homologué !

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homologué !
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Buggy Booxt Scorpik 1600
Français
ET
homologué !
Un buggy pour moins de 20 000 euros, à moteur et boîte
de Peugeot 207, homologué et entièrement français ?
Qu’ils s’agissent des pièces, de l’élaboration et bientôt de
la construction, tout a lieu dans la ville de Troyes. Plus
rien à voir donc avec l’ancienne production de cet
importateur célèbre pour ses produits récréatifs d’origine
chinoise. Un projet ambitieux et réfléchi, suite à dix
années d’expérience dans le domaine, qui s’annonce plus
que concurrentiel au SSV !
Auteur : Serge Potier // photos : Potman
L’habitacle peut recevoir un pare-brise en verre avec essuie
glaces et lave glace, un toit rigide et des portières souples.
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T
out a commencé par l’idée
rigolote d’acheter un lot de
quads en Chine à plusieurs
copains, dans le but de
rouler tous ensemble sans
se ruiner. Le principe fut
de les faire rapatrier en
container et comme il restait pas mal de place,
pourquoi ne pas le remplir complètement et
revendre le surplus ? C’est donc ainsi que
Damien Martaire, boss de la marque Booxt, fait
venir 20 quads (il en avait à peine besoin de la
moitié !) et quatre buggys, parce qu’ils avaient
une sacrée gueule ! Arrivés en France, les
buggys sont partis de suite à la revente et les
quads rapidement. De quoi donner des idées à
notre jeune entrepreneur de l’époque. Cela fait
dix ans pile qu’il a créé sa société. Au départ,
cela ne devait être qu’une boîte d’importation.
Mais les buggys qui intéressaient de plus
en plus notre aventurier présentaient certes
beaucoup de défauts mais avaient églement
un côté très attractif, pour lui mais aussi pour
sa clientèle.
Il était possible avec eux de les faire très
nettement évoluer avec peu de moyens
techniques, surtout pour une usine de la taille
de celle qui les fabriquait. Celle qui construisait
les plus gros buggys qu’importait Damien
à l’époque a commencé à bien jouer le jeu
de la collaboration. Il établit alors un cahier
des charges pour faire évoluer ses produits :
« Cette association est devenue réellement
opérationnelle avec notre Buggy Booxt 1100.
Un produit qui s’est bien vendu, au-delà même
de nos frontières. Maroc, Tunisie mais aussi
dans les îles, aux Antilles particulièrement,
pour la location ou à titre personnel. C’était
déjà des buggys à quatre roues indépendantes,
d’un poids léger et, surtout, équipés d’une
motorisation issue de l’industrie automobile.
Un concept que l’on a toujours gardé car je
pensais déjà que cela pouvait nous ouvrir plein
de portes pour l’avenir. Ce sont des moteurs très
fiables, toujours couplés à une boîte de vitesse,
elle aussi éprouvée, à l’entretien très faible.
Contrairement aux moteurs de quads et SSV
à courroie qui, bien souvent, sont à refaire au
bout de 20 000 km.
Nous, on n’avait plus ce problème-là. Et puis il
y a un peu plus de deux ans, on a commencé à
ne plus avoir d’échanges avec nos fournisseurs
chinois. On leur demandait des modifications
qui restaient vaines. Les projets que l’on
avait mis en place n’aboutissaient plus. On
a commencé à sentir que notre collaboration
allait devenir de plus en plus difficile. Suite à
cela, il y a eu la hausse du dollar. Tous les prix
se sont mis à augmenter. Les volumes d’achats
ont considérablement baissé sur le marché des
véhicules récréatifs, à tel point que notre
usine, dans laquelle on se fournissait

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Pour une version raid, le système de
refroidissement moteur-radiateur peut
être doublé d’un second radiateur.
Buggy Booxt Scorpik 1600
Le Scorpik profite de débattements de roues
impressionnants, la preuve en image.
Caractéristiques: 
principalement, a mis la clé sous la porte il y a
un an. Pire, sur les cinq usines avec lesquelles
on collaborait, il n’y en a plus qu’une de viable,
et encore... »
Heureusement, sentant le mauvais temps arriver,
Damien avait déjà envisagé de faire démarrer une
production en France. Il avait plein d’idées en tête
et réalisé déjà de nombreux plans techniques. Il
fallait les finaliser et trouver une usine en Europe
pour construire ce buggy. Après deux ou trois appels
d’offre, il réalise que cela ne va pas être faisable,
financièrement parlant. Il fallait donner des plans,
faire des moules, apporter un produit totalement
fini pour la mise en production, avec la lourdeur et
l’inertie qu’engendre le travail avec un sous-traitant.
Sous-traitant qui se trouve bien souvent à l’étranger
(Portugal, Espagne, pays de l’Est, etc.), avec le barrage
de la langue, les délais, les déplacements. « En le
faisant dans nos propres ateliers, en embauchant des
soudeurs, cela était beaucoup plus souple pour arriver
à un produit viable et pour des coûts moins élevés. Et
Le moteur est le 1.6L de 115 ch
Peugeot accouplé à une boîte à 5
rapports de 306.
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puis on peut d’abord travailler sur un proto, le tester,
le faire évoluer, valider des solutions, être très réactif
en fait et tout cela, pour un prix moindre.
Finalement, dans le contexte actuel, créer sa société, ce
n’est pas la moins bonne des solutions. Cela ne nous
empêche pas de sous-traiter la réalisation de certains
travaux qui nécessiteraient un gros investissement en
machines. Par exemple, nos tubes sont tous découpés
au laser par une société spécialisée, il ne nous reste
plus qu’à les souder. De plus, j’ai par hasard profité
qu’une grosse société ferme dans la ville de Troyes
pour récupérer deux soudeurs – et des bons en
plus ! – dont j’avais besoin en bénéficiant d’un plan
aide de l’Etat pour les embaucher. »
Le Scorpik dans lequel nous avons eu le plaisir de
rouler était le modèle “laboratoire” de la société, la
version de série n’étant pas encore disponible à
l’essai, mais elle passera en production pour début
2016 et sera en vente dans la foulée. Nous referons
donc un essai complet à ce moment-là. En l’état
des choses, le Scorpik s’avère très ludique avec
des performances surprenantes.
Les 116 ch du bloc essence
Peugeot n’ont aucun mal à
déplacer les 600 kg en ordre de
marche de l’engin. Nerveux, il
est aussi très rapide et vous vous
retrouvez rapidement au-dessus
des vitesses limites même sur
Le Scorpik s’avère être
très ludique avec des
performances surprenantes
Le diamètre en 15 pouces
permet une multitude de
monte dont les incontournable
BFGoodRich All Terrain
Les sièges baquets enveloppants Booxt sont pourvus des réglages
classiques. Le véhicule homologué sera équipé de ceintures de sécurité
classiques.
autoroutes, si, si ! A ce sujet, rien à voir avec
les SSV actuels aussi puissants soient-ils.
L’autre bonne surprise, c’est cette impression
de stabilité et de sécurité. Les freins se
montrent puissants et rassurants. Et puis ne
vous fiez pas au buggy en travers sur les
photos. Pour le mettre dans cette position,
il vous faudra jouer du (gros !) coup de gaz
et d’un appel/contre-appel de la direction
engendrant une perte de motricité.
A ce sujet, la direction va encore évoluer
et le train avant aura une épure un peu
différente avec des attaches d’amortisseurs
qui viendront en bout des larges triangles
avant. L’autre gros œuvre en chantier sera
aussi de gagner de la garde au sol. Avec
300 mm sur la version essayée, elle se
montrait en effet trop juste face aux très
grands débattements des suspensions
avant comme arrière (500 mm !), qui,
indépendantes, n’ont donc pas une garde
au sol constante par définition. Pour ce faire,
le moteur qui est monté sur un berceau qui
se trouve posé sur le châssis viendra se
positionner plus bas, intégré dans ce dernier
et légèrement incliné vers l’arrière. Cela
permettra de gagner de la latitude au travail
du cardan de sortie de boîte qui impacte
directement sur les réglages de suspensions
et, par là même, sur la garde au sol.
« De plus, on peut jouer sur les pivots de
roues en désaxant les supports et gagner
encore quelques précieux centimètres. Au
final, on avoisinera les 40 cm de garde au
sol et du coup, un meilleur angle ventral
malgré notre empattement important »
assure Damien.
Le moteur justement, le projet s’est monté
un peu autour de celui-ci. C’est un bloc
PSA que l’on trouve, entre autres, sur les
Saxo et autres 106, un 1.6 atmosphérique
moderne présent dans le monde entier. Il
est particulièrement apte à recevoir
des évolutions. Sa puissance est

Puissance d’origine mesurée au banc : 117 ch
Couple d’origine mesuré au banc : 164Nm dès 2 500 tr/mn Puissance maximum avec préparation moteur
atmosphérique : 210 ch Puissance maximum avec turbo : 330 ch
Châssis tubulaire avec arceau
Suspensions :
AV : roues indépendantes à double triangles
superposés
AR : roues indépendantes à 5 bras tirés
Amortisseurs à bonbonnes séparées
Longueur : 3 300 mm
Largeur : 1 620 mm/1 960 mm (version short track/ long track) Hauteur : 1 850 mm Empattement : 2 880 mm
Freins : 4 freins à disques ventilés (origine Peugeot 206)
Direction : à crémaillère
Nbre de tours de volant, butée en butée: 1,78
Garde au sol : 450 mm Débattement avant : 500 mm Débattement arrière : 500 mm Roues origine : en pneus route 195x65-15 Roues incluses dans les packs RAID ou FIA 30x10/14
ou 30x10/15 basses pressions Vitesse (non vérifiée) : 185 km/h avec couple
conique origine, 145 km/h avec couple conique court Accélération (non vérifiée) de 0 à 100 km/h (s) : 5’7
d’origine (5’4 avec couple conique court)
Poids : 580 kg à vide
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Buggy Booxt Scorpik 1600
(En haut) Le train avant sera profondément différent sur
la version définitive, à commencer par les amortisseurs
qui seront fixés au bout des triangles.
(En bas) A l’image de ce module avec prises USB,
plusieurs éléments sont issus du nautisme.
Damien
Martaire
Boss de la société
Booxt (Bc Two)
esponsable du
développement et
chef de projet en
informatique dans une
grosse société parisienne,
il va créer sa propre boîte
suite à des demandes de
clients qui désiraient travailler directement pour lui.
Son métier consistant à lancer des projets de solutions
informatiques, ce qui demande une quantité de travail
très intense (jour et nuit !) mais sur de courtes durées,
Damien se retrouvait avec beaucoup de temps libre entre
deux commandes. Amoureux fou de sports mécaniques
et de mécanique tout court, il ne reste pas longtemps
les bras croisés. « Avec des amis, on voulait tous
s’acheter des quads. On s’est dit qu’en magasin, cela
reviendrait trop cher. En cherchant sur le Net, on a vu
que l’on pouvait en avoir en Asie à un prix plus en accord
avec nos moyens. L’importation revenait vraiment moins
cher en faisant venir un container complet de quads.
J’avais de l’argent de côté, alors je me suis dit que
j’arriverais bien à revendre ceux qui seraient en trop…
Et puis il y avait aussi des buggys sympas chez ce
constructeur, alors je suis parti sur l’importation de 20
quads et 4 buggys. Ces derniers étaient super mais non
sans défauts. Ils sont pourtant tout de suite partis. Je
me suis dit que quasiment personne n’en importait, qu’il
y avait beaucoup de potentiel pour améliorer le produit,
on peut avoir le côté fun d’une moto et la sécurité des
quatre roues d’une voiture, c’est très léger et il y a un
rapport poids/puissance excellent, donc avec beaucoup
de sensations. Le buggy à partir de là est devenu pour
moi l’un des meilleurs jouets au monde. Et je m’y attelle
pour le prouver aujourd’hui avec ce Scorpik 1600 ! »
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En version atmosphérique
sa puissance arrive à
dépasser les 200 ch

de 115 ch à l’origine mais en
version atmosphérique, cette
dernière arrive à dépasser les 200
ch, comme sur celle de la Saxo Cup
qu’avait développée le constructeur
français. Logiquement accouplée à
une boîte de 205/206, Damien lui
préfère celle de la 306 qui supporte
bien plus de couple que celle de
la 106 (de 150Nm maxi, on passe à
260Nm) pour un prix à peine supérieur
et qui se monte sans modification. Ce
qui donne de la latitude pour faire
monter en puissance et en couple la
motorisation. Ce surcoût est en plus
compensé par le fait que sur la boîte
de la 306, le différentiel autobloquant
est démontable (boulonné) alors qu’il
est serti sur la boîte de la 106. Le coût
de la main-d’œuvre pour un échange
ou une réparation sur la pièce n’est de
ce fait pas comparable.
Comme on le voit, Damien et son
équipe ont très mûrement réfléchi
leur projet. Après dix ans d’expérience
dans le buggy de loisir, cette prochaine
version homologuée au même titre
qu’une auto (carte grise à la clé et
crash test confirmé !) dispose déjà
dans cette configuration d’un sacré
potentiel. A partir de cette belle base
de buggy Scorpik 1600, de nombreux
projets verront le jour : une version de
course homologuée FIA (un proto roule
déjà au Maroc) ; une version quatre
places à châssis rallongé et même une
version 4x4 hybride déjà très aboutie
en ingénierie. Cette dernière utilisera
un moteur électrique qui entraînera
les roues avant en cas de perte de
motricité. Mais on vous rassure, même
en version deux roues, le Scorpik
est déjà capable de faire de belles
prouesses en franchissement ! n

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