Faial et ses couleurs
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Faial et ses couleurs
DESTINATIONS Lorsque le petit bimoteur, un Dash 8, survole Pico, les passagers n’aperçoivent souvent que le sommet de son volcan, point culminant du Portugal à 2 351 m, régulièrement enneigé. Le profil de l’île est surprenant, Pico est un volcan posé dans la mer. Madalena, sa plus grande ville, fait face à Horta, sur l’île de Faial, à tout juste 8 km. Le destin des deux îles est lié, ce qui n’empêche pas une douce rivalité entre leurs populations, héritée du temps - pas si lointain - où de nombreux habitants de Pico travaillaient pour des familles de Faial. Pico est d’abord la destination rêvée des randonneurs. L’ascension de son volcan nécessite l’aide d’un guide. Mais il serait bien dommage de réduire cette terre de 15 000 habitants à son cône volcanique, fût-t-il majestueux. Car l’île renferme bien d’autres surprises. Son vignoble, cultivé comme dans toutes les Açores, entre des murets de pierre noires, produit un vin blanc qui était autrefois exporté vers l’Europe, le verdelho. Plus de deux cents producteurs sont regroupés au sein d’une cave coopérative performante. Le panel est aujourd’hui très large, avec l’emploie du merlot et du La liaison maritime entre cabernet sauvignon. Un cépage Pico et Faial est rapide. Le profil du volcan nord-américain, le Noa produit, est caractéristique. paraît-il, un « vin qui rend fou » comme s’amusent à le souligner bon nombre d’amateurs. Le paysage du vignoble a été classé en 2004 au Patrimoine mondial de l’Unesco. Les voyageurs remarqueront que les figuiers sont cultivés de la même façon à l’abri de hauts murets de roche volcaniques. Comme dans le reste de l’archipel, l’élevage des vaches devient omniprésent. C’est désormais l’un des piliers de l’économie locale, avec la pêche. L’industrie du thon reste très active. UNE ÉPOPÉE RÉCENTE Mais Pico reste encore marquée par la chasse au cachalot, la plus grande baleine à dents. Survenue à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée de grandes unités baleinières américaines, cette activité s’est ensuite implantée localement. Les marins de Pico ont développé [LES AÇORES] XX Pico, l’île volcan, sanctuaire du roi cachalot leur propre technique de chasse, unique sur la planète. Ils s’embarquaient (jusqu’en 1987), sur des embarcations en bois de leur invention, contenant 7 hommes. Une fois que le cachalot était repéré par la vigie sur les hauteurs de l’île, les marins sautaient dans cette coque dérisoirement frêle, tractée par un bateau à moteur. Quand le cétacé était en vue, le navire devait être abandonné à l’océan avec son équipage. Ses occupants hissaient le mat, la voile, et préparaient le harpon, toujours lancé à la main, jusqu’aux dernières années. Lorsqu’ils ne se trouvaient plus qu’à quelques mètres de l’immense animal, la voile cédait le pas aux avirons. L’homme de proue se mettait debout et lancait son harpon. Le combat pou- vait durer jusqu’à 24 heures. L’industrie baleinière a complètement cessé. Mais les habitants de Pico sont fiers de ce passé, conscients d’avoir mené une chasse artisanale. On peut parler, aux Açores, d’une culture du cachalot. Les visiteurs seront certainement sidérés de rencontrer des cinquantenaires qui ont vécu cette épopée, en toute modestie. Le récit de leurs aventures et de leur tragédie dévoile un savoir et une science de l’océan, ainsi qu’un système de valeurs et un mode de vie qui n’ont en réalité jamais disparu. Le cachalot est toujours essentiel. On ne recueille plus son huile, cependant Pico a acquis une renommée mondiale pour l’observation des cétacés. Les tours utilisées par les vigies sont donc encore en activité ! Pour la bonne cause. Les marins emmènent les touristes voir ces mystérieux géants des mers, et travaillent souvent en parallèle pour le compte de grands instituts scientifiques universitaires. Une reconversion apparemment réussie. Près du port de Lajes do Pico, dans la partie du Sud de l’île, le Museu dos Baleeiros évoque le passé des chasseurs de cachalots avec précision. L’une de leur embarcation est d’ailleurs exposée. Ces bateaux sont toujours construits par les jeunes générations qui l’utilisent à l’occasion de grandes régates interîles. Les Açoriens sont réputés pour figurer parmi les plus meilleurs marins du monde et en donnent ainsi chaque année la démonstration. Observer dauphins et baleines L’Espaço Talassa, à Lajes do Pico, est l’une des nombreuses bases spécialisées dans l’observation des dauphins et des baleines. 27 espèces de cétacés fréquentent les eaux açoriennes, les amateurs ne seront donc pas déçus, d’autant plus que les sorties en mer sont dirigées par les indications des vigies qui, depuis la côte, observent les panaches produits par le souffle des baleines. Si bien qu’il est rare de revenir bredouille d’une excursion. Les départs se font sur des embarcations à moteur semi-rigides, très puissantes, et capables d’endurer les pires tempêtes (en Atlantique, la météo réserve toujours des surprises). Une maison de type traditionnel à Pico. Devant, un puits de marée. L’océan est tout proche. Pour protéger les cultures du vent chargé d’embruns, des murs de pierres volcaniques façonnent le paysage. — XX Dimanche 6 mai 2012 À VOIR À FAIAL Le Musée d’Horta. Installé dans le collège des Jésuites d’Horta, il propose notamment une collection d’objets en moelle de figuier réalisés par Euclides Rosa, et des peintures d’Antonio Dacosta, Manuel Lapa ou encore Vieira Lusitano. Le Musée d’Art sacré. Une importante collection d’argenterie et d’objets religieux. Avec en particulier des pièces originaires des Flandres datant des XVe et XVIe siècles. On peut aussi y découvrir les premières manifestations de la statuaire religieuse de l’île. La Place do Infante. À côté du château de Santa Cruz, penchée sur la marina, avec ses hauts palmiers des Canaries est un lieu paisible qui fait office de salon de visite de la ville, du fait de sa position centrale. Le marché d’Horta. Une belle façon de découvrir les cultures présentes dans l’archipel. Elle n’est pas bien grande - 18 km dans sa plus grande longueur - Faial, ce qui ne l’empêche d’être l’une des plus attachantes de l’archipel. Ce charme tient à ses couleurs, les fleurs poussent partout, avec les nuances infinies du bleu des hortensias qui tranchent sur le vert sombre des forêts de cryptomerias. Au sommet, dans les brumes, la caldeira cache un cratère immense où la nature est totalement préservée. Sur les côtes baignées de soleil, quelques rares plages offrent des moments de douceurs inespérés, sur un sable brun. L’eau est translucide. L’activité volcanique est visible sur la partie occidentale, où le vulcao dos Capelinhos est littéralement sorti de la mer en 1957 et 1958. Le périmètre de Faial s’est ainsi agrandi brusquement. Les populations locales ont vécu ce phénomène naturel comme une tragédie : deux localités martyres en portent encore les stigmates. Le site vaut réellement le détour. L’ancien phare, à moitié enterré par les cendres, est transformé en musée (Centro de Interpretaçao do Vulcao). Dans cette partie de l’île, les ruines côtoient des maisons coquettes, et les anciens locaux utilisés par L’une des rares plages les guetteurs de baleines sont restés en l’état. de Faial, derrière Horta. Les moulins à vents rappellent que des Flamands se sont installés ici dès le XVe siècle. Dans l’intérieur de l’île, une localité s’appelle encore Flamengos. Les maisons comportent toujours des fenêtres à guillotine et les couleurs vivent des portes et des volets évoquent fortement l’Europe du Nord. Une dimension qui contraste avec les fougères aborescentes, et les lauriers d’Australie aux faux airs de manguiers. L’art du scrimshaw disparaît des Açores. À FAIRE À FAIAL Pêcher. La pêche sportive a acquis ses lettres de noblesse entre Pico, Faial et Sao Jorge. La capture de grands poissons comme l’espadon, le thon ou le marlin est un plaisir que s’offrent beaucoup de voyageurs. Manger. Suite logique, les amateurs de poissons et de fruits de mer trouveront leur bonheur. Langouste, cavaco (le crabe des profondeurs), et autres réjouissances s’offrent à eux. Les adresses sont nombreuses et très accessibles. La cuisine traditionnelle de Faial est très variée. Nous conseillons la « linguiça com inhames » (saucisse aux ignames), et le polvo guisado em vinho de cheiro (poulpe cuit au vin). Les soupes du Saint-Esprit accompagnées de « massa sovada », un pain sucré, sont un délice. LE CAFÉ SPORT À Horta, principale localité de l’île, le blanc des constructions tranche avec le bleu de l’océan. Le port est une escale connue de tous les marins du monde, qui laissent systématiquement une petite peinture sur le quai de la marina. Personne ne sait plus exactement comment est née cette coutume. Elle serait apparue au milieu du XXe siècle. Les gens de mer étant superstitieux, chacun préfère s’exécuter en laissant « une avec hôtel en BB, observations des cétacés et/ou nager avec les dauphins à partir de 1 145 euros avec Secrets du Monde, de fin mars à début octobre. BS : 21.50 euros. HS : 37.50 euros. • Casa do Comendador - 8 Chambres d’hôtes raffinées et accueil charmant. Vue sur l’île de Sao Jorge. BS : 35 euros. HS : 50 euros. • Aldeia Da Fonte - Domaine avec chambres et studios à Lajes. Grand domaine et très beaux jardins surplombant la mer et vue magnifique. BS : 32.50 euros. HS : 42.50 euros. Le prix des hôtels Que vous soyez riches ou pauvres, les Açores restent accessibles. Du camping à la très modeste chambre chez l’habitant, en passant par les quintas et les pousadas, la gamme est très étendue. Voici à titre indicatif quelques tarifs d’hôtels. TERCEIRA FAIAL Flaminio (à droite) se souvient de la chasse au cachalot sur ces embarcations exposées au musée des baleiniers. Les moulins récemment carte de visite » peinte sur le quai afin d’afrestaurés rappellent fronter l’Atlantique sans dommage. par leur présence que des Flamands vivaient ici. Le point de rendez-vous des marins est le Peter’s Café Sport, installé sur le port. Une institution, une légende, érigé par un homme du pays surnommé « Peter » par les équipages du monde entier (ils n’arrivaient pas à prononcer son prénom). Celui-ci est mort récemment, mais son fils a repris l’affaire. Une très bonne affaire en l’occurrence. Jacques Brel, Moitessier, Tabarly… Tous ont goûté le fameux gin tonic de ce zinc pas comme les autres, et l’aventure n’est pas terminée. Le Café Sport est si incontournable qu’il est devenu « la boîte à lettre de l’Atlantique » comme l’explique son actuel gérant. Ce dernier vous ouvrira certainement l’étonnant Musée du Scrimshaw que son père avait constitué au premier étage de l’établissement et dont il enrichit encore les collections de dents de cachalots gravées. Un art exceptionnel né à bord des navires et sur les côtes de l’archipel. Aujourd’hui cette pratique disparaît, la matière première étant devenue introuvable, mais elle rappelle Le fromage se mange que la tradition baleinière était très ancrée à Faial, en entrée, accompagné comme à Pico. d’une purée de piment. Horta la cosmopolite, fondée il y a cinq siècles par des aventuriers débarqués des caravelles avec quelques outils, du bétail et des semences, concentre inévitablement une grande partie de l’activité de l’île. Le marché local vaut le détour, dans le centre-ville. On y trouve de façon concentrée la plupart des productions de Faial mais également de Pico, les marchands n’hésitant pas à faire la traversée depuis l’île voisine pour vendre leurs denrées. La baie de Porto Pim est également à découvrir. Une grande plage forme un Le gérant du Café Sport fait office de facteur vaste croissant derrière Horta, tout près de l’ancien pour les marins. mur de défense élevé au XVIIe siècle. Faial et ses couleurs • Quinta das Mercês 4*- Angra. Basse Saison : 45 euros. Haute saison : 62,50 euros. • Hotel Beira Mar 3* - Angra. Petit hôtel situé dans la baie de Angra - Excellent restaurant réputé pour la « Soupe de Mer » servie dans un pain ! BS : 35 euros. HS : 40 euros. • Hotel Angra 3* - Angra. Situé dans le centre historique de Angra, à côté du jardin botanique - Piscine intérieure, health club. BS : 47.50 euros. HS : 82.50 euros. Deux points essentiels de la cuisine açorienne : le vin blanc et les poissons. Divin ! DESTINATIONS • Pousada de Santa Cruz -BS : 40 euros. HS : 90 euros. • Hôtel Faial 4* - Vue sur le Pico, piscine intérieure & extérieure. BS : 57.50 euros. HS : 82.50 euros. • Hôtel do Canal 4* Le réseau des Pousadas offre un intéressant rapport qualité/prix. Ambiance « marine » avec ses meubles en acajou. pas de piscine mais health club et Jacuzi. BS : 57.50 euros. HS : 82.50 euros. • Residencial S. Francisco 2* - Situé sur le port, proche du centre ville. BS : 28 euros. HS : 41 euros. PICO • Apart Hôtel Baia Da Barca 4*- Proche de Madalena, en bord de mer… BS : 50 euros. HS : 70 euros. • Whale’s Come ao Pico 2* - Hôtel sur le port de Lajes, d’Espaço Talassa. Forfait de 8 jours/7 nuits Pour y aller VOLS La compagnie TAP Portugal est la seule à faire la liaison. Une escale sur Lisbonne est nécessaire. Comptez de 322 euros à un peu plus de 1100 euros le billet aller-retour (4 heures de vol en tout, environ), hors frais d’émission et hors promotion particulière. Informations et réservations : www.flytap.com MELO TRAVEL L’une des grandes agences de référence sur les Açores. Contacts : [email protected] ou 01.53.85.96.26 et www.melotravel.com VOYAGES PROGRAMMÉS ET À LA CARTE • Secrets du Monde - 1 villa Moderne - 75014 Paris Tél : 01.45.4.64.44 [email protected] www.secretsdumonde.com • La route des voyages - 10 Rue Choron - 75009 Paris Tél : 01 55 31 98 80 [email protected] www.route-voyages.com • Adeo - Les confins du Monde - Léa 68 Bd Diderot - 75012 Paris Tél : 01 43 72 80 20 [email protected] www.adeo-voyages.com • 80 Jours Voyages - 332 chemin de la Vorly - 38850 Paladru Tél : 06.64.30.69.96 [email protected] www.80joursvoyages.com À LA CARTE UNIQUEMENT • Agence Terres de Charme - 19, avenue Franklin Roosevelt - 75008 Paris [email protected] www.terresdecharme.com TREKKING •Allibert - [email protected] www.allibert-trekking.com