La publication de ce volume a été réalisée grâce au soutien

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La publication de ce volume a été réalisée grâce au soutien
La publication de ce volume a été réalisée grâce au soutien financier apporté par :
Université de Padoue
dans le cadre du projet de recherche « Il discorso della mediazione fra terminologia e
traduzione » (CPDA101713) dirigé par Michele De Gioia
avec le parrainage de :
Département des sciences politiques, juridiques et des études internationales
de l’Université de Padoue
Ce volume a fait l’objet d’un processus indépendant d’évaluation par les pairs.
Prima edizione 2013, Padova University Press
Titolo originale
Autour de la traduction juridique
© 2013 Padova University Press
Università degli Studi di Padova
via 8 Febbraio 2, Padova
www.padovauniversitypress.it
Redazione: Francesca Moro
Progetto grafico: Padova University Press
Immagine di copertina: La Giustizia, Giotto, affresco della Cappella degli Scrovegni,
su gentile concessione del Comune di Padova − Assessorato alla cultura.
ISBN 978-88-97385-66-0
Stampato per conto della casa editrice dell’Università degli Studi di Padova - Padova University
Press nel mese di agosto 2013 da Digitalandcopy SaS - Segrate (MI).
Tutti i diritti di traduzione, riproduzione e adattamento, totale o parziale,
con qualsiasi mezzo (comprese le copie fotostatiche e i microfilm) sono riservati.
Autour de la traduction juridique
sous la direction de
Michele De Gioia
Table des matières
Présentation
Michele De Gioia
p. 7
Quelques théorèmes pour la traduction juridique
Jean-René Ladmiral
p. 11
Médiation civile et terminologie juridique. Un regard croisé français-italien
Michele De Gioia, Mario Marcon
p. 17
Droits de l’homme – droits humains – droit à la traduction
et à l’interprétation : un défi pour les langues
Nadine Celotti
p. 47
Méthodes et techniques de la traduction dans l’État multinational :
les cas suisse et canadien
Sergio Gerotto
p. 61
Spécificité et ambiguïtés linguistiques dans la jurisprudence
de la Cour de justice de l’Union européenne
Paolo Piva
p. 73
La traduction en italien de la terminologie juridique du XIIIe siècle.
Le cas Crouzet-Pavan
Alberto Giordano Bramati
p. 81
Présentation
Michele De Gioia (Université de Padoue)
Ce volume réunit des études menées « autour de la traduction juridique », par
un traductologue généraliste, des linguistes et des experts du droit, français et italiens, dans le but de favoriser l’échange interdisciplinaire et le partage de réflexions et
d’expériences qui portent sur l’activité traduisante dans le domaine juridique. Qu’il
s’agisse de propositions théoriques, d’études terminologiques ponctuelles ou d’analyses concernant des spécificités liées à la langue ou au droit, cet ouvrage vise à mettre
en relief les enjeux multiples d’une tâche ardue, celle de la traduction juridique.
La problématique étant vaste, comme l’a bien montré ailleurs Claude Bocquet1,
elle exige d’abord des mises au point théoriques ; Jean-René Ladmiral, traductologue
et philosophe de renommée mondiale, énonce quelques-uns de ses théorèmes2, c’està-dire des formulations précises rattachées à la pratique, qu’il juge utiles à bien traduire le droit. Il est à remarquer que ses propositions, comme il l’a souvent fait pour
un grand nombre d’articles philosophiques, sont remplies de jeux de mots à des fins
pédagogiques.
Ces réflexions préalables sont suivies de contributions où la traduction juridique
est étudiée principalement sous l’angle de la traduction de la terminologie juridique.
Les termes du droit, simples ou complexes, et même phrastiques3, en tant qu’unités
sémantiques et lexico-syntaxiques spécialisées fonctionnant dans des textes ou s’actualisant dans des discours, soulèvent – c’est bien connu – de nombreux problèmes
traductifs. Les traducteurs experts ou novices, ainsi que les professionnels du langage
et du droit, sont confrontés à un défi à la fois linguistique et culturel, qui se renouvelle au fur et à mesure que les règlements juridiques nationaux et internationaux
changent, et que les textes juridiques et les discours qui en dérivent se multiplient.
Cf. Bocquet (2008). En Italie, cf. tout d’abord les travaux édités par Schena & Snel Trampus (2000,
2002).
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Cf. Ladmiral (1979).
3
Cf. De Gioia (2012).
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Michele De Gioia
Par conséquent, Michele De Gioia et Mario Marcon, linguistes, envisagent le
discours du droit sous l’angle terminologique. Ils observent les unités lexicales françaises partie et procédure, leurs correspondants italiens parte et procedura (ainsi que
procedimento et rito), et les relations entretenues par ces termes juridiques lorsqu’ils
sont employés dans un autre type de discours, assez récent, qui est celui de la médiation civile. Leur analyse lexico-grammaticale comparée souligne la perception juridicisante du processus de médiation en matière civile en France et en Italie ; elle
montre que les souhaits de certains juristes et médiateurs pour la déjuridicisation et
l’autonomisation linguistiques de ce processus ne se sont pas encore réalisés.
Nadine Celotti, linguiste, aborde la question, très débattue au sein de la culture
française, de la traduction de Human Rights par ses équivalents Droits de l’homme,
Droits humains, Droits de la personne, et fait constater qu’il s’agit aussi d’un problème
de sémantique et de genre. L’analyse des termes juridiques permet ainsi de découvrir
l’histoire juridico-culturelle de chaque nation. Celotti s’interroge également sur la
traduction juridique en lien avec les droits de l’homme/les droits humains/les droits
de la personne ; son regard se déplace de la traduction du droit au droit à la traduction et à l’interprétation, notamment dans les procédures pénales afin de garantir un
procès équitable ; ce qui réaffirme d’ailleurs le droit inaliénable de la personne (suspecte, poursuivie ou victime) de parler sa propre langue. C’est le passage de l’étude
du langage du droit à celle du droit du langage (i.e. les deux branches de la linguistique juridique4) qui marque bien cette contribution.
Sergio Gerotto, juriste, illustre certaines techniques et méthodes de la traduction
juridique dans deux pays, la Suisse et le Canada, qui sont des États multinationaux
où coexistent plus d’une langue officielle et, dans le cas du Canada, plus d’un système
juridique. Pour garantir l’équilibre linguistique et juridique, la technique de la corédaction des textes de loi est privilégiée ; néanmoins, ceux-ci ne cessent de poser des
difficultés traductives et interprétatives complexes, que les juges essaient de résoudre
en recourant à des méthodes comme la transposition d’un concept d’un système
juridique à un autre, le choix entre des versions linguistiques différentes pour trouver
la plus conforme aux intentions du législateur, et l’interprétation croisée entre ces
versions.
Paolo Piva, juriste, traite des questionnements linguistiques et traductifs engendrés par la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. Le droit de
l’Union s’organise en système par l’intermédiaire d’un vocabulaire spécifique qui ne
correspond pas forcément à celui que retiennent les législations des États membres.
Il y a un hiatus entre la langue du droit de l’Union et celle des droits nationaux ; des
notions fondamentales, comme celles de droit subjectif, de filiation légitime, diffèrent
selon qu’il s’agit de la législation de l’Union ou des codes civils nationaux.
4
Cf. Cornu (2005).
Présentation
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Alberto Giordano Bramati, linguiste, rend compte d’une recherche sur la traduction du français à l’italien de la terminologie juridique du XIIIe siècle, et notamment
d’un corpus de 185 termes, dont 130 noms, 34 verbes, 21 adjectifs. D’une part, il
expose certains problèmes traductifs tels que celui de l’ambiguïté liée à la polysémie
de certains termes juridiques, comme instance. D’autre part, il présente la méthodologie adoptée, qui demande au traducteur non seulement une recherche d’ordre
lexical mais aussi une compétence syntaxique qu’on tend souvent à sous-estimer.
Des chercheurs travaillant selon des perspectives diverses ont donc « creusé »
autour de la traduction juridique, persuadés que l’examen de cette problématique
n’est pas seulement l’apanage de traducteurs professionnels mais appartient aussi
à ceux qui en font continuellement l’objet de leurs réflexions scientifiques et une
application didactique. Nous pensons que la qualité des contributions et l’approche
complexe des relations unissant traduction et droit suffiront à garantir à ce volume
une retombée scientifique considérable, ainsi qu’un intérêt didactique certain.
Références
Bocquet, Claude. 2008. La traduction juridique. Fondement et méthode. Bruxelles : De
Boeck (coll. « Traducto »).
Cornu, Gérard. 2005 [3e édition]. Linguistique juridique. Paris : Montchrestien.
De Gioia, Michele. 2012. « Les termes sont-ils des expressions figées ? ». In Cahiers
de recherche de l’École Doctorale en Linguistique française 6 (2012), numéro spécial
“Hommage à Camillo Marazza”, coordonné par Mariagrazia Margarito et Enrica
Galazzi. Milano : Lampi di stampa, pp. 57-82.
Ladmiral, Jean-René. 1979. Traduire : théorèmes pour la traduction. Paris : Payot
(coll. « Petite Bibliothèque Payot », n° 366). Rééditions (avec une pagination
identique), augmentées d’une préface (v-xxi) : Paris : Gallimard, 1994 & 2002
(coll. « Tel », n° 246).
Schena, Leandro ; Rita D. Snel Trampus. 2000. Traduttori e giuristi a confronto.
Interpretazione traducente e comparazione del discorso giuridico, vol. I. Bologna : Clueb.
Schena, Leandro ; Rita D. Snel Trampus. 2002. Traduttori e giuristi a confronto.
Interpretazione traducente e comparazione del discorso giuridico, vol. II.
Bologna : Clueb.