Olivier Nollen-Ombre de Lune

Ombre de Lune
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De retour d'une longue et distrayante journée,
Rythmée d'entourloupes, menus larcins et gestes de bonté,
Vers ma demeure, lentement, le sentier je gravis,
Alors que le soleil a déjà cédé au règne de la nuit.
Avec bonheur, je retrouve ma chère clairière
Où nul n'ira troubler mon sommeil solitaire,
Sur mon lit, bordé de mousse,
en paille fraîche et feuilles douces.
Mais, STUPEUR, à cette vision :
Une ombre informe se dessine dans le fond...
Âme égarée, grave danger, hallucination ?
Je n'ai bien sûr lancé aucune invitation.
A la faveur d'un heureux souffle de vent
Apparaît la blanche lune, comme un diamant.
Son éclat ne suffit à dévoiler la nature
– Maudit tronc d'arbre ! – de cette mystérieuse créature...
Un œil, rien qu'un œil, brille dans le noir.
Et je me perds dans ce profond regard...
De toute ma vie de drac, je mobilise les savoirs.
En pure perte, il est trop tard...
Ombre de Lune aux yeux verts,
Me viendrais-tu du diable vauvert ?
Car à travers nos contrées, jamais
De vert plus intense ne pourra s'imaginer.
Plus puissant qu'un cyprès sur la plaine en hiver,
Plus fragile qu'un tapis de primevères,
Plus limpide que les eaux du Tarn aux premiers jours de l'été,
Plus éternel qu'un automne au cœur de nos cités.
Du sommet des Pyrénées, la pureté de l'aube.
Du trésor des templiers, la plus fine émeuraude.
Devant tant de grâce, sans conditions, je m'abandonne,
Puisque ton charme envoûtant me l'ordonne...
« Hou ! » – Le cri d'une chouette me libère de cette torpeur
Et me ramène soudain à la raison, à la peur.
Ombre de Lune, qui es-tu qui m'hypnotise ?
Ou serait-ce même l'amour en germe qui m'électrise ?
En drac fier et courageux, il faut que je voie
Quel est ce présent que le destin m'envoie.
Draga ?
Je le jure, je t'épousais.
Humaine !
Par dépit, je t'ai croquée.
Monsieur Olivier Nollen
Chef de cabinet
Préfecture de la Lozère