Giuseppe Mazzini

Transcription

Giuseppe Mazzini
Charlotte Lefebvre, Arnaud Maquinghen, Alexis Lehalle
Conférence d’histoire de M. Colon
25/01/05
Giuseppe Mazzini
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I.
Mazzini naît le 22 juin 1805 à Gênes (royaume de Piémont), et meurt à Pise (ancien grand duché
de Toscane) le 12 mars 1872 ; figure essentielle du Risorgimento.
Il fonde en juillet 1831 la société secrète Giovine Italia (Jeune Italie) et lutte pour l’unité de la
péninsule, bien qu’en exil durant la majeure partie de sa vie.
La révolution de 1848 lui permet de transformer Jeune Italie en Association nationale italienne, et
d’occuper l’un des sièges du triumvirat qui se forme à Rome en février 1849.
Ce fervent révolutionnaire est également un penseur, original et malaisé à classer. Il est
généralement perçu comme tel dans la trilogie des pères fondateurs de l’Italie, à côté de Garibaldi
l’homme d’action et Cavour le diplomate.
Mazzini reçoit une formation humaniste, conditionnant une pensée
originale au service de sa patrie.
Giuseppe Mazzini naît dans une famille aisée et cultivée, exemple de cette nouvelle
bourgeoisie issue de la période révolutionnaire. Son père, professeur de médecine à l’université de
Gênes, est un ancien jacobin. Giuseppe est ainsi imprégné durant son enfance de valeurs
démocratiques, égalitaires, et de l’amour qui unit la famille Mazzini. Il restera toute sa vie marqué par
sa mère, religieuse et ouverte.
Il est éduqué de façon stricte par des précepteurs jansénistes, puis, d’une intelligence précoce,
entre à l’université de Gênes en 1819, il a 14 ans. Il suit des études de philosophie (1819-1822), puis
de droit (1822-1827). Il obtient sa licence en 1827 et entre au barreau.
Tenté par le romantisme ambiant, il manifeste rapidement une volonté d’action, et se fait
remarquer à plusieurs reprises dans des manifestations d’étudiants. On ignore s’il a participé aux
soulèvements de 1821 dans le nord de la péninsule italienne fomenté par les sociétés secrètes, mais il
est certain qu’il a intégré la plus importante d’entre elles en 1827 : la Charbonnerie, luttant contre les
régimes absolutistes.
Carbonaro, il fait le tour de la Toscane pour recruter de nouveaux adhérents, fait quelques
projets (dont celui d’assassiner Metternich, avec deux conspirateurs milanais) et collabore à quelques
journaux subversifs (L’indicatore, interdit en 1828, puis L’indicatore livornese). Il est finalement
arrêté par la police sarde le 13 novembre 1830 pour ses activités de Carbonaro et enfermé à Savone.
C’est en prison qu’il élabore ses idées, dont il ne changera que peu durant sa vie. Il commence à sa
sortie de prison une longue période d’exils qui expliquent en partie le médiocre succès de ses actions
et sa plus grande postérité en tant que penseur.
II.
Sa pensée : entre tradition et modernité.
Sa vision de la révolution a été forgée par ses expériences à l’étranger, où il a passé 40 ans de
sa vie. Il a été confronté à la privation et à la grande pauvreté à Londres, a assisté au radicalisme
ouvrier et aux débuts du mouvement chartiste, et a côtoyé de nombreux autres exilés politiques. Il a
également été attiré en Angleterre par des idées comme l’abolition de l’esclavage, du servage,
l’émancipation des femmes, la libération des minorités religieuses, l’indépendance politique des
nations oppressées…
Mazzini est un républicain : au sens premier du terme, il est opposé à la détention de la
souveraineté par une dynastie, mais ce concept tend chez lui à se confondre avec celui de démocratie ;
il est vraisemblablement l’un des premiers à parler de gouvernement du peuple, par le peuple, et pour
le peuple. Pour lui, les inégalités disparaîtront lorsque le peuple sera détenteur du pouvoir. La
république est la seule forme de gouvernement légitime, logique, et compatible avec la morale et la
nationalité. L’expansion coloniale est aussi légitime, si elle se donne pour but l’apport d’un progrès
civique et matériel aux peuples sous-développés.
Le social, selon lui, ne se dissocie pas du politique ; sa conception de la condition ouvrière
semble le placer dans le courant socialiste (son analyse de la propriété le conduit à penser qu’elle
confère à ses détenteurs, les bourgeois, le pouvoir d’opprimer et de gouverner), mais il préfère se
définir comme un « associationniste » : il croit en l’éducation du peuple, est opposé aux tendances
monopolistiques du capitalisme, mais ne souhaite pas affecter la propriété privée, qui devrait être
rendue accessible au plus grand nombre. D’autre part la solution à cette question sociale réside moins
dans la lutte des classes que dans l’association fraternelle de celles-ci, dans l’union du capital et du
travail.
L’Humanité n’est pas pour lui un cosmopolitisme fractionné en individus comme on le pensait
au XVIIIe siècle, mais davantage un tout voulu par Dieu unissant les peuples dans la conscience d’une
origine et d’un devenir communs. C’est à travers l’amour (celui qu’il a expérimenté dans sa famille et
qui lui a ouvert d’autres possibilités), ce sentiment si souvent absent des personnages publics, que
l’individu peut tendre vers la Famille, la Patrie (« il paese »), et Dieu. Dans la Famille, étape si
importante dans ce processus de prise de conscience éthique, la femme tient pour Mazzini un rôle
majeur (l’ « ange du foyer »), principalement dans l’éducation. La religion tient une place centrale
dans sa philosophie ; animé d’une foi sincère, Mazzini sait également s’en servir comme instrument
politique.
Mazzini fait du couple « pensée et action » son slogan (on lui prête aussi la devise « Dieu et la
Liberté »), mais cherche moins à changer le monde qu’à améliorer ce qui existe déjà. La violence ne
doit servir qu’à rompre l’ordre absolutiste. Il tentera de mettre son action au service de ses idées et de
l’espoir qu’il nourrit de voir se réaliser une « 3 e Italie », ayant reçu de Dieu la mission de guider vers
le progrès et l’union les républiques de la jeune Europe.
III.
Son idéalisme exalté et avant-gardiste se heurte aux difficultés du
processus unitaire.
Libéré en février 1831, il s’exile en France, et rejoint un oncle à Marseille. Il publie dans de
nombreux journaux une lettre à l’attention de Charles-Albert, roi de Piémont-Sardaigne, l’enjoignant à
mener le mouvement national italien. Sa demande n’aboutissant pas, il fonde en juillet 1831 la société
secrète Jeune Italie qui supplante peu à peu la Charbonnerie.
Dès lors, et jusqu’en 1848, sa vie n’est que nouvelles tentatives de soulèvement et nouveaux
échecs. En 1833, une tentative d’insurrection à divers endroit du royaume de Piémont échoue, et
Mazzini est condamné à mort par contumace. Il s’exile alors en Suisse, où il mène une vie d’errance,
poursuivi par la police piémontaise (1833-1837). Il poursuit néanmoins son action et fonde en 1834
Jeune Europe, avec ses sections Jeune Allemagne et Jeune Suisse. En janvier 1837, il est contraint de
partir pour l’Angleterre où il crée, en avril 1847, la Ligue internationale des peuples. Le 8 septembre
1847 il adresse au nouveau pape Pie IX une lettre l’appelant à prendre la tête du mouvement de
libération italienne, qui restera elle aussi sans réponse.
En 1848, il profite du « printemps des peuples » pour rentrer en Italie, participe à la révolution
à Rome, puis devient l’un des triumvirs (avec Saffi et Armellini) lorsqu’est proclamée la république
romaine, en février 1949. Il tente alors d’appliquer son programme,mais l’intervention française
rétablissant le pape le contraint cinq mois plus tard à reprendre le chemin de l’exil ; de nouveau à
Londres, il tente de soulever ses partisans contre le régime (à Mantoue en 1852, à Milan en 1853, à
Gênes et à Livourne en 1857), sans succès.
A partir de 1850, il se détache progressivement de la population italienne, qui lui préfère des
patriotes plus modérés, et affirme la prépondérance de Cavour. D’autres anciens mazziniens
privilégient la voie diplomatique. Mazzini tente de s’opposer à la création du royaume d’Italie en 1861
au profit de Victor-Emmanuel II, et est impliqué dans de nouveaux soulèvements. Tandis que ses
partisans sont évincés de la Ière Internationale, Mazzini s’oppose à Marx sur l’analyse de la commune
de Paris et s’isole davantage. Emprisonné une dernière fois en août-octobre 1870, il est relâché et,
malade, s’installe à Pise pour y finir ses jours.
Giuseppe Mazzini a contribué à former des révolutionnaires, prêts à lutter pour l’unité de leur pays.
S’il n’a pas eu de succès immédiat, il n’en a pas moins laissé le souvenir d’un homme d’une droiture
et d’une intégrité remarquables, valeurs auxquelles les républicains de 1946 n’ont pas manqué de
rendre hommage, édifiant devant le Palatin une statue de leur « héros ».

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