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28 L’ECHO JEUDI 21 JUIN 2012 Investir EN BREF Qui souffrira de la taxe? Depuis que la presse a évoqué l’intention de la France de prélever une taxe de 3% à la source sur les dividendes des sociétés, les experts de la finance ont sorti leurs calculatrices pour chiffrer le L’IMPACT DE LA TAXE FRANÇAISE SUR LES DIVIDENDES En millions € 0 100 200 170 Total 123 Sanofi 101 GDF Suez France Télécom 94 63 EDF 53 Axa Source: Exane BNP Paribas manque à gagner pour les entreprises et les actionnaires. La société d’analyse financière Exane BNP Paribas a dressé un tableau qui évalue le coût potentiel pour toutes les entreprises concernées, en fonction des montants des dividendes prévus pour 2013. Il en coûterait 170 millions d’euros à Total. Dans l’ordre, les dix sociétés les plus touchées seraient Total, Sanofi, GDF Suez, France Télécom, EDF, Axa, L’Oréal, Vivendi, Schneider et Danone. Selon Exane BNP Paribas, les recettes de cette nouvelle taxe pour le Trésor se limiteraient à 800 millions d’euros en 2013, soit 0,04% du produit intérieur brut. L’once d’or volatile Carmignac liquide tous ses Bunds allemands ONCE D'OR Carmignac Gestion, une des sociétés d’investissement indépendante les plus importantes en Europe, avec près de 50 milliards d’euros d’actifs sous gestion, a confirmé qu’elle ne détenait plus aucune obligation d’État de la zone euro dans ses divers portefeuilles. La société s’est aussi totalement dégagée des Bunds allemands. Selon des informations de presse, Carmignac juge que l’Allemagne pourrait subir le coût d’une aggravation de la crise, ce qui ferait perdre aux Bunds leur statut de valeur refuge. EN USD 1700 1650 1600 1550 1500 avril 2012 mai juin Source: Thomson Reuters Datastream L’once d’or est tombée jusqu’à 1.590 USD, hier, avant les annonces de la Fed. Puis est remontée, pour clôturer à 1.605,55 à New York. KBC toujours plus haut Le titre KBC a encore pris 3% hier à Bruxelles, porté par les perspectives de réforme du système bancaire en Europe. Depuis un mois, KBC a pris 45%. PaGE 27 KBC 16,28 EUR +2,88% 17 16 15 14 13 V L M M J V L M M J V L M M 12 juin 2012 Source: Thomson Reuters Datastream Volatilité et faibles rendements attendent les marchés d’actions Bertrand Sluys, associé chez Fuchs & Associés Finance, estime que les marchés d’actions ne sont pas suffisamment bon marché pour y investir. JENNIFER NILLE Bon marché, les actions? Si certains gestionnaires de fonds pensent que oui et plaident pour un investissement, d’autres estiment que les conditions ne sont pas réunies pour investir correctement dans celles-ci en ce moment. Bertrand Sluys, gestionnaire de portefeuille et associé de la société de gestion de droit luxembourgeois Fuchs & Associés Finance, souligne que les actions performent mieux lorsqu’elles sont bon marché et que les taux d’intérêt sont élevés. «Aujourd’hui, les actions ne sont pas excessivement bon marché» relève-t-il. «On se trouve dans une situation de stagflation (inflation et ralentissement économique) comme durant la période entre 1965 et 1980. Dans ce contexte, les marchés d’actions ne font pas grand-chose. On est parti pour une longue période de volatilité et de faibles rendements», indique-t-il. La période entre 1965 et 1980 est caractérisée par une remontée des taux d’intérêt qui, de l’avis de nombreux observateurs, n’est pas favorable aux marchés d’actions, ni aux autres classes d’actifs par ailleurs. «Il est très vraisemblable que les taux d’intérêt vont remonter une fois que la situation économique va s’améliorer. Dès qu’il y aura moins d’aversion au risque, on va assister à une remontée du taux du Bund allemand. Mais à moyen terme, ceci détruit de la valeur pour les marchés» relève Sluys. En attendant cette remontée des taux d’intérêt, les marchés d’actions devraient évoluer dans une fourchette de prix étroite, selon lui. «Le problème vient de la dette trop importante en Occident. Si on laisse faire les marchés dans un tel contexte, on risque la déflation comme dans les années 30 ou les années 90 au Japon. Les banques centrales ont réagi en injectant de la liquidité sur les marchés, mais à moyen terme, cela crée de l’inflation. Mais pas de croissance», souligne-t-il. «Dans un monde d’inflation et de taux réels négatifs, aucune classe d’actifs n’est sans risque.» BERTRaND SLUYS ASSOCIÉ CHEZ FUCHS & ASSOCIÉS FINANCE LES BOURSES NE SONT PAS SI BON MARCHÉ À court terme, le gestionnaire ne voit pas une correction prolongée des marchés d’actions. Il ne pense pas que ceux-ci vont connaître le même sort que l’été dernier, contrairement à ce que craignent certains investisseurs. «Le marché prône actuellement l’aversion pour le risque, mais la baisse des marchés d’actions reste normale. On ne se trouve pas dans une phase de correction comme du 5 juillet au 8 août 2011, où les actions européennes ont perdu 35%», indique-t-il. C’est une question de probabilité, d’après lui. «Si les marchés baissent à nouveau de 20%, cela conduirait à de la déflation. Il est peu probable que les banques centrales laissent un tel phé- ÉVOLUTION DU S&P500, MOINS L’INFLATION En points 50 Ratio cours/bénéfices Risques à court terme En points Taux d’intérêt à long terme 20 40 16 30 12 20 8 10 4 10000 1000 100 10 0 0 1880 2012 1880 2012 Source: fuchsfin.com nomène arriver sans réagir», estime le gestionnaire. Lui voit une opportunité d’achat à court terme. Autres pays 18 États-unis 33 % R.-Uni Irlande 20 Luxembourg 20 Source: Eurotunnel La volatilité des marchés d’actions met à mal la gestion passive actuellement, d’après lui. «Nous ne sommes pas dans un contexte de marché normal, où les actions montent sur le long terme. Les marchés sont devenus trop complexes pour pouvoir investir après une baisse. Il faut donc procéder à une gestion active», relève Sluys. «Dans un monde où l’inflation persiste et où les taux réels sont négatifs, aucune classe d’actifs n’est sans risque. La performance à moyen terme vient de la volatilité elle-même», souligne-t-il. Sa société de gestion suit cette stratégie basée sur la volatilité. «Nous ne prenons pas de risques sur les actions individuelles. Plutôt que de subir la volatilité, nous essayons de l’exploiter. Nous allons vendre des put (des options jouant les marchés à la baisse, NDLR) à moyen terme lorsque la volatilité est élevée, et en acheter lorsque celle-ci est basse. Cette stratégie fonctionne bien dans des situations comme on observe actuellement», indique-t-il. «Si le marché d’actions termine sur une performance nulle sur l’année, nous pouvons obtenir un rendement entre 8 et10% par an», explique-t-il. D’ici la fin septembre, sa société va par ailleurs lancer un fonds SIF (réservé aux investisseurs nantis). «Il faut toujours un certain temps pour lancer un marché. L’aspect éducation et pédagogie auprès des investisseurs est très important», rappelle Marc Lefèvre, directeur du développement commercial et des relations avec les entreprises cotées en Europe chez NYSE Euronext. Faire connaître ce nouveau marché et séduire des entreprises prend en effet beaucoup de temps, surtout dans un environnement aussi concurrentiel. En outre, «le marché de Londres a été lancé au cœur de la crise. Or attirer des sociétés au cœur de la crise est moins aisé qu’en période de forte croissance», reconnaît M. Lefèvre. Séduire la City Pour séduire les investisseurs anglais, Eurotunnel n’a pas hésité à traverser la Manche. © REUTERS Deux ans après son installation à Londres, NYSE Euronext y cote sa première société: ce sera Eurotunnel. L’opérateur boursier transatlantique NYSE Euronext va inaugurer, avec l’exploitant du tunnel sous la Manche Eurotunnel, son marché de Londres, en venant concurrencer sur son terrain la Bourse britannique historique, le London Stock Exchange (LSE). Eurotunnel sera «la première société à être admise à la négociation sur NYSE Euronext Londres le 19 juillet 2012, suite au transfert de ses titres du London Stock Echange», indique mercredi l’opérateur boursier. Eurotunnel reste en parallèle coté normalement à la Bourse de Paris, précise NYSE Euronext. L’inscription des actions Eurotunnel sera annulée le 20 juillet 2012 sur la Bourse de Londres, ce qui signifie que ses actions seront cotées sur les deux plateformes concurrentes le temps d’une journée.La création du marché londonien de NYSE Euronext avait été annoncée en juillet 2010. Le gestionnaire des Bourses de Paris, New York, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne vient ainsi concurrencer frontalement la Bourse de Londres, un des mastodontes financiers en Europe et dans le monde. Après avoir dévoilé son projet londonien, il aura fallu deux ans tout juste à NYSE Euronext pour attirer une première société. A partir du 2 juillet, Rabobank abaissera le taux de base de tous ses comptes d’épargne à hauteur de 0,2%. La banque n’hésite pas à renvoyer ses clients vers d’autres produits, comme la branche 21 et les obligations d’entreprises. Les gestionnaires de fonds misent sur la hausse du prix du lithium L’échec de la gestion passive «Un certain temps» France Belgique 3 6 Rabobank rabote ses taux ÉPINGLÉ PHILIPPE GALLOY Euronext marche (enfin) sur les plates-bandes du LSE STRUCTURE DE L'ACTIONNARIAT D’EUROTUNNEL -0,2% Pour les entreprises qui seraient tentées par une cotation à Londres, en plus de leur ancrage national, l’intérêt est avant tout de renforcer leur visibilité auprès des investisseurs internationaux et de favoriser l’échange de leurs actions. Eurotunnel est par exemple membre de l’antichambre du CAC 40, le CAC Next 20. Or, une éventuelle entrée dans l’indice vedette parisien est principalement conditionnée par la taille du capital flottant (capital négociable en Bourse) et le nombre d’échanges enregistrés sur les titres.) aFP C omment tirer profit de l’engouement pour les tablettes numériques ou encore de l’essor des voitures hybrides? Plusieurs gestionnaires de fonds ont trouvé la réponse: il suffit d’investir dans le lithium, ou du moins dans les sociétés qui produisent ce métal. Le lithium est un élément indispensable pour confectionner des batteries peu encombrantes, ce qui est particulièrement utile quand il s’agit de proposer des outils informatiques légers ou d’équiper des véhicules hybrides ou électriques dont on essaie de réduire le poids. Si bien que depuis l’an 2000, le prix du lithium a triplé, indique un rapport de Dahlman Rose, cité par l’agence Bloomberg. Cette société d’analyse spécialisée dans ce secteur prévoit que la demande de lithium devrait doubler d’ici 2020. Le marché de ce métal alcalin atteint désormais un milliard de dollars (790 millions d’euros) par an. La production de lithium est aux mains d’un oligopole: quatre sociétés concentrent 95% de la production du métal rare. Il s’agit de l’australien Talison Lithium, du chilien Sociedad Quimica y Minera de Chile (SQM), et des américains Rockwoods Holdings et FMC Corporation. Le géant minier Rio Tinto pourrait se joindre au cercle étroit des gros producteurs de lithium en exploitant prochainement une mine en Serbie. Le mois dernier, l’action Talison Lithium a bondi de plus de 20%. Les autres groupes sont plus diversifiés. L’action SQM présente un gain de plus de 2% depuis début 2012, tandis que Rockwood et FMC ont tout de même pris environ 20% dans le même laps de temps. Dahlman estime que les principaux producteurs de lithium peuvent augmenter leur production pour suivre la demande mais ça demandera du temps et de nouveaux moyens. La croissance attendue du secteur du lithium aiguise déjà l’appétit des gestionnaires d’actifs. Blackrock a déclaré qu’il réfléchissait à une augmentation de son exposition au lithium. JPMorgan affirme également songer à investir dans ce marché. C’est l’application des batteries au lithium dans l’automobile qui fait rêver ces gestionnaires. «Cette industrie est comparable à celle des téléphones mobiles», déclare un vendeur de batteries. «Quand il démarrera, ce sera exponentiel.»