Jamais trop vieux pour le volleyball

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Jamais trop vieux pour le volleyball
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Mai 2/ 2008
Jamais trop vieux pour
le volleyball
(2e volet)
Laisser la place à la relève, prendre plus de temps pour la famille et
le travail, ménager ses articulations – les raisons sont nombreuses pour
raccrocher les chaussures de volley à 40 ans. Mais elles sont tout aussi
nombreuses pour continuer de jouer à 40, 50 ou 60 ans. Exemples.
Texte: Melanie Gamma
L’équipe Le Patron U60 Muristalden a
bouclé sa saison de 2e ligue avec un bilan de 16 victoires pour 16 matches. Le
rêve pour une jeune équipe en devenir.
Mais là, les volleyeurs qui ont fêté la
promotion ne sont plus si jeunes. Au
contraire: au dire des intéressés, Le Patron U60 est une équipe de «seniors»,
et un parfait exemple pour prouver, si be-
soin était, que l’on n’est jamais trop
vieux pour le volleyball.
Le Patron U60 est née de l’envie de quelques anciens volleyeurs d’élite que l’idée
«démangeait». Au lieu de s’inscrire en
ligue seniors, trois anciens partenaires
de la formation de LNA de Köniz se sont
réunis autour de Jürg Spring, ont «réactivé» des copains et des connaissances
et sont repartis de la 4e ligue. Trois ans
et 50 victoires de rang en championnat
plus tard, les «M60» accèdent à la 1re ligue, «bien qu’on ne fasse pratiquement
aucun entraînement en salle», s’amuse
Jürg Spring. L’équipe compte actuellement 13 joueurs. Ils ont – pour l’instant
– tous moins de 60 ans, comme l’indique le nom de l’équipe.
Photo: Andreas Blatter
Communication
par Yahoo!Groups
L’après-match est tout aussi important pour les joueurs du Patron U60.
Au Patron U60, les relations entre les
joueurs se prolongent bien au-delà du
terrain. Après les matches à domicile, il
n’est pas rare que l’un des joueurs invite
tout le monde à la maison pour manger.
Les épouses sont souvent de la partie. Et
les enfants – un aspect de plus qui les
rapproche. Même si certains veulent encore «en remontrer aux jeunes», le résultat n’est pas l’objectif premier, mais la
joie de jouer, la forme et la camaraderie.
Les seniors ne se contentent pas d’en imposer aux jeunes sur le terrain: ils sont
aussi pointus question communication.
Pour les matches et les rares entraînements, ils s’annoncent présents – ou absents, car les obligations familiales et
professionnelles sont prioritaires – sur la
plateforme en ligne de Yahoo!Groups.
«Les priorités changent avec l’âge », pré-
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Photos: Mike Niederhauser
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Jürg Spring s’est associé à d’anciens collègues de LNA
Sybille Zen Ruffinen ne pense pas à raccrocher.
pour fonder l’équipe «seniors» M60.
cise Spring. Mais personne ne le prend
mal chez Le Patron U60: chacun peut
jouer autant ou aussi peu qu’il le veut.
Ce mélange d’ambition sportive, de joie
de jouer et de profonde amitié devrait
permettre aux messieurs du Patron U60
de se maintenir encore un bon moment
dans le monde du volleyball, qui bénéficie de leur savoir-faire, vu qu’un grand
nombre d’entre eux mettent leurs compétences au service de la relève, de la fédération ou d’un comité de club.
L’âge n’immunise pas
contre le volleyball
Sybille Zen Ruffinen est du même tonneau. Elle a débuté sa carrière de volleyball en 1972, passant de Fribourg à Uni
Berne puis Bienne en LNA. Elle a aujourd’hui 49 ans et smashe en 2e ligue.
La dentiste de profession a remisé ses
baskets en 1995 et n’a plus mis les pieds
sur un terrain pendant deux ans. «Je
pensais alors que le temps était venu de
m’arrêter». Mais, après plusieurs années
en qualité d’entraîneur dans différents
clubs et de directrice technique à Uni
Berne, elle a repris le chemin de la salle.
Il y a trois ans, elle a lancé avec d’autres
ex-grosses pointures d’Uni Berne une
équipe rattachée au VBC Papiermühle.
Connue sous le nom officieux de Volley
Unissima, elle s’entraîne une fois par semaine. Sybille ne pense plus à raccrocher, ou alors très rarement: «seulement
quand les juniors me vouvoient en
match». Mais son credo ne change pas:
«L’âge n’immunise pas contre le volley- ❯❯
Championnat suisse seniors (32+)
Disputé à Bienne les 5 et 6 avril, le championnat suisse seniors a attiré deux fois
plus d’équipes que l’année passée, ce qui a permis de faire deux catégories
(1re ligue et plus haut et 2e ligue et plus bas). Au CHS seniors, la victoire n’est pas
la seule finalité. C’est l’occasion de retrouver d’anciens coéquipiers et adversaires – une sorte de rencontre de classe. Mais aussi de revenir au volleyball après
une éclipse ou tout simplement de jouer pour ceux qui s’en tiennent à ce rendezvous annuel, car chacun peut prendre une licence journalière pour l’événement.
Résultats et infos sur www.volleyball.ch > Volley Indoor > Championnat
suisse seniors.
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Photos: Mike Niederhauser
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Pour Bäm Nüesch, une belle réception fait
Elsbeth Dufing (en haut) et Vroni Nüesch (en bas) font la paire aussi en beach.
toujours plaisir, même à 60 ans.
ball, mais le volleyball éventuellement
contre le vieillissement».
Une combinaison idéale
de mouvement et de réflexion
Elsbeth Dufing, mère de trois enfants, ne
peut pas non plus concevoir la vie sans
volleyball. A 53 ans, elle en compte déjà
37 d’activité, toujours au VC Uettligen.
Pourtant, «autour de 40 ans», l’idée lui
était aussi venue de ne plus jouer contre
des adversaires «qui auraient pu être
mes filles». Faute d’équipe seniors à
Uettligen, «comme dans la majeure partie des clubs, il y avait trop peu de femmes de cet âge qui voulaient encore
jouer», restait la solution de l’équipe
mixte. «C’était à mes yeux idéal pour
garder les plus âgés au club». Et l’environnement et l’alchimie des personnes
étaient bons. Autant de points qui
comptent davantage que le résultat
pour les volleyeurs d’un certain âge. «Et
puis, à notre âge, le jeu est plus dynamique quand tu joues avec et contre des
hommes».
Le vieil homme et les Jeux
Le tireur suédois Oscar Gomer Swahn (1847–1927) est le plus vieux champion
olympique à ce jour. En 1912, il a remporté la médaille d’or dans la discipline du
tir sur cerf courant, coup simple, en individuel et par équipe. Il avait alors 64 ans
et 257 jours. Il a par la suite décroché l’argent en 1920, ce qui fait de lui le plus
vieux médaillé olympique de tous les temps. Côté féminin, le record de l’ère moderne est détenu par la tireuse à l’arc anglaise Sybil Fenton Newall (1854–1929),
victorieuse aux Jeux de Londres en 1908 à 53 ans et 9 mois. (Source: wikipedia.fr)
Trois fois par année, Elsbeth Dufing s’aligne dans des tournois de beach avec
Vroni Nüesch, qui joue aussi dans
l’équipe mixte d’Uettligen – elle aussi
«volleyeuse de corps et d’âme».
A 58 ans, elle compte 38 années de
volleyball, et presque autant d’entraîneur à différents niveaux: «Ce sport
offre une combinaison idéale de mouvement et de réflexion». Son mari Bernhard n’est pas différent, lui qui 35 ans
durant a beaucoup investi dans cette
discipline et dans tout ce qui tourne
autour du ballon jaune-bleu-blanc. Parallèlement à son engagement sur le
terrain, il a été avec tout autant de
passion entraîneur, dix ans président du
VC Uettligen et deux ans député au
Parlement du volleyball. «Un service
gagnant, un smash précis, une réception réussie et une belle passe font
toujours plaisir, même à 60 ans», sourit
Bernhard Nüesch. Jamais trop vieux
pour le volleyball – on vous le disait
bien.