L`avantage comparatif du Canada Par Guy Breton, recteur de l

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L`avantage comparatif du Canada Par Guy Breton, recteur de l
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L’avantage comparatif du Canada
Par Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal
Récemment, à l’occasion d’une conférence internationale à Montréal, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec le
président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. Nos échanges lui ont permis de réaliser, avec grand intérêt,
que le rayon d’action des universités canadiennes à l’étranger est plus grand qu’il ne le croyait a priori. C’est un
fait méconnu : nos universités francophones sont très actives dans des pays qui représentent un intérêt
stratégique pour la Banque mondiale et plusieurs autres organisations internationales.
Prenez les conflits armés. Pas moins de 54 % des casques bleus déployés par l’ONU se trouvent dans des
pays francophones : Haïti, Liban, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo et le désert du Sahara. Le
plus important réseau mondial de chercheurs francophones sur le maintien de la paix n’est pas en France. Il est
à Montréal.
Pour remettre sur pied son système d’éducation après le séisme de 2010, le gouvernement haïtien a fait appel
à huit universités francophones canadiennes, dont l’Université de Montréal (UdeM) et l’Université d’Ottawa.
Ensemble, nous sommes partenaires du CIRSEH, le Consortium interuniversitaire pour la refondation du
système éducatif haïtien.
Par le biais de chercheurs de l’UdeM, le Canada a également œuvré au renforcement de systèmes de santé
dans une trentaine de pays en développement, en collaboration étroite avec les gouvernements locaux et à la
demande de ces gouvernements.
En plus d’offrir d’extraordinaires terrains d’action pour des chercheurs canadiens, ces initiatives façonnent
l’image de marque universitaire du Canada dans des pays traditionnellement tournés vers l’Europe
francophone. La présence d’universités francophones au Canada procure à notre pays un avantage comparatif
certain quant à l’attrait des étudiants internationaux, un avantage qu’il nous faut mieux exploiter.
L’intérêt pour des études supérieures en français n’est pas que palpable dans les pays francophones. Grâce à
un généreux programme de bourses, le Brésil compte envoyer 100 000 de ses étudiants dans les meilleures
universités étrangères. La destination no.1 des Brésiliens est, sans surprise, les États-Unis. Quelle est la
destination no.2? La France. Le français a longtemps été la langue étrangère la plus étudiée au Brésil et,
encore aujourd’hui, beaucoup de Brésiliens sont francophiles. Dans leur cas, le fait de pouvoir étudier en
français au Canada pourrait être un argument décisif dans le choix d’une université.
Le Canada arrive en 6e position des pays qui accueillent le plus d’étudiants internationaux après les États-Unis
(16 % du total), le Royaume-Uni (13 %), l’Australie (6 %), l’Allemagne (6 %) et la France (6 %). Quant à nous,
nous attirons 5 % du total des étudiants internationaux.
C’est loin d’être mauvais, mais nous pourrions faire mieux étant donné que nous sommes l’un des rares pays
dans le monde qui offrent une formation supérieure de grande qualité dans deux langues majeures. Dans nos
initiatives de recrutement à l’étranger, il faut aller plus loin qu’offrir simplement une documentation bilingue.
Notre diversité universitaire doit être intégrée à notre image de marque. Montréal est la deuxième ville
francophone en importance dans le monde après Paris, disons-le aux potentiels étudiants du Brésil, de la Chine
et d’ailleurs.
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L’enjeu, ici, surpasse la simple question de l’attraction d’étudiants internationaux. Les universités font parties
des meilleurs outils dont dispose un pays pour étendre son influence culturelle, politique et économique dans le
monde. Chaque année, les universités canadiennes créent des milliers d’ambassadeurs : ce sont nos diplômés
internationaux qui retournent dans leur pays.
Parmi eux, plusieurs occuperont des postes décisionnels. Certains ouvriront des portes pour nos
entrepreneurs, nos diplomates, nos chercheurs et nos artistes. C’est ainsi que nous tissons nos réseaux dans
un monde mondialisé. Et grâce à nos universités francophones, nous élargissons la toile à des régions en
émergence comme l’Afrique de l’Ouest, qui connaitra le taux de croissance le plus élevé du continent dans les
deux prochaines années, selon la Banque africaine de développement.
L’Allemagne et la France investissent des centaines de millions de dollars dans la promotion de leurs
universités à l’étranger. Ces pays en font une question de politique extérieure. Les efforts canadiens sont plus
modestes. C’est pourquoi il faut miser sur nos meilleurs arguments de vente. Et la présence d’excellentes
universités francophones dans notre offre d’enseignement supérieur en est un à ne pas oublier.
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