2015-la construction ecologique en bosnie-herzegovine-uez

Transcription

2015-la construction ecologique en bosnie-herzegovine-uez
Efficacité énergétique_Formation
La construction écologique en
Bosnie-Herzégovine
Dans la ville de Tuzla, de jeunes professionnels du bâtiment suivent une formation sur le thème de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Ils doivent contribuer à ce que, à l’avenir, l’environnement soit davantage prix en considération dans le secteur du bâtiment. Cette formation est organisée par
une ingénieure en chimie, une association suisse, l’école technique Polybau d’Uzwil et la plateforme REPIC
(Renewable Energy & Energy Efficiency Promotion in International Cooperation).
soutien de la Suisse furent donc
d’autant plus importants. A ce
titre, « l’Association de soutien
au Centre de l’environnement
et de l’énergie de Tuzla », fondée
spécialement à cette fin, a fourni
dès le départ une assistance
d’ordre professionnel et financier. Matthias Zimmermann a
connu Dzemila Agic en Bosnie
et l’a épaulée durant son stage à
l’AUE. Aujourd’hui, il s’engage
au sein du comité directeur
de l’association. « Nous avons
pu contribuer dès le début à
la création du Centre et à son
financement », précise Matthias
Zimmermann. Et de poursuivre :
« Nous avons notamment pu
apporter une aide en termes de
coaching et de soutien à divers
projets. Toutefois, plus le temps
passe, moins ce soutien est nécessaire – le Centre fonctionne
de manière très indépendante. »
Dans le cadre des deux premiers cours, les jeunes professionnels ont acquis des connaissances pratiques et théoriques en matière d’efficacité énergétique, d’isolation thermique et d‘énergies renouvelables appliquées au secteur
du bâtiment.
Si elle a été épargnée par le front
pendant la guerre de 1992 à
1995, la ville bosniaque de Tuzla
a toutefois subi des attaques à
la grenade qui ont endommagé
ses infrastructures. Après la
guerre, priorité a été donnée à
la reconstruction rapide, les critères écologiques y sont passés à
la trappe.
Lors d’un stage effectué en 2000
à l’Office cantonal de l’environnement et de l’énergie AUE à
Liestal, l’ingénieure en chimie
Dzemila Agic, originaire de
Bosnie, a émis le souhait de
promouvoir le développement
durable et l’écologie à Tuzla, sa
ville natale. « Ce stage fort intéressant m’a permis de réaliser à
quel point l’environnement est
protégé dans le canton de BâleCampagne, et comment l’énergie
y est utilisée de manière rationnelle. J’ai ainsi pris conscience
du travail immense qui devait
être fait dans mon pays après la
guerre », souligne-t-elle.
C’est ainsi qu’est née l’idée
de créer un centre local pour
l’environnement et l’énergie en
collaboration avec l’AUE.
Un établissement notable
Aujourd’hui, 14 ans après sa
création, le Centre de l’environnement et de l’énergie CEE
de Tuzla est un établissement
majeur pour la formation dans
les domaines de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Par ailleurs, le centre réa-
lise différents projets en matière
de compostage et de recyclage,
d’installations photovoltaïques,
de stations d’épuration et de
relations publiques. « Les représentants du gouvernement et les
citoyens prennent désormais en
compte les problèmes écologiques – les résoudre devient
pour eux primordial. Il s’agit là
de notre plus grande réussite,
la plus importante de toutes »,
résume Dzemila Agic.
Mais les débuts n’ont pas été
simples : Dzemila Agic précise qu’à l’époque, « l’unique
priorité était de reconstruire les
bâtiments détruits et de relancer
l’économie. La protection de
l’environnement n’était pas prise
en considération ». L’appui et le
Construction de maisons
écologique
Depuis 2013, le Centre pilote le
projet « start-up energy & housing ». Son but : établir un nouveau programme de formation
permettant à de jeunes professionnels du bâtiment d’acquérir
de solides connaissances en
matière d’efficacité énergétique,
d’isolation thermique et d’énergies renouvelables.
Le pays a un besoin urgent d’experts. Matthias Zimmermann :
« Les maisons y sont souvent peu
isolées et chauffées au moyen de
vieux poêles, alimentés avec des
combustibles aussi néfastes pour
l’environnement que dangereux
pour la santé. » Au plan local,
l’industrie du bâtiment dispose
de peu de connaissances en la
matière, les écoles techniques
spécialisées du pays propoSWISS ENGINEERING OCTOBRE 2015
15
Formation_Efficacité énergétique
sant relativement peu de cours
sur ce thème. En coopération
avec l’école Polybau d’Uzwil, le
centre de l’environnement et de
l’énergie a conçu une formation
de trois mois. Les participants
y acquièrent non seulement des
compétences en matière d’efficacité énergétique et d’isolation
thermique, mais apprennent
également à gérer une entreprise et bénéficient d’un suivi
dans la création de leur propre
société. Après 2014, la formation a été dispensée pour la
deuxième fois le printemps
dernier et compte aujourd’hui
25 diplômés. Inspirée du modèle
suisse d’apprentissage, elle
met la pratique en avant, une
nouveauté dans le paysage de
la formation bosniaque, qui se
concentre majoritairement sur la
théorie. Le Centre de l’environnement et de l’énergie a repris le
cursus proposé à l’école Polybau
d’Uzwil, qui a largement fait
ses preuves. Les étudiants y ont
l’occasion de mettre en pratique
les connaissances acquises sur
un modèle d’atelier leur permettant de tester concrètement l’isolation des façades et des toitures
de bâtiments. Trois enseignants
de l’école Polybau ont pris part
activement au cours pendant
deux semaines et durant la
période des examens. Une fois
leur formation terminée, les
étudiants peuvent appliquer ces
nouvelles méthodes sur un bâtiment réel, la ville de Tuzla ayant
mis à disposition deux jardins
d’enfants nécessitant un assainissement. « Le premier bâtiment
est aujourd’hui isolé de façon
exemplaire », se réjouit Matthias
Zimmermann. Les travaux sur
le deuxième bâtiment seront
prochainement terminés.
énergétique dans les pays en
voie de développement et en
transition. Le financement participatif (crowdfunding) et des
fondations suisses ont permis à
l’association de soutien de couvrir une grande partie des coûts
de la deuxième session.
Pour REPIC, l’objectif primaire
est que les projets déploient
leurs effets de manière durable
dans le pays. Soutenus par
REPIC, ces projets intègrent
aussi bien des aspects écologiques que socio-économiques ;
ils s’appuient sur un bon partenariat au plan local, sont rapidement mis en place, et ne tardent
pas à se répliquer. Avec de tels
critères, la plateforme REPIC
favorise un impact durable parfaitement adapté au contexte du
pays », souligne Stefan Nowak,
coordinateur REPIC. C’est ce
que montre très clairement le
projet : les premiers diplômés
entendent mettre à profit leurs
connaissances, et certains
d’entre eux sont même tentés
par une activité indépendante.
Ils sont nombreux à appliquer
les connaissances acquises dans
leur travail quotidien : environ
deux tiers d’entre eux travaillent
aujourd’hui dans une entreprise
de construction, en tant que
stagiaires ou comme employés.
Formation professionnelle
reconnue par l’Etat
Dès le début, les initiateurs
avaient envisagé, à long terme,
de transférer la formation continue à une institution locale. Une
Une formation pratique calquée sur le modèle suisse : des étudiants
s’exercent sur un modèle d’atelier.
Nouvelles fenêtres, toiture et façade : dans le cadre des cours, les étudiants
ont rénové des bâtiments hébergeant des jardins d’enfants publics. La photo
montre le résultat de la deuxième session de cours.
professeure de l’école géodésique
de Tuzla avait contribué à la
conception du premier programme. Son employeur s’est
laissé convaincre de son enthousiasme, qui désormais procède à
l’intégration de ce module dans
la formation professionnelle
initiale, récemment reconnue
entre autres
De Lausanne à Yaoundé pour donner une chance aux prématurés
Benjamin Rime, étudiant en sciences des matériaux à l’EPFL, a imaginé un
système de régulation thermique robuste et innovant pour les couveuses
par le Ministère de l’Education.
Cette formation de spécialistes
en matière d’enveloppe de bâtiments s’étendra sur trois ans. Les
premiers étudiantes et étudiants
ont commencé en septembre
dernier. L’école Polybau d’Uzwil
renouvelle son partenariat avec
l’Ecole géodésique de Tuzla afin
de poursuivre son accompagnement. Tous les acteurs travaillent actuellement d’arrache-pied
dans l’élaboration détaillée du
plan d’études, qui fournit des
perspectives d’avenir durable
aussi bien aux jeunes diplômés
qu’à l’ensemble de la ville.
Intégration dans l’apprentissage professionnel
des pays du Sud. Il a ainsi consacré son projet de semestre, puis de mas-
La première session de cours a
été financée à hauteur de 50 %
par REPIC, plateforme interdépartementale du secrétariat
d’Etat à l’économie (SECO), de
la Direction du développement
et de la coopération (DDC) et
de l’Office fédéral de l’énergie
(OFEN) et promeut des projets
dans le domaine des énergies
renouvelables et de l’efficacité
matériaux à changement de phase. Ses travaux ont été réalisés au sein du
Irène Bättig
Laboratoire de technologie des composites et polymères (LTC).
Journaliste spécialisée
Le jeune homme s’est lancé dans la fabrication de ce prototype sous l’égide
Sur mandat de REPIC
16
SWISS ENGINEERING OCTOBRE 2015
ter, au développement d’une réserve de chaleur utilisant le principe des
du programme EssentialTech du Centre de coopération et développement
de l’EPFL et de la Fondation EssentialMed.
info
GlobalNeonat, qui implique également des étudiants de l’Université de
Yaoundé, au Cameroun, ainsi que des partenaires industriels et académiques, se veut une couveuse robuste, fiable et facile d’utilisation, qui soit
www.ekologija.ba
capable d’assurer une température suffisante même lors de pannes de
www.polybau.ch
courant de plusieurs heures.
www.repic.ch

Documents pareils