La genèse du bassin du Creusot : AREVA (forge du Creusot et usine
Transcription
La genèse du bassin du Creusot : AREVA (forge du Creusot et usine
Sortie interrégionale nationale du mercredi 21 mars 2012 La genèse du bassin du Creusot : AREVA (forge du Creusot et usine de Chalon-Saint Marcel), Château de la Verrerie et Musée NIEPCE de la photographie de Chalon Une longue journée de visite entre Le Creusot et Chalon/Saône est prévue et c’est toute l’histoire industrielle et économique de la région que nous allons découvrir. Ceci par un temps bien plus clément que la météo l’avait laissé espérer. Dès le matin l’autocar se remplit pour nous emmener au château de la Verrerie. Juste avant d’y arriver, à Torcy, un marteau-pilon campe au milieu d’un rond-point et c’est déjà tout un symbole ! Nous arrivons devant un petit château blanc, avec deux ailes symétriques, flanqué de deux étranges bâtiments noirs en forme de cônes. Nous connaîtrons bientôt leur histoire mais d’abord, nous entrons dans l’Académie François Bourdon, un ancien jeu de paume pour voir une exposition sur "le métal, la machine, et les hommes", et surtout pour écouter notre guide, passionné autant que bavard ! C’est le Directeur de l’Académie qui nous raconte : Ce marteau pilon à vapeur a été réalisé en 1876 et fut à son époque le plus puissant du monde (545 tonnes : hauteur = 21 mètres, puissance de frappe : 500 tonnes). Il symbolisera longtemps la suprématie de l’industrie creusotine. C’est l’emblème de la ville En 1782, on découvre dans le sous-sol du charbon d’exceptionnelle qualité, et une usine est bâtie pour produire de la fonte, destinée à la fabrication de canons pour la marine. Hélas, malgré une technologie nouvelle venue d’Angleterre, les canons produits explosent, ce qui est tout sauf le but recherché ! C’est l’époque de Watt et de sa machine à vapeur. Le Creusot reste un haut lieu de la technologie malgré ses échecs jusqu’en 1835, où l’entreprise connaît la faillite, et est rachetée par Adolphe et Eugène Schneider. Leur nom sera désormais inséparable de celui du Creusot. Les Schneider de 1835 sont deux frères issus de la grande bourgeoisie ; Eugène dirige une banque tandis que son beau père et son frère possèdent des forges. Ils comprennent que la métallurgie va triompher. Une loi sur le chemin de fer est en préparation ; la révolution des transports s’amorce. Tout est à faire : les rails, les locomotives, les ouvrages d’art, tout ! Les Schneider rachètent les usines du Creusot, les plus grandes de France. Le premier janvier 1837 la société Schneider Frères et Compagnie est créée. Dès 1845, Adolphe meurt accidentellement et Eugène, resté seul à la tête de l’entreprise va se révéler grand chef d’industrie et homme politique de premier plan. Il sera en effet conseiller général de Saône et Loire, ministre des travaux publics, président du corps législatif, ami à la fois de Napoléon III et de Lamartine le républicain, ainsi que Régent de la banque de France, créateur de la Société générale. Son action est considérable. A sa mort, son fils Henri, qui lui succède, va témoigner d’un grand savoirfaire. Il installe du matériel électrique au Creusot puis à Champagne sur Seine, mais surtout il comprend que l’industrie pour progresser a besoin de recherche en métallographie. En 1898, le relais passe à Eugène, deuxième du nom ; grâce aux indemnités de guerre, il peut acheter plusieurs sociétés, et Le Creusot en tant que tel diminue d’importance dans un groupe qui ne cesse de croître. En 1942, arrive Charles et, avec lui, le groupe passe à l’échelle mondiale. Il perçoit l’émergence d’un nouveau marché ; des turbines sont créées au Brésil ; c’est Alsthom aujourd’hui. En 1956, il s’associe à Framatome qui construira toutes les centrales nucléaires de France. Revenons un peu en arrière pour insister sur la vie privée de ces hommes publics : Eugène le premier, bien que très occupé et marié à une aristocrate protestante, avait pris une maîtresse. Son fils, Henri, épouse successivement les deux filles de cette maîtresse. Les mariages sont affaire d’état quand les fortunes engagées sont colossales ! Eugène II, lui, épouse une très belle jeune fille de haute aristocratie qui lui donne trois fils, Henri-Paul, Jean, et Charles, ainsi qu’une fille adultérine qu’il accepte de reconnaître. Dans le parc du château, une jolie sculpture, la « fontaine aux enfants » montre les trois garçons qui l’escaladent, et la fillette restée plus bas. Charles, devenu un moment directeur de Gaumont aux U.S.A épouse une actrice ; c’est un mariage d’amour mais jugé très choquant ; et par-dessus le marché, cette jeune femme est la petite fille de Jules Guesde, un des créateurs de la S.F.I.O. Scandale assuré et relations électriques entre la jeune épousée et l’aristocrate mère de son époux ! Avant cela, les deux frères aînés de Charles ont combattu en 1914 et Henri-Paul, devenu aviateur, a trouvé la mort au combat. Les relations entre les deux fils restants et le père qui veut régner seul vont jusqu’à la rupture. Jean fait carrière à Air France et meurt avec sa femme lors d’un accident d’avion pendant la seconde guerre mondiale. On observe quantité de destins tragiques dans cette famille ! En 1942, Charles prend à son tour les rênes de l’entreprise ; quand il meurt en 1960, il n’a pas de fils pour lui succéder. Sa femme et sa sœur vendent leurs actions au baron Empain. Le groupe Creusot-Loire, filiale de Schneider fait faillite. Mais toutes les usines du groupe sont reprises, se portent bien, encore aujourd’hui, et le groupe Schneider aussi. Il faut dire que la situation géographique du Creusot est très favorable ! Près du Canal du Centre, avec accès fluvial à la Méditerranée par le Rhône, aux Amériques par la Loire, à Paris par les canaux. Le Creusot est aussi la première gare TGV entre Paris et Lyon ; l’autoroute A6 est toute proche. Ce sont de gros atouts ! De plus, les Schneider ont eu flair et audace. Propriétaires en janvier 1837, ils font le pari de construire dès février 1838 six locomotives à vapeur, ce qui correspondrait à des Airbus A 380 aujourd’hui : un pari formidable et gagné. Modèle réduit à l’échelle de 1/10. Métal et bois, 1992. Cette locomotive appartient à la première série de six machines construites par les Etablissements Schneider Frères et Cie en 1838 pour la Compagnie du chemin de fer de Paris à SaintGermain. Elle reprend les caractéristiques du modèle Patentee inventé par l’Anglais Stephenson. Dès 1839, un chantier naval est créé à Chalon sur Saône pour fabriquer des bateaux à vapeur fluviaux ; c’est encore une énorme avancée car la machine à vapeur supprime le halage puisqu’on peut désormais remonter le courant. Les Schneider vont même fabriquer des sous-marins. Ils font leur publicité et participent à toutes les expositions universelles ayant lieu à Paris, excepté celle de 1889. En revanche pour celle de 1900, un plan relief est construit et montre l’étendue de leur domaine au Creusot. Mais revenons en 1860, un traité de libre échange entre la France et l’Angleterre leur a permis une formidable extension de leurs usines, et la ville s’est construit tout autour. 1887 a vu également l’installation d’un hôtel-Dieu, car les Schneider ont compris aussi l’intérêt d’une grande politique sociale afin de retenir sur place la main d’œuvre très qualifiée dont ils avaient besoin et que la vie moderne rendait plus mobile ! Mal payés, les ouvriers étaient bien formés, pouvaient acheter leur maison, bénéficiaient de soins médicaux et de l’école gratuite. Ils n’ont pas eu de syndicats avant 1945 ! Certains partaient mais souvent ils revenaient ! Exposition Universelle de 1900 à Paris : le dôme du pavillon des Établissements Schneider & Co abritant la maquette du plan en relief du Creusot (7m x 3 m) exposée aujourd’hui à l’Académie François Bourdon. Ajoutons que les Schneider ont eu de surcroît l’habileté d’une excellente communication. En 14-18, on a construit au Creusot le canon de 75 qui a permis la victoire. On l’a construit ailleurs aussi mais on a su faire croire qu’il ne venait que du Creusot ! Pour conclure… En 39-45, l’usine est en zone occupée. La Gestapo veille. Schneider obtient le maximum de fabrication pour faire vivre l’entreprise. Les allemands y font produire des locomotives, mais pas de matériel militaire parce qu’ils craignent le sabotage. La ville et ses usines sont bombardées deux fois. A la libération, il y aura un procès pour collaboration ; mais les Schneider le gagneront. Ils seront blanchis. Visite de l’ancienne Verrerie : Sortant du Jeu de Paume, notre groupe se scinde en deux ; les messieurs s’éloignent pour aller visiter la forge du Creusot, tandis que nous, la plupart des dames, nous nous dirigeons vers un des deux grands bâtiments noirs et coniques remarqués à notre arrivée sur le site. Nous entrons dans ce qui était à l’origine un four de fusion, car une cristallerie avait été installée là, sous Louis XVI, après avoir été d’abord créée à Sèvres. Elle fit faillite et les Schneider la rachetèrent en même temps que la fonderie. Ils la revendirent ensuite à Baccarat, heureux d’éliminer un concurrent, et transformèrent complètement les lieux. Ce qui était un vaste bâtiment en forme de U, fait de logements pour les ouvriers, fut métamorphosé en un petit château dont le nom seul, La Verrerie, rappelle les origines. Dès 1882, la partie centrale de l’édifice fut rehaussée d’un étage ; c’est là, au milieu d’un vaste parc, que les Schneider prirent l’habitude de recevoir leurs relations d’affaires. Ce château a vingt deux chambres et autant de salles de bain. On lui associa un jeu de Paume, des écuries, un parc de vingt huit hectares avec une serre à orchidées, et des essences rares, offertes pour certaines, par les invités. Dans le parc, une autre attraction, à savoir une collection de 73 canons, achetés aux enchères, de l’époque de Louis XV à l’Empire. Confisqués par les allemands pendant la guerre, ils furent retrouvés par un anglais et renvoyés au Creusot, où on peut encore les admirer. Quant aux fours de fusion, l’un d’eux devint une chapelle protestante, puis fut rendu au culte catholique, et c’est aujourd’hui une galerie d’art. Le second, celui où nous sommes entrées, fut réserve d’eau pendant vingt ans, avant de devenir un ravissant petit théâtre pour divertir les invités. Peint et orné par Felcz, ce théâtre peut accueillir cent spectateurs. Ses décorations rappellent le Petit Trianon, et sa coupole où plane un aigle à deux têtes évoque l’Autriche de Marie-Antoinette. Dans le musée du château, on parle aussi des cristaux de la reine, qui pourtant ne vint jamais ici ! Nous descendons sous la salle de spectacle, et nous arrivons dans une salle ronde bordée de quatre loges meublées, prêtes pour les artistes. Le panneau des réglages lumineux semble complexe et vieillot à la fois ; il fut refait en 1902. Notre guide nous explique qu’une couche de verre brisé, aménagée sous nos pieds, améliore la sonorité du lieu. Par ce sous-sol, nous parvenons à un très long couloir, de deux kilomètres nous dit-on, voulu par Eugène II afin que son personnel puisse vaquer à ses occupations, cuisine ou buanderie, sans rencontrer ses invités. Etrange, non ? La dame qui nous guide se souvient avec émotion de goûters offerts aux enfants des ouvriers par les dames Schneider. Elle nous parle des dernières représentantes encore vivantes de la dynastie, Dominique, une femme peintre, et Catherine, architecte. Elle ajoute que Madame Giscard d’Estaing partage une arrière grand-mère avec Eugène Schneider II. L’arbre généalogique de la famille doit être prestigieux ! De là nous passons dans le musée « de l’homme et de l’industrie », où est présentée la collection dite des cristaux de Marie-Antoinette. La cristallerie avait été créée après 1787 ; elle fut rachetée en 1832 par Baccarat pour être éliminée. Les cristaux qui en sortaient étaient très lourds et sans poinçon ; s’ils contenaient trop de potasse ou si le four n’était pas tout à fait à bonne température, c’était raté et il y avait beaucoup de ratés ! Il fallait deux jours pour produire un verre. Le cristal comporte de la potasse, de la silice, du cristal cassé appelé groisil, et un minium de plomb, très nuisible à la santé des ouvriers. Il y avait des mines de plomb au Creusot. La première salle contient des cristaux d’apparat. La seconde est celle des opalines, obtenues en mêlant au cristal un oxyde métallique, de cuivre pour les nuances bleues, ou d’or pour les nuances roses, évidemment plus précieuses. Un film présente le travail du cristal à Baccarat aujourd’hui. Puis nous poursuivons notre visite du château. Nous observons des tableaux de Raymond Rochette, peintre officiel de l’usine, puis une salle meublée appelée le salon des deux Amériques ; c’est là que se signaient les contrats. Son papier mural rare venant de la maison Zuber à Mulhouse, représente une fresque exotique, qui se veut américaine ! Nous passons devant un tableau qui affiche les multiples décorations d’Eugène Ier, puis des portraits en pied d’Henri et de ses deux épouses successives. Nous apprenons que, comme la reine d’Angleterre, les Schneider faisaient hisser leur drapeau en haut du château quand ils y résidaient ! Dans une vitrine, des cahiers d’écoliers, des boutons, des interrupteurs, portent leur emblème, un canon entouré de palmes ! Au rez-de-chaussée trône un marteau-pilon semblable à celui de Torcy. Puis un grand tableau (œuvre de Joseph-Fortuné LAYRAUD) montrant une énorme pièce de métal prête à être façonnée, que des ouvriers transportent, guidés par un contremaître. Ni casques ni gants pour ces ouvriers, et aucune protection auditive contre des bruits assourdissants ; à trente ans, ils étaient sourds ! De plus, les charpentes étaient de bois et les risques d’incendie énormes. On mesure là combien la vie de ces gens était rude ! Le marteau-pilon, forges et aciéries de Saint-Chamond (Huile sur toile, 1889. 151 x 254 cm). Cette toile de Joseph Layraud a été réalisée pour l’Exposition universelle de 1889 au cours de laquelle elle fut primée. Elle restera dans l’entreprise jusqu’à son rachat par le groupe Wendel. Elle permet de lire des évolutions importantes par rapport aux toiles de Bonhommé consacrées au même thème : le nombre d’ouvriers à la manœuvre est moins important, les marteau-pilon sont plus imposants et plus nombreux dans une halle plus grande et construite totalement en métal. La production reste guidée par le contremaître, sous l’œil attentif d’un ingénieur et de deux militaires venus observer la réalisation de la commande. Pour terminer, voici une grande maquette animée qu’un mécanicien a mis plus de vingt ans à réaliser en lui consacrant tous ses loisirs. Cela seul lui donne du prix ! On y trouve chaque poste et les ouvriers en mouvement, l’atelier de menuiserie, la grande forge avec son marteau-pilon, la machine à vapeur, les cylindres laminoirs, la forge à main, l’atelier pour réparations et finitions. Cette maquette obtient beaucoup de succès lors de visites scolaires paraît-il. J’observe qu’elle amuse aussi des publics d’âge plus conséquent ! Jocelyne Bernard Maquette animée de Joseph BEUCHOT (1855-1920) L’usine miniature. Pendant ce temps, la plupart des hommes visite la grande forge du Creusot : ce sont deux charmantes dames d’AREVA, Annick et Laurianne, qui nous reçoivent et qui vont nous guider dans les ateliers vers l’une des plus imposante forge du monde. Mais avant, nous nous installons dans une salle de réunion où, après présentation des activités AREVA, nos hôtesses nous passent un petit film sur les forges du Creusot : Creusot Forge et Creusot Mécanique, filiales à 100 % du groupe AREVA, sont spécialisés dans la fabrication et l’usinage de grandes pièces forgées et moulées, cet ensemble industriel est doté d’un outil de production exceptionnel et constitue un acteur majeur du marché de fabrication des composants lourds de l’îlot nucléaire. C'est l’une des seules forges au monde capable de réaliser les pièces complexes indispensables à la fabrication des composants primaires de l’îlot nucléaire. Il en existe deux autres une au Japon et depuis peu, une en Chine (marché chinois en extension...) nous dira notre guide un peu plus tard. Dans ses ateliers, sont réalisées des pièces forgées en acier carbone ou en acier inoxydable ainsi que des pièces moulées. Ces pièces sont ensuite assemblées dans les usines de Chalon/St-Marcel ou JSPM (Jeumont Schneider) pour former les composants clés des réacteurs nucléaires. Le portefeuille de produits de Creusot Forge comprend les pièces forgées constituant les composants suivants : - Cuves de réacteur (couvercle, réflecteur lourd et virole de cœur), générateurs de vapeur (dôme elliptique, viroles et plaques à tubes), fond de pressuriseurs, groupes motopompes primaires (volute de pompe), tuyauteries primaires reliant le réacteur et les générateurs de vapeur (branches chaudes et Photo et texte : http://www.areva.com/FR/activites froides) . - 2121/creusot-forge-et-creusot-mecaniqueLe site produit également des pièces pour d’autres secteurs : fabricants -de-grandes-pieces-forgees-ettransport nucléaire, éolien, pétrochimie, sidérurgie et marine. moulees.html Creusot Mécanique, est spécialisée dans l’usinage de précision de pièces de grande dimension, pour le marché du nucléaire. Le marché des équipements nucléaires se divise en deux segments : le marché de remplacement (couvercles, pressuriseurs et générateurs de vapeur) et le marché des centrales neuves, qui connaît un essor mondial très important et s’accompagne d’exigences toujours plus élevées en termes de sécurité, exigences techniques, compétitivité et respect de l’environnement. Creusot Forge et Creusot Mécanique répondent aux besoins en pièces forgées/moulées et usinées de ces deux segments de marché. Dans le contexte de renouveau du nucléaire, le marché des pièces forgées nucléaires de grande taille est en croissance constante. Après avoir été centrée pendant de nombreuses années sur les programmes de remplacement de générateurs de vapeur et de couvercles de cuve, la demande est à présent fortement orientée sur les projets de construction de centrales neuves de nouvelle génération : les réacteurs EPR™ (dite III+) qui améliore le référentiel de sûreté par rapport aux générations précédentes. Creusot Forge et son principal concurrent, le japonais JSW (Japan Steel Work), assurent la couverture de 90% des besoins du marché mondial de réacteurs à eau pressurisée et à eau bouillante. Les outils industriels et le savoir-faire de ces deux sociétés en font des acteurs incontournables dans la fabrication des forgés de grande taille des composants lourds de l’îlot nucléaire. Concernant les forgés, le plan d’augmentation des capacités de Creusot Forge et Creusot Mécanique se poursuit, avec le desserrement des goulets d’étranglement et la modernisation des ateliers d’usinage. Une rénovation et modernisation de la presse de 7 500 tonnes a été réalisée avec succès en 2008. Autre fait marquant de l’année 2008, AREVA et ArcelorMittal ont signé un protocole d'accord pour augmenter la production d'Industeel (Filiale d’ArcelorMittal) dédiée au marché nucléaire. Les investissements réalisés par AREVA depuis 2006 ont permis d’augmenter fortement la capacité de production de Creusot Forge. Sur les 80 forgés critiques nécessaires à la fabrication d’un réacteur EPR™, Creusot Forge peut aujourd’hui en produire plus de 90%. Néanmoins, les besoins en pièces forgées du groupe AREVA sont au-delà des quantités produites par Creusot Forge ; il est donc logique qu’AREVA se tourne vers les acteurs clés de ce secteur pour compléter sa chaîne d’approvisionnement. En octobre 2008, le groupe a développé un partenariat stratégique avec les japonais de JSW, seule entreprise au monde ayant les capacités nécessaires pour forger la virole porte tubulure d’une cuve EPR™. Cet accord majeur garantit à AREVA la fourniture de pièces forgées de grande taille, jusqu’en 2016 et au delà. Source photo et texte : http://www.areva.com/mediatheque/liblocal/docs/pdf/activites/ reacteurs-services/equipements/pdf-pres-creusot-vf.pdf Nous nous dirigeons maintenant dans les ateliers vers cette fameuse presse de 7500 tonnes... Nous passons devant une première presse déjà très impressionnante par sa taille. Nous ne verrons pas d’opération de forgeage, la dernière s’est terminée très tôt ce matin, d’ailleurs des mandrins de forgeage ayant servi il n’y a encore que quelques heures sont sous nos yeux fumant sous les jets d’eau destinés à les refroidir. Nous arrivons maintenant au pied du monument, il s’élève devant nos yeux. Sa taille comparée à la précédente et surtout à celle de "la petite de 500 tonnes" qui orne l’entrée de la ville nous laissent pantois ! On l’imagine en train de forger une virole de cuve 900 MW de 4 mètres de diamètre et 200 mm d’épaisseur : Photo ci-contre : Source : EDF, Direction de l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire (1980). Forgeage à la presse d’une virole de cuve : Après avoir forgé à chaud le lingot de départ et enlevé sa partie centrale, il est amené au diamètre et à l’épaisseur par écrasement à chaud sur un mandrin. C’est l’opération de bigornage qu’on voit ici. Cette opération ne modifie pas la longueur de la pièce. Mais pourquoi elle ne fonctionne pas ? et bien le carnet de commande est presque vide... Après avoir forgé pendant plus de quarante ans (depuis les années 1970) tous les gros composants des centrales nucléaires françaises, bols et viroles de cuve de réacteurs ou de GV (Générateurs de Vapeur), puis les GV de remplacement du 900 MW français comme du parc américain, puis les cuves et GV de l’EPR de Flamanville 3 et des centrales finlandaises de Kyolotu et bien... la grande forge du Creusot est au chômage en attendant les élections présidentielles pour savoir si la précommande des deux EPR de Penly 3 et 4 sera confirmée ! Avant de quitter le site, nous faisons la seule photo autorisée : à l’extérieur des ateliers, une photo de groupe devant une impressionnante virole de GV, brute de forgeage, qui n’a pas passée les contrôles ultra sons, elle sera recyclée. Nous remontons dans le car et retour au château de la Verrerie pour récupérer les dames, puis direction le Novotel Montchanin où nous retrouvons nos deux charmantes guides de la forge que nous avons invitées à déjeuner. L’après-midi, nous allons toutes et tous à Chalon/Saône. Laissant les messieurs et quelques dames visiter l’usine Saint Marcel d’AREVA, les dames et un monsieur s’en vont, vers un ancien hôtel des messageries daté de 1750, qui se situe le long du fleuve, près du débarcadère où les voyageurs venus de Paris descendaient du coche d’eau. Ce lieu est devenu en 1973 un musée à la gloire de l’inventeur Nicéphore Niepce né à Chalon-sur-Saône, rue de l’Oratoire. Visite du musée de la photographie au 28 quai des messageries : Il contient trois millions de photographies et trois milles appareils photo. Certains sont anciens et précieux ! On nous parle d’abord de la "camera obtura", une boîte avec un trou à lumière et contenant un miroir, qu’Aristote utilisa, mais aussi Vermeer, Guardi et Canaletto, et même David Hockney au XXème siècle. La chambre de Daguerre (appareil de Daguerre prêté à Niepce) avec diaphragme iris : 1828 La 1ère chambre photo 1816 Daguerréotype 1839 1840 : apparition du daguerréotype à soufflet Nous passons devant un énorme appareil à soufflet qui fut installé Faubourg St Honoré pour tirer le portrait des badauds ; dès 1840, dans les fêtes foraines, on pouvait prendre des photos sur plaques de cuivre et nitrate d’argent, des photos fragiles à conserver sous verre. Certains des premiers appareils avaient la forme d’obus et la technique évoquait le vocabulaire militaire : on tire, on recharge… On s’employa ensuite à résoudre le problème des photos en lieux obscurs; comment photographier dans une mine ? On utilisa des ampoules de magnésium, ce qui était dangereux ! Une ampoule pour chaque photo. En 1930, un élève de Marie Curie mit au point le flash électronique. Peu à peu, la photo s’imposa dans la vie des gens. Il y eut des photos de presse, de reportage, de famille, et ce fut toute une époque : les bébés nus sur peau de bête, les sourires de première communion, du service militaire, des mariés ! Après ce préambule, nous arrivons devant une exposition de Raphaël Dallaporte, photographe pour le moins tourmenté ! Ses sujets sont une collection de mines anti personnelles, de maisons où s’est vécu un esclavage domestique, de viscères et organes humains, de photos aériennes prises d’un drone sur des reliefs d’Afghanistan… Rien de bien réjouissant, mais il s’agit d’art, n’est-ce pas ? Nous en arrivons enfin à Niepce, né en 1765 sous Louis XVI, et décédé en 1833. Son grand père et son père, avocats des Etats de Bretagne lui laissèrent, à lui et à son frère aîné, Claude, une immense fortune très rapidement évaporée. Vivant à l’époque des Lumières, les deux frères étaient férus de sciences, l’aîné ingénieur, le cadet physicien et chimiste. En 1816, ils créent le moteur à combustion interne, avec un siècle d’avance et sans profit aucun. Au contraire, ils se ruinent, partant en Angleterre dans l’espoir d’y vendre leur invention. En 1827, Claude meurt à Londres, et Joseph, qui s’est rebaptisé modestement Nicéphore, le "porteur de victoire" est obsédé par la photographie qu’il appelle héliographie. Il découvre le « bitume de Judée », une espèce de goudron qu’on pile sur une plaque d’étain ; ladite plaque exposée cinq jours au soleil capte la lumière et le goudron durci peut être éliminé ; une photo de paysage, ainsi obtenue par Niepce en 1827, et qu’il donna à un scientifique anglais, a été retrouvée, conservée dans l’hélium, à Austin au Texas. Revenu à Paris, Niepce rencontre Daguerre, personnage Le Daguerréotype produit une image sans négatif extraverti, ami d’Arago, qui possède une salle de sur une surface en argent, polie comme un miroir, spectacle, un diaporama, boulevard des Capucines. Il exposée directement à la lumière. s’occupe de décors théâtraux, de spectacles, et Le brevet de Daguerre est acquis par le s’intéresse beaucoup à la photographie. Tous deux se gouvernement français qui, le 19 août 1839, annonce lient par contrat en 1829, mais en 1833, Niepce meurt et l'invention comme étant un "don au monde ". Daguerre s’approprie ses découvertes qu’il fait breveter par l’état français en 1839. A cette époque, les mauvais peintres de portraits se font photographes. Il faut poser vingt minutes ; impossible donc de photographier les enfants, d’où l’expression « attention, le petit oiseau va sortir », censée les garder immobiles ! Une photo coûte quand même en ce temps trois mois de paie d’un ouvrier. Et une grave question agite les esprits : la photographie est-elle de l’art ? Baudelaire affirme que non ! Les appareils peu à peu se multiplient et se Le daguerréotype est un procédé uniquement positif ne miniaturisent. En 1880, arrive la firme Kodak dont le nom permettant aucune reproduction de l'image. Il est constitué a été étudié pour pouvoir être prononcé dans toutes les d'une plaque, généralement en cuivre, recouverte d'une langues. En 1900, aux Etats Unis les enfants eux-mêmes couche d'argent. Cette plaque est sensibilisée à la lumière ont leur appareil ; c’est "the box" où tout est prêt. Les en l'exposant à des vapeurs d'iode qui, en se combinant à pellicules sont réexpédiées à Rochester aux États-Unis l'argent, produisent de l'iodure d'argent photosensible. pour être développées. Ensuite, Kodak va installer une de Lorsqu'elle est exposée à la lumière, la plaque enregistre ses usines à Châlon-sur-Saône, à cause de la pureté de une image invisible, dite « image latente ». Le temps son air. d'exposition est d'environ vingt à trente minutes. Le développement de l'image est effectué en plaçant la En 1920, ce sera le début de la photo en plaque exposée au-dessus d'un récipient de mercure couleur avec les frères Lumière, qui ont légèrement chauffé (75 °C). La vapeur du mercure se aussi inventé le tulle gras, mais c’est condense sur la plaque et se combine à l'iodure d'argent vraiment un autre sujet ! en formant un amalgame uniquement aux endroits où la Avant de quitter les lieux, nous observons une seconde lumière a agi proportionnellement à l'intensité de celle-ci. exposition dédiée à la mémoire de Charlotte Perriaud, L'image ainsi produite est très fragile et peut être enlevée amie de Fernand Léger, qui fut aussi associée du en chauffant la plaque, ce qui produit l'évaporation du mercure de l'amalgame. Corbusier : ce dernier la chargea de créer le mobilier de Source : Wikipédia sa « cité radieuse » ; installée au dessus de St Sulpice, elle était très admirative de la nature mais aussi fascinée par le fer et les nouvelles architectures. Ses photos sont une amorce de l’art brut ; des boulons, des arêtes, des os, où elle révèle une étrange beauté. Le musée présente un de ses photomontages, et des compositions fortement idéologiques (à la gloire des lendemains qui chantent) créées pour le pavillon du ministère de l’agriculture en 1937. Cette plongée dans l’histoire de la photographie est passionnante. Nous rendons hommage à Nicéphore, le porteur de victoire, et c’est pourquoi nous nous regroupons afin qu’on nous tire le portrait. Nous voilà immortalisés ! Jocelyne Bernard Et pendant ce temps, les messieurs, accompagnés de six dames, plongent dans l’histoire de la construction des gros composants des centrales nucléaires... En effet, c’est à Chalon/Saône, à l’usine Saint Marcel de FRAMATOME, aujourd’hui AREVA, que sont assemblées les grosses viroles forgées vues ce matin pour former et fabriquer une cuve de réacteur, un générateur de vapeur ou un pressuriseur et l’assemblage de toute leur "tripaille" interne ... Nous sommes accueillis par Martine, qui nous emmène directement au poste de garde, pour vérification des identités et distribution des badges d’accès. Nous allons au cinéma, en passant devant une maquette animée, écorché d’un bâtiment réacteur EPR rappelant le fonctionnement et avec laquelle Annie commence à jouer en expliquant aux premiers curieux... ... puis c’est un écorché d’un générateur de vapeur, représenté à hauteur d’homme, et laissant apparaître toute sa "tripaille" qui trône à l’entrée de la salle, et c’est le tour de Jean-Paul d’être interviewé, mais nous y reviendrons un peu plus tard... Le film nous présente l’usine de Chalon/Saint Marcel et son histoire : L'usine fournit les équipements lourds aux centrales nucléaires. Cet établissement constitue le plus grand site industriel du groupe AREVA. Générateurs de vapeur, cuves et couvercles de cuves ou encore pressuriseurs, l'usine de Chalon/SaintMarcel est spécialisée dans la fabrication des composants lourds équipant les réacteurs des centrales nucléaires en France et à l'étranger. Son carnet de fabrication couvre le marché des centrales neuves et le marché de remplacement des composants des centrales existantes. Aujourd’hui, Chalon/Saint Marcel est le premier site industriel au monde à fabriquer des composants de réacteurs de génération III+, de type EPR™. L'usine Saint Marcel couvre 35 hectares et comprend 39 000 m² d'ateliers couverts, à proximité des installations portuaires sur la Saône, depuis lesquelles les composants fabriqués sont acheminés vers la Méditerranée. Elle occupe également une position stratégique au carrefour de grands axes européens de circulation ferroviaire et routière. Source EDF : L’ère nucléaire , le monde des centrales nucléaires, Jacques Leclerc, Hachette 1986. Elle élabore des techniques d'une grande précision pour les principales opérations de soudage, formage, revêtement d'alliage inoxydable, traitements thermiques, usinage, tubage en modules de propreté et contrôles. L’usine bénéficie d'un support scientifique et technique de premier plan grâce au département Calculs qui offre des moyens et compétences en calculs aux éléments finis, études de fatigue, mécanique de la rupture, et au Centre Technique qui développe notamment des techniques de soudage et de contrôles non destructifs innovantes. Source , texte et photos : http://www.areva.com/FR/activites-1704/usinede-chalonsaintmarcel-- fabrication -d-equipements-lourds.html L’histoire de l’usine, c’est l’histoire du programme français d’équipement nucléaire. La décennie 1960-1970 fut pour la France la période de l’utilisation de l’uranium naturel pour la production d’électricité (filière graphite gaz avec les centrales de Chinon A et de Bugey tranche 1, centrale à eau lourde de Brennilis). Mais, le coût de ces centrales en arrêta le développement dès 1968. A cette époque, la mise en service de l’usine militaire de séparation isotopique de Pierrelatte leva les restrictions politiques à l’achat d’uranium enrichi aux USA et à l’URSS et permit d’envisager le développement d’un programme de centrales nucléaires utilisant ce combustible. Déjà testée en association avec la Belgique à la centrale de CHOOZ, la filière PWR (Pessurised Water Reactor) sous licence américaine WESTINGHOUSE fut l’objet d’un nouvel engagement dans les mêmes conditions à TIHANGE en 1968. Ensuite, en 1970, EDF commande à FRAMATOME deux chaudières nucléaires PWR sous licence WESTINGHOUSE d’une puissance de 900 MW, destinées à FESSENHEIM, associés à des groupes turbo-alternateurs ALSTHOM. En parallèle, se poursuivaient les études et négociations pour utiliser concurremment les filières à eaux bouillantes (BWR, Boiling Water Reactor)). En 1971, fut passée à Framatome une deuxième commande de deux chaudières fermes et deux options, destinées à l’équipement du site du BUGEY. En 1972, les négociations avec le groupe CGE-ALSTHOM pour la fourniture de chaudières BWR se concrétisent par un contrat de deux chaudières alors destinées à SaintLaurent des Eaux et 6 options. En parallèle, un contrat sur 8 groupes turbo-alternateurs était passé à la CEM . En 1973, le programme subit une accélération, conséquence de la guerre du Kippour et de la hausse du pétrole et un contrat dit CP1 (Contrat Programme n°1) fut passé à FRAMATOME pour la fourniture de 12 chaudières 900 MW fermes, destinées à TRICASTIN, DAMPIERRRE et GRAVELINES ou BLAYAIS, et de 4 chaudières en option (Gravelines ou Blayais), les groupes turbo-alternateurs correspondants étant commandés à ALSTHOM. L’année suivante, le contrat des chaudières BWR fut annulé d’un commun accord entre EDF et le constructeur et une nouvelle commande de 4 chaudières fermes et 6 options fut passée à Framatome, contrat dit CP2 (SAINT-LAURENT des EAUX 1 et 2, CRUAS 1,2,3,4 et CHINON B1, B2, B3 et B4). Entre temps, Framatome avait racheté la licence Westinghouse. Enfin en 1975, une nouvelle commande fut passée à Framatome pour 4 chaudières fermes et 4 chaudières en option, cette fois pour une puissance électrique de 1300 MW, les groupes turbo-alternateurs étant confiés à ALSTHOM-ATLANTIQUE. C’est ce que l’on a appelé le P4 (P comme PALUEL, première tranche 1300, et 4 comme 4 boucles et 4 tranches). Tricastin (4x900MW) Cattenom (4x1300MW) Source : Wikipédia L’option des 4 chaudières supplémentaires ne sera levée qu’en 1979 en même temps qu’une nouvelle commande de 8 chaudières 1300 MW, c’est ce qu’on appellera le P’4 : CATTENOM 1, 2, 3 et 4; FLAMANVILLE 1 et 2;, SAINT-ALBAN 1 et 2. Sans oublier l’exportation : KOEBERG 1 et 2 en Afrique du sud (début de construction en 1976 et mise en service en 1984 et 1985) et Iran 1 et 2 commandés par le Shah d’Iran qui deviendra GRAVELINES 5 et 6 suite aux évènements politiques iraniens de 1979 ... Gravelines 5 et 6 ont été mises en service en 1984 et 1985. En résumé, après les 2 Fessenheim et les 4 Bugey démarrées en 1978 et 1979, 24 tranches 900 MW et 16 tranches 1300 MW ont été mises en service en France entre 1980 et 1986. Tous les gros composants, cuves, générateurs de vapeurs et pressuriseurs correspondants ont été fabriqués à l’usine de Saint Marcel, ce qui représentent 40 cuves, 40 pressuriseurs et 136 générateurs de vapeur fabriqués en 6 ans (entre 1974 et 1980) auquel il convient de rajouter les 4 cuves, 4 préssuriseurs et 12 GV de Koeberg et des futurs Gravelines 5 et 6 ! Si l’on continue de jouer avec la calculette, sachant qu’une cuve est composée de 8 pièces forgées (viroles, fond, brides et couvercle), un GV de 8, et un pressuriseur de 7, la grande presse du Creusot a forgé, en 6 ans, 1844 pièces assemblés ensuite par soudage par Framatome Saint Marcel et moulées 148 volutes de pompes primaires pour Jeumont Schneider ! Pas étonnant qu’à l’époque du CP1, dans notre jargon, on a appelée cette période "TAGADA" (TA comme Tricastin, GA, Gravelines, DA Dampierre), on a même parlé de TAGADABLA (en rajoutant Blayais). On imagine l’engorgement des ateliers de l’usine Saint Marcel remplis de cuves et GV en cours de soudage, traitements thermiques, assemblage, tubages ... Photos ci-contre : Source : EDF, Direction de l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire (1980). Ateliers Framatome St Marcel à l’époque de "TAGADA". A gauche, une cuve 900 MW est prête à être introduite dans le four de détensionnement, au premier plan, viroles de cuve 1300MW . A droite hall GV, assemblage , cabine de soudage pour la soudure virole/plaque/fond inférieur. Dans les années 80, le changement de gouvernement ralentira les commandes et la construction des centrales. Ainsi, sur les sites envisagés comme Le Pellerin, Belleville, Penly, Plogoff, Golfech et Nogent/Seine seules verront le jour : Les 1300 MW de BELLEVILLE 1 et 2 (début de construction 1980 et début d’exploitation en 1988), PENLY 1 et 2 (début de construction en 1982, elles ne démarreront qu’en 1990) , GOLFECH 1 et 2 (début de construction 1982 et mises en service qu’en 1993 et 1995...) et NOGENT 1 et 2 (début de construction en 1981 et 1982 et mise en service en 1988 et 1989) Civaux (2x1450MW) Envisagé dès la fin des années 1980, le N4, 1450 MW (précurseur du futur EPR) sera enfin décidé de construire avec CHOOZ B1 et B2 (début de construction 1984 et 1985) mais mises en service qu’en 1996 et 1997 pourtant toujours en partenariat avec la Belgique et les tranches de CIVAUX 1 et 2 décidées de construire en 1987 ne démarreront qu’en 1999. A la fin du film, Martine, répond aux questions : Après les fabrications des composants du N4, il n’y a plus eu de commandes françaises, comment l’usine a-t-elle continuer de fonctionner, avec l’exportation, le marché chinois ? Source : Wikipédia Réponse : « Oui, pour le marché chinois : 6 tranches 900 MW, Daya Bay 1 et 2 construites en 87 et 88 et MSI (mise en service) en 1994, Ling Ao 1 et 2 construites en 1997, MSI 2002 et Ling Ao 3 et 4 construites en 2005 et 2006, MSI en 2010 et 2011 ) , non pour l’exportation malgré les demandes des pays arabes. En revanche, un gros marché est apparu, celui du remplacement des générateurs de vapeur français et également ceux du parc américain ! Pourquoi ? Et bien à cause d’un mauvais choix du matériau des tubes, l’inconel 600, qui se fissure par CSC (Corrosion Sous Contrainte). Jean-Paul précisera que ce phénomène touche tous les premiers GV fabriqués dans le monde entier du nucléaire et qu’il a été découvert qu’en début d’exploitation des GV avec tubes en inconel 600 non traités thermiquement. Quoi que, il convient de raconter "pour la petite histoire" ce qu’on a appelé "l’effet Coriou" : « En 1960, Mr Coriou, responsable du laboratoire de corrosion du CEA avait, fortuitement, déjà mis en évidence, le phénomène. Lorsque Coriou publie ses travaux, personne ne le croit. S’en suit une longue polémique sur la reproductibilité des essais jusqu’en 1965, et, pour cause, la France, comme les USA et les japonais, ont déjà commencé de fabriquer leurs GV en Inconel 600... En 1970, apparaissent les premières fissurations côté primaire aux USA, en 1971, à Obrigen en Allemagne et ce n’est qu’ à ce moment là que la communauté scientifique admet l’existence du phénomène et l’évidence de ce qu’on appelle aujourd’hui “l’effet Coriou”. Les premières fissurations françaises n’apparaîtrons qu’en 1980 à Fessenheim 2. Mais, bien avant 1965, on pouvait aussi s’interroger sur le phénomène qui était déjà connu par tous les sousmariniers nucléaires du monde entier, mais le "silence radio" des armées de l’époque n’a pas permis de prévenir les scientifiques du nucléaire civil... » Voilà pourquoi, l’usine Saint marcel a continué d’être alimenté dans les années 90 et 2000, pas moins de 90 GV 900 MW français ont déjà été remplacés, un carnet de commandes américain également conséquent, un programme de remplacement de quelques GV 1300 MW français est en discussion, auquel vient s’ajouter, dès 2006 (date de passage Framatome à AREVA), le marché EPR avec Flamanville 3, OlKiluoto 3 en Finlande, 2 tranches en Chine à Taishan et peut être 2 tranches supplémentaires à Penly destinées à EDF et GDF Suez... Visite des ateliers : L’usine Saint marcel a donc encore du travail... Et c’est ce que nous avons vu en déambulant dans l’atelier autour des GV américains en cours de montage de leur tripaille interne ou de tubage, les 3 GV de remplacement de Cruas en fin de fabrication et l’impressionnante cuve EPR de Flamanville 3 qui rentrait en épreuve hydraulique juste avant de quitter Chalon pour rejoindre le site de Flamanville 1 en passant par la Méditerranée, le détroit de Gibraltar, l’Atlantique et la Manche ! 2 5 4 3 7 8 6 Photos ci-contre : Source : EDF, Direction de l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire (1980). Quelques étapes de fabrication d’un GV dans les ateliers Framatome St Marcel à l’époque de "TAGADA". 1 : usinage d’une plaque tubulaire - 2 perçage - 3 et 4 : tubage (mise en place des tubes en U et aspect du chignon et des internes) – 5 sertissage et soudage auto des tubes dans la plaque tubulaire - 6 bol de fonds primaire qui attends d’être raccordé par soudage à la plaque tubulaire – 7 mis en place des internes supérieurs, cyclones - 8 Traitement thermique de détensionnement de la soudure virole/fond supérieur. Nous ne quittons pas le site de St Marcel, sans remercier, Martine pour cette savante visite et pour la photo du groupe en casquettes AREVA. Nous retrouvons notre car et les dames du musée de la photographie et nous retournons au Novotel Montchanin pour les "au revoir"... Rendez vous en Suisse pour le congrès ou à l’année prochaine pour une autre visite. Quelques idées émergent, parmi lesquelles : pourquoi ne pas continuer la visite dans la partie secondaire de la centrale ? Ateliers de construction des turbines et alternateurs d’Alsthom à Belfort ? Pourquoi pas ! Textes et photos : - Les textes des visites de l’Académie François Bourdon , château de la Verrerie et musée Nicéphore Niepce sont de : Jocelyne Bernard et pour les photos : Jocelyne Bernard et les sites internet : - www.afbourdon.com – office de tourisme du Creusot : www.creusot.net/otsi/visites.htm - www.museeniepce.com et Wikipédia. - Textes et photos des visites des usines AREVA : Jean-Paul Gauchet avec l’aide des supports : EDF Direction de l’Équipement , Images d’une centrale nucléaire (1980) - L’ère nucléaire , le monde des centrales nucléaires par Jacques Leclerc, Hachette 1986 – Les sites internet : http://www.areva.com/FR/activites - Wikipédia et energie.edf.com.