NOTRE PAIN QUOTIDIEN Nikolaus Geyrhalter, Autriche, 2006 Tout
Transcription
NOTRE PAIN QUOTIDIEN Nikolaus Geyrhalter, Autriche, 2006 Tout
NOTRE PAIN QUOTIDIEN Nikolaus Geyrhalter, Autriche, 2006 Tout âge Conseillé pour les 11 ans et plus Nikolaus Geyrhalter est un réalisateur autrichien né en 1972. Il a réalisé, produit, écrit et travaillé sur de nombreux documentaires, notamment Pripyat (1999), un documentaire sur les personnes qui sont restées dans la zone de la ville de Pripiat après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. PRIX: Grand Prix du Festival international du film d'environnement de Paris, 2006 Prix EcoCamera : Rencontres internationales du documentaire de Montréal, 2006 Meilleur film : Ecocinema (Festival International du Film d'Athènes), 2006 Prix spécial du jury, catégorie "International" : Hot Docs (Festival International du Documentaire de Toronto), 2006 Prix spécial John Templeton : Visions du Réel, Nyon, 2006 Prix spécial du jury : International Documentary Film Festival Amsterdam, 2005 FILMOGRAPHIE: Eisenerz (1992) Angeschwemmt (1994) Das Jahr nach Dayton (1997) Pripyat (1999) Elsewhere (2001) Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. Fremde Kinder (2003) Notre pain quotidien (2005) 7915 Km (2008) Allentsteig (2010) Abendland (2011) Donauspital (2012) SYNOPSIS: Bienvenue dans le monde de la production industrielle de nourriture et de l'agriculture high-tech. Au rythme des tapis roulants et des immenses machines, le film s'arrête sans commentaire aux lieux de production de la nourriture en Europe : des espaces monumentaux, des paysages surréalistes, des sons étranges, un environnement froid et industriel qui laisse peu de place à l'individu. Là, des femmes et des hommes, des animaux, des récoltes et des machines jouent un rôle précis dans la logistique de ce système qui fournit à notre société sa nourriture. TAG: documentaire, industrie, agroalimentaire, automatisation, surconsommation, productivité BANDE-ANNONCE: https://www.youtube.com/watch?v=NC2aI7JAu14 THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS : L’esthétique : association entre beauté et horreur Si le documentaire de Nikolaus Geyrhalter fût autant acclamé par la critique, cela se doit d’une part à l’esthétique et la qualité de l’image. La composition homogène des longs plans fixes des champs, des serres et de l’intérieur des usines peut générer chez le spectateur un émerveillement de par l’ingéniosité de l’agriculture moderne. Les profondeurs de champs intérieurs, au sein des serres, s’apparentent presque à des paysages apaisants. Les images sont organisées, épurées, les acteurs déterminés agissent en symbiose, de manière répétitive, imitant presque des mouvements empruntés à une chorégraphie. La composition délibérément carrée témoigne de la recherche d’objectivité du réalisateur. La force de l’image et le pouvoir d’une écriture répétitive se fait directement sentir. Les couleurs semblent aussi être réfléchies. Le plan sur les champs de tournesols se faisant arrosés est harmonieux : le jaune des fleurs et de la machine aérienne se marient parfaitement avec le vert des champs, sans rappeler le clin d’œil à la fameuse scène dans La Mort aux Trousses de Hitchcock. Une déshumanisation au sein du monde agricole Le titre du film ferait référence à notre histoire culturelle et à la façon dont l’homme traite ses ressources. L’évolution des moyens de production et de nos modes de consommation a bouleversé le monde agricole. Une Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. déshumanisation hante incontestablement les multinationales agroalimentaires. La première scène illustre cette perte d’humanité. Le travelling avant d’un homme de dos, agissant sans réfléchir, nettoyant un sol qui semble déjà propre, en est la preuve. Ses sens ne sont pas sollicités, sa compassion pour les bêtes pendues qui l’entourent s’est transformée en indifférence. Il incarne le vide humain, comme ses collègues qui travaillent à la chaîne, apparaissant tous comme des éléments interchangeables. Le rythme des corps semble être dicté par la loi du profit. Les opérations ne semblent pas épanouissantes. Le travail s’effectue seul face à sa tache. L’absence de gros plan empêche toute identification ou humanisation des travailleurs. Leur pause déjeuner aurait pu être un moment de répit, d’échange ou de partage, mais c’est avec indifférence et automatisme qu’ils mangent leur sandwich. La lassitude du personnage filmé peut presque devenir celle du public. La déshumanisation se ressent également dans le rapport qu’ils entretiennent avec les animaux : ils les trient, les dépiautent, les dépècent avec automatisme, ignorant la souffrance subie des bêtes. Ils sont prisonniers. Elles ne représentent que de la marchandise à leurs yeux. La déshumanisation des bêtes et des travailleurs est imagée par l’abattage et l’équarrissage des porcs, où la couleur de leur peau est vite assimilée à celle d’hommes. Des techniques de documentaire singulières Notre pain quotidien est en rupture avec un style de documentaire plus traditionnel. La mise en scène s’effectue sans bande son, sans dialogue, sans voix off informative, et par des cadres et des mouvements de caméra relativement simples. Les plans larges sont fixes, la composition est claire et équilibrée, et le montage se veut discret, afin de converger vers un cinéma direct. L’utilisation de plan séquence permet d’une part d’insister sur les répétitions et l’automatisation et d’autre part, offre des plages de réflexion au spectateur. La formation d’une opinion personnelle est plus probable. L’absence de gros plans qui pourraient marquer une forme de subjectivité Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. témoigne de la recherche d’objectivité du réalisateur. Les scènes fonctionnent presque comme des documents d’archives. Toutefois, la durée des scènes peut également être une technique pour choquer et d’autant plus marquer le spectateur. Par exemple, lorsque les ouvriers longent les cageots de poulets, ce n’est qu’à la fin que le spectateur comprend qu’il s’agit de récolte de cadavres. L’attente avant de comprendre la fin de leur action rend la scène d’autant plus poignante. Pareillement, l’absence de bande son laisse plus de place aux cris stridents des animaux, laissant difficilement le spectateur indifférent. À travers la force de l’image et des choix de mise en scène, ce documentaire d’apparence objective réussit à transmettre son message. PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES: -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ À quoi fait référence le titre du film ? Commentez l’affiche du film. Comment met-elle en image la thématique principale du documentaire ? Comment la première scène remplie-t-elle son rôle d’annonciatrice ? Comment caractérisez-vous le rapport qu’entretient l’homme avec l’animal ? Sur quels aliments se concentre le documentaire ? Qu’est-ce que cela nous dit sur notre consommation en général ? L’hiver dernier de John Shank est un autre film proposé par le Festival de Cinéma Européen des Arcs. Comparez les techniques de travail dans les deux cas de figure. Un critique, Thomas Sotinel, dit qu’un spectateur, après avoir vu Notre Pain Quotidien, peut « jouir de la charge esthétique de ce film et en tirer une conclusion inverse, estimer que cette agriculture est celle dont notre monde a besoin ». Êtes-vous d’accord? Justifiez. Quel est l’intérêt de filmer les travailleurs pendant leur pause de déjeuner ? Où se situe l’action ? Qu’est-ce que cela dit sur le message du film ? Quelle est la scène qui vous a le plus marqué ? Essayez de comprendre pourquoi. En quoi s’agit-il d’un travail stakhanoviste ? Le film est-il objectif ? Le réalisateur a-t-il un parti pris ? Si oui, lequel ? Votre regard sur l’alimentation a-t-il évolué après le visionnage du documentaire ? POUR ALLER PLUS LOIN: Articles variés : http://www.agrobiosciences.org/recherche.php3?recherche=l%27industrie+ag roalimentaire&Submit=++Rechercher++ Film à thématiques proches : L’Hiver dernier de John Shank Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.