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Critiques / Théâtre
Par Gilles Costaz
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Roulez jeunesse ! de Luc Tartar
Esquisses de l’amour
Trois filles et trois garçons. On ne sait qui ils sont. Sinon des
jeunes d’aujourd’hui. Tous en âge d’amour, en appétit d’amour et
en ignorance d’amour. L’auteur, Luc Tartar, les prend et les place
dans une série de cas de figures. Les danses des corps et des cœurs
n’empruntent jamais le même tempo. Ils sont à deux, ils sont en
groupe. Ils sont maladroits, ils paraissent sûrs d’eux-mêmes. Ils
parlent à voix basse, ils explosent. Ils chantent, ils swinguent en
silence. Ils s’embrassent, ils ne se touchent pas… Finalement, elle
est irracontable, la pièce de Luc Tartar qui précise seulement qu’il
a conçu ce texte sur les « émois amoureux » pour la compagnie
vosgienne joliment intitulée « Rêve général ! » Elle additionne
non pas des scènes, mais des ébauches de scènes – qui en disent
plus long que des scènes patiemment développées. Tartar saisit le
détail qui tue, le détail qui dit tout.
Crédit photo Emmanuel Ciepka
Marie Normand, qui dirige le compagnie et a fait la mise en scène, est quelqu’un dont on
réentendra parler. Elle a su associer dans ce carrousel de rencontres sensuelles la pudeur et la
l’éclat charnel. Ses interprètes sont toujours imbriqués et à distance, serrés et éloignés.
Difficile à croire, mais il faut le voir pour en être convaincu et pour glisser sans cesse d’un
moment doux à un moment secret, d’un instant songeur à un instant charnel. La musique des
discothèques et l’un des acteurs à la batterie (Ulysse Barbry) viennent parfois pousser les
corps et le groupe. Mais, là aussi, Marie Normand nimbe les rythmes de sentiments
mystérieux.
Les jeunes acteurs échappent au glamour passe-partout. Aucun n’a été fabriqué sur un moule
et ne ressemble à l’autre. Mali van Valenberg, Martin Lenzoni, Sarah Glond, Gaëtan Vettier,
Ulysse Barbry, Apolline Roy savent se passer des mots et dire les mots. Pour ceux qui ne
croient pas à l’émergence d’un jeune théâtre derrière les mastodontes qui occupent la scène
depuis belle lurette, voilà l’occasion de repérer une fine équipe, c’est-à-dire une équipe toute
en finesse, où les nouvelles générations trouvent déjà sans doute un miroir de leurs états
d’âme, captés dans un style tendre et nerveux.
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Scène: "Roulez jeunesse !", l'énergie
bouillonnante de la jeunesse
Par Fabienne Arvers/ Les Inrockuptibles
Article publié le 28 mars 2012 sur www.lesinrocks.com, sorti le 16 mai 2012 dans magazine papier.
Crédits photo: Emmanuel Ciepka
"Il était une première fois" pourrait servir d’exergue au texte Roulez jeunesse !, réécrit sur
mesure à même le corps et la voix des acteurs par Luc Tartar à la demande de Marie
Normand, metteur en scène pas beaucoup plus âgée que ses personnages, mais déjà bien
expérimentée, côté théâtre, depuis 2006 et la création de sa compagnie Rêve Général !
A-t-on idée du saut dans le vide que représente chaque première fois dont les adolescents sont
les héros involontaires, parfois tragiques, souvent comiques, mais à jamais inévitables ? Désir,
honte, règles, sexualité, nourriture, fugue, Facebook, intimité, Internet : quel que soit l’angle
envisagé, le meilleur conseilleur reste l’expérimentateur lui-même ; l’avis des autres n’étant
au mieux que l’écho plus ou moins assourdi de ce que chacun traverse et découvre, bon gré
mal gré.
Pour s’approcher de ces seuils en cascade qui jalonnent le passage à l’âge adulte, Marie
Normand a fait le vide sur le plateau (une batterie, quelques chaises et c’est tout) et dans le
texte, sapant tout bavardage ou facilité de vocabulaire accolée à la jeunesse, pour privilégier
le langage des corps, entre élan et retrait, mise à nu et camouflage. Il y a ce qui se dit et ce qui
ne se dit pas. Roulez jeunesse ! parle de tout, sans apprêt, mais avec cette énergie de la
jeunesse bouillonnante de sensibilité qui parle au cœur et touche au but. Au final, on s’attache
à des personnages qui font naître des acteurs et c’est beau !
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« Bousculades en tous genres »
Crédits photo: Emmanuel Ciepka
LE DEVOIR- Michel Bélair- Montréal
Avril 2012 –Festival Méli’môme
(…) Chocs en série
Vint ensuite un premier grand choc qui m’a violemment extirpé des dernières brumes du
décalage horaire : Miche et Drate, paroles blanches, un texte de Gérald Chevrolet. (…) —
tout repose précisément sur les mots que s’échangent Miche et Drate… et Duchange sait les
faire sonner comme aucun autre : un grand moment de théâtre toutes catégories confondues.
On peut d’ailleurs dire la même chose de Roulez jeunesse ! un spectacle tout neuf créé sur un
texte de Luc Tartar que l’on connaît surtout au Québec pour S’embrasent mis en scène
remarquablement par Éric Jean. Mais ici, oufffff! Je suis sorti de ce spectacle complètement
soufflé, gonflé à bloc en fait par l’énergie brute qui s’en dégage. Dans cette production qui
prend la forme d’une vague déferlante orchestrée par Marie Normand, une jeune metteur en
scène extrêmement talentueuse, de jeunes ados viennent exprimer leur découverte de la
sexualité. Spectacle particulièrement physique, Roulez jeunesse ! est construit en segments
morcelés donnant lieu à des scènes collectives, des duos ou des solos; c’est une sorte d’hymne
à la vie bourré d’explosions d’énergie que l’on souhaiterait voir offert à tous les ados du
monde.
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Crédits photo: Emmanuel Ciepka
Festival Méli'môme « Ils savent parler aux ados »
Guillaume FLATET
REIMS (Marne) Rencontre croisée entre une comédienne de « Roulez jeunesse ! » et le
metteur en scène de « Monstres », deux spectacles qui ont marqué le festival pour leur succès
auprès des ados.
Dans « Roulez jeunesse ! », mis en scène par Marie Normand sur un texte de Luc Tartar, six
comédiens parlent, dans des monologues ou à six voix, de tout ce qui est avant la sexualité.
Dans « Monstres », Pascal Brullemans met en scène une comédienne qui joue douze
personnages, Corinne Méric, et surtout une ado qui vit l'attente du résultat d'un test de
grossesse.
Les deux créations soutenues par Nova Villa ont capté l'attention de centaines d'ados rémois,
et de leurs parents. « Il y a eu une grande écoute pour « Roulez jeunesse !» », a noté Joël
Simon. « C'est comme une fresque mais sous forme de clips. On parle de tout le monde, du
plaisir et de la vie », note Pascal Brullemans, cette fois-ci spectateur.
«Nous sommes une jeune équipe », explique Apolline Roy, une des comédiennes, proche de
Marie Normand. « Elle n'avait pas envie de dire aux ados : la vie, c'est de la merde. Elle ne
voulait pas du côté lourd de transmission de la société. C'est plutôt: faites vivre vos envies.»
Luc Tartar a écrit sur la sexualité des ados, par petites histoires, de différentes tailles:
l'homosexualité, l'anorexie, la 1re fois, celui ou celle qui ne l'a pas encore fait… « Il y a le
mec qui s'endort au camping tellement celle qui est à côté de lui parle, parle, car elle a peur de
ce qui peut arriver. » Joël Simon pourrait multiplier les exemples, plus ou moins forts.
« Ce sont comme des fragments, par rapport au corps qui change, à la gestion des envies qui
jaillissent », note la belle comédienne Apolline. « Marie a mis trois ans avant de créer «
Roulez jeunesse ! ». C'est son agent qui lui a proposé le texte de Luc Tartar, c'était le bon
moment dans sa vie, même si elle n'a que 25 ans, de se retourner sur son adolescence. Mais il
fallait une grosse production, elle a fait très attention de bien s'entourer. Il était hors de
question de jouer en mode ado. il y a beaucoup de décalages, ce qui amène de l'humour.»
Sensations vraies
[…] Apolline a été marquée par les réactions des ados aussi : « Après le spectacle, ils disaient:
« C'est exactement ce qu'on dit nous ! » Ah ? « Oui, mais pas avec vos mots, on ne parle pas
comme ça ! » »
Il n'y a pas un gros mot dans « Roulez jeunesse ». « Cela montre encore que l'élan et la poésie
sont plus forts que les mots. »
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