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L’ECHO JEUDI 21 JUIN 2012
Investir
EN BREF
Qui souffrira de la taxe?
Depuis que la presse a évoqué
l’intention de la France de prélever une taxe de 3% à la source sur
les dividendes des sociétés, les
experts de la finance ont sorti
leurs calculatrices pour chiffrer le
L’IMPACT DE LA TAXE FRANÇAISE
SUR LES DIVIDENDES
En millions €
0
100
200
170
Total
123
Sanofi
101
GDF Suez
France Télécom 94
63
EDF
53
Axa
Source: Exane BNP Paribas
manque à gagner pour les entreprises et les actionnaires. La société d’analyse financière Exane
BNP Paribas a dressé un tableau
qui évalue le coût potentiel pour
toutes les entreprises concernées, en fonction des montants
des dividendes prévus pour 2013.
Il en coûterait 170 millions d’euros
à Total. Dans l’ordre, les dix sociétés les plus touchées seraient Total, Sanofi, GDF Suez, France Télécom, EDF, Axa, L’Oréal, Vivendi,
Schneider et Danone. Selon
Exane BNP Paribas, les recettes
de cette nouvelle taxe pour le
Trésor se limiteraient à 800 millions d’euros en 2013, soit 0,04%
du produit intérieur brut.
L’once d’or volatile
Carmignac liquide tous
ses Bunds allemands
ONCE D'OR
Carmignac Gestion, une des sociétés d’investissement indépendante les plus importantes en Europe, avec près de 50 milliards
d’euros d’actifs sous gestion, a
confirmé qu’elle ne détenait plus
aucune obligation d’État de la
zone euro dans ses divers portefeuilles. La société s’est aussi totalement dégagée des Bunds allemands. Selon des informations
de presse, Carmignac juge que
l’Allemagne pourrait subir le coût
d’une aggravation de la crise, ce
qui ferait perdre aux Bunds leur
statut de valeur refuge.
EN USD
1700
1650
1600
1550
1500
avril 2012
mai
juin
Source: Thomson Reuters Datastream
L’once d’or est tombée jusqu’à
1.590 USD, hier, avant les annonces
de la Fed. Puis est remontée, pour
clôturer à 1.605,55 à New York.
KBC toujours plus haut
Le titre KBC a encore pris 3% hier
à Bruxelles, porté par les perspectives de réforme du système
bancaire en Europe. Depuis un
mois, KBC a pris 45%.
PaGE 27
KBC
16,28 EUR +2,88%
17
16
15
14
13
V
L M M J
V
L M M J
V
L M M
12
juin 2012
Source: Thomson Reuters Datastream
Volatilité et faibles rendements
attendent les marchés d’actions
Bertrand Sluys, associé chez
Fuchs & Associés Finance, estime
que les marchés d’actions ne
sont pas suffisamment bon marché pour y investir.
JENNIFER NILLE
Bon marché, les actions? Si certains
gestionnaires de fonds pensent que
oui et plaident pour un investissement, d’autres estiment que les
conditions ne sont pas réunies pour
investir correctement dans celles-ci
en ce moment. Bertrand Sluys, gestionnaire de portefeuille et associé
de la société de gestion de droit
luxembourgeois Fuchs & Associés
Finance, souligne que les actions
performent mieux lorsqu’elles sont
bon marché et que les taux d’intérêt
sont élevés. «Aujourd’hui, les actions
ne sont pas excessivement bon marché»
relève-t-il. «On se trouve dans une situation de stagflation (inflation et ralentissement économique) comme durant la période entre 1965 et 1980.
Dans ce contexte, les marchés d’actions
ne font pas grand-chose. On est parti
pour une longue période de volatilité et
de faibles rendements», indique-t-il.
La période entre 1965 et 1980 est
caractérisée par une remontée des
taux d’intérêt qui, de l’avis de nombreux observateurs, n’est pas favorable aux marchés d’actions, ni aux autres classes d’actifs par ailleurs. «Il est
très vraisemblable que les taux d’intérêt
vont remonter une fois que la situation
économique va s’améliorer. Dès qu’il y
aura moins d’aversion au risque, on va
assister à une remontée du taux du
Bund allemand. Mais à moyen terme,
ceci détruit de la valeur pour les marchés» relève Sluys.
En attendant cette remontée des
taux d’intérêt, les marchés d’actions
devraient évoluer dans une fourchette de prix étroite, selon lui.
«Le problème vient de la dette trop
importante en Occident. Si on laisse
faire les marchés dans un tel contexte,
on risque la déflation comme dans les
années 30 ou les années 90 au Japon.
Les banques centrales ont réagi en injectant de la liquidité sur les marchés,
mais à moyen terme, cela crée de l’inflation. Mais pas de croissance», souligne-t-il.
«Dans un monde
d’inflation et de taux
réels négatifs, aucune
classe d’actifs n’est
sans risque.»
BERTRaND SLUYS
ASSOCIÉ CHEZ
FUCHS & ASSOCIÉS FINANCE
LES BOURSES NE SONT PAS SI BON MARCHÉ
À court terme, le gestionnaire ne
voit pas une correction prolongée
des marchés d’actions. Il ne pense
pas que ceux-ci vont connaître le
même sort que l’été dernier, contrairement à ce que craignent certains
investisseurs.
«Le marché prône actuellement
l’aversion pour le risque, mais la baisse
des marchés d’actions reste normale.
On ne se trouve pas dans une phase de
correction comme du 5 juillet au 8 août
2011, où les actions européennes ont
perdu 35%», indique-t-il.
C’est une question de probabilité,
d’après lui. «Si les marchés baissent à
nouveau de 20%, cela conduirait à de la
déflation. Il est peu probable que les
banques centrales laissent un tel phé-
ÉVOLUTION DU S&P500, MOINS L’INFLATION
En points
50 Ratio cours/bénéfices
Risques à court terme
En points
Taux d’intérêt à long terme 20
40
16
30
12
20
8
10
4
10000
1000
100
10
0
0
1880
2012
1880
2012
Source: fuchsfin.com
nomène arriver sans réagir», estime le
gestionnaire. Lui voit une opportunité d’achat à court terme.
Autres
pays
18
États-unis
33
%
R.-Uni
Irlande
20
Luxembourg
20
Source: Eurotunnel
La volatilité des marchés d’actions
met à mal la gestion passive actuellement, d’après lui. «Nous ne sommes
pas dans un contexte de marché normal, où les actions montent sur le long
terme. Les marchés sont devenus trop
complexes pour pouvoir investir après
une baisse. Il faut donc procéder à une
gestion active», relève Sluys.
«Dans un monde où l’inflation persiste et où les taux réels sont négatifs,
aucune classe d’actifs n’est sans risque.
La performance à moyen terme vient de
la volatilité elle-même», souligne-t-il.
Sa société de gestion suit cette stratégie basée sur la volatilité. «Nous ne
prenons pas de risques sur les actions
individuelles. Plutôt que de subir la volatilité, nous essayons de l’exploiter.
Nous allons vendre des put (des options
jouant les marchés à la baisse, NDLR)
à moyen terme lorsque la volatilité est
élevée, et en acheter lorsque celle-ci est
basse. Cette stratégie fonctionne bien
dans des situations comme on observe
actuellement», indique-t-il. «Si le marché d’actions termine sur une performance nulle sur l’année, nous pouvons
obtenir un rendement entre 8 et10% par
an», explique-t-il. D’ici la fin septembre, sa société va par ailleurs lancer
un fonds SIF (réservé aux investisseurs nantis).
«Il faut toujours un certain temps pour
lancer un marché. L’aspect éducation et
pédagogie auprès des investisseurs est
très important», rappelle Marc Lefèvre, directeur du développement
commercial et des relations avec les
entreprises cotées en Europe chez
NYSE Euronext.
Faire connaître ce nouveau marché et séduire des entreprises prend
en effet beaucoup de temps, surtout
dans un environnement aussi
concurrentiel.
En outre, «le marché de Londres a
été lancé au cœur de la crise. Or attirer
des sociétés au cœur de la crise est
moins aisé qu’en période de forte croissance», reconnaît M. Lefèvre.
Séduire la City
Pour séduire les investisseurs anglais, Eurotunnel n’a pas hésité à traverser la Manche. © REUTERS
Deux ans après son installation à
Londres, NYSE Euronext y cote sa première société: ce sera Eurotunnel.
L’opérateur boursier transatlantique
NYSE Euronext va inaugurer, avec
l’exploitant du tunnel sous la
Manche Eurotunnel, son marché de
Londres, en venant concurrencer sur
son terrain la Bourse britannique
historique, le London Stock Exchange (LSE).
Eurotunnel sera «la première société à être admise à la négociation
sur NYSE Euronext Londres le 19 juillet 2012, suite au transfert de ses titres du London Stock Echange», indique mercredi l’opérateur boursier.
Eurotunnel reste en parallèle coté
normalement à la Bourse de Paris,
précise NYSE Euronext. L’inscription
des actions Eurotunnel sera annulée
le 20 juillet 2012 sur la Bourse de
Londres, ce qui signifie que ses actions seront cotées sur les deux plateformes concurrentes le temps
d’une journée.La création du marché londonien de NYSE Euronext
avait été annoncée en juillet 2010.
Le gestionnaire des Bourses de
Paris, New York, Amsterdam,
Bruxelles et Lisbonne vient ainsi
concurrencer frontalement la
Bourse de Londres, un des mastodontes financiers en Europe et dans
le monde.
Après avoir dévoilé son projet
londonien, il aura fallu deux ans
tout juste à NYSE Euronext pour attirer une première société.
A partir du 2 juillet, Rabobank
abaissera le taux de base de tous
ses comptes d’épargne à hauteur
de 0,2%. La banque n’hésite pas à
renvoyer ses clients vers d’autres
produits, comme la branche 21 et
les obligations d’entreprises.
Les gestionnaires
de fonds misent
sur la hausse
du prix du
lithium
L’échec de la
gestion passive
«Un certain temps»
France
Belgique
3
6
Rabobank
rabote ses taux
ÉPINGLÉ
PHILIPPE GALLOY
Euronext marche (enfin) sur les plates-bandes du LSE
STRUCTURE
DE L'ACTIONNARIAT
D’EUROTUNNEL
-0,2%
Pour les entreprises qui seraient tentées par une cotation à Londres, en
plus de leur ancrage national, l’intérêt est avant tout de renforcer leur
visibilité auprès des investisseurs internationaux et de favoriser
l’échange de leurs actions.
Eurotunnel est par exemple
membre de l’antichambre du CAC
40, le CAC Next 20. Or, une éventuelle entrée dans l’indice vedette
parisien est principalement conditionnée par la taille du capital flottant (capital négociable en Bourse)
et le nombre d’échanges enregistrés
sur les titres.)
aFP
C
omment tirer profit
de l’engouement pour
les tablettes numériques ou encore de
l’essor des voitures hybrides?
Plusieurs gestionnaires de
fonds ont trouvé la réponse: il
suffit d’investir dans le lithium,
ou du moins dans les sociétés
qui produisent ce métal. Le lithium est un élément indispensable pour confectionner des
batteries peu encombrantes, ce
qui est particulièrement utile
quand il s’agit de proposer des
outils informatiques légers ou
d’équiper des véhicules hybrides ou électriques dont on
essaie de réduire le poids. Si
bien que depuis l’an 2000, le
prix du lithium a triplé, indique un rapport de Dahlman
Rose, cité par l’agence Bloomberg. Cette société d’analyse
spécialisée dans ce secteur prévoit que la demande de lithium
devrait doubler d’ici 2020. Le
marché de ce métal alcalin atteint désormais un milliard de
dollars (790 millions d’euros)
par an. La production de lithium est aux mains d’un oligopole: quatre sociétés concentrent 95% de la production du
métal rare. Il s’agit de l’australien Talison Lithium, du chilien
Sociedad Quimica y Minera de
Chile (SQM), et des américains
Rockwoods Holdings et FMC
Corporation. Le géant minier
Rio Tinto pourrait se joindre au
cercle étroit des gros producteurs de lithium en exploitant
prochainement une mine en
Serbie. Le mois dernier, l’action
Talison Lithium a bondi de plus
de 20%. Les autres groupes sont
plus diversifiés. L’action SQM
présente un gain de plus de 2%
depuis début 2012, tandis que
Rockwood et FMC ont tout de
même pris environ 20% dans le
même laps de temps. Dahlman
estime que les principaux producteurs de lithium peuvent
augmenter leur production
pour suivre la demande mais ça
demandera du temps et de nouveaux moyens. La croissance attendue du secteur du lithium
aiguise déjà l’appétit des gestionnaires d’actifs. Blackrock a
déclaré qu’il réfléchissait à une
augmentation de son exposition au lithium. JPMorgan affirme également songer à investir dans ce marché. C’est l’application des batteries au lithium
dans l’automobile qui fait rêver
ces gestionnaires. «Cette industrie est comparable à celle des téléphones mobiles», déclare un vendeur de batteries. «Quand il démarrera, ce sera exponentiel.»