Jamais trop vieux pour le volleyball
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Jamais trop vieux pour le volleyball
14 Mai 2/ 2008 Jamais trop vieux pour le volleyball (2e volet) Laisser la place à la relève, prendre plus de temps pour la famille et le travail, ménager ses articulations – les raisons sont nombreuses pour raccrocher les chaussures de volley à 40 ans. Mais elles sont tout aussi nombreuses pour continuer de jouer à 40, 50 ou 60 ans. Exemples. Texte: Melanie Gamma L’équipe Le Patron U60 Muristalden a bouclé sa saison de 2e ligue avec un bilan de 16 victoires pour 16 matches. Le rêve pour une jeune équipe en devenir. Mais là, les volleyeurs qui ont fêté la promotion ne sont plus si jeunes. Au contraire: au dire des intéressés, Le Patron U60 est une équipe de «seniors», et un parfait exemple pour prouver, si be- soin était, que l’on n’est jamais trop vieux pour le volleyball. Le Patron U60 est née de l’envie de quelques anciens volleyeurs d’élite que l’idée «démangeait». Au lieu de s’inscrire en ligue seniors, trois anciens partenaires de la formation de LNA de Köniz se sont réunis autour de Jürg Spring, ont «réactivé» des copains et des connaissances et sont repartis de la 4e ligue. Trois ans et 50 victoires de rang en championnat plus tard, les «M60» accèdent à la 1re ligue, «bien qu’on ne fasse pratiquement aucun entraînement en salle», s’amuse Jürg Spring. L’équipe compte actuellement 13 joueurs. Ils ont – pour l’instant – tous moins de 60 ans, comme l’indique le nom de l’équipe. Photo: Andreas Blatter Communication par Yahoo!Groups L’après-match est tout aussi important pour les joueurs du Patron U60. Au Patron U60, les relations entre les joueurs se prolongent bien au-delà du terrain. Après les matches à domicile, il n’est pas rare que l’un des joueurs invite tout le monde à la maison pour manger. Les épouses sont souvent de la partie. Et les enfants – un aspect de plus qui les rapproche. Même si certains veulent encore «en remontrer aux jeunes», le résultat n’est pas l’objectif premier, mais la joie de jouer, la forme et la camaraderie. Les seniors ne se contentent pas d’en imposer aux jeunes sur le terrain: ils sont aussi pointus question communication. Pour les matches et les rares entraînements, ils s’annoncent présents – ou absents, car les obligations familiales et professionnelles sont prioritaires – sur la plateforme en ligne de Yahoo!Groups. «Les priorités changent avec l’âge », pré- 15 Photos: Mike Niederhauser Mai 2/ 2008 Jürg Spring s’est associé à d’anciens collègues de LNA Sybille Zen Ruffinen ne pense pas à raccrocher. pour fonder l’équipe «seniors» M60. cise Spring. Mais personne ne le prend mal chez Le Patron U60: chacun peut jouer autant ou aussi peu qu’il le veut. Ce mélange d’ambition sportive, de joie de jouer et de profonde amitié devrait permettre aux messieurs du Patron U60 de se maintenir encore un bon moment dans le monde du volleyball, qui bénéficie de leur savoir-faire, vu qu’un grand nombre d’entre eux mettent leurs compétences au service de la relève, de la fédération ou d’un comité de club. L’âge n’immunise pas contre le volleyball Sybille Zen Ruffinen est du même tonneau. Elle a débuté sa carrière de volleyball en 1972, passant de Fribourg à Uni Berne puis Bienne en LNA. Elle a aujourd’hui 49 ans et smashe en 2e ligue. La dentiste de profession a remisé ses baskets en 1995 et n’a plus mis les pieds sur un terrain pendant deux ans. «Je pensais alors que le temps était venu de m’arrêter». Mais, après plusieurs années en qualité d’entraîneur dans différents clubs et de directrice technique à Uni Berne, elle a repris le chemin de la salle. Il y a trois ans, elle a lancé avec d’autres ex-grosses pointures d’Uni Berne une équipe rattachée au VBC Papiermühle. Connue sous le nom officieux de Volley Unissima, elle s’entraîne une fois par semaine. Sybille ne pense plus à raccrocher, ou alors très rarement: «seulement quand les juniors me vouvoient en match». Mais son credo ne change pas: «L’âge n’immunise pas contre le volley- ❯❯ Championnat suisse seniors (32+) Disputé à Bienne les 5 et 6 avril, le championnat suisse seniors a attiré deux fois plus d’équipes que l’année passée, ce qui a permis de faire deux catégories (1re ligue et plus haut et 2e ligue et plus bas). Au CHS seniors, la victoire n’est pas la seule finalité. C’est l’occasion de retrouver d’anciens coéquipiers et adversaires – une sorte de rencontre de classe. Mais aussi de revenir au volleyball après une éclipse ou tout simplement de jouer pour ceux qui s’en tiennent à ce rendezvous annuel, car chacun peut prendre une licence journalière pour l’événement. Résultats et infos sur www.volleyball.ch > Volley Indoor > Championnat suisse seniors. 16 Photos: Mike Niederhauser Mai 2/ 2008 Pour Bäm Nüesch, une belle réception fait Elsbeth Dufing (en haut) et Vroni Nüesch (en bas) font la paire aussi en beach. toujours plaisir, même à 60 ans. ball, mais le volleyball éventuellement contre le vieillissement». Une combinaison idéale de mouvement et de réflexion Elsbeth Dufing, mère de trois enfants, ne peut pas non plus concevoir la vie sans volleyball. A 53 ans, elle en compte déjà 37 d’activité, toujours au VC Uettligen. Pourtant, «autour de 40 ans», l’idée lui était aussi venue de ne plus jouer contre des adversaires «qui auraient pu être mes filles». Faute d’équipe seniors à Uettligen, «comme dans la majeure partie des clubs, il y avait trop peu de femmes de cet âge qui voulaient encore jouer», restait la solution de l’équipe mixte. «C’était à mes yeux idéal pour garder les plus âgés au club». Et l’environnement et l’alchimie des personnes étaient bons. Autant de points qui comptent davantage que le résultat pour les volleyeurs d’un certain âge. «Et puis, à notre âge, le jeu est plus dynamique quand tu joues avec et contre des hommes». Le vieil homme et les Jeux Le tireur suédois Oscar Gomer Swahn (1847–1927) est le plus vieux champion olympique à ce jour. En 1912, il a remporté la médaille d’or dans la discipline du tir sur cerf courant, coup simple, en individuel et par équipe. Il avait alors 64 ans et 257 jours. Il a par la suite décroché l’argent en 1920, ce qui fait de lui le plus vieux médaillé olympique de tous les temps. Côté féminin, le record de l’ère moderne est détenu par la tireuse à l’arc anglaise Sybil Fenton Newall (1854–1929), victorieuse aux Jeux de Londres en 1908 à 53 ans et 9 mois. (Source: wikipedia.fr) Trois fois par année, Elsbeth Dufing s’aligne dans des tournois de beach avec Vroni Nüesch, qui joue aussi dans l’équipe mixte d’Uettligen – elle aussi «volleyeuse de corps et d’âme». A 58 ans, elle compte 38 années de volleyball, et presque autant d’entraîneur à différents niveaux: «Ce sport offre une combinaison idéale de mouvement et de réflexion». Son mari Bernhard n’est pas différent, lui qui 35 ans durant a beaucoup investi dans cette discipline et dans tout ce qui tourne autour du ballon jaune-bleu-blanc. Parallèlement à son engagement sur le terrain, il a été avec tout autant de passion entraîneur, dix ans président du VC Uettligen et deux ans député au Parlement du volleyball. «Un service gagnant, un smash précis, une réception réussie et une belle passe font toujours plaisir, même à 60 ans», sourit Bernhard Nüesch. Jamais trop vieux pour le volleyball – on vous le disait bien.