Djerba s`interroge sur son avenir
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Djerba s`interroge sur son avenir
27 AVRIL 12 Hebdomadaire Paris OJD : 3963 Surface approx. (cm²) : 384 N° de page : 12 1 RUE EUGENE ET ARMAND PEUGEOT 92856 RUEIL MALMAISON CEDEX - 01 76 73 30 00 Page 1/1 Chronique du tourisme tunisien (n°6) Djerba s'interroge sur son avenir *~L'ÎLE VAUT BIEN UNE GRAND-MESSE. ALORS QUE LA TUNISIE POST-RÉVOLUTIONNAIRE NE CESSE D'ÉVOQUER LA NÉCESSITE D'EN FINIR AVEC LE TOUT-BALNÉAIRE, LES ACTEURS DE L'ÎLE ONT PARTICIPE LE l8 AVRIL A UNE JOURNEE DE REFLEXION SUR LA RELANCE DE DJERBA, SYMBOLE DU TOURISME DE MASSE. C e n'est pas un hasard si la conférence sur l'avenir du tourisme en Méditerranée, à l'initiative de l'Organisation mondiale du tourisme (CMT) et des autorités tunisiennes, s'est déroulée à Djerba. «L'île se prête bien à un projet pilote», a défendu à La tribune ELyes Fakhfakh, le ministre du Tourisme, le 18 avril dernier. Avec 8,3 millions de nuitées en 2010, Djerba est, rappelle Jalel Bouncha, président de la fédération régionale de lhôtellerie et patron du groupe Yadis, «la première station touristique en Tunisie». Elle a accusé le coup après la révolution (-43% de nuitées en 2011), avant de relever un peu la tête, au premier trimestre 2012. L'erreur du «tout-hôtelier» Dotée de 40000 lits répartis sur 104 hôtels, Djerba souffre de «surcapacité», estime Ahmed Smaoui, l'un des «pères fondateurs» du tourisme tunisien, exministre et ex-directeur de l'ONTT. La rédaction, en cours, d'un code de l'investissement, devrait pousser les hébergements alternatifs et de petite capacité. À Djerba, le développement par le biais quasi unique de l'hôtellerie s'est fait au détriment de l'animation extérieure. «Elle est très faible et peu créative, tance Ahmed Smaoui. Les deux principales, chameaux et quads, sont davantage des facteurs de nuisance que d'attraction. » «On a du sable, du vent, qu'est-ce qu'on attend pour organiser des concours de châteaux de sable ou de cerfsvolants?», s'impatiente Isabelle Un effort écologique à metis? ntivironnement, c'est « la priorité des priorités », a assené le ministre flo™ Tourisme en conclusion de la conference Car « dès que vous dépassez ie périmètre de l'hôtel, c'est sale », a t-il déplore, promettant « un plan stratégique pour élaborer un produit ecologique » Le chemin sera long « La nappe d'eau est surexploitée, a rappelé à l'assistance le géographe Abdelfettah Kassah La côte est [la zone touristique, ndlr] a été torturée Les dunes ont ete détruites et la mer reprend ses droits sur les hôtels construits juste a côte du rivage » Aucun dispositif de tri sélectif n'existe La decharge est a saturation, et ses riverains ont, quèlques jours avant la conférence, manifeste leur ras-le-bol YADIS 7539412300505/GGF/MSK/3 Planchon, vice-présidente de l'association Edhiafa, qui fédère les hébergements aternatifs. Créer des animations À Erridah, au centre de l'île, Isabelle Planchon a reconverti cinq maisons traditionnelles en maisons d'hôtes. Avec l'hôtel voisin, elle projette d'ouvrir un café et des boutiques d'artisanat, «pour créer un peu de vie». «Le client veut voir des bars typiques, des boutiques. Tout ça, on ne l'a pas», juge aussi Sarni Saadi, directeur du Yadis Djerba. Les activités culturelles manquent également: «Le parc Djerba Explore est la seule attraction de la région», a déploré Le ministre. Le port de plaisance de Houmt Souk, récemment réaménagé, est unanimement dénoncé comme un gâchis: il n'a accueilli que Eléments de recherche : YADIS : chaîne d'hôtels en Tunisie, toutes citations Favoriser les petites structures, créer de l'animation, faire des efforts sur le plan de l'environnement... Le chantier pour relancer Djerba est vaste. 23 bateaux en 2010. La marina est désertée. Et pour cause: peu de boutiques, peu de cafés et « aucune licence d'alcool n 'a jamais été accordée», déplore Sarni Saadi. «.Djerba ne dispose toujours pas d'un centre de congrès. On est obligé de réaménager un casino pour héberger celui-ci», gronde encore Ahmed Smaoui, soulignant Le potentiel du tourisme de congrès «qui pourrait remplir Djerba, l'hiver». D'autant que la saison s'est écourtée, ces dernières années, se concentrant sur «moins de cinq mois», contre huit auparavant, expose Jalel Bouncha. • Élodie Auffray, à Djerba