhension et d’une répétition par les acteurs, qui n’ont pas systématiquement été confrontées à la pratique (ibid). C’est ce qui rend le plan parfois inapplicable car inadapté aux pratiques. Les plans sont insuffisants à l’action collective coordonnée, mais en constituent une ressource, comme l’a très bien montré Suchman (1987). Les structures sont modifiées par les individus, et le suivi du plan peut se concrétiser de différentes manières. Les interactions Les interactions sociales sont considérées comme des processus d'échanges (verbaux et/ou non verbaux) entre individus. L'interaction implique une certaine forme de présence entre individus, mais pas nécessairement en face à face, contrairement à ce qui a été affirmé par Goffman. L'interaction se caractérise par un contact attentionnel partagé, et se distingue de la co-présence sans coordination de l'attention (Conein, 1998). L'interaction peut concerner une attention mutuelle (les individus se regardent l'un l'autre, sont dirigé l'un vers l'autre) ou conjointe (l'individu suit le regard de l'autre, pour avoir accès à l'objet de son attention) (Conein, 1998). Le processus d'interaction construit l'ordre social et produit des connaissances. Les individus en interaction exercent à la fois une influence et un contrôle sur leurs actions réciproques (Sorsana, 2001). Nous distinguons l'interaction de la relation, qui concerne le degré de connaissance entre les acteurs, l'histoire de leurs interactions, etc. La relation est une accumulation d'interactions (Sorsana, 2001). Les relations ont une influence sur la qualité et la forme de l'interaction (Deschryver, 2008). Chaque interaction est ancrée dans un contexte, des structures qui sont interprétées par les acteurs, par le processus de sensemaking. Comme le précise l’extrait suivant, les interactions ont une influence dont on ne perçoit pas toujours suffisamment l’importance dans la coordination des acteurs : « La conception d’un point de vue organisationnel de systèmes coopératifs se heurte à une difficulté majeure : elle doit faire appel à des procédures explicites (Allocations de rôles, de responsabilités, de procédures de coordination, etc.) alors que, simultanément, nous savons que le propre de toute activité coopérative est de laisser, dans le cadre des procédures explicites, une libre place à des activités implicites seules capables de permettre au groupe de répondre de façon originale et créative aux situations nouvelles. Les mécanismes implicites joue un rôle fondamental : par exemple, dans une étude faite sur la coopération dans une petite équipe devant répondre à des situations urgentes, nous avons montré que les principaux mécanismes de coopération étaient soit liés à des processus de communication pluri-adressées, soit liés à des modes de fonctionnement opposés aux règles explicites, et ceci dans l’intérêt de la communauté et de l’efficacité du groupe » (Pavard & Karsenty, 1997). Le sensemaking Le sensemaking est un processus continu visant à créer de l’ordre dans des contextes ambigus et complexes, qui sont présents de manière constante dans la vie de l’individu. “Sensemaking involves the ongoing retrospective development of plausible images that rationalize what people are doing. Viewed as a significant process of organizing, sensemaking unfolds as a sequence in which people concerned with identity in the social context of other actors engage ongoing circumstances from which they extract cues and make plausible sense retrospectively, while enacting more or less order into those ongoing circumstances.” (Weick et al., 2005 : 409). Deux caractéristiques sont intéressantes à souligner : le caractère rétrospectif du sensemaking et le processus de rationalisation qu’il implique. Le sensemaking concerne la construction d’une image/une conscience de la situation (situation awareness), qui permet de mener et justifier les actions. L’homme recrée une réalité (enactment). Selon Weick, certaines catastrophes peuvent être expliquées par un échec de la construction de sens. Face à une interruption du flux de l’activité, le processus de sensemaking se met en place. Les individus cherchent d’abord des justifications pour laisser l’action dans son cours actuel (Weick et al., 2005). Ces justifications peuvent être des contraintes institutionnelles, des plans, des valeurs, etc. Le sensemaking se base sur des valeurs, qui désignent certains comportements comme légitimes, acceptables alors que d’autres sont davantage méprisés. Si l’action ne peut reprendre son cours, le sensemaking se dirige vers une action alternative ou une réflexion plus approfondie (ibid). Le sensemaking au niveau collectif n’implique pas, selon Weick que les acteurs soient nécessairement d’accord ou qu’ils aient les mêmes représentations de la situation. L’orientation vers un objectif commun suffit pour coordonner l’action. Les interactions entre acteurs et les structures mises en place influencent ce processus de construction de sens ou de sensemaking comme le nomme Weick (1995). Pour Weick (1995), l’organisation émerge par le sensemaking. Identifier le rôle des trois dimensions dans l’action collective L’objectif de l’analyse des exercices d’urgence consiste à identifier le rôle des trois dimensions dans l’action collective, et de montrer comment les individus parviennent à se coordonner39 grâce aux éléments des structures, des interactions ou de la construction de sens. Nous ne détaillerons pas les résultats actuels de nos analyses dans ce document. Nous proposons par contre de détailler les apports que ceux-ci peuvent fournir dans la gestion des situations d’urgence, en citant quelques exemples. 2 ) Méthodologie 2.1) Méthodologie générale Pour constituer le Vade Mecum nous avons choisi une stratégie de recherche intitulé « case study methodology » ou méthodologie par étude de cas40. L’étude de cas est en effet très indiquée lorsque l’on s’interroge sur le « comment », ce qui n’implique pas de contrôle sur les comportements et met 39 La coordination représente « les mécanismes formels ou informels qui consistent à synchroniser des activités collectives interdépendantes, dans le but d’atteindre des objectifs communs ». 40 Yin R. K. (1987), « Case study research », Sage Publications et Gummesson, E. (1991), « Qualitative Methods in Management Research » , Sage Publications l’accent sur des faits actuels. Sur le plan méthodologique, le croisement de plusieurs cas doit permettre de considérer les aspects transversaux. Nous avons ensuite réalisé un travail d’abstraction’ pour fixer les modalités du cadre empirique pour réaliser le Vade Mecum. 2. 2) méthodologie spéciale Nous avons collecter le matériel empirique sous trois formes à des fins de triangulation : interviews semis directifs, observations non participantes ainsi que documents et archives. Nous avons réalisé une série d'interviews en profondeur (interviews d’acteurs et d'une durée de 45 minutes à 1 h 30) de manière à atteindre une saturation de l’information. Les interviews administrées au moyen de guides d’interviews ont été enregistrés en respectant strictement les règles de confidentialités dont nous avons assuré les personnes interviewées. Les interviews ont été réalisées à tous les niveaux de l’organisation des évacuations. Pour certains cas nous avons également réalisé de l’observation non participante, dont certaines seront filmées en vidéo. Par ailleurs pour l’ensemble des cas, nous avons dépouillé de nombreux documents et rapports (brochures officielles, guides, rapports d’activité, rapports d’audit…). En annexe est reprise la liste des interviews. Méthode d’analyse Pour les études de cas, nous réalisons l’analyse du matériel empirique sous les trois dimensions annoncées à savoir, pour la dimension structure, sur base de grilles d’analyse de contenu (les documents fournissant des éléments objectifs officiels), pour la dimension relationnelle, sur base de grilles de codage explicites ou implicitesd (à partir des interviews), pour la dimension sens, sur base de grilles de codage (à partir des interviews). L’analyse se continue par cartographie cognitive au sens large. En débusquant métaphores, contre textes et systèmes d’oppositions – associations, nous avons mené l’analyse à un niveau d’abstraction suffisant pour pouvoir envisager une généralisation des concepts mis en évidence. La construction de cartes permet de repérer ce qu'avec Wallemacq et Jacques41, nous avons appelé les territoires de l’esprit. Le sens réside alors dans le processus interprétatif d’individus situés dans un contexte social. Les savoirs (connaissances) produits ainsi ne peuvent pas être considérés comme vrais ou faux, mais comme prenant sens pour les utilisateurs dans le contexte de leur utilisation et ce, quelle que soit la nature de la réalité. Le type de cartographie cognitive utilisée ici est ancré dans l’analyse structurale42. Elle permet d’étudier le discours comme composé d’associations/oppositions /disjonctions (en quelque sorte qu’est-ce qui, dans le discours, va avec quoi ?). L’analyse structurale est une technique d’analyse de textes ou d’images (contenus, interviews, observations, …). Elle part de l’idée qu’un mot ou élément ne doit pas être compris en soi, mais dans un système d’opposition/association dans lequel il est intégré au sein d’un discours ou contexte particulier. Ce type d’analyse est donc particulièrement bien adapté pour mettre à jour les évocations qui gravitent autours des mots et qui structurent, souvent à l’insu même des locuteurs, des manières d’agir et de penser.43 Cette approche est utilisée plus largement dans les sciences cognitives afin d’analyser les comportements d’un ou plusieurs acteurs en situation d’actions, de décisions… Au travers de cette approche, nous considérons que toute action ou décision peut être «décomposée» du mouvement au geste signifiant, de la décision prise de manière optimale à la décision satisfaisante, cognitive et émotionnelle, et cela en deux niveaux distincts mais superposables 41 WALLEMACQ A., JACQUES J.-M (2004), « Language and landscapes, towards new architectures of thought », (in press) Stephen Linstead and Alison Linstead (eds), Thinking Organization, Routledge 42 GREIMAS A.J., (1966), « Sémantique structurale », P.U.F. 43 WALLEMACQ A., JACQUES J.-M (2004), op. cit. et interdépendants.44 Position épistémologique Le phénomène étudié est un phénomène social ancré dans un contexte avec lequel il entre en relation et dont il est inséparable. Mentionnons que le choix épistémologique qui sous-tend notre approche est, de facto, contextualiste et par choix inscrit dans le constructivisme, et que ces deux choix mènent à ne pas distinguer phénomène et contexte, ni observateur et phénomène. Les méthodes des interviews en profondeur s’inscrivent dans le paradigme interactionniste symbolique selon lequel le monde est socialement construit, c’est-à-dire que les représentations des individus sont produites à travers le processus des interactions sociales. Dans ce cadre, cette méthode permet de saisir les significations que les individus donnent à leurs expériences. De manière générale, la méthode permet d’étudier un milieu social donné ou un processus social au travers des représentations des acteurs. Le choix des cas n’a pas été guidé par un souci de représentativité. Nous souhaitions par contre couvrir de manière assez large l’éventail des types (formes et configurations). Afin de couvrir au mieux la grande variété des situations, de « coller » le plus possible au terrain de la et de se mettre en situation de pouvoir collecter des données sur un mode approfondi, nous avons décidé de nous limiter à l’évacuation de masse. L’analyse se continue par un travail d’abstraction. Nous avons à partir du matériel empirique collecté dans une phase préliminaire et de la littérature construit un guide pour la constitution de V. M. Au cours de cet exercice qui pourrait être théorique, nous avons par soucis d’applicabilité classer les actions a effectué en cas d’évacuation de masse en trois périodes et selon trois dimensions et ce suivant deux modalités : 44 WALLEMACQ A., JACQUES J.-M (2004), op. cit. Trois périodes : AVANT, PENDANT, APRES pour les raisons suivantes : une segmentation des activités suivant l’axe du temps permet une discrimination entre les événements et par conséquent une gestion de ces événements en suivant un mode naturel, d’un stimulus au suivant, d’une réponse à la suivante, par ailleurs les actions a envisagées par l’ Arrêté Royal du …. nous y invite également en effet …. D autres classements sont possibles mais auraient été sans doute plus difficile à mettre en œuvre par les autorités …. AVANT correspond à des phénomènes ( plan , décision , actions , événements , éléments , ….) qui tout en se rapportant aux trois dimensions ( structure , interrelation , sensemaking ) ainsi qu’ aux deux modalités , qui prennent place ( suivant notre perception ) avant l’ évacuation PENDANT correspond à des phénomènes ( plan , décision actions , événements , éléments , ….) qui tout en se rapportant aux trois dimensions ( structure , interrelation , sensemaking ) ainsi qu’ aux deux modalités , prennent place ( suivant notre perception ) pendant l’ évacuation APRES correspond à des phénomènes ( plan , décision actions , événements , éléments , ….) qui tout en se rapportant aux trois dimensions ( structure , interrelation , sensemaking ) aux trois dimensions ( structure , interrelation , sensemaking ) ainsi qu’ aux deux modalités , prennent place ( suivant notre perception ) après l’ évacuation Trois dimensions : La grille de lecture à trois dimensions « Structures – Interactions – Sensemaking » Pour bien comprendre le fonctionnement de la gestion des urgences et comment cette organisation arrive à garder le contrôle des situations pour ne pas de retrouver en crise, on peut utiliser une représentation de la réaction d’une organisation face à une situation d’urgence, qui distingue trois niveaux (voir supra) : Le niveau des structures, qui représente tout ce qui est mis en place pour gérer les urgences connues : moyens techniques et humains, procédures et plans d’intervention. Ce niveau assure la gestion opérationnelle, c'est-à-dire la prise en charge des situations « de routine » par les opérationnels (sapeurs-pompiers, police, gendarmerie, SMUR, etc.). ¨ Le niveau des relations, qui représente les interactions entre les personnes et les institutions qui participent à la gestion des urgences : relations institutionnelles et personnelles, partage de documents, communications formelles et informelles. C’est l’existence de ce réseau de relations qui permet d’adapter les structures au contexte de la situation pour en garder le contrôle et de maintenir les fonctions de l’organisation. Ce niveau donne la capacité de résilience. ¨ Le niveau du sensmaking, qui représente l’aptitude des personnes et des collectifs à construire et à donner du sens à des situations d’urgence qui sortent des cadres Connus et planifiés. A l’opposé, la perte de sens est une des causes principales des difficultés, en particulier dans l’urgence. Cette construction de sens permet d’identifier l’état de la situation, d’anticiper ses évolutions possibles et de trouver des solutions pour faire face et éviter d’entrer en crise. Ce niveau donne la capacité de robustesse. Deux modalités Notons que cette segmentation temporelle et dimensionnelle est parfois difficile à soutenir, notons aussi que une seconde segmentation nous à semblée pertinente à l’intérieur de la segmentation temporelle, il s’agit de prescrit et perçu pour distinguer ce qui est de l ‘ ordre du planifié et donc objectivable de ce qui est perçu et donc de l’ordre de la ‘ représentation ‘ Le prescrit : ce qui est de l ‘ ordre du planifié ‘ Le perçu : ce qui est de l ‘ ordre de la représentation ‘ En croisant « dimensions, périodes ainsi que modalités », cela donne un guide, nous utiliserons ce guide pour la constitution du V.M. Avant Avant Pendant Pendant Après Après Prescris Perçu Prescrit Perçu Prescrit Perçu Structure Interelations Sensemaking 2.3 ) La collecte de données La collecte de données s’ est deroulée de maniere classique selon les methodologie qualitatives Cas 1 Katrina SRS Pr/pe Introduction Katrina est une tempête tropicale de niveau 1 qui touche la Floride le 23 août 2005. Formée au niveau des Bahamas elle se dirige ensuite vers les côtes du Sud des EtatsUnis. Régénérée en cyclone dans le golfe du Mexique, elle atteint la catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson à l'approche de la Nouvelle-Orléans, avec des vents de près de 220 km/h combinés à une très basse pression atmosphérique. L'ouragan ravage une zone de près de 235.000 kilomètres carrés dans les états de la Louisiane, l'Alabama et le Mississipi.45 Katrina se dirigera ensuite vers le Nord puis le Nord-Est et atteindra le Québec le 31 août, soit 8 jours plus tard. Dans cet analyse de cas, nous nous concentrerons sur ses effets à la Nouvelle-Orléans, 35ème ville du pays comptant près de 470.000 habitants, touchée le matin du lundi 29 août 2005. Des vagues de 11 mètres de hauteur provoquent la rupture des digues. S'ensuit une inondation de la ville à près de 80%. Parmi les évènements significatifs, le passage du cyclone Katrina est sans aucun doute le plus marquant et le plus riche en enseignements à tout propos et spécialement à propos d’évacuation de grandes quantités de population. Il entraînera la désolation, la mort de plus de 1.300 personnes, 2.096 disparus, un nombre très élevé de blessés et une centaine de milliards de dollars de dégâts. Les médias ont montré de nombreuses images de la Nouvelle-Orléans inondée, voir submergée, des quartiers pauvres détruits, les populations réfugiées dans un stade, des scènes de pillage après le drame et la douleur des victimes. Nous verrons quel a été l'impact de telles diffusions médiatiques sur la gestion même des événements. Plutôt que de s’interroger sur le caractère exceptionnel de Katrina, les spectateurs du drame se demanderont comment il put avoir lieu aux Etats-Unis, super-puissance mondiale et exportatrice dans le monde entier de ses valeurs et de son exemplarité. Loin de s’intéresser à l’intensité de l’aléa, les principaux commentateurs se sont centrés sur la vulnérabilité de la société américaine. "Les Américains découvrent avec stupeur la paralysie de leur administration : à tous les niveaux de l’Etat, local, étatique ou fédéral, la confusion règne en maître"46. Avant l’impact, la situation semble être en main des dirigeants: la FEMA égale des chiffres records pour la préparation de repas, de litres d'eau, de glace... La Gouverneure de Louisaine, K. Blanco déclare la situation de catastrophe majeure et 45 LAGADEC, P. KATRINA: EXAMEN DES RAPPORTS D'ENQUÊTE Tome 2: "The Federal Response to Hurricane Katrina - Lessons Learned" - The White House, Juin 2007, première version, p,21 46 STEIGER E. L’ouragan Katrina : les leçons d’un échec. Les faiblesses du dispositif de sécurité intérieure des Etats-Unis. le 1er janvier 2008 in: http://www.diploweb.com/Louragan-Katrina-les-lecons-d-un.html écrit au président Bush le 27 août. Il déclarera l'état d'urgence peu après. Le lendemain, suite à une nouvelle demande écrite effectuée par K. Blanco, le président déclare le 'major disaster" pour l'etat de Louisiane.47 Le rapport de la Maison Blanche évoque le plus grand pré-positionnement jamais réalisé. Les autorités se sont trouvées confrontées à une nouvelle catégorie: les évacuations massives post-impact . Près de 250 000 personnes à prendre en charge dans un environnement toxique: des décharges inondées, 28 millions de litres d’hydrocarbures déversés, dix marées noires, 14 millions de mètres cubes de débris et des conditions atmosphériques de chaleur et d'humidité. "Le saut quantitatif pose rapidement un problème qualitatif. S’il s’agit de venir en aide à 250.000 personnes, il faudra une masse considérable d’intervenants. Euxmêmes poseront de lourds problèmes de logistique – énergie, nourriture, hébergement, communication, etc. – qui viendront faire masse avec les problèmes déjà existants."48 Outre la FEMA, le DOD (Department of Defense), les National Guards et la CroixRouge engagent un grand nombre d'actions. "On ne peut donc pas dire que le système n’ait rien fait en termes de préparation."49 Les Etats-Unis connaissent les risques de cyclones. Le National Oceanic & Atmospheric Administration (NOAA) et le National Weather Service (NWS) avaient mis en garde contre une « aboverage-season » 2005, révisé début août comme « above-normal 2005 Atlantic Hurricane season. »50. Les alertes météorologiques sont claires à propos de l'intensité de Katrina. Le président Bush annonce la « Federal emergency declaration »51 le samedi 27 août 2005. Le fait étant extrêmement rare, il indique que le Fédéral a pris la pleine mesure de la gravité de la situation. La plupart des responsables locaux appellent à l'évacuation obligatoire dès l'annonce de l'arrivée de Katrina sur les Etats de la Louisiane, du Mississipi et de l'Alabama. L'évacuation pré-impact est considérée comme un succès52. « Ce n'est pas le cyclone Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans, ce sont les inondations qui ont suivi l'effondrement des levées. »53 Les premiers plans ont été 47 LAGADEC, P. Katrina: examen des rapports d'enquête - Tome 1 : "A Failure of Initiative " - U.S. House of Representatives Mai 2007, deuxième version, Cahier n° 2007-07, Ecole Polytechnique, Centre National De La Recherche Scientifique, 140 p. p,30 48 LAGADEC, Tome 2 op. cit. p,23-24 49 LAGADEC, Tome 1 op. cit. p,32 50 LAGADEC, Tome 2 op. cit. p,40 51 ibidem p,40 52 WOLSHON B. "Evacuation Planning and Engineering for Hurricane Katrina" The Bridge, Volume 36, Number 1 - Spring 2006 in: http://www.nae.edu/nae/bridgecom.nsf/weblinks/MKEZ-6MYSMZ?OpenDocument 53 NOLAN, B. "In storm, N.O. wants no one left behind; Number of people without cars makes evacuation difficult" New Orleans Times-Picayne, July 24, 2005: in: "New Orleans's Hurricane Evacuation "Plan"" publié sur http://delong.typepad.com/sdj/2005/09/new_orleanss_hu.html le 05/09/2005 consulté le 19 janvier 2009. 54 LAGADEC, Tome 1 op. cit. p,37 activés contre un cyclone et non face à des inondations. Les évacuations post-impact se révèlent mal-gérées et catastrophiques. Subsistent encore aujourd'hui ces images de populations abandonnées sur les toîts de la Nouvelle-Orléans. L'aide fédérale est attendue dans les 48-72 h. Elle mettra cependant 11 jours à arriver.54 L'article suivant est rédigé en suivant une logique chronologique. Le chapitre "Avant" se refère aux dispositions prises avant l'information de l'arrivée de Katrina. Le chapitre intitulé "Pendant" trait aux actions ayant lieu dès que les autorités et la population sont informées de l'arrivée de l'ouragan. La crise transcende le chapitre "Après" car la particularité de Katrina à la Nouvelle-Orléans est qu'il s'agit de l'analyse de deux évacuations, la première ayant lieu avant l'impact, la seconde ayant lieu après celui-ci. Le cas a été analysé suivant la grille de lecture SRS constituée par le Recccom. La première colonne indique si les éléments appartiennent à la Structure (ST), à l'Intreréaction (I) ou au Sens (SE). La deuxième colonne indique leur appartenance au domaine du prescrit (PR) ou du perçu (PE). AVANT Les organisations en charge ST PR La FEMA ( Federal Emergency Management Agency) a été créée en avril 1979 par le président Carter suite au désastre nucléaire de Tree Miles Island. Elle "obéissait aux principes suivants : un lien direct avec le Président, une approche globale (« all hazards ») et non par risque spécifique, une prise en charge d’abord au niveau local, et en prolongement d’un travail au quotidien, par les instances normales en charge de la sécurité civile."55 PR PE Suite au 11 septembre, l'administration Bush crée le DHS (Departement of Homeland Security), auquel la FEMA est intégrée. Le DHS se focalise sur les risques terroristes, laissant en grande partie de côté les risques liés aux catastrophes naturelles. Des coupes incessantes sont effectuées dans les budgets destinés à la FEMA, organisme victime de fuite de cerveaux et de "perte de personnel qui ne permet plus d’armer des équipes de crise à envoyer sur le terrain pour prendre en charge les centres de crise."56 P. Lagadec dénonce les différences d'approche culturelle dans la gestion de crise : " La FEMA avait plutôt une culture de mise en réseau, le DHS a une culture de commandement hiérarchique"57 ainsi qu'un problème structurel: "un nombre impressionnant de postes non pourvus à la FEMA (350 à 500 pour une agence qui en compte 2 500)"58. PR Le niveau fédéral auquel FEMA et DHS appartiennent n'intervient en principe que suite à le demande des états, soumis eux aussi à la demande du local. C'est ce qui est I SE ST ST SE SE ST ST 55 56 57 58 LAGADEC, Tome 1 op. cit. p,28 LAGADEC, Tome 1 op. cit. p,73 LAGADEC, Tome 2 op. cit. p,38 LAGADEC, Tome 3 op. cit. p,28 dénommé le "pull system". Le fédéral ne délivre pas directement d'assistance au local, il passe par l'Etat.59 SE PE "Ce n’est que 30 heures après le début de la crise, le mardi 30 août dans l’après-midi, qu’un rapport détaillé évaluant les premiers dégâts rend enfin véritablement compte du drame qui se joue sur les rives du Mississipi, décidant le Secrétaire de la Sécurité Intérieure, Michael Chertoff, à déclarer Katrina «catastrophe d’importance nationale» et à mettre en œuvre le National Response Plan, qui sert de cadre d’action à l’intervention fédérale."60 ST SE PE SE PE ST PR E. Steiger souligne que les autorités fédérales, étatiques et locales ont "dû mettre en œuvre pour la première fois un plan dont elles maîtrisaient mal les dispositions, dont la complexité favorisait différentes interprétations, sans structure de commandement claire."61 Cette fragilité joue contre l'organisation des secours dans un contexte tendu entre "ingérence" fédérale et autorité étatique, les interventions fédérales étant mal perçues dans le sud des Etats-Unis.62 Le Stafford Act63 prévoit l’Emergency declaration, initiative présidentielle permettant une intervention d’appui sur un point précis (ex.: médicaments) sous la coordination d'un FCO ( Federal Coordinating Officer) mais le "push system" est soumis à l'accord du Gouverneur. ST SE Le CIA (Catastrophic Incident Annex), annexe du NRP64 (National Response Plan) prévoit toutefois une prise en main d'emblée par le fédéral en cas de "niveau de déstruction très élévé"65. C'est le "push system". Le fédéral peut alors prédispositionner les moyens "mais leur utilisation effective reste du ressort de l’État concerné"66. Les textes sont considérés insuffisants et "d’après le rapport, on était sur le point de remédier à cette insuffisance quand Katrina est arrivé"67. L'imperfection du système importe peu ici car "Chertoff68 never invoked the NRP-CIA"69. 59 RODRIGUEZ H. & DYNES R. Finding and Framing Katrina: The Social Construction of Disaster in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Dynes_Rodriguez/ Published on: Jun 11, 2006, et LAGADEC, Tome 2 op. cit p,32 60 STEIGER op. cit. 61 STEIGER op. cit. 62 LAGADEC Tome 1 op. cit. p,23 63 Robert T. Stafford Disaster Relief and Emergency Assistance Act (Stafford Act), qui est depuis 1974 le support juridique majeur de toute intervention fédérale, réaffirme cette prééminence des Etats et des pouvoirs locaux sur le gouvernement fédéral. in STEIGER op. cit. 64 Le NRP "fournissant structures et procédures nécessaires à une action politique nationale et à un engagement opérationnel de l’administration fédérale en soutien des responsables des systèmes de crises des Etats et des gouvernements locaux" est élaboré par le NIMS (National Incident Management System ), Un système de gestion de crise national est censé se mettre en place suite à une directive de février 2003 "destiné à fournir une approche de niveau national permettant aux gouvernements fédéral, étatiques et locaux de travailler ensemble de manière efficace afin de se préparer, de réagir et de gérer les conséquences des crises intérieures, quelles qu’en soient les causes, la taille ou la complexité" in STEIGER op. cit. 65 66 67 LAGADEC Tome 1 op. cit. p,28 LAGADEC Tome 2 op. cit p,32 ibidem p,32 68 Michael B. Chertoff Secretary of Homeland Security 69 LAGADEC Tome 1 op. cit p,62 cité dans LAGADEC Tome 1 op. cit p,90 70 ST Perpendiculairement à ce système vertical existe un système horizontal d'entre-aide entre états, dénommé EMAC (Emergency Management Assistance Compact). I Le civil et le militaire ne sont pas accordés: "DOD and DHS have not adequately defined what is required for military assistance to civilian authorities during large disasters (p. 222)"70 Les risques PR SE PE Le scénario 10 de la liste des 15 catastrophes établie par le DHS en décembre 2003 "décrivait un ouragan violent frappant une grosse ville du sud des Etats-Unis, de surcroît une destination touristique très populaire, telle que la Nouvelle-Orléans. Le scénario évoquait une vague gigantesque débordant les digues, provoquant un millier de morts en raison d’une évacuation incomplète de la ville, des milliers de sans-abris, et décrivait l’impact économique de l’ouragan sur la région environnante"71. Il est considéré comme très probable par la FEMA dès 2001, "devant le "Big One" californien»72 Entourée de « la plus grande zone humide littorale de tous les Etats-Unis »73 du lac Pontchartrain et du golfe du Mexique, la Nouvelle-Orléans est implantée dans la zone du delta du Mississipi. Les zones marécageuses forment une protection naturelle contre les cyclones, absorbant « une grande partie de l'énergie cinétique destructrice des cyclones à la manière dont une pelouse épaisse et dense absorbe la puissance d'un jet d'eau qui, sur une allée en ciment, éclabousserait avec force en tous sens »74. Les constructions environnementales effectuées depuis les années trente diminuent chaque année ces zones humides de 250 000 hectares (Crowell M., Leatherman S. P., 1999)75, en bloquant les alluvions du Mississipi par des barrages, des digues et des pipelines en amont. La construction de canaux aide à expulser les alluvions «au-delà du plateau continental»76 et, selon l'expression consacrée «hurricane highways», facilite et décuple la puissance de tout cyclone arrivant sur la Nouvelle-Orléans. SE La Nouvelle-Orléans, bâtie à 80% sous le niveau de la mer, est particulièrement soumise aux risques d'inondations. Le développement économique de la ville au début du XXème siècle «a conduit à coloniser de manière anarchique des terres jugées initialement trop exposées à des risques d’inondation, sans aucun plan d’urbanisme ni aucun contrôle gouvernemental pour s’assurer de la viabilité des nouvelles zones urbanisées et de l’efficacité du système de drainage, essentiellement constitué de trois grands canaux déversant leurs eaux dans le lac Pontchartrain»77 71 Davis Tom (dir), A failure of initiative : final report of the Select Bipartisan Committee to investigate the Preparation for and Response to Hurricane Katrina, www.gpoaccess.gov/congress, 15 février 2006, p. 80-85 cité dans STEIGER op. cit. 72 73 74 75 76 77 KENDRA J. & WACHTENDORF T. op. cit. ibidem ibidem Cités dans ibidem ibidem Castellion Sébastien, « Katrina : l’anti-bushisme est une maladie profonde. », Revue militaire suisse n° 8-9, août-septembre 2006. cité dans STEIGER op. cit. ST ST Le DHS organise un exercice dénommé PAM au printemps 2004. Il simule une frappe d'un ouragan sur la Nouvelle-Orléans, "incroyablement proche de Katrina dans ses hypothèses"78. P. Lagadec le qualifie de "triomphe des hypothèses en chambre"79: il prévoit une inspection des digues en cas de cyclone, sans tenir compte des conditions difficiles probables après le passage d'un ouragan telle que la coupure des communications, l'impraticabilité des voies, etc. La Louisiane se repose sur les promesses de la FEMA et l'Etat "laisse en jachère des problèmes qui méritaient un traitement approfondi dans la foulée de l’exercice Pam : les opérations de sauvetage, l’évaluation des dégâts, l’évacuation médicale, les abris provisoires, le déblaiement"80. ST Suite à l'exercice PAM, des groupes d'experts élaborent en janvier 2005 le Southeast Louisiana Catastrophic Hurricane Plan. Considéré comme une première étape dans un processus de plan global, il permet l'amélioration de l'évacuation pré-impact81. Mais les leçons de l'exercice PAM ne seront pas exploitées82,les réunions et exercices suivant étant annulés par la FEMA pour manque de fonds,83 comme le confirmera Michael Brown dans une interview accordée à l' Associated Press le 9/9/200584. SE Les priorités du DHS, auquel la FEMA a été intégrée après le 11 septembre, sont liées aux risques d'attentats terroristes. Quelles qu'en soient les raisons, prévention ... et/ou guerre en Irak85 . 78 LAGADEC Tome 1 op. cit. p,36 LAGADEC Tome 1 op. cit. p,36 80 STEIGER, op.cit. 81 ibidem 82 LAGADEC Tome 2 op. cit. p, 34 83 STEIGER op. cit. 84 [Knight Ridder, 9/1/2005] in : http://www.historycommons.org/timeline.jsp?timeline=hurricane_katrina_tmln&katrina_emer gency_preparedness/response_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 85 BLUMENTHAL S. "No one can say they didn't see it coming" in: http://dir.salon.com/story/opinion/blumenthal/2005/08/31/disaster_preparation/ consulté le 28/01/2009 86 Knight Ridder op. cit. 87 LAGADEC Tome 1 op. cit. p,40 88 DE WAAL A. An Imperfect Storm: Narratives of Calamity in a Liberal-Technocratic Age in http://understandingkatrina.ssrc.org/deWaal Published on: Jun 11, 2006 - LUKES S. "Questions About Power: Lessons from the Louisiana Hurricane" in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Lukes/ Published on: Jun 11, 2006 – STEIGER op. cit. 89 NOLAN, B. op. cit. 90 BENJAMIN M. "A dry plan. Louisiana's official hurricane plan says absolutely zero about how to handle an evacuation once New Orleans is flooded." in: http://dir.salon.com/story/news/feature/2005/09/02/plan/index.html consulté le 19 janvier 2009. 79 91 http://www.historycommons.org/timeline.jsptimeline=hurricane_katrina_tmln&katrina _emergency_preparednessresponse_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 ST Dommage quand on lit que: "The exercise, a follow-up to the Hurricane “Pam” exercise that was conducted the prior year (see July 19-23, 2004), was to develop a plan to fix such unresolved problems as evacuating sick and injured people from the Superdome and housing tens of thousands of displaced residents. [Knight Ridder, 9/1/2005]"86 SE ST Le rapport de la Chambre des Représentants qualifie d'irresponsable et d'irréaliste la prévention politique relative aux risques des cyclones sur la Nouvelle-Orléans: non seulement les digues n'étaient pas assez résistantes pour un cyclone tel que Katrina mais en plus il n'y avait aucun plan d'alerte sérieux.87 ST Il a été établi que les digues protégeant la Nouvelle-Orléans d'inondations ne supporteraient pas un ouragan supérieur à une force 3 sur l'échelle de SaphirSimson88. "En 1996, un projet visant à réhausser et consolider les levées du lac Pontchartrain a dégénéré en conflit ouvert entre les Corps et le Congress. Plus tard, lorsque le Congress a affecté les sommes nécessaires à la protection de la NouvelleOrléans, les Corps ont refusé d'exécuter les travaux nécessaires au prétexte qu'aucun mandat officiel ne leur donnait mission d'entretenir les levées autres que celles du lac Pontchartrain. De même, en 1999 le Congress a commandité auprès des Corps une étude pour déterminer le coût d'une protection efficace de la Nouvelle-Orléans contre un ouragan. Elle était dotée d'un budget de 12 millions de dollars. En août 2005, loin d'être terminée, l'étude n'avait même pas commencé. Savoir si les brèches dans les levées doivent être attribuées à un défaut de conception ou à une réalisation déficiente est une question qui reste à trancher, mais, quelle que soit la réponse, la responsabilité des Corps dans la catastrophe est énorme"89. SE ST SE Walter Baumy, chef de l'Army Corps engineering division de la Nouvelle-Orléans déclare "authorities could not have anticipated Katrina's impact"90 or un rapport du DHS daté de 200491 affirme: - Rescue operations would be difficult because much of the area would be reachable only by helicopters and boats. - Hospitals would be overcrowded with special-needs patients. Backup generators would run out of fuel or fail before patients could be moved elsewhere. - The New Orleans area would be without electric power, food, potable water, medicine, or transportation for an extended time period. - Damaged chemical plants and industries could spill hazardous materials. - Standing water and disease could threaten public health - There would be severe economic repercussions for the state and region. - Outside responders and resources, including the Federal response personnel and materials, would have difficulty entering and working in the affected area. Les plans Plan d'évacuation SE PE Les évacuations de masse en cas de menace d'ouragan sont entravées par la possibilité de changement de trajectoire du phénomène atmosphèrique. Les départs ont tendance a être repoussés à la dernière minute alors que l'aire à évacuer "may involve millions of people over hundreds of thousands of square miles."92 La majorité d'une population évacuée n'utilise pas les abris publics, la population préférant se rendre dans de la famille ou chez des amis (Cutter and Barnes 1982; Sorensen, Vogt, and Mileti 1987)93, ce qui multiplie les itinéraires utilisés. SE ST PR SE PE ST I SE I PE PR ST L'organisation, et son application me weekend précédant l'impact de Katrina sont impressionants étant données les difficultés liées à l'évacuation d'une ville entière via des infrastructures initialement non destinées à supporter un tel traffic. Mais "the effectiveness of an evacuation is also greatly affected by human behavior and socioeconomics. No matter how threatening the conditions, some people refuse or are unable to leave"97 PR PE La Nouvelle-Orléans n'est pas préparée à la prise en charge des "Special Needs", dénomination définie sans grande exactitude." Il y avait bien un plan, mais il avait omis de préciser que nul n’avait la moindre idée du nombre de personnes concernées"98. La dénomination de Special Needs semble inclure la population ne possédant pas de voiture ou étant incapable de la conduire ainsi que la population au budget trop serré en fin de mois pour remplir le réservoir de sa voiture. SE PE ST 92 Dans le cas d'évacuations de masse il est essentiel de connaître l'itinéraire et le phasage préscrits. Les autorités de la Nouvelle-Orléans distribuent à partir du 17 Juin 2005 des cartes imprimées par la Coix-Rouge américaine et l'Office of Homeland Security and Emergency Preparedness96. PE SE ST Le Southeast Louisiana Evacuation Plan, élaboré par le Department of Transportation and Development et la Louisiana State Police, prévoit une gestion du trafic par une évacuation échelonnée ainsi que par le "contraflow"94. Il est mis en place suite aux énormes embouteillages qui ont lieu lors de la première grande évacuation de la Nouvelle-Orléans suite à la menace de l'ouragan Georges en 1998. Amélioré après Ivan en 2004 par l'organisation d'un groupe de travail dénommé "Louisiana Evacuation Task Force"95, il met à disposition toutes les voies d'autoroutes à l'évacuation, en parfaite coordination avec les Etats voisins. Les accords avec le Mississipi sont obtenus quelques mois avant Katrina. PR Une demande du Gouverneur du Mississipi auprès de la FEMA revèle que le problème de l’achat de carburant en fin de mois était connu des autorités. Il "indique qu’il faudrait prévoir de fournir ce carburant si l’on doit évacuer en fin de mois. WHOLSON B op. cit. F. Nisha de Silva "FEEDBACK FROM THE FIELD Designing a Spatial Decision Support System for Evacuation Planning" in: International Journal of Mass Emergencies and Disasters March 2002, Vol. 20, No. 1, pp. 51 -68 94 unidirection des voies d'autoroutes 95 WHOLSON B. op. cit. 96 Louisiana Department of Transportation and Development, 6/17/2005 kat 22 8 97 WHOLSON B. op. cit. 98 LAGADEC Tome 1 p, 106 93 SE PE L’ancien responsable de la, FEMA Brown, s’est déclaré totalement opposé à ce que le fédéral prenne cela en charge."99 ST PR Un plan d'évacuation, en accord avec la RTA ( Regional Transit Authority), destine 64 bus d'une capacité de 60 places et 10 minibus à l'évacuation des personnes dépendantes en mobilité "either out of town or to local shelters" mais ce plan manque de visibilité auprès de la population."Evacuation plans can only be effective if people are aware of them, and evacuation orders can only be heeded if they are received in time.1 Thus, the of problem evacuating low-mobility populations will be one of the most important issues for all levels of government in future evacuation plans."100 Russel cite un plan prévu par la RTA et destiné à mener les gens de 12 endroits dans la ville jusqu'au Superdôme101. Mention est faite d'un accord entre Total Community Action et Amtrack102 mais il a manqué le déclencheur pour passer du plan à l'action en temps opportun. “While these victims endured horrendous conditions, hundreds of city buses and school buses that could have been used for evacuation sat useless, flooded or without drivers."103 PE I ST I PR PE SE PE ST PE SE PR PE 99 100 "Le gouvernement fédéral n'offrait de toute manière plus, depuis plusieurs mois, de ressources pour améliorer ou maintenir un parc d'autobus d'évacuation"104. La disponibilité des bus était limitée par le nombre de chauffeurs volontaires, or la majorité des chauffeurs a évacué avant l'impact.105 "Moreover, even if the RTA’s entire 364-bus fleet is deployed, it could evacuate only about 22,000 people—less than one-fifth of those needing transportation."106 Une demande est faite par des responsables locaux de la FEMA, le 26 août, pour que le fédéral envoie des bus destinés à évacuer les personnes qui n'en n'ont pas les ibidem p,43 WHOLSON B. 101 http://www.historycommons.org/timeline.jsptimeline=hurricane_katrina_tmln&katrina _emergency_preparednessresponse_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 102 [Los Angeles Times, 9/13/2005] in ibidem 103 NOLAN, B. p,56 104 ibidem 105 LAGADEC Tome 1 p,56 106 [Times-Picayune, 7/8/2005] in: http://www.historycommons.org/timeline.jsptimeline=hurricane_katrina_tmln&katrina_emer gency_preparednessresponse_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 107 NOLAN B. OP. CIT. op. cit. 108 BENJAMIN M op. cit. 109 NOLAN B. OP. CIT. 110 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,29 111 HOWELL S.E. & BONNER D.E. "Citizen Hurricane Evacuation Behavior in Southeastern Louisiana: A Twelve Parish Survey" The University of New Orleans Survey Research Center July, 2005 in: http://209.85.229.132/search?q=cache:2YZZ1Xqa2gMJ:poli.uno.edu/unopoll Howell%2520workshop%2520pres.ppt+Southeast+Louisiana+evacuation+plan+2005&hl=fr &ct=clnk&cd=15&gl=be consulté le 27/01/2009 moyens (physiques ou économiques). "Ils n'obtiennent rien."107 SE PE ST SE ST Outre les personnes dans l'impossibilité de partir pour raison de santé, pour raison économique, ou par choix, M. Benjamin cite un chiffre de 100,000 personnes en y ajoutant des personnes qui pourraient se retrouver enfermées à la Nouvelle-Orléans après la fermeture des routes à l'approche du cyclone.108 Outre ces "Special Needs" involontaires, d'autres résidents demeureraient à la Nouvele-Orléans délibérement, pour des raisons que nous analyserons plus bas. Une étude de l'Université de la Nouvelle-Orléans indique que 60% des résidents des Parishes de la Louisiane du Sud demeureraient dans leur maison en cas d'ouragan de force 3. Joseph Matthews, l'Emergency Preparedness Director reconnaît que la NouvelleOrléans n'a pas les moyens d'évacuer l'entièreté de la population.109 La FEMA en est informée au début de l’été 2005.110 Les officiels encouragent les plans d'évacuation personnels. Une enquête sur le comportement en cas d'évacuation dûe à un ouragan, menée dans le sud de la Louisiane confirme le parallèle entre avoir un plan d'évacuation personnel et une évacuation pré-impact effective. Mais avoir un plan est une conséquence de la perception du risque, ce qui ramène à son importance.111 SE I Brother's keepers ST PR I ST PE I SE PE La nouvelle-Orléans et Jefferson Parish suivent un "three-year pilot hurricane evacuation program"112 appelé "Brother's Keepers". Mis en place par la Croix-Rouge et une association appelée "Total Community Action, ce programme appelle chaque paroisse à lister et à mettre en contact "those with space in their cars with those needing a ride."113 Une telle initiative a été entreprise par the Mormon Churches après l'évacuation de l'ouragan Ivan, au printemps 2004. Scott Conlin, "president of the church's local stake" annonce que onze congrégations locales "of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints share a common evacuation plan, and many church members have three-day emergency kits packed and ready to go, he said. Mormon churches in Jackson, Miss., Hattiesburg, Miss., and Alexandria, La., have arranged to receive evacuees"114 L'organisation comprend également un numéro de téléphone gratuit destiné à mettre en contact " members who have empty seats in cars with those needing seats"115 En juin 2004, l'Archidiocèse de la Nouvelle-Orléans décline la participation de 142 paroisses à l'opération "Brother’s Keeper".116 112 http://www.historycommons.org/timeline.jsptimeline=hurricane_katrina_tmln&katrina _emergency_preparednessresponse_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 [Times-Picayune, 7/24/2005; Los Angeles Times, 9/13/2005] 113 NOLAN B. OP. CIT 114 NOLAN B. OP. CIT. http://www.historycommons.org/timeline.jsptimeline=hurricane_katrina_tmln&katrina_emer gency_preparednessresponse_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 op. cit. 5[Times-Picayune, 7/24/2005] 115 NOLAN B. OP. CIT. 116 interview de Kay Wilkins, responsable local de la Croix-Rouge au Times-Picayune, 7/24/2005 DVD's SE PE PR I ST I PR Conscient de l'immobilité ( de près de 134,000 personnes vivant à la NouvelleOrléans, le maire Ray Nagin, Kay Wilkins (local Red Cross Executive Director ) et le City Council President Oliver Thomas ainsi que les officiels de la police d'Etat et du National Weather Service enregistrent des vidéos où ils encouragent chaque citoyen a préparer son propre plan d'évacuation ainsi qu'à faire attention aux voisins. Ces DVD's sont destinés à être distribués aux pasteur et aux " community leaders" en septembre117. L'utilisation de leaders de communautés comme relais d'information vers les particuliers peut s'avérer constructive.118 Les moyens ST I PE PR SE PE Malgré le risque flagrant d"inondation, la Police de la Nouvelle-Orléans ne possède que 5 embarcations et les pompiers aucune.119 Une demande d’équipement "concernant l’achat d’une flotte de bateaux en aluminium à fond plat, pourtant destinés à permettre l’évacuation de populations prises au piège par les eaux"120 a été refusée un an avant Katrina "car cette demande ne permettait pas de contribuer à la lutte contre les menaces biologiques ou chimiques…"121 PENDANT Détéction ST PE La menace de Katrina est identifiée le vendredi 26 août 2005 par les experts du 117 NOLAN B. OP. CIT. et Los Angeles Times, 9/13/2005 http://www.historycommons.org/timeline.jsptimeline=hurricane_katrina_tmln&katrina_emer gency_preparednessresponse_plans=katrina_evacuationPlanning : consulté le 27/01/2009 op. cit. 9 118 KLRSCHENBAUM A. "Warning and Evacuation During a Mass Disaster: A Multivariate Decision Making Model" in: international Journal of Mass Ernergencia and Disasters March 1992, Vol. 10, NO. 1, pp. 91-114. p,111 119 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,22 120 Davis Tom (dir), A failure of initiative : final report of the Select Bipartisan Committee to investigate the Preparation for and Response to Hurricane Katrina, www.gpoaccess.gov/congress, 15 février 2006, p. 153 cité dans STEIGER op. cit. 121 122 123 ibidem STEIGER op. cit. STEIGER op. cit. I PR SE PE I SE SE PE National Weather Service et du National Hurricane Center. Ils calculent l'intensification de l'ouragan et sa trajectoire probable, identifiant son impact en catégorie 5 sur la Nouvelle-Orléans 56 heures à l’avance.122. Le message passe auprès des responsables politiques qui le relayent auprès de la population, sans ambiguités sur l'intensité du cyclone. L'erreur principale de détection s'est produite après le passage de Katrina sur la Nouvelle-Orléans. Malgré les risques avérés de rupture des digues en cas de frappe d'un cyclone supérieur à la catégorie 3 et un rapport l'établissant, après une reconnaissance aérienne effectuée par les Coast Guards et un officiel, Marty Bahamonde (responsable de la FEMA ), dès le lundi 29 août 2005 , les autorités "sont convaincues que le gros de la catastrophe est passé et par conséquent que les autorités locales et étatiques ont la situation en main"123. L'inondation de la Nouvelle-Orléans n'est pas prise en compte avant le mardi matin.124 Information I PE Chaque grande catastrophe donne lieu à une diffusion immédiate et massive de toutes sortes d'informations et d'images. La coupure du courant et les destructions dûes à l'inondation coupent les communications. Cela impliquera un manque d'information pour la conduite des opérations. Les autorités sont tributaires des rumeurs. La gravité d'une telle dépendance dépend de l'écart entre la réalité et l'information véhiculée par ces rumeurs. On peut la mesurer dans le cas des décès annoncés au Superdôme: sur les 200 morts annoncés (victimes de viols, d'assassinats) 6 personnes sont décédées en réalité "four died of natural causes, one from a drug overdose and another had apparently committed suicide. "125 PE Toutes les communication sont coupées dans et avec la zone sinistrée." L’inondation anéantit toute capacité de commandement : l’hôtel de ville, les centres de commandement de la police, des pompiers, de la Garde Nationale sont envahis par les eaux. Pendant toute la phase initiale de la crise, les responsables de ces services perdent tout contact avec leurs personnels mais aussi avec les responsables des niveaux fédéral et étatique. Les responsables locaux sont totalement dépassés par l’ampleur de la catastrophe, ne disposant plus pour la majorité d’entre eux de capacités de communication comme de commandement."126 PE E. Steiger souligne l'erreur effectuée par les autorités qui n'ont pas cherché à rétablir rapidement un réseau de communications et ce malgré les outils à disposition de la FEMA. "Les véhicules MERS[55], spécialement conçus pour être employés en situation de crise mais qui ne sont pas utilisés, sur décision de Michael Brown, de peur d’abîmer des équipements électroniques jugés trop sensibles. De même, un autre centre de communication mobile, appelé Octobre Rouge, pourtant déjà prépositionné au nord de la Louisiane, à Shreveport, ne réussit pas à être envoyé à la Nouvelle- SE ST SE SE 124 STEIGER op. cit. - LAGADEC Tome 1 op. cit p,57 - p 65- LAGADEC Tome 3 op. cit. p,98 125 RODRIGUEZ H. & DYNES R. op. cit. 126 STEIGER op. cit. Orléans, le camion lui servant à se déplacer se révélant trop gros pour circuler sur les routes menant à la ville louisianaise."127 I PR Sans communication et information viable il est impossible aux autorités locales d'établir des demandes à adresser aux autorités supérieures. Or la FEMA attendait des demandes spécifiques de la part des locaux avant d'envoyer de l'essence, des bus, des troupes, de la nourriture et des bateaux.128 Premières dispositions ST PR SE PE ST PE Les premiers Parishes déclarent les ordres d'évacuation le matin du samedi 27 août à 9:00h. La pluspart d'entre eux sont immédiatement "mandatory", d'autres le deviennent au cours du week-end. Les Parishes situés au sud sont les premiers à évacuer en suivant le Southeast Louisiana Evacuation Plan. Cet échelonnement a permis d'éviter de monstrueux embouiteillages connus par le passé. L'évacuation n'a été rendue "mandatory" pour la Nouvelle-Orléans que très tard. Nagin a eu conscience des très lourds effets économiques d'une telle décision. « Despite adequate warning 56 hours before landfall, Governor Bianco and Mayor Nagin delayed ordering a mandatory evacuation in New Orleans until 19 hours before landfall »131. PE La force symbolique d’une évacuation “obligatoire” est bien plus puissante que si l’on en reste à une simple recommandation. L'utilisation de trop de termes différents embrouille la population: “precautionary” evacuation, a “voluntary” evacuation, a “recommended” evacuation, a “highly recommended” evacuation, and a “highly suggested” evacuation. Blanco témoigne : “Well, in the United States of America, you don’t force people [out of their home], you urge them”. Mais conscient de la gravité de Katrina et de l'ampleur de ses conséquences Max Mayfield, directeur du NHC, appelle personnellement la Gouverneure et le Maire de la Nouvelle-Orléans à faire procéder à une évacuation "mandatory", mesure jamais SE SE SE I Il existe trois niveaux pour initier une évacuation : le « simple » conseil, la recommandation ou l’obligation (mandatory). Les premiers ordres d'évacuation étaient « recommended ». "La question de l’évacuation – obligatoire ou non très lourde opération aux effets économiques très importants ; il y a toujours la crainte d’être perçu comme criant au Loup à tort et à travers ; à l’opposé, certains sont sans états d’âme : “quand on sauve des vies, la question des coûts n’a pas à intervenir”129 Or les ouragans ont la capacité de changer rapidement de direction. " Qui peut chiffrer les conséquences d’une évacuation précoce mais inutile finalement?"130 127 STEIGER op. cit. KENDRA J. & WACHTENDORF T. « Improvising Disaster in the City of Jazz: Organizational Response to Hurricane Katrina » in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Wachtendorf_Kendra/ http://understandingkatrina.ssrc.org/Wachtendorf_Kendra/Published on: Jun 11, 2006 129 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,80 130 LAGADEC Tome 1 op. cit. p,35 128 131 (p. 108) in LAGADEC Tome 1 p.42. ST SE PR I SE PE SE PE prise jusque-là. L'innovation d'une telle décision se heurte alors au carcan des habitudes. Il apparaît illégal d'ordonner une telle chose alors qu'une grande partie des citoyens de la Nouvelle-Orléans sont dépendants des transports publics. Cette dépendance avait déjà été observée lors de l'exercice PAM en 2004132, mais aucune solution n'avait été envisagée. Nagin demande alors à ses équipes de se pencher sur l'aspect juridique d'un tel ordre d'évacuation. "Il a fallu 24 heures pour émettre l’ordre en raison de divers problèmes légaux et logistiques. Sur les 36 heures qu’il restait, cela fait tout de même les 2/3 en délai de mise au point."133 L'ordre "mandatory" n'a qu'une force symbolique, personne n'est arrêté en cas de désobéissance134. Un message paradoxal est envoyé à la population de la Nouvelle-Orléans: le superdôme étant désigné comme abri public les autorités envoyent ce message "vous devez partir mais nous avons un espace pour vous si vous restez, prenez de quoi vous nourrir et autres nécessités."135 SE CNN conclût, après l'analyse des rapports des différents officiels que d'enormes différences d'interprétation ont eu lieu. Amtrack dit avoir proposé un train refusé, Nagin dit qu'il n'a jamais entendu cette offre... 136 ST Alors que les flots recouvrent la ville, les autorités ont des difficultés à organiser les secours. Deux jours de débat ont eu lieu entre la Maison Blanche et les officiels de la justice pour savoir si le président devait prendre le relais de la mission de Blanco.137 Le président Bush a proposé de nommer le général Honoré commandant en chef des unités de la Garde Nationale de Louisiane en vue de créer un commandement unifié mais la proposition a été déclinée par Kathleen Blanco le 1er septembre.138 SE ST SE 132 Katrina est un ouragan de grande ampleur. Le système de gestion de crise américain a retardé la mobilisation des secours, le local étant submergé et incapable d'évaluer ses besoins alors que " l’administration fédérale qui a attendu d’être saisie pour L’exercice « PAM » (2004) Un an avant Katrina un exercice ambitieux avait été organisé en Louisiane, avec l’appui du fédéral. Ce fut la simulation sur le cyclone fictif dénommé « Pam », incroyablement proche de Katrina dans ses hypothèses. In:LAGADEC Tome 1 p.36. 133 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,81 134 LAGADEC Tome 1 op. cit p44 135 SCANLON J. « Two Cities, Two Evacuations: Some Thoughts on Moving People Out » in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Scanlon/ Published on: Jun 11, 2006 136 KENDRA J. & WACHTENDORF T. op. cit. 137 LUKES S. op. cit 138 STEIGER op. cit. 139 STEIGER op. cit. 140 STURKEN M. « Weather Media and Homeland Security: Selling Preparedness in a Volatile World » in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Sturken/ Published on: Jun 11, 2006http://understandingkatrina.ssrc.org/Sturken/ 141 MOLOTCH H. "Death on the Roof: Race and Bureaucratic Failure" in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Molotch/ Published on: Jun 11, 2006 142 NOLAN B. OP. CIT. 143 LAGADEC Tome 1 op. cit p,115 intervenir, perdant un temps précieux alors qu’une action de planification en amont des effets possibles aurait permis une action efficace dès le lundi 29 août, contribuant ainsi à limiter l’inondation de la Nouvelle-Orléans et les souffrances des victimes"139. La bureaucratie de la FEMA a entravé les secours140,donnant un exemple de suivi des règles en toute circonstances qui entravera beaucoup de prises d'initiatives dans les échelons inférieurs141. L'organisation fédérale, incapable d'intégrer des ressources d'aide extérieure, aurait interdit, le 27 août, aux "ONG et organismes d'aide humanitaire de se rendre sur les lieux sans une accréditation écrite du gouvernement."142 “At one point, a frustrated member of the CDC Division of Emergency Operations wrote: “The approval process for a bottle of aspirin seems to be the same as for a 500 bed hospital” (p. 300)"143 ST SE SE L'évacuation pré-impact SE PE SE PE SE I Près d'un million de personnes ont évacué la Nouvelle-Orléans avant l'impact de Katrina. L'orde d'évacuation (mandatory) n'a été donné que très tard. Entre 70,000 et 100,000 personnes sont demeurées en ville parmis lesquelles des personnes "souvent vulnérables : personnes âgées et infirmes, pauvres, malades. Ou des gens qui refusaient tout simplement de partir."144 L'évacuation pré-impact est considérée comme un succès. "During the peak 48-hour period of evacuation, more than 430,000 outbound vehicles were recorded on the six freeway and major arterial roadways in southeast Louisiana. Although this total does not include several other primary highways, it has been assumed to mean that about 80 to 90 percent of the population evacuated the area."145 Les premiers à partir sont ceux à qui ça ne revient pas cher car leur réseau hors de la ville leur pourvoit logement nourriture et autres biens de 1première nécessité. L'importance du réseau social influe aussi sur la décision de partir, le mimétisme fesant part de la décision d'évacuation.146 . Réaction de la population à l'ordre d'évacuation SE SE 144 PE De nombreuses interviews réalisées par Spike Lee pour "Katrina, Requiem en quatre actes" dévoilent l'importance de cette "mémoire des ouragans" dans la prise de décision des habitants de la Nouvelle-Orléans quant à rester sur place pour "affronter" le danger. En effet, de nombreux interviewés citent le cyclone Betsy de 1965 comme éléments de comparaison "si nous avons survécu à Betsy, nous passerons Katrina". Bill Bytheway souligne l'importance du taux de personnes âgées parmi les victimes. Une des raisons évoquées par l'auteur s'apparente à la mémoire des ouragans. En effet "experience and biography", symbolisés par la phrase "I grew up with hurricanes. I'm used to them" seraient des facteurs freinant la décision d'évacuer. R. Perry évoque le sentiment de danger comme un des facteurs déterminant dans le processus de décision d'évacuer. " Feeling endangered appears to be an important-if not principal factor in citizen decisions to adopt any sort of protective action the most common reaction to warning receipt is disbelief (cf. Drabek 1969)"147. LAGADEC Tome 3 op. cit. p,80 WHOLSON B. op. cit. 146 FUSSEL E. Leaving New Orleans: Social Stratification, Networks, and Hurricane Evacuation in http://understandingkatrina.ssrc.org/Fussell/ Published on: Jun 11, 2006 147 PERRY op. cit. p,53-54 145 Or la Nouvelle-Orléans n'avait plus été touchée directement par un ouragan depuis quelques décénnies. " This lack of prior experience promotes resistance to evacuation. Southeast Louisiana is a victim of its own past good luck."148 SE PE ST SE I Le sens donné à l'évacuation se mesure aux rapports risques encourus si l'on reste par rapport au coût de départ. 15% de la population de la Nouvelle-Orléans n'a pas évacué. Julie Hernandez149 l'explique par différentes raisons d'origine sociologique et temporelle. Le problème des habitants sans véhicule personnel (un tiers de la population) avait été établi par l'exercice PAM sans être résolu à la veille de Katrina car le plan d’évacuation ne comprenait pas les transports publics. Pourtant « 250 000 voitures restèrent inutilisées par leurs propriétaires »150. L'importance du coût d'évacuation semble être donnée essentielle. En effet, l'événement à lieu à la fin du mois, période de paye. Les faibles budgets n'avaient donc pas les moyens financiers d'évacuer, que ce soit pour régler les pleins d'essence et/ou payer leur logement. Le prix de l'essence prohibe également aux faibles revenus de parcourir de longues distances afin de trouver des hébergements disponibles. Certains quartiers de la Nouvelle-Orléans ont un un revenu moyen par habitant de moins de 8 000 dollars par an. Le taux d'homicide est le produit par 10 de la moyenne nationale, le plus élevé des Etats-Unis.151 La pauvreté influe sur le style de vie (possession de moyens d'évacuation: voiture - hébergement à l'extérieur de la ville moyens d'information) ainsi que sur le réseau social. " New Orleanians' plans for evacuation were strongly shaped by their income-level, age, access to information, access to private transportation, their physical mobility and health, their occupations and their social networks outside of the city. These social characteristics translated 148 HOWELL S.E. & BONNER D.E. op. cit. HERNANDEZ J « Le cyclone Katrina : L’incurie aux Etats-Unis ? », Festival International de Géographie, Saint-Dié-des-Vosges, 29 septembre 2006. http://www.cafegeo.net/article.php3?id_article=950 cité dans LAGADEC Tome 1 p.51 150 LAGADEC Tome 1 p.44. 151 NOLAN B. OP. CIT. 152 FUSSEL op. cit. 149 153 154 155 156 HERNANDEZ J., op. Cit. LAGADEC Tome 2 op. cit, p,27 BLINN-PIKE op. cit p,305 HERNANDEZ J., op. Cit. 157 Aguirre B. E. "Hazard Reduction and Recovery Center" in International Journal of Mass Emergencies and Disasters March 1991, Vol. 9, No. 1, pp. 31-45. p,37 158 STURKEN M. « Weather Media and Homeland Security: Selling Preparedness in a Volatile World » in: http://understandingkatrina.ssrc.org/Sturken/ Published on: Jun 11, 2006http://understandingkatrina.ssrc.org/Sturken/ 159 PERRY R. W. & UNDELL M. K. « The effects of ethnicity on evacuation decision-making » in: International Journal of Mass Emergencies and Disasters March 1991, Vol. 9, No. 1, pp. 47-88. 160 161 162 163 164 165 166 LAGADEC Tome 1 op. cit p,49-50 LAGADEC Tome 1 op. cit p,50 STALLINGS R. op. cit. p,21 KLRSCHENBAUM A op. cit. p,91 PERRY op. cit. p,54 - KLRSCHENBAUM A op. cit. p,91 HOWELL S.E. & BONNER D.E. op. cit. LAGADEC Tome 2 op. cit1 into distinct evacuation strategies for different sectors of the population leaving or staying"152 I PE Une particularité sociologique de la Nouvelle-Orléans empêche ses habitants de se réfugier chez des proches. En effet il s'agit « d’une ville dont les habitants bougent peu, et dont familles et amis sont aussi résidents... de la Nouvelle-Orléans ! »153 le réseau social influence le coût de l'évacuation ainsi que la perception du monde extérieur à la zone à évacuer: "aussi bien des populations qui n’ont jamais quitté leur quartier et qui ne peuvent imaginer en sortir sans perdre tout lien social, toute sécurité; et des flux extérieurs faits d’étrangers présents pour un séjour de longue durée, un séjour touristique. Les premiers n’ont aucun lien social exploitable en dehors de leur quartier, et n’iront pas s’exposer à la jungle sociétale qui les attend si d’aventure ils évacuent. "154 Or l'attachement à sa ville (lieu chéri, familier et ququel on s'identifie)155 est une caractéristique des habitants de la Nouvelle-Orléans. PE La crainte des pillages est également à prendre en compte lors de la décision personnelle de ne pas évacuer. La désignation du Superdôme comme abri paraît également avoir eu un effet inhibiteur: « pourquoi partir alors que cette immense enceinte est ouverte ? Quitter sa maison n’est jamais une décision facile, a fortiori dans un tel contexte »156. L'acte I du Requiem de Spike Lee nous montre les files qui se sont formées aux portes du Superdôme alors qu'il était encore largement temps d'évacuer (et que les portes de celui-ci demeuraient fermées car il était conçu comme abri « de dernier secours »). La peur du pillage est intensifiée dans les quartiers défavorisés par un manque de services publics157. Les personnes à faible revenu auront d'autant plus de difficultés à décider de partir qu'ils sont souvent moins bien ou non assurés, d'où la nécessité de rester pour protéger leurs biens.158 SE SE ST SE PE SE PR PE I PE La décision d'évacuer ou non est donc personnelle bien que fortement influençable par l'autorité. Des études159 ont démontré que différentes phases interviennent dans le processus de décision: l'évaluation du message (pertinence) – l'évaluation du risque personnel encouru – l'évaluation de la réponse appropriée au risque encouru. PE Une certaine réaction est nommée “Individuals share the blame”. Elle responsabilise l'individu qui décide d'évacuer ou non. Ceux qui ont choisi de ne pas partir ont adopté l'attitude de "roulette russe "et ne pourraient s'en prendre qu'à eux-même d'avoir "perdu"160 . Mais ce blâme des individus ne prend pas en compte les vices du modèle libéral dénoncés par Klinenberg: "le modèle libéral offre certes des services d’assistance, mais que les individus pauvres – en argent, en formation, en réseau – ne parviennent pas à se brancher sur ces services. Et, comme à Chicago, on tend ici à se contenter de blâmer les individus, incapables de se comporter en bons consommateurs avertis, en bons managers de leur vie, et de leurs opportunités"161. SE ST I PE SE SE PE SE I PE Deux facteurs vont inhiber la considération d'une évacuation volontaire comme mesure préventive: les obligations liées au travail et la famille ainsi que " the inability of those potentially a t risk to independently confirm that the danger is real and serious"162 La décision d'évacuer est influencée par un aspect spécifique du processus d'avertissement: le crédit accordé à la menace.163 Les individus vérifient l'information auprès de leurs proches et de leur réseau social. Le processus de mimétisme s'enclenche bien souvent et l'individu évacue plus facilement si la personne consultée lui conseille ou plus, le fait également.164 SE PE La perception de la menace d'ouragan a été analysée par une enquête menée en Louisiane du sud. "Most residents of southeast Louisiana do not perceive a high level of risk in a Category 3 hurricane In nine of the twelve parishes, 60% or more feel safe in their homes if a Category 3 hurricane were to come nearby. However, most do not feel safe in a Category 4. Risk perception is the single best predictor of who will leave their home in a recommended evacuation."165 "Not all of the evacuation news was positive, however. Images of thousands of desperate people being plucked from rooftops by helicopter, stranded at the New Orleans Convention Center and Superdome, and awaiting rescue on freeways have overshadowed the successes of the highway-based evacuation plan. It has been estimated that between 100,000 and 300,000 people did not or could not be evacuated from the city."166 APRES Un environnement réputé inhumain ST I SE PE I SE SE I SE PE SE PR 167 168 169 170 171 La Nouvelle-Orléans, sinistrée après le passage de Katrina est innondée sur près de 80% de sa surface. Les communications sont coupées, ainsi que le gaz, l'eau et l'éléctricité. Les médias véhiculent des images de pilleurs, des rumeurs de viols et de meurtres dans une ville connue pour avoir le plus haut taux de criminalité des Etats-Unis. Si certains faits rapportés se sont avérés exacts, il ne s'agissait tout de même pas d'un "urban warfare" tel que rapporté dans les médias. Les rumeurs étaient répercutées par les officiels, eux-mêmes coupés de toutes autres sources d'informations. Or cette réputation nuit à l'envoi de secours. Les officiels hésitent à envoyer leurs équipes dans un environnement considéré comme dangereux.167 Les équipes de secours médicaux de la FEMA (Assistance Teams (DMATs) ) arrivées au Superdôme la nuit suivant l'impact sont temporairement évacuées le jeudi "because of security concerns"168. Outre cela, certains habitants de la NouvelleOrléans, sensibles à ces rumeurs de pillages, refusent d'évacuer la ville sinistrée "choosing instead to stay behind to protect their belongings."169 Face à ces rapports médiatiques d'anarchie, la première réaction des autorités est d'envoyer des troupes afin de rétablir l'ordre!170 "The military arrived with a show of force"171 Pourtant "la frontière est bien souvent difficile à tracer entre pillage et comportement LAGADEC Tome 1 op. cit p,76-78 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,28 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,77 LUKES S. op. cit LAGADEC Tome 2 op. cit p,25 ST PE SE de survie"172. S. Lukes souligne que si le contexte institutionnel duquel nous somme dépendants pour satisfaire nos besoins vitaux cesse de fonctionner (banque - école police - magasins...) nous devenos tous égaux dans une guerre de tous contre tous. L'inégalité vient du fait que certains ont réussi à échapper à cet environnement lorsque d'autres ont eu à le subir. Mais si le système s'effondre on ne peut pas payer ce qui est nécéssaire à notre survie. Hors si on ne peut pas payer, on ne peut pas piller.173 L'évacuation post-impact ST PR ST PR I ST I PE SE PE SE PE ST PE SE SE 172 173 174 175 176 177 178 179 180 PE Le "Southeast Louisiana Hurricane Evacuation and Sheltering Plan" n'indique pas comment évacuer la Nouvelle-Orléans en cas d'inondation.174 Les autorités locales, étatiques et fédérales n'étaient aucunement préparées à une évacuation post-impact.175 Blanco a demandé des bus le lundi. Brown lui a assuré que 500 véhicules arriveraient quelques heures après. Mais FEMA ne trasmettra la demande au U.S. Department of Transportation que le mercredi matin. "Faisant la navette entre les services fédéraux et les services de l’Etat de la Louisiane avant d’être validée au bout de plusieurs heures, cette demande est traitée tardivement par le ministère des Transports qui tarde de surcroît à la satisfaire, étant confronté au problème de la dispersion des bus à réquisitionner, dont certains se trouvent à plusieurs milliers de miles de la NouvelleOrléans"176. Les premiers bus n'arriveront que le mercredi soir et en nombre significatif que le jeudi. « But these efforts were too little, too late. Tens of thousands of people were forced to wait in unspeakably horrible conditions until as late as Saturday to be evacuated. »177 Phil Parr, Deputy FCO présent au Superdôme, est le premier à prendre une décision au niveau fédéral en réalisant, le mardi après-midi que les eaux continuent à monter et qu'il faut évacuer le bâtiment par bus avant que le Superdôme ne devienne une île.178 Il met en place un plan d'évacuation avec la " Garde Nationale de la Louisiane, comportant l’emploi de plusieurs hélicoptères Chinook et Blackhawk. Ce plan est prêt dès le mercredi 31 août matin, un délai de trente heures semblant nécessaire pour effectuer l’ensemble de l’évacuation"179. Action témoignant de la confusion qui règne dans la gestion des événements, une évacuation est organisée en parallèle à la demande de la Gouverneure de la Louisiane, K. Blanco. Elle sera effectuée par voie aérienne le 2 septembre par la Joint Task Force, sous les ordres du général Honoré.180 La planification de l'évacuation post-impact est mal effectuée. Elle ne débute réellement que le mardi 30 aôut mais le mercredi matin la Gouverneure Blanco n'a NOLAN B. OP. CIT. LUKES S. op. cit BENJAMIN M op. cit. LAGADEC Tome 1 op. cit p,42 LAGADEC Tome 3 op. cit.2 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,24 LAGADEC Tome 1 op. cit p,63 STEIGER op. cit. STEIGER op. cit. I toujours pas contacté le Gouverneur du Texas, Rick Perry, pour confirmer que l'Astrodôme de Houston est un lieu de destination.181 Le gouvernement fédéral ne donne l'ordre d'évacuation post-impact que le mercredi 31 Août182 ST ST PE Les équipes de secours sont entièrement occupées aux opérations de sauvetage, sans capacité d'agir sur d'autres fronts.183 ST PR PE Les Us Coast Guards entament directement la mission de Search and Rescue qui leur est assignée. Procédant par reconnaissance aérienne, ils sauvent 22000 personnes par bateau. Le lieutenant Rob Wyman, dira au Times “We're flexible, we'll modify and we'll do whatever we can to help people in need."184 ST PE «L'’évacuation des habitants réfugiés sur leurs toits se fait de manière anarchique, sans plan de ratissage de la ville, dont certains quartiers sont visités plusieurs fois tandis que d’autres attendront plusieurs jours avant de voir arriver une première équipe de sauvetage. Les personnes évacuées ne sont pas regroupées au même endroit mais sont tantôt déposées au Superdome, contribuant ainsi à aggraver la détérioration des conditions de vie des personnes qui s’y trouvent déjà, tantôt déposées dans les endroits secs de la ville, sans qu’aucun recensement des identités des personnes évacuées ni des lieux de regroupement ne soit effectué »185 ST SE PR PE Utilisant l'EMAC, la Garde Nationale organise rapidement des secours. 10 000 gardes nationaux arrivent sur place dès le mardi 30 août pour participer à la recherche et à l’évacuation des survivants, procédant à la fouille des maisons, permettant tous moyens confondus le sauvetage de 49 800 vies au 22 septembre 2005."186 SE Les refuges/centres d'accueil ST PR Il y a différentes sortes de refuges/centres d'accueil: ils peuvent être destinés à l'hebergement temporaire, à moyen ou long terme, point de passage vers un refuge ultérieur et/ou point d'enregistrement.187 SE PE L'utilisation des abris publics est marquée sociologiquement: ils sont plus souvent fréquentés par les bas revenus et les personnes agées. 188 Plus la zone évacuée est grande, plus la propension à utiliser les refuges publics l'est également. "The thesis presented is that the larger the proportion of a community that is evacuated, the fewer friends and relatives homes there could be for people to select as their overnight destination thereby increasing the number of people who use overnight shelters."189 181 182 183 184 185 186 LAGADEC Tome 1 op. cit p,57 LAGADEC Tome 1 op. cit p,56 LAGADEC Tome 1 op. cit p,53 KENDRA J. & WACHTENDORF T. op. cit. STEIGER op. cit. STEIGER op. cit. 187 MILET D.S. SORANSEN J.H. & O'BRIAN P.W. "Toward an explanation of mass care shelter use in evacuations" in International journal of mass emergencies and disasters march 1992, vol. 10, no. 1, pp. 25-42. p,28 188 189 MILET op. cit p,32- 33 QUARANTELLI (1980, pp. 124-125) cité dans MILET op. cit ST SE PR PE Quarantelli les divise en deux types, les abris d'urgence et les abris temporaires190. Le Superdôme fût designé et équipé comme abri d'urgence alors que la population y restera presque une semaine. ST PR Le plan d'évacuation comprend la désignation, par la “Sheltering Task Force” (dirigée par le Department of Social Services et le Department of Health and Hospitals)191 de centres d'accueil. I PE Les habitants étant restés à la Nouvelle-Orléans lors de l'impact du cyclône se sont regroupés dans 3 abris Le Superdôme I ST PE PR PE PE 30,000 personnes se réfugient dans le Superdôme, désigné par les autorités de la Nouvelle-Orléans comme "refuge of last resort."192.Il est reservé aux habitants ne pouvant évacuer et n'ouvre ses portes qu'à la dernière minute, mesure censée éviter leur utilisation comme excuse pour ne pas évacuer. Les réserves d'eau, de nourriture, de lits et couvertures sont insuffisantes. « C'est dans cet espace insalubre, obscur, surchauffé, dangereux, sale, sans eau, sans nourriture, sans toilettes que vont vivre 30 000 personnes pendant 3 à 4 jours. Les plus faibles en meurent . »193 Le Convention Center SE I PE PR PE SE PR PE Des controverses ont eu lieu quant à la désignation par les autorités, ou non, du Convention Center comme refuge. Il aurait été évoqué par le maire comme un « autre refuge »194 mais ignoré par le directeur de la FEMA. Les autorités mettront « plusieurs jours à découvrir d’un regroupement spontané de plusieurs milliers d’habitants »195. Sa position géographique assez élevée draîne tout de même 19,000 personnes. Dépourvu d'éléctricité et de toilettes en fonctionnement, il ne possède aucune réserve de nourriture et aucune organisation de sécurité. Le Cloverleaf SE PE ST PR PE SE Désorganisés, les Search & Rescue regroupent les victimes au Superdôme et au « Cloverleaf », espace d’autoroute surélevé où 6 à 7000 personnes ont été regroupées.196 Le Plan prévoyait qu'elles soient transportées vers des lieux d'hébergements, accueillies par des soins et de la nourriture, mais la situation à la Nouvelle-Orléans est telle que les victimes resterons plusieurs jours dans cet espace exposé au soleil.197 190 BLINN-PIKE L. PHILLIPS B. & REEVES P. "Shelter life after hurricane katrina: a visual analysis of evacuee perspectives" in: International journal of mass emergencies and disasters november 2006, vol. 24, no. 3, pp. 303-330 p,306 191 192 193 194 195 196 197 LAGADEC Tome 1 op. cit p,31-32 LAGADEC Tome 1 op. cit p,54 NOLAN B. OP. CIT. LAGADEC Tome 1 op. cit p,54 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,22 LAGADEC Tome 1 op. cit p,54 LAGADEC Tome 3 op. cit. p,22 Conclusion Katrina est un événement météréologique de grande ampleur. Son impact a été détecté par les services météorologiques américains deux jours avant son avénement. La réaction des autorités a suivi la voie tracée par la structure de gestion de crise américaine. L'ordre d'évacuation est une responsabilité locale. Le maire de la Nouvelle-Orléans a failli à sa tâche en ne rendant l'odre d'évacuer obligatoire que 119 heures avant l'impact. La particularité d'une exposition annuelle aux risques des ouragans est telle qu'elle habitue la population à ce danger. La perception personelle du danger est essentielle dans la décision d'évacuer. Habitués à un tel risque, beaucoup d'habitants de la Nouvelle-Orléans n'ont pas évacué la ville. Mais cette décision n'a pas uniquement été volontaire. Des handicaps d'organisation (gestion de l'évacuation des populations dépendantes en matière de transport) et des facteurs socioéconomiques ont retenu près de 100,000 personnes en ville lors de l'impact de l'ouragan. L'évacuation pré-impact s'est particulièrement bien déroulée. La zone a été entièrement sinistrée après le passage de Katrina, privée d'eau et d'électricité. Les communications ont été coupées, empêchant une bonne organisation des secours. En attente de demandes au niveau local, le fédéral n'a pas agi immédiatement. Paralysé, les officiels locaux n'ont rien organisé en matière de secours et une erreur d'appréciation s'est produite, l'administration ne réalisaont que tardivement que l'inondation de la Nouvelle-Orléans était dûe à une rupture de digues et non pas par un surpassement de celles-ci. La faiblesse du système de digues était connu. La gestion des risques d'inondations a été dépendante du politique. Les budgets destinés à la prévention ont constammment été sacrifiés. Plus de 100,000 poersonnes ont affronté l'ouragan en ville. Survuivants sur les toits ou regroupées dans des refugies, certaines victimes attendrons les secours pendant près d'une semaibne dans un environnement chaud, humide, privées de tout. L'administration n'était pas préparée à une évacuation post-impact. Celle-ci s'organise avec peu de moyens d'une manière anarchique. Les images véhiculées par les médias, dont les officiels sont tributaires en moyens d'informations, évoquent un environnement de "urban warfare". Les autorités envoyent des soldats afin de rétablir l'ordre alors que les victimes de Katrina sont des populations affamées, deshydratées ressentant un abandon de la part des autorités. La FEMA, intégrée au sein du DHS depuis 2002, est un organisme destructuré qui n'arrive pas à gérer les conséquences du désastre. Conscients des conséquences d'un ouragan de force 4 ou 5 sur la Nouvelle-Orléans depuis l'organisation d'un exercice simulant un tel événement en 2004, l'administration des secours a souffert d'un manque de leadership et d'une désorganisation qui ont été fatales à un millier de personnes. BIBLIOGRAPHIE AGUIRRE B. "Evacuation as population mobility" in: International journal of mass emergencies and disasters, 1983, vol . ? , no ? p.415 à 427 AGUIRRE B. "Hazard reduction and recovery center" in International journal of mass emergencies and disasters march 1991, vol. 9, no. 1, pp. 31-45. BENJAMIN M. "A dry plan. Louisiana's official hurricane plan says absolutely zero about how to handle an evacuation once New Orleans is flooded." in: http://dir.salon.com/story/news/feature/2005/09/02/plan/index.html consulté le 19 janvier 2009. BLINN-PIKE L. PHILLIPS B. & REEVES P. 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L’urbanisation, les évolutions d’occupation des sols et le développement socio- économique, accentués par les effets de régulations de rivières, ont accru le potentiel des dommages dus aux inondations dans de nombreux bassins hydrographiques et littoraux ou la population se concentre et par conséquent reporte les enjeux sur les zones menacées. En outre du à l’ occurrence des évènements extrêmes due au changement climatique , les enjeux exposés dans les zones inondables densément peuplées – en dépit d’initiatives législatives récentes – conduisent à une aggravation du risque inondation. Aujourd’hui, la gestion de ce risque est devenue une composante de la sécurité et de la qualité de vie. De très nombreux travaux sont menés au travers le monde pour mieux appréhender ses effets et limiter la vulnérabilité de nos systèmes. Comme de nombreux autres fleuves, la Loire a fait l’objet d’études diverses et variées et la préfecture du Loiret, consciente du risque avéré induit par « son » fleuve sur « son » territoire, a publié en janvier 2006 son plan « Plan d'Organisation des Secours en cas d'Inondation de la Loire (ORSIL) ». Quelques mois plus tard, en novembre 2006, et afin de confronter la réalité du terrain avec les dispositions du plan, un exercice Inondation est organisé ; le scénario comporte une crue qui invitera un certain nombre d'acteurs, les services de l'Etat, du Conseil général, des Communes de Bou et d'Orléans, à se mettre en situation d'anticipation de rupture de digue sur le val d’Orléans . 198 199 Introduction Le Rex de cet exercvice reveleraz objectivement des positions à réviser « pour en tirer des enseignements utiles dans le cadre d'une démarche de progrès ». Plus particulièrement, le point n°4 (Gestion de l'évènement d'inondation) précisera que « la réflexion sur l'évacuation massive de l'agglomération orléanaise doit être concrétisée dans un plan spécifique200 ». Cet exemple est significatif : audelà des différentes mesures destinées à réduire le risque, à la rédaction de plans, à la publication de documents obligatoires et des évolutions réglementaires, la problématique posée par les évacuations massives de population persiste. Les évènements majeurs, récents ou non, sont là pour nous le rappeler et ont toujours mis en évidence ce talon d’Achille de nos organisations. Cet état de fait sera développé dans la première partie , au travers différents RETEX et notamment l’étude menée par Patrick Lagadec suite au passage du cyclone Katrina sur la 198 Dans son mémento relatif à l’évaluation de la vulnérabilité à la crise des préfectures (2008), Jean-Luc Wybo énonce la définition générale de la vulnérabilité comme « la manifestation d’une ou plusieurs composantes d’un système (physique, technique, organisationnel, humain, biologique, culturel, etc.) qui peuvent être atteints par des contraintes internes ou externes et entraîner des dommages au système ou à ses valeurs (population, environnement, biens, économie, image, …). Exemples : vulnérabilité d’une personne face à un virus, d’une espèce animale face à un changement de climat, d’un pont face au vent, d’une entreprise face à la concurrence. 199 1 Appel à projets conjoints de recherche ERA-Net CRUE : « la résilience des territoires face aux inondations – Gérer les conséquences des inondations ». 200 Le rapport stipulait également que « La construction de l'exercice, qui impliquait que le travail sur l'évacuation soit mené le 30/11, soit au moment du pic de crue simulé, n'était pas opportune. Ce déphasage a reporté inutilement le traitement de cet enjeu clé de la gestion de crise, qui nécessitait d'être géré très en amont. Dont acte. » Nouvelle-Orléans. Sa conclusion est sans appel : « les méthodes sont inefficaces, inadaptées, ou inapplicables… Le résultat ne répond de toute façon ni aux attentes de la population, ni à celles des autorités et encore moins aux victimes ». Ces dernières années, la façon de concevoir le risque d’inondation a évolué en s’éloignant du concept de « défense contre les inondations » pour se rapprocher de la « gestion du risque d’inondation ». Cette nouvelle approche multidisciplinaire cherche à aller au-delà des approches traditionnelles de l’ingénierie et reconnaît qu’il n’est pas possible d’empêcher les conséquences des inondations. Cette approche intégrée nécessite un panel de réponses réglementaires, sociales et économiques. Il est notamment nécessaire de mieux impliquer le citoyen au coeur du risque en l’informant plus efficacement et en développant ainsi sa capacité de résilience et sa robustesse201. Au sommet de l’Etat, le Président de la République Nicolas Sarkozy est également préoccupé par ce problème. En septembre 2007, en réaction aux évènements survenus sur le territoire français lors des tempêtes de 1999 et des inondations de 1999 et 2002 notamment, il a ainsi commandé par lettre de mission adressée au maire de Nîmes d’effectuer à partir d’un état des lieux, « des préconisations quant aux outils, aux organisations et aux moyens qu'il conviendrait de mettre en place pour réunir l'expertise permettant d'anticiper le risque d'inondation localisé, d'alerter les populations concernées et de mettre en oeuvre les mesures de protection générales des populations »202. La réflexion engagée dans ce cas aura donc pour cible de construire une nouvelle approche idéologique. Cette dernière se déclinera depuis la compréhension du processus d’évacuation massive à partir d’exemples et de situations concrètes. Elle exploitera aussi des approches plus théoriques comme l’aspect juridique et l’organisation de la planification en France. Nous poursuivrons cette étude en intégrant à la conception de l’évacuation massive la dimension « facteur humain » par ses aspects sociologiques et psychologiques et en s’inspirant de méthodes existantes dans d’autres pays. Les études menées dans le milieu animal, notamment chez les insectes réputés « sociaux » comme les fourmis, seront aussi exploitées. Enfin, dans un troisième temps, sur la base de ces approches théoriques et pratiques, nous élaborerons une méthode destinée à réduire la vulnérabilité de la population, et donc de la gouvernance, en développant la résilience et la robustesse de notre organisation dans sa globalité 201 La résilience est la capacité d’un système à s’adapter à des contraintes externes ou internes pour éviter que ces contraintes ne causent des dommages au système ou à ses composantes (blessures aux personnes, dégâts à l’environnement, pertes matérielles, …) et pour qu’il puisse continuer à assurer ses fonctions principales. (Jean-Luc Wybo, Mémento relatif à l’évaluation de la vulnérabilité à la crise des préfectures, 2008) Le terme robustesse caractérise l’aptitude d’une organisation soumise à des sources de déstabilisation à garder le contrôle d’une situation et à réduire au minimum les dommages, même si l’organisation ne peut plus assurer toutes ses fonctions normales (Jean-Luc Wybo, Mémento relatif à l’évaluation de la vulnérabilité à la crise des préfectures, 2008). 202 Il n’ pas été possible d’avoir d’informations quant à la suite donnée à cette commande pour limiter les effets d’une crise203 probable. Au-delà de la commande universitaire, les réponses de ce cas doivent donc s’inscrire dans la continuité des travaux menés actuellement par la préfecture du Loiret et être exploitables par le groupe de travail créé pour l’occasion et chargé de la rédaction de ce plan d’évacuation du val d’Orléans en cas d’inondation de la Loire. Une application concrète sur un territoire test pourra être envisagée afin de vérifier la cohérence de la démarche proposée. Cet essai servira à définir les grandes lignes d’une méthode qui pourra, à terme, être généralisée aux évènements majeurs (naturels ou non) à cinétique lente nécessitant une évacuation massive des populations concernées (ouragan, accident nucléaire…). En mettant en place les conditions favorables pour dépasser la simple satisfaction d’une obligation de moyens (normes et règlements) et évoluer vers celle d’une obligation de résultat, la démarche proposée pourra alors espérer progresser d’une sécurité réglementaire vers une sécurité pratique, pragmatique et opérationnelle… 1. Comprendre l’évacuation massive 1.1. Qu’est ce qu’une évacuation massive ? 1.1.1. L’évacuation des populations, évènement générateur de crise ? En 1755, suite au tremblement de terre qui détruit Lisbonne, Voltaire et Rousseau s’opposent par leurs approches philosophiques respectives. En écrivant : « Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants sur le sein maternel écrasés et sanglants ? Lisbonne qui n’est plus, eut-elle plus de vices que Londres, que Paris, plongés dans les délices ? La nature est muette,…. Il faut l’avouer le mal est sur terre », Voltaire adopte un fatalisme résigné. Rousseau préfère un volontarisme moderne axé sur la maîtrise du risque : « Serait-ce donc à dire...que la nature doit être soumise à nos lois et que, pour lui interdire un tremblement de terre en quelque lieu, nous n’avons qu’à y bâtir une ville ? ». Ces approches opposées sont à l’origine de notre révolution idéologique : si nous ne pouvons pas nous opposer à un danger, ni protéger ses cibles en plaçant des barrières efficaces, la dernière solution pour répondre aux attentes de tous reste d’accepter le risque en admettant pour unique mesure de protection de s’éloigner le temps nécessaire de la source de danger204. « Après avoir traversé l’âge du sang puis celui des prières, nous parcourons, 250 ans plus tard, l’âge des neurones qui voit disparaître progressivement les grands dangers d’autrefois, sources d’angoisse importante, pour laisser dès le XIXème siècle leur place aux 203 Une situation de crise est caractérisée par la perte de contrôle de la situation par les autorités chargées de ce contrôle. Cette perte de contrôle peut être causée par de nombreux facteurs qui ont une action néfaste sur l’organisation, notamment la dynamique rapide des évènements, l’incertitude sur l’état et l’évolution future de la situation, les difficultés de communication ou l’inadéquation/insuffisance des moyens permettant de répondre aux évènements et de garder le contrôle. Cette perte de contrôle a pour effet potentiel de causer des dommages de différentes natures : population, infrastructures, environnement, économie et atteintes à l’autorité et à l’image de l’organisation. (Jean-Luc Wybo, Mémento relatif à l’évaluation de la vulnérabilité à la crise des préfectures, 2008 204 Cette mesure est une barrière en soit mais elle présente un écueil important : son coût. Celui inhérent à l’éloignement de la source mais aussi celui lié aux conséquences du danger risques technologiques »205. Désormais, la réponse de la société se fera par la prise en compte du danger et la mise en oeuvre de mesures de protection pour s’en protéger. La dernière crue très importante de la Loire date de 1907. Depuis, si l’on fait abstraction du drame qui s’est produit en 1980 à Brives-Charensac en Haute-Loire2061, ce fleuve, ou plutôt la dangerosité de ce fleuve, s’est fait oublier. Au regard de cette relative tranquillité, certains estiment donc que les aménagements effectués répondent parfaitement aux attentes ; la Loire, autrefois incontrôlable et dangereuse, s’est dorénavant et pour toujours assagie. Le barrage de Villerest, situé à proximité de Roanne, n’a-t-il pas été conçu pour limiter les effets d’une crue dans tout le Val de Loire ? D’autres, au contraire, considèrent que plus on s’éloigne de la dernière crue, plus on s’approche de la prochaine. Pire, toutes les infrastructures n’auraient alors qu’un effet limité, voire aggravant… Ce qui n’est pas contesté en revanche, c’est que si le fleuve royal venait à connaître les débits qu’il a connu autrefois, il envahirait son lit majeur. Les conséquences humaines, économiques et financières seraient alors catastrophiques. Des milliers de personnes devraient être évacuées et la France serait divisée en deux suite à la non disponibilité des ponts : le Nord et le Sud de la Loire207. Au cours de ces dernières années, de nombreuses études ont été menées sur les mesures à prendre pour la population en cas de sinistre grave. Cependant, un aspect de ces mesures est rarement abordé dans le détail : celui de l’évacuation de la population menacée. Les pouvoirs publics ont tendance à ne traiter la problématique de l’évacuation qu’après exécution des tâches considérées comme plus urgentes, notamment les opérations dites de secours et de sauvetage. Les plans d’évacuation de la population ont été étudiés essentiellement pour les centrales nucléaires. Ils l’ont aussi été mais dans une moindre mesure, dans l’industrie chimique qui place cette solution en balance avec le confinement. De fait, si le terme « évacuation » est régulièrement utilisé, il n’est que très rarement défini et correspond en général à la « dernière décision à prendre » avant d’entrer en crise, pour ne pas dire « la dernière chance »… Mais n’est ce pas trop tard ? C’est parce qu’il juge impossible de lutter contre le risque que le décideur porte son choix vers celui d’éloigner les personnes en danger du risque qu’elles encourent. Cette crainte d’en arriver à ce choix extrême explique peut-être la distance prise vis-à-vis du terme lui-même. Vécue comme une « rupture de vie » ou comme un « traumatisme psychologique », l’évacuation est la décision qui illustre à la fois la remise en cause de toutes les hypothèses scientifiques, optimistes ou non, et l’entrée dans la crise208. Pire, 205 « L’archipel du danger », Georges-Yves Kervern et Patrick Rubise, éditions Economica, 1991 206 La crue subite de la Loire du 21 septembre 1980 faisait à Brives-Charensac, dans la banlieue du Puy, 8 morts, 40 blessés, 427 millions de francs de dégâts et sinistrait 300 entreprises. 207 208 ». Extrait de « Le jour où la Loire débordera », Michel Varagne, page 5. Le terme de crise correspond alors simplement à « un début de situation sur laquelle le décideur n’a plus un total contrôle c’est elle qui rompt la confiance absolue de la population envers le système sensé la protéger de tout et illustre dans une ambiance de panique la fuite en avant du peuple abandonné. Nous reviendrons ultérieurement sur les travaux menés par Patrick Lagadec14 qui ont fait suite au passage du cyclone Katrina sur la Nouvelle Orléans. Toutefois, suite à ses analyses des rapports d’enquête de la Chambre des Représentants, de la Maison- Blanche et du Sénat, Patrick Lagadec ne parlera plus du « cyclone » mais du « fiasco » Katrina tant « ce monde de la discontinuité et de la chaotique exige d’autres théories du risque, de la perception des risques, de la communication sur les risques, du pilotage et de la gouvernance ». L’évolution de nos sociétés, les attentes des populations, les enjeux personnels et humains, les objectifs des décideurs, l’acceptabilité du risque, l’impact de la pression médiatique sont autant de facteurs qui nous conduisent à revoir aujourd’hui nos méthodes. Pour nous porter à la hauteur de nos espérances, il est devenu indispensable d’intégrer dans notre réflexion une mutation intellectuelle et stratégique. C’est cette évolution de notre manière de penser qui nous permettra d’aboutir à une méthode efficace et pragmatique qui saura combiner harmonieusement le niveau des structures, celui des relations et celui du sens209. Prévoir une hypothétique évacuation ne peut être considéré comme une réponse de sécurité civile. Il est de notre responsabilité de ne plus la concevoir comme une fatalité mais bien comme un moyen parmi d’autres de prévenir et de protéger. Cette évidence doit en outre être abordée avec toute la capacité de discrimination et d’objectivité qu’elle mérite. Avant de nous intéresser à la conception même de l’évacuation, il était essentiel d’en proposer une définition : L’évacuation massive est une opération qui consiste à éloigner d’une zone ou d’une situation dangereuse (ou perçue comme telle) un ensemble de populations menacées en la faisant se déplacer vers un ensemble de lieux considérés comme sûrs. Concevoir l’évacuation est donc une opération complexe qui nécessite une parfaite collaboration et une grande harmonie entre les différents acteurs concernés, et ce quels que soient leur statut social, leur niveau de décision et/ou leur rôle à jouer durant les évènements. 1.1.2. La vision d’une évacuation massive par un préfet et des responsables de services déconcentrés Les travaux menés par Jean-Luc Wybo dans le cadre de l’élaboration du mémento destiné à évaluer la vulnérabilité à la crise des préfectures ont conduit à des entretiens individuels avec les différents acteurs du département du Loiret 209 Dans son mémento « Evaluation de la vulnérabilité des préfectures – Eléments de culture professionnelle », Jean-Luc Wybo distingue trois niveaux de réponse destinés à représenter la réaction d’une organisation face à une situation d’urgence et à lui permettre d’en garder le contrôle : le niveau des structures qui assure la gestion opérationnelle au travers la prise en charge des opérations dites courantes, le niveau des relations qui assure les interactions entre les personnes et les institutions en développant ainsi la capacité de résilience et le niveau du sens qui apporte la capacité de robustesse en apportant à chacun, sur un plan individuel comme collectif, l’aptitude à donner du sens à des situations « hors cadre ». associés à cette démarche210. Ces discussions ont notamment permis de recueillir auprès de ces professionnels leurs visions du risque liée à une évacuation massive et des concepts à développer pour en limiter les effets. Lors du premier entretien, le préfet211 se dit « personnellement extrêmement pessimiste » sur la vulnérabilité par rapport à la menace d’inondation majeure212 et la divergence que la situation de crise implique par rapport à une situation normale. Cette crainte n’est pas liée « à la menace pour des vies humaines ; on doit être en état, avec de très fortes difficultés techniques, de faire partir les gens. Mais ce sera un tel chaos que le crédit de l’état, des institutions publiques, avec le discours « mais tout le monde le savait et vous n’avez rien fait » déclenchera une crise avec de lourdes conséquences… » Une autre difficulté proviendra pour lui du fait que « l’on raisonne au niveau d’un département mais il est bien évident que si l’on est dans une situation de crue type 1856, elle s’étendra au bassin et donc il y aura un problème d’ensemble ». L’absence de culture du risque est aussi abordée par le préfet : « on est dans une région où il n’y a pas de culture de crue. Lorsque j’étais dans le Maine et Loire, j’ai observé que dans le bassin de la Maine, il y a une culture de crue : il n’y a pas de moquette dans les pavillons, les prises électriques sont en hauteur. […] Je pense que ce sera une crise grave, non pas tant pour les personnes car je pense qu’à force d’en parler médiatiquement, on doit pouvoir évacuer (les distances ne sont pas telles, on est dans un endroit au climat tempéré ; ce n’est pas l’Elbe), mais en revanche, je pense que ce sera une crise de crédibilité tout à fait majeure sur le thème « on vous l’avait bien dit ; on n’avait rien fait ; il y avait de l’argent qui a été mis, qu’est-ce qu’on en a fait ? ». Ça arrivera sans doute assez vite dans la crise, parce que dès la première contrainte, les gens diront « Comment ? On doit s’en aller ? Ce n’est pas possible ! » et il y aura une forte médiatisation compte tenu de la localisation et de l’ampleur géographique concernée. Cela rendra le pilotage de la crise extrêmement difficile, notamment la post-crise et le rétablissement de la vie normale […] Toutes les conditions sont réunies pour que sur le volet psychologique et politique, on ait une crise. Le DDE partagera plus tard cette approche : « Au niveau local, il est plus difficile à un préfet de dire « on évacue » si les gens ne mesurent pas réellement le risque ». Pour sa part, la chef du SIDPC confirmera lors d’un entretien ultérieur, que « l’évacuation est l’aspect le plus préoccupant. On a un recul sur la crue de 2003 210 16Ces acteurs, identifiés au sein du premier cercle, étaient les partenaires directement concernés (cabinet du préfet, SIDPC, DDSIS, DDSP et gendarmerie nationale, DDASS et SAMU, DDE, DRIRE et DSV). 211 Jean-Louis Bérard, préfet de la région Centre, préfet du Loiret 212 Le préfet précise « On est quand même confronté à un risque qui est à la fois considéré comme certain et dont l’occurrence est complètement incertaine : vous ne connaissez ni le jour, ni l’heure, mais on sait qu’un jour on va se retrouver avec une crue du type de celle du XIXème siècle. Un de mes prédécesseurs a parait-il dit au DIREN au moment de partir « on a échappé à la grosse » ». qui a été relativement facile à gérer avec notamment une problématique d’eau potable. Il n’y a pas eu d’évacuation ; pas d’impact sur l’économie ; pas de coupures d’électricité ; plus ou moins bien anticipée. C’est le seul recul que nous ayons. On ne peut pas dire à partir de là que nous sachions travailler ». Sur les barrières à développer, le préfet considère que « la seule réponse est de populariser le risque, de faire chaque année un exercice et de réfléchir sur les plans d’évacuation. C’est important de montrer qu’il faut être prêt à évacuer, parce qu’il faut savoir que l’on est exposé ». L’anticipation demeure en outre un facteur déterminant de réussite au même titre que la fiabilité de la remontée des informations ; le chef de groupement de la gendarmerie du Loiret se souvient de son expérience d’inondations à Narbonne : « le réseau de surveillance des crues était défaillant, les maires se plaignaient de ne pas avoir été prévenus. Ce qui a été mis en cause de manière très vive, c’est que l’information fiable ne remontait pas. On aurait pu avoir un préavis de quelques heures qui aurait permis de mettre en sécurité des populations. Ceci est un élément clé. » […]. L’évacuation est très difficile à mettre en oeuvre et les gens n’évacuent que lorsqu’ils ont le danger sous les yeux ou s’ils sont très sensibilisés à ce risque ; c’est la clé du succès. Si vous arrivez à convaincre la population d’évacuer bien avant qu’elle ne puisse réellement mesurer le risque, c’est gagné ». Le SIDPC considère que « le service de vigilance des crues est relativement au point ; à 7 jours, nous savons à peu près ce qu’il va se passer. Ce n’est pas ce qui nous inquiète. C’est bien l’évacuation qui est inquiétante et qui n’est pas définie ». L’ordre d’évacuer représente une difficulté de taille. Le SIDPC considère bien sûr que cet ordre revient « officiellement » au préfet mais aussi que « cette décision appartient aux sachants » et que « dans le cadre d’une inondation massive, le bassin puis la Zone ont un rôle à jouer. ». Pour le DDE, « l’avantage de ce type de crise est que l’on puisse anticiper ; la difficulté vient de la prise de décision. Si le risque est très important avec par exemple des débordements de digues, la décision sera plutôt facile. Pour des évènements de moindre importance, ce sera plus difficile de prendre la décision d’évacuer des gens. Evacuer 50000 personnes nécessite de le faire en anticipant au moins trois jours avant ». Pour la DIREN, les difficultés proviendraient de la globalité et de l’anticipation nécessaire : « Evacuer 45000 personnes en moins de 48h, et je vous expliquerai les problèmes liés à la prise de décision, c’est impossible. […]. On évacue le Val ou rien […]. Nous avons un document complet que l’on garde par devers nous qui explique la cinétique. Les courbes évaluent l’évolution à partir de J-7. Les spécialistes sont capables d’identifier la crue à J-5. 1ère qualification à J-4. A J-2, nous avons une qualification précise. » L’organisation de l’évacuation est aussi abordée avec les différents acteurs. Sur l’implication possible de la gendarmerie en cas d’évacuation en imaginant un relais de la part de délégués de quartier qui une fois formés, pourront avoir les mots pour convaincre la population de son quartier d’évacuer, le gendarme pense que « c’est l’entraînement qui portera ses fruits. Il faut aussi convaincre les élus que la seule solution est d’évacuer de manière coordonnée. La gendarmerie et sa rigueur militaire pourront aider à l’évacuation » même si la difficulté pourra venir du fait qu’une telle méthode doit « emporter l’adhésion de toute la population ». Le SIDPC précisera que « les villes comme Orléans ou l’Agglo ont beaucoup oeuvré. Le Maire a une légitimité reconnue par sa population ; ça peut marcher ». Dans la perspective d’un exercice réel, la gendarmerie considère « qu’il faut le faire même si ça ne se fait pas comme çà ; la sueur épargne le sang. Nous étions auparavant dans une improvisation complète ». Le SDIS considère pour sa part qu’il peut s’investir « en organisant l’information et la formation des formateurs pour que le 1er niveau se fasse dans de bonnes conditions. Si on établit une chaîne basée sur la confiance et la compétence, on gagnera du temps en donnant une autonomie à chaque secteur au niveau de chaque commune. Il sera nécessaire d’impliquer aussi un élu local avec chaque correspondant. Les informations qui reviendront au PC en cas de crise seront fiables. Cette transmission de l’information créera en plus d’une autonomie, une démultiplication ». L’expérience du DDSP à Pointe à Pitre avec Hugo confirme ces propos : « Lors de la reconstruction, il y avait pour chaque secteur un élu responsable et pour chaque élu responsable des relais. Ce modèle a très bien fonctionné ». L’évacuation massive peut s’avérer être une opération périlleuse génératrice de crise ; les acteurs institutionnels ne seront probablement plus en mesure de jouer pleinement leur rôle de protecteurs traditionnels. La population doit être en mesure de se prendre en charge individuellement et collectivement. Cette organisation peut se construire sur un plan local en exploitant des relais de proximité identifiés, reconnus par leur entourage et accompagnés par des élus et représentants locaux. L’anticipation des mesures à adopter est un élément déterminant qui conditionnera la réussite d’une évacuation massive. 1.2. Analyse du « risque évacuation », de ses effets et de sa criticité 1.2.1. Problématique du risque d’inondation - Rôles et limites des aménagements préventifs Les inondations survenues ces dernières années dans le sud de la France permettent d’identifier clairement que l’augmentation des dommages d’inondations est liée à l’accroissement de la vulnérabilité des territoires.213 En raison de pressions économiques, sociales, foncières ou encore politiques, les cours d'eau ont souvent été aménagés, couverts, déviés, augmentant ainsi la vulnérabilité des populations et des biens. Ces aménagements ont des effets pervers puisque la réponse à l’évènement non souhaité ne répond pas à une logique de protection durable mais à 213 La superposition de la carte des arrêtés « Cat-nat » sur les 12 départements méditerranéens avec la carte de densité des populations illustre parfaitement le phénomène une gestion du risque à moyen terme. Si le développement de l’urbanisme en zone inondable a répondu à une attente forte de la population, cette dernière a fini par perdre la mémoire des évènements passés et à ne plus entretenir comme autrefois les ouvrages destinés à la protéger. Ce relâchement a de graves conséquences puisqu’il explique en partie le retour d’inondations catastrophiques. La réponse à ces évènements majeurs s’effectue alors au travers d’une forte mobilisation et d’une demande de protection maximale. Ces mesures ré initient alors le processus d’oubli collectif, chacun se pensant alors « en sécurité ». C A force de tout « maîtriser », le système doit assumer (ou assurer ?) « tous les risques » et annihile toute prise en charge individuelle. Les responsables sont bien conscients de cette dérive mais peuvent-ils réagir différemment ? Ont-ils les moyens de résister ? Ne répondent-ils pas simplement aux attentes de la société ? La non acceptabilité du risque et les pressions de tous ordres conduisent les « garants d’une sécurité totale » à répondre à la demande en effectuant des mesures de réparation des ouvrages endommagés, en les rendant même plus efficaces que par le passé en y intégrant des aménagements supplémentaires de protection. Nous mesurons ainsi toutes les limites des aménagements préventifs. Le Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et des forêts (CEMAGREF) a défini des volets d’action pour réduire les effets des inondations à partir de cette problématique et des dérives constatées autour de 3 axes : Le développement de la culture du risque, l’action en temps réel et l’action en temps différé. La réduction de la vulnérabilité n’est donc pas l’affaire stricte de la commune, du département ou de l’Etat. L’implication de la population est essentielle dans les concepts de développement de la culture du risque et d’actions en temps réel214. Responsabiliser les acteurs concernés en développant dans leurs consciences que chacun peut réduire les effets des inondations, sans attendre que la collectivité se substitue à lui, est un élément à prendre en compte pour réduire la vulnérabilité d’un système 214 Les actions en temps différé impliquent aussi la population mais cette fois ci en qualité de victime, et non plus comme acteur. Mais la population est elle prête à entendre de la part de ses « responsables et protecteurs » qu’ils ne peuvent pas lui apporter un soutien « sans faille et sans limite » ? La probabilité d’occurrence dans le cadre d’un évènement majeur qui a totalement disparu des mémoires collectives est par définition très faible. Il devient alors difficile de mesurer le risque au travers ses dimensions de gravité et de probabilité. En substituant la contrôlabilité à la probabilité d’occurrence, la matrice ne positionne alors plus des « risques » en termes d’acceptabilité pour l’ensemble des acteurs (décideurs, publics…), mais des « situations redoutées » sur une échelle d’acceptabilité pour un manager. Ne serait-il pas pertinent de comparer pour l’adapter à notre situation la population à un « manager » ? Dans ce cas, la motivation est proportionnelle aux fluctuations de la contrôlabilité et de la gravité : « Moins je contrôle une situation potentiellement grave, moins je souhaite m’investir (et donc y consacrer des efforts) pour y faire face ». Des études dans le domaine de la perception des risques215 ont ainsi pu démontrer que la perception de la contrôlabilité du risque chez un individu était en lien étroit avec le développement de son comportement optimiste. La motivation pour limiter ce risque évoluera en conséquence. 1.2.2. Choix de la méthode d’analyse du risque « évacuation massive » De toute évidence, analyser le « risque évacuation » s’avère « complexe » au sens strict du terme. Le facteur humain est omniprésent et doit être pris en compte comme un paramètre clé de l’analyse. Dans le cadre de notre étude, nous ne recherchons pas l’évènement non souhaité mais recherchons bien ses origines. Les méthodes traditionnelles inductives et déductives permettent d’analyser ce type de risque. Elles s’avèrent toutefois dans le cas d’études des systèmes « complexes » longues et fastidieuses . La « non évacuation » peut être représentée de façon significative par le « noeud papillon » (voir annexe 3). En mettant en évidence les causes possibles de l’évènement non souhaité (ENS) et en listant ses diverses conséquences, cette représentation permet d’identifier afin de le minimaliser non pas le risque d'accident dans le cas d’une inondation mais d’en limiter les conséquences pour la population en facilitant son évacuation. Elles présentent néanmoins un écueil important : elles ne permettent pas d’apporter l’approche humaine nécessaire à la compréhension de l’évènement. Aussi, il est apparu préférable d’exploiter des évènements significatifs afin d’en explorer leurs tenants et leurs aboutissants par la méthode du retour d’expérience. Cette méthode permet de manière organisée de répertorier et de mémoriser les cas présentant des enseignements intéressants sur une expérience positive ou négative. Elle permet ainsi de prendre en compte les expériences passées similaires et permet la transmission d’un savoir faire qui permettront l’amélioration de la gestion du risque étudié. En outre, cette méthode permet de diminuer les erreurs en gravité et en nombre en améliorant les procédures et méthodes, en réduisant les risques de non-atteinte des objectifs fixés (et donc d’apparition de l’ENS) et limite de fait les coûts et les délais. 2. Concevoir l’évacuation massive 2.1. Approche juridique 2.1.1. L’exercice du pouvoir de police et ses limites Conformément à l’article L.2212-2 5° du code Génér al des Collectivités territoriales (CGCT), le maire est la première autorité à exercer son pouvoir de police à qui il incombe de lutter contre les incendies, les inondations et autres fléaux : « La police municipale a pour objet d’assurer le bon ordre, la sureté, la sécurité et la salubrité publiques. Elle comprend notamment : […] le soin de prévenir par des précautions convenables, […] les accidents et 215 Le laboratoire de psychologie expérimentale et quantitative de l’Université de Nice – Sophia Antipolis s’est notamment intéressé aux phénomènes liés à la perception des risques dans le cadre de ses recherches sur les perceptions et représentations sociales (source internet : http://www.unice.fr/LPEQ/perceptions.htm) fléaux calamiteux […] tels que les incendies, les inondations, les ruptures de digues […] et s’il y a lieu, de provoquer l’intervention de l’administration supérieure ». Dans le cadre d’un risque d’inondation nécessitant une évacuation, la limite territoriale de la commune n’a plus toujours réellement de sens. Dans ce cas, les articles 16 et 17 de la loi 2004-811 du 13 août 2004 rappellent que : « La direction des opérations de secours relève de l’autorité de police compétente » et que « en cas d’accident, sinistre ou catastrophe dont les conséquences peuvent dépasser les limites ou les capacités d’une commune, le représentant de l’Etat dans le département mobilise les moyens de secours […]. Il assure le Direction des opérations de secours. Il déclenche s’il y a lieu le plan ORSEC départemental ». Le pouvoir de police ne se délègue pas (art L.2211-1 du CGCT) et si le champ d’action du maire reste très vaste, il n’en est pas pour le moins limité par l’article L.2211.24 du CGCT qui mentionne que le maire exerce ses fonctions « sous le contrôle administratif du représentant de l’Etat dans le département ». En outre, le représentant de l’Etat peut prendre toute mesures relatives au maintien de la salubrité, de la sureté et de la tranquillité publiques dans tous les cas où il n’y aurait pas été pourvu par les autorités municipales. Seuls le maire et le préfet sont donc investis de l’autorité de police et cela ne va pas sans poser un certain nombre de difficultés lors d’opérations de grande ampleur ou ces autorités doivent prendre des décisions pour assurer la sauvegarde des populations placées sous leur responsabilité. L’appréciation du risque est d’autant plus difficile que l’évènement est géographiquement étendu et que son anticipation nécessite un regard expert. Dans le cadre d’un risque d’inondation, le maire est donc tenu d’intervenir au titre de l’article L.2212-2 5° du CGCT. Le maire qui s’absti endrait d’agir commettrait alors une faute qui engagerait la responsabilité de la commune, même si dans la pratique les circonstances particulières analysées par les juridictions comme la gravité des faits détermineront la reconnaissance de cette responsabilité. Cet article avance de plus la notion de prévention au travers les termes « le soin de prévenir ». Ainsi, c’est tout un panel de plans et de mesures de lutte contre les risques naturels et depuis 2004 les plans communaux de sauvegarde que le législateur a imposé aux maires et aux préfets, pour agir à la fois sur le front de la prévention et sur celui de la préparation à la crise, en orientant l’information vers les actions individuelles et collectives. Nous reviendrons ultérieurement sur les notions d’information des populations et de développement des actions individuelles et collectives. Parmi les mesures de prévention envisageables, le maire ou le préfet peuvent donc décider de l’évacuation des zones exposées. Le juge vérifiera alors si la mesure prise était nécessaire, c'est-à-dire si la nature et la gravité du danger la justifiaient au regard des circonstances et de la proportionnalité par rapport aux enjeux. En outre, l’autorité qui s’abstiendrait d’ordonner l’évacuation nécessaire pour assurer la protection des personnes exposées, verrait sa responsabilité engagée sur le fondement de cette abstention31216. Etroitement liée au service de Météo France, la prévision des crues relève d’un moyen étatique ; le préfet dans le département est chargé de diffuser ensuite les messages d’informations aux maires concernés. Ce cheminement de l’alerte météorologique est organisé et validé dans sa mise en oeuvre par le représentant de l’Etat dans les départements concernés217. Concernant l’annonce des crues, les responsabilités pourront être recherchées et une faute commise par l’Etat à l’occasion d’une annonce de crue n’exonère pas une commune de son obligation de prévenir les inondations. Les autorités détentrices du pouvoir de police se trouvent donc confrontées à plusieurs difficultés concomitantes : la prise en compte des risques, leur anticipation et les mesures conservatoires et de protection de la population et des biens à entreprendre. Mais quel pouvoir ontelles réellement sur le citoyen menacé ? 2.1.2. Le citoyen peut-il refuser un ordre d’évacuer ? 2.1.2.1. Le droit de liberté individuelle La notion de liberté est une valeur forte ancrée dans le droit français et affirme la liberté des individus à disposer d’eux-mêmes, en particulier au travers du droit constitutionnel. L’article 66 de la constitution de 1958 rappelle que « nul ne peut être arbitrairement détenu. L’autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi ». A noter cependant que la procédure de vigilance météo a considérablement évolué en permettant l’accès à l’information où à la prévision météorologique au particulier via le réseau internet. Le socle de la liberté individuelle est affirmé dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 qui énonce dans son article 1er que « les hommes naissent libres et demeurent libres et égaux en droits ». L’article 4 de cette déclaration modère cependant cette liberté individuelle en précisant que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi ». En son article 17, le droit de propriété est précisé 216 Le défaut d’exécution des mesures de lutte peut aussi être reproché à l’autorité responsable. Dans le cadre de l’inondation, cela peutconcerner la carence dans l’annonce des crues ou une absence d’information et/ou de signalisation. Ce domaine de l’annonce des crues est en mutation, la récente évolution des organes concernés vise désormais non plus à « annoncer » la crue mais à la « prévoir » dans la mesure du possible, le délai induit par cette notion de prévisibilité permettant de renforcer la capacité de réponse des différents acteurs concernés. 217 A noter cependant que la procédure de vigilance météo a considérablement évolué en permettant l’accès à l’information où à la prévision météorologique au particulier via le réseau internet. comme « un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constituée, l’exige évidemment ». Le code pénal sanctionne pour sa part l’acte d’une « personne dépositaire de l’autorité publique » qui serait attentatoire à la liberté individuelle d’un particulier. Ce droit constitutionnel qui organise équitablement les pouvoirs publics et assume la lourde charge de garantir les droits fondamentaux de chacun se heurte pourtant sur un autre principe constitutionnel : le droit à la sécurité. 2.1.2.2. Le droit à la sécurité Le droit à la sécurité est inscrit dans le préambule de la constitution du 27 octobre 1946 : « La Nation garantit à tous […] la protection de la santé et la sécurité matérielle ». Or, ce droit à la sécurité est aussi une notion contemporaine de plus en plus affirmée et revendiquée par la population. Le Conseil Constitutionnel, dans sa décision n°80-117 du 22 juillet 1980 a conféré l’attribution d’une valeur constitutionnelle au principe de droit à la sécurité en précisant que « la reconnaissance du droit de grève ne saurait avoir pour effet de faire obstacle au pouvoir du législateur d'apporter à ce droit les limitations nécessaires en vue d'assurer la protection de la santé et de la sécurité des personnes et des biens, protection qui, tout comme le droit de grève, a le caractère d'un principe de valeur constitutionnelle ». 2.1.2.3. Les complications induites par les textes réglementaires Désormais, la conciliation entre le respect des droits et des libertés fondamentaux et la sécurité des personnes et des biens (considérée comme un droit constitutionnel) peut s’avérer délicat. L’autorité chargée de mettre en oeuvre ces principes peut se heurter à quelques difficultés. La jurisprudence du Conseil Constitutionnel fait d’ailleurs parfois s’opposer les « principes fondamentaux reconnus par les lois de la république » et la proclamation de « principes particulièrement nécessaires à notre temps ». Le Conseil Constitutionnel intègre dans le principe de « liberté individuelle » le principe de l’inviolabilité du domicile et ne se borne pas à prohiber les privations arbitraires de libertés. Sur le terrain, les forces de police et de gendarmerie, assistées des sapeurs-pompiers, rencontrent de grandes difficultés pour mettre en application un ordre d’évacuation visant un nombre important d’habitants sur une zone plus ou moins densément peuplée. Ces difficultés s’expliquent notamment par le manque d’effectif disponible pour répondre à cette mission qui vient s’ajouter aux autres missions qui incombent à chaque service. La population méconnait par ailleurs les comportements ou les réactions à adopter lors de ce type d’évènement ce qui complique singulièrement l’action des secours. En outre, et contrairement au domaine médical qui a prévu dans ses dispositions réglementaires les hospitalisations sous contraintes (hospitalisation d’office et hospitalisation sur demande d’un tiers), il n’existe pas de textes officiels obligeant la population à s’exécuter devant un ordre d’évacuation et ce comportement n’est de toute manière absolument pas ancré dans nos mentalités. 2.1.2.4. L’état de nécessité Il est toutefois intéressant de noter que « l’état de nécessité » peut permettre dans une certaine mesure à faciliter l’atteinte du but fixé. L’état de nécessité est prévu en l’article 122-7 du code pénal : « N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ». L’état de nécessité peut donc permettre de légitimer une action face à une situation exceptionnelle et d’apporter une certaine tolérance à certaines illégalités. Sur un plan opérationnel, où les besoins du terrain obligent parfois à des actions a priori illégales, l’état de nécessité devient en quelque sorte l’outil réglementaire qui permet de justifier de certaines atteintes au droit à la vie privée, au droit de propriété ou à l’inviolabilité du domicile réalisée par les secours dans le cadre de leurs actions. Plus concrètement, c’est cet état de nécessité qui permet « d’ordonner une évacuation, traverser un terrain cultivé pour accéder à un sinistre ou endommager des biens dans l’exercice de la mission ». Pour que cet état de nécessité soit reconnu, il reste nécessaire de qu’aucune alternative opérationnelle de soit possible dans le domaine légal. 2.1.3. Les évolutions réglementaires 2.1.3.1. Le citoyen au coeur du dispositif de sécurité civile La loi de modernisation de la sécurité civile (LMSC) du 13 août 2004 initie une nouvelle orientation du législateur en posant le principe de l’implication du citoyen au coeur du dispositif de sécurité civile : le citoyen n’est plus seulement le bénéficiaire des secours mais il en devient l’un des acteurs. Ce principe est énoncé par l’article 4 qui prévoit que « toute personne concourt par son comportement à la sécurité civile. En fonction des situations auxquelles elle est confrontée et dans la mesure de ses possibilités, elle veille à prévenir les services de secours et à prendre les premières dispositions nécessaires ». Bien entendu, ce principe énoncé de façon très théorique implique une évolution de nos mentalités et ne pourra porter ses fruits qu’après plusieurs années. Mais elle apporte de fait une nouvelle cohérence des textes en vigueur et permet de mieux responsabiliser chaque citoyen en ne réduisant pas la relation « décideursadministrés » à une relation de « fournisseur-consommateur » source de conflits et d’incompréhensions. Il est aussi intéressant de relever que cette loi ne s’oppose pas qu’au citoyen bénéficiaire des secours mais qu’elle s’applique aussi aux « exploitants d’un service destiné au public » dont la bonne réactivité opérationnelle est un atout supplémentaire au bon déroulement des opérations de secours comme à la phase post-crise de retour à la normale. Enfin, l’exigence réglementaire s’applique aussi aux plus jeunes : « Tout élève bénéficie dans le cadre de sa scolarité obligatoire, d’une sensibilisation à la prévention des risques et aux mission des services de secours ainsi que d’un apprentissage aux gestes de premier secours ». En outre, il est nécessaire de rappeler que la loi prévoit également un meilleur partenariat opérationnel entre les services intervenants et une coordination dépassant les frontières habituelles des services, de leurs attributions et de leurs prérogatives pour mieux les faire travailler ensemble […] et se donne ainsi les moyens d’initier une véritable culture de sécurité civile à la fois transversale et pluridisciplinaire. « Dans cette perspective, s’attaquer aux risques, c’est synthétiser l’état des connaissances sur les risques dans une démarche pour la première fois pluridisciplinaire ». Les textes n’imposent aucunement au citoyen d’obéir à un ordre d’évacuation et les outils à la disposition du décideur ne lui permettent pas d’avoir le contrôle de la situation. Positionner le citoyen au coeur du dispositif de sécurité civile est une forme de réponse aux contraintes réglementaires mais nécessite un changement des mentalités qui doit s’installer dans la durée. 2.1.3.2. La planification et l’information de la population De nombreux textes législatifs et/ou réglementaires prévoient l’information des populationsdans le cadre d’évènements majeurs.Tout d’abord, le Plan de Prévention des Risques Naturels Prévisibles (Le P.P.R.N.P. ou P.P.R. créé par la loi du 2 février 1995 dite « Loi Barnier ») constitue aujourd'hui l'un des instruments essentiels de l'action de l'État en matière de prévention des risques naturels . L'avènement régulier de catastrophes naturelles a montré l'importance de renforcer la politique de prévention des risques et d'accélérer l'élaboration des P.P.R. pour prendre des mesures afin de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens. Le dossier du P.P.R. contient une note de présentation du contexte et de la procédure qui a été menée, une ou plusieurs cartes de zonage réglementaire délimitant les zones réglementées, et un règlement correspondant à ce zonage. Ce dossier est approuvé par un arrêté préfectoral, au terme d'une procédure qui comprend l'arrêté de prescription sur la ou les communes concernées, la réalisation d'études pour recenser les phénomènes passés, qualifier l'aléa et définir les enjeux du territoire, en concertation avec les collectivités concernées, et enfin une phase de consultation obligatoire (conseils municipaux et enquête publique). Dans les communes où un P.P.R.N.P. a été prescrit ou approuvé, le maire en application de ’article L. 125-2 du code de l'environnement, doit informer par des réunions publiques ou tout autre moyen approprié ses administrés au moins une fois tous les deux ans. Le Document Départemental des Risques Majeurs (DDRM) institué par l’article R125-11 du Code de l’Environnement prévoit que l’information donnée aux citoyens sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis comprend la description des risques et de leurs conséquences prévisibles pour les personnes, les biens et l’environnement, ainsi que l’exposé des mesures de sauvegarde prévues pour limiter leurs effets. Le préfet consigne dans le D.D.R.M. établi au niveau départemental les informations essentielles sur les risques naturels et technologiques majeurs du département et transmet le document aux maires des communes intéressées. Le Décret n° 90-918 du 11 octobre 1990 relatif à l'exe rcice du droit à l'information sur les risques majeurs accentue encore la démarche. Toujours sur le plan départemental, le plan ORSEC (Organisation de la Réponse de SÉcurité Civile) institué par l’article 14 de la LMSC a pour objet, au regard des risques existant dans le département, d’organiser les secours et de recenser l’ensemble des moyens publics et privés susceptibles d’être mis en oeuvre face à un évènement revêtant une ampleur ou une nature particulière. Il est arrêté par le préfet de département pour le plan ORSEC départemental, par le préfet de zone pour le plan ORSEC zonal et par le préfet maritime pour le plan ORSEC maritime. En cas d'accident, sinistre ou catastrophe dont les conséquences peuvent dépasser les limites ou les capacités d'une commune, le préfet de département mobilise les moyens de secours relevant de l'Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics. En tant que de besoin, il mobilise ou réquisitionne les moyens privés nécessaires aux secours. Il assure la direction des opérations de secours et déclenche, s'il y a lieu, le plan ORSEC départemental. Le décret 2005-1157 du 13 septembre 2005 précise l’objet du plan ORSEC. Celui-ci s'inscrit dans le dispositif général de la planification de défense et de sécurité civiles afin d’organiser la mobilisation, la mise en oeuvre et la coordination des actions de toute personne publique et privée concourant à la protection générale des populations. Le plan ORSEC comprend : - Un inventaire et une analyse des risques et des effets potentiels des menaces de toute nature pour la sécurité des personnes, des biens et de l'environnement, recensés par l'ensemble des personnes publiques et privées en s’appuyant notamment sur le D.D.R.M., le Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques rédigé par le S.D.I.S. ou sur tout document de nature à apporter des informations utiles en cas de risques majeurs et de menaces graves ; -------- Les procédures et les moyens permettant d'alerter les collectivités territoriales et, l'ensemble des personnes publiques et privées concernées ; - Les procédures et les moyens permettant d'alerter et d'informer en situation d'urgence les populations. Au niveau communal, le Document d’Information Communal des Risques Majeurs (DICRIM) est établi par le maire, conformément à l’article R125-11 du Code de l’Environnement . Ce dernier reprend les informations transmises par le préfet, et précise : - Les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde. Ces mesures comprennent, en tant que de besoin, les consignes de sécurité devant être mises en oeuvre en cas de réalisation du risque ; - les actions de prévention, de protection ou de sauvegarde intéressant la commune ; - les évènements et accidents significatifs à l’échelle de la commune ; - éventuellement les dispositions spécifiques dans le cadre du plan local d’urbanisme ; - les cartes délimitant les sites où sont situées des cavités souterraines ou des marnières susceptibles de provoquer l’effondrement du sol élaborées en application de l’article L563-6 du code de l’environnement. Le maire fait connaître l’existence du D.I.C.R.I.M. par un avis affiché en mairie pendant la durée minimale de deux mois et comme les documents mentionnés à l’article R125-10, ce document est consultable librement en mairie. De plus, le décret n° 2005-233 du 14 mars 2005 précise les règles d’apposition de repères des plus hautes eaux connues et prévoit l’inscription de la liste et de l’implantation de ces repères de crue dans le D.I.C.R.I.M. Enfin, la LMSC impose à certaines communes à risques, dans son chapitre II relatif à la protection générale des populations, la réalisation d’un plan communal ou intercommunal de sauvegarde (PCS). Ce PCS doit contribuer à l’information préventive et à la protection de la population et détermine en fonction des risques connus les mesures immédiates de sauvegarde et de protection des populations, il fixe l’organisation nécessaire à la diffusion de l’alerte et des consignes de sécurité et recense les moyens disponibles. Il est arrêté par le maire de la commune et est obligatoire pour les communes dotées d’un plan de prévention des risques naturels prévisibles approuvé, ou pour celles qui sont comprises dans le champ d’application d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI). L’information des populations est une disposition réglementairement prévue à plusieurs niveaux. En particulier, le PCS permet, en amont de l’évènement, le travail de prévision permettant d’élaborer une cartographie du risque et d’y associer les mesures conservatoires. En outre, il permet de concevoir l’information de la population avant, pendant et après le sinistre qui est devenue une condition indispensable à toute réaction que l’on attend du citoyen en sa qualité « d’acteur situé au coeur du dispositif de sécurité civile ».Bien entendu, cette approche n’est là encore que théorique mais ce texte fonde le socle de l’information de la population afin de la responsabiliser. Nous verrons que le cheminement de l’information est concrètement difficile à organiser mais qu’il est le maillon essentiel au développement de la résilience des populations et à la mise en oeuvre d’une sécurité civile dorénavant orientée vers l’efficacité et le pragmatisme plutôt que vers une réglementation lourde et inapplicable. On peut regretter que le législateur n’ait pas réglementé une information systématique et obligatoire. En effet, il n’est pas fait obligation aux élus de diffuser cette information aux populations directement concernées par l’évènement majeur. Si l’information est « émise » sans se soucier du fait qu’elle ait été réellement « reçue »,cette information répond-t-elle complètement aux objectifs fixés ? Sommes-nous sûr que le citoyen engage systématiquement une démarche pour « aller chercher » l’information là où elle est disponible ? 2.3. facteur humain et conscience du risque, renforcement de laparticipation du public 2.3.1. La nécessité d’une communication du risque améliorée La conception d’une méthode destinée à permettre à une population ciblée de réapprendre le risque qui la menace nécessite une approche qui aille au delà de la « recette » préétablie. Au regard des retours d’expériences, l’approche humaine du processus d’évacuation apparaît indissociable de l’approche purement théorique voire « mathématique ». Jusqu’alors, les règles et les normes utilisées pour mettre en oeuvre une évacuation étaient essentiellement fondées sur la performance et les méthodes ne reposaient que sur le principe « on donne l’ordre d’évacuer, alors on évacue ». Nous n’avons jusqu’alors accordé que peu d’intérêt au comportement de l’homme dans l’évaluation des consignes d’évacuation d’urgence. Dans son appel à recherche ERA-Net CRUE, le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du développement Durable et de l’Aménagement du Territoire (MEEDDAT)218 précise que « l’encouragement de la participation du public peut être un élément clé pour une bonne gouvernance. Une communication sur le risque accrue aura un impact important sur la perception du risque. En retour, celle-ci apportera des changements au niveau de la préparation individuelle et pourra également affecter à moyen terme le développement spatial et économique dans les zones inondables ». Une communication sur le risque présente donc un enjeu majeur pour ce ministère et doit permettre de créer des émergences entre le risque identifié, la population soumise à ce risque et la prise de conscience qu’elle en aura. Mettre en place une communication efficace peut être une solution pour faciliter l’implication et donc une réponse adaptée d’une population face au risque d’inondation dans l’éventualité d’une évacuation. Cette communication repose essentiellement sur 218 Le MEEDDAT souhaite au travers cet appel à recherche pouvoir élaborer un outil pratique qui permettra à la fois une prise de conscience du risque et un renforcement de la participation du public. Cette approche nécessite d’apporter une réponse aux questions posées et dont certaines concernent spécifiquement notre étude sur l’évacuation comme : « Quelle est la relation entre le risque réel d’inondation et la perception de ce risque par le public ? Quels sont les facteurs susceptibles de caractériser cette relation ? Quelles sont les implications pour les politiques de gestion du risque d’inondation ? Comment peut-on améliorer les cartes d’aléas et de risque pour qu’elles deviennent un outil efficace de communication sur le risque ? Quelles données issues des analyses de l’aléa et de la vulnérabilité peuvent être utilisées pour initier un dialogue avec le public ? Comment la participation du public à la gestion du risque d’inondation peut-elle être accrue par l’intermédiaire d’une meilleure communication et d’une plus grande conscience du risque ? » D’autres questions ouvrent encore d’autres pistes de réflexion comme « Est-ce que les incitations financières (par exemple, liées aux assurances) permettent d’améliorer la perception du risque et quelle est leur efficacité comparée à la communication sur le risque ? Comment encourager et renforcer la participation du public dans l’établissement des plans de gestion ? Comment en faire un facteur de bonne gouvernance ? Comment les institutions peuvent-elles progresser dans leur compréhension des approches, des outils et des techniques de communication du risque ? Comment cet apprentissage peut-il accroître l’efficacité de la communication au public (par l’intermédiaire d’un panel d’activités telles que la cartographie, l’aménagement ou la gestion de l’évènement) ? » laissant de côté l'affect, l'instinct ou l'éthique. Elle a ensuite évolué au-delà de ce cadre conceptuel en montrant les multiples interactions qu'il pouvait y avoir entre, par exemple,l'affect et la mémoire ou l'éthique et le raisonnement. une amélioration de la compréhension du risque. Elle contribue de fait au développement des capacités de résilience et de robustesse. L’appel à recherche du MEEDDAT soulève des interrogations pertinentes qu’il convient d’exploiter comme des « fils conducteurs » destinés à orienter notre pensée. La méthode à développer doit sans aucun doute tenir compte des réflexions déjà menées et intégrer toute l’importance liée aux facteurs humains. C’est précisément ce que nous allons maintenant développer. 2.3.2. Approche psychologique 2.3.2.1. La notion de cognition La cognition regroupe les divers processus mentaux allant de l'analyse perceptive de l'environnement à la commande motrice (en passant par la mémorisation, le raisonnement, les émotions, le langage…). La cognition et les processus qu'elle met en jeu est l'objet de nombreux débats dans les sciences contemporaines (psychologie, intelligence artificielle, philosophie, etc.). L'étude de la cognition humaine s'est d'abord intéressée aux grandes fonctions de l'esprit humain, comme le raisonnement, la mémoire, le langage, la conscience en qu'il pouvait y avoir entre, par exemple, l'affect et la mémoire ou l'éthique Contrairement à Descartes219 qui avait une vision du raisonnement comme proprement humaine et détachée des autres composantes de l'homme, le neurologue oppose une approche dans laquelle émotions et raisonnement interagissent. Les différentes disciplines qui composent les sciences cognitives ont ainsi montré qu'il était impossible de dissocier ces aspects du comportement humain35220. En neuropsychologie, les patients souffrant d'une lésion cérébrale dans le cortex préfrontal sont incapables de réagir correctement à une situation émotionnelle tout en étant parfaitement capable de raisonner dans l'abstrait. En économie expérimentale, il a été montré que les êtres humains peuvent agir irrationnellement dans des situations où pourtant la raison « à froid » ordonnerait d'agir autrement. Les travaux effectués et les résultats obtenus permettent aujourd’hui d’avancer le fait qu’avant d’agir, volontairement ou non, un certain nombre d’actions sont mises en oeuvre de manière inconsciente par l’être humain. Le terme de cognition regroupe aujourd’hui les fonctions dont est doté l'esprit humain et par lesquelles nous construisons une représentation 219 220 L'Erreur de Descartes, Antonio Damasio 35 En outre, les études du comportement animal et les progrès effectués dans ce domaine ont aussi contesté cette conception d'une cognition humaine en montrant que les animaux étaient eux aussi capables de raisonnement, de mémoire… À l'inverse, ces études ont aussi permis de mieux cerner les facultés cognitives propres à l'homme. opératoire de la réalité à partir de nos perceptions, susceptible en particulier de nourrir nos raisonnements et guider nos actions221. Ce phénomène doit être pris en compte dans la construction de notre méthode destinée à évacuer une population. Le terme cognition inclut un ensemble très vaste de processus mentaux qui influent sur nos comportements et donc nos prises de décision. Les actions qui en découlent sont liées et conditionnées par ces processus. Nous allons maintenant tenter de mieux comprendre comment peut se construire le « raisonnement humain » et les réactions qui pourraient en découler, tant sur la plan collectif qu’individuel, au travers les approches sociologiques et psychologiques qui suivent. 2.3.2.2. La construction d’une démarche individuelle, la méthode HAPA Une méthode destinée à améliorer la prise de conscience du risque et un renforcement de la participation du public doit dans un premier temps intégrer une démarche visant à permettre une évolution du comportement sur un plan individuel. La question centrale est donc « comment faire en sorte qu’au-delà du simple souhait d’impliquer en profondeur la population au sein de la problématique, cette population puisse mettre en place concrètement et durablement, tant de manières individuelle que collective, un processus facilitant sa résilience et sa robustesse ? ». Afin de répondre efficacement à cet objectif, une recherche de méthode existante a été engagée afin de pouvoir en exploiter les grands principes en y apportant éventuellement des adaptations au regard de la spécificité du problème. La prospection222 a conduit vers la méthode HAPA (Health Action Process Approach), élaborée par le Pr Ralf Schwarzer223, que nous pouvons traduire par une « Approche de Processus d'Action de Santé ». Cette méthode a été conçue pour s'appliquer aux démarches préventives destinées à améliorer son état de santé, mais aussi de façon plus générale aux styles de vie risqués et aux conduites addictives. Elle semble donc particulièrement adaptée à notre problématique et peut donc nous servir de base à la construction de notre méthode. Elle suggère que l'adoption, l'initiation et le maintien de comportements destinés à préserver ou améliorer sa santé doivent être conçus comme un processus qui se décompose en deux phases succinctes : 221 A noter que d’autres courants de recherche sont en désaccord avec cette définition et considèrent au contraire la cognition comme un phénomène essentiellement dynamique et émergent. 222 Cette méthode m’a été conseillée par Lisa Bellinghausen, psychologue du travail - Chercheuse en émotions et compétences émotionnelle, Institut Français de l'Action sur le Stress (IFAS), Laboratoire de Psychologie et de Neurosciences Cognitives (Paris Descartes - CNRS) 223 Département de psychologie, Université de Berlin, Allemagne La phase de motivation s’articule autour de la perception du risque dans un premier temps - une première phase dite « phase de motivation » qui mène à une intention comportementale - une deuxième phase dite « phase d’action » qui mène au changement de comportement réel, à sa mise en oeuvre délibérée et volontaire qui permet d’envisager de modifier des comportements à risque en faveur d'autres conduites. L’auto-efficacité et les espérances de résultats sont considérées comme les principaux prédicateurs des intentions (il est nécessaire d’émettre des hypothèses sur les conséquences possibles des comportements à adopter avant de se demander s’il est possible de prendre les mesures elles-mêmes). L'autoefficacité permet ainsi de lier les efforts engagés et les espérances de résultats ; l’accent doit être porté sur les facultés de chacun à s’adapter afin de développer les stratégies efficaces de précaution. Cela suggère un ordre de causalité où la menace est considérée comme un préambule qui contribue à stimuler son désir d’efficacité afin d’accéder aux objectifs fixés. Un niveau minimal de la menace ou de la préoccupation doit donc exister avant que les individus commencent à imaginer les avantages des actions possibles et développer leur possibilité à les accomplir. Le lien direct entre la menace et l'intention peut devenir négligeable si les espérances sont bien établies en amont. En établissant une chronologie entre les trois voies directes qui conduisent à l'intention, il est considéré que l'auto-efficacité et les résultats espérés dominent, alors que la menace (ou la perception des risques) peut ne pas contribuer à toute autre influence directe. Le contexte particulier et une expérience personnelle peuvent notamment jouer un rôle et changer le schéma de pondération224. La méthode à décliner doit intégrer une phase de motivation facilitant la prise de conscience individuelle qu’une action personnelle et efficace face à une menace présente des impacts positifs pour soi. Cette phase induit la phase d’action volontaire qui aboutit au changement de comportement réel. Alors que la phase de motivation induit les choix à effectuer, la phase d’action décline à la fois la difficulté de la mise en oeuvre du changement de comportement et intègre en plus la difficulté liée à la durée de l’expérience. La phase d’action se décline donc en trois niveaux: - le niveau cognitif, qui permet d’équilibrer le processus de médiation entre les intentions et les actions volontaires, - le niveau comportemental et la perception d’auto-efficacité, - le niveau environnemental par la perception des obstacles, du partage et du soutien de son choix par son environnement. Quand une préférence pour tel ou tel comportement en matière de santé a été formulée, l'intention doit être transformée en instructions détaillées sur la façon d'effectuer l'action souhaitée. Ainsi, une intention peut être spécifiée par un ensemble d’intentions subordonnées. 224 A l’inverse, Les bonnes intentions ne garantissent pas nécessairement les actions correspondantes et les corrélations entre les intentions et les comportements sont très variables. La volonté n'est pas influencée par les espérances de résultats, mais par l'autoefficacité. Une fois une action engagée, elle doit être contrôlée par les cognitions afin d'être maintenue. En outre, l’action doit être protégée afin de ne pas être interrompue voire abandonnée prématurément. Lorsqu’une action est en cours, l'auto-efficacité valorise les efforts consentis et a persévérance225. Enfin, les possibles obstacles doivent être envisagés. Les actions ne sont pas seulement liées aux intentions et au contrôle cognitif, mais sont également influencées par la perception et l'environnement réel. La vision individuelle doit être partagée par son environnement afin d’être maintenue. Cette méthode développée à des fins « médicales » ne peut être appliquée que sur un plan individuel mais offre des concepts intéressants pour développer un outil destiné à induire une ébauche de méthode destinée à sensibiliser une personne à un risque donné et permettre à cette personne d’adopter si les circonstances l’exigent le comportement adéquat. Toutefois, au delà de cette approche psychologique qui ne peut s’appliquer que sur le plan individuel, il reste indispensable dans le cadre d’un évènement majeur d’intégrer dans la méthode une approche plus collective et d’y intégrer en parallèle les facteurs d’ordre sociologique. La phase d’action concrétise le changement de comportement. Son efficacité repose sur un équilibre en les intentions et l’action volontaire, sur sa perception d’auto-efficacité et enfin sur la perception des obstacles, du partage et du soutien de son choix par son environnement. 2.3.3. Approche sociologique Les comportements humains et les réponses d’un peuple peuvent être très adaptés et extrêmement « dociles » dans certains pays à régime autocratique soumis par ailleurs à des évènements majeurs récurrents ; il est quasiment impensable d’imaginer dans nos sociétés démocratiques et latines la même obéissance et une telle maniabilité de notre population. Nos sociétés sont en constante mutation. Le risque aussi. Les cultures du risque, fondées sur l’expérience, sont-elles toujours pertinentes ? Les sociétés vieillissent et les comportements évoluent. Ceux de la population bien sûr qui sont marqués par un certain fatalisme et une difficulté à sortir du quotidien, mais aussi ceux des décideurs qui répondent à une demande croissante de protectionnisme pour arriver à des résultats possibles et interrompre prématurément leurs tentatives. Les personnes ayant au contraire un sens optimiste de l'auto-efficacité arrivent à visualiser le succès des scénarios qui guident l'action et persévèrent plus facilement face aux difficultés. dérives dangereuses226 favorisant l’inacceptabilité du risque. Patrick Laclémence 227 parlera de « tolérance zéro » dans l’un de ses articles22843 où « l’anonyme 225 Les personnes soumises à un manque de confiance en soi sont plus enclins à anticiper l'échec des scénarios, se soucier de mauvais résultats 226 Voir en 1.2.1. Problématique du risque d’inondation - Rôles et limites des aménagements préventifs dans la ville se réfugie dans une proximité, celle des structures administratives pour assurer sa sécurité. De l’assurance tout risques à la gestion des stress, chacun se garantit contre les risques. Les attentes sont aussi nombreuses que les angoisses. Et il devient intolérable de constater la moindre défaillance ». La mémoire individuelle s’efface. La mémoire collective aussi. Et que penser des vitesses d’intégration des données qui ne sont pas en rapport avec les caractéristiques des menaces, surtout les menaces actuelles qui gagnent en vitesse et en instabilité ? Ulrich Beck229 développe dans cet esprit trois théories230 : - la société de classes telle qu’on la connaît aujourd’hui disparaît pour laisser la place à une société où la gestion du risque est centrale, - le phénomène d’individualisation créé par la société industrielle bouleverse les statuts sociaux et les modes de vie des individus, - la perte du pouvoir politique face à un pouvoir sub-politique (individuel, médiatique, scientifique, économique) croissant. Au regard de ces éléments, les nouveaux univers du risque sociétal ne facilitent pas la mise en oeuvre d’une méthode qui responsabilisera le citoyen231. Comment développer une méthode destinée à gérer, informer et responsabiliser dès lors que l’organisation même de nos systèmes avance à contre-courant d’une société qui veut s’organiser232 ? Le citoyen n’est plus « conditionné » pour 227 Docteur en sociologie et enseignant chargé de cours à l’Université de Paris V – René Descartes, et l’Université de Technologie de Troyes. Commandant de C.R.S., en fonction à la Compagnie Républicaine de sécurité N°35 à Troyes. 228 Manuel de la Police, Jeunesse, quartier, violence : pour une politique de prévention intégrée 229 Ulrich BECK est professeur de sociologie à l’université de Munich en Allemagne 230 Ces théories sont développées dans son ouvrage « La société du risque », 1986 231 Comment gérer les personnes dotées de tous les atouts souhaités qui réclameront des condamnations exemplaires après s’être déchargées de toute responsabilité sur la puissance publique, après avoir refuser de suivre toute recommandation et après avoir exigé un sauvetage miracle ? 232 Patrick Lagadec écrira dans l’un de ses rapports « Si nos sociétés exigent désormais des citoyens qu’ils soient de « jeunes cadres dynamiques », extrêmement réactifs, branchés sur les alertes météos ou autres, prompts à changer de trajectoires, disposant d’un confortable coussin de sécurité financier et des cartes de crédits nécessaires pour s’assurer une mobilité stratégique à admettre que le système soit déresponsabilisé. Les initiatives à prendre en matière d’éducation sur les risques, pour une reconquête en termes de responsabilisation individuelle, sont donc d’une sensibilité extrême. N’est-il pas politiquement inconcevable de ne pas s’occuper des administrés ? Notre système rationnel de décision s’oppose au système émotionnel. La population doit être préparée individuellement et collectivement à ce bouleversement et de nouvelles voies doivent être explorées pour permettre à la population de reprendre conscience du risque. L’endroit où sont regroupés souvenirs et biens propres ? Il n’est pas concevable de dire : « il faut évacuer » et encore moins imaginable de l’accepter, surtout si le risque n’est pas immédiatement mesurable et comparable avec le fait de rester chez soi. Le logement reste le dernier repère, le dernier refuge et imaginer le quitter ne peut qu’accentuer le sentiment d’insécurité. Et puis, rester chez soi l’échelle d’un pays ou d’un continent… les bilans des évènements non conventionnels risquent d’être de plus en plus lourds, les consternations de plus en plus pathétiques, les découplages entre strates sociales de plus en plus marqués... Bien entendu, le problème est d’une extraordinaire complexité. Mais il s’agirait au moins de ne pas en rester à une simple distribution de bons points et de réprimandes qui se satisferaient d’elles-mêmes. Avec, sur le terrain, une répartition des risques de plus en plus inégalitaire ». exemple concret de cette évolution des messages communiqués aux « potentielles victimes » Responsabiliser la population au travers une implication individuelle et collective va à l’encontre totale du mode de fonctionnement de notre société moderne attentiste, et surprotégée. Il est donc nécessaire de préparer l’imaginaire collectif à une mutation idéologique avant d’initier une quelconque préparation à une évacuation massive. Pour n’importe quel citoyen, quitter son domicile n’est pas envisageable. Le domicile ne représente-t-il pas l’investissement de toute une vie ? L’endroit où sont regroupés souvenirs et biens propres ? Il n’est pas concevable de dire : « il faut évacuer » et encore moins imaginable de l’accepter, surtout si le risque n’est pas immédiatement mesurable et comparable avec le fait de rester chez soi. Le logement reste le dernier repère, le dernier refuge et imaginer le quitter ne peut qu’accentuer le sentiment d’insécurité. Et puis, rester chez soi n’est-il pas une façon de préserver son bien plutôt que de l’abandonner à la merci d’un évènement à la fois théorique et incompréhensible en termes d’effets ? Même en imaginant que les enfants des personnes âgées arrivent à convaincre ces dernières, cela semble bien insuffisant pour répondre aux attentes. De toute évidence, les comportements individuels prennent le dessus sur l’entraide collective et induisent de fait une certaine forme d’irresponsabilité. Le message à transmettre en matière de pilotage de crise et de conduite opérationnelle s’annonce donc complexe tant sur le fond que sur la forme. Il n’est cependant peut-être pas aussi noir que celui envisagé par Patrick Lagadec. n’est-il pas une façon de préserver son bien plutôt que de l’abandonner à la merci d’un évènement à la fois théorique et incompréhensible en termes d’effets ? Même en imaginant que les enfants des personnes âgées arrivent à convaincre ces dernières, cela semble bien insuffisant pour répondre aux attentes. De toute évidence, les comportements individuels prennent le dessus sur l’entraide collective et induisent de fait une certaine forme d’irresponsabilité. Le message à transmettre en matière de pilotage de crise et de conduite opérationnelle s’annonce donc complexe tant sur le fond que sur la forme. Il n’est cependant peut-être pas aussi noir que celui envisagé par Patrick Lagadec. Dans son article intitulé « Imaginer la sécurité globale », Patrick Laclémence apporte une « réponse globale à la délinquance » sous la forme d’un triptyque composé d’urgence égalitaire, de proximité affective et de sûreté permanente. Il est intéressant de rapprocher sa « réponse globale à la délinquance » à notre « réponse globale à un évènement majeur à cinétique lente ». Par l’urgence égalitaire, la première mission de nos institutions serait de répondre au risque de façon urgente et égalitaire. Par la proximité affective, il s’agit de remettre en place une proximité sociale et « affective » entre le premier magistrat d’une collectivité territoriale et les citoyens d’une cité. « Basée sur le lien politique, cette nouvelle approche place le maire (bourgmestre) au premier rang du lien social reliant à la fraternité espérée ». Pour Laclemence , la prévention passe par cette approche globale et par une vision partagée de l’insécurité, transversale et pluridisciplinaire. Nous exploiterons cette approche, comparable aux 3 niveaux développés par Jacques ert al. 2002 (la structure, la relation et le sens) pour permettre à chacun de se réapproprier le risque. Quant au débordement de l’action collective sur l’action individuelle, Patrick Laclémence identifie « l’élément mental élémentaire » 233 qui structure les foules. Il considère que « lorsque la rupture des systèmes touche des foules homogènes ou artificielles, soumises à une fusion mentale liée à un passé commun, le lien affectif ou hiérarchique entre les membres peut être suffisamment puissant pour résister au séisme. Ces foules homogènes […] sont précédées d’une fusion mentale élémentaire qui tisse entre les individus un lien affectif qui, quelquefois, doit être utilisé par les services de secours pour gérer la crise ». La prise en compte individuelle du risque inondation et des avantages liés à une évacuation anticipée doivent être liés à une appropriation collective du message. Cette appropriation s’effectue autour d’une démarche pluridisciplinaire et transversale articulée autour de l’urgence égalitaire, de la proximité affective et de la sûreté permanente. Elle permettra le jour venu l’émergence du « point de fusion mentale élémentaire ». Les principes inhérents à la conception et la construction du message destiné à la population sont désormais posés. Après ces 233 51 Questions de défense – Article « Mutations et invariants – Partie II », octobre-décembre 2006, n°4, é ditions « la documentation française approches psychologiques et sociologiques, il est maintenant nécessaire en parallèle d’imaginer les principes qui permettront à cette information d’être diffusée efficacement vers et au sein de la population concernée. 2.3.4. Communication et diffusion de l’information : l’intelligence collective et le principe des pyramides des colonies de fourmis Hormis au sein de sociétés ou de systèmes très hiérarchisés ou très autocratiques, il n’existe pas « d’outil » permettant une diffusion à la fois générale et efficace de message. La diffusion de messages par les méthodes « classiques » existantes, qui consistent à diffuser efficacement une information souvent complexe depuis une autorité supérieure située en partie extrême de la pyramide vers la base de la pyramide présentent un niveau de performance qui ne répond en général ni au degré de fiabilité, ni au niveau de satisfaction escomptés. Pour que la population se réapproprie la notion de risque d’inondation et qu’elle intègre « intrinsèquement » la probable nécessité d’évacuer, il est donc nécessaire de mettre en oeuvre une méthode qui responsabilise cette population en la plaçant au coeur du problème. Plutôt que de diffuser une information de manière très mécanique et de haut en bas (du 1er niveau vers le 2ème puis du 2ème vers le 3ème et ainsi de suite), l’idée est de faire émerger l’information directement depuis le terrain qui se chargerait alors de la « dupliquer » de manière naturelle en la diffusant sur le principe de la percolation. Pour cela, nous nous sommes intéressés aux travaux menés par quelques scientifiques, et notamment par Jean-Louis Deneubourg, chimiste et biologiste, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, qui dirige une équipe de recherche sur les phénomènes collectifs des sociétés animales et des systèmes artificiels. Il semble à la fois intéressant et pertinent de chercher à rapprocher ses études, jusqu’alors menées pour en décliner une exploitation dans le domaine industriel une application concrète de recherche de rentabilité ou d’efficience, au domaine de la sécurité civile. Les études de ce chercheur ont porté sur ces insectes réputés comme « sociaux » comme les fourmis ou les abeilles et dont la complexité de leurs comportements et de leurs réalisations peuvent nous conduire à trouver une certaine analogie avec notre société. Dans les sociétés d'insectes, le "projet" global n’est pas programmé explicitement chez les individus, mais émerge de l’enchaînement d’un grand nombre d’interactions élémentaires entre individus, ou entre individus et environnement. L’intelligence collective se construit à partir de nombreuses simplicités individuelles. Les communications entre individus ont souvent un caractère amplifiant: lorsqu'un individu est actif en un endroit, il stimule ses congénères à se comporter de la même manière que lui. Ce type de communication, qui conduit la colonie d'insectes à focaliser l'activité de ses membres et donc à réaliser une tâche rapidement, est un élément clef dans la prise de décisions collectives. Cette approche a été mise en lumière au travers les observations relatives au processus de recrutement alimentaire. Chez la plupart des espèces de fourmis, il se pratique par l'intermédiaire d'une piste chimique. Cela se passe, schématiquement, de la manière suivante: un "éclaireur", qui découvre par hasard une source de nourriture, rentre au nid en traçant unepiste chimique. Cette piste stimule les ouvrières à sortir du nid et les guide jusqu’à la source de nourriture. Après s’y être alimentées, les fourmis ainsi recrutées rentrent au nid en renforçant à leur tour la piste chimique. Cette communication attire vers la source de nourriture une population de plus en plus nombreuse. Un individu qui découvre une source de nourriture y "attire" en quelques minutes n congénères (par exemple 5); chacun de ceux-ci y attirent à leur tour n congénères (25), et ainsi de suite. La population à la source ne grandira pas indéfiniment, mais se stabilisera autour d’une valeur déterminée par le nombre d'individus disponibles dans la colonie, par le temps qu'ils passent à la source, etc. Afin d’exploiter ces comportements dans le cadre de l’élaboration de notre méthode d’évacuation, il serait intéressant de savoir si ce mode de communication serait tout aussi efficace si une alternative était proposée comme « Faut-il évacuer, ou non ? ». Les études menées ont confronté notre société de fourmis à un choix dans le cadre de la découverte simultanée de deux sources de nourriture. Les études ont conclu au fait que la colonie avait réalisé un choix collectif en privilégiant une des deux sources de nourriture. Certains de ses membres auraient-ils acquis une connaissance globale du problème d'approvisionnement de la colonie et donc la capacité de diriger leurs congénères vers le site le plus rémunérateur? Il n'en est rien. Aucune fourmi n'est informée des choix existants, et aucune fourmi-chef ne dirige les opérations. Le choix résulte simplement de la compétition de deux informations, à savoir les deux pistes qui mènent aux sources de nourriture. Au niveau de la société des fourmis, un choix collectif s’est opéré, construit avec des individus ne disposant que d'informations locales, mais interagissant fortement les uns avec les autres. Des logiques comparables ont été identifiées dans plusieurs autres situations comme le « recrutement pour transport collectif » ou « la sélection du chemin le plus court entre une source de nourriture et le nid ». Ces exemples permettent de comprendre que les décisions collectives qui émergent sont le résultat de découvertes individuelles aléatoires et d'une compétition entre informations plus ou moins précises. La robustesse et la simplicité d'une telle procédure justifie sans doute la fréquence de son utilisation par le monde animal. Les insectes ne font pas une analyse préalable de la situation, suivie d'un échange d'informations destiné à résoudre le problème. L'existence de quelques règles comportementales "entraînent" simplement la solution, sans qu'il y ait élaboration de stratégie. Chez les insectes, la décision n'est pas séparée de l'action. Il ne s’agit pas de suggérer par là que le registre comportemental des insectes sociaux est simple, voire simpliste mais que l'obtention de comportements collectifs très variés et très élaborés n'exige pas toujours de faire appel à des comportements individuels très variés ou très élaborés. Au contraire, il s’agit de prouver que l’organisation des sociétés d'insectes ne repose finalement que sur des concepts simples mais efficaces. Quelle que soit la complexité de la situation, on retrouve toujours la complémentarité entre les niveaux individuels et collectif, et l'émergence "anonyme" d'une organisation collective. Ce schéma de circulation de l’information nous ramène vers la notion de point de fusion mentale élémentaire développée précédemment. Les problèmes qu'ont à résoudre les sociétés d'insectes ressemblent beaucoup aux problèmes d'organisation de l’espèce humaine rencontrés au sein de nos systèmes. Les travaux menés considèrent que l'intelligence collective donne de bons résultats même si l'environnement est très changeant ou si certains individus commettent de grosses erreurs. Cette intelligence collective se construit à partir de nombreuses simplicités individuelles. Lorsqu'un individu est actif en un endroit, il stimule ses congénères à se comporter de la même manière que lui. Ce type de communication, qui conduit la colonie d'insectes à focaliser l'activité de ses membres et à donc à réaliser une tâche rapidement, est un élément clef dans la prise de décisions collectives. En admettant qu’en cas de crise les relations entre individus se simplifient pour aller à ----------------------------l’essentiel, la construction d’un message simple et précis234 diffusé à partir d’individus identifiés et reconnus par leur entourage peut permettre d’aboutir à la réalisation collective d’une tâche précise : évacuer. 2.3.5. Communication et diffusion de l’information : l’importance des leaderships Dans la continuité de ces approches du comportement humain, il est désormais nécessaire de comprendre comment s’initie le processus de réappropriation collective du risque, et comment pourra s’effectuer la montée en puissance du système dans le cadre de la survenue d’un évènement majeur. Le RETEX du cyclone Katrina a permis d’identifier toute l’importance des « leaderships » pour faire face à la crise en redonnant du sens à la situation. Des travaux scientifiques ont été conduits en ce sens aux Etats-Unis depuis plusieurs années dans le domaine des évacuations des mines en cas d’incendie235. Les résultats de ces travaux, effectués suite à l’analyse de huit évacuations, ont suggéré plusieurs caractéristiques spécifiques au comportement des « bons chefs » dans le cadre de la conduite de crise. Une leçon des travaux en sociologie des désastres insiste sur le fait qu’il faut être très spécifique dans les messages : en plus de l’énoncé 234 Une leçon des travaux en sociologie des désastres insiste sur le fait qu’il faut être très spécifique dans les messages : en plus de l’énoncé très clair du risque encouru, il faut précisément dire à qui s’adresse le message, et très précisément indiquer ce qu’il convient de faire. Il ne suffit pas d’identifier la menace, il faut indiquer la marche à suivre. En l’espèce, il faut donc indiquer comment sortir de la zone. 235 Voir en particulier l’article intitulé “Leadership Characteristics in Escape from Three Underground Mine Fires” rédigé par Kathleen M. Kowalski (Ph.D., Research Psychologist), Launa G. Mallett, (Research Sociologist) et Michael J. Brnich, Jr.(Mining Engineer) - Mining Health and Safety Research Center, Cochrans Mill Road, Pittsburgh, Pennsylvania 15236, USA très clair du risque encouru, il faut précisément dire à qui s’adresse le message, et très précisément indiquer ce qu’il convient de faire. Il ne suffit pas d’identifier la menace, il faut indiquer la marche à suivre. En l’espèce, il faut donc indiquer comment sortir de la zone. Tout d’abord, pour chacune des évacuations, le chef peut être décrit comme une personne avertie et bien informée. Il est attentif à son environnement et fait preuve de discernement236. Chacun des chefs a exploité des informations qui lui étaient utiles pour les évacuations en se rappelant de détails précis. Ils se sont à plusieurs reprises référés à ce qu’ils « ont su » par l'information ou la déduction. La seconde caractéristique des chefs était la façon dont ils ont pris leur groupe en charge. C’est cette autorité qui a permis de conduire les sujets hors de la mine ; cette initiative caractérise alors la progression de la dynamique de groupe. Ces chefs se sont imposés naturellement, facilitant ainsi la gestion du groupe. Troisièmement, les chefs ont su arrêter des décisions tout en restant flexibles et en s’adaptant aux circonstances autant que de besoin. Quatrièmement, les chefs sont restés ouverts à leur entourage. Dans la plupart des groupes d’évacuation, un « deuxième lieutenant » a ainsi proposé des suggestions qui ont été validées. Dans les cas où une conduite émergente a été identifiée, le chef a souvent débuté dans une fonction de consultation à l'autorité. Cinquièmement, l’efficacité des chefs a exercé un effet apaisant sur leur groupe. Ils identifiaient ainsi les niveaux de craintes et offraient du réconfort quand il s’avérait nécessaire. Les mineurs de chaque groupe présentaient de la confiance dans la capacité de leur chef à les mettre en sécurité. L’accent doit être porté sur le choix stratégique des leaderships. Même si certains émergeront en situation de crise, il est nécessaire en amont d’anticiper leur identification afin de faciliter la réappropriation du risque et d’optimiser la montée en puissance du processus en cas de crise. Leur reconnaissance servira aux relations entre le décideur et la population et à la propagation des informations capitales. Le développement de la résilience et de la robustesse du système y sont étroitement liés. 3. Méthode destinée à faciliter la résilience et la robustesse des populations en les préparant à l’éventualité d’une évacuation massive 3.1. Contexte de l’élaboration de la méthode et généralités Les pistes visant à donner plus de pouvoir aux secours ont été explorées et ne répondent aucunement aux objectifs fixés. On l’a démontré, à total contrecourant des attentes de notre société, chaque citoyen doit contribuer individuellement et collectivement à se protéger efficacement et diminuer ainsi sa propre vulnérabilité. L’efficacité d’une évacuation massive de populations repose sur une meilleure information des populations exposées qui diminuera leur vulnérabilité. La mise en place d’une communication adéquate couplée à un 236 Ces qualités ne sont probablement pas limitées à l'environnement de la mine ou aux circonstances de crise. Cet individu est naturellement curieux en permanence et est le type d'individu qui excelle dans l'étude fortuite. mode de diffusion simple et efficace sur le risque d’être inondé vers les populations susceptibles d’être affectées est donc un élément clé du développement de la résilience et de la robustesse de ces populations. L’État et les communes ont des « responsabilités sociales » dans ce domaine. La méthode doit reposer avant tout sur le principe de "socialisation" d’une population individualiste concernée directement par l’évènement majeur à travers des principes de communications rudimentaires. Cette socialisation repose sur l’identification de personnes ressources (les leaderships) sur une « zone » identifiée qui, après avoir bénéficié d’une formation/information adéquate, seraient à l’origine de la diffusion du message à tout leur environnement. Selon le principe de la percolation, une population toute entière pourrait alors progressivement se réapproprier le risque et les mesures destinées à s’en protéger. Ce mode de communication doit permettre de remplacer avantageusement certains plans parfois indigestes et être assimilé à un outil opérationnel collectif. La multiplicité des acteurs impliqués nécessite que le plus grand soin soit porté à l’aspect communication, au risque sinon de conduire au plus grand désordre. La méthode doit intégrer les approches relatives au facteur humain et aux comportements des populations, des décideurs et des médias. Dans la continuité des orientations juridiques, elle s’articulera autour d’une dimension « stratégique » pour encadrer la montée en puissance de l’évènement. Elle permettra la préparation individuelle et collective de la population, des différents acteurs institutionnels et des différents partenaires à la situation de crise envisagée. Elle aura une dimension psychologique autour de la préparation à la « rupture » de la population et « pédagogique » pour une meilleure réappropriation du risque et des enjeux. La dimension « sociologique » permettra le lien depuis les actions individuelles vers la démarche collective au travers le « point élémentaire mental de fusion ». La dimension « pratique » s’illustrera avec la mise en oeuvre d’une échelle d’aide à la décision destinée à faciliter les relations décideurs/experts, permettre la compréhension de la situation par tous et d’identifier les actions réflexes à mettre en oeuvre. Le département du Loiret a parfaitement identifié la complexité de la mise en oeuvre d’une évacuation efficace. En mettant en place une démarche globale multidisciplinaire (7 groupes de travail ont été constitués, voir en annexe 12), l’objectif est bien de faire en sorte que la décision d’évacuer ne soit plus un choix par défaut mais bien une mesure stratégique du décideur destinée à éviter la crise. Suite au RETEX de l’exercice de décembre 2006, les travaux ont débuté dès 2007 avec des rencontres et des réunions diverses destinées à structurer les tâches237.La méthodologie238 développée a permis de dresser un 237 D’octobre à mars 2008, la stratégie préalable d’évacuation a pu être élaborée par le groupe de travail restreint en charge d’avancer sur le groupe de travail pivot n°2 « évacuation – sécurisa tion ». Cette stratégie a ainsi pu être déclinée de la manière suivante : - identification de la problématique de gestion de crise complexe - identification de l’impact majeur pour le département du Loiret - identification des risques dans l’agglomération d’Orléans et des enjeux premier bilan sur les outils, et de prioriser certaines actions. La stratégie générale validée se décline ainsi : - Seule une prise de conscience du risque par les habitants permettra de limiter le nombre d’habitants à héberger o En généralisant l’outil préalable qu’est le Plan Familial de Mise en Sécurité239 (PFMS) o En informant et en éduquant la population o En adaptant la stratégie à l’ampleur des risques - validation d’une stratégie générale - validation d’une stratégie en gestion de crise - élaboration du plan d’évacuation (et des points de rassemblement, d’identification et d’orientation) La poursuite des travaux s’est organisée autour de 7 groupes thématiques ; chacun est en charge de la production d’outils sur la base d’une lettre de mission détaillée et la transversalité est assurée par la Direction Départementale de l’Equipement (chef du SSRT) et par le SIRACED PC. Un calendrier détaillant les missions a été défini et planifie la phase de rédaction générale et de validation au 1er trimestre 2009 (après une présentation de la synthèse générale au préfet en décembre 2008). 61 Cette méthodologie repose sur une large concertation, le recensement des outils existants (DICRIM, PFMS, PIG inondation, réunions publiques, informations acquéreurs-locataires, repères de crue…), bilan des avantages et inconvénients des outils de communication existants et analyse des publics cibles (habitants, acteurs économiques, élus, personnels territoriaux...) 62 Un guide méthodologique intitulé « Face au risque d’inondation, élaborez votre plan familial de mise en sécurité (PFMS) » a été élaboré en mars 2006 par l’agence de l’eau Loire-Bretagne. 238 Cette méthodologie repose sur une large concertation, le recensement des outils existants (DICRIM, PFMS, PIG inondation, réunions publiques, informations acquéreurs-locataires, repères de crue…), bilan des avantages et inconvénients des outils de communication existants et analyse des publics cibles (habitants, acteurs économiques, élus, personnels territoriaux...) 62 Un guide méthodologique intitulé « Face au risque d’inondation, élaborez votre plan familial de mise en sécurité (PFMS) » a été élaboré en mars 2006 par l’agence de l’eau Loire-Bretagne. 239 Un guide méthodologique intitulé « Face au risque d’inondation, élaborez votre plan familial de mise en sécurité (PFMS) » a été élaboré en mars 2006 par l’agence de l’eau Loire-Bretagne. - En inculquant à l’amont et en entretenant de manière durable la conscience du risque - En disposant d’une grille de décision simple autorisant une prise de décision rapide par le préfet, sur la base de seuils à Orléans. - Le logigramme de gestion de mise en oeuvre du plan d’évacuation (voir annexe 17) s’appuie sur la stratégie établie et sur l’anticipation rendue possible par la prévision de crues - La prise de décision d’évacuation devra être préparée le plus tôt possible240 o Idéalement de J-6 à J-4 o Début de l’évacuation à J-3, dès la prévision d’une cote de crue dépassant le seuil retenu pour l’évacuation Le plan d’évacuation s’organise autour d’une stratégie établie avec les forces de l’ordre : - 8 zones définies en fonction du risque, dont la population a été évaluée à partir des îlots INSEE, un itinéraire principal et secondaire par zone (voir annexe 9) - Des itinéraires de rabattement (par couleurs) qui devront tenir compte des inondations liées aux débordements de réseaux (voir annexe 9) - Deux points de regroupement par familles pour enregistrement et orientation (application du plan d’hébergement qui devra être établi) (voir annexes 10 et 11) - Un dispositif favorisant les solutions individuelles (PFMS) est prévu - Un recensement des familles dont la responsabilité est assumée par les communes La mission de l’étude du présent mémoire s’inscrit au sein des travaux à réaliser par le groupe 1 chargé de la « Communication et de l’information préventive » dans les délais impartis par le calendrier (voir annexe 13). L’échéance est fixée à fin 2008. Composé des villes d’Olivet, d’Orléans, de Saint-Cyr-en-val, de SaintDenis-en-Val, de Saint-Jean-le-Blanc, de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, de l’AgglO, du Conseil Général, du CEPRI, de la DIREN, de l’EP Loire, de la DDE et du SIRACED PC, les missions confiées à ce groupe sont les suivantes : 1. Inciter à la réalisation des PCS et DICRIM 2. Inciter au recrutement des réserves de sécurité civile 3. Informer les populations, les entreprises, les opérateurs et les maires 4. Inciter fortement les familles à la réalisation du PFMS 5. Proposer un dispositif de renseignement du public en cas de crise 6. Définir la stratégie d’information et de communication 7. Réaliser de petits exercices 240 A noter que le groupe reste néanmoins clair quant « aux incertitudes inévitables liées à la survenue réelle de la crise ». Cette remarque lucide et franche est d’autant plus importante lorsque l’on sait qu’au cours d’une discussion informelle, un responsable m’a dit : « On sait tous que si la décision qui sera prise le jour J n’est pas la bonne, des têtes vont sauter… » L’efficacité du plan d’évacuation repose sur une adhésion forte de la population menacée qui sera alors à même de réduire sa propre vulnérabilité par un comportement adapté. La résilience et la robustesse de cette population se développent en deux temps : la préparation à la crise et la crise proprement dite. La diffusion de l’information, qu’elle soit d’ordre pédagogique pendant la phase de préparation, ou tactique durant la phase de montée en puissance de la menace, est identique : L’ordre de base est donné par le décideur et diffusé vers des personnes identifiées comme des leaderships et chargées de diffuser le message auprès de leur entourage. Selon le principe de la percolation, la diffusion s’étend à tous les foyers de la zone menacée. La consigne est acceptée collectivement dès lors qu’est atteint le point de fusion mentale élémentaire. Communications rudimentaires basées sur le modèle animal initiées par des leaderships et développées individuellement Point de fusion mentale élémentaire MISE EN OEUVRE DE LA DEMARCHE COLLECTIVE 3.2. La préparation à la rupture psychologique par la diffusion d’un sondage Occulter un probable blocage psychologique de la population à la méthode proposée serait utopique. Cet écueil peut être limité en élaborant et en diffusant un sondage adressé aux foyers concernés. Afin de les préparer psychologiquement à une démarche allant à l’encontre des principes de notre société, ce sondage doit être adressé à la totalité des foyers menacés. Le questionnaire doit être progressif et débuter sur des questions générales pour évoluer vers la problématique de l’inondation puis vers celles de l’évacuation massive et de l’hébergement. Le foyer sondé doit ainsi débuter un questionnement spécifique à sa situation en cas de crise et chercher des réponses à ses interrogations. Ce sondage pourra initier des échanges entre foyers concernés, des concrétisations de PFMS, des inscriptions sur une base de recensement de données propres à chaque foyer. La sollicitation d’une société spécialisée peut s’avérer pertinente tant pour la conception duquestionnaire que pour l’exploitation des réponses. Un appui par les médias locaux pourra aussi permettre d’apporter à ce sondage un caractère plus « officiel ». 3.3. La mise en place d’une grille d’aide à la décision : l’échelle de couleurs 3.3.1. Définition de la méthode Au regard des approches et des retours d’expérience développés précédemment, il apparaît clairement la nécessité de prendre en compte l’importance de la réponse de la population face au risque encouru pour une bonne application de l’ordre d’évacuation. La gestion de l’évènement ne doit pas se limiter à une discussion entre les experts et les décideurs mais doit au contraire s’ouvrir vers une démarche destinée à rendre compréhensible (à défaut de n’être jamais acceptable) l’évènement en encadrant sa montée en puissance par une communication ciblée et adaptée. La compréhension du message repose avant tout sur sa simplicité. Le principe de « l’échelle de couleurs » est exploité depuis plusieurs années dans le domaine de la circulation routière avec Bison Futé ou dans le domaine de l’information météorologique avec la carte de vigilance météo. Plus récemment encore, il a aussi été retenu dans le service de prévision des crues avec la mise en place de la « vigilance crues » 241. A la fois simple et compréhensible de tous, 241 La vigilance crues est fondée sur les mêmes principes que la vigilance météorologique mise en place par Météo France depuis 2001. Son objectif est d’informer le public et les acteurs de la gestion de crise en cas de risque de crues survenant sur les cours d’eau principaux dont l’Etat prend en charge la mission réglementaire de surveillance, de prévision et de transmission de l’information sur les crues. La vigilance crues est destinée à informer tous les publics intéressés, particuliers, ou professionnels, sous une forme simple et claire. Elle est aussi destinée aux pouvoirs publics en charge de la sécurité civile (préfets et maires), qui déclenchent l’alerte lorsque c’est nécessaire et mobilisent les moyens de secours. Chaque cours d’eau inclus dans la vigilance crues, visible sur la carte de vigilance, est divisé en tronçons. A chaque tronçon est affectée une couleur, vert , jaune , orange ou rouge , selon le niveau de vigilance nécessaire pour faire face au danger susceptible de se produire dans les heures ou les jours à venir. La carte se présente sous sa forme nationale ou sous ses formes locales accessibles par un clic sur la zone concernée. La carte est accompagnée d’un bulletin d’information national et de bulletins d’information locaux. Ces bulletins précisent la chronologie et l’évolution des crues, en qualifient l’intensité et fournissent (si possible) des prévisions chiffrées pour quelques stations de référence. Ils contiennent également une indication des conséquences possibles, ainsi que des conseils de comportement définis par les pouvoirs publics, lorsque nécessaire. Les bulletins sont associés aux cartes de même niveau. Pour accéder aux informations locales, il suffit de cliquer à partir de la carte nationale sur le bassin concerné. Prochainement, il sera possible par clic sur une station hydrologique, d’obtenir un graphique ou un tableau contenant les dernières hauteurs d’eau et les derniers débits mesurés à cette station, lorsque ces données sont disponibles. La carte de vigilance crues, les bulletins et les données temps réel sont disponibles en permanence. La carte est actualisée 2 fois par jour à 10h et à 16h. En période de crues, quand cela est justifié par la rapidité d’évolution de la situation, les bulletins sont réactualisés plus fréquemment. Par ailleurs, si un changement notable intervient, carte et La vigilance crues est fondée sur les mêmes principes que la vigilance météorologique mise en place par Météo France depuis 2001. Son objectif est d’informer le public et les acteurs de la gestion de crise en cas de risque de crues survenant sur les cours d’eau principaux dont l’Etat prend en charge la mission réglementaire de surveillance, de prévision et de transmission de l’information sur les crues. La vigilance crues est destinée à informer tous les publics intéressés, particuliers, ou professionnels, sous une forme simple et claire. Elle est aussi destinée aux pouvoirs publics en charge de la sécurité civile (préfets et maires), qui déclenchent l’alerte lorsque c’est nécessaire et mobilisent les moyens de secours. Chaque cours d’eau inclus dans la vigilance crues, visible sur la carte de vigilance, est divisé en tronçons. A chaque tronçon est affectée une couleur, vert , jaune , orange ou rouge , selon le niveau de vigilance nécessaire pour faire face au danger susceptible de se produire dans les heures ou les jours à venir. La carte se présente sous sa forme nationale ou sous ses formes locales accessibles par un clic sur la zone concernée. La carte est accompagnée d’un bulletin d’information national et de bulletins d’information locaux. Ces bulletins précisent la chronologie et l’évolution des crues, en qualifient l’intensité et fournissent (si possible) des prévisions chiffrées pour quelques stations de référence. Ils contiennent également une indication des conséquences possibles, ainsi que des conseils de comportement définis par les pouvoirs publics, lorsque nécessaire. Les bulletins sont associés aux cartes de même niveau. Pour accéder aux informations locales, il suffit de cliquer à partir de la carte nationale sur le bassin concerné. Prochainement, il sera possible par clic sur une station hydrologique, d’obtenir un graphique ou un tableau contenant les dernières hauteurs d’eau et les derniers débits mesurés à cette station, lorsque ces données sont disponibles. La carte de vigilance crues, les bulletins et les données temps réel sont disponibles en permanence. La carte est actualisée 2 fois par jour à 10h et à 16h. En période de crues, quand cela est justifié par la rapidité d’évolution de la situation, les bulletins sont réactualisés plus fréquemment. Par ailleurs, si un changement notable intervient, carte et bulletins peuvent être réactualisés à tout moment. La durée de validité de la couleur d’un tronçon est variable selon les tronçons et la situation hydrologique. Cette durée de validité n’apparaît pas sur la carte, mais figure dans le bulletin d’information. (Source internet http://www.vigicrues.ecologie.gouv.fr) bulletins peuvent être réactualisés à tout moment. La durée de validité de la couleur d’un tronçon est variable selon les tronçons et la situation hydrologique. Cette durée de validité n’apparaît pas sur la carte, mais figure dans le bulletin d’information. (Source internet : http://www.vigicrues.ecologie.gouv.fr) chaque couleur doit être rattachée à une action précise : L’appropriation du code couleur s’effectue au travers les informations diffusées par les médias mais aussi par la diffusion du message institutionnel via les personnes relais (les leaderships) au sein des quartiers. Cette échelle de couleur servirait en outre à faciliter la prise de décision en créant une interface entre les experts et le décideur. Comme pour la carte de vigilance météo, un icône significatif peut aussi compléter le code couleur afin d’accroître l’efficacité du message. 3.3.2. L’acceptation de l’échelle par les experts, les décideurs et les médias Pour trouver tout son sens, l’élaboration de l’échelle de couleurs doit se faire à partir des indicateurs de crue (niveau d’eau, débit…). Ne pourrait-elle pas d’ailleurs, sous réserve de répondre à l’impératif d’anticipation minimum, être associée directement à la vigilance des crues et impliquer des mesures concrètes ? Souvenons nous : lors d'un violent orage, deux fillettes de 12 ans ont été tuées (la première sur le coup et la seconde des suites de ses blessures) dans la nuit des 6 et 7 août 2008, par la chute d'un arbre sur leur tente dans un centre diocésain du Cher où elles passaient leurs vacances. Les victimes sont restées sous la tente «alors que des bâtiments à proximité pouvaient les abriter» de cet orage qui s'est accompagné de rafales de vent de plus de 120 km/h. Elles campaient avec d'autres enfants dans ce centre tenu par des religieuses au coeur de la Sologne. D’après les premiers éléments de l’enquête, les responsables du camp avaient entrepris «de faire évacuer les enfants couchés dans les tentes vers un abri en dur quand un arbre est tombé». Malgré le fait que les responsables aient eu connaissance de l’alerte météo et du risque avéré d’orages violents, ils n’ont pas mesuré l’intérêt d’anticiper la mise à l’abri des enfants. En associant à l’alerte orange une consigne pratique comme « il faut se mettre en sécurité dans un abri sûr », leur comportement aurait-il été conditionné pour éviter le drame ? La création de cet outil doit être assurée par la DIREN compte tenu de son expertise sur le risque et sa montée en puissance. Cette échelle de couleur doit faire bien sûr l’objet d’un consensus avec les décideurs qui doivent se l’approprier avant de l’exploiter en situation de crise. L’objectif est de permettre d’anticiper les décisions sur les situations à venir en tenant compte des délais incompressibles liés à une évacuation massive. Le code couleur identifié à partir d’une situation précise et sans ambiguïté initie la décision associée de la part de l’autorité préfectorale. L’ordre donné induira de la part de tous des actions à engager. Tout le sens de cet d’outil repose sur une implication et une collaboration active de chacun. Nous ne reviendrons pas sur le rôle central des médias dans les contextes de crise. Cet acteur est indissociable de la méthode. Les médias doivent donc au même titre que le décideur être associés à la vulgarisation de cette échelle de couleur. Leur adhésion facilitera l’appropriation collective. Dans cet esprit, il semble intéressant de se rapprocher de Michel Varagne, journaliste au quotidien « La république du Centre » et auteur de l’ouvrage « Le jour où la Loire débordera... ». Très sensibilisé à la problématique de l’inondation de la Loire, ce journaliste pourra créer la dynamique attendue au sein de « son quotidien » et permettre à son environnement professionnel la reconnaissance souhaitée de l’outil. Les médias ainsi responsabilisés s’impliqueront plus fortement lors des phases d’appropriation et de maintien de la mémoire collective. Ils auront en outre une mission essentielle lors de la montée en puissance de l’évènement en optimisant la diffusion des messages vers les populations pour atteindre le « point de fusion mentale élémentaire ». 3.4. Préparation à la mise en place d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité du système en cas de crise 3.4.1. Identification des personnes ressources au sein de la population Les personnes à identifier en qualité de « leaderships » doivent être directement concernées par la problématique. On l’a vu précédemment, elles doivent non seulement être personnellement soumises à la menace mais aussi être conscientes de l’impact positif que pourra avoir leur démarche dans la conduite des opérations. Afin de conserver la logique mise en place au travers de la définition des zones d’évacuation, la recherche des personnes relais doit donc elle aussi s’effectuer distinctement zone par zone. Avec l’aide des élus locaux (maires, adjoints, conseillers municipaux), l’objectif est donc de cibler les personnes vers qui l’information devra être portée afin que s’initie sa diffusion à l’environnement « proche » sur le plan géographique comme affectif. La LMSC prévoit la diffusion de l’information par l’intermédiaire des enfants scolarisés. Cette préconisation est intéressante et doit bien sûr être mise en oeuvre. Toutefois, les programmes de l’Education Nationale risquent d’être saturés et le temps à consacrer à chaque menace peut s’avérer insuffisant. Les comités de quartiers, associations diverses, centres sociaux, commerçants, …, sont autant de lieux de rencontres et d’échanges à privilégier pour diffuser un message. Les responsables associatifs ne sont-ils pas d’ailleurs, chacun dans leur domaine, des leaderships reconnus ? Les services tels que la gendarmerie, les polices nationale et municipale, le service départemental d’incendie et de secours avec ses sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, doivent aussi être associés à cette diffusion de messages clairs et peuvent apporter une dimension opérationnelle aux conseils donnés. En validant le discours institutionnel, ils permettront, comme c’est notamment le cas aux Etats-Unis en Californie, une meilleure acceptation et une meilleure appropriation des directives transmises. Les communes doivent rédiger, affiner, valider leurs documents d’informations relatifs aux risques majeurs (DICRIM, PCS) comme le prévoient les textes règlementaires. Elles doivent aussi, et ce point est essentiel, développer leurs réserves de sécurité civile. En affichant une volonté forte de voir évoluer leur organisation pour faire face à la menace, elles dynamiseront ainsi le processus de réappropriation individuelle et justifieront la mobilisation de leurs administrés. En outre, les « réservistes » deviendront eux aussi des relais qui participeront à la diffusion collective des comportements à adopter. 3.4.2. Implication des personnes ressources au sein de la population et modes de diffusion de l’information Désormais identifiés, les leaderships doivent être accompagnés pour diffuser rapidement et efficacement le message et les méthodes prévues242. La première façon est certainement de les réunir afin qu’ils soient officiellement reconnus et qu’ils se reconnaissent entre eux. Leur responsabilisation est indispensable et a été clairement exprimée dans ce cazs en partie consacré à la conception de la 242 Les travaux sont déjà très avancés. Le groupe de travail a notamment prévu une évacuation par îlots (voir en annexe 9) et une activation de points de regroupement et d’évacuation (annexe 10). Ces points ont été dimensionnés (annexe 11) au regard des populations estimées. méthode. Cette responsabilisation doit aussi être entretenue pour assurer un effet durable. La première réunion s’avère incontournable et doit rassembler tous les acteurs concernés. S’il s’agit d’une problématique générale, et chacun doit participer à l’appropriation collective de la méthode. Chaque échelon décisionnel doit être représenté (préfecture, commune, quartier) ; chaque acteur institutionnel243 aussi. En s’identifiant comme des partenaires ou des collaborateurs aux moyens secours institutionnels, les leaderships développeront un sentiment de reconnaissance qui contribuera à la réussite de la méthode déployée. Identifié comme difficile à s’approprier par le groupe de travail chargé de la communication, le PFMS n’en est pas moins un document de qualité. Il faut donc confier aux leaderships la responsabilité de la diffusion des éléments principaux de ce document. Une version « simplifiée » pourrait être élaborée et générer une volonté chez les personnes ainsi sensibilisées de recevoir la version « complète ». Internet est un outil de communication extrêmement rapide et efficace. Par l’intermédiaire des messageries personnelles, la transmission de messages simples à ses « contacts personnels » est un moyen à exploiter largement selon le même principe : le message est diffusé aux leaderships qui le diffusent à leur tour à leurs contacts identifiés et ainsi de suite, comme cela se passe déjà lorsque l’on reçoit un message que l’on souhaite faire partager à son entourage. 3.4.3. La période d’apprentissage ou période préparatoire individuelle 3.4.3.1. La phase de motivation individuelle (d’après la méthode HAPA) Cette phase de motivation s’articule autour de l’identification de la menace et de la perception du risque, le sentiment d’auto-efficacité et l’espérance de résultat. Des informations précises et concises doivent être développées et donné sens aux comportements a adoptés Développer la culture du risque inondation et de l’évacuation massive : _ Information sur le risque d’exposition _ Information sur le comportement à adopter en cas de crue _ Assimilation de la problématique du risque 243 Sapeurs-pompiers, police nationale ou gendarmerie, police municipale, DDE, DIREN, DDASS, conseil général…. précises et concises doivent dont être développées et donner du sens aux comportements à adopter : _ Développer la culture du risque inondation et de l’évacuation massive : _ Information sur le risque d’exposition _ Information sur le comportement à adopter en cas de crue _ Assimilation de la problématique du risque _ Prise en compte individuelle des risques _ Identifications des enjeux personnels et familiaux _ Développer l’organisation d’une évacuation : _ La nécessaire anticipation du choix de son hébergement _ Les itinéraires d’évacuation _ Information sur le comportement à adopter en cas d’ordre d’évacuation _ Assimilation individuelle de la problématique du risque _ Conséquences individuelles et familiales du non respect des consignes _ Prise en compte individuelle des risques _ Identifications des enjeux personnels et familiaux Développer l’organisation d’une évacuation : _ La nécessaire anticipation du choix de son hébergement _ Les itinéraires d’évacuation _ Information sur le comportement à adopter en cas d’ordre d’évacuation _ Assimilation individuelle de la problématique du risque _ Conséquences individuelles et familiales du non respect des consignes 3.4.3.2. La phase d’action individuelle (d’après la méthode HAPA) Cette phase se construit autour du niveau cognitif, de la perception de l’efficacité des mesures entreprises et de la perception de son environnement (perception des mesures par son entourage, soutien, partage des idées). Les foyers ainsi sensibilisés doivent être reconnus « officiellement » et être « enregistrés ». Les actions décidées doivent aussi être consignées et exploitées (cette famille doit-elle être hébergée par la collectivité ? Si oui, où ? Si non, qui sera son foyer d’accueil ?). L’auto efficacité sera mesurable au travers des exercices types organisés régulièrement et des RETEX qui en seront faits. 3.4.4. La progression vers une démarche collective 3.4.4.1. La phase expérimentale (Exercice d’application – RETEX) Au-delà du caractère « pédagogique », ces exercices permettent de réinitialiser le processus de réappropriation du risque et des mesures à mettre à mettre en oeuvre pour limiter la vulnérabilité. Les RETEX devront être soignés et ne pas être simplement « classés » une fois rédigés. Au contraire, ils doivent permettre une démarche d’amélioration continue dans l’esprit de la roue de Deming et être exploités comme de véritables outils opérationnels et managériaux par la population et les acteurs concernés. Ces exercices doivent de plus permettre des échanges depuis les autorités vers les familles (et non le contraire) : « Vous vous investissez, donc on s’occupe de vous ». L’implication individuelle doit être saluée et reconnue. Une prise en charge personnalisées par foyer doit être mise en place sur le plan local pour créer cette proximité essentielle. Pour mesurer la nécessité et l’efficacité des démarches entreprises, l’exercice de sécurité civile est le moyen adéquat à développer. Il reste toutefois capital de soigner le premier d’entre eux qui permettra d’installer dans les esprits toute la pertinence de la démarche proposée en vérifiant sa conformité avec la réalité du terrain. Sous réserve de l’accord de l’autorité préfectorale, l’expérience peut se dérouler sur une zone « test ». Après avoir identifié la commune et obtenu bien sûr l’accord de son 1er magistrat, la méthode doit être mise en oeuvre sur une zone de cette commune : - Sondage - Identification des leaderships - Réunion de concertation générale et d’explication de la méthode - Diffusion du message - Appropriations individuelles de la méthode - Appropriation collective - Enregistrement des données - Montée en puissance de l’évènement et des dispositions associées o Niveau jaune o Niveau orange o Niveau rouge o Retour à la normale (niveau vert) Sous réserve de l’accord des autorités concernées et d’une mise en oeuvre rapide de la méthode sur le territoire identifié, le premier exercice « pédagogique » peut être organisé avec le soutien des étudiants de l’Ecole des Mines de Paris dès la fin de l’année 2008 ou début 2009. Cet exercice serait filmé par les étudiants qui créeront ensuite un document visuel à destination pédagogique. Cet exercice présente donc plusieurs intérêts : - Validation de la méthode et corrections éventuelles o Par les autorités o Par le groupe de travail - Appropriation par les acteurs o Autorités investies o Acteurs associés o Populations impliquées o Médias concernés - Elaboration d’un film pédagogique o Soutien à l’appropriation individuelle o Support à l’appropriation collective 3.4.4.2. La phase de validation de la méthode par le RETEX Les travaux d’élaboration de la méthode doivent de se poursuivre et faire l’objet d’une validation par un RETEX. Nous ne détaillerons pas cette phase, de nombreux ouvrages et travaux ayant déjà été menés en ce sens. Après le premier « essai », d’autres exercices devront être organisés sur les autres secteurs et l’élévation du « niveau » des exercices pourra être progressivement envisagée. Une couverture médiatique pourra permettre une « propagation » plus rapide du message et une reconnaissance des efforts consacrés. 3.4.5. Les outils complémentaires de gestion En complément à la méthode, il reste à exploiter des outils destinés à faciliter sa mise en oeuvre pratique. Une base de données, accessible par le web, permettra un rapprochement des données saisies localement. Un SIG « interopérable centralisé multicouches métiers et multiservices » pourra rapprocher les différentes bases de données existantes et compiler les données exploitables pour d’autres évènements (par exemple, la liste des personnes vulnérables dans le cadre d’une canicule le sont certainement aussi dans le cadre d’une inondation). D’autres modes de diffusion de l’alerte peuvent aussi s’avérer complémentaires et très utiles : _ Réseau national d’Alerte _ Envoi de messages d’informations par SMS (Short Message Service) sur les téléphones mobiles _ Envois de messages électroniques sur les messageries personnelles _ Automate d’appel ? Autre moyen ?? Conclusion Il est fort probable qu’une meilleure prise de conscience du risque et une meilleure préparation auront une grande influence sur le comportement de la population au cours d’une inondation et faciliteront le déroulement d’une évacuation massive. Le comportement de la population affectée est l’une des composantes de l’interaction entre les différents acteurs (population exposée, autorités, services d’urgence, etc.) qui se met en place au cours d’une crise. Une communication de crise efficace et un partage des responsabilités délibéré peuvent réduire les dommages et sauver des vies. La démarche proposée dans ce mémoire doit faciliter les relations entre ces acteurs. Il reste à incorporer ces travaux avec ceux du groupe de travail chargé de la communication et de l’information préventive, puis à ceux produits par les six autres groupes. Il demeure aussi indispensable de vérifier cette approche théorique par une mise en oeuvre pratique. Ce sera le cas dans quelques mois. Le RETEX de l’exercice espéré en fin d’année permettra d’évaluer la méthode et de lui apporter ses premières corrections, ses premières évolutions. Les travaux conduits dans le département du Loiret doivent se poursuivre autour de cette dynamique qui permettra d’atteindre l’objectif et de le partager. Il reste à approfondir chaque concept, corriger les points faibles, améliorer encore les aspects positifs et bien sûr exploiter chaque retour d’expérience. Katrina a livré ses enseignements. Depuis 2005, la population n’a pas oublié. Au contraire, elle a appris, et elle s’est souvenue. Mais a-t-elle pour autant été performante dans sa capacité à résister et à s’adapter à ce nouvel évènement ? L’étude du passage de Gustav permettra de vérifier l’évolution. Le bilan « brut » permet de croire à une réelle amélioration. La prise en charge de l’évènement par les autorités a été sans commune mesure avec la manière dont a été géré Katrina et la population a visiblement exécuté les ordres donnés. Mais ce n’était pas le même cyclone ; Gustav a été « déclassé » en niveau 2 lors de son passage sur la Nouvelle Orléans tandis que Katrina était de niveau 5. Le retour d’expérience de Gustav sera de toute évidence encore une source d’amélioration, tant pour la population que pour les décideurs. Après avoir quitté son domicile, il faut organiser, préparer son retour. Si gérer la crise est essentiel, gérer l’après crise l’est tout autant et le retour à la normale doit être anticipé de la même manière que la crise elle-même. Si la population résidant en zone inondable a été préparée méthodiquement, si la société a réussi à mettre en place des infrastructures adaptées, le retour à la normale après l’inondation sera facilité. Ne pouvons-nous pas identifier de conditions déterminantes qui pourraient favoriser la résilience de la population impactée dans une zone inondée ? En collaborant à son retour, ne pouvons-nous pas faciliter son acceptation d’évacuer ? La prudence doit toutefois subsister, des facteurs déstabilisants pourraient provoquer l’échec de cette méthode. Malgré toutes les précautions prises, la population répondra-t-elle favorablement à la demande ? Les décideurs accepteront-ils de conditionner leur décision à une « simple grille de couleur » ? De nombreuses autres pistes restent à explorer. Par exemple, il ne semble pas utopique d’explorer les méthodes de « communication de masse ». Si certaines organisations utilisent des méthodes de communication allant à l’encontre de l’intérêt des individus, ces méthodes ne peuvent-elles pas servir au développement de leur résilience et de leur robustesse ? Nous avons aussi abordé toute l’importance du leadership lors de l’initiation de la diffusion collective du message. Est-il possible d’établir un profil type de ce leadership facilitant ainsi sa reconnaissance au sein d’une population ? Les axes de recherche sont tout aussi nombreux qu’ils sont passionnants. Des sciences dures aux sciences douces, de nombreux domaines restent à explorer et à adapter aux besoins de la sécurité civile. Il subsiste un point incontournable : l’approche théorique, pour ne pas être « inefficace, inadaptée ou inapplicable » devra toujours être vérifiée pour être comprise, acceptée et sensée. Alors seulement, elle permettra de réduire la vulnérabilité de la population et de la gouvernance en développant leurs capacités de résilience et de robustesse. La simple satisfaction d’une obligation de moyens aura évolué vers celle d’une obligation de résultat. La sécurité réglementaire sera devenue pratique, pragmatique et opérationnelle… Bibliographie Annexes Annexe 3 : Causes et conséquences de la « non évacuation » Annexe 4 : La problématique de gestion de crise complexe Annexe 5 : L’impact d’une crue de la Loire pour le département du Loiret Annexe 6 : Les effets d’une crue majeure avec et sans rupture de digue (exemple d’une crue modélisée 170 ans à Orléans) Annexe 7 : Les risques dans l’agglomération d’Orléans Annexe 8 : Les enjeux dans l’agglomération d’Orléans Annexe 9 : L’organisation de l’évacuation par îlots autour de deux points de rassemblement Annexe 10 : L’activation des points de regroupement et d’orientation Annexe 11 : Le dimensionnement des points de rassemblement Annexe 12 : Les groupes de travail Annexe 13 : Le calendrier et les missions Annexe 14 : 1er bilan de groupe de travail Communication et information Annexe 15 : Actions en cours ou à développer Annexe 16 : Logigramme dispositif évacuation des familles Annexe 17 : Logigramme de mise en oeuvre du plan d’évacuation Annexe 18 : Extraits de la loi n° 2004-811 du 13 août 2004 d e modernisation de la sécurité civile Annexe 19 : Décret n° 2005-1156 du 13 septembre 2005 relatif au plan communal de sauvegarde et pris pour application de l'article 13 de la loi n° 2004-811 du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile Annexe 20 : CODE DE L’ENVIRONNEMENT (extraits) Annexe 21 : Décret no 90-918 du 11 octobre 1990 relatif à l'exercice du droit à l'information sur les risques majeurs, pris en application de l'article 21 de la loi no 87-565 du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie et à la prévention des risques majeurs Annexe 2 Annexe 3 Ca uses et conséquences de la « non évacuation » (Noeud papillon simplifié élaboré à titre d’exemple) Annexe 4 La problématique de gestion de crise complexe Diapositive extraite de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 L’impact d’une crue de la Loire pour le département du Loiret Diapositive extraite de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 6 Les effets d’une crue majeure avec et sans rupture de digue (exemple d’une crue modélisée 170 ans à Orléans) Diapositives extraites de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 7 Les risques dans l’agglomération d’Orléans Diapositive extraite de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 8 Les enjeux dans l’agglomération d’Orléans Diapositive extraite de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 9 L’organisation de l’évacuation par îlots autour de deux points de rassemblement Diapositives extraites de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 10 L’activation des points de regroupement et d’orientation Diapositive extraite de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 11 Le dimensionnement des points de rassemblement Diapositive extraite de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 12 Les groupes de travail Diapositives extraites de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 14 1er bilan de groupe de travail Communication et information Diapositives extraites de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 200 Annexe 15 Actions en cours ou à développer Diapositives extraites de la présentation des travaux du groupe chargé de l’élaboration du plan évacuation – Loiret – 1er juillet 2008 Annexe 16 Logigramme dispositif évacuation des familles Annexe 17 Logigramme de mise en oeuvre du plan d’évacuation Etude de cas : City2 o Introduction L'étude de cas CITY2 a été effectuée sur base de différents documents et interviews. L'équipe de planification d'urgence du gouverneur nous a facilité la tâche en nous adressant une liste d'acteurs concernés par CITY2 à interviewer et en leur adressant un courrier afin de faciliter l'organisation d'un entretien. Nous avons ainsi pu exécuter cinq interviews: - l'équipe de gestion de la sécurité de CITY2 - un responsable sécurité et prévention de la STIB - un représentant de la Discipline 4 - un représentant de la Discipline 2 - un responsable sécurité et prévention de la ville de Bruxelles Les documents sur lesquels nous avons travaillé nous ont aimablement été transmis par les interviewés cités ci-dessus. Il s'agit: - du Plan d'Urgence Interne CITY2 - du plan d'intervention général de la STIB métro-pré métro - du plan particulier pour la station Rogier Les services du gouverneur collaborent avec les différents acteurs de sécurité, de prévention et d'intervention de City2 afin d'établir le Plan Particulier d'Urgence et d'Intervention CITY2. Nous n'avons pas eu de réponses aux mails envoyés aux représentants des Disciplines 1 et 3. Afin de préserver une approche de collecte d'informations sur base volontaire, nous n'avons pas insisté. Nous avons dès lors manqué d'informations sur la gestion des situations d'urgence sur la partie voie publique dans le plan CITY2. Nous avons également manqué de documentation sur la planification d’urgence et sur les modalités d’évacuations de l’immeuble de bureaux et d’appartements. L’étude de cas sera donc essentiellement centrée sur le centre commercial et la station de métro Rogier. Le complexe City2 est composé de plusieurs parties distinctes regroupées sous des directions différentes: la station de métro STIB, le complexe City2 (centre commercial, immeuble de bureaux et d'appartements) et Interparking. Il n'y a pas de communication directe entre la STIB et CITY2 en cas de crise. Le lien est fait par la police. La gestion de situation d'urgence se faisant de manière séparée nous avons donc maintenu cette séparation dans l'étude de cas qui comportera dès lors deux parties: City2 et Stib. La complexité d’une évacuation de City2 dépend de différentes variables. S’agissant de lieux de passages, une évacuation s’y déroulant sera simplifiée du fait de la disponibilité de la population. En effet un individu se trouvant à City2 est déjà de sortie et donc disposé à quitter les lieux presque immédiatement (à quelques exceptions près : cabines d’essayage, toilettes…). Les lieux de passage disposent également d’une visibilité plus large (en opposition aux murs et cloisons des lieux de résidences) qu’elle soit physique ou sociale (voir d’autres individus évacuer). La population présente sur les lieux est nombreuse. La densité varie selon les jours (semaine – samedi – soldes…). Nous pouvons considérer que le type de population se trouvant sur les lieux est autonome en mobilité ou déjà accompagnée étant donné qu’elle s’est déjà rendue sur les lieux. La complexité d’une évacuation de City2 est intensifiée par la présence de plusieurs sous-structures : Stib – centre commercial – immeubles…). Chaque sous-structure a son plan et chaque société s’occupe de ses employés. De par sa vocation commerciale et comme lieu de transport, la population sur les lieux est essentiellement anonyme. La station de métro étant un lieu de passage par excellence elle sera très vite évacuée. Les conséquences économiques d’une évacuation sont plus lourdes pour le centre commercial et sans doute pour les bureaux. Ne évacuation porte moins à conséquence pour la STIB, exceptés pour les commerces et bureaux situés dans la salle des pas perdus. CITY2 City2 est situé au carrefour de la rue Neuve et du boulevard du jardin botanique, au centre de Bruxelles. A proximité d'une gare, d'un hôpital et du métro, City2 est un centre névralgique. Le bâtiment est délimité au nord par le Boulevard du Jardin Botanique, au sud par la rue de la Blanchisserie, à l'ouest par la rue Neuve et à l'est par la rue des Cendres. Le bâtiment est composé de plusieurs entités distinctes: le centre commercial, le parking et un immeuble de bureaux appelé le City Center. La zone de l'immeuble à appartements est "directement contigüe à la zone des parkings gérée par Interparking s.a."244 L'immeuble de bureaux regroupe des bureaux de la Communauté Française, de Fortis et du Ministère de la Région Bruxelles Capitale. Le bâtiment principal City2 possède 6 niveaux, dénommé du niveau -2 (niveau métro) au niveau 4. La particularité d'accès tient au dénivellement géographique naturel, en montée d'ouest à l'est. Les entrées clients s'effectuent par le niveau -1 par la rue Neuve et la rue de la Blanchisserie. L'entrée des services de secours se fait par le niveau 4 appelé quai de déchargement. C'est là que se situe le dispatching, "centre névralgique d'information et de sécurité"245. La FNAC est située au dernier étage du CITY2. Elle a son propre système de détection, en contact avec la loge du CIty2 et ses propres issues de secours. Le parking Intercity se situe dans la partie sud-est du complexe. Géré par Interparking s.a; il comporte certaines réserves de commerçants (Fortis, 7ème étage). Le centre commercial est relié à l'Inno par une passerelle située rue de la Blanchisserie et à la station Rogier par un couloir au niveau -2 (escalators). Le centre commercial City2 appartient à Citymo S.A. et est géré par Devimo Consult s.a. C'est une structure immobilière commerciale en ce sens qu'elle est unité de conception et de gestion. Le centre commercial se compose de parties privatives privées exploitées par des commerçants ainsi que de parties communes. Le centre commercial est d'une superficie totale de 50.903 mètres carrés et comporte 103 enseignes. Parmi celles-ci on retrouve une majorité de magasins de textiles (27, soit 26%). Le centre est accessible au public de 10h à 19h du lundi au jeudi, ainsi que le samedi et de 10h à 20h le vendredi. 244 245 PUI City2 p.6 PUI City2 p.5. City2 est un lieu de passage pour la majorité des impliqués. Pour les autres, c'est un lieu de travail. Excepté les immeubles à appartement, qui concernent une minorité de personnes en cas de crise diurne, ce sera donc une évacuation de type plus facile en ce sens que les personnes évacuées pourront continuer leurs courses ailleurs ou rentrer chez elles. AVANT L'AVANT: Sens: "Là où le bat blesse dans une évacuation, avec la fine expérience que j'en ai, c'est quand tout est pris en main par le service interne CITY2, on est rôdé, y a des procédures au niveau évacuation mise en place des agents dans des endroits stratégiques, tout ça est connu et géré par tout le monde; c'est à partir du moment où la police arrive avec leurs sifflets, eux ils bousculent toute notre organisation interne, ils sèment la panique, nous n'avons plus le contrôle sur la police parce que ce n'est pas notre rôle, à partir du moment où la police rentre sur les lieux nous on est là pour assister la police, et quand la police arrive ils ne sont pas drillés à CITY2, ils ne connaissent pas tous les chemins d'évacuation de CITY2 donc quelque part ils font pire que bien c'est pas pour ça que ça se passe mal, parce que ce sont des exercices ... Le gros souci c'est quand les cow-boys des westerns arrivent au grand galop avec de sifflets "il faut sortir y a le feu... voilà, alors que nous on essaye de garder le calme et d'évacuer" "Y a pas de coordination. Ils rentrent, ils voient ça comme un truc public, c'est ça un peu le problème. Ils nous voient c'est privé, c'est public donc c'est public..." "Leurs procédures c'est tu rentres, tu cours, tu mets ton sifflet dans ta bouche et tu fais peur à tout le monde. Tout le monde doit partir. Et nos procédures à nous c'est tu calmes le jeu .... Personne ne se piétine, on n’oublie pas les enfants, on gère la situation. Et là c'est là que le bât blesse, c'est tout. Si on doit évacuer de notre propre chef, ça marche, si la police arrive et dit on évacue ça marche, ça marche mais moins bien..." "Le problème c'est la coordination entre les parties .... Et quelque part c'est normal" "On gère quand même plus de 18 centres commerciaux, c'est toute une structure qui est en place pour toute cette sécurité parce qu'elle est très importante, puisqu'on gère... nous sommes mandatés par des propriétaires en fait, pour des propriétaires de bâtiments..." o AVANT Les plans Les plans consultés sont : - le PUI City2 du DEVIMO Consult NV - les fiches réflexes du Devimo group Inventaires • Les inventaires de risques - Alerte à la bombe: téléphonique - transmise par les autorités - Manifestations, émeutes - Incendie - Intoxication alimentaire - Prise d'otage, hold-up - Séisme - Pas de gaz de ville dans le centre. Possibilité de présence de bonbonnes type "camping" chez les opticiens (Optique City, Pearl Vision et Optic BM). - Certains commerces sont plus à risque que d’autres : Rayons des produits d’entretiens dans les grandes surfaces, magasin de nettoyage à sec, magasin de hardwares, banques, bijouteries… • • Les inventaires de moyens La plupart des installations sont manipulables à distance via informatique. Les portes peuvent être déverrouillées, les caméras réorientées... à partir du dispatching. - matériel: Parking: barrières automatiques, ventilateurs, détection CO2, détection incendie, caméras Centre commercial: - échelles de secours en toiture - volets en aluminium électrique ouverture à clef à chaque entrée. - rideaux coupe-feu - détecteurs d'incendies: 2 nappes de détecteurs de fumée, une sous le plafond l'autre sous le faux plafond. - détecteurs de gaz dans les parkings et en toiture. - 26 groupes de désenfumage, 2 puits d'extractions - ascenseurs et monte-charges pourvus d'une clef-pompier reviennent au niveau d'évacuation et se bloquent en cas d'alerte incendie. - nombreuses sorties de secours, ce qui permet d'éviter les goulots d'étranglement. Les voies de sortie sont indiquées par pictogrammes. 11 sorties directes de secours se trouvent dans 7 magasins différents. Onze magasins différents disposent d'une entrée client directe sur la voirie. - un bouton d'ouverture automatique des portes se trouve au dispatching. - groupe électrogène de secours alimenté par un réservoir de 5.000 litres de mazout. Chaque magasin est équipé d'un système d'éclairage de secours. Les lignes téléphoniques de secours y sont également reliées. - appareils de diffusion sonore situés dans les magasins, dans les locaux techniques, dans les parties communes... Boutons de déclenchement dans différents endroits du centre. Lance alors le message dans la zone à évacuer et si nécessaire dans tout le centre. Contact- clé pompier également prévu pour déclencher l'alarme. Dans ce cas l'alarme se déclenche dans tout le centre. - extincteurs - dévidoirs muraux, hydrants muraux - sprinklage. Bulbes fondent à une température de 60°. - équipement pompier de première intervention sur place - 4 valises de premiers soins de type 4 -… Le PUI possède un inventaire des locaux à risque (cabine haute tension, armoires électriques...). Le système de contrôle est décrit (caméras, rondes de surveillance...). Communication entre entités Communications techniques incendies entre le City2, le City Center et les parkings. Communication technique avec l'Inno: monte-charge. Partage des chemins et voies d'évacuation entre le Centre commercial et le parking. Un inventaire des différents magasins est tenu à jour et est disponible au 30, rue du Damier. - financiers "Il faut savoir quand même qu'on bénéficie d'un système privatif qui est assez important, qui est hyper performant"246. 246 Itw City2 09' - humains Gardiennage 24h/24. L'équipe de gardiennage communique par talkie-walkie et GSM. Elle est composée de 8 à 10 agents + 1 dispatcher. Composition de l'équipe de première intervention: équipe Devimo, nettoyage, techniciens, gardiennage, IPK. Comité de Coordination interne: Directeur, Conseiller en prévention, responsable technique, responsable personnel, responsable communication, secrétariat et officier de liaison en cas de phase communale/ provinciale. Leurs tâches sont clairement définies et décrites dans le PIU. Un chef opération va prendre la direction des opérations et être le contact avec la police. - accueil Un lieu de rassemblement pour les commerçants prévu: Hôtel Sleep Well, rue du Damier. Clientèle sur la voie publique. Le PPUI provincial déterminera le lieu d’accueil pour le public. • - transport Aucun transport n’est prévu. • - la population Le centre commercial accueille une moyenne de 40.000 visiteurs par jour en semaine, 60.000 le samedi et 75.000 visiteurs par jour en périodes de soldes ou de fêtes. Un pc de comptage réel se trouve dans les bureaux de gérance (rue du Damier, 30). Des mesures sont prises pour les personnes à mobilité réduite: encadrement, signalement à la direction, aux services de secours. o - procédures: Schéma d'alerte (voir pendant: détection". Fiches par risque détaillant les procédures. Toutes les procédures comportent une évacuation. Fiche à remplir "en cas de notification téléphonique". La prévention "Une brochure de sécurité est diffusée au personnel et aux magasins dans le centre commercial."247 Conseils Safety & Security fait aux commerçants par le service de gardiennage lors des rondes. Formation "Le contrat de gardiennage prévoit que chaque agent a suivi un cours d’extinction de feu et possède le brevet de secouriste industriel."248 Un exercice par an est organisé s’il n'y a pas eu de réelle évacuation du centre. Un scénario enclenche une évacuation totale du centre commercial. Les objectifs sont décrits dans le PIU: - Test réel des installations techniques - Test des communications interne/externe : CS100, GSM, Walkie/Talkie - Test de la procédure d’évacuation - Test de la connaissance de la procédure par les magasins - Exercice de connaissance des équipes d’intervention - Changement de mentalité dans le public (idem test mensuel de la sirène). 247 248 PUI p.20 PIU p.24 o PENDANT Détection Schéma d'alerte "Apres avoir reçu un témoignage (humain/technique) au dispatching. (24/24, 7/7) le dispatcher amène les caméras sur l’endroit en question et avertit un gardien qui va vérifier sur place. (Si deuxième détection automatiquement un renfort de gardiennage est envoyé). Après confirmation FAUX/VRAI. Le dispatcher téléphone le CS100 et prévient le coordinateur (chef poste). Le coordinateur rassemble l’EPI et prévient la direction locale. Le secrétariat prévient le voisinage. (En cas d’incendie, c’est fait par la ligne protégée). La direction locale prévient la direction générale qui déclenchera selon le type de crise (3 et 4), la cellule interne de communication de crise de DEVIMO. Si vraiment une catastrophe se déclenche, la direction générale joindra la cellule de crise du gouverneur. Humain : par la clientèle via un garde du centre, un garde, par téléphone Technique : par détection incendie, gaz, intrusion, manipulation hydrants, sprinklers, bouton poussoir”249. Une situation d'urgence à CITY2 est par définition en phase provinciale. Décision "Chaque cas de figure... attaque bactériologique, alerte à la bombe, le feu, intoxication alimentaire, un avion se crash sur CITY2... tout va vers une évacuation"250. Comité de coordination interne - Services de secours - Pc- OPS et CCCom ou Prov en cas de déclenchement de phase communale ou provinciale. Dans le schéma d'alerte générale c'est le coordinateur qui ordonne l'évacuation totale à la demande des autorités ou de la cellule de crise. La sirène d'évacuation est donc déclenchée à sa demande par le centre d'intervention. Le chef de première intervention ordonne l'évacuation locale et demande l'évacuation générale. 249 250 in PUI p.18 ITW city2 29' Par risque: - alerte à la bombe reçue par les forces de l'ordre: ordre d'évacuation. Si l'alerte est reçue par téléphone enclenchement de la procédure d'appel du 101 et transmission de l'information au directeur du centre et à la direction générale. La décision d'évacuation est prise par la police. - manifestations / émeutes: fermeture des volets et déviation du flux des clients vers d'autres sorties "en concertation avec la police". - incendie: décision d'évacuation prise par le chef - poste - intoxication alimentaire: Avertissement de la direction par le dispatching. Contact avec la police et le SPF santé publique dénommé X. X demandera d'évacuer le centre. - hold-up / prise d'otage: le dispatching avertit les magasins avoisinants et suggère une évacuation des magasins par les voies disponibles. - séisme: l'EPI aide à évacuer le magasin. Action Des hauts parleurs disséminés dans le centre et le parking permettent la diffusion de messages d'alerte trilingue (anglais, français, néerlandais) en alternance avec une sirène. Les parkings doivent être fermés afin d'éviter un blocage total de la circulation dans les alentours du CITY2. Il serait ingérable de laisser les impliqués évacuer en voiture pendant la situation d'urgence. Evacuation Les exercices démontrent chaque année que l'évacuation complète du centre s'effectue en moins de 8 minutes. Réaction de la population. En cas d'évacuation totale, toutes les équipes du CITY2 sont mises à contribution. Affublé d'une chasuble fluo, le personnel oriente le public vers les sorties de secours les plus proche. Les nombreuses sorties sont ainsi presque toutes utilisées et les goulots d'étranglement sont évités. Les commerçants sont plus réticents à quitter les lieux de peur de laisser leur marchandise sans surveillance, mais des garanties de sécurité leur sont données par les gestionnaires de CITY2 et par les expériences antérieures d'évacuations (exercices). Alarme de type semi-automatique. "Après déclenchement d'une tête ou bouton pressoir enfoncé, une première alarme interne est enclenchée au dispatching. Un agent de sécurité est directement envoyé sur la zone, afin d'estimer l'ampleur du problème." L’évacuation est facilitée dans un lieu public par la nature même de l’endroit. Il faut cependant tenir compte des difficultés liées au « tourisme de catastrophe », des individus restant sur les lieux afin d’observer l’action des services de secours et l’évolution de la situation d’urgence. o APRES Accueil Les commerçants se regroupent au "Sleep Well". Aucun lieu d'accueil ou centre d'encadrement des proches n'est prévu pour le public par le PIU CITY2. Un centre d'accueil serait pourtant nécessaire pour les impliqués un peu choqués par les événements et/ou pour les conducteurs qui attendraient l'autorisation de récupérer leur véhicule bloqué dans les parkings environnants. Le recensement sera difficile si pas impossible à exécuter car la plupart des impliqués évacueront avant de donner leur nom. Un membre du CC City2 est en charge de l’information excepté en cas de phase provinciale. C’est alors la D5 qui sera en charge. rex "Un débriefing avec tout le personnel est fait, également avec les responsables des grandes surfaces"251 après les exercices. Analyse de faits: le 1er juillet 2008. Le niveau -1 du centre commercial City2, qui abrite en majorité des commerces de type Horeca, a dû être évacué le mardi 1er juillet 2008 suite à la fuite d'un produit irritant, le Tetra Chloro éthylène, d’un commerce de pressing. Le service de gardiennage a rapidement enclenché le système de désenfumage et appelé les pompiers. Un périmètre de sécurité a été dressé par l’équipe de gardiennage. Arrivés sur place à 13h15, les pompiers ont décidé, d’un commun accord avec l’équipe du City2 et la police d’évacuer le niveau métro du centre. L’évacuation partielle a eu lieu en moins de deux minutes et a impliqué 300 personnes. Le reste des commerces est demeuré accessible aux clients. La fuite a rapidement été colmatée par les pompiers et la zone nettoyée. La zone a de nouveau été accessible au public dès 15h. 251 PIU p.25 STIB La station de métro Rogier se situe sous le Boulevard du Jardin Botanique à 1000 Bruxelles. La station, de type métro / pré-métro, possède 8 sorties : - 2 se situent boulevard du Jardin Botanique - 2 se situent Boulevard Adolphe Max - Une se situe place Charles Rogier - Une autre donne sur le centre commercial City2 - Une sortie va en souterrain vers la gare du nord - Une sortie mène au parking sous-terrain (n’appartenant pas à la Stib). La station Rogier est composée de trois niveaux : Au -1 passe le métro qui suit l’axe est-ouest (petite ceinture). Au -2 se situe la salle des pas perdus. On y trouve les locaux commerciaux de la STIB, les locaux de la Police Fédérale et des locaux commerciaux (une trentaine). Au -3 passent les trams suivant l’axe nord – sud o AVANT Les plans - le plan d'intervention général de la STIB métro/pré-métro - le plan particulier pour la station Rogier Les inventaires - risques : « incident/accident dans les installations souterraines ou en surface » • - moyens - matériel : des volets sont placés à chaque sortie. La station Rogier peut être bouclée à distance. - humains Le plan particulier comporte un annuaire des personnes à contacter (fonctions) : - le dispatcher trafic métro - le dispatcher stations métro (gestion opérationnelle) - le dispatcher au Centre Commande électricité - le dispatcher au Bureau de Coordination des opérations - le dispatcher de la Police fédérale Le personnel présent en station en journée est tel : - Plus ou moins 5 personnes dans les locaux « agence commerciale » - Plus ou moins 60 personnes dans les locaux « Bureau de Coordination des opérations » - La station Rogier héberge des locaux de la police fédérale indépendants de la STIB: plus ou moins 30 personnes Les incidents ou travaux sur les lignes de tram ou de métro n’étant pas rare la STIB a l’habitude de mettre en fonctionnement des lignes de navette remplaçant les lignes de tram ou de métro bloquées. - la population Les procédures Le plan particulier prédétermine le positionnement du PMA, du PPD… La prévention La formation Le service voir carte de BUSLOT et les services planification d’urgence du gouverneur ont réalisé un Plan Particulier. E. Buslot organise des séances d’information sur la planification d’urgence pour le personnel de la STIB. Il y décrit l’organisation des opérations de secours en cas de situation d’urgence (Arrêté Royal du 16 février 2006) ainsi que l’organisation interne de la STIB. o PENDANT La détection La première équipe sur place (agents de station) doivent « obtenir y-une image de la situation (gravité, ampleur, lieu). Après avoir « examiné ce qui s’est passé » la première équipe sur place évacue les « voyageurs si nécessaire ». La décision L’ordre d’évacuation est en général donné par la police ou les pompiers, pas par la STIB. - Actions Prévenir les différents services de secours concernés (SI, police, services internes STIB…) Demander la coupure de courant si nécessaire Mise en place du 1er périmètre d’isolation. Mise en place du Pc-Stib Accueil des services de secours Des appels plurilingues préenregistrés invitent à quitter la zone. Il n’y a pas de sirène excepté dans les locaux techniques. La zone est généralement en place en trente minutes. L’évacuation Le Chief Incident veille « à la mise en sécurité des voyageurs » et à l’organisation d’un « premier accueil ». Il est le représentant Stib au Pc-OPS et se met à sa disposition. La réaction de la population En cas d’incident les voyageurs évacuent cependant la station d’eux-mêmes en moins de 2 minutes. Le contrôle de la zone Le contrôle de la zone se fait par balisage. o APRES L’accueil Un point d’accueil presse est prédéterminé et situé à l’Université Saint-Louis. Un lieu de rassemblement est désigné pour le personnel STIB : au coin du boulevard du Jardin Botanique et du Boulevard Adolphe Max. Un centre d’accueil « impliqués » est prévu à l’hôtel Hilton. o Bibliographie Interviews - Représentant de la Discipline 2, niveau provincial - Représentant de la Discipline 4, niveau provincial - Equipe de planification d’urgence et de sécurité de Devimo - Responsable de la planification d’urgence, niveau communal - Responsable de la prévention et de la sécurité STIB Plans d’urgence et d’intervention - le plan d'intervention général de la STIB métro/pré-métro - le plan particulier pour la station Rogier - le PUI City2 du DEVIMO Consult NV - les fiches réflexes du Devimo group Divers - Rapport des faits du 1er juillet 2008, établi par l’équipe de City2 - http://www.lesoir.be/regions/bruxelles/deux-etages-du-city-2-evacue2008-07-01-612044.shtml - http://www.actu24.be/article/belgique/city2_evacue_durgence_a_bruxelle s/163961.aspx - http://www.dhnet.be/infos/faits-divers/article/213522/le-city-2evacue.html Etude de cas: Anvers o Introduction L’étude de cas suivante a été réalisée avec la collaboration des étudiants de 2ème Master en Sciences de gestion (2008-2009) des Facultés Universitaires de Namur Notre-Dame de la Paix. Elaborée en fin de projet alors que le Vade-Mecum était déjà bien avancé, elle a été menée sur base de la division et des parties qui régissent ce dernier (Avant – Pendant – Après), servant ainsi à l’illustration par un cas particulier (Anvers) du guide pratique des évacuations de population (Vade-Mecum). o Description géographique et démographique La province Située au nord de la Belgique, la province d’Anvers longe la frontière hollandaise. Divisée en trois arrondissements (Anvers, Malines et Turnhout), elle dénombre 1 688 493 habitants sur une superficie de 2 867 km². La ville d’Anvers est le chef lieu de la province qui rassemble 70 communes. Démographie La population anversoise est très mobile. Sans tenir compte des touristes, le graphique cidessous démontre qu’elle est difficilement recensable à un moment précis. La commune d’Anvers La commune d’Anvers, étendue sur une superficie de 204,5 km², est divisée en neuf districts, disposant de leur propre conseil et collège. Anvers est la commune la plus peuplée du royaume de Belgique avec 472 000 habitants, Le port Le port d’Anvers, situé au nord de la ville, a une superficie de 72,39 km² (36,68 km² de surface aquatique ; 15,52 km² d’infrastructures (docks, écluses…) ; 17,5 km² pour l’Escaut et 3,66 km² de ruisseaux, canaux et autres. Anvers jouit d’une position centrale dans le nord-ouest de l’Europe et de nombreuses liaisons aquatiques, ferroviaires et routières avec les plus grand centres industriels et consommateurs d’Europe. Le port est économiquement et écologiquement avantagé par sa situation intérieure (à 80 km du littoral), qui lui permet d’éviter autant de km de transport routier. L’activité du port traite annuellement 180 millions de tonnes de marchandise, ce qui fait d’Anvers le deuxième port européen et le quatrième port mondial. Son activité croissante (189,4 tonnes de marchandise traitée en 2008) stimule l’ambition des autorités portuaires, qui visent le volume de 300 millions de tonnes dans un futur proche. Le port dénombre 5,3 millions de m² d’entrepôts pour le transit des marchandises mais aussi des entreprises de transformation et de stockage. Beaucoup d’entreprises dédient leur activité à la fabrication, la manipulation, le stockage ou l’emploi de substances considérées comme dangereuses, ce qui fait du port d’Anvers la deuxième plus grande concentration d’industries pétrochimiques au monde dont un certain nombre classées « SEVESO ». Les entreprises portuaires emploient près de 140 000 personnes. La centrale nucléaire de Doel Situé sur la rive gauche de l’Escaut, le village de Doel héberge la centrale nucléaire éponyme. Avec ses 350 habitants, il prend actuellement des allures de village fantôme (un cinquième de la population des années 1970, 1980). Des travaux visant à la construction d’un nouveau dock (« het Saeftinghedok » ), raseront le village en septembre 2009. Localisée sur la commune de Beveren, la centrale de Doel dépend de la province Oost-Vlaanderen. Née à partir de 1969, elle est la propriété d’Electrabel et compte quatre réacteurs. AVANT o A.1. Les Plans o A.1.1. Les inventaires • A.1.1.1. Inventaire des risques La cartographie suivante illustre l’ensemble des risques auxquels sont exposés les habitants de la ville d’Anvers. Cinq pôles, englobant des éléments à risque plus restreints, ont été définis : la zone de la centrale nucléaire, la zone portuaire, l'aéroport, les risques naturels et les autres risques. Les risques suivants, analysés en fonction leur gravité et leur probabilité d’occurrence, seront classés en quatre niveaux (risque mineur, modéré, élevé et critique). Le laps de temps dévolu à cette étude empêche l’analyse de leur probabilité. Dans le tableau ci-dessous : chacune des lettres se rapporte à un risque précis dans le tableau de la page suivante. Le chiffre 1 indique qu’il s’agit du risque initial, le chiffre 2 indique qu’il s’agit du risque actuel. Nous allons maintenant diviser en plusieurs parties ces zones à risques et par la suite voir ce qui est actuellement mis en oeuvre par les autorités d'Anvers afin de réduire ces risques. PROBABILITE Risque mineur Risque modéré Risque élevé Risque critique Événement attendu Événement probable Événement possible Événement peu probable Événement rare 5 4 L 3 2 P F A D I N B E1 K Q J1 M J2 E2 1 G O 1 2 Non Mineur significatif 3 Modéré H C 4 Majeur 5 Très significatif IMPACT Risque Probabilité Impact Centrale de Doel A B C Port d’Anvers D E F Aéroport G H I Risques naturels J K L M N Autres risques O P Q Incident nucléaire Accident nucléaire Accident grave 3 2 1 2 3-4 5 Fuite d’hydrocarbures Seveso Accident de bateau 3 2-3 4 => 2 2 4 => 3 1 Crash sur le port Crash sur la centrale Crash sur la ville 1 1 2 2 4 2 Inondation de l’Escaut Inondation de la mer Tornade Épidémie Santé publique 3 => 2 4 => 2 4 3 2 4 4 4 4 3 Attentat sur la 1 centrale Attentat sur la ville 2 Attentat dans le port 3 2 1 4 Risque nucléaire Notre pays est caractérisé par une densité de population très élevée. Des conséquences incalculables suivraient un rejet massif de substances radioactives dans l‘atmosphère. L’objectif de sûreté lors de la conception, la construction et l’exploitation des réacteurs est le confinement de toute radioactivité susceptible de mettre le public en danger. Depuis les années 1970, la philosophie de sûreté élaborée par la NRC (USA - Nuclear Regulatory Commission) pour les réacteurs à eau est dénommée « défense en profondeur ». La sûreté de la centrale nucléaire de Doel se développe sur les trois niveaux de cette philosophie : une conception de confinement redondante, une mise à jour continue et la mise en place de procédures répondant à toute situation d’urgence envisageable, qu’elle soit fort ou très peu probable. Les normes ISO 9001 et 14001 garantissent la qualité de conception, de construction et de surveillance d’une installation y référant. La conception américaine des réacteurs de Doel les soumet, par la norme USA EC, à des processus continus d'amélioration de la sûreté. En Belgique, la mise à jour des mesures de sûreté se fait en réseau. Lorsqu’un nouveau problème est identifié dans une centrale, on évalue son applicabilité potentielle aux autres centrales du pays. Un programme spécifique est dès lors mis en place pour que la sûreté reste en accord avec les activités existantes. Trois « barrières » (gainage du combustible – cuve du réacteur – enceinte de confinement) imbriquées à la façon des poupées russes empêchent tout relâchement de radioactivité dans l’environnement. La centrale de Doel est équipée, comme ses consœurs belges, d’une double enceinte de confinement. Malgré toutes ces précautions, des incidents peuvent arriver. Des mesures visant à reprendre le contrôle du réacteur, à protéger le personnel et le public sont mises en place, afin de minimiser l’impact de tout incident. La norme ISO 14001 certifie le développement des procédures répondant aux différentes situations d’urgence susceptibles d’advenir. Ces procédures doivent intégrer toutes les étapes de planification, des plans de communication interne et externe, la formation du personnel, des exercices périodiques des procédures et des retours d’expérience… Le troisième niveau de sûreté est basé sur des mesures de protection et de redondance calculées sur un état hypothétique de la centrale, conséquent à une première série d’incidents. Toutes les précautions prises par les autorités ne supprimeront jamais le risque d’occurrence d’un accident nucléaire. Les accidents de réacteur peuvent être classés par nature : - Les accidents de réactivité; - Les accidents par défaillance du système de refroidissement - Les accidents de manipulation de combustible; - Les accidents liés au site Les deux premiers groupes, liés à des régimes de fonctionnement ‘transitoires’ du réacteur, ont été les plus étudiés car leurs conséquences potentielles les rendent plus importants. Le troisième groupe est lié aux opérations de rechargement et de maintenance alors que le quatrième regroupe les risques liés aux évènements externes, humains ou naturels (ex. tremblement de terre ou attentat). La zone portuaire C’est dans la zone portuaire que se concentrent le plus de risques : - les entreprises chimiques, concentrées dans le nord du port : Basf, Air Liquide, Solvay, Monsanto, Degussa, Phenolchemie et Bayer - les entreprises pétrolières, concentrées dans le sud du port : Belgian Refining Corporations (la seule entreprise au Nord du port d’Anvers), Fina Raffinaderij Antwerpen, Borealis, Fina Antwerp Olefins, Esso et Universal refining. Une ordonnance européenne garantit la sécurité du port : « International Ship and Port Facility Security Code (ISPS) »252. Ce « code ISPS est constitué d'exigences et de recommandations qui doivent empêcher certaines formes d'actions intentionnelles illicites, en particulier le terrorisme »253. ii. Fuite d’hydrocarbures Le nombre considérable d’entreprises pétrochimiques élève le risque de fuite d’hydrocarbures. La configuration du port minimise leur impact sur la ville car les nappes se dirigeraient vers la mer. Mais les habitants sont exposés au risque de combustion de ces nappes d’hydrocarbures. En effet, les fumées s’orienteraient vers la ville en cas de vent nordouest. Le feu pourrait également atteindre les abords de la ville. L’environnement de l’embouchure serait gravement endommagé. iii. Seveso Les entreprises classées Seveso stockent et/ou produisent et/ou utilisent une certaine quantité de substances dangereuses pour la santé et l’environnement. 252 253 www.seveso.be, page consultée le 12/03/09 www.seveso.be, page consultée le 12/03/09 Plusieurs niveaux de sûreté diminuent leur dangerosité : - leur localisation : la majorité des entreprises Seveso sont regroupées le long de l’Escaut, où elles sont aisément accessibles par les services de secours. - la planification Seveso : les mesures de sécurité et de contrôle inhérentes254 à la classification Seveso de ces entreprises diminue les risques liés aux manipulations de substances dangereuses. - la formation : -des équipes de secours : les services de sécurité connaissent les matières dangereuses. - du personnel des entreprises classées Seveso - des contractants, évalués et sélectionnés selon des procédures strictes - les contrôles : - de l’application des mesures de sécurité - des contrôles techniques des installations - des audits des organisations et des inspections techniques - l’information : Un fond Seveso constitué d’apports des entreprises belges, crée dans les années 1990, a pour but de financer les équipements des services de secours du pays ainsi que les campagnes d’information255. L’administrateur délégué d’Essenscia256, Yves Verschuren, attribue les progrès considérables faits en matière de sécurité ces dix dernières années au perfectionnement des techniques et des mesures de sécurité257. Un changement radical des mentalités par rapport à la sécurité favorise les efforts entrepris en ce sens. iv. Accident de bateau L’intensité du trafic du port d’Anvers augment les risques d’accrochage. Les limitations de vitesse minimisent l’impact d’une collision. Des pilotes spécialisés sont chargés de piloter les bateaux dans le port, pour des raisons de sécurité et de fluidité de trafic, ce qui diminue les risques d’accidents. La zone de l’Aéroport v. Crash d’un avion sur le port La distance qui sépare le port de l’aéroport minimise les risques d’un crash d’avion sur le port. Le risque est tout de même existant et son impact serait énorme s’il a lieu sur le site d’une entreprise Seveso. En cas d’avarie, le pilote pourrait cependant poser son avion sur l’Escaut. 254 En vertu de l’article 18 de la Directive Seveso II, les états membres sont tenus de mettre au point un système d’inspection. Les inspections doivent être exécutées conformément aux exigences (organisationnelles, de compétences, de procédures, etc.) imposées par la présente Directive. Dans chaque établissement, les enquêtes doivent être effectuées de manière planifiée et systématique. In : www.essenscia.be/FR/Communiqu%C3%A9s/page.aspx/1140?xid=1969 , page consultée le 10/03/09 255 http://www.emploi.belgique.be/sevesoCompany.aspx?province=1 256 Essenscia est la fédération des industries chimiques et des sciences de la vie. 257 www.essenscia.be/FR/Communiqu%C3%A9s/page.aspx/1140?xid=1969 , page consultée le 10/03/09 vi. Crash d’un avion sur la centrale Le risque en est minime et une telle catastrophe n’a jamais eu lieu. Un tel évènement aurait des conséquences dramatiques si des parties sensibles de la centrale sont touchées. vii. Crash d’un avion sur la ville L’aéroport d’Anvers n’est pas parmi les aéroports les plus fréquentés. Avec une fréquence d’environ 150 vols quotidiens, un tel accident est peu probable258. L’impact d’un tel accident est infime pour la population globale d’Anvers mais plus consistant pour les riverains. Les risques naturels viii. Inondation de l’Escaut La conjugaison d’une marée d’équinoxe et d’une violente tempête a provoqué jusqu’à 4 mètres d’élévation du niveau de l’Escaut maritime et de ses affluents en 1976. Après ces évènements, les autorités belges ont mis en place le plan Sigma. « A l’origine, ce plan se composait de trois parties: la consolidation et la surélévation des 512 km de digues dans la totalité du bassin de l’Escaut maritime; l’aménagement de zones d’inondation contrôlées pour recueillir temporairement les crues importantes représentant une menace; la construction d’un barrage anti-tempête à Oosterweel (Anvers).»259. La réalisation du plan Sigma a diminué l’impact d’une inondation d’Anvers par l’Escaut et sa probabilité d’occurrence « d’une fois tous les 70 ans à une fois tous les 350 ans. »260 ix. Inondation par la mer Situé entre 1 à 6 mètres d’altitude par rapport au niveau de la mer, le risque d’inondation d’Anvers et réel et démultiplié par les conséquences du réchauffement climatique. L’impact serait énorme mais la cinétique très lente diminue le catastrophisme des conséquences vitales. x. Tornade Bien que rare dans nos régions, le phénomène atmosphérique que constituent les tornades est possible. En témoignent les tornades qui ont touché le nord de la France, la Belgique et les Pays Bas fin juin 1967. L’impact peut s’avérer très élevé. La tornade de force 3-4 qui a touché Oostmalle (province d’Anvers) le 25 juin 1967 a fait 97 blessés, endommagé 300 bâtiments et détruit 135 maisons.261 xi. Epidémie 258 L’aéroport anversois a connu 56072 vol en 2008 in Flemish Government, Statistical yearbook 2008, p.3. 259 Escaut sans frontière N°22 d’avril 2003, p.6 260 Escaut sans frontière N°22 d’avril 2003, p.6 261 http://www.knmi.nl/kenniscentrum/windhozen_1967.html Port accueillant des navires du monde entier, Anvers pourrait se révéler comme foyer d’un virus exotique. Les effets seraient importants sur la santé de la population si les conditions sont réunies, nécessitant la constitution d’une cellule de crise. Le risque demeure tout de même assez faible. xii. Santé publique Une vague de chaleur, ou des pics d’ozone262 pourraient se révéler dangereux pour la santé publique. Ils constituent des risques à prendre en compte pour la santé publique. Autres risques xiii. Attentat sur la centrale S’il touche une partie sensible de la centrale, un attentat sur la centrale aurait un impact catastrophique. La haute vigilance qui entoure les centrales réduit la probabilité d’occurrence. xiv. Attentat sur la ville L’impact des attentats narrés dans la presse internationale se limitent en général à un bâtiment. Etant donné les dimensions de la ville, l’impact sur Anvers serait minime. L’impact psychologique aurait beaucoup plus d’importance. La présence d’autres cibles à plus grande visibilité internationale (Communauté Européenne, OTAN…) sur le territoire belge diminue la probabilité d’occurrence d’un tel attentat. Ce dernier argument est tempéré par le niveau de sûreté qui entoure les institutions internationales. xv. Attentat dans le port « Certains grands ports ont des accès étroits, ce qui peut constituer des points d’étranglement vulnérables pour le trafic maritime, et sont de ce fait des cibles de choix pour les terroristes. »263. Le port d’Anvers pourrait, selon ce rapport de l’OTAN, être la cible d’un attentat terroriste. L’impact d’une explosion dans une entreprise classée Seveso pourrait être assez important. • A.1.1.2. Inventaire des moyens A.1.1.2.1. Inventaire des équipes Les équipes mobilisées en cas d’évacuation sont les suivantes : i. La police 262 Source site Ministère de la santé publique, de la sécurité de la chaine alimentaire et de l’environnement : https://portal.health.fgov.be/portal/page?_pageid=56,841649&_dad=portal&_schema=PORT AL 263 Lord Jopling, http://www.natopa. int, Rapport de commission 2008 n°157 CDS 08 F rév 1 L’arrondissement d’Anvers dénombre 11 zones de polices, suffisamment nombreux et bien répartis pour assurer leur mission. ii. Les pompiers Une nouvelle caserne des pompiers avec six stations de travail et seize lignes téléphoniques est disponible. iii. Les services médicaux iv. La Croix-Rouge v. Les services d’aides psycho-sociaux vi. La protection civile Après avoir détecté l’origine d’une pollution (hydrocarbures, chimique, nucléaire et biologique), la protection civile de Brasschaat est chargée de la neutralisation, du nettoyage, de l’évacuation et, si nécessaire, de la décontamination. Les unités de la protection civile peuvent être sur les lieux en moyenne en 20 minutes en cas d’incident dans une entreprise Seveso. Environ 30 minutes sont nécessaires pour arriver sur le site de la centrale nucléaire. Les calculs de temps d’intervention sont basés sur le site de cartographie « GoogleMap ». Les unités d’urgence ne devant pas respecter les limitations de vitesse, les délais d’intervention peuvent être plus rapide. Le Vade-Mecum“Organisatie Snelle Redding (OSR)” contient les adresses et le répertoire téléphonique de tous les services qui interviennent dans le planning d’une évacuation de masse comme les hôpitaux, la police, les fournisseurs d’installations essentielles (Eau, Gaz, électricité), … A.1.1.2.2. Moyens de transport Anvers dispose de nombreuses infrastructures de transports énumérés ci-dessous. Il y a les gares d’Anvers- Central et d’Anvers-Berchem, le métro, les bus, les trams et l’aéroport de Deurne. Selon Monsieur Johan Schoups, les bus de la société de Lijn sont les moyens de transports les plus réquisitionnés en cas d’évacuation de masse. Axes routiers Circulation à l’intérieur de la ville : Les rues d’Anvers sont en majorité petites et à sens unique. La ville est tout de même traversée par des axes plus importants (N1, N12, N184, N155). Des pistes cyclables ont été aménagées pour les nombreux cyclistes. De Lijn exploite à Anvers un vaste réseau de trams et bus. Circulation à l’extérieur de la ville : Un ring entoure la ville et mène les automobilistes aux différentes autoroutes qui relient Anvers au reste du pays. Le Ring jouerait un rôle primordial en cas d’évacuation de masse. Il est divisé en deux : les rings « R1 » et « R2 » et est constitué de trois bandes de circulation. Réseau ferroviaire Un vaste réseau ferroviaire dessert la ville d’Anvers et le port. Plusieurs trains internationaux (une douzaine) vont jusqu’à Anvers ainsi que des trains inter city. La majorité de ces trains s’arrêtent en gare d’Anvers-Centraal, Anvers-Berchem et certains vont jusqu’au port. Sur le territoire de la commune d’Anvers, il y a 11 gares SNCB: - Sint-Mariaburg - Ekeren - Antwerpen-Noorderdokken - Antwerpen-Luchtbal - Antwerpen-Dam - Antwerpen-Haven - Antwerpen-Centraal - Antwerpen-Oost - Antwerpen-Berchem - Antwerpen-Zuid - Hoboken-Polder Axes maritimes L’estuaire de l’Escaut dessert le port et assure une bonne connexion avec la mer du Nord et avec différentes voies navigables intérieures (canaux, fleuves) : - Canal Escaut-Rhin permet la liaison avec le Rhin et la Moselle - Canal Albert - Escaut - Dyle Axes aériens L’aéroport de Deurne est situé tout près du centre d’Anvers. Important pour les vols d’affaire et le transport de marchandise international, il propose également des vols passagers vers Amsterdam, Londres et Genève. Habitudes de la population Selon les chiffres disponibles sur le site de la ville d’Anvers, la population vivant dans la commune d’Anvers se rend au travail de différentes façons : - 60% en voiture - 15% en transport public - 13% à vélo (91 701 vélos circulent dans toute la commune dont 25 662 pour le district d’Anvers) - 6% à pied - 6% d’un autre moyen A.1.1.2.3. Inventaire des lieux d’accueil et d’hébergement De nombreuses infrastructures sont susceptibles d’héberger ou d’accueillir du moins temporairement les possibles impliqués d’une évacuation de population à Anvers : les huit théâtres d’Anvers, le palais des expositions, le centre Bernardus, l’ancien Palais de Justice, l’hôtel de ville, l’ancien Palais Royal, le centre provincial pour le théâtre, la musique et la danse, la salle Reine Elisabeth et l’université. Le Sportpaleis a déjà été réquisitionné pour un exercice d’évacuation en 2008. A.1.1.2.4. Moyens de restauration • A.1.1.3. Recensement de la population Différents recensements de la population doivent être effectués à Anvers. Il n’est pas possible de savoir en permanence combien de personnes se trouvent dans un endroit bien précis d’Anvers. C’est pourquoi, il faut se baser sur des enquêtes statistiques qui évaluent le nombre de travailleurs dans les différents quartiers d’Anvers, les habitants, les touristes,… Pour cette dernière catégorie, les enquêtes statistiques doivent tenir compte de la saison à laquelle le recensement a été fait : il n’y pas le même nombre de touristes en été qu’en hiver. Les services de secours doivent évaluer la possibilité des personnes évacuées, de se déplacer par elles-mêmes ou d’utiliser les transports en communs pour aller jusqu’à la place de rassemblement située dans zone sécurisée. La ville d’Anvers dispose d’accords avec la Société Protectrice des Animaux qui se charge des animaux de compagnie en cas d’évacuation de masse. Les « communautés vulnérables » Les communautés vulnérables à prendre en compte lors d’une évacuation sont multiples. Plusieurs voies d’assistance pour ces personnes sont possibles. Les personnes à bas revenus sont évacuées avec le restant de la population dans les transports en communs réquisitionnés par la ville. Ils seront emmenés à l’endroit de rassemblement communiqué par les autorités et les pompiers. Les personnes malades ou handicapées seront prises en charge par les services médicaux, les ambulances et la Croix-Rouge. La société de Lijn a adapté certains de ces véhicules pour pouvoir emmener ces personnes aux endroits de rassemblement. Les touristes ne doivent pas être oubliés car ils ne connaissent pas bien la ville et ne comprennent généralement pas le néerlandais. Les consignes pour ces personnes sont de s’informer auprès d’un responsable des pompiers ou de la ville. Une attention toute particulière de la part des responsables de l’évacuation sera accordée aux touristes. Parmi les 472 000 habitants d’Anvers, 66 968 personnes, soit environ 14% de la population, ont plus de 70 ans. A.1.2. Procédures L'extension du port dans les années soixante a rapidement démontré les besoins de la ville en matière de restructuration de la planification d’urgence. Cela a abouti, à la fin des années soixante, à un schéma en quatre phases en fonction de la gravité de la catastrophe. Ce plan deviendra un modèle pour la planification d’urgence en Belgique. Des plans appropriés ont progressivement été mis en place à l'initiative du gouvernement pour répondre aux dangers spécifiques. La base de la planification d'urgence dans chaque département sont le Uniform Gemeentelijk R ampenplan (UGR), le Medisch Interventie Plan (MIP) et le Vade-mecum (OSR). Le plan municipal d'uniforme (UGR) a pour objet les situations d’urgence telles que les fortes inondations ou les tremblements de terre ; les catastrophes, telles que les accidents de chemins de fer ou accident d'aviation et les explosions ou incendies. Plan d'intervention médicale (MIP) a pour objet l’organisation de la réponse à des incidents avec victimes. Le plan assure la présence rapide sur le site de personnel médical qualifié et le leadership de médecins qui pouvant fournir une évaluation rapide de la gravité des blessures des victimes. Le vade-mecum Fast Rescue Organization (OSR) comporte des adresses et un annuaire téléphonique des services qui peuvent intervenir dans le cadre de la planification d’urgence, comme les hôpitaux, la police et les fournisseurs de services d'utilité publique (eau, gaz, électricité). Des mesures spécifiques pour des risques particuliers ont été élaborées en deça des plans de base. Ce sont les fichiers spéciaux qui sont ajoutés à l'UGR. Il y a des plans spécifiques pour: les entreprises (Seveso) les risques nucléaires les pipelines les accidents d'aviation Enfin, nous mentionnerons l'existence d’ : un plan national d'urgence des risques nucléaires pour le territoire belge accords d'assistance bilatéraux conclus avec North Brabant et de Zélande un arrangement avec les voisins et les municipalités Ossendrecht Putte (NL) un plan d'urgence externe pour le personnel de la ville d'Anvers un plan d'urgence pour l'aéroport de Deurne, etc Outre la planification d’urgence, il convient de scénariser des simulations de type Worst-case scenarios, afin de préparer tant la population que les secouristes aux plans. Cela permet d’établir une certaine routine dans les actions et d’éviter de mauvaises réactions. o A.2. Prévention A.2.1. Contenu La prévention du citoyen mais aussi la transmission des informations, la responsabilité des différents acteurs, la mise en place du plan d’évacuation et la prise en charge des personnes évacuées sont les concepts importants de ce chapitre. • A.2.1.1 Éducation sur les risques SEVESO Une campagne d’information Seveso a été menée en 2007 afin d’informer la population de la nature des risques, des mesures préventives prises par les autorités et les industries ainsi que des règles de comportement à respecter en cas d’incident sur un site Seveso. Un spot télévisé a été diffusé sur les chaînes nationales et des annonces ont été publiées dans la presse écrite. Les habitants vivant à proximité des entreprises Seveso ont reçu une lettre personnalisée et un dépliant informatif264. Dans cette brochure, nous pouvons lire « Alerte Seveso ? Pas de panique, suivez les 5 consignes Seveso », celles-ci étant : 1. Rentrez ou restez à l’intérieur ; 2. Fermez les portes et fenêtres : tout ce qui peut laisser filtrer de la fumée ou des gaz dans la maison, dans la voiture ou au travail ; 3. Allumez la radio ou la tv : se brancher sur la chaîne nationale, chargée de donner les directives nécessaires ; 4. Evitez de téléphoner afin de laisser les lignes libre pour les services de secours ; 5. Laissez les enfants à l’école, ils y sont en sécurité car les enseignants suivent les mêmes consignes. Nucléaire « L'échelle INES doit uniquement être considérée comme un outil de communication destiné à faciliter la perception par les médias et le public de l'importance en matière de sûreté des événements nucléaires. L'échelle INES ne constitue donc pas un outil d'évaluation de la sûreté des diverses installations et ne peut, en aucun cas, servir de base à des comparaisons nationales ou internationales en matière de sûreté. » Sur base du témoignage d’un agriculteur de Doel, Mr. Kenny Poppe, nous constatons que la population locale ne se sent pas en insécurité. Il a tout de même souligné le manque d’informations fournies par les autorités sur les procédures à suivre en cas d’incident nucléaire. La brochure sur les principes de base à suivre en cas de problème n’est pas jugée suffisante. Mr Kenny Poppe affirme que le plus grand embarras de la population est de ne pas disposer de réserve de comprimés d’iode à leur domicile, la distribution dépendant des décisions des autorités après l’évaluation de la situation. 264 www.murielgerkens.be, L’absence de périmètre de sécurité et d’information à la population de Welkenraedt dans le cadre des entreprises ‘Seveso’, le 22/11/07, par Muriel Gerkens • A.2.1.2. Éducation aux messages : au contenu et à l’émetteur Gestes à accomplir en cas de catastrophes/accidents Le site internet de la commune d’Anvers dispose d’une section consacrée aux crises : celle-ci présente les niveaux de crise en fonction des différents risques possibles, explique divers conseils destinés à la population en cas d’incidents comme un incident nucléaire (fermer les fenêtres, …), les différentes sirènes d’alerte,… Il permet aux citoyens de s’informer sur l’organisation des intervenants d’urgence et sur les éléments importants à considérer. Plusieurs agents sont disponibles pour répondre aux questions de la population en matière de prévention : Monsieur Bart Bruelemans, responsable des catastrophes à Anvers, les responsables des pompiers, des services médicaux, de la CroixRouge et des services Psycho-sociaux… Qui est en charge de l'évacuation ? L’Arrêté Royal du 16 février 2006 détermine la phase dans laquelle se situe la situation d’urgence. La phase désigne d'emblée l'autorité compétente (communale, provinciale, fédérale. Ministre de l'intérieur mais aussi ministre de la Santé Publique) Une phase est par définition communale. Si les conséquences ou les nécessités de moyens dépassent le territoire ou les capacités de la commune on passe en phase provinciale. Si les conséquences ou les nécessités de moyens dépassent le territoire ou les capacités de la province on passe en phase fédérale. En cas d’incident nucléaire on passe presque directement en phase fédérale. En cas d’incident dans une entreprise Seveso, on passe directement en phase provinciale. Le bourgmestre, le gouverneur ou le ministre répondent de la décision de déclenchement de la phase respective à leur compétence et en réfèrent à leur supérieur A.2.2. Méthode La prévention aux citoyens rencontrée au cours de la recherche a les formes suivantes : site internet, dépliant, annonces médiatiques et réunion de comités de riverains. A.2.3. Forme Comité de riverains Crée en 1998 en vue de renforcer les liens entre les riverains d’Anvers et la centrale de Doel, le comité de riverains, connu sous le nom de « klankbordraad », aborde lors de réunions les questions liées aux activités de la centrale. Il est composé de 15 membres qui rencontrent, 3 à 4 fois par an, des représentants de la centrale. Exercices Les autorités communales et provinciales de la ville d’Anvers réalisent des exercices afin de « tester leurs plans d’urgence »265. Elles effectuent deux types d’exercices : i. des exercices théoriques qui s’élaborent sous la forme de discussions entre les différents acteurs communaux et provinciaux pour essayer de « définir la meilleure façon d’intervenir en situation réelle »266 (table top) ii. des exercices pratiques comme des simulations. Ces exercices peuvent être réalisés sur le terrain ou par informatique grâce au programme Nokeos. Les années précédentes, d’autres exercices d’évacuations à grande échelle ont été organisés à Anvers : i. en 2004, une simulation d’un accident de camion transportant du brome, substance toxique. ii. le 4 Septembre 2007, un exercice d’évacuation dans le « quartier du diamant à Anvers »267. Dans ce quartier du diamant (Hoveniersstraat, Rijfstraat, Schupstraat), 10.000 personnes travaillent tous les jours. Si un incident ou un incendie survient, il faut évacuer ces personnes dans les plus brefs délais. Les autorités de la ville d’Anvers doivent donc être en mesure de pouvoir réagir rapidement. Ce test d’évacuation a été organisé par le centre de coordination « Antwerp World Diamond Centre (AWDC) », la police d’Anvers et les services d’aides d’Anvers. Ils veulent mettre en place les meilleures mesures de prévention et de sécurité contre les incidents qui peuvent survenir. iii. fin 2008, un exercice d’évacuation suite à une menace d’attentats terroristes a été organisé dans le quartier du Diamant à Anvers. iv. un exercice d’évacuation de l’école secondaire de Willebroek par la cellule de sécurité de la commune. Il a fallu évacuer 700 étudiants. Le bourgmestre « Marc De Laet était content de l’exercice »268 car il a permis d’évaluer la sécurité du bâtiment. v. Le 21/10/2008, un exercice dans un complexe sportif (Sportoase). Exercice de simulation d'un incident nucléaire dans la centrale de Doel En Belgique un exercice de simulation d'incident a lieu chaque année dans les différentes centrales nucléaires du pays. Il est impératif d’établir un suivi des plans et procédures établis en réponse aux risques. Suite à un exercice, les personnes ayant participé peuvent apporter un feedback qui permettra de retravailler et d’améliorer les plans existant. 265 Source site Ministère de la santé publique, de la sécurité de la chaine alimentaire et de l’environnement : https://portal.health.fgov.be/portal/page?_pageid=56,841649&_dad=portal&_schema=PORT AL. 266 « Evacuatie Diamantwijk verloopt vlekkeloos », het nieuwsblad, 05/09/2007. 267 ibidem 268 «Burgemeester tevreden over evacuatie-oefening », www.destreekkrant.be, 25/03/2009. Un exercice de simulation d'un incident nucléaire dans la centrale de Doel a été organisé le 7 septembre 2006 par le Service Public Fédéral de l'Intérieur, en concertation avec les administrations provinciales de Flandres Occidentales et d’Anvers, avec l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, l'Association Vinçotte Nucléaire et la centrale nucléaire de Doel. Les niveaux local et fédéral ont également collaboré à l'organisation de l’exercice. Les procédures d'urgences (le plan interne de la centrale et le plan d'urgence des autorités) ont été testées. Cet exercice a également permis d'examiner les répercussions socio-économiques qu'aurait un incident nucléaire. Des mesures de protection potentielles pour la population ont été explorées (mise à l'abri et de la prise de comprimés d'iode). Il n'y a pas eu d'intervention effective des services de secours sur le terrain, l'incident et les procédures d'urgences ayant été traités de manière théorique. o A.3. Formation des acteurs A.3.1. Formation aux plans Chaque année, diverses formations et exercices propres aux pompiers de la ville d’Anvers sont organisés afin de préparer à une éventuelle évacuation de masse. Le nouveau programme « Koneos » permet aux différents acteurs de s’entraîner de manière interactive à l’application des procédures en cas d’incidents. Il élabore des simulations d’incidents et permet aux pompiers d’améliorer l’organisation et le temps de réaction. A.3.2. Créativité – réactivité – action Le manque de coordination entre les différents intervenants est un des problèmes auquel sont confrontés les intervenants en cas de crise. Chaque intervenant établit ses propres plans d’urgence sans qu’il y ait de concertation. Malheureusement, il n’y a pas suffisamment d’exercices généraux où tous les acteurs prennent part aux exercices. Cet état de fait est confirmé par le lieutenant-colonel des pompiers de la ville d’Anvers, Chris Addiers, « dans l'état actuel des choses, lorsqu’on annonce une phase de catastrophe, il règne au centre de crise, un certain chaos. Personne ne sait exactement ce qui se passe sur le terrain et certaines annonces sont contradictoires »269. Certaines mesures ont été prises afin de palier à ce manque de coordination. Un nouveau système de gestion des incidents à Anvers (Nokeos) et une nouvelle caserne des pompiers équipée d’un nouveau centre de crise sont en place depuis 2007. Le nouveau programme de gestion des incidents permet aux différents acteurs de s’entraîner de manière interactive à l’application des procédures en cas d’incident. Ceux-ci sont ainsi prêts à intervenir en cas d’évacuation de masse à Anvers. Il s’agit d’un projet pilote. Si les résultats sont satisfaisants, ce programme de gestion pourra être étendu à l’ensemble du territoire belge. 269 « Nokeos rend possible la gestion multidisciplinaire des catastrophes », Fireforum magazine n°8, Juillet 2007. PENDANT o B.1. Détection – Identification Réunion des principaux acteurs (cellule de crise) et des experts, décision La cellule de crise d’Anvers réunit les principaux gestionnaires d’une situation d’urgence comme stipulé dans l’A.R. du 16 février 2006. La cellule de crise de Bruxelles (au niveau fédéral) se réunira si l’incident ou l’évacuation à mettre en place est important. Cette réunion se fera en présence du Ministre de l’intérieur. Nucléaire En cas de problème, l’exploitant de la centrale nucléaire a un devoir de notification. L’exploitant fait mention d’un niveau de notification qui constitue, pour les autorités, une proposition de niveau d’alerte. En cas de situation d’urgence radiologique dans une installation nucléaire, l’exploitant est et reste le seul responsable de la conduite des opérations sur le site (interne). Calcul du temps d’évacuation Pour éviter une exposition externe prolongée des évacués, le délai d’évacuation doit être le plus court possible. Le temps d’évacuation est la période de temps entre la notification de l’accident et le moment où la dernière personne devant évacuer les lieux a fuit la zone d’évacuation270. Lors de l’estimation du temps d’évacuation il faut tenir compte de toute sorte de facteurs inattendus qui pourraient allonger ce temps (embouteillages...). L’estimation du temps d’évacuation dépend entre autre des facteurs suivants: - Du nombre de voitures à évacuer (en général 1.3 par ménage) et de leur distribution (répartition) dans la ville ; - Du temps et des moyens nécessaires pour l’alerte de toute la population ; - Du temps et de la cadence d’arrivée de ces voitures sur les autoroutes ; - De la capacité des autoroutes ; - Des événements imprévisibles (accidents, pluie, brouillard…) ; - Des jours de la semaine ; - De l’attraction touristique de la ville ; - D’autres mesures qui pourraient être prises pour avancer ou ralentir l’évacuation, comme par exemple l’inversion des directions sur les autoroutes (contraflow). Une évacuation peut s’avérer compliquée par le départ simultané de nombreux véhicules. Un Institut Texan a reconstruit différentes simulations sur base de données réelles. Ces scénarios varient : - selon les jours de semaine (week-end, jour de travail ou jour férié) ; - selon l’heure (pendant la journée ou pendant la nuit) ; 270 A behavioural-based simulation model for urban evacuation - selon les conditions météorologiques ; - selon la saison touristique. Recensement/ évaluation du nombre de personnes à évacuer Les services de la ville d’Anvers fourniront la liste des habitants par communes et par rue si nécessaire. En ce qui concerne les touristes et voyageurs résidant dans les hôtels à évacuer, une procédure de recensement propre à chaque hôtel est prise en compte (liste des personnes logeant à l’hôtel, …). o B.2. La décision Nucléaire En fonction de la notification de l’exploitant et du diagnostic réalisé par la cellule d’évaluation, le comité fédéral de coordination, en relation avec le CGCCR et le Ministre de l’Intérieur, va prendre une décision : alerter ou non la population selon la gravité des faits. Une analyse approfondie de la situation d’urgence ainsi que l’observation de l’avancement du nuage radioactif influencent la décision des différentes mesures à prendre : mise à l’abri, prise de comprimés d’iode stable et évacuation. Le choix entre ces mesures dépend de la gravité de l’accident et de la dose de radioactivité à laquelle sera exposée la population. L’arrêté royal du 17 octobre 2003 prévoit que la décision de mise à l’abri ou d’évacuation dans la zone de 10 km autour de la centrale se base sur le volume de radioactivité dans l’air. Lorsque la dose de radioactivité est entre 5 à 15 mSv, la population soit se mettre à l’abri pour une durée maximale de 24 heures. La population doit demeurer dans les bâtiments, portes et fenêtres closes et sans ventilation pour ne pas laisser entrer les substances toxiques pendant le passage du nuage nucléaire. Lorsque la dose d’inhalation d’iode est supérieure à 50 mSv, la population doit prendre de l’iode stable afin de se prémunir contre l’iode radioactif. Une évacuation générale de la population (sauf les groupes spéciaux, à définir) est ordonnée dans le cas où la dose effective inhalée excéderait 50 à150 mSv (dose inhalée pendant deux semaines, malgré la mise à l’abri). La population devra dans ce cas quitter la zone exposée. o B.3. Action B.3.1. Pré-alerte Lors de la constatation d’un incident, les victimes et/ou témoins vont contacter le service d’urgence 100 afin de prévenir les pompiers. Le signal d’alarme est tiré dans les casernes et les brigades de pompiers vont très rapidement se mobiliser en fonction de l’importance de la catastrophe. Le service 100 préviendra si nécessaire le service ambulancier et la Croix-Rouge. Ils sont chargés de l’évacuation des blessés ou des personnes se situant dans la zone de l’incident et aux alentours de celui-ci. Les services d’urgence prendront contact avec les autorités communales si l’incident est sérieux. Les personnes de niveaux hiérarchiques plus élevés seront prévenues en fonction de la gravité du problème. La transmission d’informations entre les citoyens ou les autorités et les pompiers s’effectue via divers mécanismes : i. la centrale 100 avec les call-takers et les dispatchers qui réceptionnent les appels des citoyens, ii. la cellule de communication et d’information (CIC) qui s’occupe de diffuser les informations relatives à l’incident ou à l’évacuation en temps utile, iii. les sonneries d’alarme qui sont mises en place via datastring. B.3.2 Organisation des lieux d’intervention Définition des zones (rouge - orange - jaune)271 Lors de l’évacuation d’une zone sinistrée et/ou perçue comme dangereuse, il faut établir un périmètre de sûreté. Celui-ci est divisé en trois zones plus ou moins étendues selon le danger: i. la zone rouge est la zone délimitée par le périmètre d’exclusion dans laquelle l’intervention a lieu. Cette zone est uniquement accessible aux services de secours, aux experts et aux techniciens. ii. La zone orange est la zone délimitée par le périmètre d’isolation dans laquelle l’appui logistique des services de secours est organisé. Cette zone est uniquement accessible aux personnes y résidant ou y travaillant. iii. La zone jaune est la zone délimitée par le périmètre de dissuasion dans laquelle l’accès est déconseillé aux personnes qui n’y résident ou n’y travaillent pas et dans laquelle les mesures nécessaires sont prises pour garantir l’accès des services de secours et le bon déroulement des actions de secours. Définition du point de chute, définition de l'itinéraire de sortie Le point de chute est défini en en-dehors de la zone rouge. L’hébergement, la distribution de kits de survie… ont lieu dans la zone sécurisée. L’itinéraire de sortie est difficile à évaluer à l’avance car il dépend de l’endroit de l’incident. Nucléaire Les zones d’intervention autour de la centrale sont définies comme suit : 271 A.R. 16 février 2006 Dans un rayon de 10 km autour de la centrale, la population est soit évacuée soit mise à l’abri (selon la gravité de l’accident). Dans un rayon de 20 km autour de la centrale nucléaire, les autorités organisent une prédistribution des comprimées d’iode dans les ménages et les collectivités (écoles, hôpitaux, usines, crèches,…). Les collectivités situées dans ce rayon disposent donc elles aussi d’un stock suffisant d’iode. Pour les gens vivant dans la première zone, c’est à dire dans un rayon de 10 km autour de la centrale nucléaire, l’iode est distribué par un système de bons. Dans le rayon de 20 km autour de la centrale nucléaire, des réserves de boîtes de comprimés sont disponibles dans toutes les pharmacies. La prise de cet iode stable provoque la saturation de la glande thyroïde et bloque le passage de l’iode radioactif. Il est important que cet iode soit pris le plus vite possible après l’accident radioactif pour maximiser les effets afin d’éviter la contamination. La distribution auprès des collectivités est gérée de manière automatique. Au-delà de cette zone de 20 km, l’iode n’est plus approvisionné qu’aux groupes sensibles (enfants, femmes enceintes…). Dans les autres régions d’Anvers, les habitants peuvent se procurer les comprimés d’iode en tant que mesure préventive auprès des pharmacies. Le Comité fédéral de coordination, aidé par le Comité provincial de coordination, est responsable de la protection de la chaîne alimentaire et de l’eau potable. B.3.3. Message d’alerte • B.3.3.1 Les moyens de communication Divers moyens de communication avertissent la population du déroulement d’une situation d’urgence. Des annonces sont diffusées via la chaine de télévision et la station radio de la VRT, la chaine de télévision régionale Anversoise ATV. La page 110 du télétexte de cette même chaine est dédiée aux informations en cas de crise. Le citoyen y est tenu informé de l’évolution de la crise et des directives de comportement à adopter. Des voitures avec des haut-parleurs circuleront dans les rues à évacuer pour prévenir la population. Il existe aussi différentes sirènes en fonction du type de message. • B.3.3.2. Contenu du message d’alerte Les autorités doivent y identifier la menace, les zones affectée, la marche à suivre et de la marche suivie par les autorités : Les recommandations de la ville d’Anvers aux citoyens en cas de situations d’urgence sont les suivantes : i. « rentrer ou rester à l’intérieur, ii. fermer les portes et les fenêtres, iii. écouter les médias, iv. éviter de téléphoner, v. laisser les enfants à l’école »272 Seveso En cas d’accident Seveso, lors de l’application du plan d’urgence et d’intervention, la population est avertie via trois moyens : - La police équipée de hauts parleurs ; - La radio et/ou la télévision diffusent les consignes utiles et si nécessaire, le numéro de téléphone d’accueil des familles ; - Les sirènes électroniques se déclenchent automatiquement afin de permettre à la population de se mettre en sécurité. Les sirènes sont en cours d’installation dans les zones à risques, aux alentours des entreprises Seveso. Une étude est réalisée afin de déterminer la place à laquelle elles doivent être installées. Elle compte de la situation géographique des lieux et de l’étendue de la zone à risque. Actuellement, le réseau se compose de 540 sirènes, toutes installées autour des sites nucléaires et des entreprises Seveso seuil haut. Les sirènes sont fixées sur un toit, une façade ou un pylône en pleine nature. Elles constituent le moyen d’alerte de base mais d’autres canaux complémentaires sont possibles. C’est le cas notamment de l’alerte par sms. En effet, le 2 avril de cette année, un test limité a été organisé afin d’avertir par sms les sourds et les malentendants.273 Nucléaire Il existe quatre niveaux d’alertes correspondant aux niveaux de notifications de situation d’urgence nucléaire. La cellule d’information communique aux médias la décision de procéder à l’alerte. Elle est chargée de veiller à ce que la population soit tenue au courant de l’évolution de la situation d’urgence. La population sera avertie le plus tôt possible par les sirènes de la Sécurité civile, les communiqués à la radio et à la télévision, et par des véhicules à haut-parleur circulant dans la zone d’intervention. • B.3.3.3 Forme du message d’alerte Les services de secours sur place transmettent à la population des informations concernant le point de chute, les moyens de transports, l’implantation des services médicaux… La communication s’effectue verbalement par des expressions courtes. Il faut prendre en compte le choc possible des personnes évacuées face à l’incident. 272 Source site Ministère de la santé publique, de la sécurité de la chaine alimentaire et de l’environnement : https://portal.health.fgov.be/portal/page?_pageid=56,841649&_dad=portal&_schema=PORTAL. 273 www.crisis.ibz.be, page consultée le 31/03/09 o B.4. Evacuation Nucléaire L’accès à la centrale se fait uniquement par la route. Même s’il n’y a pas d’infrastructures prévues, nous avons274 constaté lors de notre visite à Doel que l’évacuation par les airs au moyen d’hélicoptères et par les eaux via l’Escaut semble envisageable si les services de secours disposent de tels moyens de transport. B.4.1. Gestion du trafic Selon la décision prise par les autorités lors d’un accident, la population va devoir circuler soit pour rentrer chez elle, soit pour évacuer les lieux. Les services de police devront intervenir pour régler la circulation. - en cas de mise à l’abri, ils devront empêcher que des personnes extérieures aux services de secours entrent dans le périmètre d’isolation. - en cas d’évacuation, la zone à évacuer sera bouclée et surveillée par les services de police. Ils définiront les trajets afin que la population puisse quitter les lieux, tout en laissant la possibilité aux services de secours d’entrer dans la zone. Il faudra également tenir compte des personnes se trouvant sur leur lieu de travail lors de la catastrophe et désirant retourner chez eux pour aller chercher des membres de leur famille avant d’évacuer. L’itinéraire de telles personnes, ainsi que des services de secours se fait souvent en contre-sens des chemins de sortie. Il faut donc leur donner la possibilité d’entrer dans la ville alors que la majorité de la population fuit celle-ci. Les services de police devront donc mettre au point une signalisation adéquate. 274 Groupe chapitre 1 APRES o C.1. Accueil C.1.1. Recensement Le recensement est effectué par les services de secours via une procédure d’enregistrement des personnes évacuées, une fois celles-ci à l’abri. C.1.2. Suivi psycho-médical et suivi psycho-social Le PMI (Plan d’Intervention Médicale) est activé lorsque un des seuils suivant est atteint : i. « 5 blessés graves et plusieurs blessés légers, ii. 10 blessés de gravité inconnue, iii. plus de 10 personnes en danger potentiel »275. « 5 ambulances et 3 SMURs (le Service Médical d’Urgence et de Réanimation)»276 sont généralement envoyés sur la zone de la situation d’urgence. Pour l’aide aux victimes, un plan d’assistance psycho-social est également élaboré. Il est placé sous « l’autorité administrative du Psycho-social Manager, l’inspecteur de l’hygiène et les divers intervenants psycho-sociaux»277. Le Service d’intervention Sociale Urgente de la Croix-Rouge (SISU) peut aussi intervenir. En cas de catastrophe sur la zone d’Anvers, le centre d’accueil et d’hébergement le plus souvent sollicité est le Sportpaleis. Les transports en communs de la société De Lijn sont les transports le plus souvent réquisitionnés par la ville. Nucléaire Les impliqués présentes dans les centres d’accueil sont soumis à un examen de contamination en cas d’évacuation post-impact. Si nécessaire ils seront décontaminés avant de quitter les centres. Les personnes ne se présentant pas dans les centres d’accueil recevront les instructions d’auto décontamination aux postes de contrôle, lors de l’évacuation. 275 Source site Ministère de la santé publique, de la sécurité de la chaine alimentaire et de l’environnement : https://portal.health.fgov.be/portal/page?_pageid=56,841649&_dad=portal&_schema=PORT AL. 276 A.R. du 17 octobre 2003 277 Source site Ministère de la santé publique, de la sécurité de la chaine alimentaire et de l’environnement : https://portal.health.fgov.be/portal/page?_pageid=56,841649&_dad=portal&_schema=PORT AL. Dans ces centres, les gens pourront également disposer d’une assistance psychologique et morale. Les centres d’accueil exercent également une fonction de regroupement de familles dont les membres ont été dispersés lors de l’évacuation. o C.2. Information Un numéro de téléphone gratuit mis en place par la ville d’Anvers permet à la population de poser des questions ou de demander des informations. o C.3. Hébergement Cette partie a déjà été explicitée dans la section Avant. Inventaire des moyens d'hébergements. o C.4. Management Organisation des équipes de soutien et management des bénévoles Mise en place et gestion d'un service de réception des dons Ce service est mis en place par la Croix-Rouge ou par des bénévoles. Il permet aux secours d’augmenter la capacité d’aide aux victimes. Ces organismes vont ouvrir un compte dont le numéro sera diffusé par la radio et les chaines de télévision. Evaluation périodique de la situation Mise à disposition d'un réseau de retrouvailles Le réseau de retrouvailles s’effectue dans les centres d’hébergement. Toutefois, les personnes seules peuvent disposer d’une navette qui les ramène à leur domicile. o C.5. Autres tâches des autorités Evaluation périodique de la situation et surveillance de la zone rouge Les autorités en charge vont évaluer l’évolution de la situation et surveiller la zone rouge. En fonction de leurs observations, ils vont prendre des mesures encore plus contraignantes si l’accident s’aggrave. Dans le cas contraire, ils pourront adoucir les mesures prises et autoriser le retour de la population évacuée. o C.6. Retour La déclaration de la zone rouge en zone habitable se fera lorsque -la menace ou la présence du cataclysme sera dépassée, -tout risque de ré-existence a été levé, -les infrastructures sont sûres, -les immeubles sont sûrs (accord d'ingénieurs), -les services de survie sont restaurés, -les logements sont disponibles, -l’hygiène est rétablie, -la sécurité est rétablie. Ces normes sont évaluées par les pompiers, les services médicaux et les autorités de la ville d’Anvers afin de savoir si la zone est entièrement sécurisée ou non. C.6.1. Message de retour La transmission de l'information au citoyen se fait via les médias et/ou les télécoms. Le contenu doit être émis par une source d'autorité. Il convient de privilégier l'information à l'évacué avant la presse L’information au sujet de l’évolution de la situation doit être transmise au citoyen : par exemple le rétablissement de la sécurité, la circulation sur les routes pour accéder à la zone sécurisée… Les officiels doivent s'assurer que les victimes s'attendent à des dégâts Les dégâts matériels possibles sont communiqués aux victimes par la porte-parole ou le bourgmestre de la ville d’Anvers. Il est possible de faire intervenir le fond des calamités en cas d’incidents importants. Cette intervention doit être communiquée à la population afin de l’informer sur ses droits. C.6.2. Transport de retour Lorsque l’accident est résolu, les personnes concernées peuvent autoriser le retour des personnes évacuées. Elles organiseront alors le retour des personnes et communautés vulnérables qui ont déjà nécessité une aide lors de l’évacuation. o C.7. REX Des conclusions peuvent être tirées de l’analyse du processus d’évacuation. Les points forts et faibles, les bons ou mauvais déroulements de cette procédure peuvent mener, par cette analyse, à des améliorations et des ajustements des plans d’urgence et des mesures de planification. La mise en commun des réactions des différentes parties concernées par l’évacuation et l’évaluation de ces réactions seront utile au perfectionnement de la planification d’urgence. o C.8. Phase de rétablissement Assurances De nombreuses personnes sont assurées en cas de sinistre, mais les autorités doivent être disposées à leur promulguer des informations à ce sujet. Les impliqués ayant des difficultés financières peuvent s’adresser au service psycho-social et à la ville. Le fond des calamités et la ville d’Anvers interviendront si nécessaire. Les victimes devront constituer un dossier avec factures, preuves, photos…des dégâts et savoir que la longueur des délais d’attente dépendra de l’importance de la catastrophe. Conseils aux victimes Une cellule psycho-sociale est mise en place afin d’aider et de conseiller les victimes conformément au PIPS. Elles peuvent aussi poser leurs questions à la ville d’Anvers. BIBLIOGRAPHIE o Articles - A.I. – s.d. Brochure « Hoe beschermt u zich bij een nucleair ongeval » informatie van de Federale Overheid http://www.stora.org/assets/stora/publicaties/brochure%20wat%20doen%20bij%20nucleair% 20ongeval.pdf - A.I.- s.d. 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Le but de ce rapport est de contribuer à l’amélioration continue de la gestion de crise. Le rapport comporte des analyses basées sur des modèles théoriques construits à partir de nos observations in situ et des enregistrements audiovisuels pris au cours de l’exercice. Les analyses ne sont par conséquent pas exhaustives, elles ne reflètent que notre analyse dans les cadres choisis ou conçus à cet égard. Nous remercions les participants pour leur confiance. ReCCCoM – CRECIS/LSM – Campus de Namur Rapport exercice TUNEX 2 Introduction Les situations d’urgence et de crise sont des processus rares caractérisés par des cinétiques variées. Ce sont des situations où sont mis en jeu de nombreux processus cognitifs, sociaux ou culturels et dont les analyses se limitent souvent à une analyse des causes et un inventaire des dommages. Les connaissances explicites ou implicites acquises au cours des épisodes de crises antérieures sont souvent oubliées lorsque la crise est résolue, alors qu’elles pourraient servir d’exemple (à suivre ou à éviter, suivant leurs effets sur le déroulement) à d’autres individus et d’autres organisations, notamment pour leur faire percevoir les équilibres et trade off à trouver entre planification (plans d’urgence, etc.), innovation (adaptation de l’organisation au contexte réel de la crise) et improvisation (source de résilience dans le cas de chocs importants). L’enjeu d’un exercice est de préparer les individus et organisations à affronter les situations non prévues, en permettant l’acquisition et le partage des connaissances. Pour ce faire, il est intéressant d’identifier les modes d’organisation qui ont été appliqués (en se référant par exemple à des plans d’urgence) et ceux qui sont apparus spontanément, de les analyser pour en trouver les origines, et de les évaluer en termes d’effet sur la situation. Notre analyse se base sur ces principes et se veut donc génératrice de connaissances pour les acteurs, afin qu’ils puissent capitaliser sur l’effort fourni pendant l’exercice. Il ne s’agit aucunement de pointer des individus ou des responsabilités, mais de réfléchir au fonctionnement global et collectif, même si des événements individuels peuvent parfois apparaître. Le but est de relever aussi bien les forces que les faiblesses du système, toujours dans un but d’apprentissage et de création de connaissances. Nous attirons l’attention sur le fait que satisfaction n’est pas toujours synonyme d’efficacité. Certains exercices peuvent laisser un sentiment de satisfaction aux acteurs, sans pour autant que les actions entreprises n’aient été efficaces. Ce qu’il s’agit pour nous d’évaluer, ce sont à la fois les « interactions » (absence de conflit, d’ambiguïté, etc., qui permettent aux acteurs d’éprouver une satisfaction au terme de l’exercice) mais aussi et surtout l’efficacité du fonctionnement en groupe. Comme dans tout exercice, la communication et la coordination sont les enjeux majeurs. Mais qui a-t-il derrière ces deux termes un peu vagues? Notre cadre d’analyse permet de spécifier ces deux Rapport exercice TUNEX 3 concepts, en utilisant différentes dimensions de la coordination, à savoir pour nous les structures, les interactions, et la construction de sens. Nous voudrions souligner qu’il n’existe, selon nous, pas de traité de bonnes pratiques dans le domaine de la gestion des crises. Nous appliquons notre cadre de réflexion différemment en fonction de chaque exercice, car chacun d’eux présente des caractéristiques différentes en terme de structure, d’interactions et de construction de sens. L’analyse proposée est réalisée pour susciter la réflexion et l’apprentissage, qui sont les armes les plus puissantes pour la conduite de situations complexes. D’autre part, nous voudrions souligner et appuyer le travail effectué en amont, en préparation à la gestion de crise. La rédaction des différents plans, procédures, ont été (pour l’exercice) et seraient (en cas de crise avérée) une aide précieuse pour les acteurs en présence. 1. La méthodologie Les situations d’urgence mettent en « scène » plusieurs organisations et technologies, mais également plusieurs sites 2 . Or, étudier un groupe de personnes mobiles qui sont géographiquement distribuées, est d’un point de vue méthodologique et technologique un défi (Landgren, 2007 : 86). Pour faire face à ce défi, notre méthode a pour objectif de collecter des données sous forme d’enregistrements vidéo, réalisés sur différents sites, par différents chercheurs. Basée sur une pluralité de points de vue d’observateurs initiés (Wybo, Jacques & Poumadère, 2006), la méthode permet en particulier d’identifier les comportements émergents lors des exercices. En effet, l’avantage de cette méthode est qu’« en plaçant des observateurs dans les lieux clés avec des missions précises pendant les exercices, on peut observer que les individus jouant leur rôle vont au-delà des procédures décrivant leurs tâches : ils développent des activités de communication et de coordination avec d’autres individus et ils adaptent leur activité au contexte réel dans lequel ils sont » (Wybo, Jacques & Poumadère, 2006, traduit par nous). Cinq chercheurs ont été mobilisés pour l’exercice TUNEX, et répartis sur les différentes sites : deux chercheurs au PMA de la sortie « Bouny », un au PC Ops, un au CCP et un au CC-Com. Trois types d’observateurs peuvent être distingués dans cette méthode (cf. ibid.) : ceux qui observent l’activité de personnes clés (les informations qu’ils reçoivent et qu’ils diffusent, les 2 Les acteurs opérationnels se trouvent pour la plupart sur le terrain alors que les acteurs qui prennent les décisions stratégiques sont regroupés dans un « centre de crise ». Rapport exercice TUNEX 4 individus avec qui ils collaborent, les décisions qu’ils prennent), ceux qui observent une tâche spécifique (comment elle est accomplie, les difficultés rencontrées, qui participe, quelles ressources sont utilisées) et ceux qui observent un lieu spécifique (qui est présent, ce qui est fait, comment ce lieu est perçu pas les individus, etc.). Lors de l’exercice TUNEX, deux observateurs se sont focalisés sur des personnes (le responsable PLANU à la commune de Fléron, et le Gouverneur au CCP) ; les autres observateurs se sont davantage focalisés sur un lieu (le PC Ops d’une part, et le PMA d’autre part). Une combinaison de données sur une même situation, recueillies par plusieurs observateurs, à différents endroits, permet de détecter les dimensions organisationnelles de certaines difficultés. Par exemple, lors de l’exercice, TROUVER UN EXEMPLE. Notre approche est originale, dans le sens où elle permet d’avoir accès aux dynamiques des différents sites, mais également entre les sites. Les enregistrements permettent alors d’analyser entre autres la façon dont les individus font sens de l’information qui leur est transmise, la façon dont l’information est mise en forme, transmise aux autres sites, et transformée après sa transmission. L’analyse des données qui est faite à partir des enregistrements est focalisée sur les aspects collectifs et organisationnels de la gestion d’urgence, thème de la thèse de doctorat de Mélanie Latiers. 2. Méthode d’analyse des données et grille de lecture 2.1. Aparté sur la lisibilité : Une question qui se pose dans l’analyse des données audiovisuelles est celle de la lisibilité. En effet, lorsque l’observateur filme un acteur, un lieu ou une activité, le matériau récolté n’est pas toujours exploitable ou facile à interpréter. Le bruit ambiant, la difficulté de suivre un acteur dans ses déplacements, d’interpréter certains gestes ou activités sont des freins à l’analyse des données. L’observation n’offre en outre pas toujours la possibilité directe d’interpréter les activités collectives (Heath, 1997). Les notes de terrain et entretiens avec les acteurs permettent en partie d’améliorer la lisibilité. Rapport exercice TUNEX 5 La lisibilité concerne différentes dimensions : La tâche : Il n’est par toujours possible d’inférer la tâche menée par un acteur à partir des observations. L’angle de vue de la caméra, mais aussi des connaissances propres à l’observateur et l’observé influencent la lisibilité de la tâche. Le temps : les caméras vidéo permettent d’afficher la date et l’heure précises d’enregistrement, ce qui est un atout au niveau de la lisibilité. L’analyste doit cependant rester attentif aux coupures dans le matériau. Le lieu : l’angle de vue d’une caméra occulte une partie du contexte dans lequel l’observateur est plongé. D’autres facteurs peuvent également diminuer la lisibilité au point du vue du lieu : l’obscurité, l’étendue du lieu, l’inaccessibilité de certaines zones, la concentration d’individus dans un même espace. Par exemple, au PMA, les observateurs ont été tenus à l’écart des acteurs, ce qui ne nous a pas permis d’analyser les interactions de manière approfondie en ce lieu. Le collectif : cette dimension concerne l’identification des acteurs, de leurs rôles prescrits, de la répartition des tâches dans l’organisation. Plusieurs moyens existent pour conférer davantage de lisibilité des données : Une connaissance préalable de l’organisation. La participation aux réunions de préparation aux exercices ainsi que la connaissance des plans d’urgence et de l’organisation mise en place en cas de situation d’urgence permettent d’améliorer cette connaissance. Une prise de notes exhaustives (contenant une description des lieux, des personnes présentes, de certains verbatims lorsqu’il y a une forte concentration d’acteurs). Des entretiens menés avec les acteurs (qui peuvent être courts mais qui permettent de comprendre davantage le contexte et les actions) La participation aux débriefings des exercices La localisation des caméras Des moyens techniques perfectionnés tels que micros cravattes, caméras professionnelles, etc. Rapport exercice TUNEX 6 2.2. Observer et analyser la dynamique collective Notre analyse se base sur un concept clé : celui de travail d’articulation. Ce concept représente les différents processus qui permettent à la coordination d’avoir lieu. Pour illustrer la distinction entre la coordination et le travail d’articulation, nous pouvons prendre un exemple issu de la gestion des situations d’urgence et qui concerne le processus de comptabilisation (ou la traçabilité) des victimes. Ce processus est constitué de plusieurs activités impliquant une coordination : le tri des victimes, le remplissage des fiches, l’enregistrement des victimes au secrétariat du PMA, l’envoi des informations sur les victimes à l’inspecteur d’hygiène, etc. Le travail d’articulation est ce qui permet au processus d’avoir lieu. Il peut s’agir d’outils, comme par exemple un tableau préétabli avec la liste des victimes, ou de caractéristiques de la division du travail, comme la distribution des rôles en matière de comptabilisation (aux différent étapes du PMA p.ex.), ou de l’existence de structures spécifiques (comme le CTI). Nous distinguerons dans nos analyses les différentes modalités du travail d’articulation que nous pouvons retrouver dans les situations d’urgence. Travail d’articulation Quels sont les mécanismes qui font que cette transmission d’information puisse avoir lieu ? Coordination Exemple : un acteur transmet une information Rapport exercice TUNEX 7 2.3. La coordination concerne la conscience de la situation (« awareness ») et la négociation sur la mise en oeuvre des tâches Pour Quarantelli (1997), la coordination est plus que du contrôle. En effet, elle requiert plutôt une conscience de la situation (« awareness ») riche et dynamique, ainsi qu’une négociation sur la mise en oeuvre des tâches liées aux objectifs. Ces deux aspects (awareness et négociation sur la mise en oeuvre des tâches) engagent les acteurs dans diverses recherches d’information : - Des informations relatives à la situation en cours : que se passe-t-il exactement ? quelle est l’ampleur du sinistre ? quels sont les dangers ou les implications pour la population ? Ces informations, au niveau de la coordination, vont permettre aux acteurs d’engager les moyens adéquats et suffisants, d’anticiper les scénarios potentiels, de communiquer vers l’extérieur. - Des informations relatives au réseau d’acteurs : comment se répartissent les tâches ? qui fait quoi ? où se trouvent les ambulances ? où se trouve le PMA ? etc. Les plans établis au préalable permettent en partie de répondre à ces questions mais doivent être complétés par des informations spécifiques à la situation en cours. Ces informations permettent au fur et à mesure de se construire une représentation de l’organisation/la structure mise en place. Cette représentation est nécessaire pour la coordination, pour permettre aux acteurs d’utiliser les canaux de communication adéquats, à connaître les personnes relais qui permettent de fournir l’information nécessaire ou à qui il faut communiquer des informations. L’information sur le réseau d’acteurs est une spécificité des situations d’urgence, puisque dans les organisations plus « classiques », le réseau d’acteurs est davantage préétabli et chacun sait ou a le temps de savoir avec qui il va collaborer. 2.4. Les dimensions de l’analyse : Structures – Interactions – Sensemaking L’objectif de l’analyse qui est faite à partir des données issues des exercices est de distinguer les différents mécanismes qui permettent aux acteurs de se coordonner en situation d’urgence. Pour ce faire, nous utilisons différentes « dimensions » d’une organisation, en nous inspirant de la grille de lecture développée par Jacques, Lobet & Rousseau (2004) dans le cadre de la gestion hospitalière. Rapport exercice TUNEX 8 Nous identifions trois dimensions d’une situation organisationnelle/de travail. Ces trois dimensions sont les structures, les interactions et la construction de sens (sensemaking, cf. Weick, 1995). En effet, les individus agissent au sein de structures (de différents types) qui contraignent leurs interactions et les dynamiques de construction de sens. Par leurs interactions, les individus contribuent par ailleurs à modifier les structures, de façon objective mais également en terme de sens. Les trois dimensions sont interreliées de manière dynamique et étroite, l’une modifiant l’autre de façon continue. En utilisant ces trois dimensions, que nous détaillons par la suite, nous pouvons distinguer différentes modalités qui permettent aux acteurs de (ou de ne pas) se coordonner. Précisons à présent ce que nous entendons par Structures, Interactions et Sensemaking. Les structures3 Définition La structure est ici considérée comme un élément d’un système socio technique qui donne de la cohérence, de la forme, de la rigidité au système (synonyme de « squelette »)4. Dans les organisations, il existe une structure spécifique (avec une division du travail, des rôles et des tâches attribuées aux individus). D’autres structures (dans le sens d’une construction organisée) existent dans l’organisation. Les différents types de structure La configuration organisationnelle : La manière dont le travail est divisé et ensuite intégré fournit à l’organisation une configuration particulière (voir les travaux de Lawrence & Lorsch, 1967 ; Galbraith, 1973 ; Mintzberg, 1982). Les organisations mises en place lors de situations d’urgence sont basées sur des structures hiérarchisées, sur base d’un modèle militaire. 3 Les structures ne sont pas considérées comme un donné mais comme un construit. La structure est à la fois produit et processus, c’est-à-dire qu’elle contraint les actions des individus qui en font partie, mais que ces mêmes individus contribuent également à l’évolution et la construction des structures. 4 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/structure-1/ Rapport exercice TUNEX 9 La structure spatiale La structure spatiale influence la dynamique des acteurs et leur coordination. Plusieurs éléments peuvent jouer un rôle : la disposition des salles, la façon dont les acteurs se disposent dans une pièce, le fait qu’ils agissent à distance ou en coprésence, le fait qu’ils connaissent les lieux dans lesquels ils agissent ou non. L’appropriation de l’espace par les acteurs, l’influence des contraintes spatiales sur les interactions, et le lieu de travail sont des éléments peu pris en compte lors de l’analyse des situations d’urgence. Les situations d’urgence font intervenir plusieurs types d’espace de travail, qui sont plus ou moins aménageables par les acteurs. Les acteurs de terrain ou proches du terrain n’ont pas les mêmes contraintes spatiales que les acteurs stratégiques, situés dans des centres de crise « prédisposés », prééquipés. Les artefacts Dans cette dimension de la structure, nous incluons également les artefacts5 et les technologies. Les artefacts, et principalement les artefacts technologiques, reconfigurent les contraintes spatiales et temporelles. Elles permettent de structurer l’activité, de produire de l’ordre, mais nécessitent une appropriation préalable de la part des acteurs, ce qui peut être problématique dans cas de situation d’urgence. Un outil peut avoir différentes fonctions : une fonction mémoire, une fonction diffusion (pour gérer la distribution d’informations dans l’organisation), une fonction application pour soutenir les interactions et la coordination entre acteurs (agendas partagés, « to do list »). L’observation des exercices permet d’analyser l’utilisation des artefacts et technologies dans le cadre de la coordination. 5 Objet fait de la main de l’homme Rapport exercice TUNEX 10 La structure temporelle Les individus construisent des représentations de structures temporelles (périodes spécifiques, moments dédiés à certaines activités) afin de pouvoir « gérer » le temps (Carreras, 2001). Ces structures temporelles sont utilisées pour anticiper et synchroniser les actions par rapport à la dynamique de l’environnement (Carreras, 2001). En créant ces structures, les individus en deviennent également dépendants (ibid). L’analyse des exercices permet d’observer comment les structures temporelles émergent et quel impact celles-ci peuvent avoir sur la coordination. La structure cognitive Piaget (1936) a montré que l’individu possédait une structure cognitive construite et modifiable. Il utilise les expressions d’assimilation et d’accommodation pour analyser la dynamique des structures cognitives. L’assimilation concerne l’interprétation de situations nouvelles à l’aide de structures cognitives/de schémas de pensée déjà présents. Par contre, si aucune structure cognitive existante ne permet de faire face à un événement, un nouvel équilibre doit être trouvé, par accommodation. L’individu s’adapte, élargit ou enrichit ses schémas existants. L’assimilation et l’accommodation sont deux processus d’adaptation qui peuvent également être observés dans les exercices et les processus qui les entourent (débriefings, préparation). La planification/Les règles/procédures/protocoles/dispositions législatives Le plan fait partie d’une approche rationnelle de la prise de décision, de la stratégie. L’hégémonie de la planification dans le domaine des situations d’urgence fait référence à l’origine para militaire de la discipline. Le plan, dans le cadre de situations d’urgence, a un statut hybride. Il constitue à la fois une description et une prescription vis-à-vis des pratiques. D’un côté, il intègre des descriptions d’actions déjà pratiquées par le passé, des récits rationalisés de ce qui a été effectué face à une situation donnée (Nathanaël & Marmaras, 2006). D’un autre côté, le plan est un ensemble de prescriptions dirigeant et contraignant l’action, qui n’ont pas toujours fait l’objet d’une compréhension et d’une répétition par les acteurs, qui n’ont pas systématiquement été confrontées à la pratique (ibid). C’est ce qui rend le plan parfois inapplicable car inadapté aux pratiques. Rapport exercice TUNEX 11 Les plans sont insuffisants à l’action collective coordonnée, mais en constituent une ressource, comme l’a très bien montré Suchman (1987). Les structures sont modifiées par les individus, et le suivi du plan peut se concrétiser de différentes manières. Les interactions Les interactions sociales sont considérées comme des processus d'échanges (verbaux et/ou non verbaux) entre individus. L'interaction implique une certaine forme de présence entre individus, mais pas nécessairement en face à face, contrairement à ce qui a été affirmé par Goffman. L'interaction se caractérise par un contact attentionnel partagé, et se distingue de la co-présence sans coordination de l'attention (Conein, 1998). L'interaction peut concerner une attention mutuelle (les individus se regardent l'un l'autre, sont dirigé l'un vers l'autre) ou conjointe (l'individu suit le regard de l'autre, pour avoir accès à l'objet de son attention) (Conein, 1998). Le processus d'interaction construit l'ordre social et produit des connaissances. Les individus en interaction exercent à la fois une influence et un contrôle sur leurs actions réciproques (Sorsana, 2001). Nous distinguons l'interaction de la relation, qui concerne le degré de connaissance entre les acteurs, l'histoire de leurs interactions, etc. La relation est une accumulation d'interactions (Sorsana, 2001). Les relations ont une influence sur la qualité et la forme de l'interaction (Deschryver, 2008). Chaque interaction est ancrée dans un contexte, des structures qui sont interprétées par les acteurs, par le processus de sensemaking. Comme le précise l’extrait suivant, les interactions ont une influence dont on ne perçoit pas toujours suffisamment l’importance dans la coordination des acteurs : « La conception d’un point de vue organisationnel de systèmes coopératifs se heurte à une difficulté majeure : elle doit faire appel à des procédures explicites (Allocations de rôles, de responsabilités, de procédures de coordination, etc.) alors que, simultanément, nous savons que le propre de toute activité coopérative est de laisser, dans le cadre des procédures explicites, une libre place à des activités implicites seules capables de permettre au groupe de répondre de façon originale et créative aux situations nouvelles. Les mécanismes implicites joue un rôle fondamental : par exemple, dans une étude faite sur la coopération dans une petite équipe devant répondre à des situations urgentes, nous avons montré que les principaux mécanismes de coopération étaient soit liés à des processus de communication pluri-adressées, soit liés à des modes de fonctionnement opposés aux règles explicites, et ceci dans l’intérêt de la communauté et de l’efficacité du groupe » (Pavard & Karsenty, 1997). Rapport exercice TUNEX 12 Le sensemaking Le sensemaking est un processus continu visant à créer de l’ordre dans des contextes ambigus et complexes, qui sont présents de manière constante dans la vie de l’individu. Le sensemaking concerne la construction d’une image/une conscience de la situation (situation awareness), qui permet de mener et justifier les actions. L’homme recrée une réalité (enactment). Selon Weick, certaines catastrophes peuvent être expliquées par un échec de la construction de sens. Le sensemaking se base sur des valeurs, qui désignent certains comportements comme légitimes, acceptables alors que d’autres sont davantage méprisés. Si l’action ne peut reprendre son cours, le sensemaking se dirige vers une action alternative ou une réflexion plus approfondie (ibid). Identifier le rôle des trois dimensions dans l’action collective L’objectif de l’analyse des exercices d’urgence consiste à identifier le rôle des trois dimensions dans l’action collective, et de montrer comment les individus parviennent à se coordonner6 grâce aux éléments des structures, des interactions ou de la construction de sens. Nous ne détaillerons pas les résultats actuels de nos analyses dans ce document. Nous proposons par contre de détailler les apports que ceux-ci peuvent fournir dans la gestion des situations d’urgence, en citant quelques exemples. 6 La coordination représente « les mécanismes formels ou informels qui consistent à synchroniser des activités collectives interdépendantes, dans le but d’atteindre des objectifs communs ». Rapport exercice TUNEX 13 3. L’analyse de l’exercice TUNEX 3.1. L’identification des tensions dans la gestion des situations d’urgence : du simultané et du séquentiel/différé L’analyse de la coordination et du travail d’articulation est au centre de ce travail. Avant de l’aborder, nous nous focaliserons sur différentes tensions inhérentes à la gestion des situations d’urgence. Cette analyse plus abstraite et plus générale permet de cerner les contradictions, dilemmes auxquels les acteurs doivent faire face pour préparer, planifier et gérer ces situations. 3.1.1. La tension entre les processus de contrôle et les processus d’écoute (« mindfulness »). Renaud Vidal7 identifie une tension entre les processus de contrôle et les processus d’écoute dans les situations d’urgence: - En effet, d’un côté, les acteurs en situation d’urgence doivent à la fois se centrer sur le contrôle de la situation. Les processus de contrôle permettent d’organiser l’activité collective de différentes manières : mécanismes de coordination, détermination d’objectifs collectifs, structuration des tâches, développement de langage partagé, de cadres de références interprétatifs (ibid). - D’un autre côté, les acteurs doivent rester à l’écoute de la situation, à nouveau par différents moyens : détection de signaux faibles ou de changements dans l’environnement organisationnel, sensibilité aux opérations (cf. sensitivity to operations). Gérer cette tension nécessite à la fois une capacité d’adaptation, mais aussi de cohérence des actions. Comme le mentionne Vidal (cf. http://www.hro-fires.com/Sims_research_overview.doc), les organisations doivent à la fois stabiliser les interactions et les représentations, et les mettre à jour en fonction des changements de l’environnement. Il existe donc bien une tension entre les deux processus évoqués, la capacité de gérer cette tension étant une garantie de fiabilité pour l’organisation. Par rapport à l’exercice TUNEX, nous pouvons évoquer l’incident qui a émergé et qui concernait la liste des victimes. Même si cet incident est anecdotique et qu’il ne se répétera sans doute pas à l’avenir, il nous permet d’illustrer cette tension récurrente dans les situations d’urgence. En effet, 7 Voir http://www.hro-fires.com/Sims_research_overview.doc Rapport exercice TUNEX 14 nos observations sur les différents sites de l’exercice ont montré que les processus de contrôle ont dominé les interactions entre les différents acteurs impliqués. Les vidéos issues des différents sites montrent que les différents acteurs se sont heurtés à un malentendu, notamment du à la distance qui les sépare. Suite à leur désaccord (la D2 ne voulant pas transmettre la liste à la D3), les acteurs se sont réfugiés derrière des processus de contrôle pour justifier leur position. En effet, la D2 invoque une procédure - à savoir l’approbation des listes par le CTI avant leur transmission - ou le secret médical. La D3 se retranche elle derrière une décision de la justice et décide ensuite d’utiliser la force pour se procurer les listes. Les processus d’écoute sont moins présents, et auraient certainement permis d’éclaircir la situation avant qu’elle ne se termine en conflit. En effet, au-delà du respect des procédures, il est intéressant de rester à l’écoute de la situation de chaque acteur. En l’occurrence ici, les acteurs de la commune ont invoqué une procédure propre au PIPS, sans connaître les procédures habituelles propres au fonctionnement des disciplines au niveau provincial. La D3, de son côté, semble s’être fermée aux arguments de la D2, qui invoquait l’accord par le CTI. Or cet accord ne valait pas pour la transmission des listes à l’autorité judiciaire. Il y avait donc entre les acteurs un malentendu qui s’est rapidement transformé en conflit ouvert, étant donné que les acteurs étaient persuadés de respecter les procédures chacun de leur côté. Les processus d’écoute, qui nécessitent de s’adapter aux changements de l’organisation ou de rester sensibles aux opérations, n’ont pas pris le relais des processus de contrôle dans cet exemple. 3.1.2. La tension entre « bruit » et calme L’observation des exercices d’une part, et l’entretien avec un Colonel sapeur-pompier français d’autre part8, nous ont permis d’identifier cette deuxième tension. Les exercices montrent la convergence d’un grand nombre d’acteurs dans un même lieu lors des situations d’urgence (Centre de Crise, Poste de Commandement opérationnel, tente sur le chantier, PMA, etc.). Les acteurs travaillent simultanément sur leurs activités propres, et partagent en même temps un même espace de travail. Cette convergence vers un même lieu et la simultanéité des activités parallèles peut entraîner une certaine « cacophonie ». Mais comme le mentionne le Colonel interrogé : « On a besoin du bruit parce que dans le bruit on a des signaux faibles ». A l’opposé, des moments de « calme » ou des points de la situation sont nécessaires pour identifier les objectifs à fixer et faire le point sur les activités en cours. Ce déclenchement d’une réflexion demande aux acteurs de stopper leurs activités pour se focaliser sur le partage 8 Le Colonel Luc Jorda, Chef du Corps départemental des sapeurs-pompiers des Bouches du Rhône Rapport exercice TUNEX 15 d’informations. Ces points de situations sont cependant coûteux en temps et gèlent quelque peu les activités en cours. Dans l’exercice TUNEX, cette tension se présente différemment au PC Ops et au CCP. Du côté du PC Ops, les acteurs font des points réguliers de situation, mais des difficultés se posent à plusieurs niveaux. D’une part au niveau de la convergence des acteurs en un même lieu. En l’absence du container de la Protection Civile, une quarantaine d’acteurs gravitent autour de la camionnette PC Ops, ce qui ne facilite pas le travail du coordinateur. D’autre part, des difficultés se posent au niveau des moments de travail monodisciplinaire. En effet, les acteurs ne possèdent pas tous de PC Mono et la frontière entre les points de situation et le travail autonome n’est pas toujours respectée. De plus, certains acteurs sont régulièrement absents ou accaparés par d’autres tâches pendant les points de situation (appels radios, téléphone), ce qui complique le travail collectif. Comme le Dir PC Ops l’a lui-même mentionné, il serait intéressant de structurer davantage le travail collectif et d’instaurer un PC monodisciplinaire pour chaque discipline, qui soit situé à proximité du PC Ops. Du côté du CCP, l’organisation adoptée était plus cadrée, le lieu y étant pour quelque chose. Le comité de coordination contenait le moins d’acteurs possibles, pour éviter trop de bruit. La plupart des disciplines sont secondées par des acteurs en lien et à l’écoute des autres sites, ce qui permet aux responsables de se centrer sur la supervision de la situation et la gestion stratégique. Ce fonctionnement, a montré son efficacité, grâce par ailleurs à d’autres facteurs sur lesquels nous reviendrons par la suite. 3.1.3. La tension entre flux et stocks d’informations L’analyse de plusieurs exercices a montré qu’une difficulté majeure des acteurs en situation d’urgence provient du fait qu’ils doivent, pour agir, avoir à la fois une vision précise de leurs tâches, et en même temps garder une vision globale du déroulement de la situation. Deux types d’information sont alors nécessaires aux acteurs pour qu’ils puissent se coordonner : des informations spécifiques à leurs tâches, rôles ou disciplines ; et des informations générales sur l’évolution de la situation. Par exemple, un sapeur-pompier doit savoir comment les opérations de secours évoluent, mais il doit également se renseigner, dans le cas d’un incident nucléaire par exemple, sur les résultats des analyses menées par les experts du domaine. De la même manière, le centre de crise doit posséder toutes les informations pour prendre les décisions qui le concernent ainsi que des informations générales concernant les opérations sur le terrain. Rapport exercice TUNEX 16 Suite à ce constat, nous avons distingué deux types d’information : les informations de type “flux” et les informations de type “stock”. Les deux types d’information doivent être gérées différemment. L’analyse des processus de communication pendant les exercices montre par exemple que, pour améliorer la coordination, l’information a besoin d’être centralisée ou au moins identifiée, classée ou stockée. En effet, après sa diffusion, le flux d’information, s’il n’est pas enregistré quelque part, risque de se perdre dans le flux de toutes les autres. Les analyses de données montrent que la coordination entre acteurs et à distance est facilitée par l’utilisation d’un outil pour stocker l’information et d’être alors capable de garder une vision d’ensemble sur la situation en cours. En effet, l’information sous forme de stock fournit des traces de la communication (Landgren, 2007), disponibles pour d’autres acteurs, disciplines ou sites. Elle est donc importante pour la coordination à distance. Ce stockage peut être réalisé à l’aide d’un outil. Il peut par exemple se matérialiser par un tableau reprenant les différentes informations dans un centre de crise, un logbook (comme lors de l’exercice Tunex au centre provincial). Ce tableau permet aux flux d’information de ne pas se perdre, et d’agréger l’ensemble des informations concernant un individu sur un même document. Le « stockage » de l’information peut également être réalisé par une personne en charge de cette tâche (cf. infra l’exemple des rôles de « navetteur » et « percepteur »). L’analyse des exercices montre que le manque de tels mécanismes pour stocker l’information et la perte de « conscience de la situation » qui en découle peuvent nuire à la coordination à distance ou en coprésence. Il est donc intéressant de concevoir des outils d’organisation de l’information a priori, afin d’améliorer la fiabilité des structures de gestion de crise. D’un autre côté, les flux d’information (p.ex. communication par radio et téléphone) sont aussi des moyens de coordination efficaces. Ils sont nécessaires pour gérer les exigences immédiates de la situation. La communication verbale et informelle est essentielle dans les situations d’urgence, mais elle risque de surcharger les acteurs. Rapport exercice TUNEX 17 L’analyse de nos données nous a également permis de dresser les différents avantages et inconvénients des deux types d’information, que nous résumons dans les deux tableaux suivants. Considérons d’abord l’information sous forme de stocks, tels que les faxes, les communiqués de presse, la main courante, les logiciels intégrés, les sites internet, le contenu des réunions, des points de situation, les conférences de presse. Avantages Inconvénients Permet de construire une conscience mutuelle de la situation L’information doit être correctement validée car il existe une trace qui sera utilisée comme base pour la prise de décision Permet d’obtenir une vue globale de la situation, une base pour la prise de décision L’information sous forme de stock n’est pas toujours consultée car elle est moins dynamique. Cela peut poser problème si les acteurs ne prennent pas conscience que la situation évolue (exemple de la mise à jour d’un site internet qui n’est pas suivi par les acteurs) Pour la communication externe et interne : les stocks sont un moyen rapide de communication vers les média et d’information aux responsables politiques L’accessibilité de cette information n’est pas toujours garantie (site Internet, communiqués de presse non distribués en interne, etc.) Facilite la coordination intersite / interorganisation Peut provoquer une compréhension imparfaite entre personnes d’organisations/disciplines différentes : l’information sous forme de stock utilise parfois un jargon spécialisé qui n’est pas toujours accessible pour les acteurs et qui nécessite d’être complété par des flux d’informations pour préciser les propos. Rapport exercice TUNEX 18 Attachons nous ensuite aux flux d’informations, tels que les communications radio, téléphoniques ; les communications orales et non verbales. Avantages Inconvénients Rapidité de diffusion Répétition de l’information nécessaire s’il n’existe pas de trace La diffusion de flux d’informations s’effectue généralement pas sollicitation directe d’un interlocuteur, qui prend acte de l’information Le flux d’information peut se perdre s’il n’existe pas de trace, il peut également être altéré dans son sens et son contenu Permet de gérer les interdépendances locales, les besoins immédiats. Les informations sous forme de flux permettent de préciser les propos, d’expliquer, de reformuler Risque de surabondance d’informations : il est parfois nécessaire d’agréger les flux pour permettre un suivi de la situation Les situations dynamiques et à évolution rapide et incertaine nécessitent de garder une flexibilité dans l’organisation mise en place, ce que permettent les flux d’information. Le travail des acteurs est facilité si ces mécanismes d’accès aux flux ou stocks d’information sont prévus, réglés à l’avance. Cela permet de se faire une représentation plus générale de la situation afin de prendre les décisions et d’effectuer de manière plus aisée les tâches interdépendantes. Au niveau de l’utilisation des flux et des stocks d’information, nous avons quelques observations à formuler sur l’exercice TUNEX - Du côté de la comptabilisation et de la traçabilité des victimes, l’organisation est à préciser. En effet, les flux d’information qui concernent les victimes sont nombreux. Les bilans, notamment au PC Ops, changent toutes les dix minutes, ce qui perturbe les acteurs. D’autres exercices que nous avons pu observer ont également montré la difficulté de comptabiliser de manière fiable et rapide les victimes. Des outils technologiques existent9, mais en leur absence, des systèmes de stockage de l’information doivent être mis en place. Nous pensons que la discipline 2 doit à ce titre réfléchir sur la façon de 9 Nous avons par exemple participé à un exercice où une technologie spécifique – appelée NetCrise était utilisée pour la comptabilisation des victimes. Le système consiste à utiliser des fiches médicales spéciales, qui sont remplies à l’aide d’un stylo numérique au PMA, et qui permettent de transmettre les informations sur les victimes (nombre d’U1, U2, U3, DCD) et leurs pathologies à distance, via un logiciel intégré. Rapport exercice TUNEX 19 transmettre une information fiable et synthétique du PMA vers le PC Ops (via un formulaire, un acteur qui est chargé de communiquer les bilans, etc.). - Au CCP, l’organisation des flux et des stocks nous a semblé très intéressante. Les acteurs n’ont été pas été submergés par les flux d’information, recevaient des points réguliers résumant la situation sur le terrain. Les schémas de communication sont clairs, de manière à avoir une information unique, émanant du Dir PC Ops, plutôt que des informations éparses venant de toutes les disciplines, comme on peut parfois le voir dans certains exercices. - Au Centre de crise communal, la dynamique était également positive, toutes les personnes se trouvant autour d’une même table et donc à l’écoute les uns des autres. La tenue d’un logbook permettait le stockage de l’information. 3.1.4. Conclusion En conclusion, nous pouvons dire que les situations d’urgence présentent des tensions entre les aspects simultanés et séquentiels, aussi bien dans le temps que dans l’espace. Cette distinction entre simultanéité et séquentialité, entre continuité et discontinuité, à la fois dans le temps et dans l’espace, pose plusieurs questions en terme d’articulation et donc de coordination des activités : Comment reconstituer au mieux la simultanéité dans des lieux séparés, notamment à l’aide de la technologie ou du langage ? Comment articuler le simultané et le différé, le synchrone / asynchrone Comment créer de la continuité sur les choses qui sont discontinues ? Nous pouvons maintenant nous intéresser de plus près à la coordination, en identifiant les différentes modalités du travail d’articulation. C’est l’objet de la section suivante. Rapport exercice TUNEX 20 4. Les modalités du travail d’articulation selon les trois dimensions: Cette partie détaille les différentes modalités du travail d’articulation que nous avons identifiées, et donne pour chacune d’elle des exemples issus de l’exercice TUNEX. 4.1. Le travail d’articulation par les structures Au sein de la dimension « Structures », cinq sous-classes ont été identifiées, en accord avec les différents types de structures déjà évoquées : la configuration organisationnelle, la planification des tâches, la structure spatiale, les artefacts et les structures cognitives. 4.1.1. Les modalités d’articulation par la configuration organisationnelle 4.1.1.1. La définition et la répartition des rôles dans l’organisation En analysant différents exercices, nous avons pu identifié certains rôles clés, qui facilitent la coordination et la gestion des situations d’urgence (Wybo & Latiers, 2006). Ces rôles sont une base de réflexion pour les acteurs, afin qu’ils puissent réfléchir à une répartition des missions au sein d’un centre de crise, d’un poste de commandement, ou sur le terrain. Tous ces rôles ne doivent pas nécessairement être mis en place, mais certains peuvent être ajoutés si des lacunes ont été observées dans certains domaines. Ils sont au nombre de huit : o Les coordinateurs, qui sont chargés de diriger les réunions dans les différentes cellules de crise ou postes de commandement. Ces acteurs sont un « point fixe » auprès duquel les différentes disciplines ou organisations peuvent se retrouver et construire leur connaissance commune de la situation. Dans l’exercice TUNEX, le Dir PC Ops a joué ce rôle de coordinateur, en rappelant régulièrement les disciplines autour de la table. Nous avons déjà évoqué le fait que ce rôle était rendu difficile par la configuration des lieux, qui impliquait notamment que les disciplines n’avaient pas de place prévue entre les points de situation. Au CCP, le coordinateur (à savoir le Gouverneur) était particulièrement expérimenté et structuré dans son approche. Sa connaissance et son organisation ont fortement contribué à la coordination au sein du comité provincial. Rapport exercice TUNEX 21 o Les « percepteurs », sont des acteurs chargés de rassembler des informations éparses (via radio ou en se rendant auprès des différents intervenants sur le terrain par exemple). Ces acteurs permettent à d’autres de se focaliser sur leurs missions premières, tout en ayant une vision plus complète de la situation. Les «percepteurs» ont également un rôle crucial pour la coordination à distance. En diffusant les informations à leur disposition d’un site à l’autre, ils permettent d’améliorer vitesse et qualité de l’échange d’information. Lors de l’exercice TUNEX, plusieurs acteurs peuvent être considérés comme des percepteurs. Au CCP, nous n’avons pas pu observer d’autres acteurs que ceux qui se trouvaient dans la salle de crise. Au PC Ops, l’assistant du Dir PC Ops remplit cette fonction de percepteur. Nous n’avons pas pu observer de près les activités au PMA, ce qui ne nous permet pas de déterminer si ce rôle était prévu au sein de la chaîne médicale. Barhosa et al. (2007), dans un article consacré à la gestion de l’information dans les cellules de crise, proposent ce type de rôle qu’ils nomment « information manager ». Cet acteur, qui ne fait pas partie d’une discipline de la gestion de la situation d’urgence, a pour objectif de collecter de l’information sur différents outils technologiques qu’il maîtrise au préalable, et de la diffuser de façon synthétique aux acteurs qui en ont besoin. Cette méthode permet de ne pas introduire de nouvelles technologies dans l’organisation, car celles-ci nécessitent parfois une formation préalable. o Les « navetteurs », qui ont pour rôle de se déplacer entre différentes organisations et différents sites. Leur fonction a pour but de faire le lien entre deux situations différentes, entre deux lieux différents. Elle lui permet de recueillir « de visu » des informations sur la tâche et sur autrui. Ce rôle de témoin visuel a une grande importance pour la coordination à distance, puisqu’il améliore d’une part la crédibilité des informations sur lesquelles se base le commandement des opérations, et d’autre part la compréhension mutuelle (Suchman, 1987). Les interactions en face à face sont en outre plus riches en partage que les interactions médiatisées, ce qui permet de mieux se comprendre et se coordonner. Les navetteurs permettent de résoudre en partie le problème de l’activité cognitive à distance, qui implique de raisonner sans l’esprit incarné dans la situation de terrain. Ils ne permettent cependant pas de surmonter la difficulté de communiquer oralement les informations liées au contexte visuel (Karsenty, 1999). Rapport exercice TUNEX 22 Dans l’exercice TUNEX, des difficultés ont émergé par rapport à la comptabilisation des victimes. Selon nous, la distance qui séparait le PC Ops et le PMA peut être une des explications de ces difficultés. Nous pourrions préconiser le recours à un navetteur entre ces deux sites, qui faciliterait le lien avec les opérations au PMA et dans le tunnel. o Les acteurs de l’appui logistique : Les responsables de la logistique peuvent avoir plusieurs fonctions d’articulation : tenir la main courante, effectuer des travaux de copie et distribution de documents, alerter des acteurs, etc. L’appui logistique était selon nous suffisant dans les différentes structures observées et a contribué à la coordination générale. o Les analystes scientifiques, terme par lequel nous désignons les experts, qui peuvent être divers en fonction de la situation en cours. Outre l’expertise des services de secours qui est indispensable, d’autres expertises sont parfois nécessaires en cas d’incident particulier. Dans le cas de l’exercice TUNEX, certains experts ont été évoqués en matière d’analyse des accidents ferroviaires, mais n’ont pas été impliqués dans la situation, qui ne couvrait que les premières heures de l’accident. o Les acteurs de l’anticipation, qui sont chargés de réfléchir sur le devenir de la situation et les actions préventives éventuelles. Certaines structures prévoient ce type de rôle en leur sein, ce qui n’était pas le cas lors de l’observation de l’exercice. Cependant, certains acteurs ont spontanément procédé à des exercices d’anticipation. Nous reviendrons sur ceux-ci dans la suite de ce travail. o Les «hôtesses d’accueil » : l’accueil de nouveaux arrivants sur un site (au CCP, au PC Ops, au PMA ou au centre de crise communal) est un processus qui peut être structuré si nécessaire. En effet, les nouveaux arrivants dans une structure déjà opérationnelle doivent se mettre à jour, de même que les renforts sur le terrain, etc. Lors de l’exercice TUNEX, il semble que la gestion des nouveaux arrivants n’ait pas été un problème, car les acteurs ne sont pas arrivés en ordre trop dispersé ou qu’ils se sont tenus au courant en route de la situation en cours. De plus, les informations à diffuser en cas d’arrivée tardive n’étaient pas trop importantes. Il peut cependant arriver que les acteurs arrivent en ordre très dispersé et que les informations à transmettre soient plus nombreuses. Dans ce cas, il est utile de déterminer les informations à transmettre aux nouveaux arrivants, et d’éventuellement charger un acteur responsable de la gestion des arrivants, qui les briefe en fonction de leurs spécificités. Il est possible que ce rôle soit déjà prévu au CCP, mais nos données ne nous permettent pas de le savoir. Rapport exercice TUNEX 23 o « Les acteurs de la communication » : Ce rôle est pris en charge par différents responsables : l’exploitant en cas d’incident dans une usine, les services publics aux différents niveaux, les entreprises impliquées, etc. Certaines structures prévoient a priori la répartition des sujets traités par les différents communicateurs (les aspects techniques pour l’exploitant, les mesures stratégiques pour le centre de crise, les aspects tactiques et opérationnels pour le niveau local). Lors de l’exercice TUNEX, la communication n’était pas mise en oeuvre de façon totalement réelle, sauf en ce qui concerne les communiqués de presse. La tâche de rédaction de ces communiqués au CCP n’a pas posé de problème particulier. Le premier communiqué a été facilement rédigé, en moins de quelques minutes, car le flux d’activités dans le centre de crise était à ce moment là assez faible. Le deuxième communiqué a précisé le nombre de blessés. La personne chargée de la rédaction des communiqués était dans une salle séparée, ce qui lui permet de rédiger les communiqués sans être perturbé par d’autres missions. Toujours en ce qui concerne la communication, nous pouvons par contre souligner l’absence d’un membre de la discipline 5 au PC Ops. Nous avons considéré ici les rôles qui étaient prévus par les structures a priori. Or certains rôles se créent également en fonction de la situation, par la dynamique des interactions. Certains acteurs vont prendre par exemple une position d’anticipation alors que ce rôle ne leur est pas conféré par la structure. D’autres se centreront davantage sur la dynamique interorganisationnelle en diffusant l’information en leur possession aux autres organisations. 4.1.2. Les modalités du travail d’articulation par la planification 4.1.2.1. La répartition des responsabilités dans l’organisation Le travail collectif est plus fluide lorsque les responsabilités et les attentes sont établies ou qu’elles ne posent pas question. Les plans permettent en partie de répartir les responsabilités. Par rapport à ce point, les conflits qui ont émergé dans l’exercice TUNEX à propos de la liste des victimes ont été rigidifiés par l’invocation du plan, comme nous l’avons déjà évoqués plus haut. Ces mécanismes de contrôle ne suffisent pas à coordonner les acteurs. D’un autre côté, un autre conflit dans l’exercice a été résolu via l’invocation d’un plan. En effet, lorsque la police refoule les acteurs psychosociaux, en évoquant le fait qu’elles doivent être affectées à des missions D3, le responsable de la D3 au CCP invoque le respect du plan pour mettre un terme au conflit. Rapport exercice TUNEX 24 4.1.3. Les modalités d’articulation par les artefacts 4.1.3.1. Les artefacts de mise en forme de l’information Les artefacts10 sont au coeur de la coordination. Ils sont à la fois produits et supports de la coordination. De nombreux artefacts sont utilisés dans les situations d’urgence : les technologies de l’information et de la communication, les tableaux (sur papier ou d’affichage), les fiches (réflexes, d’information, médicales), les plans, les communiqués de presse, etc. Ces outils peuvent avoir plusieurs fonctions : o Une fonction d’intégration et de synthèse de l’information, qui devient disponible publiquement et sans intrusion dans le travail d’autrui. Au CCP, la main courante qui est actualisée et projetée est un exemple de ce type d’artefact. Ce type d’outil n’était par contre pas mis en place au PC Ops, si ce n’est à un niveau ponctuel (le Dir PC Ops notant les informations sur le tableau blanc dans le véhicule de la protection civile). Il serait peut-être intéressant de systématiser le recours à ce type d’outil, pour permettre la mise à disposition d’informations clés aux différentes disciplines. o Une fonction de mise en évidence et d’organisation des objectifs, des buts à court terme. Des tableaux blancs peuvent jouer ce rôle, en mentionnant les différents objectifs et tâches des prochaines minutes ou heures. Nous n’avons pas observé ce type d’outil dans l’exercice. o Une fonction de suivi des décisions. Cet outil peut être intégré dans une main courante, ou dans un tableau reprenant les objectifs. La traçabilité des décisions permet par exemple aux nouveaux arrivants dans la situation de repérer les décisions qui ont déjà été prises et les différentes actions en cours. o Une fonction de construction, de négociation de sens et de connaissance communs sur la situation. Au CCP, par exemple, le responsable de la discipline 1 schématise la situation sur le tableau blanc. Ce processus permet aux différents acteurs de se faire une représentation plus complète de la situation. 10 L’artefact est toute entité tangible ou non, conçue par l’homme en vue de répondre à des besoins (Simon, 1957) Rapport exercice TUNEX 25 4.1.3.2. Les artefacts dans l’articulation à distance Plusieurs exemples issus de nos observations illustrent la contribution des artefacts à la coordination à distance, notamment pour visualiser la situation de terrain. Dans l’exercice TUNEX, les acteurs au CCP utilisent les plans du tunnel pour se faire une image de la situation, et notamment du lieu exact de l’accident, des sorties les plus proches, des distances à parcourir pour les victimes et les secours. 4.1.3.3. Les artefacts de synthèse et d’intégration des informations pour les nouveaux arrivants Un autre type de travail d’articulation dans le domaine des structures est celui de la synthèse et de l’intégration des informations pour les nouveaux arrivants. En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, les acteurs arrivent souvent en ordre dispersé. Cela implique d’une part qu’ils se mettent à jour par rapport à la situation, et d’autre part que d’acteurs passent une partie de leur temps à répéter les informations disponibles sur la situation aux nouveaux arrivants. Or certaines informations sont disponibles de façon publiquement et librement. Il est donc intéressant de mener une réflexion sur l’accueil et le briefing des nouveaux arrivants, même si celui-ci n’a pas posé problème lors de l’exercice. Plusieurs solutions sont possibles : la mise en place d’un rôle spécifique dans l’organisation, la mise à disposition d’outils existants à l’arrivée d’un acteur : main courante, communiqués de presse, informations provenant de sa discipline sous forme d’un dossier. D’autres solutions sont déjà utilisées : dans l’un des centres de crise départementaux observés en France, un panneau avait été élaboré, décrivant les premières actions à réaliser par les acteurs lors de leur arrivée, ce qui évite la perte de temps liée à l’explication de ces démarches à plusieurs reprises. Les solutions sont à tester, et à adapter en fonction du lieu concerné (terrain/poste de commandement opérationnel/centre de crise). 4.1.4. La modalité d’articulation par la structure spatiale Les trois lieux principaux d’un exercice (chantier, PC Ops, CCP) sont caractérisés par une organisation spatiale différente: Rapport exercice TUNEX 26 - Le lieu de l’accident et le PC Ops ne sont pas toujours connus des acteurs au préalable. Ils doivent y installer leurs véhicules et leurs outils pour l’action ou la communication. - Le centre de crise, qui se situe au sein d’un bâtiment officiel, comprend une salle « pré équipée ». L’espace de travail y est divisé a priori en plusieurs pièces, certains espaces étant isolés des autres. La structuration de l’espace, notamment sur le terrain, où il existe de nombreuses possibilités d’organisations différentes, peut permettre de faciliter les communications et les échanges, de diminuer les déplacements des intervenants, d’augmenter le partage des informations. Sur le terrain, les possibilités sont nombreuses et la structuration de l’espace par les acteurs est un travail complexe, qui doit notamment tenir compte des risques pour les intervenants et les victimes. Dans l’exercice TUNEX, deux remarques sont à mentionner : - Du côté du PC Ops, l’utilisation de l’espace a été difficile à gérer. En effet, au départ, il n’y avait qu’une camionnette à disposition des membres du PC Ops. Ils sont ensuite pu bénéficier du matériel de la protection civile, qui a permis une gestion de l’espace plus optimale. Par ailleurs, au niveau de l’utilisation de l’espace sur le terrain, il nous semble qu’il serait intéressant de tester la mise en place du PC Ops à proximité du PMA, ce qui pourrait améliorer les échanges entre ces deux structures, notamment en ce qui concerne le bilan des victimes. Un « navetteur » pourrait par exemple être instauré entre les deux sites se trouvant à proximité. - Du côté du CCP, l’espace était pré structuré, avec une salle de réunion et différentes cabines pour les disciplines. Cette configuration permet de ne pas surcharger la pièce du comité de coordination. Il est intéressant de réunir les différentes disciplines au sein d’une même pièce en permanence, de manière à partager les informations de façon continue. Nous reviendrons sur les bénéfices de la coprésence dans l’activité collective. Rapport exercice TUNEX 27 4.1.5. Les modalités d’articulation par les structures cognitives 4.1.5.1. Les automatismes et expertises au niveau cognitif L’expertise et la vitesse de réaction des acteurs sont à souligner. Les acteurs font preuve de rapidité et de capacité d’adaptation dans bien des domaines : L’alerte La gestion et la mobilisation des moyens, La mise en place du zonage La localisation du PMA, du PPD, du centre d’accueil pour les impliqués La mise en place d’un centre d’appels. Etc. La planification d’urgence est un « métier » qui se structure davantage et les acteurs qui participent à la gestion d’urgence ont une expérience qui s’accumule et se consolide. L’AR de 2006 a participé à structurer ce domaine, à uniformiser les termes, à améliorer la planification. Nous avons remarqué une évolution significative depuis quelques années dans ce domaine. Après avoir abordé les différentes modalités d’articulation par les structures, nous passons, dans la section suivante, à celles qui concernent les interactions. Rapport exercice TUNEX 28 4.2. Le travail d’articulation par les interactions La dimension liée aux structures a montré comment certaines configurations offraient des ressources aux acteurs pour se coordonner. Le travail d’articulation ne s’arrête cependant pas aux structures. En effet, la portée pratique d’une structure se reconstruit dans l’action concrète. Le sens que les structures prennent pour les acteurs évolue en fonction des interactions et du contexte dans lequel elles sont mises en place. Les interactions sont également à la base de plusieurs modalités du travail d’articulation - que nous allons exposer dans les sections suivantes – et qui sont regroupées en 5 sous-classes : - le leadership, - les mécanismes structurants propres à la coprésence, - les connaissances/pratiques/confiance mutuelles, - le réseau d’acteurs - l’utilisation du langage 4.2.1. Les modalités d’articulation par le leadership Le leader coordonnateur de crise est capable de créer et recréer une structure en situation. Certains leaders vont s’orienter vers une structuration forte, d’autres vont laisser davantage de place aux acteurs et privilégier l’harmonie du groupe (absence de conflits, recherche de consensus). Dans les différents sites observés, le leadership était particulièrement intéressant à observer. Les différents leaders au niveau communal, provincial et au PC Ops, ont particulièrement bien joué leur rôle en structurant les tâches, en organisant des points de situation, en rappelant à l’ordre certains acteurs. Nous tenons particulièrement à souligner la capacité de gestion d’équipe du Gouverneur, qui grâce à sa connaissance de la matière, parvient à anticiper, contrôler la situation, vérifier que tout est correctement mis en place. Il s’agit selon nous d’un exemple éclairant en matière de gestion stratégique, qui ne se résume pas à une simple récolte d’information ou un support aux opérations de terrain, mais bien à la supervision générale de la situation et à une vision d’ensemble. Rapport exercice TUNEX 29 4.2.2. Les modalités d’articulation par les mécanismes structurants propres à la coprésence 4.2.2.1. Processus d’écoute flottante, de pluri adressage et de covisibilité Trois processus sont ici mentionnés : Le pluri adressage, c’est-à-dire le fait qu’un message soit émis à haute voix et donc disponible à plusieurs personnes en même temps (ou sur plusieurs radio en même temps si l’on parle d’écoute radio à distance) L’écoute flottante, c’est-à-dire le fait d’écouter les discours qui sont dans un environnement proche tout en continuant à réaliser son activité La covisibilité, c’est-à-dire le fait de voir ce que les autres regardent ou font (y compris les objets qu’ils manipulent). Ces trois mécanismes, qui sont propres au fait de se trouver dans un même endroit, sont considérés comme des mécanismes clés pour la coordination, surtout dans des situations d’urgence. Les acteurs sur le chantier, et dans les différents centres opérationnels et de crise ne cessent de diffuser de l’information par l’intermédiaire des conversations entre acteurs (sur le site ou sur les radios). Certaines informations sont alors disponibles pour actualiser sa représentation de la situation. De nombreux exemples des ces mécanismes ont été observés lors de l’exercice TUNEX : Ils sont du principalement au fait que les acteurs aient travaillé dans un même lieu, aussi bien au PC Ops qu’au CCP, ce qui a permis à de nombreuses informations d’être diffusées dans le collectif par écoute flottante, pluri adressage et covisibilité. Plusieurs exemples anecdotiques mais illustratifs peuvent être donnés : - Au niveau du pluri adressage, le fait que les acteurs soient dans la même pièce facilite l’échange d’informations. Au centre de crise communal, qui regroupe dans la même pièce les différents acteurs, tout le monde a accès aux conversations téléphoniques, aux nouvelles informations, ce qui permet une gestion fluide de la situation. Nous retrouvons également ces mécanismes au niveau du CCP. Le PC Ops, quant à lui, est situé dans un endroit bruyant, au bord de la route (du moins avant l’arrivée du Telecom de la Protection civile). Le pluri adressage et l’écoute flottante sont donc moins présents, ce qui implique d’organiser des points de situation réguliers. Rapport exercice TUNEX 30 - Au niveau de l’écoute flottante, plusieurs exemples peuvent être évoqués : - Au CCP, deux acteurs se demandent qui est Dir Med. La responsable de la D2 dit que c’est le Dr. K. et ajoute qu’elle l’a entendu parler dans la radio quand elle était sur la route. Le fait d’être à l’écoute de plusieurs informations en même temps permet de gagner du temps, sans impliquer d’effort cognitif important. - Le fait de se voir (covisibilité) permet par exemple aux acteurs de ne pas interrompre les autres lorsqu’ils sont surchargés ou déjà occupés par d’autres tâches, ou de visualiser les tâches en cours. Rapport exercice TUNEX 31 4.2.2.2. Le feedback et la correction mutuels L’interaction, aussi bien dans ses aspects verbaux que non verbaux, permet de mettre en évidence ses actes et ses représentations pour autrui. Dans ce cadre, les acteurs peuvent s’ajuster, s’expliquer, mais également se « corriger » mutuellement. L’organisation de points de situation réguliers permet ce feedback et cette correction mutuels. Le travail en coprésence également. Par exemple, au PC Ops, le Dir PC Ops gère plusieurs activités en même temps et doit donc se tenir au courant de leur évolution. Le fait d’avoir les différents représentants des disciplines à proximité lui permet d’avoir un rapide feedback sur les opérations en cours et de suivre les informations. De même, les informations erronées qui circulent dans le collectif peuvent être corrigées plus facilement lorsque les individus travaillent en un même lieu. Pour résumer toutes ces considérations sur la coprésence, nous insistons sur l’importance pour les acteurs de mettre en place des mécanismes d’attention distribuée, et de sensibilité à la présence d’autrui (Grosjean, 2005). En effet, ces mécanismes sont, dans les centres de crise et de commandement, au fondement même de la coordination (ibid.). 4.2.3. Les modalités d’articulation par les connaissances, pratiques et confiance mutuelles 4.2.3.1. Les interactions liées à l’organisation et au débriefing des exercices De l’avis même des acteurs, la préparation et l’organisation des exercices est une opportunité de création de connaissances communes ainsi que de réflexion sur l’activité collective multidisciplinaire. L’organisation des exercices peut en effet produire différents effets : - Elle permet l’élaboration par les acteurs d’un certain nombre d’artefacts élaborés en vue de l’exercice, et qui ont une utilité concrète en cas de situation d’urgence : communiqué de presse type, FAQ, fiches explicatives pour la population, tableaux de comptabilisation des victimes, glossaire, etc. L’organisation d’exercices déclenche donc des processus de création d’outils qui sont ensuite testés et revus en fonction du feedback par rapport à leur utilisation concrète. - La préparation des exercices est également l’occasion de confronter les régimes d’action et de construire un consensus entre acteurs, ce qui aboutit aux « conventions d’exercices ». Rapport exercice TUNEX 32 Les différentes disciplines ont la possibilité de s’exprimer et de confronter leurs points de vue en ces lieux de préparation. Les responsables de l’exercice doivent se mettre d’accord sur les dispositifs à tester et sur ceux qui seront simplement simulés. Ces interactions liées à la préparation permettent donc au collectif (même si celui-ci n’est pas celui qui « jouera » l’exercice, il s’agit cependant de personnes impliquées dans la gestion des situations d’urgence) de prendre conscience du réseau d’acteurs potentiel impliqué dans une situation, de leurs contraintes et des difficultés que cela peut poser. Les interactions au niveau du débriefing des exercices sont également à la base du travail d’articulation, car elles permettent de modifier ou de créer des structures pour l’activité collective. 4.2.3.2. Pratiques et confiance mutuelles Les acteurs experts de la gestion de crise soulignent de façon unanime l’importance des relations interpersonnelles. Au sein d’une même organisation mais aussi entre disciplines, les relations interpersonnelles ont une influence notamment sur la confiance. Elles influencent également la construction de la représentation du réseau d’acteurs mis en place. Les exercices sont un des moyens de développer ces relations interpersonnelles. Le processus de planification en est un autre. 4.2.4. Les modalités du travail d’articulation par la construction du réseau d’acteurs 4.2.4.1. La reconnaissance mutuelle et la familiarisation avec le réseau d’acteurs Dès qu’ils sont alertés, les acteurs convergent vers différents lieux, et y accèdent au compte goutte. Une dynamique de reconnaissance mutuelle, via les interactions entre acteurs, s’enclenche alors : les différents acteurs prennent leur place, si elle leur est attribuée, ou démarrent leurs opérations sur le terrain. Certains signes permettent la reconnaissance immédiate des acteurs. Les uniformes, parfois accompagnés de chasubles munies du rôle de l’acteur (Dir Si, Dir Med, etc.) sont une première marque de l’organisation d’appartenance ou de l’identité. Tous les acteurs ne possédaient pas ce type de signe de reconnaissance lors de l’exercice TUNEX. Rapport exercice TUNEX 33 Outre l’aspect vestimentaire, d’autres signes permettent la reconnaissance de certains lieux clés : le marquage des tentes ou des containers (PMA, PC Pompier, Télécom, etc.), le libellé des différentes cellules d’un centre de crise, etc. Ces éléments permettent aux acteurs de se retrouver dans des lieux peu familiers ou avec des acteurs qu’ils ne connaissent pas toujours au préalable. Au fur et à mesure des interactions, les individus se familiarisent avec la structure d’acteurs mise en place. Leurs connaissances du réseau d’acteurs varient et le repérage des acteurs sur le terrain ne sont pas spécifiés par le plan (Darcy, 2008). Au fur et à mesure, la structuration du réseau d’acteurs émerge, au départ des interactions. Les acteurs qui possèdent une connaissance élargie du réseau peuvent alors mobiliser les personnes clés pour se coordonner et résoudre les incertitudes sur certains points précis. L’activité collective est plus efficace si les acteurs parviennent à se représenter rapidement et de manière globale le réseau d’acteurs au sein duquel ils évoluent. 4.2.5. Les modalités du travail d’articulation par l’utilisation du langage 4.2.5.1. L’utilisation du langage à distance Après avoir évoqué la transmission et la mémorisation d’information à l’aide des structures, nous voudrions montrer ici l’importance de l’utilisation du langage dans les interactions. Les modalités d’utilisation du langage sont un moyen d’articuler les activités. Le langage permet en effet de compléter, affiner, simplifier, préciser, confirmer les informations. Ils permettent aux individus d’ajuster leurs constructions du sens de la situation, notamment à distance. Dans l’exercice TUNEX, un malentendu est né entre la D3 et la D2 au sujet de la liste des victimes. Une précision du cadre de la demande et des procédures en la matière auraient sans doute pu éviter à ce malentendu d’aboutir à un conflit ouvert. D’autres mécanismes routiniers sont utilisés par les professionnels de la gestion d’urgence pour fiabiliser la coordination : la répétition des propos de l’interlocuteur lors d’une liaison radio est un exemple récurrent. La reformulation, la synthèse des propos, le recours à des analogies, sont d’autres mécanismes régulièrement utilisés. Rapport exercice TUNEX 34 4.2.5.2. L’utilisation du langage dans la communication à la population L’utilisation du langage dans la communication à la population est un sujet déjà largement traité dans les travaux sur la gestion de crise et qui est bien connu des acteurs. Cependant, il est très courant qu’un acteur non formé à la communication de crise se retrouve parmi les intervenants lors d’un point presse. Plusieurs exemples issus de nos exercices précédents ont montré que le langage adopté était alors souvent inadéquat. L’exercice TUNEX ne montre pas de souci particulier en la matière. 4.2.5.3. L’ajustement contextuel Le contexte interprétatif fait l’objet d’ajustements dans l’interaction. Les acteurs ont besoin d’ajuster le contexte de la situation par des mécanismes d’explication, qui permettent d’accéder aux représentations d’autrui. L’ajustement du contexte est intéressant à étudier dans le cadre de l’activité collective à distance, de manière à analyser les mécanismes mis en place par les acteurs pour construire une représentation sur la situation. Les acteurs ajustent leur contexte plusieurs fois au cours de l’exercice, à travers différents points de situation. La relative simplicité de la situation (accident de train avec victimes, sans autre complication) n’a pas engendré de difficultés particulières en matière d’ajustements contextuels. D’autres exercices auxquels nous avons pu participer ont montré en revanche l’importance de ces interactions d’ajustement lorsque la situation est plus complexe (multiplicité d’incidents, conséquences en cascade). Les modalités d’articulation du travail collectif que nous venons de présenter sont relatives aux interactions. Il nous reste à présenter celles qui concernent la construction de sens ou « sensemaking », ce que nous faisons dans la section suivante. Rapport exercice TUNEX 35 4.3. Le travail d’articulation par le sensemaking Cette section a pour objectif de montrer en quoi les processus de sensemaking permettent la coordination. Nous avons identifié 4 modalités génériques d’articulation dans cette dimension : les valeurs, l’anticipation, la construction d’une représentation de la situation et la traduction. 4.3.1. Les modalités d’articulation par les valeurs 4.3.1.1. Les valeurs sous-jacentes à la gestion des situations d’urgence Selon Pavard & Karsenty (1997), la construction d’un sens sur une situation se base principalement sur des croyances implicites qui ne sont pas contestées ni contestables et constituent donc des impondérables. Les acteurs responsables de la gestion des situations d’urgence sont issus d’organisations qui prônent certaines valeurs communes. Ces valeurs de référence sont centrées sur le bien commun et la solidarité. Par exemple, dans une situation d’urgence, le secours aux personnes est prioritaire par rapport toute autre opération. Le partage des mêmes valeurs soutient la coordination, notamment à distance. Il permet aux acteurs de fixer les priorités de façon univoque et sans nécessaire concertation. Nous avons retrouvé cet aspect de partage de valeurs, centrées sur le secours aux personnes, dans l’exercice TUNEX. Ces valeurs ont donné lieu à différentes actions : arrêt du trafic ferroviaire, interdiction temporaire d’accès au tunnel pour certains intervenants, mise en place de centre d’accueil pour les familles et les impliqués, etc. Les valeurs centrées sur le secours à personne ont par ailleurs laissé de côté l’investigation concernant la cause de l’accident, ce qui pourrait nuire aux intervenants eux-mêmes dans certains cas (acte volontaire, risque d’explosion, etc.). 4.3.2. Les modalités d’articulation par l’anticipation 4.3.2.1. Le sensemaking prospectif Nous avons déjà évoqué le rôle des acteurs responsables de l’anticipation. Certaines organisations prévoient des rôles spécifiques en matière d’anticipation, ce que nous avons classifié en terme de structure. Il y a par ailleurs d’autres mécanismes d’anticipation, en situation, qui se basent sur le sensemaking. L’exercice d’anticipation n’est pas toujours mis en valeur dans les simulations de Rapport exercice TUNEX 36 situations d’urgence, où l’enjeu lié à l’anticipation est moindre que lors de situations réelles. Deux illustrations de ce processus d’anticipation ont été observées lors de l’exercice : - Au CCP, le responsable de la discipline 1 fait plusieurs exercices d’anticipation, qui lui permettent de prévoir approximativement l’arrivée sur place de certains moyens et l’emplacement du PMA (alors qu’il ne le connaît pas). En effet, en se basant sur des informations éparses qu’il a à sa disposition, il parvient à reconstituer à distance la situation sur le terrain et à anticiper par là les différentes mesures et événements qui s’y déroulent. - Au CCP toujours, le coordinateur anticipe sur plusieurs points, et notamment sur le fait qu’il puisse y avoir des passagers étrangers à bord du train et que les ambassades ou consulats puissent donc être impliqués dans le processus. 4.3.2.2. Le rôle des connaissances et de l’interprétation des structures Les connaissances des structures (plans et procédures) et des manières « habituelles » de faire sont un atout pour prévoir l’évolution et la dynamique de la situation, principalement lorsque l’action a lieu à distance et que les informations ne sont disponibles qu’avec un certain décalage. Plusieurs exemples de compétences peuvent ici être évoqués : - Présumer du délai d’arrivée sur place des moyens - Présumer les actions qui ont du être menées en fonction du plan et des connaissances préalables de l’acteur. Une approche basée sur la présomption que chacun connaît le plan, le respecte et a une vision claire de la situation peut cependant comporter certains dangers, et notamment inciter à ne pas vérifier que les mesures ont été prises. A ce sujet, le coordinateur du centre de coordination provincial émet plusieurs demandes ; et notamment de vérifier que les communes ont bien déclenché leur plan d’urgence. Rapport exercice TUNEX 37 4.3.3. Les modalités d’articulation par la construction d’une représentation de la situation 4.3.3.1. L’attention vigilante et le suivi de la situation Les processus d’attention vigilante permettent de détecter des indices indiquant des changements de situation, ou des possibilités de déclenchement d’action collective. L’élaboration du sens de ces indices au niveau collectif constitue une modalité du travail d’articulation. L’attention vigilante et le suivi de la situation sont des processus largement mis en oeuvre dans les situations d’urgence, étant donné leurs caractéristiques : risques encourus, cinétique rapide, irréversibilité des actions. Par exemple, dans l’exercice TUNEX, les acteurs se sont rapidement posés la question de la nationalité des passagers dans le train. 4.3.3.2. La transformation de faits en informations L’élaboration du sens de la situation se base sur une sélection d’indices (« cues ») dans l’environnement des acteurs. Lorsque les indices sont regroupés et rendus « légitimes », ils deviennent davantage des informations, par des mécanismes de rationalisation, que des faits. Ils rendent alors l’action collective justifiable et légitime. Le tri des indices et informations contradictoires ou ambiguës est un processus particulièrement difficile en situation d’urgence. Dans l’exercice Tunex, les informations n’étaient pas trop complexes et concernaient principalement l’ampleur de l’incident et le bilan des victimes. Le suivi de la situation n’était donc pas trop complexe. 4.3.3.3. Capacité d’adaptation rapide au travail collectif et au réseau d’acteurs Les acteurs responsables de la gestion des situations d’urgence sont pour la plupart habitués au travail collectif. Les sapeurs pompiers, la police, les membres de la protection civile et du corps médical font partie d’organisations hiérarchisées, qui impliquent un travail collectif régulier. Les situations observées requièrent cependant une adaptation de la part des acteurs par rapport à leur cadre habituel. La capacité à faire sens de l’organisation et du réseau d’acteurs constitue par conséquent une modalité du travail d’articulation en situation d’urgence. Rapport exercice TUNEX 38 Nous pouvons rapprocher cette modalité d’articulation de ce que les psychologues appellent les processus de mémoire transactive (Faraj & Xiao, 2006), lorsque des individus « ont connaissance de ce qu’ils sont capables de faire ensemble (Michinov, 2007 : 60). Les recherches sur le sujet montrent que les groupes les plus efficaces sont ceux qui peuvent se représenter la distribution de l’expertise de façon précise (où se situe la connaissance sur tel sujet ?). La mémoire transactive est en outre particulièrement utile dans les situations où les tâches sont complexes et nécessitent l’intervention d’expertises diverses (Michinov, 2007). Ces processus de mémoire transactive sont particulièrement développés chez les acteurs que nous avons observés. Le centre de crise communal, par exemple, est une illustration de ces processus. Les acteurs se connaissent, et sont conscients de leur rôle respectif et de leurs connaissances. De plus, ils parviennent rapidement à mobiliser des ressources en cas de besoin (un bus pour transporter les impliqués, des tables et des chaises pour le centre d’accueil, un ravitaillement pour les acteurs psychosociaux). Nous avons été particulièrement impressionnés par la capacité de mobilisation rapide de ces moyens dans la commune. 4.3.3.4. Construction d’une image des opérations de terrain, réduction du « décalage » cognitif et interprétatif La véritable difficulté pour le niveau stratégique de gestion des crises, en situation d’urgence, est d’évaluer la situation sur le terrain à partir des informations qui lui sont transmises. Les exemples en la matière sont fréquents dans les exercices, comme dans les cas réels. Les analyses montrent également une répercussion d’un niveau de coordination sur les autres en terme de sensemaking, les centres de coordination étant interdépendants. Dans certains exercices ce décalage se dédouble, lorsque le PC Ops est lui aussi distant des opérations de terrain (notamment à cause de l’évaluation des risques). Le décalage cognitif et interprétatif se dédouble. A nouveau ici, le caractère relativement simple du scénario de l’exercice n’a pas posé de gros problèmes aux acteurs à distance, sauf en ce qui concerne le bilan des victimes. Rapport exercice TUNEX 39 Conclusion : L’enjeu du retour d’expérience La réflexion approfondie sur les exercices est nécessaire, et une méthode appropriée l’est tout autant. Le retour d’expérience, sous forme de débriefing approfondi, est aussi crucial que la préparation et la réalisation de l’exercice. C’est pour cette raison que nous avons élaboré ce document, et que nous encourageons fortement les acteurs à réfléchir sur leurs pratiques et à capitaliser sur les exercices. Ce document ne recèle en aucun cas la vérité universelle et se veut générateur de réflexions. Il peut bien entendu être critiqué et remanié en fonction des remarques des acteurs. Nous pensons qu’il est intéressant de construire une « culture du débriefing, du retour d’expérience ». Les Universités et centres de recherche peuvent à cet égard aiguiller les acteurs vers des méthodes appropriées et concrètes pour ce type d’exercice difficile mais réellement indispensable pour capitaliser sur les acquis et bâtir une réelle expérience en cette matière de gestion des crises. Ce document a présenté les différentes modalités qui permettent la coordination et leur mise en oeuvre dans l’exercice Tunex. L’aspect le plus complexe dans les situations d’urgence consiste à gérer plusieurs activités simultanément. En effet, cette gestion d’activités simultanées est toujours en tension avec un suivi nécessaire au sein de chaque activité, et donc des moments de « pause », où l’on fait le point sur la situation. Les enjeux se situent donc dans le suivi et la structuration des informations, ainsi que le partage de celles-ci dans le collectif, de façon peu coûteuse en terme de temps et d’effort cognitif. Plusieurs facteurs interviennent, comme nous l’avons montré : la structuration de l’espace, des différentes structures (PC Ops, PMA, CCP, CCCom), les outils utilisés, la configuration organisationnelle et la répartition des rôles, le style de leadership, la capacité d’écoute des acteurs,… Rapport exercice TUNEX 40 1) Bibliographie - Boltanski, L. et Thevenot, L., (1991). Les économies de la grandeur, Gallimard. - Crozier, M. et E Friedberg, E. , (1977). L'acteur et le système, Paris, Seuil. - Jacques J–M., Roux-Dufort Ch. and Gatot L. ( 1999 ) From post crisis to preventive learning ,Proceedings of the Academy of Management Annual Meeting , Chicago - Jacques Jean-Marie, Gatot Laurent, Wallemacq Anne (2002), Risk perception and Crisis management: Landscape of Mind, Landscape of action, in FABRI K., YEROYANNI M. (Eds) Natural and Technological Hazards , 24 – 34, Office for Official Publications of the European Communities - Jacques, J-M. Wallemacq, A. Eloy, M. (2002). « Imagination is sometimes worse than reality », 9th Workshop on Managerial and Organizational Cognition, Brussels, 2002, June 12-14. - Jacques, J-M, Lobet , C. & Rousseau, A. (2004). La modernisation de l'hôpital : kaléïdoscopie du changement, Presses Universitaires de Namur. - Lawrence, P., & Lorsch, J., (1967). Organization and Environment. Boston, MA: Division of Research, Harvard Business School. - Mintzberg , H., (1993) Structure et dynamique des organisations, Les Éditions d'organisation. - Wybo J – L. and Jacques J – M. , ( 2006 ) International Journal of Emergency Management ( guest editors ) special issue ‘ Future crisis , Future agenda Guide pratique des évacuations de population Première partie Virginie Verdin MA. , Prof. Dr. Jean – Marie Jacques Table des matières Table des matières ..................................................................................................202 Introduction ............................................................................................................204 1. Définition du terme « évacuation de population » ....................................204 2. Types d’évacuations ..................................................................................207 2.1. Evacuation planifiée ............................................................................207 2.2. Evacuation spontanée ..........................................................................208 2.3. Evacuation post-impact .......................................................................208 3. Complexité d’évacuation ...........................................................................209 3.1. Population à évacuer ................................................................................209 3.2.Lieu et/ou sa configuration........................................................................209 3.3. Type de catastrophe..................................................................................210 3.4. Cinétique...................................................................................................210 3.5. Durée d’éloignement ................................................................................210 4. Planning process ........................................................................................211 5. Le vade-mecum (Draft 3) ..........................................................................212 A. Avant / Phase de planification................................................................212 B. Pendant / Phase d'urgence ......................................................................212 C. Après / Phase de rétablissement .............................................................212 A. AVANT ...........................................................................................................213 1. Plans...........................................................................................................213 1.1. Inventaires ...........................................................................................213 1.1.1. Inventaire des risques ..........................................................................213 1.1.2. Inventaire des moyens .........................................................................217 1.1.3. Recensements de la population ...........................................................221 1.2. Procédures ................................................................................................225 2. Prévention .....................................................................................................226 2.1. Contenu.....................................................................................................226 2.2. Méthode....................................................................................................228 2.3. Forme........................................................................................................228 3. Formation des acteurs ................................................................................229 3.1. Formation aux plans .................................................................................230 3.2. Créativité -réactivité -action.....................................................................230 B. Les conséquences économiques d’une évacuation....................................231 C. Phénomène du « crier au loup » (« Crying wolf ») ...................................232 PENDANT .............................................................................................................234 1. Détection / identification ................................................................................235 2. Décision ..........................................................................................................237 3. Action..............................................................................................................240 3.1. Pré-alerte...................................................................................................240 Supprimé : 2 Supprimé : 4 Supprimé : 4 Supprimé : 6 Supprimé : 6 Supprimé : 7 Supprimé : 7 Supprimé : 8 Supprimé : 8 Supprimé : 8 Supprimé : 9 Supprimé : 9 Supprimé : 9 Supprimé : 10 Supprimé : 10 Supprimé : 11 Supprimé : 11 Supprimé : 11 Supprimé : 12 Supprimé : 12 Supprimé : 12 Supprimé : 12 Supprimé : 15 Supprimé : 19 Supprimé : 23 Supprimé : 23 Supprimé : 24 Supprimé : 25 Supprimé : 26 Supprimé : 27 Supprimé : 28 Supprimé : 28 Supprimé : 28 Supprimé : 29 Supprimé : 31 Supprimé : 32 Supprimé : 34 Supprimé : 37 Supprimé : 37 3.2. Organisation des lieux d’interventions.....................................................240 3.3. Message d’alerte.......................................................................................241 4. Evacuation.......................................................................................................245 4.1. Gestion du trafic .......................................................................................246 5. Réaction de la population ...............................................................................247 5.1. Temps de réaction.....................................................................................248 5.2. La perception du risque ............................................................................250 5.3. L’influence du milieu ...............................................................................252 5.4. Les facteurs sociaux .................................................................................253 5.5. Le message d’avertissement.....................................................................255 5.6. La Foule....................................................................................................256 5.7. L’insécurité...............................................................................................257 6. Contrôle de la zone .........................................................................................257 APRES....................................................................................................................259 1. Accueil ............................................................................................................259 1.1. Recensement.............................................................................................259 1.2. Suivi psycho – médical et psycho – social...............................................260 2. Information .....................................................................................................261 3. Hébergement ...................................................................................................261 4. Management....................................................................................................263 5. Autres tâches des autorités..............................................................................264 6. Retour..............................................................................................................265 6.1. Message de retour.....................................................................................265 6.2. Transports de retour..................................................................................266 7. Débriefing / Retour d’expérience ...................................................................266 Back-up............................................................................................................267 8. Phase de rétablissement ..................................................................................267 Bibliographie ..........................................................................................................270 Supprimé : 38 Supprimé : 38 Supprimé : 42 Supprimé : 43 Supprimé : 44 Supprimé : 45 Supprimé : 47 Supprimé : 49 Supprimé : 49 Supprimé : 51 Supprimé : 53 Supprimé : 53 Supprimé : 54 Supprimé : 55 Supprimé : 55 Supprimé : 55 Supprimé : 56 Supprimé : 57 Supprimé : 57 Supprimé : 59 Supprimé : 60 Supprimé : 61 Supprimé : 61 Supprimé : 62 Supprimé : 63 Supprimé : 63 Supprimé : 63 Supprimé : 66 Avant propos Nous proposons ici un vade-mecum en deux parties comme demandé par le comité d’accompagnement. Le premier vade-mecum est exhaustif et dois servir de base à la lecture et la mise en œuvre du second qui lui est composé de fiches Le travail dioit encore etre valisé par l’ exercice VADEX, plusieurs experts ont deja revu le travail Introduction 1. Définition du terme « évacuation de population » Dérivé du latin « evacuare », signifiant action de vider, le concept d’évacuation de population se définit à partir de deux points de vue: le point de vue de la population, qui quitte des lieux (sortir) ou le point de vue de l’autorité, qui fait quitter (expulser)278 ces lieux. Une évacuation réussie requiert, la pratique nous en informe, la théorie nous l’apprend, une bonne coordination des deux, d'une part l'implication des autorités (ordre d'évacuation, marquage des itinéraires de sortie) et d'autre part individuelle (« decision making »)279. Fitzpatrick et Mileti considèrent une évacuation comme la somme des réactions d'individus quittant une zone où ils se sentent en danger280. Quarantelli et al. la définissent comme un mouvement de masse, spontané ou planifié, d’éloignement physique temporaire d’une source de danger ou de menaces. Cette formulation implique trois caractéristiques: un nombre mesurable de participants, un mouvement circulaire (aller-retour), un comportement plus complexe que simple, collectif plutôt qu’individuel et qui suit plusieurs voies au lieu d’une.281 Pour nous l’évacuation massive est une opération qui consiste à éloigner d’une zone ou d’une situation dangereuse (ou perçue comme telle) un ensemble de 278 art24 p.423 art79 p.918 280 art2-B p.137 281 Art5/114 p.2 279 populations menacées en la faisant se déplacer vers un ensemble de lieux considérés comme sûrs. Concevoir l’évacuation est donc une opération complexe qui nécessite une parfaite collaboration et une grande harmonie entre les différents acteurs concernés, et ce quels que soient leur statut social, leur niveau de décision et/ou leur rôle à jouer durant les événements (notre rapport 1). Dans tous les cas, le concept désigne un déplacement temporaire282 de population d’un lieu considéré (ou perçu) comme dangereux à un lieu considéré (ou perçu) comme sûr. Dans le cadre défini par l’Arrêté Royal du 16 février 2006. — (Arrêté Royal relatif aux plans d’urgence et d’intervention) il s’agira d’un déplacement de population situées dans des zones rouge, et suivant le cas si ces populations sont localisées dans des zones orange et jaune, vers des zones sans risques. La langue néerlandaise différencie le concept d’évacuation de population par l’emploi de deux vocables : « ontruimen » et « evacueren ». Le premier définit une évacuation immédiate et concomitante à la menace. Elle se fait dans l'urgence et est donc peu organisée. « Evacueren » s'emploie dans le cas d’un événement présentant une cinétique plus lente, lorsque l'évacuation est possible avant la menace. L'évacuation est dès lors planifiée et gérée par les autorités283. Cette différentiation est intégrée dans les types d’évacuations énumérés cidessous. L'évacuation est un outil puissant de gestion d'un environnement incertain284. Une zone peut également être évacuée à cause d'une coupure prolongée du gaz, d’électricité, d’eau ou encore d’une impossibilité de faire fonctionner un des services publics lié à la gestion des secours (police, pompiers)285. Les individus dans ce cas évacuent une zone s’ils s'y sentent en insécurité, l'évacuation étant une réponse à un stimulus, le danger.286 "If disaster implies disruption of social life, then evacuation is an indication of disaster. Even if the exodus is a response to a possible threat rather than a realized danger, the emergency movement of people is necessarily disruptive of ongoing social routines. If mass leaving occurs after impact, it is almost always because the physical destruction and damages such as to make normal social 282 art5/111 p.10 Ergo 09 mars 2009 - Luc Bauwens - Oost-Vlaanderen 284 art2-A p.133 285 art44 pp.69 286 art5/111p.16 283 life impossible, or because of the fear of such eventuality".287 Paradoxe face à l'attitude générale des politiques (qui évitent en général de propager tout sentiment de danger au sein d'une population), en cas d’évacuation ordonnée par les autorités il convient de réveiller cette peur. Quel que soit le danger certaines personnes vont refuser d'évacuer288. Les autorités devront donc faire le maximum pour encourager la population à quitter les lieux en utilisant tous les moyens de communication (D5). Une évacuation brise le quotidien et la routine de toutes les personnes impliquées dans l'événement289, elle entraîne par conséquent une certaine confusion au sein de la population ainsi que des réflexes de survie. Contrairement à une idée reçue les réactions de paniques sont rares, la passivité est plus courante. Une panique dépend essentiellement des signes perçus du danger (fumée, peur du terrorisme…) ce qui laisse un certain laps de temps aux autorités pour mettre en place et guider la population pour réaliser l’évacuation dans le calme. Une bonne gestion des événements diminue le stress et la confusion. L'urgence de la situation ne permet souvent aucune personnalisation des impliqués (il s’agira de prendre en charge de manière contingente les populations à risque). L'expérience des évacuations de masse de femmes et d'enfants en Angleterre pendant la Deuxième guerre mondiale a révélé que l'autorité avaient déplacé les évacués comme des unités indifférenciées, déplacées dans n'importe quel espace compte tenu seulement des dispositions quantitatives (nombre de places disponibles). Ainsi, des enfants catholiques se sont retrouvés placés dans des communautés protestantes vindicatives du Pays de Galles "with unhappy consequences"290. Des familles évacuées après le passage de l’ouragan Katrina ont ainsi parfois été séparées pendant des semaines, sans moyens de contact et de localisation (notons à ce propos l’initiative de la croix rouge ….). Dans la mesure du possible les autorités devront tenir compte des particularités de chacun. Afin d’éviter tout redéplacement ultérieur, il conviendra de réfléchir et donc de temporiser le rehébergement. Le passage par un centre d’accueil permettra de répartir la population de manière calme et posée. La gestion d'une évacuation de population implique la contribution des différentes disciplines de secours. Il incombe dès lors à l'autorité compétente de déclencher la phase de secours adéquate et correspondante au niveau de 287 art5/111 p.8 art19 p.1 289 art2-H p.248 290 art27 p.504 288 l’évaluation des nécessités afin d’assurer disciplines. la coordination entre les cinq 2. Types d’évacuations Les types d’évacuation influent sur la gestion des événements au moment de la prise de décision (points Détection, Décision et Action, infra dans le chapitre Pendant). "The type of evacuation is determined by the nature of emergency and the circumstances of the people affected"291 2.1. Evacuation planifiée La décision d’évacuation est prise avant sa mise en œuvre, elle est planifiée. L'évacuation est ordonnée par les autorités. La perception du danger par la population est dès lors dans ce cas, moins évidente. Il faut attacher une grande importance à la communication de l’ordre d’évacuation (voir infra, le point Communication, dans Action, dans le chapitre Pendant). Par la communication on peut influencer (convaincre) la population à évacuer. La conjonction de mesures a plus de chance d’aboutir à des résultats que la prise d’une seule d’entre elles. Ce type d’évacuation est à mettre en corrélation la définition du concept d’évacuation du point de vue de l’autorité (« expulsion »). Plus une zone à évacuer est grande, plus il faudra de temps pour mener à bien l'évacuation. Il convient par conséquent que l'autorité planifie les évacuations de population en suivant différentes étapes: calculer les temps d'évacuations des différentes zones à risque, développer les critères de décision d'évacuation de ces zones et promouvoir la formation, les procédures et les exercices292. Il existe trois sous-types d'évacuation planifiée: l’évacuation ordonnée (« mandatory ») - l’évacuation recommandée (« reccomended ») - l’évacuation volontaire (« volontary »). Ces sous-types d'évacuations ont une influence directe sur le nombre de personnes et sur la manière dont la population va 291 292 art6/125 p.1. art4/85 évacuer.293 2.2. Evacuation spontanée C’est le cas lorsque l’évacuation est déjà en cours lorsqu’elle est décidée par les autorités. Elle est un acte spontané, qui est entre-autres défini comme un acte « que l'on fait de soi-même, de sa propre initiative; qui se laisse aller à son propre mouvement, à son impulsion naturelle sans se laisser freiner ou entraver par les blocages du conformisme, de la raison, de la réflexion, de la volonté, etc. »294. La population évacue donc avant toute gestion de l'autorité. Ce type d’évacuation est en relation avec la définition du concept d’évacuation du point de vue de la population (sortir), ainsi qu’avec le vocable néerlandophone ‘ontruimen’. On considère suivant les observations que dans le cas de nécessité d’évacuer, 15 à 20% de la population va évacuer avant que tout conseil ou ordre d’évacuation ne soit donné par les autorités295. 2.3. Evacuation post-impact La décision d’évacuer se fait après l’incident. L'évacuation post-impact est postérieure aux événements et s'apparente au sauvetage. On peut également différencier les évacuations volontaires des évacuations forcées; de même que les évacuations à court terme des évacuations à long terme; ou encore les évacuations transfrontalières des évacuations sur le territoire sous la même autorité administrative... La destruction ou la mise hors service des moyens locaux, inhérente à certaines catastrophes, peut rendre la réalisation d'évacuations post-impact particulièrement difficile.296 Les points du chapitre Pendant ont lieu après l’incident. Cela signifie qu’une évacuation post-impact est à effectuer non en prévision d’un incident mais lorsque les conséquences de celui-ci rendent la zone inhabitable et qu’elles ne peuvent être résolues dans un délai temporel raisonnable. 293 art17 p.3 http://www.cnrtl.fr/definition/spontané Lexilogos - Trésor - consulté le 25/02/09. 295 art19 p.1 296 art6/123 294 o 3. Complexité d’évacuation La complexité d’une évacuation varie en fonction de différents facteurs (variables ou caractéristiques) énoncés ci-dessous. Certaines de ces caractéristiques sont objectives d’autres sont perçues, elles sont cependant toutes à prendre en compte 3.1. Population à évacuer Plusieurs caractéristiques des populations à évacuer déterminent la complexité d’une évacuation, parmi ces caractéristiques mentionnons : La Démographie en termes de nombre : plus le nombre de personnes à évacuer sera élevé, plus l’organisation de l’évacuation sera difficile. La Densité : Plus la zone à évacuer sera densément peuplée, plus les risques d’embouteillages sur les voies de sorties seront élevés. Types de population: chaque zone aura sur son territoire des individus incapables d'évacuer par eux-mêmes. Ils peuvent être regroupés en institutions (hôpitaux, centres de soins, maisons de repos - centres de détention - écoles ...) ou dispersés au sein de la population. Une attention toute particulière doit être portée à leur recensement, à leur localisation ainsi qu’à leur encadrement. Dans cette perspective, il est intéressant de souligner l’importance de l’assistance, donc d’une présence d’une structure organisationnelle sociale dans la zone (comités de quartiers – associations de mouvements de jeunesse – paroisse…). 3.2. Lieu et/ou sa configuration La topographie de la zone et des lieux peut compliquer ou faciliter l’organisation d’une évacuation. Il est essentiel de garder un esprit ouvert face aux complications éventuelles qui surgiraient suite à la présence de conditions topographiques à prendre en compte (caractères topographiques contingent). Ce qui peut être perçu comme un obstacle (fleuve) peut parfois s’avérer comme un appui (exemple : un fleuve est aussi un véhicule du transport fluvial). La taille et l’étendue de la zone influencent également la complexité d’une évacuation. Par exemple par la multiplication du nombre de personne (population) et par la multiplication des gestionnaires de crise en présence (évacuations transfrontalières). La présence de matières dangereuses sur les lieux ou à proximité des lieux à évacuer (Ex: laboratoires, pompes à essence...) peut également rendre plus complexe la gestion d’une évacuation. Zone à évacuer : quartier résidentiel, lieu de passage, lieu de travail… Un quartier résidentiel est plus difficile à évacuer (attachement au chez-soi, affection à ses biens matériels) qu'un pâté de bureaux. La zone influence la réactivité de la population. 3.3. Type de catastrophe La perception du risque influence énormément le citoyen dans la prise de décision d'évacuer ou non. Les citoyens vont réagir de façon différente en fonction du type de danger, et surtout en fonction du sentiment d’insécurité qui les affecte. . Cette particularité est désignée sous la dénomination de réactivité de la population. Contrairement à une idée souvent reçue, les autorités confrontées à l’organisation d’une évacuation ont plus souvent affaire à une surdité de la population aux ordres d'évacuation (parfois cette surdité est accompagnée de myopie) et non à une réaction de panique297. 3.4. Cinétique La complexité d’une évacuation varie également en fonction de la cinétique de l’incident ou de l’événement. Une cinétique plus lente de la situation de crise va donner plus de temps à l'organisation de l’évacuation. 3.5. Durée d’éloignement La complexité d'une évacuation varie également en fonction de la durée (longueur de l’éloignement) de l'évacuation, entendue comme temps d'éloignement de la population de la zone. Plus les populations devront rester hors de la zone désignée, plus l'implication et le professionnalisme des gestionnaires devront être grande. (Perry, 1982)298. 297 298 art4/83 p.142 231 art2-F p.202 4. Planning process Quelques éléments de planning process ou élément de stratégie : Les recommandations stratégiques seront les suivantes : -Fixer des objectifs (suivant la contingence), construire des objectifs généraux concernant d’ une part la cellule se securité décrite au niveau de l’ A.R. (utiliser les travaux réalisés à propos de l’A.R. par Jacques et al. (Voir annexe) - Fixer ensuite des objectifs au niveau de la province ou des communes, cela risque par risque, prioritariser les objectifs - Anticiper les ressources et services nécessaires pour atteindre les objectifs sectionnés et prioritarisés parmi des alternatives diverses. - Définir un plan général et des plans particuliers : qu’est ce qui arrive, qu’est ce se révèle important, que peut on faire, quoi est à réaliser, comment le faire, avec quoi le faire, évaluer ce qui a été fait. Première étape l’ évaluation initiale qui consiste : à définir le problème , collecter les données , faire la synthèse de données , analyser les données , ensuite il faut établir les priorités et donc sélectionner les critères , établir les priorités , ensuite concevoir un programme et établir objectifs , les formuler , construire l’ action , de l’action générale aux tâches spécifiques , mobiliser les ressources , existe-t-il des ressources locales , les victimes ont-elles , le cas échéant, accès a ces ressources locales , ensuite déterminer la stratégie pour aboutir aux objectifs , appliquer la stratégie aux objectifs généraux et ensuite appliquer le stratégie aux objectifs spécifiques et lancer les implémentations des tâches. La grande étape suivante porte sur l’évaluation et la surveillance, analyse des ressources utilisées, analyse des services rendus, analyse des impacts sur les victimes. Analyse de l’interaction entre les différents niveaux, éventuellement action correctrice (connaître et réaliser des retours d’expériences). La planification permet la réunion et la rencontre des acteurs qui seraient amenés à gérer une situation d'urgence ensemble. Le groupe de planification doit inclure tous les acteurs susceptibles d'être en présence (spécificité des évacuations: les groupes de transport)299. 299 art6/125 p.8 5. Le vade-mecum (Draft 3) Le Vade-mecum n'est pas un "ready-made plan". Il est destiné à guider les autorités locales dans le développement de plans d'urgence et d’intervention300. Le Vade-mecum est divisé en trois phases, chacune ayant ses éventualités et ses problèmes301. A. Avant / Phase de planification Cette phase correspond à la planification d’urgence. Elle comprend toutes les tâches qui sont à réaliser avant l'annonce d'une situation d'urgence (menace ou incident). Il s’agit principalement des inventaires des risques, des moyens, des infrastructures (transports, lieux d'hébergements...) et des différents recensements de populations. La phase de planification permet d'identifier des problèmes potentiels et de rechercher ainsi des solutions afin de gagner du temps en phase d'urgence. B. Pendant / Phase d'urgence Cette deuxième phase se déclenche dès qu'une autorité est informée de l'approche ou du déroulement d'une situation d'urgence (menace ou incident). Elle a pour principaux points la détection de l’incident (information, constitution de la cellule de coordination, diagnostic) ; la décision du Comité de Coordination (ou du PC OPS en cas de cinétique rapide) d’évacuer, de confiner, de ne pas intervenir ou d’attendre ; les actions conséquentes à cette décision et en vue de son application ; et la réaction de la population. C. Après / Phase de rétablissement Cette dernière phase se déclenche une fois l’évacuation terminée (la population a quitté les zones rouge et orange). L’attention des autorités se portera sur la maîtrise de l’incident afin de revenir à une situation normale et à fournir une aide nécessaire aux intervenants (psychologues, assistants sociaux, soins, aides financières, logement, nourriture etc.). 300 301 art4/83 art5/111 p.18 A. AVANT (phase 1) 1. Plans “(…) plans should be adjusted to the probable behavior of people rather than attempting to force people to adjust to plans”302 1.1. Inventaires L'article 26 de l'Arrêté Royal du 16 février 2006 indique que le contenu minimal des PUI (provinciaux ou communaux) doit comprendre divers annuaires, listes et inventaires. On peut considérer l'évacuation comme une des procédures à enclencher en réponse à une situation d'urgence. Sont repris ci-dessous les différents inventaires nécessaires à la planification d'une évacuation de population. 1.1.1. Inventaire des risques Inventorier les risques qui nécessiteraient une évacuation revient à définir les conditions sous lesquelles une évacuation s'avérerait nécessaire.303 Une représentation graphique (« risk mapping ») peut se révéler être un outil efficace pour toute gestion de situation d'urgence. Les risques peuvent ainsi être représentés par des points de différentes tailles (selon leur importance) et les ‘solutions’ immédiates ou à proximité pourront ainsi être géographiquement visualisées. Une évacuation de population se déroulera ainsi immédiatement dans un espace défini et les solutions de sa gestion seront facilement identifiables sur carte (routes, stations d'essence, centre d'accueils...), les solutions seraient dans ce cas plus facile à mettre en œuvre Un exemple de « risk mapping » est accessible sur internet pour les différentes régions des Pays-Bas à l'adresse www.risicokaart.nl. La cartographie peut s'avérer être un excellent outil d'inventaire des risques. Une carte peut donner en un coup d'œil une série d'informations essentielles telles que: - les zones à risques304 302 303 art5/115 p.11 art6/125 p.5 - les informations démographiques - l'implantation des communautés à risques / vulnérables - les itinéraires d'évacuations (« flow, capacity ») - la localisation des centres de soins - les frontières des localités et/ou des régions, pays le cas échéant - les données topographiques - la localisation des services d'urgence et autres - la localisation des infrastructures de survie et autres Différents outils peuvent être utilisés par les Cellules de Sécurité afin d'identifier, de localiser et de pondérer les « risques » présents sur le territoire d'une Commune ou d'une Province. Des outils intelligeant existent, des outils qui combinent différents modes de visualisations, en ce y compris visualisation interprétées sur le plan cognitif ou sémantiques Parmi ces outils nous pouvons citer: - Decisoo explorr - Evoq Des banques de données générales ou particulières existent également : - L'EM-DAT: « The OFDA/CRED international disaster database ». Cette base de données des désastres naturels et technologiques est accessible sur internet sur le site http://www.em-dat.net. Etablie par l'Université catholique de Louvain en 2005 elle dispose entre-autre d'une entrée de recherche par pays. Les résultats se déclinent en différentes catégories et distillent différentes informations par désastre: le lieu, le nombre de impliqués, les dates...305 Cette base de donnée peut aider à établir un historique des désastres ayant frappé une région et donc susceptibles de se reproduire. Un tel travail de recherche peut être complété par le dépouillement de la presse locale et par des conversations avec d'anciens responsables ou une tranche de la population ayant vécu de longues années dans la région306. - EU Medin (european commission) http://www.espon.eu/ 304 Exemple: un dépôt de produits pétroliers à proximité d’un bâtiment en feu, le voir sur carte évite d’orienter les impliqués vers cette zone à risque. 305 art66 p.1145 306 art20 p.3 The MEDIGRID project aims to create a distributed framework for multi-risk assessment of natural disasters. In order to achieve the above strategic objective several parallel tasks must be accomplished and a number of particular objectives to be addressed. The project will integrate in the above framework models of forest fire behaviour and effects, flash floods and landslides, developed in frame of previous EC projects. These models will be upgraded to web applications in order to be able to run remotely as web services over the internet. A distributed repository with EO data, combined with field measurements from countries that have suffered important forest fires during the last summer will be created by the project partners. Such data will be defined according to the requirements of the models that will be integrated and tested within MEDIGRID. The data structure and organization will be designed in order to comply with the concept of respective EC initiatives (INSPIRE, EUMEDIN, ESPON) for data standardisation. The individual models in the context of a models validation framework will use these data. The entire system of models and data will be shaped further as a multi-risk assessment and decision support information platform. http://www.gdacs.org/ http://press.jrc.it/NewsBrief/alertedition/en/NaturalDisasters.html?language=en &page=1&edition=alertedition&option=NaturalDisasters http://search.bbc.co.uk/search?scope=newsifs&tab=news&q=disasters&x=14&y =7%0D http://www.eu-medin.org/index.php http://www.dartmouth.edu/~floods/index.html http://download.roteskreuz.at/save/index.html http://inspire.jrc.ec.europa.eu/ http://www.learn-hazards.org/ http://www.naturalhazards.org/ - GLIMMER « Global-Local Information Merging for Maturing Emergency Response”: outil façonné par le laboratoire Spiral, de l'ULg. - GIS : cartographie du risque « ris identification and mapping » 307: « Systèmes d'information géographiques. Plusieurs systèmes d'information géographique (GIS) ont émergé dans la période 1970-80. Les GIS représentent une variation importante dans le paradigme de la cartographie. En cartographie (papier) traditionnelle, la carte est la base de données de l'affichage d'information géographique. Pour des GIS, la base de données, l'analyse, et l'affichage sont des aspects physiquement et conceptuellement séparés de la manipulation des données géographiques. Les systèmes d'information géographiques comportent le matériel d'ordinateur, logiciel, les données numériques, les gens, les organismes, et les établissements pour se rassembler, stocker, analyser, et montrer des informations sur la terre (Nyerges 1993) »308. Les bases de données MHIDAS UK, FACTS NL, MARS et ESReDA sont accessible au public et répertorient les accidents chimiques et industriels309. Les compagnies d'assurances peuvent servir de guide dans l'établissement des inventaires de risques, ils les calculent. Nous pensons ici particulièrement aux sociétés de réassurances telle que Munich re ou Swiss re, en Belgique l’association BELRIM. Les conditions d'urgence qui requièrent une évacuation se retrouvent parmi les suivantes: tremblements de terre - incendies - inondations – tempêtes autres… Il convient d'identifier les risques, de les pondérer (concept de vulnérabilité, « taux de risque », probabilités d’occurrence) ainsi que d'identifier clairement les zones potentiellement sujettes à évacuation : les zones susceptibles d'être inondées, de subir des activités sismiques, des incendies de forêts. On citera également les aires situées à proximité de zones qui utilisent, vendent, produisent ou transportent des substances dangereuses, zone à risque souvent évidentes, parfois moins (pompes à essence - établissements de nettoyage à sec magasins de hardware - hôpitaux – supermarchés (rayons de produits d'entretien))310. L'expérience de la Discipline 3 invite à inventorier également les établissements tels que les banques, bijouteries et autres endroits où l'on peut situer des biens de 307 Ergo 09 mars 2009 – présentation de Koen de Budt http://www.carte-du-monde.org/gis-gps.html consulté le 07/04/2009 309 art94 p.53 310 art47 p.vii 308 valeur311. Lors d’évacuations ces lieux devront être connu et localisés afin de la protéger. La qualité d’urbanisation est une donnée à prendre en compte lors de la pondération des risques. Par exemple, un quartier construit rapidement à peu de frais sera moins résistant aux conséquences des catastrophes. (Carmel, Cancun312). Chaque type de risque voit son taux augmenter ou diminuer en fonction de sa localisation. Les risques sont façonnés par la topographie, la nature du sol, le climat, les entreprises et les accès d'un lieu313. Déterminer des zones à risque est éminemment subjectif. Des standards peuvent être établis (ex. Seveso), mais les conditions météorologiques peuvent altérer la zone à évacuer. Une zone à évacuer peut subir des modifications en cours d'événement314. Les risques sont également liés au taux de concentration de la population. La difficulté d'une évacuation augmente en parallèle à la taille (nombre de personnes et surface à évacuer) de l'évacuation: si la population augmente, l'infrastructure et la logistique a mettre en place tendance à se complexifier315. Un même phénomène peut être considéré comme risque dans un lieu et pas dans un autre. En effet le "Community Context", concept qui regroupe les ressources communautaires opposables à un danger (équipement - infrastructure connaissances - planification...) influence la résilience et la robustesse d'une population face au danger.316 Il s’agira donc de se pencher sur le caractère contingent de la situation et du phénomène 1.1.2. Inventaire des moyens Outre les moyens de transports et les lieux d'accueil et d'hébergement, détaillés ci-dessous, l'organisation d'une évacuation requiert une série de moyens qu'il s'agit d'inventorier. 1.1.2.1. Inventaire des moyens de transports Il convient à chaque commune d'établir un inventaire de ses ressources en moyens de transports (car de ramassage scolaire, etc...) ainsi qu'une fiche de leur 311 art19 p.5 art5 313 art20 p.1 314 art78 p.230 315 art17 p.2 316 art5/111 p.26 312 emploi du temps afin de savoir si ces derniers sont disponibles au moment adéquat. Outre les moyens communaux, réquisition peut être faite des transports privés en commun, des taxis, des sociétés de location de voiture et des compagnies d'autocars. Les sociétés de transports en commun (STIB, TEC et De Lijn) sont enclins à mettre à disposition des bus et, dans le respect des réglementations sur la protection des travailleurs, leurs chauffeurs qui se porteraient volontaires. Ces compagnies répondent aux autorités qui font appel à ces moyens. Des points de ramassage doivent être établis dans la zone orange, ainsi qu'un itinéraire d'entrée et de sortie afin de relier ce ou ces points de ramassage avec le centre d'accueil. Situer les points de ramassage dans la zone orange permet de garantir la participation de chauffeurs. Spécifier un itinéraire précis (voie express) permettrait une intensification et par conséquent plus de rotation des trajets317. Les autorités doivent également veiller au bon approvisionnement en carburant ainsi qu’à la logistique ayant trait au confort des conducteurs (repas et sommeil)318. Des moyens de transports particuliers doivent être envisagés pour « les communautés vulnérables»319. Des dispositions particulières doivent être prises au sein des Plans Internes d'Urgence. Les autorités en fonction doivent veiller à la multiplicité des acteurs mis à contribution (par exemple tous les homes d'une commune ne doivent pas faire appel à la même compagnie de transports en cas d'évacuation d'une large zone). 1.1.2.2. Inventaire des lieux d'accueil et des lieux d'hébergements La Discipline 2 devra établir une liste des lieux d'accueil susceptible de recevoir les impliqués. Une fiche de leur emploi du temps ainsi que de la personne responsable à contacter doit être établi. Les lieux susceptibles d'être aisément réquisitionné sont à identifier (exemple : halls de sports >< écoles). Les lieux d'accueil doivent pourvoir à la mise à l'abri et à l'accueil temporaire des impliqués. La notion de temporaire doit être précisée, en effet les spécifications des lieux seront différente suivant la longueur de l’accueil. 317 art1b p.28 art1b p.27 319 Voir ci-dessous 318 La localisation des centres d'accueil près d'autoroutes devra être favorisée320, ainsi que leur localisation dans ou à proximité de zones à forte densité de population (Whitehead et al. 2000)321 , ce afin de répondre le plus facilement possible à tout type de demande. Ils doivent être équipés: − De commodités sanitaires (+ papier toilette). A défaut penser à louer des latrines − D’adduction et d'évacuation d'eau − De moyens de restauration − D’une pièce pour la prise en compte particulière des bébés et enfants en bas âge. − D’une pièce isolée susceptible de servir comme lieu d'annonce de mauvaises nouvelles − D’une pharmacie « quotidien ». Les personnes évacuées n'auront en effet pas les mêmes besoins médicaux que les traumas traités par le P.M.A. − D’une aile séparée pour les équipes de secours − D’une zone d'hébergement séparée pour les animaux de compagnies. A défaut, prendre un arrangement avec des chenils identifié par avance, ainsi que d’ autres centres d'accueil spécialisés. En effet, certains propriétaires d'animaux risquent de refuser d'évacuer tant qu'on ne leur certifie pas qu'un arrangement a été pris pour leurs animaux322 − D’un hôpital et/ou d’un centre de soin à proximité323 − De rampes et autres accommodements accessibles aux personnes à mobilité réduite et aux personnes souffrant d’handicaps. En effet, les centres d'accueil d'urgence ont souvent des équipements de secours inadaptés (toilettes portables...)324 − Des centres d'accueil et/ou d'hébergement doivent être prévus pour les « communautés vulnérables ». En effet ces personnes ont souvent besoin de matériel de soins et d'équipes soignantes particulières325. Des transferts vers des lieux apparentés (homes, centres pénitentiaires...) peuvent être planifiés dans les PIU et PPUI. Les lieux de destination seront choisis en fonction de six facteurs: la proximité, la famille, la taille, la densité de population, la sécurité et l'attrait de 320 art78 p.235 Cité dans art78 p.235 322 art19 p.2 323 art78 p.234 324 art40 325 art62 p.100 321 la capitale326. Des logiciels indiquant la localisation de l’abri le plus proche et des itinéraires peuvent être mis à disposition sur internet. A l’exemple de : http://maps.csc.noaa.gov/HEZ/Template/index.jsp, site où l’on entre ses coordonnées dans un logiciel qui détermine alors l’itinéraire conseillé327. Certaines assurances couvrent les frais de délogement. Il est utile de mettre les numéros de téléphone des compagnies d'assurance à disposition de la population au centre d'accueil, afin que les familles couvertes par les assurances fassent appel à ces dernières328. En cas de prolongement du temps d'éloignement les autorités seront en charge de l'hébergement des populations déplacées. Environ 20% de la population exprimera la demande à être abritée dans un abri public. La majorité des personnes évacuera chez des amis, dans de la famille ou dans des hôtels.329 1.1.2.3. Moyens de restauration Le centre d'accueil doit pourvoir à l'alimentation des impliqués. Un sandwich, des snacks et une tasse de café suffiront pour quelques heures, mais des dispositions en conséquence doivent être prises si le temps d'éloignement se prolonge. L'équipement et la nourriture doivent être de préférence neutres (pas de porc...) et offrir des alternatives (cachère, végétarien, halal ...), de manière à respecter les habitudes alimentaires de chacun. Les CPAS peuvent se charger de fournir les repas, la protection civile peut mettre des tentes cuisine à disposition et, si nécessaire, des contacts peuvent être établis avec des entreprises privées de restauration (type Sodexho). En cas d'évacuation à très grande échelle, il est conseille de privilégier la dispersion des centres aux centres de masse330. Il convient dès lors de les placer aux différents points cardinaux afin d'éviter tout goulot d'étranglement. Les centres d'accueil seront pour certains impliqués un lieu de passage où recevoir des informations et d'où organiser leur « séjour ». Ils devront s'y enregistrer. Tout recensement mené suite à une évacuation sera rarement exhaustif, une grande partie de la population quittant une zone à évacuer par ses 326 art6/123 Art6/121 328 Interview n°6 329 art19 p.2 330 art1b p.26 327 propres moyens ne prendra pas nécessairement contact avec les autorités si elle n’en éprouve pas le besoin331. (Voir infra, Pendant – Recensement). Pour les périodes d'éloignement à très long terme, les lieux d'hébergement doivent proposer de multiples facilités: écoles, centres communautaires et civiques, églises, centres sociaux et culturels... Ils ne doivent pas être établis dans une zone à risques.332 1.1.3. Recensements de la population333 Les variations de la structure communautaire (religions, origine ethnique...) peuvent influencer les comportements et les besoins individuels avant, pendant et après l'évacuation. Exemple est donné de la communauté vietnamienne au cours du désastre Katrina, organisée via le web et de manière trans-étatique pour aider les évacués d'origine vietnamienne de la Nouvelle-Orléans334. La communauté musulmane, présentant souvent des liens familiaux plus serrés, se relogera rapidement auprès de proches335. Les recensements doivent être disponible par bloc résidentiel, rue, quartier, pour toute zone rouge susceptible d'être établie. Les taux et types de population peuvent varier selon les saisons (zone de vacances, travailleurs saisonniers...). Le recensement partiel doit être in fine centralisé au sein de l’administration. 1.1.3.1. Les communautés « vulnérables » Il est indispensable de recenser et de localiser particulièrement les « communautés vulnérables ». Cette appellation désigne toutes les populations qui n'ont pas les capacités (physiques, mentales ou institutionnelles) d'agir en tant qu'individu336. Ce type d'individu n'est pas nécessairement placé en institution. Certaines personnes âgées ou malades reçoivent en effet des soins à domicile. Elles requièrent une assistance spéciale durant les évacuations et sont difficilement recensable lors de la planification337. La difficulté tiens également au fait que l'appartenance d'un individu à une «communauté vulnérable » n'est pas toujours 331 Interview n°4 art78 p.233 333 Peuvent être établis avec des statistiques, des enquêtes communautaires, des discussions avec des groupes locaux, le ministère de l'éducation, de la santé,… in : art1c p.30 334 art52 335 Interview n°4 336 art2-H p.248 337 art19 p.1 332 visible ou immuable (jambe cassée, femme enceinte, arthrite, asthme)338. Ces « communautés vulnérables »requièrent une gestion particulière lors des évacuations339 souvent à cause d'une mobilité réduite due à des diminutions de capacités physiques, mentales340 ou institutionnelle, temporaires ou à plus long terme. Par incapacité institutionnelle nous entendons que la décision d'évacuer ou non ne leur appartient pas341. La difficulté de leur évacuation vient également pour certains des besoins en soins342. Le transport et l'accueil doivent être organisés afin d'assurer les soins et l'accompagnement (infirmières mais aussi porteurs). L’hébergement doit se faire dans une zone ou dans un centre séparé de la population générale. Quoi qu'il en soit, ce type d'évacuation est ingérable par l'autorité seule. Ces établissements doivent avoir des plans internes d'urgence envisageant une évacuation à court, moyen ou plus long terme. L'obligation peut être légale (condition à l'obtention de licence). L'aide supplémentaire nécessaire peut être interne (soutien des travailleurs qui ne sont pas en service)343. Les différentes catégories de patients et leur différence de besoins en matière de soutien médical impliquent l'hétérogénéité du staff médical344. Le recensement des communautés vulnérables comprend: 1. 2. 3. 4. 5. la nature de la vulnérabilité le nombre estimé les aires de concentration les voies d'assistance suggérées la source d'information Ils peuvent être établis avec des statistiques, des enquêtes communautaires, des discussions avec des groupes locaux, le ministère de l'éducation, de la santé… Ces « communautés vulnérables »sont: 338 art36 p.2 art2-H p.247 340 art2-H p.248 341 art2-H p.250 342 art2-H p.249 343 art2-H p.255 344 art26 p.963 339 • les grabataires, infirmes et/ou malades difficiles à transporter • les maisons de repos / homes • les hôpitaux (plan MASH)345 • les handicapés (en institution ou non - à long terme ou à plus court terme (blessures...)346: • sourds - aveugles - muets (limitation de la vue, de l'écoute, de l'élocution) – pathologie mentale (limitation de la mémoire - du jugement - de l'apprentissage - du processus d'information) • individus souffrant de problèmes émotionnels, cognitifs, de raisonnement ou d'apprentissage. Les individus qui souffriront de confusion mentale lors de la confrontation à des événements extraordinaires (perte de l'orientation, de vision, de l’ouïe) • limitations temporaires résultant mais non limitées à : chirurgie - accidents et blessures (os brisés, foulures) - grossesse347 • « mobility-impared » problèmes de mobilité : douleurs aux articulations (escaliers...) - béquille - canne - fauteuil roulant - marcheur348- personnes en surpoids349 • allergies, sensibilités chimiques350, problèmes respiratoires: conditions cardiaques - asthme - emphysèmes - ou autres symptômes de réaction au stress, à la fumée, à l'effort...351 Les personnes en cours de traitement ou subissant des soins médicaux devront être en possession de leur dossier médical pendant le transfert. • Les écoles: selon la cinétique de la situation d'urgence il est conseillé de renvoyer les enfants chez eux (pour ensuite les évacuer en famille) ou si cela n’est pas possible les évacuer et prévoir un rassemblement familial impératif plus tardif. Quoi qu'il en soit il faut avertir les parents des plans prévus et il faut 345 Interview n°6 art75 p.487-488 347 art41 p.3 348 art41 p.3 349 art75 p.488 350 art41 p.i 351 art41 p.3 346 s'attendre à voir les parents débarquer en masse dans les écoles. Les compagnies d'assurances et/ou mutuelles peuvent discuter des plans (regroupement familial) en cas d'évacuation. • Les accueillantes et autres garderies d'enfants • Les prisons - maisons d'arrêts pour jeunes - centres de désintoxication. • Les monastères et autres communautés352 • Attention à la psycho sociologie des citoyens: les individus pauvres, isolés – en argent, en formation, en réseau social faible – évacuent plus difficilement. Un suivi plus strict est donc nécessaire. • Les maîtres d'animaux de compagnies • Les personnes en transit: touristes - travailleurs saisonniers – sans-abris. Ils ne peuvent, par nature, être recensés ne connaissent pas les lieux et ignorent les mesures à prendre (comment – où évacuer). Il faut prévoir pour eux une information à l’office du tourisme ou à la maison communale par exemple dans les zones à risque : la prévention ne nuit pas au tourisme. • Les « dépendants en mobilités », les individus qui ne possèdent pas de voitures sont également à prendre en charge de façon plus spécifique. La planification pour les « mass transit dependents » est plus complexe353. L'accès aux voitures est parfois le résultat d'un choix et n'est pas toujours dû à des raisons financières. Certains individus auront donc la possibilité financière de louer une voiture mais la demande excédera l’offre354. L'autonomie mobile peut également varier selon les circonstances ex. fin du mois et prix du carburant prohibitifs pendant l'évacuation préventive de Katrina. • Les zones de bureau: il existe de grand écarts de population entre le jour et la nuit – peu d'accès aux médias (télé – radio…). En cas de « volontary » ou « reccomended » « evacuation », les employés seront dépendants de leur employeur pour la décision d’évacuer (quitter le bureau pendant les heures de travail). L'établissement d'un annuaire téléphonique par rue, contenant les numéros de GSM peut s'avérer utile pour le système de « cityalert » par sms ainsi que pour 352 art91 p.202 art1b p.24 354 Art1b p.25 353 une localisation post-évacuation. Il ne faut pas trop compter sur la disponibilité des réseaux en cas de situation d'urgence, ceux-ci étant rapidement saturés. 1.1.3.2. Inventaire des équipes Les cinq disciplines décrites dans l’A.R. prendront part à la gestion d'une évacuation de population, quelle que soit sa taille. La composition de la Discipline 4 variera en fonction du type de situation d'urgence. Il convient de spécifier, dans les PPUI, quels sont les acteurs particuliers intervenant dans la résolution de la crise. Il peut s'agir suivant le cas de représentant d'une société de transports en communs, de l'équipe de sécurité interne d'un bâtiment (steward de football355), d'un type particulier d'expert ou de matériel. L'inventaire des équipes devra spécifier le temps de rassemblement nécessaire et d'action ainsi que les coordonnées des équipes et responsables des disciplines. Il est recommandé d'effectuer leur appel de façon centralisée (via le centre 100 ou le 112 par exemple). 1.2. Procédures Les procédures doivent être établies par type de risque et doit comporter les différents inventaires repris ci-dessus ( // Plan Particuliers). Il est important de prendre connaissance des plans d'évacuations des communes/provinces limitrophes afin d'être disposé à recevoir les populations évacuées, afin de supporter les plans d'évacuations des communes /provinces voisines et afin de prévenir toute congestion liée aux itinéraires d'évacuation356. Il est conseillé d'échanger ses plans et de les inter-relier entre communes et provinces. Tout ceci facilitera la coordination si nécessaire Remarque: En zone agraire Etant donnée l'ampleur et la difficulté d'évacuation des têtes de bétail en zone agraire (50 camions -7jours/7, 24h/24 = 19 jours pour un troupeau de 200.000 bêtes), il est conseillé aux fermiers de prévoir d'eux-mêmes, et pour eux-mêmes, un plan d'urgence et d'évacuation.357 Dans le cas où le troupeau ne pourrait être évacué, il est conseillé d'insister auprès des fermiers quand à l'ordre d'évacuer 355 ITW Sclessin Art1c p.39 357 Art1c.32 356 car, comme pour les animaux de compagnie, laisser ses animaux derrière soi peut être un facteur freinant l'évacuation. IMPORTANT: REVISION PERIODIQUE DES PLANS POUR EVITER TOUT OBSOLESCENCE DES DONNEES 2. Prévention La réactivité (voir plus loin Pendant – Réaction de la population) du citoyen dépend de la prévention. Nous vivons dans une société confortable dans laquelle la technologie multiplie les risques de catastrophes. Une participation active et citoyenne facilitera l'organisation et la mise en œuvre des opérations de secours. Le citoyen doit être proactif. «We need to be proactive, and rely as much as possible on ourselves (and not to count on others), to find the exits and to make decisions about our safety (Kailes 1996) »358 Pour les personnes handicapés voir le "buddy system"359: il s'agit d'un arrangement personnalisé avec un ou plusieurs collègues disposé à aider, et informé quant à la manière de faire, la personne en difficulté en cas de situation d'urgence. Une évacuation peut avoir des conséquences importantes sur la psychologie des impliqués, spécialement chez les enfants. Il est important d'impliquer ces derniers dans le développement des plans afin de diminuer leur anxiété en accroissant leur compréhension360. Remarque: Lors de l'établissement des plans, faire appel aux citoyen peut s'avérer doublement constructif: pour l'établissement du plan en lui-même (connaissance diverses: lieux…) et pour la prévention et responsabilité citoyenne361. 2.1. Contenu • 2.1.1. Éducation sur les risques 358 art41 p.6 art36 – art43 360 art70 361 Art1c p22 359 • 2.1.2 .Éducation aux messages: au contenu et à l'émetteur Il est important de responsabiliser les citoyens par des messages tels que « on ne sera peut-être pas voire plus en mesure de venir vous sauver si vous n'évacuez pas »362 A la terminologie « évacuez » peut même être préféré le terme « sauvezvous » pour un impact significatif et responsabilisant. Tout message d'alerte doit communiquer: • qui est responsable du plan d'évacuation • qui est en charge de l'évacuation • qui contacter en cas de questions • où trouver des informations supplémentaires ou plus détaillées • quels seront les signaux d'alarme, les itinéraires, la signalisation… • quels et où se situent les lieux d'hébergement, de soins… possibles • quels sont les risques locaux • quels sont les gestes à accomplir en cas de catastrophes/accidents - couper le gaz et l'électricité - rassembler un minimum de bagages - emporter votre kit d'évacuation (évolue en fonction de la cinétique et de la durée d’éloignement): • nourriture (non périssable, prête à manger) • eau (pour 3 jours. Un gallon par personne/jour) • carte d'identité – carte sis – papiers médicaux- cash - papiers d'assurances – permis de conduire - certificats importants – clés de coffres et cartes de banque – inventaire des biens de maison…363 • GSM + chargeur – numéros de téléphone de la famille et des amis • bougies / briquet / torche - radio portable – piles • médicaments – lunettes de vue, produit lentilles - trousse de toilette (lingettes, papier toilette...) • allumettes dans un emballage waterproof – sifflet • vêtements de rechange pour 72h (adaptés au climat)364 • sacs de couchage / couvertures • nourriture, cage de transport, laisses pour animaux365 • cartes routières locales 362 Katrina1 p.51 art118ter 364 Art3b p.13 365 art19 p.9 363 • accessoires de cuisines • couches, biberons, tétines, lait en poudre,... pour les bébés366 • livres, jeux de sociétés367 En cas d'inondation: o mettre le plus de biens possibles aux étages supérieurs ou surélever les objets o s'assurer du confinement de toute sorte de produits chimiques o s'assurer du bien-être ou du suivi des voisins 2.2. Méthode - Publications: brochures – cartes… - Kits scolaires: copies des brochures ou des plans - Publicités: utilisation des médias locaux - Internet: emails et site de la commune. Une fois les inventaires des risques établis, ils pourraient être mis à disposition de la population via un site internet (ex: www.risicokaart.nl). Le citoyen pourrait prendre conscience des risques qui l'entourent en encodant son adresse et de là suivre un lien vers les gestes à accomplir en telle situation. Une seule campagne de prévention pourrait dès lors former la population à tous types de risques. Les gestes à accomplir en cas d'évacuation seraient une des fiches-lien. - Présentations: présentation standard – réunions d'informations - Événements / stands dans les endroits publics: centres de soins – librairies – centres d'information – centres touristiques… 2.3. Forme - Les Items et signes : la signalisation (attention aux enfants ainsi qu'aux mal voyants) in situ peut s'avérer constructive dans la prévention et lors de l'évacuation, économisant ainsi des ressources humaines (policiers). Les panneaux de signalisation peuvent être implantés de manière définitive ou uniquement en cas d'évacuation. Dans ce dernier cas les plans devront définir exactement les lieux d'emplacement et qui est responsables de cette action. La 366 367 art43 p.17 art44 pp.60 standardisation des signalisations des itinéraires d'évacuation est recommandée. - Cartographie et établissement d'un plan d'évacuation pour éviter les embouteillages (si tel point de chute -tel plan d'évacuation...). Préparation à un échelonnement des évacuations destiné à éviter les embouteillages. Les cartes désignant les zones à risques, les itinéraires d'évacuation, les centres de soins et d'urgence ainsi que les signaux de danger pourraient être un bon outil de prévention. - Exercices encadrés par les pompiers matérialisent risques et solutions aux yeux de la population. Les exercices d'évacuation sont courants dans les bâtiments publics, surtout dans les écoles. Il faut organiser les exercices L'évacuation annuelle des bâtiments est une obligation légale depuis 1972.368 Cette obligation résulte de la prévention incendie et non civile. Les gestes d’évacuation sont ainsi inculqués aux enfants (pas de panique, pictogramme de sorties de secours...). Les leçons (apprentissages) de tels exercices ne peuvent pas être révélatrices du comportement qu’aurait un autre type de groupe. En effet, H. Klüpfel et al. Nuancent un tel type de résultats: les guides (professeurs) sont très bien entraînés, ce qui supprime les doutes d'itinéraire pouvant éventuellement subsister pour le reste de la population. La population d’élèves est déjà divisée en groupes (classes). Les élèves sont en moyenne plus en forme que la population générale, ils connaissent bien les lieux et sont habitués à suivre les instructions de leur professeur369. Des études ont démontré que les comportements en situation réelle (sous stress...) sont assez proche des comportements attendus370. 3. Formation des acteurs "Plans, like a musical score, only provide the framework" 371 "Think out of the box" (Jacques et al.) est une source de robustesse (Laurent, Jacqsurd). La définition d'une crise en fait une situation d'urgence qui dépasse l'accident et est donc par essence imprévisible. La structure d’une situation d’urgence réelle peut différer des prévisions, il est important d'en être conscient afin de ne pas être déstabilisé, paralysé. Etre préparé à l'imprévu est un acquis essentiel pour une résolution de crise et l’on ne peut y interférer que moyennant la formation des acteurs. 368 Travail Gr1 UCL p.2 art14 p.5 370 art76 p.886 371 art5/111 p.155 369 Un exemple d'imprévisibilité: lors de Katrina, les autorités avaient prévu que les lignes téléphoniques seraient dérangées, mais personne n'avait supposé que les réseaux de téléphones portables seraient endommagés également372. Autre grande imprévue lors de la frappe du cyclone: les équipes de secours étaient elles-mêmes devenues impliqués. Il faut garder à l'esprit que des officiels de secours pourraient, en cas d'évacuation de très grande ampleur, quitter leur poste. L'absence d'officiels clé en temps crucial doit donc faire partie de la planification d'urgence373. 3.1. Formation aux plans Inclut la formation en communication: la forme du message influe sur son effet, d'où l'importance du rôle de la discipline 5. (Voir Pendant - Réaction) 3.2. Créativité -réactivité -action « In conclusion, the aim of emergency management training should not be to train for a routine response. The aim should be to develop individual skills and a supporting organizational culture that enable continuous critical reflection on current behavior, on resulting decisions and on their consequences for the future »374. Le laboratoire Spiral (Ulg) propose des formations adaptées au responsable de la planification d'urgence communal: Planicom http://www.planicom.be/project.php Des personnes qui se connaissent travailleront plus facilement ensemble en situation de crise375. Les formations et les exercices peuvent être des lieux de rencontres entre gestionnaire d'urgence amenés à travailler ensemble en situation d'urgence. Le ReCCCoM a développé une compétence particulière dans l’observation et le retour d’expérience (Wybo et al.) ainsi que l’organisation des exercices. 372 art61 p.2 art5/111 p .154 374 art22 p.3 375 art92 p.183 373 4. Les conséquences économiques d’une évacuation L’évacuation résulte d’une décision difficile à prendre par les conséquences qu’elle implique. Outre le dérangement de la population, l’évacuation d’une zone a des conséquences économiques : les autorités en charge de la gestion de la situation d’urgence (selon le niveau de la phase) recevront les factures d'électricité, d'essence, de location, de nourriture... Le coût d'une évacuation à 100 miles376 pour une famille de trois personnes pendant quatre jours s’élevait à 185 $ par personne en 1982377. Cette somme inclut les frais de transport et de logement ainsi que salaire du personnel impliqué par l'évacuation et une compensation pour perte du revenu personnel pendant la période d'éloignement378. Des frais d'arrêt de production existent pour le secteur industriel.379 Il en est de même pour le secteur des services, il faut prévoir un « business continuity plan » Les compagnies industrielles ont différents modes d'arrêt de production, variant selon les frais, le temps et la main d'œuvres requis. Il faut tenir compte des différentes caractéristiques afin de définir si, dans le cas d'une menace pas encore avérée, un arrêt de production préventif et donc moins abrupt est préférable à un arrêt plus tardif et donc plus abrupt380. Plus l’occurrence d'une situation d'urgence augmente, plus le coût de la décision postposée d'une évacuation augmentera, en même temps que le coût dû à la réduction du temps d'arrêt diminuera. Une partie des produits manufacturés pendant l'arrêt de la production pourront être perdus381. Les couts de production peuvent s'étendre à des compagnies liées de par la chaîne de production à l'entreprise évacuée382. Le temps de remise en marche peut être extrêmement long et augmenter d'autant les couts383. 376 161 km Environ 185 Euros selon le taux de change en francs français en 1982 et le taux de change à l’euro en 1999. 378 art4/83 p.139 379 art4/88 p.479 380 art4/87 p.1. 381 art4/88 p.479 382 art4/88 p.479 383 art4/88 p.479 377 La limite de temps de décision est définie par le temps nécessaire aux employés pour quitter la zone d'évacuation.384 La cellule ECOSOC analyse toutes les conséquences socio-économiques d'une évacuation.385 Une autre conséquence économique pourra être la dévaluation des propriétés situées dans la zone évacuée386. Les principales conséquences économiques seront pour les entreprises situées dans la zone évacuée mais il faudra également prendre en compte l’influence des routes coupées sur l'économie et sur la vie sociale387. 5. Phénomène du « crier au loup » (« Crying wolf ») Outre les conséquences économiques et sociales négatives que peut avoir une évacuation, les officiels des secours craignent parfois que l’expérience d’une évacuation inutile affecte la réussite d’une évacuation effective de la population la fois suivante388. Aucune preuve empirique ne certifie la validité d'une telle présomption389. Recommander une mesure de protection qui s'avère en fin de compte inutile est une "false - positive response". Ne pas implanter de mesure de protection qui aurait dû être prise est une "false-negative response". "As a general rule, people from the utility tend to express just as much concern about a false-positive response as about a false-negative response. By contrast, the government agencies tend to have substantially less concern about a falsepositive response than about a false-negative response."390 Les conséquences d'une "false-positive response" sont économiques. Celles qui suivent une "false- negative response" affectent la sécurité et la santé publique.391 Les fausses alertes qui mènent à une réponse publique telle que l'évacuation peuvent préserver l'intégrité du système si les raisons qui l'ont provoquée sont 384 art4/87 p.6 ITW A. Dassy 386 Art2-E p.190 387 Art64 p.493 388 Art2-J p.305 389 Art2-J p.306 390 art4/85 p.126 391 art4/85 p.126 385 expliquées au public392. L’inverse s’avère beaucoup plus compliqué à justifier aux yeux de la population. 392 art92 p.190 B. PENDANT Les actions protectives entreprises durant la première phase succédant une situation d'urgence sont basées sur des évaluations et des prédictions393. La décision d'évacuer un bâtiment, une rue, un quartier, peut être prise à tout moment. Elle est parfois évidente et urgente et relève dès lors du Commandant des opérations (Dir Pc-Ops). Si la cinétique de l'événement le permet, la décision d'évacuation sera le résultat de différentes étapes. La première décision concerne le déclenchement ou non d'une phase et à fixer son niveau. Cette décision peut évoluer en fonction de la suite des évènements. Une évacuation implique les différentes disciplines394. Discipline 1: première intervention Discipline 2: présence de « communautés vulnérables »– centre d'accueil – triage - recensement Discipline 3: réseau routier – les conditions météorologique – l'ordre public – guide de la population (colonnes, ordre d’évacuation) – contrôle de l’accès aux zones Discipline 4: les conditions pratiques du centre d'accueil – soutien logistique aux autres disciplines Discipline 5: information vers et avec les médias – directives à la population (forme) Il est toujours préférable de prendre la décision d'évacuer en présence d'une multitude de fonctions pluridisciplinaires395. Il est dès lors plus que conseillé de déclencher une phase communale/provinciale en vue de coordonner les cinq disciplines. La décision d'évacuation doit être prise par le Comité de Coordination suite à l'analyse des risques. Elle s'appuie, d'un point de vue législatif, sur: - la loi provinciale et communale - la loi du 15 mai 2007 sur la Sécurité Civile - la loi du 5 août 1992 sur la fonction de police 393 Art4/83 p.133 Art3B p.2-3 395 Art82 p.1 394 - l'Arrêté royal du 16 février 2006 sur la planification d'intervention et d'urgence396 o 1. Détection / identification Les premières étapes, commune à la gestion de toute situation d’urgence sont les suivantes : − Information sur le risque, description des faits, calcul des conséquences (effets dominos397) − Réunion des principaux acteurs (Comité de coordination) et des experts. − Evaluation, pose du diagnostic : les conditions peuvent s'améliorer ou empirer pendant l'évacuation398, ce qui signifie que le diagnostic peut évoluer : bouclage − Recensement de la population : évaluation du nombre de personne à évacuer (habitants des zones rouge et orange). Il est difficile voir impossible de recenser le nombre exact de personnes en peu de temps, particulièrement dans les endroits ouverts. Il conviendra dès lors de se baser sur une estimation calculée en fonction de la moyenne de fréquentation (lieu ouvert). - Identification des « communautés vulnérables » en présence399 - Identification des différentes solutions ("screening")400 - Définition du type - Définition de l'emplacement du C.A., du C.A.T. et du C.E.P. (Pc-Ops ou CC (si en place) et D2 cf. PIPS p.40) - Evaluation du temps d'évacuation. Calculer le temps d'évacuation dépend d'une multitude de facteurs401: - le temps de mobilisation des moyens402 - la dispersion des messages d'avertissement 396 Art3b p.23 Art3B p.4-5. 398 art25 p.406 399 art82 p.1 400 art29 p.618 401 art56 p.3756 - art72 p.172 397 - le temps d'acceptation des messages par la population (réception – vérification403) (voir infra point 5. Réaction) - la population concernée (nombre de dépendants en mobilité, présence de communautés vulnérables...) - la familiarité des lieux pour la population à évacuer404 - le temps de réponse (décision d’évacuer ou non) (voir infra point 5. Réaction) - le temps de préparation de la population - les caractéristiques de la zone rouge (voir infra, point 2.Décision) - le mouvement de sortie de la zone rouge (le temps de voyage) - Facteur de sécurité routière (le temps d'attente : embouteillages, accidents…)405 La sortie de la zone rouge se fera à pied en cas de cinétique rapide. Pour une foule piétonne il convient de diversifier les itinéraires d'évacuation afin d'éviter les goulots d'étranglement. La moyenne de vitesse de marche d'une personne seule est d’environ 1,4 mètre par seconde soit 83,3 mètres par minute. Ces moyennes valent tant que la densité d'une foule ne passe pas au-dessus de 1.5 capita/m². Sinon la croissance est inversement proportionnelle ; soit plus la densité de la foule est grande, plus la vitesse de marche se réduit406. La vitesse de déplacement dépend de l'âge, de la condition physique, des vêtements, du port ou non de bagages...407 Quelle que soit l’estimation du temps d’évacuation, il faut comptabiliser trente minutes de marge408. On estime que le temps de prise de décision est en général le plus long ou égal409. Proulx et Sime affirment qu’il dure plus longtemps que le mouvement de sortie410 402 Temps de rassemblement des managers – des services d'urgence et des équipements art1 ou 4 404 art3/45 p.872 405 art1c p.45. 406 art12 p.2496 407 art107 p.273 408 Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale 409 art3/45 p.874 410 art68 p.26 403 Il sera idéalement accompli avant le feu vert d’évacuation411 et est influençable par les exercices et la prévention412. o o 2. Décision Les principales inquiétudes ayant trait à l'ordre d'évacuation sont les conséquences légales possibles en cas de fausse alerte par rapport à de possibles accusations de négligence413. Quatre solutions sont envisageables : - évacuation - confinement - rien faire - attente Le décideur doit se poser les questions suivantes414: • Est-ce que le confinement se révèle être une solution suffisante? • Y a t il assez de temps pour procéder à une évacuation? Si les réponses comportent un oui, un non, la solution est désignée. Si les deux réponses sont oui, les décideurs se retrouvent confrontés à un dilemme mais sans gravité. La décision sera dès lors basée sur le coût et la continuité communautaire. Si les deux réponses sont négatives, le problème est plus grave et il faut envisager des solutions alternatives. Celles-ci peuvent être: - une évacuation « expédiée » - le confinement plus isolé (on conseille à la population de boucher toutes les voies d’aération - uniquement l'évacuation des particuliers possédant un véhicule privé - On peut également envisager des solutions différenciées: recommander l'évacuation pour les zones qui disposent du temps nécessaire à 411 Ordre de départ effectif en cas d’échelonnement d’évacuation In art1c p.46 art72 p.173 413 art5/111 p.102 414 art82 p.2 412 l'évacuation, prodiguer la mise l'abri (confinement) pour les autres415. Ces mesures différenciées doivent être dûment expliquées à la population416. La décision d'évacuer ou non se fait sur base d'un calcul du coût/bénéfice. Il s'agit de comparer le danger que court la population si elle n'évacue pas avec le danger qu’elle court sur le trajet d'évacuation. Les risques pour la santé encourus une par la mesure implantée ne peuvent être supérieur aux risques que la population courrait si rien n’est envisagé par les autorités417. En cas d'évacuation spontanée le calcul de l'impliqué sera le même. Il va calculer les coûts (transport - logement - nourriture - ...) d’une évacuation. Si les bénéfices (survie) dépassent le coût, il évacuera (les bénéfices incluant le risque de blessures ou de mort).418 Les dangers varient en fonction de la localisation du site, des conditions météorologiques et du type d'accident419. La décision d'évacuation dépend de la sévérité des conséquences du désastre sur la population vulnérable et de la vitesse de la croissance de cette sévérité.420 Le plus grand risque danger lors du confinement se révèle quand la mise à l'abri se fait alors que l'espace refuge est déjà contaminé. On s'enferme et on isole un endroit plus toxique que l'extérieur. Certains chercheurs affirment que cela reste une meilleure mesure que celle de mener une évacuation sans avoir le temps de la finaliser421. Le temps de confinement (temps nécessaire à la mise à l'abri de la population) est évalué entre 5 et 10 min422. Il est toujours préférable de prendre une décision de confinement. L'évacuation doit être décidée si423: - La sécurité personnelle est constamment en danger sur place - des propriétés sont classifiées comme dangereuses et/ou malsaines et qu'il n'y a 415 art82 p.2 art93 p.326 417 art4/83 p.131 418 art96 p.1071 419 art4/83 p.138 420 art24 p.423 421 art82 p.4 422 art82 p.5 423 Art1c p.41 416 pas de moyens de s'abriter sur place ou de bénéficier d’ alternatives - La santé publique est menacée et quelle serait mieux ailleurs424 - L’Eau et la nourriture ne sont pas disponibles - Les commodités et autres infrastructures sont plus difficiles d'accès que si la population avait été évacuée. - Quand la durée de la situation d’urgence risque d’être longue - Le temps nécessaire au bon déroulement de l’évacuation est disponible - Que les moyens d'évacuation et d'accueil sont disponibles 425 Une étude de la zone de situation d’urgence doit être effectuée. Certaines caractéristiques peuvent influencer la décision étant donné leur impact sur le temps et la complexité d’évacuation426 (voir supra le point Complexité, dans l’ Introduction). Parmi cas caractéristiques: - Nombre d'impliqués en cas d’évacuation : une haute densité de population signifie une augmentation du trafic - Distribution de la population (densité...) 427 - Présence de « communautés vulnérables » Chaque communauté vulnérable doit être considérée individuellement afin de déterminer quelles seront les mesures spécifiques qui pourvoiront à une sécurité maximale de ses résidents428. - Présence d’entreprises et d’autres activités à caractère productif - Conditions météorologiques / état du réseau routier - Conditions topographiques : y a-t-il des barrières géographiques, topographique ou technologique à l’évacuation ? - Capacité (auto) routière : celle-ci dépend du réseau de routes principales et du réseau secondaire (réseau d’arrivée sur les routes de sortie)429. Analysée par plans, photos et satellites la capacité des routes de sortie peut être augmentée par430: 424 art82 p.1 art4/86 p.1 426 art1b p.21, art3b 427 art4/86 p.1 428 art4/86 p.1 429 art1b p.4 430 art1b p.28, art1b p.12 425 - l’utilisation maximum du « contraflow »431 - l’utilisation des voies d’urgence - l’utilisation stratégique des voies de sorties plus étroites - l’utilisation du GPS pour diversifier les voies de sortie - la mise en uni direction des feux de signalisation - L'heure de l’incident influence également la capacité d’évacuation et donc la décision. En effet elle influence les méthodes d'avertissement, la disponibilité du personnel et l'accès aux ressources432. o 3. Action Une fois la décision d’évacuer prise par l’autorité compétente, différentes actions y font suite. 3.1. Pré-alerte La phase de pré-alerte correspond aux actions menées en vue de l’évacuation avant la transmission de l’ordre d’évacuation au public. Il s’agit principalement de vérifier et, le cas échéant, de libérer les voies de sorties afin d’optimiser la circulation. Les actions menées au cours de cette phase pourront, au cas où une structure interne régit la zone de la situation d’urgence, être effectuées par les équipes de sécurité internes. Il est essentiel de déclencher la phase de pré-alerte au plus vite (même en cas d'incertitude substantielle quant à la réalité de la menace) car l'implantation d'actions protectives prend un temps significatif433. 3.2. Organisation des lieux d’interventions Comme défini par l’article 24 de l’A.R. du 16/02/2006 les zones rouge, orange et jaune doivent être définies par le Dir-PC-Ops. 431 Le contraflow est la mise en sens unique des voies de sortie. Il est plus difficile à implanter lorsque son utilisation est inconnue par la population. 432 Art1c p.42 433 art4/85 p.115 La zone à évacuer peut être plus large que la zone d’intervention (zone orange). Les autorités maintiendront cependant la distinction entre les zones rouge et orange. Il est conseillé de limiter au maximum l'étendue de la zone orange tout en restant logique: les limites doivent correspondre à des carrefours et non à des moitiés de rues pour des raisons évidentes d’organisation. Attention cependant à ne pas agrandir la zone rouge par étape successives, surtout pour éviter les redéplacements de populations434. S’ensuit l’établissement du P.M.A. – du P.P.D. – du PC-Ops et des voies d’entrée et de sortie. On établit à la limite de la zone orange un ou deux points de ramassage I.A.A. (Involved Assembly Area)435 C’est là que les sociétés de transport en commun436 pourront ramasser les personnes dépendantes en mobilité si le centre d’accueil est établi à une certaine distance. La Discipline 3 établi directement des postes de surveillance aux entrées de la zone rouge et de la zone orange437. La Discipline 2 défini et valide le centre d’accueil après vérification de sa disponibilité. 3.3. Message d’alerte Un message d'avertissement n'en est pas un s'il ne comporte pas d'information sur la nature du danger et sur la réaction à y opposer438. ”There is no such thing as a warning message; there is instead what is perceived to believed by people, the meaning they give to the message which may or may not correspond to the message intended by those who issue the warning”439 Le PC-Ops a pour mission d’organiser la transmission de l’ordre d’évacuation à la population. La communication reste la tâche de la Discipline 5 mais pour une transmission optimale elle aura besoin de la collaboration des autres disciplines. 434 art57 p.321 Parfois dénommée « zone N.I.P. » (Not Injured Person) 436 Interview n°8 437 Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale 438 art5/111 p.86 439 art5/111 p.3 435 L'information comporte deux facettes pour le public: le porte-parole et le message. Il convient de conserver l'unité d'"un des deux éléments: un seul porteparole peut divulguer une série de messages progressifs et changeants mais plusieurs porte-paroles doivent délivrer le même message.440 Dès que les messages de « all-clear » reviennent aux gestionnaires d’urgence, la transmission de l’ordre d’évacuation peut être lancée. • 3.3.1. Les moyens de communication Différents moyens de communication sont à disposition des autorités : hautparleurs (fixes ou automobiles) – porte-à-porte – médias (radio – télévision) – sites internet441 – emails – téléphone – sms442 – fax – radio CB – sirènes – groupes communautaires – gardiens, famille, les zones frontalières doivent être traitée comme telle. Privilégier l’information via la radio permet de rester en contact avec la population pendant le trajet d’évacuation ainsi que de continuer à émettre en cas de coupure de courant via les radios automobiles. Des études scientifiques ont été menées pour étudier l'impact des différents moyens d'information mais leurs résultats varient443. Le moyen de transmission d’un ordre d’évacuation cité comme étant le plus effectif est le porte-à-porte d’un officier en uniforme, accompagné d’un véhicule de « public adress »444. Il a pour défaut d’être lent et de mobiliser beaucoup de ressources humaines. Le porte-à-porte à pour avantage de collecter et diffuser l'information de façon plus personnalisée445. Une communication individuelle permet de personnaliser le message (indiquer l’I.A.A. (Involved Assembly Area) par exemple, mais elle permet également de prendre conscience de certains problèmes (personne en soins à domicile, propriétaire d’animaux…) Le quadrillage de la zone peut se calquer sur celui utilisé par les véhicules des services communaux et est organisé par la Discipline 3. Le parquet peut préparer des mandats d’expulsion en cas de récalcitrants. 440 art92 p.190 Mises à jour très régulière 442 Pendant d'une liste de numéros à la demande du citoyen – Attention aux saturations des réseaux (Nouvel an…) 443 art2-C p.155 444 Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale 445 art2-C p.174 441 Situation d’urgence Espace public Espace privé Article 17 de la loi sur la fonction de police (Août 1992) Ordre d’évacuation effectif Ordre d’évacuation effectif Menace d’une situation d’urgence Article 27 de la loi sur la fonction de police (Août 1992) Ordre d’évacuation effectif Seulement évacuation volontaire Il est important de multiplier les sources d'émission de l'ordre d'évacuation, cela permet au citoyen de recouper l’information rapidement (voir infra point 5.Réaction) et offre une certitude de redondance en cas de coupure d’un système d’avertissement446. • 3.3.2. Contenu du message d’alerte Outre l’aspect technique de l’avertissement (moyen de communication) il faut prêter attention à son aspect social (perception du message voir infra Point 5. Réaction)447. L'information au citoyen, dénommée avertissement, et l'évacuation effective de la population sont inextricablement liées448. Proulx and Sime ont clairement démontré l'importance d'une information claire et précise. Les messages dirigent mieux la population qu'une sirène449, mais cette dernière peut s’avérer utile afin d’accélérer le mouvement d’évacuation. En effet un son strident hâte la population450. Le moyen est à moduler selon le temps disponible pour évacuer. Il faut éviter tout empressement inutile, une évacuation se réalisera mieux dans le calme. Le contenu du message doit préciser: - qui donne l'ordre d'évacuation : la source qui délivre l'ordre d'évacuation doit être claire et crédible (Comité de scientifiques, comité d’ d'organisation et d'officiels451). 446 art2-D p.175 art2-D p.173-174 448 art2-D p.173 449 art50 p.1 450 art53 p.290 451 art2-B p.142 447 - quel est le danger : Identification de la menace (timing, amplitude de l'événement, zones affectée, risques pour la santé452). - Détailler la localisation du risque à l'aide de marques de paysage (autoroutes, rivières...) identifiables par le public453 - Identification de la marche à suivre (actions concrètes à accomplir) et de la marche suivie par les autorités : - Transmission du point de chute (où se situe le centre d’accueil) - Transmission du timing (échelonnement par zones pour éviter les embouteillages) - Evaluation de la durée de l'éloignement - Où trouver des informations supplémentaires et quels les moyens de communication vont utiliser l’autorité pour maintenir la population évacuée informée454 - Quoi prendre ( voir supra Avant, Point 2 Prévention) - Rassurer les citoyens sur la protection (surveillance) de leur habitation (prévention du pillage et du vandalisme) et sur l'évolution du travail des services de secours455, en décrivant brièvement les prévisions faites pour contrôler l'accès à la zone évacuée456. - rester à l’écoute Le contenu du message contribue à la définition que se fera le public du danger. Il pourvoit la guidance et les informations que le citoyen va utiliser lorsqu'il va déterminer son action457. Il est important de convaincre le citoyen qu’évacuer est agir dans son propre intérêt. Les informations sur la menace et sur les risques encourus en n’évacuant pas sont des stimuli dominant dans la formation de la perception.458 • 3.3.3. Forme du message La forme du message est importante. Celui-ci doit être cohérent, précis, uniforme, exact, clair (phrases courtes, éviter d'utiliser des mots compliqués, des abréviations, du jargon technique, utiliser un langage simple et naturel), certain, suffisant (ne donnant ni trop, ni trop peu d'informations). Le message doit être 452 art91 p.207- art1 p.55 art92 p.187 454 art19 p.3 455 Art3b p.14 456 art19 p.3 457 art2-B p.141 458 art2-B p.141 453 fréquemment répété, à différents moments de la journée459. Une certaine fréquence permet de limiter les mauvaises compréhensions, de réduire les rumeurs et de focaliser la population sur les messages officiels, en renforçant leur crédibilité auprès du public. Dans une situation prolongée, la répétition peut avoir un effet contre-productif. La transmission du message à la population peut se faire en deux temps : un premier passage rapide et un deuxième passage pour insister auprès des récalcitrants460. Le message de rappel indiquera les conséquences en cas de non-évacuation et les services (médicaux - sanitaires...) qui seront interrompus dans l'aire évacuée.461 Il sera donné sur un ton de certitude afin d'augmenter son impact462. Un mandat d’expulsion peut être préparé pendant le premier tour d’avertissement afin d’être signifié aux impliqués récalcitrants à l’ordre d’évacuation. (Modèle en annexe). L’emploi du vocable « sauvez-vous » peut être très influant. o 4. Evacuation Le temps compris entre l'ordre d'évacuer et l'évacuation effective est dénommé "temps d'avertissement". L’évacuation de la zone rouge se fera de préférence à pied, via l’organisation de colonnes463. Les impliqués seront regroupés dans l'I.A.A. (D2 cf. PIPS p.18). Il est conseillé de donner le plus possible aux particuliers l'occasion d'utiliser leur véhicule, exception faite des parkings publics qui devront absolument être bloqués sous peine d’embouteillages. Le transport collectif diminue le trafic mais demande par contre beaucoup d'organisation. Les impliqués qui en ont l’occasion privilégieront une évacuation à bord de leur véhicule, car cela maintient l’impression d’autonomie et permet de se munir d’un maximum d’effets personnels. Les propriétaires des véhicules se trouvant dans une certaine zone ne pourront pas les récupérer afin d’éviter d’entraver la chaussée et l’arrivée des services de secours (parkings souterrains…). Il est quasi indispensable de prévoir un transport collectif pour les groupes spécifiques (écoles, maisons séjour de repos...). (D2 cf. PIPS p.18) 459 art2-B p.142-143 Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale 461 art19 p.3 462 art92 p.187 463 Interview n°8 460 Un minimum de service de transport collectif est nécessaire pour évacuer la zone orange. Les impliqués qui nécessitent un moyen de transport public pourront être aiguillé vers les I.A.A. Il faut considérer que 50% des citoyens qui n’ont pas de voiture évacuent avec des amis ou de la famille464. 4.1. Gestion du trafic La gestion du trafic, tâche de la Discipline 3, peut se faire suivant deux modes : la multiplication des voies de sorties ou la canalisation de la circulation sur des grands axes gérés par la police. Si l’on choisit le première mode, des embouteillages peuvent se produire si le trafic est peu surveillé, malgré de nombreuses voies de sortie. Choisir le seconde mode peut également produire des embouteillages (réduire les voies de sorties pour accroître leur surveillance). Les deux modes sont prônées dans la littérature465. Le but est de trouver un compromis. La Discipline 3 définit les itinéraires d'évacuation et garantit le libre accès vers la zone pour les secours, les équipes d'urgences et les véhicules de transports vides466. Il est difficile de prédire le trafic d’une évacuation car les impliqués évacueront majoritairement chez des amis ou de la famille (points de destination multiples). De plus, les impliqués ne prendront pas les voies les plus directes mais les itinéraires les plus familiers467. Les différentes tâches sont468: - la définition et la publication des itinéraires d'évacuation - les procédures de maintien et de contrôle d'accès à ces routes - l'ajustement et la dissémination d'un plan de contrôle du trafic: - identification des points de contrôle nécessaires - la définition de voies d'entrées pour les services de secours - la restriction du trafic 'cross town' - la reprogrammation d'outils de contrôle du trafic (feux rouges...) - prendre contact avec les services de transport public afin de trouver le 464 art1b p.16 art17 p.14 - art1b 466 Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale 467 art50 p.1 468 art6/125 p.8 465 meilleur équilibre entre la préservation du flux de services (afin de permettre à la population sans voiture d'évacuer) et le respect des droits des travailleurs (chauffeurs). L’appel au volontariat des chauffeurs peut être la solution.469 Quatre variantes existent pour l'utilisation du "contraflow"470: - Toutes les voies inversées ou les plus utilisées. Il en résulte une grande augmentation des capacités - une voie normale: entrée des véhicules d'urgence et une autre inversée - une voie inversée et une normale - une voie inversée avec utilisation de l'accotement de la voie de sortie L'itinéraire de sortie doit être reconnaissable par les particuliers et sa signalisation doit être continue. Se sentir perdu peut aggraver les sentiments d'insécurité et d'anxiété, affecter l'estime de soi et le jugement471. L'utilisation d'icônes et de pictogrammes est conseillée afin de garantir une compréhension internationale472. Les symboles graphiques aiguilleront la population sur les itinéraires d'évacuation ainsi qu'au centre d'accueil. Il est conseillé d’utiliser du vert pour les indications d'itinéraire473. La Discipline 3 doit également mettre en place les déviations afin que le trafic évite la zone orange et au besoin la zone jaune474. Attention doit être portée au ravitaillement en carburant : il faut veiller à alimenter les stations services le long de l’itinéraire d’évacuation et oriente les impliqués vers des pompes d’essence sur des itinéraires alternatifs afin d’éviter une saturation des stations situées sur les grands axes475. Attention également doit être portée à la présence des pompistes (impliqués sujets à évacuation). o 5. Réaction de la population La réaction individuelle face au danger devient même définition d'évacuation dans la littérature476. Différents facteurs influencent la décision que prend le citoyen d'évacuer ou non. La réaction à l'ordre d'évacuation varie également en 469 Interview Ergo – Tec Liège art17 p.14 471 Passini 1999 cité dans art54 p.214 472 art54 p.209 473 art50 p.2 474 Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale 475 art1nb p.9 476 art2-B p.137 470 fonction du contexte communautaire (climat social: facteurs sociaux, politiques, légaux, historiques...)477. La réaction varie également en fonction psychologie et de la personnalité du citoyen (pessimiste, optimiste...). Le citoyen reçoit l'information (alarme, ordre d’évacuation), la comprend478, la vérifie, l'intègre, l'évalue puis choisit la meilleure manière de se comporter. Il appartient aux autorités de gérer la communication en cas de décision d’ordre d’évacuation. “Given a choice, non-evacuation is preferred to evacuation. Even when a warning message is perceived as valid and is socially confirmed, there still may be a reluctance to leave. This is not because people are paralyzed in the face of danger. On the contrary, individuals under stress typically attempt to consider which would be the least disruptive behavioral option in the situation. »479 Les gestionnaires de crise doivent comprendre la perception du danger et des solutions alternatives prisent par le public s’ils veulent qu'il accomplisse les directives qui lui seront données480. Les différentes attitudes à adopter en réponse aux dangers sont examinées puis évaluées et adoptées en fonction de leur efficacité et de leur coût481. La phase d'évacuation est le temps s'écoulant entre la transmission de l'ordre d'évacuation et la sortie effective de la population de la zone rouge. 5.1. Temps de réaction Le temps de réaction de la population dure une heure ou deux482. Le temps de réaction dépend de la décision de rester ou de partir et quand partir483. Ce temps est influencé par les caractéristiques de la communauté: la culture du désastre, le niveau de prévention, le degré de planification d'urgence484. La préexistence d’un plan d’évacuation facilitera une évacuation effective. Avoir un plan est lié à l'expérience d'une évacuation antérieure485, au degré 477 art5/111 p.41 à 43 art4/85 p.120 479 art5/115 p.7 480 art4/85 p.122 481 art18 p.28 482 art82 p.5 483 Art2-C p.154 484 art80 p.80 478 d'implication dans la communauté et à la participation à un séminaire de planification486. Les caractéristiques de l'événement en lui-même influencent le temps d’évacuation. Il variera en fonction de la cinétique, de la durée de l'avertissement, du moment de réception de l’avertissement, du moment estimé de l'impact, de l'endroit estimé d'impact et de sa durée. Le temps de réaction comprend le processus décisionnel (décision de partir ou non), mais aussi le temps de mobilisation. Le temps de mobilisation est défini comme la différence entre le moment du premier avertissement et le moment du départ487. Les citoyens n'évacuent que lorsque leur situation familiale leur est connue. Ils tendent à évacuer en familles488. Rassembler la famille, ou du moins localiser chacun des membres, prend souvent du temps489. Le temps de mobilisation suit une distribution logique: la rapidité de l'émission du message d'avertissement et de la réponse est influencée par le danger de la menace et par l'urgence de la situation. Plus la menace est forte (et perçue comme telle), plus le déroulement des différentes étapes sera rapide490. Sorensen (1991) a établi un modèle général de mesure de ce temps de mobilisation491. Il prend en compte ces différents facteurs: - le contexte social et les activités en cours au moment de l'avertissement - la structure sociale et la nature de la famille - la structure du système d'avertissement - les contraintes physiques: (famille séparée492 - posséder des animaux de compagnie desquels s'occuper493, ne pas avoir de véhicule494 - ne pas avoir d'endroit où se rendre495, avoir des incapacités physiques de mobilité ou des 485 art1 p.61 art2-G p.230 487 art2-C p.158 488 (cf. Killian 1952; Quarantelli 1960; Drabek and Boggs 1968) cités dans art1 p.52 489 art2-C p.154 490 art2-C p.154 491 art2-C p.157 492 Drabek and Stephenson, 1971 cités dans art2-C p.159-160 493 Burton 1981 cité dans art2-C p.159-160 494 Perry 1979 cité dans art2-C p.159-160 495 Drabek and Bogs 1968 cités dans art2-C p.159-160 486 ennuis de santé496 - la sévérité de la menace ou la perception du danger Partir relève d’un choix. Tous les citoyens ne sont pas égaux devant ce choix : d’aucuns sont confrontés à certaines contraintes (travail, famille, obligations...)497. Un indépendant quittera plus difficilement le travail qu'un employé498. Le comportement d’évacuation varie en fonction du contexte familial dans lequel l'avertissement est reçu499. 5.2. La perception du risque La perception du risque est le concept du risque même (la définition que lui apporte un individu)500. C’est une interprétation individuelle de la situation d'urgence, interprétation qui diffère de l’interprétation qu’en ont les experts501. La perception du risque est un processus cognitif, une interaction entre différents éléments: croyances, compréhensions, suppositions, expériences passées502... Il existe également un phénomène d’amplification sociale du risque. Les signaux du danger, ses caractéristiques physiques et les facteurs environnementaux influencent la perception de la population. Il est plus facile de croire à une inondation s’il pleut que par temps ensoleillé. Un individu évalue le risque qu’il encourt en examinant la proximité, la certitude, la sévérité du risque et selon sa sensibilité à une menace503. La familiarité de la menace influence son interprétation504: connaître "the disaster agent", avoir déjà vécu le même type de situation d’urgence influence positivement l'écoute du message505. Mais une expérience antérieure de la menace pour une fréquence plus élevée influence la réaction dans les deux sens: elle peut augmenter la connaissance et la réactivité mais aussi augmenter le sentiment d'invulnérabilité506. Avoir vécu un même type de situation d’urgence 496 Vogt 1990; Mileti and Sorensen 1988.cités dans art2-C p.159-160 art81 p.518 498 art4/85 p.124 499 art17 p.6 500 art80 p.78 501 art17 p.7 502 art2-B p.139 503 Perry 1979: art79 p.919, art18 p.28 ; art2-B p.144 ; art17 p.6 504 art1 p.61 505 art2-C p.156 506 art2-G p.233 497 peut provoquer une « fausse expérience », expérience de personnes qui pensent avoir vécu ces conditions difficiles et y avoir survécu507. Il est important de différencier l'expérience du danger de l'expérience d'une évacuation. La seconde est positivement reliée à une évacuation effective508. Le caractère naturel ou technologique509 de l’incident à la base d’une situation d’urgence va également influencer la perception du danger. On interprète le risque auquel on est confronté via des stéréotypes et des idées préconçues510. Des informations contradictoires augmentent le taux d'évacuation en cas de catastrophe nucléaire, le diminuent dans d'autres types de situation d'urgence511.L’influence du type de danger varie plus ou moins selon les auteurs: Quarantelli soutient en 1984 que la perception de la nature incontrôlable de la chimie et du nucléaire augmentent le taux d'évacuation. Perry (1985) et Stallings (1984) estiment les taux d'évacuation suite à des désastres naturels ou nucléaire comparables512. Pour comprendre la réaction à un ordre d’évacuation on doit comprendre comment les gens perçoivent l'évacuation en termes de danger, de risque et comment cette perception influence la décision d'évacuer ou non. Lors de la perception de la situation d'urgence: l’état émotionnel (stress, panique...) influence la réaction personnelle513. Les analyses de comportement d'évacuation sont confrontées à une difficulté: les modèles basés sur la présomption que l’individu agiront de manière rationnelle sous stress514. La panique est une réaction rare au danger. Elle requiert une série de conditions spécifiques “including the perception that escape is possible from a very immediately threatening personal situation (a perception of being trapped does not evoke panic flight since it is hope rather than hopelessness which is involved in panic behavior) »515 L’état émotionnel se décrit en quatre processus émotionnels basiques liés au processus neurophysiologique du système nerveux: la force de l'émotion - le contrôle de celle-ci - l'évaluation et le contrôle de la situation516. 507 (Leik et al. 1981) art2-J p.302-303 art1 p.51 art5/111 p.42 509 art1 p.61 510 art2-B p.139 - 146 511 art18 p.28 512 art79 p.930 513 art50 p.2 514 art79 p.932 515 art5/115 p.8 516 art50 p.3 508 Des facteurs psychologiques, les habilités cognitives et la personnalité, influencent la perception du danger et la réponse à l'ordre d'évacuation517. La tendance au fatalisme par exemple est négativement reliée à l'entente d'un message518. L’état émotionnel influe sur la perception de l'environnement et influence l'action. Le comportement influera à son tour sur l'état émotionnel. 5.3. L’influence du milieu Il est plus difficile d'évacuer un quartier résidentiel qu’un bloc de bureaux. L’attachement à « chez-soi » est émotionnel, financier et personnel. Notre « Chez soi » reflète notre identité, notre mode de vie et la continuité entre le passé, le présent et le futur. C’est un lieu d'investissement personnel519 qu’il sera plus difficile de quitter dans une situation incertaine. L’individu voudra rester pour protéger sa propriété, les objets accumulés chez soi pendant éventuellement toute une vie520. L’influence du milieu dans lequel vit l’impliqué qi reçoit l’ordre d’évacuation varie en fonction de la perception de la solidité ou de la sécurité des murs521. Les théories de psychologie environnementale soutiennent qu'un lien se crée entre une personne et son environnement. Un modèle existe et se présente comme outil d'interprétation du comportement dans des situations d’urgence: The Human Environment Interaction model (the HEI model). Ce modèle tient compte: des caractéristiques sociales et physiques de l'environnement. La réaction individuelle varierait en fonction des caractéristiques démographiques et de traits de la personnalité Si la réaction est liée à l'environnement la difficulté d'interprétation proviendrait du fait qu’en situation d’urgence l'environnement change (Fritz & Williams, 1957)522. 517 art2-B p.145 (Landry et Rogers 1982, Turner et al. 19881) art2-C p.156 519 art48 p.546 520 art17 p.7 521 art2-J p.308 522 art79 p.921 518 5.4. Les facteurs sociaux Les actions des autres individus influent sur le comportement, qui influera sur les émotions post-évacuation523. Le changement d’environnement rend les normes sociales traditionnelles inappropriées524. La théorie de la norme affirme que tout comportement individuel est déterminé par mimétisme. Plus le réseau social est étendu plus les probabilités de recevoir une information recommandant d'évacuer sont fortes. Un petit réseau social est déterminant de non-évacuation525. On considère que si les voisins évacuent, la propension à évacuer sera plus grande par effet de conformisme526. Mais l’impact du mimétisme est difficile à mesurer: en effet, si le risque dans une zone est tel qu'il pousse un individu à évacuer, le danger doit être tout aussi grand pour son voisin ou la communication des autorités aussi efficace pour l’un que pour l’autre. Ils évacueraient ou non pour les mêmes raisons et non parce que le voisin le fait ou ne le fait pas527. Différentes caractéristiques sociales interfèrent avec la réponse à l'avertissement : les interactions familiales528, l’implication dans la communauté529, l’âge, le genre530, le statut socio-économique531, l’éducation532… Tous ces facteurs étant inextricablement liés, il est difficile d’évaluer leur influence exacte sur l’évacuation. Baker affirme en 1991 que l’éducation et l’occupation ne sont pas associées à l’évacuation. Quarantelli quant à lui associe l’éducation au taux d’évacuation de Three Miles Island (1984), mais le cas du nucléaire serait particulier car l’éducation facilite peut-être la compréhension de l’incident et de là le comportement d'évacuation. Le revenu influence l’évacuation en fonction de l’éducation. Celle-ci augmente la capacité à faire face à une information complexe. Les revenus influencent 523 art50 p.3 (Fritz & Williams, 1957; Perry, 1979). Cites dans art79 p.490 525 (Drabek & Boggs, 1968) art79 p.921 526 art17 p.7 , (Quarantelli 1980; Cutter and Barnes 1982) art4 p.91 527 art2-J p.308 528 art17 p.7 529 art17 p.7 530 (e.g., Drabek 1986, pp. 109-110) art2-G p.220 531 art2-G p.220 532 art2-J p.308 524 l’accès à l'information mais leur impact sur l’évacuation est difficile à examiner car le statut socio-économique détermine le réseau social. Ce dernier influence énormément l’évacuation car plus il est étendu, plus les possibilités de se voir offrir un passage ou un toit sont amples533. L’âge influence également le taux d’évacuation. Les personnes âgées (plus de 65 ans) évacuent moins facilement534 car elles ont moins accès à l’information et présentent un réseau social moins étendu. Les personnes âgées ont par contre plus d’expérience et ont par conséquent plus de chance d’avoir déjà vécu une évacuation inutile (phénomène de « crying wolf»)535. L’expérience peut cependant faciliter l’évacuation536. Les femmes ont tendance à croire et donc à obéir plus facilement aux avertissements537. L'implication dans une activité communautaire a tendance à augmenter la capacité d'écoute et par de là, de réaction538. Le cadre social dans lequel on reçoit l’information d’évacuation importe au moment de la prise de décision : la réaction diffère selon que la famille est réunie ou non, selon les activités en cours, selon la réaction des autres539... Les liens sociaux influencent l'évacuation : plus la cohésion familiale est grande, plus la tendance à évacuer grandira540. Avoir des enfants augmente la propension à évacuer selon certains auteurs541, moins pour d’autres542. L'heure de l'évacuation influence également la réaction de la population. Les impliqués évacueront plus facilement à une heure où la famille est réunie. Ils évacueront donc plus facilement au milieu de la nuit qu'en journée (en semaine)543. 533 art79 p.922 art2-B p.145; art2-C p.156 535 art79 p.922 536 art79 p.927 537 (Turner et al. 1981) art2-Cp.156 ; art2-B p.145 538 art2-C p.156 539 art2-B p.145 540 Art2-B p.145 541 (Turner et al. 1981) art2-C p.156 ; (e.i, Drabek and BO& 1968; Drabek and Stephenson 1971; Drabek 1983) art2-G p.220), Houts et al. (1984), (Quarantelli, 1984) art79 p.919 542 (Baker, 1991) art79 p.919 543 art5/111 p.68 534 5.5. Le message d’avertissement Il existe un lien entre l’avertissement et l’évacuation, ce lien entre l’avertissement (message des autorités, alarme) et l’évacuation effective de la population est complexe544 et compliqué par l’interprétation sociale du message545 Les individus évaluent les messages annonçant la menace546. La population ne reste pas passive lors de la réception d'informations, elle cherche à vérifier les informations reçues et des informations additionnelles547. Le processus d'évaluation implique d'autres personnes548. L'évaluation consiste en général en un simple contrôle de son environnement (visualiser tout signe de danger), à contacter des relations (téléphone - d'où occupation des lignes - ou face à face549), les médias ou les autorités550. Les individus qui croient être confrontés au danger se protègent eux-mêmes551. Déterminer la solution à adopter face à une situation d’urgence correspond à passer à l'action. Cette décision d’action individuelle peut être influencée par le message des autorités552. L'impact du message dépend de quatre variables. Il dépend du degré de personnalisation du système d'avertissement: si l'avertissement est transmis par un proche le temps de réaction sera plus court. Plus le message est personnalisé, plus on évacue facilement553. Le « public adress » (haut-parleurs) est moins effectif que le porte-à-porte554. Les sirènes d'alarme seules sont totalement inadéquate pour stimuler les impliqués à prendre une mesure protective immédiate. Elles peuvent ne pas être entendues; si entendues elles peuvent être ignorées; la plupart du temps elles impliquent uniquement une recherche d'information supplémentaire555. Pour être efficace elles doivent immédiatement être suivies d'une information complémentaire ou d'une prévention à toutes épreuves. La compréhension d'un ordre est le lien établi par le citoyen entre le danger 544 (Perry 1985) Art4 (Anderson 1969: Drabek 1969; Janis and Mann 1977) art4 546 art1 p.50 547 art2-B p.140 548 art1 p.50 549 art2-B p.140 550 (cf. Perry et al. 1981) art1 p.54 551 art1 p.50 552 art2-B p.138 553 art2-J p.296 554 art2-J p.296 555 art5/111 p.78 545 perçu et la réaction à lui opposer556. Recevoir l'avertissement et croire que le danger affecte sa propre sécurité aide à prendre la décision d'évacuer. Se sentir en danger serait le facteur principal incitant à l’évacuation557. L’individu évalue si le message mérite ou non son attention558. La réaction commune face à une menace est l'incrédulité559. L’individu va évaluer la crédibilité de la source d'avertissement560. Il est sensible au statut officiel de la source561 et l’impliqué obéit en général à l'autorité562. Certains individus vont appliquer des directives qui ne leur sont pas forcément destinées. En effet si les gestionnaires de crise évacuent le personnel nonnécessaire ou les habitants dans un rayon de cinq kilomètres, les habitants du 6ème kilomètre ou les autres travailleurs vont également se sentir concernés par la menace563. 5.6. La Foule Une évacuation d'un lieu ouvert est susceptible d'engendrer des mouvements de foule. Somme de réactions individuelle difficilement prévisible, la réaction d'un groupe ne suit pas des lois physiques564. La panique est une réaction extrêmement rare et délimitée à certaines circonstances précises: les gens paniquent si ils se retrouvent dans un endroit confiné en présence d'une source immédiate de grand danger et que les issues de secours sont clairement insuffisante pour toutes les personnes présentes. Il faut différencier le comportement de panique d'un comportement sous stress élevé565. Les gestionnaires de crise peuvent tenter d'influencer ce comportement en appelant au calme et en guidant sans cesse les impliqués via des haut-parleurs. 556 art2-B p.139 art1 p.53 558 art1 p.50-51 559 (cf. Drabek 1969) art1 p.54 560 (art1 p.51), (art2-B p.140) (e.g., Sipson and Riehl 1981); art2-G p.220 (Danzig, Thayler and Galanter 1958) art4 561 (e.g., Drabek 1969; Quarantelli 1980) art2-G p.220 562 art2-J p.293 563 art4/85 p.127-128 564 art105 p.116 565 art92 p.190 557 5.7. L’insécurité Le sentiment d'insécurité peut jouer contre l'évacuation si la personne décide de rester pour protéger ses biens ou si elle est au bureau et n'ose pas contredire son employeur (d'où importance d'une « mandatory evacuation »566). La peur du pillage est difficile à définir. On pourrait la croire proportionnellement croissante à la richesse mais les personnes de statut socioéconomique élevé ont des alarmes et des assurances. La crainte du pillage peut, au contraire, être exacerbée dans les quartiers moins favorisés, où les services publics sont plus rares voir inexistants567... La peur du pillage est un réflexe de défense de territoire, jonction de sentiments, cognition et comportement spécifique de l'endroit, socialement et culturellement maintenu568. Outre la peur du pillage569, des facteurs tels que les croyances culturelles et religieuses570 ou encore un lien tenu entre revenu et habitat (exemple des fermiers)571 peuvent décourager la volonté d'évacuer de la population. Un grand attachement sentimental à un endroit diminue fortement la volonté d'évacuer572. o 6. Contrôle de la zone Les services de secours doivent contrôler que la zone a bien été évacuée. On peut demander à la population d'utiliser un signal tel qu'un panneau« je suis parti » accroché à la fenêtre573 afin de faciliter le contrôle. Le contrôle de la zone doit être effectué afin de prévenir les pillages et le vandalisme. L’organisation de la surveillance doit être communiquée aux impliqués. Ces personnes doivent savoir leurs propriétés surveillées, cela évite 566 art2-J p.293 art5 p.37 568 art79 p.920 569 Lindell and Perry, 1992 570 (Blong, 1984), art77 p.30 571 (Cola, 1996) art77 p.30 572 (Cola, 1996; Dibben and Chester, 1999) art77 p.30 573 Ergo 09 mars 2009 - Elke Allaert - Oost-Vlaanderen 567 beaucoup de stress et augmente la volonté d’évacuation. La surveillance de la zone évacuée est une tâche de la Discipline 3574. 574 Itw 2 C. APRES La phase de rétablissement commence lorsque l’évacuation de la zone est terminée, qu’elle a été entièrement quittée par les impliqués. En cas d'évacuation post-impact, les premières missions des opérations de secours seront la recherche, le sauvetage et la mise à l'abri des victimes. o 1. Accueil 1.1. Recensement La Discipline 2 s’occupe de l’identification des blessés575. (D2 cf. PIPS p.18)576. La D2 installe et ouvre le C.A. (D2 cf. PIPS p.18) Les abris publics peuvent être des lieux de passage, d'enregistrement et d'organisation avant une autre destination en cas de cinétique rapide577. En cas de cinétique plus lente, un questionnaire pourrait être rempli par les autorités avant l’évacuation. L’enregistrement au centre d’accueil peut être réalisé en trois étapes: 1) pré-enregistrement (nom – adresse – date de naissance). Transmission d’un formulaire à remplir et d’un bracelet de couleur 1 témoignant du préenregistrement. 2) enregistrement d'entrée: vérifier l'exactitude du formulaire (nom – prénom – adresse, numéro de téléphone et données de relation avec d'autres victimes). Donner un bracelet de couleur 2 3) enregistrement de sortie. En cas de relogement externe578. Ce processus d’enregistrement peut être utilisé sans la distribution de bracelets si ceux-ci ne sont pas disponibles. Les impliqués ayant évacué et se relogeant selon leur propres moyens devront s'enregistrer auprès de la centrale d'appel D5. Un message les y incitant devra être passé par les médias. 575 Itw 2 Itw 2 577 Art3 p.40 578 Art3cb p.20 576 1.2. Suivi psycho – médical et psycho – social Les impliqués vont se définir comme sans-abri, comme réfugiés ou paria («outcast»)579. L’évacuation provoque souvent une interruption de leur vie quotidienne, de leurs relations, de leur communauté et de leur habitat580. Cette interruption peut être à l’origine d’un « post-traumatic stress disorder » (PTSD), de stade modéré à sévère581. En cas de bonne gestion de la situation d’urgence le taux de PTSD diminue. Les conséquences psychosociologiques sont plus souvent dues au désastre ou à l'incident qui provoque l'évacuation mais peuvent être lié à l'évacuation en ellemême. Les possibles conséquences sont, entre-autres, la dépression, l'anxiété et le PTSD, qui inclut des ré-expériences négatives, l'évitement, la paralysie émotionnelle (emotional numbing) et l'hyperexcitation (hyper arousal)582. Les autorités doivent veiller dans la mesure du possible à reloger les familles ensemble583, le plus près possible de chez soi, pour éviter le changement des habitudes quotidiennes (école - supermarché...) et pour éviter un manque de familiarité, d'identité, d'appartenance et de réseau social584. La Discipline 2 doit être préparée à fournir des prescriptions médicales pour les impliqués sous traitement qui auront oublié ou terminé leurs médicaments585. Les nécessités en médicaments diffèrent en cas d'évacuation. En effet les besoins seront de type médicament quotidien et non de trauma. Les moyens habituels n’étant donc pas toujours efficients586 les autorités doivent repérer les pharmacies dans les environs des centres d'accueil et d’hébergement. Le suivi médical doit être effectué par des personnes licenciées pour ce faire. Il faut porter attention à ce point lors de la gestion des bénévoles587. Lors du transfert des patients le suivi médical se fera par de nouvelles équipes. Il faut veiller à ce que le dossier médical du patient suive. 579 art48 p.543 art48 p.545 581 art63 p.88 582 (American Psychiatric Association, 2000) art97 p.1-2 583 art48 p.543 584 art48 p.543 585 art61 p.4 586 art61 p.5 587 art62 p.101 580 Si l’hébergement des patients se fait dans un centre communautaire, il faut prévoir des volets écrans pour fabriquer une intimité pour certaines opérations (toilette…)588. o 2. Information L’information doit être coordonnée (on tient le citoyen informé de l'évolution de la situation). Il est important de maintenir le citoyen régulièrement informé et ce depuis l'ordre d'évacuation. Cela donnera au citoyen une impression de contrôle et de compréhension de la situation. Cela limitera l'anxiété et le rassurera quant à la réponse apportée par les services d'urgence589. Les autorités doivent mettre en place un centre d'appel téléphonique et si possible un site internet qui répond aux questions des impliqués, des amis et de la famille (localisation, retrouvailles, suite des événements…)590. (D2 cf. PIPS p.18) Les lignes de soutien aux proches et aux victimes peuvent au besoin ré-aiguiller les appels pour d’autres types d’information (déviations…) vers un numéro public591. o 3. Hébergement On distingue deus types d'abris: les abris d'urgence (emergency) et les abris provisoires, temporaires (temporary).592 Les premiers (emergency) sont de courte durée (tentes, voitures, pelouses (lawns)). Ce sont les zones I.A.A. Les seconds (temporary), établis dans des églises ou autres centres communautaires sont les centres d’accueil. Nous rajouterons une troisième catégorie pour l’hébergement à plus longue durée. Il est du devoir public d'héberger les gens qui ne peuvent se loger chez la famille ou des amis. Le centre d’accueil, si il dispose des moyens sanitaires, de restauration et d’un espace approprié peut se transformer en centre d’hébergement. 588 art62 p.102 Art1c p.47 590 Art3b p.16 591 Interview n°4 592 (Quarantelli, 1982) Art6 p.306 589 Les autorités (Disciplines 2 et 4) doivent veiller à la mise à disposition de lits et de couvertures ; d’occupations (télé - jeux de société - ordinateur) ; de moyens de communication (téléphone – internet) aussi rapidement que possible593. Un hébergement, de la meilleure qualité possible est nécessaire. Surtout pour les évacuations à long-terme. En effet outre la disruption sociale et économique, il convient de limiter l'exposition aux maladies contagieuses, favorisée par la proximité et le changement de régime alimentaire habituel594. Des conditions d'hébergement difficiles peuvent mener à des comportements violents et asociaux595. Les équipements de secours sont souvent inadaptés (toilettes portables…) aux « Communautés vulnérables »596. Il faut veiller à leur besoin en cas d’hébergement mixte mais il faut favoriser leur hébergement en milieu similaire au milieu de vie habituel (accords entre établissements). La majorité des personnes qui évacuent leur lieu de résidence n’utilisent pas les abris publics597. La recherche a établi que les plus hauts revenus ont tendance à se reloger dans des hôtels tandis que les propriétaires ayant une plus haute scolarité et/ou des enfants et/ou animaux de compagnie relogent chez des amis ou de la famille598. Les femmes sont plus réticentes à utiliser les abris publics599. Les abris peuvent servir de différentes façons. En effet, les évacués peuvent y séjourner en attendant d'autres arrangements, le temps d'une étape. Des études établissent des relations entre différents facteurs et l'utilisation des abris publics. On estime que les personnes âgées et les statuts socioéconomiques les plus faibles utilisent les abris publics600. Les personnes âgées auraient un réseau social moins étendu, moins de capacités économiques ou moins d'habilités leur permettant de chercher une alternative aux abris publics601. Plus une zone évacuée est grande, plus la possibilité pour un impliqué de voir les membres de son réseau social évacué également augmentent. Cette croissance serait donc proportionnelle à l'utilisation d'abris publics602. Les évacuations de plus courte durée comptent plus d'utilisateurs des abris publics 593 art6 p.324 (Inhorn and Brown, 2000) cité dans art77 p.30-31 595 (Yelvington, 1997) cité dans art77 p.30-31 596 art40 597 art3 p.29 598 (Whitehead et al. 2000) art78 p.229 599 art78 p.229 600 Art3 p.33-34 601 Art3 p.37 602 Quarantelli (1980, pp. 124-125) Art3 p.34 594 que les évacuations de plus longue durée603. Les abris doivent pourvoir à différents besoins des évacués parmi lesquels604: 1) intimité 2) relations interpersonnelles 3) sécurité 4) les contacts avec l’extérieur (outreach). La "psychology of place" est basée sur l'assomption que les individus s'efforcent de ressentir une appartenance à un lieu. Fullilove (1996) y inclut trois processus psychologique: attachement au lieu, familiarité (connaissance cognitive du lieu) et identité (se retrouver dans une résidence sélectionnée). Une évacuation (ou déplacement involontaire) peut entraîner des sentiments de nostalgie, de désorientation, d'aliénation qui peuvent affecter la santé mentale605. Turner (1967) décrit la réponse collective à un relogement après un désastre naturel comme un processus impliquant l'interruption et le rétablissement de structures sociales. Solidarité entre victimes et exclusion (tolérance réduite) envers ceux qui n'ont pas vécu les mêmes événements606. Selon Harada (2000), la création d'un sentiment communautaire au sein de la population évacuée se crée par le partage de lieux et de matériel commun ainsi que par le partage de tâches domestiques (création d'un sentiment de grande famille: solidarité et sens communautaire)607. Il est important de mettre à disposition des évacués logeant à plus long terme dans les centres d’hébergement des aires privées, des endroits où entreposer de la nourriture, de l'eau, des médicaments personnels… Il faut veiller à la mise à disposition d'une aire du lieu d'hébergement mixte et/ou séparée pour les animaux de compagnies. Cette aire devra pourvoir à leur nourriture. 4. Management (D2 cf. PIPS p.55) Il faut gérer l’organisation des équipes de soutien et les bénévoles. Les autorités doivent également veiller à transmettre certaines directives via l'information locale afin de canaliser les "bons sentiments" en indiquant à la population locale les moyens d'aides utiles. L’utilisation d’internet en ce sens peut également se 603 (Perry et al. 1981, pp. 3,139). art3 p.34 art6 p.303 605 art6 p.304-305 606 art6 p.306 607 art6 p.307 604 révéler efficace608. Impliquer les évacués dans la gestion de l'abri, les encourager à participer à la gouvernance communautaire peut aider à réduire les mécontentements.609 Impliquer les évacués dans la préparation de repas typiques (ethniquement, régionalement, culturellement) peut aider à accroître le sentiment de confort610. L’organisation d'une garderie permettra de libérer des impliqués disposés à travailler pour le centre et du personnel local si les écoles et crèches sont fermées611. Empiler les vivres (nourriture – eau) dans le champ de vision des impliqués peut diminuer le sentiment d'insécurité612. L’organisation de spectacles de chant, de théâtre... avec les collectivités locales613 permet de canaliser le bénévolat tout en procurant distractions et divertissements aux impliqués. Les autorités doivent mettre en place la gestion d'un service de réception des dons, en lien avec les informations locales afin d’aiguiller la population et de faire coordonner offre et demande. Des navettes de transport entre le centre d'hébergement et la ville la plus proche doivent être mises à disposition des impliqués. L’accès aux commerces et établissement sont une routine importante d'un point de vue psychologique en cas de prolongement du temps d’éloignement. o 5. Autres tâches des autorités Une évaluation de la situation doit être faite de manière périodique. La Discipline 3 doit organiser la surveillance de la zone évacuée. En coordination avec les Disciplines 1 et 4, le déblaiement de la zone sinistrée doit être organisé si besoin. 608 art61 p.2 (Yelvington 1997) art6 p.306 610 (Phillips 1993) art6 p.306 611 art61 p.3 612 art6 p.324 613 art6 p.324 609 En cas de prolongement de très longue durée, l’autorité en charge se doit de prévoir un soutien économique (fonds des calamités) et une assistance sociale614. o 6. Retour La phase de retour couvre le laps de temps du message "all clear" à l'arrivée des derniers évacués dans leur foyer615. Une attention particulière doit être portée au laps de temps séparant la fin d'une situation d'urgence (perçue comme telle parla population) et la décision de retour émise par l'autorité administrative. En effet, les impliqués ressentiront un droit légitime à retourner chez eux alors que la zone peut ne pas encore être sûre616. Pour certains impliqués, une assistance économique et sociale, un support externe seront nécessaire afin de négocier le retour617. La déclaration de la zone rouge comme habitable se fera lorsque: - La menace où la présence du cataclysme sera dépassée - Que tout risque de ré-existence a été levé - Que les infrastructures sont sûres (accord d'ingénieurs) - Que les immeubles sont sûrs (accord d'ingénieurs) - Que les services de survie sont restaurés - Que des logements sont disponibles - Que les conditions d’hygiène sont suffisantes - Que les conditions de sécurité sont suffisantes 6.1. Message de retour La transmission de l'information au citoyen peut se faire via les médias. Si un recensement exhaustif a été réalisé une transmission directe de l’information peut se faire via les télécoms (cityalert). Il est conseillé de privilégier une communication directe avec les impliqués avant la transmission de l’information à la presse618. 614 art6 p.306 Art1cp.66 616 art5/111 p.131 617 (Lindell, 2004; Tierney, Lindell & Perry, 2001; Phillips, 1993) art6 p.306-307 618 Art3b p.19 615 Le contenu du message doit pourvoir les informations suivantes : la date – l'heure – l'émetteur – les zones sûres – une brève description des faits – les moyens de retour – les conditions de routes/de trafic – l'état de sécurité services de rétablissement Le message doit être émis par une source d'autorité, être clair et précis et être fréquemment répété En cas de situation d’urgence aux conséquences dommageables pour les propriétés des habitants, il faut s’assurer que les victimes s'attendent à des dégâts619. 6.2. Transports de retour Les autorités doivent pourvoir au transport de retour pour les personnes évacuées par des moyens publics à l’aller. Si l'évacuation concernait une grande zone il est préférable d'envisager des retours par étape pour éviter les embouteillages. Les mêmes principes de signalisation et de gestion du trafic qu'à l'aller peuvent être utilisés (sens unique – routes bloquées – policiers…) Un retour accompagné des services de secours en vue de récupérer des nécessaires vitaux et/ou de valeur est envisageable si la durée de l'évacuation se prolonge. La coopération de la population dépendra du type de catastrophe. La population sera plus réticente à réintégrer une zone qu'elle a du évacuer à cause d'un incident chimique ou nucléaire620. A nouveau, les autorités ne peuvent envisager de l'influencer que via la communication. La qualité de vie des impliqués influence la décision de retour621. o 7. Débriefing / Retour d’expérience Une série de questions doivent être posées aux différentes parties: 619 Art3b p.26 art2-E p.185 621 art77 p.30 620 - les tâches, responsabilités et compétences ont-ils été bien accomplis? - Y-a-t-il des manquements au scénario (VM)? - La transmission de l'information a-t-elle été transmise à temps? Était-elle complète, compréhensible et pertinente? - La communication s'est-elle déroulée comme prévu? - Comment s'est déroulée l'expérience? S'est-elle écartée des événements? Si oui, comment? - Combien de temps a duré l'évacuation? Pourrait-elle être abrégée? - Où se situent les points à améliorer?622 Back-up Si des procédures bureaucratiques ont été négligées suite aux mesures d'urgence, une remise en ordre est nécessaire. o 8. Phase de rétablissement En cas d'évacuation définitive (migration) les relations avec la communauté ayant reçu les évacués peuvent se détériorer si une compétition pour les ressources surgit. Surtout si les évacués reçoivent plus d'aide des autorités. L'équilibre communautaire est modifié623. Le rétablissement (retour à une situation équivalente à la situation préévénements) est un processus progressif et à long terme. Les conséquences psychologiques peuvent s'étaler sur plus d'un an624. Un bureau d’accompagnement (Centre d'Information et de Soutien (D2 cf. PIPS p.81)) aux victimes ou à tout le moins une ligne téléphonique doivent être organisés afin d’accompagner les impliqués tout au long du processus de rétablissement. On peut y dispenser toute sorte de conseil ayant trait aux assurances… ou aider les impliqués dans leur recherche d'un soutien médical ou d’un accompagnement psychologique. (D2 cf. PIPS p.18) Les gestionnaires d’urgence doivent organiser des réunions d'information postévènement ((D2 cf. PIPS p.79) D'autres mesures contingentes peuvent être mises en place. Exemple: constitution d'un laboratoire local d'analyse de produits potagers accessible aux 622 I. Helslot « Evacuatie. Een overzicht... p.137 art77 p.31 624 art48 p.544 623 impliqués après le passage d'un nuage toxique.625 Conseils aux victimes : - prendre des photographies des dommages - s'assurer de la sécurité de leur foyer - s'assurer du rebranchement du gaz et de l'électricité, de jeter les vivres périmés626 - informations relatives aux assurances Le sentiment de sécurité perçu dans sa localité, chez soi, se modifie après une inondation627. La perception du « chez soi » comme endroit privé, de sécurité et de confort change628. Les désastres créent un sentiment de solidarité communautaire parmi les victimes. Cette période ne dure pas et entre en conflit avec le système social habituel629. Les impliqués reviennent habiter là où ils peuvent, même si la zone n'est pas agréable à vivre, dans des caravanes ou hôtels. Parfois ils reviennent dans leur maison contre l’avis d'experts (architectes ou assureurs) sur la sécurité pour surveiller les travaux de réparation ou de reconstruction630. En effet le « chez soi » est l’endroit où l’on choisit de vivre en fonction de différents facteurs constitutifs de son identité: expectatives socioculturelles et aspirations, distance du travail et de l'école, engagements familiaux, base des relations. La résilience de la communauté désigne sa faculté à se remettre du désastre. Elle dépend de la réponse pré- et post-désastre631. Certains facteurs négatifs sont associés aux évacuations: interruption sociale, embarras financier inhabituel, exposition élevée à des maladies contagieuses et troubles politiques632. 625 ITWLLN Groupe 9, responsable de la planification d'urgence au niveau communal. Art3b p.26 627 (Tapsell and Tunstall 2008) art48 p.541 628 art48 p.542 629 (Bolin et al., 1998) art77 p.28 626 630 art48 p.542 art77 p.29 632 (Cernea 2000) art77 p.30 631 La phase de rétablissement est plus difficile à dépasser pour les individus et familles économiquement et socialement marginalisés633. Les évacuations forcées peuvent entraîner des problèmes psychologiques additionnels: perte de confiance envers les militaires ou policiers ayant procédé à l'évacuation forcée, impression négative envers l'autorité en fonction. Mieux vaut que les gens se persuadent qu'évacuer est le remède effectif à une situation de danger réelle634. 633 634 Art77 p.29 Art77 p.30 Bibliographie art1: PERRY R.W. "The effects of ethnicity on evacuation decision-making*" in International Journal of Mass Emergencies and Disasters, March 1991, vol. 9, no. 1, pp. 47-88. 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"Then warning process and evacuation behavior: the research evidence" Preliminary paper, University of Delaware Disaster Research Center, 1990 - observation de l'exercice d'évacuation d'un auditoire de l'UCL. Novembre 2008. + Débriefing - Guide Pratique d'intervention Psychosociale (PIPS), SPF Santé Publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, Décembre 2006. 124: Plan d'urgence Nucléaire et Radiologique pour le Territoire Belge, 2003. 125: Mass evacuation" Draft revised guide to the National CDEM Plan September 2008 11p. New Zealand Katrina1 : LAGADEC, P. Katrina: examen des rapports d'enquête - Tome 1 : "A Failure of Initiative " - U.S. House of Representatives Mai 2007, deuxième version, Cahier n° 2007-07, Ecole Polytechnique, Centre National De La Recherche Scientifique. INTERVIEWS Ergo 09 mars 2009 – présentation de Koen De Budt Ergo 09 mars 2009 – Didier Sorgeloos – Police fédérale Ergo 09 mars 2009 - Luc Bauwens - Oost-Vlaanderen Ergo 09 mars 2009 – Jean-Claude Parent, Anne Dassy – Province de Liège Ergo 09 mars 2009 – Julie Clément – Oost-Vlaanderen Ergo 09 mars 2009 - Elke Allaert - Oost-Vlaanderen Ergo 10 mars 2009 - Mr Leenaers – Discipline 1 – Niveau Fédéral Ergo 10 mars 2009 - Mr Nyssens, Mr Vanelslander – Croix-Rouge Ergo 10 mars 2009 - Michel Laforce, Jan Van de Vreken – Police Fédérale Dendermonde Ergo 10 mars 2009 - Frans De Kock – Protection Civile Ergo 10 mars 2009 - Benoît Ramacker – DGCC – Communication Ergo 10 mars 2009 - Dr. Wim Haenen – Officier de la Santé Publique - Anvers Ergo 10 mars 2009 - Mr Simon, Jean-Pierre Léonard – TEC – Liège Interview n°1 – Commissaire d’arrondissement Interview n°2 – Assistant social Interview n°3 – Attaché à la Sécurité Civile niveau provincial Interview n°4- Psychosocial Manager Interview n°5– membre de la Discipline 4 Interview n°6– Référent Sécurité civile niveau communal Interview n°7- manager d'un centre commercial et d’un Responsable Prévention d’un groupe commercial Interview n°8– Délégué général adjoint à la Sécurité d’une société de transports en commun Interview n°9– Conseiller en Prévention d’une université Interview n°10 – Conseiller en prévention d’une école Interview n°11- Conseiller en prévention d’une école Interview n°12– Responsable Sécurité d’un stade de football Interview n°13 Interview n°14 – membre de la discipline 2 Interview n°15 – journaliste Interview n°16– bourgmestre Interview n°17- Facility Manager d’un Centre Commercial Interview n°18- responsable de la planification d’urgence niveau communal Interview n°19Interview n°20- Chef de la Sécurité Niveau 2 dans une entreprise Interview n°21 Interview n°22 : membre de la discipline 1 Interview n°23 - Conseiller en Prévention Guide pratique des évacuations de population Deuxième Partie: Les fiches d’action Sommaire AVANT: FICHE D’ACTION A1................................................................................ 285 Avant l’avant ....................................................................................................... 285 AVANT : FICHE D’ACTION A2............................................................................... 285 La planification des évacuations de population................................................... 285 1. Les plans cf p.12 ......................................................................................... 285 1.2. Procédures cf p.23 ...................................................................................... 290 2. Prévention cf. p.23....................................................................................... 290 3. Formation des acteurs cf. p.27 .................................................................... 291 PENDANT : FICHE D’ACTION B1 ......................................................................... 292 Détection : informations - prédictions.................................................................. 292 PENDANT : FICHE D’ACTION B2 ......................................................................... 293 Décision .............................................................................................................. 293 PENDANT : FICHE D’ACTION B3 ......................................................................... 296 Action .................................................................................................................. 296 Cf p.37............................................................................................................. 296 3.1. Pré-alerte.................................................................................................. 296 3.2. Organisation des lieux d’interventions PC-Ops ........................................ 296 3.3. Alerte à la population: D1 – D3 cf. p.39 .................................................... 296 PENDANT : FICHE D’ACTION B4 ......................................................................... 298 Evacuation .......................................................................................................... 298 4.1. Gestion du trafic D3 cf. p.43 ..................................................................... 298 5. Réaction de la population selon cf.p.44....................................................... 298 6. Contrôle de la zone D3 cf p.54 .................................................................... 298 APRES : FICHE D’ACTION C1 .............................................................................. 299 Accueil............................................................................................................. 299 cf. p.55 ................................................................................................................ 299 2. Information cf. p.57...................................................................................... 299 3. Hébergement D2 D4 cf. p.57....................................................................... 300 4. Management cf. p.59................................................................................... 300 APRES : FICHE D’ACTION C2 .............................................................................. 301 Retour ................................................................................................................. 301 APRES : FICHE D’ACTION C3 .............................................................................. 302 Back up cf. p.63.............................................................................................. 302 Rex cf. p.63 ..................................................................................................... 302 APRES : FICHE D’ACTION C4 .............................................................................. 303 Phase de rétablissement..................................................................................... 303 Supprimé : 4 Supprimé : 4 Supprimé : 5 Supprimé : 5 Supprimé : 5 Supprimé : 11 Supprimé : 11 Supprimé : 14 Supprimé : 15 Supprimé : 15 Supprimé : 17 Supprimé : 17 Supprimé : 21 Supprimé : 21 Supprimé : 21 Supprimé : 21 Supprimé : 21 Supprimé : 21 Supprimé : 24 Supprimé : 24 Supprimé : 24 Supprimé : 24 Supprimé : 25 Supprimé : 26 Supprimé : 26 Supprimé : 26 Supprimé : 26 Supprimé : 27 Supprimé : 27 Supprimé : 28 Supprimé : 28 Supprimé : 30 Supprimé : 30 Supprimé : 30 Supprimé : 31 Supprimé : 31 Attention Les italiques font référence aux pages et points de la Première partie du Guide des évacuations de population. AVANT: FICHE D’ACTION A1 o Avant l’avant Cf point A.4 et A.5 de la Première partie du Guide des évacuations de population, p.10. Au sein de la Cellule de sécurité (Communale ou Provinciale) - Se procurer l’A.R. avec lien, en plus arrêtes d’application - Lire l’arrêté en conseil - Créer la Cellule de Sécurité, sinon secrétaire communal - Constituer la fonction, décider de la personne - Reprendre notre travail sur l’arrêté - La personne - Réunir le groupe et réaliser la stratégie (fixation des objectifs, mise en œuvre) outils: bsc swot - Se procurer un logiciel AVANT : FICHE D’ACTION A2 o La planification des évacuations de population Cf Point A.1- A.2 et A.3. de la Première partie du Guide des évacuations de population, pp.12 à 28. Au sein de la Cellule de sécurité Communale ou Provinciale 1. Les plans cf p.12 • 1.1. Inventaires 1.1.1. Inventaire des risques (par cartographie): - les zones à risque: - zones inondables - zones d'activités sismiques - zones d'incendies de forêt - utilisation, vente ou production de substances dangereuses pompes à essences nettoyage à sec hardware produits d'entretien (même rayons de supermarchés) hôpitaux banques bijouteries ... - les informations démographiques : (densité - population...) - l'implantation des communautés à risques / vulnérables (voir plus loin Point 1.1.5.) - les itinéraires d'évacuations (« flow, capacity ») - la localisation des centres de soins - les frontières des localités et/ou des régions, pays le cas échéant - les données topographiques - la localisation des services d'urgence et autres - la localisation des infrastructures de survie et autres Une fois les risques identifiés, il faut les pondérer - attention à l'urbanisation - accessibilité - nature du sol - climat - entreprises sur place • Les outils - http://www.em-dat.net - EU Medin - GLIMMER - GIS - compagnies d'assurances 1.1.2. Inventaire des moyens cf p.16 • 1.1.2.1. Inventaire des équipes 1.1.2.2. Inventaire des Transports - bus communaux - bus, camionnettes, vans de la police - transports en commun : - établir des I.A.A. (Involved Assembly Area) en communication avec les respons ables du transport - compagnies d'autocars - taxis - locations de voiture - bus handicapés - ambulances Etablir des itinéraires d’évacuation Porter attention au carburant et à la logistique des chauffeurs 1.1.2.2. Inventaire des lieux d’accueil et d’hébergement cf. p.16 Accueil − Commodités sanitaires (+ papier toilette). A défaut penser à louer des latrines − Adduction et évacuation d'eau − Moyens de restauration: cf p.18 - quelques heures: snacks, sandwichs, boissons chaudes et froides - plus longtemps repas chauds Attention doit être portée aux cultures (cachère – végétariens…) et aux allergies. Il convient dès lors d’offrir deux variétés de menus. - si hébergement: petit déjeuner - si approvisionnement et, si moyens matériels et humains cuisine sur place (type cantine) - CPAS - tentes cuisines de la protection civile - accords avec entreprises privées de restauration (type Sodexho) − d'une pièce isolée susceptible de servir comme lieu d'annonce de mauvaises nouvelles − d'une pharmacie « quotidien ». Les personnes évacuées n'auront en effet pas les mêmes besoins médicaux que les traumas traités par le P.M.A. − d'une aile séparée pour les équipes de secours − d'une zone d'hébergement séparée pour les animaux de compagnies ou accords avec S.P.A.... − hôpital et/ou centre de soin à proximité − de rampes et autres accommodements accessibles aux personnes à mobilité réduite et aux personnes souffrant d'autres types d’handicaps. − des centres d'accueil et/ou d'hébergement doivent être prévus pour les « communautés vulnérables ». Hébergement - assurances? (numéros) - amis, famille? - accommodation du lieu d'accueil - lits - douches - vêtements, essuies, matériel de toilette si évacuation rapide - centre de vacances - hôtels - loisirs (jeux de sociétés, télévisions...) - moyens de communication (téléphones - internet) - Plans particuliers pour les communautés vulnérables - mise à disposition d'aires privées pour les impliqués (casiers...) - animaux 1.1.3. Inventaires de Population cf. p.19 - recensements par bloc résidentiel, par rue, par quartier - communautés "vulnérables" QUI? 1. incapacités physique - Les grabataires, infirmes et/ou malades difficiles à transporter - les handicapés (en institution ou non - à long terme ou à plus court terme (blessure...) - sourds - aveugles - muets (limitation de la vue, de l'écoute, de l'élocution - arriérés mentaux (limitation de la mémoire - du jugement - de l'apprentissage - du processus d'information) - limitations temporaires résultant mais non limitées à : chirurgie – accidents et blessures (os brisés, foulures) – grossesse - « mobility-impared » problèmes de mobilité : douleurs aux articulations (escaliers...) - béquille - canne - fauteuil roulant - marcheur - personnes en Surpoids - sensibilités chimiques problèmes respiratoires: conditions cardiaques asthme - emphysèmes - ou autres symptômes de réaction au stress, à la fumée, à l'effort... Les personnes en cours de traitement ou subissant des soins médicaux doivent être en possession de leur dossier médical pendant le transfert. 2. Incapacités mentales Individus souffrant de problèmes émotionnels, cognitifs, de raisonnement ou d'apprentissage. Les individus qui souffriront de confusion lors de la confrontation à des événements extraordinaires (perte de l'orientation, de vision, d'entente) 3. Incapacités institutionnelles • les maisons de repos / homes • les hôpitaux (plan MASH) • Les écoles: selon la cinétique de la situation d'urgence il est conseillé de renvoyer les enfants chez eux (pour ensuite les évacuer en famille) ou les évacuer et de prévoir un rassemblement familial plus tardif. Quoi qu'il en soit il faut avertir les parents des plans prévus et il faut s'attendre à voir les parents débarquer en masse dans les écoles. Les compagnies d'assurances et/ou mutuelles peuvent discuter des plans (regroupement familial) en cas d'évacuation. • Les accueillantes et autres garderies d'enfants • Les prisons - maisons d'arrêts pour jeunes - centres de désintoxication - Attention à la psycho-sociologie des citoyens: les individus pauvres, isolés – en argent, en formation, en réseau social faible – évacuent plus difficilement. Un suivi plus strict est donc nécessaire. - Les maîtres d'animaux de compagnies - Les personnes en transit: touristes - travailleurs saisonniers – sans-abris. Ils ne peuvent, par nature, être recensés ne connaissent pas les lieux et ignorent les mesures à prendre (comment – où évacuer).Prévoir une information à l’office du tourisme ou à la maison communale dans les zone à risque est salutaire: la prévention ne nuit pas au tourisme - Les « dépendants en mobilités », les individus qui n'ont pas de voitures sont également à prendre en charge de façon plus précise. La planification pour les « mass transit dependents » est plus complexe. L'accès aux voitures est parfois le résultat d'un choix et n'est pas toujours dû à des incapacités financières. Certains individus auront donc la possibilité financière de louer une voiture mais la demande excèderait l’offre. L'autonomie mobile peut également varier selon les circonstances ex. fin du mois et prix du carburant prohibitifs pendant l'évacuation préventive de Katrina. - Les zones de bureau: grand écart de population entre le jour et la nuit – peu d'accès aux médias (télé – radio…), dépendance de décision (quitter le bureau pendant les heures de travail). COMMENT? - la nature de la vulnérabilité - le nombre estimé - les aires de concentration - les voies d'assistance suggérées - la source d'information IMPORTANT - Mise à jour des inventaires Echanger ses plans avec les communes avoisinantes: accord des partenaires avant de les inclure dans les plans (société de catering, de transport en commun, salle communale voisine...) o 1.2. Procédures cf p.23 Différentes procédures sont à mettre en place en fonction des types de risques répertoriés (Plans Particuliers d’Urgence et d’Intervention). En effet, une évacuation varie en fonction de la cinétique, du type de situation d’urgence, de la zone à évacuer (géographie et population) … Différentes procédures sont à mettre en place en concertation avec les acteurs intervenant dans la situation d’urgence envisagée selon le modèle établi dans le chapitre et/ou les fiches d’action Pendant. 2. Prévention cf. p.23 Définir des objectifs selon les besoins (risques - procédures) • 2.1. Contenu 2.2.1. Education aux risques cf P.24 2.2.2. Message • qui est responsable du plan d'évacuation • qui est en charge de l'évacuation • qui contacter en cas de questions • où trouver des informations supplémentaires ou plus détaillées • quels seront les signaux d'alarme, les itinéraires, la signalisation… • quels et où se situent les lieux d'hébergement, de soins… possibles • quels sont les risques locaux • quels sont les gestes à accomplir en cas de catastrophes/accidents - couper le gaz et l'électricité - rassembler un minimum de bagages - emporter votre kit d'évacuation: • nourriture (non périssable, prête à manger) • eau (pour 3 jours. 3,78 litres par personne/jour) • carte d'identité – carte sis – papiers médicaux - cash - papiers d'assurance • gsm + chargeur – numéros de téléphone de la famille et des amis • médicaments – lunettes de vue, produit lentilles - trousse de toilette (lingettes, papier toilette...) • vêtements de rechange pour 72h (adaptés au climat) • sacs de couchage / couvertures • nourriture, cage de transport, laisses pour animaux • carte routière locale • couches, biberons, tétines, lait en poudre,... pour les bébés289 • livres, jeux de sociétés • bougies / briquet / torche - radio portable – piles • allumettes dans un emballage water-proof – sifflet • accessoires de cuisines - En cas d'inondation: - mettre le plus de biens possibles aux étages supérieurs - s'assurer du confinement de toute sorte de produits chimiques - s'assurer du bien-être ou du suivi des voisins • 2.2. Méthode cf p.25 - Publications: brochures – cartes… - Kits scolaires: copies des brochures ou des plans - Publicités: utilisation des médias locaux - Internet: emails et site de la commune. Une fois les inventaires des risques établis, ils pourraient être mis à disposition de la population via un site internet (ex: www.risicokaart.nl ). Le citoyen pourrait prendre conscience des risques qui l'entourent en encodant son adresse et de là suivre un lien vers les gestes à accomplir en telle situation. Une seule campagne de prévention pourrait dès lors former la population à tous types de risques. Les gestes à accomplir en cas d'évacuation seraient une des fiches-lien. - Présentations: présentation standard – réunions d'informations - Évènements / stands dans les endroits publics: centres de soins – librairies – centres d'information – centres touristiques… • 2.3. Forme cf. p.26 - items in situ - exercices - cartographie et plans d'évacuation 3. Formation des acteurs cf. p.27 - plans - créativité, réactivité, improvisation - coordination et coopération PENDANT : FICHE D’ACTION B1 o Détection : informations - prédictions D1 - Pc-ops - CC − Information du risque, description des faits, calcul des conséquences (effets dominos) D1 - Conséquences économiques cf p.28 - Conséquences d’une fausse alerte cf p.29 − Réunion des principaux acteurs (Cascade - Comité de coordination) et des experts. − Evaluation, pose du DIAGNOSTIC : les conditions peuvent s'améliorer ou empirer pendant l'évacuation, ce qui signifie que le diagnostic peut évoluer : BOUCLAGE - définition du type et de la complexité Type cf p.6: planifiée – spontanée – post-impact Complexité cf p.8 : Population (démographie, densité, types de population) – lieux et/ou sa configuration (taille de la zone, matières dangereuses, type de zone) – type de catastrophe – cinétique – durée d’éloignement − Lancer au plus vite la phase de pré-alerte − Recensement de la population : évaluation du nombre de personne à évacuer (habitants des zones rouge et orange) D2 − Identification des « communautés vulnérables » en présence D2 − Identification des différentes solutions ("screening") − Evaluation du temps d'évacuation Calculer le temps d'évacuation dépend d'une multitude de facteurs : − le temps de mobilisation des moyens − la dispersion des messages d'avertissement − le temps d'acceptation des messages par la population (réception – vérification) voir point B5 cf. p.44 − le temps de réponse (décision d’évacuer ou non) − le temps de préparation de la population − les caractéristiques de la zone rouge − le mouvement de sortie de la zone rouge (le temps de voyage) − Facteur de sécurité routière (le temps d'attente : embouteillages, accidents…) La sortie de la zone rouge se fera à pied en cas de cinétique rapide. Quelle que soit l’estimation du temps d’évacuation, il faut comptabiliser 30 minutes de marge. On estime que le temps de prise de décision est en général le plus long. Il sera idéalement accompli avant le feu vert d’évacuation. PENDANT : FICHE D’ACTION B2 o Décision Cf. p.34 Qui décide? Selon la vitesse de la cinétique: de lent à rapide: autorité administrative (CC) - Pc-Ops - Dir Si ou Dir - Pol - 1er officier sur place - 1er intervenant sur place Quoi? évacuation confinement rien attente Comment ? - 2 questions • est-ce que le confinement se révèle être une solution suffisante? • y a t il assez de temps pour procéder à une évacuation? - Si les réponses comportent un oui, un non, la solution est désignée. - Si les deux réponses sont oui, les décideurs se retrouvent confrontés à un dilemme mais sans gravité. La décision sera dès lors basée sur le coût et la continuité communautaire. - Si les deux réponses sont négatives, le problème est plus grave et il faut envisager des solutions alternatives. Celles-ci peuvent être: - une évacuation « expédiée » (sauve qui peut) - le confinement plus isolé (on conseille à la population de boucher toutes les voies d’aération - uniquement l'évacuation des particuliers possédant un véhicule privé - On peut également envisager des solutions alternatives. Celles-ci peuvent être: - une évacuation « expédiée » - le confinement plus isolé (on conseille à la population de boucher toutes les voies d’aération - uniquement l'évacuation des particuliers possédant un véhicule privé - On peut également envisager des solutions différenciées: recommander l'évacuation pour les zones qui disposent du temps nécessaire à l'évacuation, prodiguer la mise l'abri (confinement) pour les autres635. Ces mesures différenciées doivent être dûment expliquées à la population636. La décision d'évacuer ou non se fait sur base d'un calcul du coût/bénéfice. Il s'agit de comparer le danger que court la population si elle n'évacue pas avec le 635 636 art82 p.2 art93 p.326 danger qu’elle court sur le trajet d'évacuation. - calcul du coût/bénéfice Il s'agit de comparer le danger que court la population si elle n'évacue pas avec le danger qu’elle court sur le trajet d'évacuation. Les dangers varient en fonction de la localisation du site, des conditions météorologiques et du type d'accident. La décision d'évacuation dépend de la sévérité des conséquences du désastre sur la population vulnérable et de la vitesse de la croissance de cette sévérité. Pourquoi ? - Il est toujours préférable de prendre une décision de confinement. CONDITIONS L'évacuation doit être décidée si: - La sécurité personnelle est constamment en danger sur place - Des propriétés sont classifiées comme dangereuses et/ou malsaines et qu'il n'y a pas de moyens de s'abriter sur place ou d'autres alternatives - La santé publique est menacée et quelle serait mieux ailleurs - Eau et nourriture ne sont pas disponibles - Les commodités et autres infrastructures sont plus difficiles d'accès que si la population avait été évacuée. - Quand la durée de la situation d’urgence risque d’être longue - Le temps nécessaire au bon déroulement de l’évacuation est disponible - Que les moyens d'évacuation et d'accueil sont disponibles Les variables Une étude de la zone de situation d’urgence doit être effectuée. Certaines caractéristiques peuvent influencer la décision étant donné leur impact sur le temps et la complexité d’évacuation. - Nombre d'impliqués en cas d’évacuation : une haute densité de population signifie une augmentation du trafic - Présence de « communautés vulnérables » - Présence d’entreprises et d’autres activités à caractère productif - Conditions météorologiques / état du réseau routier - Conditions topographiques : y a-t-il des barrières géographiques à l’évacuation ? - Capacité (auto) routière : celle-ci dépend du réseau de routes principales et du réseau secondaire (réseau d’arrivée sur les routes de sortie). Analysée par plans, photos et satellites la capacité des routes de sortie peut être augmentée par : - l’utilisation maximum du contraflow - l’utilisation des voies d’urgence - l’utilisation stratégique des voies de sorties plus petites - l’utilisation du GPS pour diversifier les voies de sortie - la mise en uni-direction des feux de signalisation - L'heure de l’incident influence également la capacité d’évacuation et donc la décision. En effet elle influence les méthodes d'avertissement, la disponibilité du personnel et l'accès aux ressources PENDANT : FICHE D’ACTION B3 o Action Cf p.37 3.1. Pré-alerte - Cascade – rassemblement D1 – PC-Ops - CC - Libérer les voies de sorties D3 3.2. Organisation des lieux d’interventions PC-Ops Zones rouge - orange - jaune P.M.A. - P.P.D. - Pc - Ops - Voies IN et OUT - I.A.A. (Involved Assembly Area). Postes de surveillance Centre d'accueil 3.3. Alerte à la population: D1 – D3 cf. p.39 • • 3.3.1. Message cf. p.38 Contenu - qui donne l'ordre d'évacuation : la source qui délivre l'ordre d'évacuation doit être crédible. Comité de scientifiques, d'organisation et d'officiels. - quel est le danger : Identification de la menace (timing, amplitude de l'événement, zones affectées). - Identification de la marche à suivre (actions concrètes à accomplir) et de la marche suivie par les autorités - Transmission du point de chute (où se situe le centre d’accueil) - Transmission du timing (pour éviter les embouteillages) - Evaluation de la durée de l'éloignement - Où trouver des informations supplémentaires et quels les moyens de communication vont utiliser l’autorité pour maintenir la population évacuée informée - Quoi prendre : médicaments - gsm + chargeur - lunettes - vêtements chauds / casquette papiers (identité / assurances) voir point B2.1.2. cf. p.25 - Rassurer les citoyens sur la protection (surveillance) de leur habitation et sur l'évolution du travail des services de secours, en décrivant brièvement les prévisions faites pour contrôler l'accès à la zone évacuée. Il est important de convaincre le citoyen qu’évacuer est agir dans son propre intérêt: SAUVEZ-VOUS • 3.3.2. Moyens cf. p.39 Haut-parleurs (fixes ou automobiles) – porte-à-porte – médias (radio – télévision) – sites internet – emails – téléphone – sms – fax – radio CB – sirènes – groupes communautaires – gardiens. Le plus efficace: porte-à-porte. Collecte et diffusion de l'information. Radio si coupure d'électricité (voitures) - Redondance Si récalcitrant: mandat de type: exemplaire en annexe. • 3.3.3. Forme cf. p.41 Cohérent, précis, uniforme, exact, clair (phrases courtes, éviter d'utiliser des mots compliqués, des abréviations, du jargon technique, utiliser un langage simple), certain, suffisant (ne donnant ni trop, ni trop peu d'informations) et fréquemment répétés, à différents moments de la journée. La transmission du message à la population peut se faire en deux temps : un premier passage rapide et un deuxième passage pour insister auprès des récalcitrants. Le message de rappel indiquera les conséquences en cas de non-évacuation et les services (médicaux - sanitaires...) qui seront interrompus dans l'aire évacuée. PENDANT : FICHE D’ACTION B4 o Evacuation Cf. p.42 - En cas de cinétique rapide ou dans des espaces à forte densité l’évacuation de la zone rouge se fera de préférence à pied, via l’organisation de colonnes. Les impliqués seront regroupés dans l'Involved Assembly Area (I.A.A.) - En cas de cinétique plus lente ou d'évacuation planifiée il est conseillé de donner le plus possible aux particuliers l'occasion d'utiliser leur véhicule. Il faut également prévoir une I.A.A. (Involved Assembly Area) et un transport public pour les personnes dépendantes en mobilité. - Il est quasi indispensable de prévoir un transport collectif pour les communautés vulnérables (écoles, maisons séjour de repos...) que la cinétique soit lente ou rapide. 4.1. Gestion du trafic D3 cf. p.43 - itinéraire(s) d'évacuation - voies IN voies OUT - contraflow - carburant D4 - déviations 5. Réaction de la population selon cf.p.44 - Le type de situation d'urgence - La préparation de la population - Le contexte et la structure sociale cf. p.49 Point 5.4 - La perception du risque cf. p.47 Point 5.2 - L’influence du milieu cf. p.49 Point 5.3 - Le message d'avertissement cf. p.51 Point 5.5. 6. Contrôle de la zone D3 cf p.54 - Contrôler que la zone est évacuée: Afin de la faciliter on peut demander à la population d'afficher un signal visible pour les services de secours (type panneau "parti"). - Surveiller la zone afin de prévenir vols, pillages et vandalisme: blocage des accès, caméras, patrouilles, survol... - Empêcher les retours tant que la phase d'exil n'a pas été levée par l'autorité administrative APRES : FICHE D’ACTION C1 o Accueil o o cf. p.55 - Regroupement des impliqués dans l'I.A.A. (Involved Assembly Area) D1- D3 • 1.1. Recensement D2 cf. p.55 - peut s'effectuer en plusieurs étapes - enregistrement de sortie (qui va où) afin d'informer les proches si appels • 1.2. Accompagnement cf. p.56 - suivi psychologique: PTSD (Post Traumatic Stress Disorder), quitter chez soi est un choc - suivi médical: médecine quotidienne pas seulement trauma - suivi social: relogement, assistance, aide pour les contacts avec les assurances - suivi économique: fond des calamités 2. Information cf. p.57 - Aux impliqués D5 Elle doit être constante et prioritaire (par rapport aux médias) ne pas hésiter à dire à la population qu'on ne sait pas mais qu'on étudie la question - Aux familles D2 Centre d'encadrement des proches et centrale d'appel - A la population D5 Déviations, bénévolat... 3. Hébergement D2 D4 cf. p.57 voir le point de l'AVANT 4. Management cf. p.59 - gestion des équipes de bénévoles, des services de secours et des équipes de soutien - gestion des vivres - canalisation des "bons sentiments": dons et bénévolat - organisation de navettes de transport entre le centre-ville et le centre d'hébergement si il est un peu décentré - organisation de spectacles de chants ... avec les locaux et les impliqués • Evaluation périodique de la situation: faire le point et fixer de nouveaux objectifs APRES : FICHE D’ACTION C2 o Retour Cf. p.61 Qui décide ? L’autorité administrative Quand ? En cas de prolongement de la durée de l'éloignement un retour accompagné des services de secours peut s'organiser afin de récupérer des nécessaires vitaux et/ou de valeur Pourquoi ? - La menace où la présence du cataclysme est dépassée - Tout risque de ré-existence a été levé - Les infrastructures sont sûres (accord d'ingénieurs) - Les immeubles sont sûrs (accord d'ingénieurs) - Les services de survie sont restaurés - Les logements sont disponibles - Les conditions d’hygiène sont suffisantes - Les conditions de sécurité sont suffisantes Comment ? - Assistance économique et sociale -Transport pour les dépendants en mobilité - Message de retour : Contenu : la date – l'heure – l'émetteur – les zones sûres – une brève description des faits – les moyens de retour – les conditions de routes/de trafic – l'état de sécurité services de rétablissement. Le message doit être émis par une source d'autorité, être clair et précis et être fréquemment répété. En cas de situation d’urgence aux conséquences dommageables pour les propriétés des habitants, il faut s’assurer que les victimes s'attendent à des dégâts. Conseils aux victimes: - prendre des photographies des dommages si il y en a - s'assurer de la sécurité de leur foyer - s'assurer du rebranchement du gaz et de l'électricité, de jeter les vivres périmés - informations relatives aux assurances APRES : FICHE D’ACTION C3 Back up cf. p.63 Si des procédures bureaucratiques ont été négligées suite aux mesures d'urgence, une remise en ordre est nécessaire. o Rex cf. p.63 - les tâches, responsabilités et compétences ont-ils été bien accomplis? - Y-a-t-il des manquements au Guide Pratique ? - La transmission de l'information a-t-elle été transmise à temps? Était-elle complète, compréhensible et pertinente? - La communication s'est-elle déroulée comme prévu? - Comment s'est déroulée l'expérience? S'est-elle écartée des événements? Si oui, comment? - Combien de temps a duré l'évacuation? Pourrait-elle être abrégée? - Où se situent les points à améliorer? APRES : FICHE D’ACTION C4 o Phase de rétablissement Cf. p.63 - Accompagnement psychologique – bureau d’accompagnement cf. PIPS p.18 – p.81 - Mesures contingentes cf. p.64 - Conseils aux victimes