La genèse du bassin du Creusot : AREVA (forge du Creusot et usine

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La genèse du bassin du Creusot : AREVA (forge du Creusot et usine
Sortie interrégionale nationale du mercredi 21 mars 2012
La genèse du bassin du Creusot : AREVA
(forge du Creusot et usine de Chalon-Saint
Marcel), Château de la Verrerie et
Musée NIEPCE de la photographie de Chalon
Une longue journée de visite entre Le Creusot et Chalon/Saône est prévue et c’est toute l’histoire industrielle et
économique de la région que nous allons découvrir. Ceci par un temps bien plus clément que la météo l’avait laissé
espérer.
Dès le matin l’autocar se remplit pour nous emmener au château de la Verrerie.
Juste avant d’y arriver, à Torcy, un marteau-pilon campe au milieu d’un rond-point et
c’est déjà tout un symbole !
Nous arrivons devant un petit château blanc, avec deux ailes symétriques, flanqué de
deux étranges bâtiments noirs en forme de cônes. Nous connaîtrons bientôt leur
histoire mais d’abord, nous entrons dans l’Académie François Bourdon, un ancien jeu
de paume pour voir une exposition sur "le métal, la machine, et les hommes", et
surtout pour écouter notre guide, passionné autant que bavard !
C’est le Directeur de l’Académie qui nous raconte :
Ce marteau pilon à vapeur
a été réalisé en 1876 et
fut à son époque le plus
puissant du monde (545
tonnes :
hauteur = 21 mètres,
puissance de frappe :
500 tonnes).
Il symbolisera longtemps
la
suprématie
de
l’industrie
creusotine.
C’est l’emblème de la ville
En 1782, on découvre dans le sous-sol du charbon d’exceptionnelle qualité, et une usine est bâtie pour produire
de la fonte, destinée à la fabrication de canons pour la marine. Hélas, malgré une technologie nouvelle venue
d’Angleterre, les canons produits explosent, ce qui est tout sauf le but recherché ! C’est l’époque de Watt et de
sa machine à vapeur. Le Creusot reste un haut lieu de la technologie malgré ses échecs jusqu’en 1835, où
l’entreprise connaît la faillite, et est rachetée par Adolphe et Eugène Schneider. Leur nom sera désormais
inséparable de celui du Creusot.
Les Schneider de 1835 sont deux frères issus de la grande
bourgeoisie ; Eugène dirige une banque tandis que son beau
père et son frère possèdent des forges.
Ils comprennent que la métallurgie va triompher. Une loi sur le
chemin de fer est en préparation ; la révolution des transports
s’amorce. Tout est à faire : les rails, les locomotives, les
ouvrages d’art, tout !
Les Schneider rachètent les usines du Creusot, les plus grandes
de France.
Le premier janvier 1837 la société Schneider Frères et
Compagnie est créée.
Dès 1845, Adolphe meurt accidentellement et Eugène, resté seul à la tête
de l’entreprise va se révéler grand chef d’industrie et homme politique de
premier plan. Il sera en effet conseiller général de Saône et Loire, ministre
des travaux publics, président du corps législatif, ami à la fois de Napoléon
III et de Lamartine le républicain, ainsi que Régent de la banque de France,
créateur de la Société générale. Son action est considérable.
A sa mort, son fils Henri, qui lui succède, va témoigner d’un grand savoirfaire. Il installe du matériel électrique au Creusot puis à Champagne sur
Seine, mais surtout il comprend que l’industrie pour progresser a besoin de
recherche en métallographie.
En 1898, le relais passe à Eugène, deuxième du nom ; grâce aux indemnités de guerre, il peut acheter plusieurs
sociétés, et Le Creusot en tant que tel diminue d’importance dans un groupe qui ne cesse de croître.
En 1942, arrive Charles et, avec lui, le groupe passe à l’échelle mondiale. Il perçoit l’émergence d’un nouveau
marché ; des turbines sont créées au Brésil ; c’est Alsthom aujourd’hui. En 1956, il s’associe à Framatome qui
construira toutes les centrales nucléaires de France.
Revenons un peu en arrière pour insister sur la vie privée de ces hommes publics :
Eugène le premier, bien que très occupé et marié à une aristocrate protestante,
avait pris une maîtresse. Son fils, Henri, épouse successivement les deux filles de
cette maîtresse. Les mariages sont affaire d’état quand les fortunes engagées sont
colossales !
Eugène II, lui, épouse une très belle jeune fille de haute aristocratie qui lui donne
trois fils, Henri-Paul, Jean, et Charles, ainsi qu’une fille adultérine qu’il accepte de
reconnaître. Dans le parc du château, une jolie sculpture, la « fontaine aux enfants »
montre les trois garçons qui l’escaladent, et la fillette restée plus bas.
Charles, devenu un moment directeur de Gaumont aux U.S.A épouse une actrice ;
c’est un mariage d’amour mais jugé très choquant ; et par-dessus le marché, cette
jeune femme est la petite fille de Jules Guesde, un des créateurs de la S.F.I.O.
Scandale assuré et relations électriques entre la jeune épousée et l’aristocrate mère
de son époux !
Avant cela, les deux frères aînés de Charles ont combattu en 1914 et Henri-Paul, devenu aviateur, a trouvé la
mort au combat. Les relations entre les deux fils restants et le père qui veut régner seul vont jusqu’à la rupture.
Jean fait carrière à Air France et meurt avec sa femme lors d’un accident d’avion pendant la seconde guerre
mondiale. On observe quantité de destins tragiques dans cette famille !
En 1942, Charles prend à son tour les rênes de l’entreprise ; quand il meurt en 1960, il n’a pas de fils pour lui
succéder. Sa femme et sa sœur vendent leurs actions au baron Empain. Le groupe Creusot-Loire, filiale de
Schneider fait faillite. Mais toutes les usines du groupe sont reprises, se portent bien, encore aujourd’hui, et le
groupe Schneider aussi.
Il faut dire que la situation géographique du Creusot est très favorable ! Près du Canal du Centre, avec accès
fluvial à la Méditerranée par le Rhône, aux Amériques par la Loire, à Paris par les canaux. Le Creusot est aussi
la première gare TGV entre Paris et Lyon ; l’autoroute A6 est toute proche. Ce sont de gros atouts !
De plus, les Schneider ont eu flair et audace. Propriétaires en
janvier 1837, ils font le pari de construire dès février 1838 six
locomotives à vapeur, ce qui correspondrait à des Airbus A
380 aujourd’hui : un pari formidable et gagné.
Modèle réduit à l’échelle de 1/10. Métal et bois, 1992.
Cette locomotive appartient à la première série de six machines
construites par les Etablissements Schneider Frères et Cie en
1838 pour la Compagnie du chemin de fer de Paris à SaintGermain. Elle reprend les caractéristiques du modèle Patentee
inventé par l’Anglais Stephenson.
Dès 1839, un chantier naval est créé à Chalon sur Saône pour fabriquer des bateaux à vapeur fluviaux ; c’est
encore une énorme avancée car la machine à vapeur supprime le halage puisqu’on peut désormais remonter le
courant. Les Schneider vont même fabriquer des sous-marins. Ils font leur publicité et participent à toutes les
expositions universelles ayant lieu à Paris, excepté celle de 1889.
En revanche pour celle de 1900, un plan relief est
construit et montre l’étendue de leur domaine au
Creusot.
Mais revenons en 1860, un traité de libre échange entre
la France et l’Angleterre leur a permis une formidable
extension de leurs usines, et la ville s’est construit tout
autour.
1887 a vu également l’installation d’un hôtel-Dieu, car les
Schneider ont compris aussi l’intérêt d’une grande
politique sociale afin de retenir sur place la main d’œuvre
très qualifiée dont ils avaient besoin et que la vie
moderne rendait plus mobile ! Mal payés, les ouvriers
étaient bien formés, pouvaient acheter leur maison,
bénéficiaient de soins médicaux et de l’école gratuite. Ils
n’ont pas eu de syndicats avant 1945 ! Certains partaient
mais souvent ils revenaient !
Exposition Universelle de 1900 à Paris : le dôme du
pavillon des Établissements Schneider & Co abritant
la maquette du plan en relief du Creusot (7m x 3 m)
exposée aujourd’hui à l’Académie François Bourdon.
Ajoutons que les Schneider ont eu de surcroît l’habileté d’une excellente communication. En 14-18, on a construit
au Creusot le canon de 75 qui a permis la victoire. On l’a construit ailleurs aussi mais on a su faire croire qu’il ne
venait que du Creusot ! Pour conclure… En 39-45, l’usine est en zone occupée. La Gestapo veille. Schneider
obtient le maximum de fabrication pour faire vivre l’entreprise. Les allemands y font produire des locomotives,
mais pas de matériel militaire parce qu’ils craignent le sabotage. La ville et ses usines sont bombardées deux
fois. A la libération, il y aura un procès pour collaboration ; mais les Schneider le gagneront. Ils seront blanchis.
Visite de l’ancienne Verrerie : Sortant du Jeu de Paume,
notre groupe se scinde en deux ; les messieurs s’éloignent pour
aller visiter la forge du Creusot, tandis que nous, la plupart des
dames, nous nous dirigeons vers un des deux grands bâtiments
noirs et coniques remarqués à notre arrivée sur le site.
Nous entrons dans ce qui était à l’origine un four de fusion, car
une cristallerie avait été installée là, sous Louis XVI, après
avoir été d’abord créée à Sèvres. Elle fit faillite et les
Schneider la rachetèrent en même temps que la fonderie. Ils la
revendirent ensuite à Baccarat, heureux d’éliminer un
concurrent, et transformèrent complètement les lieux. Ce qui
était un vaste bâtiment en forme de U, fait de logements pour
les ouvriers, fut métamorphosé en un petit château dont le
nom seul, La Verrerie, rappelle les origines.
Dès 1882, la partie centrale de l’édifice fut rehaussée d’un
étage ; c’est là, au milieu d’un vaste parc, que les Schneider
prirent l’habitude de recevoir leurs relations d’affaires.
Ce château a vingt deux chambres et autant de salles de bain.
On lui associa un jeu de Paume, des écuries, un parc de vingt
huit hectares avec une serre à orchidées, et des essences
rares, offertes pour certaines, par les invités.
Dans le parc, une autre attraction, à savoir une collection de
73 canons, achetés aux enchères, de l’époque de Louis XV à
l’Empire.
Confisqués par les allemands pendant la guerre, ils furent retrouvés par
un anglais et renvoyés au Creusot, où on peut encore les admirer.
Quant aux fours de fusion, l’un d’eux devint une chapelle protestante, puis fut
rendu au culte catholique, et c’est aujourd’hui une galerie d’art.
Le second, celui où nous sommes entrées, fut réserve d’eau pendant vingt ans, avant
de devenir un ravissant petit théâtre pour divertir les invités. Peint et orné par
Felcz, ce théâtre peut accueillir cent spectateurs. Ses décorations rappellent le
Petit Trianon, et sa coupole où plane un aigle à deux têtes évoque l’Autriche de
Marie-Antoinette. Dans le musée du château, on parle aussi des cristaux de la reine,
qui pourtant ne vint jamais ici !
Nous descendons sous la salle de spectacle, et nous arrivons dans une salle ronde bordée de quatre loges
meublées, prêtes pour les artistes. Le panneau des réglages lumineux semble complexe et vieillot à la fois ; il fut
refait en 1902. Notre guide nous explique qu’une couche de verre brisé, aménagée sous nos pieds, améliore la
sonorité du lieu. Par ce sous-sol, nous parvenons à un très long couloir, de deux kilomètres nous dit-on, voulu par
Eugène II afin que son personnel puisse vaquer à ses occupations, cuisine ou buanderie, sans rencontrer ses
invités. Etrange, non ?
La dame qui nous guide se souvient avec émotion de goûters offerts aux enfants des ouvriers par les dames
Schneider. Elle nous parle des dernières représentantes encore vivantes de la dynastie, Dominique, une femme
peintre, et Catherine, architecte. Elle ajoute que Madame Giscard d’Estaing partage une arrière grand-mère
avec Eugène Schneider II. L’arbre généalogique de la famille doit être prestigieux !
De là nous passons dans le musée « de l’homme et de
l’industrie », où est présentée la collection dite des
cristaux de Marie-Antoinette.
La cristallerie avait été créée après 1787 ; elle fut
rachetée en 1832 par Baccarat pour être éliminée. Les
cristaux qui en sortaient étaient très lourds et sans
poinçon ; s’ils contenaient trop de potasse ou si le four
n’était pas tout à fait à bonne température, c’était raté et
il y avait beaucoup de ratés ! Il fallait deux jours pour
produire un verre.
Le cristal comporte de la potasse, de la silice, du cristal
cassé appelé groisil, et un minium de plomb, très nuisible à
la santé des ouvriers. Il y avait des mines de plomb au
Creusot. La première salle contient des cristaux d’apparat.
La seconde est celle des opalines, obtenues en mêlant au
cristal un oxyde métallique, de cuivre pour les nuances
bleues, ou d’or pour les nuances roses, évidemment plus
précieuses.
Un film présente le travail du cristal à Baccarat aujourd’hui. Puis nous poursuivons notre visite du château.
Nous observons des tableaux de Raymond Rochette, peintre officiel de l’usine, puis une salle meublée appelée le
salon des deux Amériques ; c’est là que se signaient les contrats. Son papier mural rare venant de la maison
Zuber à Mulhouse, représente une fresque exotique, qui se veut américaine !
Nous passons devant un tableau qui affiche les multiples décorations d’Eugène Ier, puis des portraits en pied
d’Henri et de ses deux épouses successives.
Nous apprenons que, comme la reine d’Angleterre, les Schneider faisaient hisser leur drapeau en haut du
château quand ils y résidaient !
Dans une vitrine, des cahiers d’écoliers, des boutons, des interrupteurs, portent leur emblème, un canon entouré
de palmes !
Au rez-de-chaussée trône un marteau-pilon semblable à celui de Torcy.
Puis un grand tableau (œuvre de Joseph-Fortuné LAYRAUD)
montrant une énorme pièce de métal prête à être façonnée,
que des ouvriers transportent, guidés par un contremaître.
Ni casques ni gants pour ces ouvriers, et aucune protection
auditive contre des bruits assourdissants ; à trente ans, ils
étaient sourds ! De plus, les charpentes étaient de bois et les
risques d’incendie énormes. On mesure là combien la vie de ces
gens était rude !
Le marteau-pilon, forges et aciéries de Saint-Chamond (Huile
sur toile, 1889. 151 x 254 cm).
Cette toile de Joseph Layraud a été réalisée pour l’Exposition universelle de 1889 au cours de laquelle elle fut
primée. Elle restera dans l’entreprise jusqu’à son rachat par le groupe Wendel. Elle permet de lire des évolutions
importantes par rapport aux toiles de Bonhommé consacrées au même thème : le nombre d’ouvriers à la
manœuvre est moins important, les marteau-pilon sont plus imposants et plus nombreux dans une halle plus
grande et construite totalement en métal. La production reste guidée par le contremaître, sous l’œil attentif
d’un ingénieur et de deux militaires venus observer la réalisation de la commande.
Pour terminer, voici une grande maquette animée qu’un mécanicien a mis plus de
vingt ans à réaliser en lui consacrant tous ses loisirs. Cela seul lui donne du prix !
On y trouve chaque poste et les ouvriers en mouvement, l’atelier de menuiserie, la
grande forge avec son marteau-pilon, la machine à vapeur, les cylindres laminoirs, la
forge à main, l’atelier pour réparations et finitions.
Cette maquette obtient beaucoup de succès lors de visites scolaires paraît-il.
J’observe qu’elle amuse aussi des publics d’âge plus conséquent !
Jocelyne Bernard
Maquette animée de Joseph BEUCHOT (1855-1920)
L’usine miniature.
Pendant ce temps, la plupart des hommes visite la grande forge du Creusot : ce
sont deux charmantes dames d’AREVA, Annick et Laurianne, qui nous reçoivent et
qui vont nous guider dans les ateliers vers l’une des plus imposante forge du monde.
Mais avant, nous nous installons dans une salle de réunion où, après présentation des activités AREVA, nos
hôtesses nous passent un petit film sur les forges du Creusot :
Creusot Forge et Creusot Mécanique, filiales à 100 % du groupe
AREVA, sont spécialisés dans la fabrication et l’usinage de grandes
pièces forgées et moulées, cet ensemble industriel est doté d’un outil de
production exceptionnel et constitue un acteur majeur du marché de
fabrication des composants lourds de l’îlot nucléaire. C'est l’une des
seules forges au monde capable de réaliser les pièces complexes
indispensables à la fabrication des composants primaires de l’îlot
nucléaire. Il en existe deux autres une au Japon et depuis peu, une en
Chine (marché chinois en extension...) nous dira notre guide un peu plus
tard.
Dans ses ateliers, sont réalisées des pièces forgées en acier
carbone ou en acier inoxydable ainsi que des pièces moulées.
Ces pièces sont ensuite assemblées dans les usines de
Chalon/St-Marcel ou JSPM (Jeumont Schneider) pour former
les composants clés des réacteurs nucléaires.
Le portefeuille de produits de Creusot Forge comprend les
pièces forgées constituant les composants suivants :
- Cuves de réacteur (couvercle, réflecteur lourd et virole de
cœur), générateurs de vapeur (dôme elliptique, viroles et
plaques à tubes), fond de pressuriseurs, groupes motopompes
primaires (volute de pompe), tuyauteries primaires reliant le
réacteur et les générateurs de vapeur (branches chaudes et
Photo et texte : http://www.areva.com/FR/activites
froides) .
- 2121/creusot-forge-et-creusot-mecaniqueLe site produit également des pièces pour d’autres secteurs : fabricants -de-grandes-pieces-forgees-ettransport nucléaire, éolien, pétrochimie, sidérurgie et marine.
moulees.html
Creusot Mécanique, est spécialisée dans l’usinage de précision de pièces de grande dimension, pour le marché du
nucléaire.
Le marché des équipements nucléaires se divise en deux segments : le marché de remplacement (couvercles,
pressuriseurs et générateurs de vapeur) et le marché des centrales neuves, qui connaît un essor mondial très
important et s’accompagne d’exigences toujours plus élevées en termes de sécurité, exigences techniques,
compétitivité et respect de l’environnement.
Creusot Forge et Creusot Mécanique répondent aux besoins en pièces forgées/moulées et usinées de ces deux
segments de marché.
Dans le contexte de renouveau du nucléaire, le marché des
pièces forgées nucléaires de grande taille est en croissance
constante.
Après avoir été centrée pendant de nombreuses années sur les
programmes de remplacement de générateurs de vapeur et de
couvercles de cuve, la demande est à présent fortement
orientée sur les projets de construction de centrales neuves
de nouvelle génération : les réacteurs EPR™ (dite III+) qui
améliore le référentiel de sûreté par rapport aux générations
précédentes.
Creusot Forge et son principal concurrent, le japonais JSW
(Japan Steel Work), assurent la couverture de 90% des
besoins du marché mondial de réacteurs à eau pressurisée et à
eau bouillante.
Les outils industriels et le savoir-faire de ces deux sociétés en font des acteurs incontournables dans la
fabrication des forgés de grande taille des composants lourds de l’îlot nucléaire.
Concernant les forgés, le plan d’augmentation des capacités de Creusot Forge et Creusot Mécanique se poursuit,
avec le desserrement des goulets d’étranglement et la modernisation des ateliers d’usinage.
Une rénovation et modernisation de la presse de 7 500 tonnes a été réalisée avec succès en 2008. Autre fait
marquant de l’année 2008, AREVA et ArcelorMittal ont signé un protocole d'accord pour augmenter la
production d'Industeel (Filiale d’ArcelorMittal) dédiée au marché nucléaire.
Les investissements réalisés par AREVA depuis 2006 ont permis d’augmenter fortement la capacité de
production de Creusot Forge. Sur les 80 forgés critiques nécessaires à la fabrication d’un réacteur EPR™,
Creusot Forge peut aujourd’hui en produire plus de 90%. Néanmoins, les besoins en pièces forgées du groupe
AREVA sont au-delà des quantités produites par Creusot Forge ; il est donc logique qu’AREVA se tourne vers les
acteurs clés de ce secteur pour compléter sa chaîne d’approvisionnement.
En octobre 2008, le groupe a développé un partenariat stratégique avec les japonais de JSW, seule entreprise
au monde ayant les capacités nécessaires pour forger la virole porte tubulure d’une cuve EPR™. Cet accord
majeur garantit à AREVA la fourniture de pièces forgées de grande taille, jusqu’en 2016 et au delà.
Source photo et texte : http://www.areva.com/mediatheque/liblocal/docs/pdf/activites/
reacteurs-services/equipements/pdf-pres-creusot-vf.pdf
Nous nous dirigeons maintenant dans les ateliers vers cette fameuse presse de
7500 tonnes... Nous passons devant une première presse déjà très
impressionnante par sa taille. Nous ne verrons pas d’opération de forgeage, la
dernière s’est terminée très tôt ce matin, d’ailleurs des mandrins de forgeage
ayant servi il n’y a encore que quelques heures sont sous nos yeux fumant sous les
jets d’eau destinés à les refroidir. Nous arrivons maintenant au pied du
monument, il s’élève devant nos yeux. Sa taille comparée à la précédente et
surtout à celle de "la petite de 500 tonnes" qui orne l’entrée de la ville nous
laissent pantois ! On l’imagine en train de forger une virole de cuve 900 MW de 4
mètres de diamètre et 200 mm d’épaisseur :
Photo ci-contre : Source : EDF, Direction de l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire (1980). Forgeage à la presse d’une
virole de cuve : Après avoir forgé à chaud le lingot de départ et enlevé sa partie centrale, il est amené au diamètre et à
l’épaisseur par écrasement à chaud sur un mandrin. C’est l’opération de bigornage qu’on voit ici. Cette opération ne modifie
pas la longueur de la pièce.
Mais pourquoi elle ne fonctionne pas ? et bien le carnet de commande est presque vide... Après avoir forgé
pendant plus de quarante ans (depuis les années 1970) tous les gros composants des centrales nucléaires
françaises, bols et viroles de cuve de réacteurs ou de GV (Générateurs de Vapeur), puis les GV de remplacement
du 900 MW français comme du parc américain, puis les cuves et GV de l’EPR de Flamanville 3 et des centrales
finlandaises de Kyolotu et bien... la grande forge du Creusot est au chômage en attendant les élections
présidentielles pour savoir si la précommande des deux EPR de Penly 3 et 4 sera confirmée !
Avant de quitter le site, nous faisons la seule photo
autorisée : à l’extérieur des ateliers, une photo de
groupe devant une impressionnante virole de GV,
brute de forgeage, qui n’a pas passée les contrôles
ultra sons, elle sera recyclée.
Nous remontons dans le car et retour au château de
la Verrerie pour récupérer les dames, puis direction
le Novotel Montchanin où nous retrouvons nos deux
charmantes guides de la forge que nous avons invitées
à déjeuner.
L’après-midi, nous allons toutes et tous à
Chalon/Saône.
Laissant les messieurs et quelques dames visiter
l’usine Saint Marcel d’AREVA, les dames et un
monsieur s’en vont, vers un ancien hôtel des
messageries daté de 1750, qui se situe le long du
fleuve, près du débarcadère où les voyageurs venus
de Paris descendaient du coche d’eau.
Ce lieu est devenu en 1973 un musée à la gloire de l’inventeur
Nicéphore Niepce né à Chalon-sur-Saône, rue de l’Oratoire.
Visite du musée de la photographie au 28 quai des
messageries :
Il contient trois millions de photographies et trois milles
appareils photo. Certains sont anciens et précieux !
On nous parle d’abord de la "camera obtura", une boîte avec un trou à
lumière et contenant un miroir, qu’Aristote utilisa, mais aussi
Vermeer, Guardi et Canaletto, et même David Hockney au XXème
siècle.
La chambre de Daguerre (appareil
de Daguerre prêté à Niepce) avec
diaphragme
iris : 1828
La 1ère chambre photo 1816
Daguerréotype 1839
1840 :
apparition du
daguerréotype à
soufflet
Nous passons devant un énorme appareil à soufflet qui fut installé Faubourg St Honoré pour tirer le portrait des
badauds ; dès 1840, dans les fêtes foraines, on pouvait prendre des photos sur plaques de cuivre et nitrate
d’argent, des photos fragiles à conserver sous verre.
Certains des premiers appareils avaient la forme d’obus et la technique évoquait le vocabulaire militaire : on tire,
on recharge…
On s’employa ensuite à résoudre le problème des photos en lieux obscurs; comment photographier dans une mine ?
On utilisa des ampoules de magnésium, ce qui était dangereux ! Une ampoule pour chaque photo. En 1930, un élève
de Marie Curie mit au point le flash électronique.
Peu à peu, la photo s’imposa dans la vie des gens. Il y eut des photos de presse, de reportage, de famille, et ce fut
toute une époque : les bébés nus sur peau de bête, les sourires de première communion, du service militaire, des
mariés !
Après ce préambule, nous arrivons devant une exposition de Raphaël Dallaporte, photographe pour le moins
tourmenté ! Ses sujets sont une collection de mines anti personnelles, de maisons où s’est vécu un esclavage
domestique, de viscères et organes humains, de photos aériennes prises d’un drone sur des reliefs d’Afghanistan…
Rien de bien réjouissant, mais il s’agit d’art, n’est-ce pas ?
Nous en arrivons enfin à Niepce, né en 1765 sous Louis XVI, et décédé en 1833. Son grand père et son père,
avocats des Etats de Bretagne lui laissèrent, à lui et à son frère aîné, Claude, une immense fortune très
rapidement évaporée.
Vivant à l’époque des Lumières, les deux frères étaient férus de sciences, l’aîné ingénieur, le cadet physicien et
chimiste. En 1816, ils créent le moteur à combustion interne, avec un siècle d’avance et sans profit aucun. Au
contraire, ils se ruinent, partant en Angleterre dans l’espoir d’y vendre leur invention.
En 1827, Claude meurt à Londres, et Joseph, qui s’est rebaptisé modestement Nicéphore, le "porteur de
victoire" est obsédé par la photographie qu’il appelle héliographie.
Il découvre le « bitume de Judée », une espèce de goudron qu’on pile sur une plaque d’étain ; ladite plaque
exposée cinq jours au soleil capte la lumière et le goudron durci peut être éliminé ; une photo de paysage, ainsi
obtenue par Niepce en 1827, et qu’il donna à un scientifique anglais, a été retrouvée, conservée dans l’hélium, à
Austin au Texas.
Revenu à Paris, Niepce rencontre Daguerre, personnage
Le Daguerréotype produit une image sans négatif
extraverti, ami d’Arago, qui possède une salle de
sur une surface en argent, polie comme un miroir,
spectacle, un diaporama, boulevard des Capucines. Il
exposée directement à la lumière.
s’occupe de décors théâtraux, de spectacles, et
Le brevet de Daguerre est acquis par le
s’intéresse beaucoup à la photographie. Tous deux se
gouvernement français qui, le 19 août 1839, annonce
lient par contrat en 1829, mais en 1833, Niepce meurt et
l'invention comme étant un "don au monde ".
Daguerre s’approprie ses découvertes qu’il fait breveter
par l’état français en 1839.
A cette époque, les mauvais peintres de portraits se
font photographes. Il faut poser vingt minutes ;
impossible donc de photographier les enfants, d’où
l’expression « attention, le petit oiseau va sortir »,
censée les garder immobiles ! Une photo coûte quand
même en ce temps trois mois de paie d’un ouvrier. Et une
grave question agite les esprits : la photographie est-elle
de l’art ? Baudelaire affirme que non !
Les appareils peu à peu se multiplient et se
Le daguerréotype est un procédé uniquement positif ne
miniaturisent. En 1880, arrive la firme Kodak dont le nom
permettant aucune reproduction de l'image. Il est constitué
a été étudié pour pouvoir être prononcé dans toutes les
d'une plaque, généralement en cuivre, recouverte d'une
langues. En 1900, aux Etats Unis les enfants eux-mêmes
couche d'argent. Cette plaque est sensibilisée à la lumière
ont leur appareil ; c’est "the box" où tout est prêt. Les
en l'exposant à des vapeurs d'iode qui, en se combinant à
pellicules sont réexpédiées à Rochester aux États-Unis
l'argent, produisent de l'iodure d'argent photosensible.
pour être développées. Ensuite, Kodak va installer une de
Lorsqu'elle est exposée à la lumière, la plaque enregistre
ses usines à Châlon-sur-Saône, à cause de la pureté de
une image invisible, dite « image latente ». Le temps
son air.
d'exposition est d'environ vingt à trente minutes.
Le développement de l'image est effectué en plaçant la
En 1920, ce sera le début de la photo en
plaque exposée au-dessus d'un récipient de mercure
couleur avec les frères Lumière, qui ont
légèrement chauffé (75 °C). La vapeur du mercure se
aussi inventé le tulle gras, mais c’est
condense sur la plaque et se combine à l'iodure d'argent
vraiment un autre sujet !
en formant un amalgame uniquement aux endroits où la
Avant de quitter les lieux, nous observons une seconde lumière a agi proportionnellement à l'intensité de celle-ci.
exposition dédiée à la mémoire de Charlotte Perriaud, L'image ainsi produite est très fragile et peut être enlevée
amie de Fernand Léger, qui fut aussi associée du en chauffant la plaque, ce qui produit l'évaporation du
mercure de l'amalgame.
Corbusier : ce dernier la chargea de créer le mobilier de
Source : Wikipédia
sa « cité radieuse » ; installée au dessus de St Sulpice,
elle était très admirative de la nature mais aussi fascinée
par le fer et les nouvelles architectures.
Ses photos sont une amorce de l’art brut ; des boulons, des
arêtes, des os, où elle révèle une étrange beauté. Le musée
présente un de ses photomontages, et des compositions
fortement idéologiques (à la gloire des lendemains qui
chantent) créées pour le pavillon du ministère de l’agriculture
en 1937.
Cette plongée dans l’histoire de la photographie est
passionnante. Nous rendons hommage à Nicéphore, le porteur
de victoire, et c’est pourquoi nous nous regroupons afin qu’on
nous tire le portrait. Nous voilà immortalisés !
Jocelyne Bernard
Et pendant ce temps, les messieurs, accompagnés de six dames, plongent dans l’histoire de la construction
des gros composants des centrales nucléaires...
En effet, c’est à Chalon/Saône, à l’usine Saint Marcel de FRAMATOME, aujourd’hui AREVA, que sont assemblées
les grosses viroles forgées vues ce matin pour former et fabriquer une cuve de réacteur, un générateur de
vapeur ou un pressuriseur et l’assemblage de toute leur "tripaille" interne ...
Nous sommes accueillis par Martine, qui nous emmène directement au poste de
garde, pour vérification des identités et distribution des badges d’accès.
Nous allons au cinéma, en passant devant une maquette animée, écorché d’un
bâtiment réacteur EPR rappelant le fonctionnement et avec laquelle Annie
commence à jouer en expliquant aux premiers curieux...
... puis c’est un écorché d’un générateur de vapeur, représenté à hauteur d’homme,
et laissant apparaître toute sa "tripaille" qui trône à l’entrée de la salle, et c’est
le tour de Jean-Paul d’être interviewé, mais nous y reviendrons un peu plus tard...
Le film nous présente l’usine de Chalon/Saint Marcel et son histoire :
L'usine fournit les équipements lourds aux centrales nucléaires. Cet établissement
constitue le plus grand site industriel du groupe AREVA. Générateurs de vapeur,
cuves et couvercles de cuves ou encore pressuriseurs, l'usine de Chalon/SaintMarcel est spécialisée dans la fabrication des composants lourds équipant les
réacteurs des centrales nucléaires en France et à l'étranger.
Son carnet de fabrication couvre le marché des centrales neuves et le marché de
remplacement des composants des centrales existantes.
Aujourd’hui, Chalon/Saint Marcel est le premier site industriel au monde à
fabriquer des composants de réacteurs de génération III+, de type EPR™.
L'usine Saint Marcel couvre 35 hectares et comprend 39 000 m² d'ateliers
couverts, à proximité des installations portuaires sur la Saône, depuis lesquelles
les composants fabriqués sont acheminés vers la Méditerranée. Elle occupe
également une position stratégique au carrefour de grands axes européens de
circulation ferroviaire et routière.
Source EDF :
L’ère nucléaire , le monde des
centrales nucléaires,
Jacques Leclerc, Hachette
1986.
Elle élabore des techniques d'une grande précision pour les principales opérations
de soudage, formage, revêtement d'alliage inoxydable, traitements thermiques,
usinage, tubage en modules de propreté et contrôles.
L’usine bénéficie d'un support scientifique et technique de premier plan grâce au
département Calculs qui offre des moyens et compétences en calculs aux éléments
finis, études de fatigue, mécanique de la rupture, et au Centre Technique qui
développe notamment des techniques de soudage et de contrôles non destructifs
innovantes.
Source , texte et photos : http://www.areva.com/FR/activites-1704/usinede-chalonsaintmarcel-- fabrication -d-equipements-lourds.html
L’histoire de l’usine, c’est l’histoire du programme
français d’équipement nucléaire. La décennie 1960-1970
fut pour la France la période de l’utilisation de l’uranium
naturel pour la production d’électricité (filière graphite
gaz avec les centrales de Chinon A et de Bugey tranche 1,
centrale à eau lourde de Brennilis). Mais, le coût de ces
centrales en arrêta le développement dès 1968.
A cette époque, la mise en service de l’usine militaire de séparation isotopique de Pierrelatte leva les
restrictions politiques à l’achat d’uranium enrichi aux USA et à l’URSS et permit d’envisager le développement
d’un programme de centrales nucléaires utilisant ce combustible.
Déjà testée en association avec la Belgique à la centrale de CHOOZ, la filière PWR (Pessurised Water Reactor)
sous licence américaine WESTINGHOUSE fut l’objet d’un nouvel engagement dans les mêmes conditions à
TIHANGE en 1968. Ensuite, en 1970, EDF commande à FRAMATOME deux chaudières nucléaires PWR sous
licence WESTINGHOUSE d’une puissance de 900 MW, destinées à FESSENHEIM, associés à des groupes
turbo-alternateurs ALSTHOM. En parallèle, se poursuivaient les études et négociations pour utiliser
concurremment les filières à eaux bouillantes (BWR, Boiling Water Reactor)).
En 1971, fut passée à Framatome une deuxième commande de deux chaudières fermes et deux options,
destinées à l’équipement du site du BUGEY. En 1972, les négociations avec le groupe CGE-ALSTHOM pour la
fourniture de chaudières BWR se concrétisent par un contrat de deux chaudières alors destinées à SaintLaurent des Eaux et 6 options. En parallèle, un contrat sur 8 groupes turbo-alternateurs était passé à la CEM .
En 1973, le programme subit une accélération, conséquence de la guerre du
Kippour et de la hausse du pétrole et un contrat dit CP1 (Contrat Programme
n°1) fut passé à FRAMATOME pour la fourniture de 12 chaudières 900 MW
fermes, destinées à TRICASTIN, DAMPIERRRE et GRAVELINES ou
BLAYAIS, et de 4 chaudières en option (Gravelines ou Blayais), les groupes
turbo-alternateurs correspondants étant commandés à ALSTHOM.
L’année suivante, le contrat des chaudières BWR fut annulé d’un commun
accord entre EDF et le constructeur et une nouvelle commande de 4
chaudières fermes et 6 options fut passée à Framatome, contrat dit CP2
(SAINT-LAURENT des EAUX 1 et 2, CRUAS 1,2,3,4 et CHINON B1, B2, B3
et B4). Entre temps, Framatome avait racheté la licence Westinghouse.
Enfin en 1975, une nouvelle commande fut passée à Framatome pour 4
chaudières fermes et 4 chaudières en option, cette fois pour une puissance
électrique de 1300 MW, les groupes turbo-alternateurs étant confiés à
ALSTHOM-ATLANTIQUE. C’est ce que l’on a appelé le P4 (P comme
PALUEL, première tranche 1300, et 4 comme 4 boucles et 4 tranches).
Tricastin (4x900MW)
Cattenom (4x1300MW)
Source : Wikipédia
L’option des 4 chaudières supplémentaires ne sera levée qu’en 1979 en même temps qu’une nouvelle commande de
8 chaudières 1300 MW, c’est ce qu’on appellera le P’4 : CATTENOM 1, 2, 3 et 4; FLAMANVILLE 1 et 2;,
SAINT-ALBAN 1 et 2.
Sans oublier l’exportation : KOEBERG 1 et 2 en Afrique du sud (début de construction en 1976 et mise en
service en 1984 et 1985) et Iran 1 et 2 commandés par le Shah d’Iran qui deviendra GRAVELINES 5 et 6 suite
aux évènements politiques iraniens de 1979 ... Gravelines 5 et 6 ont été mises en service en 1984 et 1985.
En résumé, après les 2 Fessenheim et les 4 Bugey démarrées en 1978 et 1979, 24 tranches 900 MW et 16
tranches 1300 MW ont été mises en service en France entre 1980 et 1986.
Tous les gros composants, cuves, générateurs de vapeurs et pressuriseurs correspondants ont été fabriqués à
l’usine de Saint Marcel, ce qui représentent 40 cuves, 40 pressuriseurs et 136 générateurs de vapeur fabriqués
en 6 ans (entre 1974 et 1980) auquel il convient de rajouter les 4 cuves, 4 préssuriseurs et 12 GV de Koeberg et
des futurs Gravelines 5 et 6 !
Si l’on continue de jouer avec la calculette, sachant qu’une cuve est composée de 8 pièces forgées (viroles, fond,
brides et couvercle), un GV de 8, et un pressuriseur de 7, la grande presse du Creusot a forgé, en 6 ans, 1844
pièces assemblés ensuite par soudage par Framatome Saint Marcel et moulées 148 volutes de pompes primaires
pour Jeumont Schneider !
Pas étonnant qu’à l’époque du CP1, dans
notre jargon, on a appelée cette période
"TAGADA" (TA comme Tricastin, GA,
Gravelines, DA Dampierre), on a même
parlé de TAGADABLA (en rajoutant
Blayais). On imagine l’engorgement des
ateliers de l’usine Saint Marcel remplis de
cuves et GV en cours de soudage,
traitements
thermiques,
assemblage,
tubages ...
Photos ci-contre : Source : EDF, Direction de
l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire
(1980). Ateliers Framatome St Marcel à l’époque de
"TAGADA". A gauche, une cuve 900 MW est prête à
être introduite dans le four de détensionnement, au
premier plan, viroles de cuve 1300MW . A droite hall
GV, assemblage , cabine de soudage pour la soudure
virole/plaque/fond inférieur.
Dans les années 80, le changement de gouvernement ralentira les commandes et la construction des centrales.
Ainsi, sur les sites envisagés comme Le Pellerin, Belleville, Penly, Plogoff, Golfech et Nogent/Seine seules
verront le jour : Les 1300 MW de BELLEVILLE 1 et 2 (début de construction 1980 et début d’exploitation en
1988), PENLY 1 et 2 (début de construction en 1982, elles ne démarreront qu’en 1990) , GOLFECH 1 et 2 (début
de construction 1982 et mises en service qu’en 1993 et 1995...) et NOGENT 1 et 2 (début de construction en
1981 et 1982 et mise en service en 1988 et 1989)
Civaux (2x1450MW)
Envisagé dès la fin des années 1980, le N4, 1450 MW (précurseur du futur
EPR) sera enfin décidé de construire avec CHOOZ B1 et B2 (début de
construction 1984 et 1985) mais mises en service qu’en 1996 et 1997
pourtant toujours en partenariat avec la Belgique et les tranches de
CIVAUX 1 et 2 décidées de construire en 1987 ne démarreront qu’en 1999.
A la fin du film, Martine, répond aux questions : Après les fabrications
des composants du N4, il n’y a plus eu de commandes françaises, comment
l’usine a-t-elle continuer de fonctionner, avec l’exportation, le marché chinois ?
Source : Wikipédia
Réponse : « Oui, pour le marché chinois : 6 tranches 900 MW, Daya Bay 1 et 2 construites en 87 et 88 et MSI
(mise en service) en 1994, Ling Ao 1 et 2 construites en 1997, MSI 2002 et Ling Ao 3 et 4 construites en 2005
et 2006, MSI en 2010 et 2011 ) , non pour l’exportation malgré les demandes des pays arabes.
En revanche, un gros marché est apparu, celui du remplacement des générateurs de vapeur français et
également ceux du parc américain ! Pourquoi ? Et bien à cause d’un mauvais choix du matériau des tubes, l’inconel
600, qui se fissure par CSC (Corrosion Sous Contrainte).
Jean-Paul précisera que ce phénomène touche tous les premiers GV fabriqués dans le monde entier du nucléaire
et qu’il a été découvert qu’en début d’exploitation des GV avec tubes en inconel 600 non traités thermiquement.
Quoi que, il convient de raconter "pour la petite histoire" ce qu’on a appelé "l’effet Coriou" :
« En 1960, Mr Coriou, responsable du laboratoire de corrosion du CEA avait, fortuitement, déjà mis en évidence,
le phénomène. Lorsque Coriou publie ses travaux, personne ne le croit. S’en suit une longue polémique sur la
reproductibilité des essais jusqu’en 1965, et, pour cause, la France, comme les USA et les japonais, ont déjà
commencé de fabriquer leurs GV en Inconel 600...
En 1970, apparaissent les premières fissurations côté primaire aux USA, en 1971, à Obrigen en Allemagne et ce
n’est qu’ à ce moment là que la communauté scientifique admet l’existence du phénomène et l’évidence de ce
qu’on appelle aujourd’hui “l’effet Coriou”. Les premières fissurations françaises n’apparaîtrons qu’en 1980 à
Fessenheim 2.
Mais, bien avant 1965, on pouvait aussi s’interroger sur le phénomène qui était déjà connu par tous les sousmariniers nucléaires du monde entier, mais le "silence radio" des armées de l’époque n’a pas permis de prévenir
les scientifiques du nucléaire civil... »
Voilà pourquoi, l’usine Saint marcel a continué d’être alimenté dans les années 90 et 2000, pas moins de 90 GV
900 MW français ont déjà été remplacés, un carnet de commandes américain également conséquent, un
programme de remplacement de quelques GV 1300 MW français est en discussion, auquel vient s’ajouter, dès
2006 (date de passage Framatome à AREVA), le marché EPR avec Flamanville 3, OlKiluoto 3 en Finlande, 2
tranches en Chine à Taishan et peut être 2 tranches supplémentaires à Penly destinées à EDF et GDF Suez...
Visite des ateliers : L’usine Saint marcel a donc encore du travail... Et c’est ce que
nous avons vu en déambulant dans l’atelier autour des GV américains en cours de
montage de leur tripaille interne ou de tubage, les 3 GV de remplacement de Cruas en
fin de fabrication et l’impressionnante cuve EPR de Flamanville 3 qui rentrait en
épreuve hydraulique juste avant de quitter Chalon pour rejoindre le site de Flamanville
1
en passant par la Méditerranée, le détroit de Gibraltar, l’Atlantique et la Manche !
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Photos ci-contre : Source : EDF, Direction de l’Équipement , Images
d’une centrale nucléaire (1980). Quelques étapes de fabrication
d’un GV dans les ateliers Framatome St Marcel à l’époque de
"TAGADA". 1 : usinage d’une plaque tubulaire - 2 perçage - 3 et 4 :
tubage (mise en place des tubes en U et aspect du chignon et des
internes) – 5 sertissage et soudage auto des tubes dans la plaque
tubulaire - 6 bol de fonds primaire qui attends d’être raccordé par
soudage à la plaque tubulaire – 7 mis en place des internes
supérieurs, cyclones - 8 Traitement thermique de détensionnement
de la soudure virole/fond supérieur.
Nous ne quittons pas le site de St Marcel, sans remercier, Martine pour cette savante visite et pour la photo du
groupe en casquettes AREVA.
Nous retrouvons notre car et les dames du musée de la photographie et nous retournons au Novotel Montchanin
pour les "au revoir"...
Rendez vous en Suisse pour le congrès ou à l’année prochaine pour une autre visite. Quelques idées émergent,
parmi lesquelles : pourquoi ne pas continuer la visite dans la partie secondaire de la centrale ? Ateliers de
construction des turbines et alternateurs d’Alsthom à Belfort ? Pourquoi pas !
Textes et photos :
- Les textes des visites de l’Académie François Bourdon , château de la Verrerie et musée Nicéphore Niepce
sont de : Jocelyne Bernard et pour les photos : Jocelyne Bernard et les sites internet : - www.afbourdon.com
– office de tourisme du Creusot : www.creusot.net/otsi/visites.htm - www.museeniepce.com et Wikipédia.
- Textes et photos des visites des usines AREVA : Jean-Paul Gauchet avec l’aide des supports : EDF Direction
de l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire (1980) - L’ère nucléaire , le monde des centrales nucléaires
par Jacques Leclerc, Hachette 1986 – Les sites internet : http://www.areva.com/FR/activites - Wikipédia et
energie.edf.com.

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