Lettre aux Conseillers généraux

Transcription

Lettre aux Conseillers généraux
Mesdames, Messieurs, les conseillers généraux
Le président du conseil général soumettra très prochainement à
votre vote, l’adoption d’une garantie d’emprunt pour
la construction du « Stade des Lumières »
Comme les opposants le répètent sans cesse depuis l’origine du
projet, la Foncière du Montout filiale de l’Olympique
Lyonnais n’a pas les moyens de financer le grand stade de Décines,
curieusement elle s’en remet à vous !
1 Des finances fragiles, un plan de financement peu crédible, une
confiance perdue par les investisseurs
•
Ce projet pouvait paraître acceptable quand le Groupe Olympique
Lyonnais a été introduit en bourse, il a pu alors
bénéficier d’un apport financier crédible, donnant confiance. Il
était alors champion de France depuis plusieurs
années, jouait chaque année la ligue des champions et touchait des
droits de télévision importants.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui :
· le chiffre d’affaires de l’OL est en constante baisse depuis
2007 (-30%) et il va encore baisser cette saison
· les comptes de l’OL publiés au 30 juin 2012 font apparaître un
déficit de 28 M€ pour la saison 2011/2012,
qui s’ajoute aux 63 M€ de déficit des 2 années antérieures, un
nouveau déficit est attendu cette année
· l’argent de l’introduction en bourse a été dépensé et sa
trésorerie est négative de 15 M€
· l’OL n’est plus champion de France et ne participe plus à la
ligue des champions,
· les joueurs achetés au prix fort ont perdu une grande partie de
leur valeur et sont difficiles à revendre
· l’action qui cotait 24 € lors de son introduction en bourse a vu
sa valeur divisée par 8 (2,95 € le 20/11/12)
•
La conséquence est claire : l’OL n’arrive pas à convaincre les
banques de financer son stade ! D’ailleurs ni
ses actionnaires, ni ses fameux 900 parrains du Grand Stade ne
sont prêts à mettre la main à la poche.
Le dernier plan de financement fait apparaître un « apport
personnel faible » (120M€) par rapport au montant total
des emprunts. D’ailleurs, l’origine de cet « apport personnel »
mériterait d’être explicitée sachant que 20M€ ont déjà
été attribués par l’Etat dans le cadre des projets grands stades
pour l’Euro 2016 . Les difficultés d’établir un plan de
financement sautent aux yeux, le « naming » tant vanté a disparu,
les emprunts représentent 70% du financement,
d’où la réticence des banques et cette curieuse demande de la
Foncière du Montout pour leur redonner confiance (en
gros en cas de problème, le CGR en paiera une partie, ce qui
soulagera la FM d’autant). On peut s’interroger :La
FM a-t-elle les capacités de remboursement de tels emprunts, quel
est ce plan de remboursement ?
•
Dans ses conditions, aucune banque, aucun organisme financier
n’est prêt à prendre des risques si bien identifiés.
En effet la probabilité d’occurrence du non-remboursement des
obligataires est élevée. Il est à craindre que les
40M€ objets de cette garantie ne puissent être remboursés selon
les conditions de l’emprunt.
Une solution miracle s’offre alors à la foncière du Montout, faire
prendre le risque aux collectivités publiques
dont elle connaît l’oreille attentive. Ce sera au Conseil Général
de rembourser l’emprunt obligataire, en somme
encore une manière de faire financer un projet privé par les
contribuables. Le risque est alors supporté par les
contribuables, ce qui n’est pas acceptable !
2 Le CGR en action, des risques non identifiés, des finances mal
en point, de la désinformation !
•
Pour justifier un vote favorable Monsieur Mercier s’appuie sur
l’article 2 de la loi n° 2011-617 ainsi que sur la
déclaration d’intérêt général du dit stade. La DIG est un acte
éminemment politique, qui ne peut convaincre un
citoyen averti qu’un stade de foot privé coté en bourse puisse
être d’intérêt général. Je rappelle que l’arrêté
ministérielle déclarant le stade de l’OL d’intérêt général fait
actuellement l’objet d’un recours en appel devant les
tribunaux compétents.
D’autre part cet arsenal juridique, n’est pas la porte ouverte à
des financements irresponsables, de telle sorte
que le dit « intérêt général » disparaisse devant l’importance de
l’argent public dépensé, les inconvénients
devenant plus importants que les avantages.
•
Il est d’ailleurs curieux de constater que Monsieur Mercier a
parfaitement identifié les risques juridiques, mais ne
fait aucune analyse des risques financiers et de la probabilité
d’occurrence d’un tel risque, c’est à dire le
remboursement par les contribuables des obligataires. Pour lui, ce
n’est pas un risque, l’argent public est disponible et
les citoyens toujours prêts à payer. Une telle légèreté ( ?) n’est
pas digne d’un représentant de la nation occupant un
tel poste, cela discrédite une fois de plus le monde politique
déjà bien ridicule par ailleurs.
•
Pour donner un semblant de dimension sociale au projet Monsieur
Mercier en remet une couche sur les emplois.
2000 emplois créés pour la construction, ce chiffre fantaisiste
n’a cessé de progresser, au fil des enquêtes publiques,
mieux dans le dernier numéro de Décines magazine le maire de
Décines a écrit que cela créerait 2500 emplois. Les
projets inutiles créent évidemment des emplois, leur destruction
également ! (Cf Parking de Valmeinier en Savoie,
actuellement en cours de démolition) Ces chiffres n’ont jamais
fait l’objet d’une analyse sérieuse par objet construit et
par nombre d’emplois par fonction . Il semble bien là encore que
l’on additionne, « à la louche », tous les emplois
nécessaires au projet OLLAND ainsi qu’à la construction des accès.
Cette absence de transparence sur un tel projet
n’est pas acceptable, pire c’est de la désinformation.
AD 221112
Concernant les emplois de fonctionnement, là encore, ils sont
comptabilisés pour l’ensemble du projet OL Land,
dont l'OL gonfle les chiffres depuis l'origine. Si l'on ne
retenait que les emplois de la SASP Olympique Lyonnais, ils
existent déjà à 90 %. Le projet décinois n'est en effet qu'un
transfert, mais pas une création d'activité. Il n'y a donc que
très peu de créations d'emplois (20 à 70 selon nos estimations) 50
emplois de l’avis même des commissaires
enquêteurs, que l’on ne peut soupçonner d’être contre le projet.
•
Quant aux transports, là encore Monsieur Mercier ment. On peut
estimer que 90% de l’investissement est dédié
uniquement aux accès du stade (Débranchement de T3, liaison
Eurexpo stade, aménagement de l’échangeur N°7
entrant dans le stade, parking des Panettes dont seule une faible
partie sera ouverte au public en dehors des matchs)
seul le prolongement de la rue Elysée Reclus servira
quotidiennement aux habitants de l’Est lyonnais.
A noter que le coût social est important, les expropriations à bas
coût détruisent à jamais non seulement
l’emploi des paysans et maraîchers mais aussi toute leur vie.
Cette injustice dont l’objectif final est de satisfaire
des intérêts privés au moindre coût est insupportable et déshonore
là encore le monde politique.
•
L’impact écologique est énorme : artificialisation de 150ha de
terres agricoles, importation de nuisances sur l’est
lyonnais (priorité au tout routier, création d’immenses parkings,
circulation augmentée, pollution automobile,
nuisances sonores, et incivilités...)
•
Les finances du conseil général sont elle-même exsangues :
•
l’augmentation de ses dépenses sociales est incontrôlée
•
le coût de la construction du Musée des Confluences a déjà été
multiplié par plus de 4 (plus de 300 millions
d’euros TTC au lieu de 70 !). Son exploitation ajoutera une
trentaine de millions d’euros de déficit chaque
année,
•
450 millions d’euros de prêts toxiques ont été contractés, on n'en
connaît toujours pas l’issue !
•
Pour faire face à ses dépenses incontrôlées, il est annoncé que
les impôts locaux augmenteront de 16 à 20%
en 2013
3 Une France endettée, des citoyens inquiets, des politiques
discrédités
•
Tout le monde politique s’accorde sur la nécessité de réduire
fortement les dépenses publiques, afin de réduire la
dette de la France. Le gouvernement cherche à économiser Euros par
Euros, s’interroge sur l’augmentation
inconsidérée des dépenses des collectivités locales mais
continuerait à dépenser sans compter pour le succès du « foot
business ». 20M€ sont accordés par l’Etat à la Foncière du
Montout, 170M€ par les collectivités, pour les accès
dédiés, et une forte probabilité de rajouter 40M€. Le montant des
dépenses d’argent public s’élèverait donc à 230M€.
Il faut également revoir à la hausse, le chiffre plus réaliste de
400M€ des opposants qui passerait à 460M€. A ce
montant il faut rajouter 8M€ pour les réseaux (eau potable,
assainissement, eaux de ruissellement..), non mentionné
par M.Mercier
Or ce projet nous a toujours été présenté lors des différentes
enquêtes publiques, comme un projet financé
uniquement par le privé, financement que les commissaires
enquêteurs n’ont pas manqué de souligner afin de
justifier leurs avis favorables. On nous aurait donc menti !
•
En cette période d’urgence sociale, de pauvreté croissante, de
chômage, cette débauche d’argent public est
scandaleuse, plus scandaleux encore est l’instrumentalisation qui
est faite de la création d’emplois, afin de
tenter de justifier les dépenses colossales du projet. En tant que
citoyen attentif aux évènements politiques, je ne
peux que m’interroger sur le manque de cohérence des décisions de
nos élus, et partager l’inquiétude de nombreux
citoyens dont la confiance aux élus de la nation s’est fortement
érodée.
4 Conclusions
Avant de voter examinez bien les risques !
•
Risques juridiques
•
Risques financiers pour lesquels monsieur Mercier ne vous a pas
informé et qui après analyse sont presque des
risques avérés.
•
Risques électoraux et démocratiques: une grande majorité de
citoyens ne comprendra pas une telle attitude,
vous serez sanctionné lors des prochaines élections, pire le
discrédit sur la classe politique favorisera
l’absentéisme et le vote pour les extrêmes. (52% d’abstention aux
dernières municipales de Décines)
Après examen de ces risques, la conclusion s’imposera alors,
conscient de l’intérêt général
vous ne voterez pas le texte proposé !
Décines le 22/11/12
A.DARGAUD
AD 221112