Gilles de Robien , ministre de l`Education - SNUipp
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Gilles de Robien , ministre de l`Education - SNUipp
Gilles de Robien , ministre de l'Education Nationale, a décidé de supprimer les méthodes globales dans l'enseignement de la lecture. Elles sont, selon lui, responsables des échecs scolaires, et à ce titre, il en dénonce le « danger ». Il préconise un retour à la méthode syllabique (alphabétique). Vous avez dit « méthodes »? Aujourd'hui, moins de 10% des enseignants de CP utilisent une méthode syllabique, globale ou mixte. Ces méthodes laissent de côté des pans entiers de l'apprentissage : les activités de production d'écrits, l'étude de phrases complexes, de textes cohérents, la littérature de jeunesse, … Or, il est acquis désormais que savoir déchiffrer est à la fois nécessaire et insuffisant. Il faut enseigner tous les savoir-faire nécessaires à l'habileté en lecture. On ne peut pas se contenter d'enseigner le déchiffrage, puis laisser chaque enfant se débrouiller dans sa sphère familiale pour apprendre à comprendre. Les autres méthodes, très majoritairement employées, que certains appellent « intégratives », forgées dans les pays francophones au cours des 30 dernières années, sont cohérentes avec les principaux résultats des recherches scientifiques récentes. Elles visent à développer simultanément toutes les compétences nécessaires pour lire et écrire. Par exemple, les compétences qui permettent la compréhension sont à travailler avant même que les processus de reconnaissance des mots ne soient installés, dès la maternelle donc. Travailler sur des textes que lit le maître permet l'accès aux richesses linguistiques et culturelles. Ce travail permet l'accroissement du vocabulaire et la familiarisation avec la langue écrite. La qualité de la compréhension ultérieure en dépend. Ces méthodes intégratives sont le fruit de métissages entre différentes méthodes. Ce sont des mélanges de combinatoire, d'opérations intellectuelles, de reconnaissances visuelles, d'appui sur le contexte, … la place de chacune de ces activités variant tout au long de l'année. L'efficacité de l'enseignement dépend davantage des choix microscopiques faits au fil de la pratique quotidienne, que d'un manuel, que chacun utilise avec ses propres priorités. Et maintenant ? En ce qui concerne l'apprentissage de la lecture, les grands équilibres ont été trouvés. Le travail sur l'implicite, la compréhension fine des textes, sont maîtrisées par 2/3 des élèves entrant en 6° et c'est un grand progrès, dû à la rénovation de l'enseignement du français. Il est urgent de s'intéresser aux 4% d'élèves qui ne savent pas lire fin CM2, et d'améliorer les compétences des élèves les moins performants. Le CP n'est qu'une étape d'un apprentissage long et complexe. Revenir à la syllabique, c'est faire l'impasse sur la compréhension. Or, lire, c'est comprendre. Prôner l'efficacité, mot ô combien à la mode, n'autorise pas à faire l'impasse sur les vrais enjeux de la lecture, la compréhension, l'implicite, la mise à distance, l'esprit critique, … Accuser la méthode, c'est ignorer qu'il y a bien d'autres causes à la non-maîtrise de la langue, causes sociales, culturelles,...