: DEP SPORTS AM : SAM-1 - Jean
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: DEP SPORTS AM : SAM-1 - Jean
Sports VOILE TRANSAT JACQUES-VABRE Dick : « On a pris des risques » Le skipper niçois, en tête de la course, est suivi comme un héros du côté de Virbac à Carros... D ans l’univers feutré de Virbac, l’espace de quelques instants, la magie du grand large s’est infiltrée. Hier, sur le coup de 12h30, une cinquantaine d’employés sont réunis dans la salle de visio-conférence de l’entreprise, située sur la 13e rue, à Carros, en face d’un cours d’eau (le Var) aux remous aussi dangereux qu’un océan, ces derniers jours. Bien au sec, l’assistance est religieusement suspendue à la connexion programmée avec Jean-Pierre Dick. « C’est une habitude à chaque course », glisse Emmanuelle, cadre de l’entreprise. « Mais l’on ressent toujours la même émotion. Jean-Pierre est très aimé, il est humain, sensible aux encouragements. On l’admire pour tout ce qu’il réalise ». Le skipper porte-drapeau de Virbac (produits pour la santé animale), dont le père fut le créateur de la société (son portrait orne le hall d’entrée) est en tête de la Transat Jacques-Vabre, avec son équipier Jérémie Beyou. Sur l’écran géant doit apparaître le visage du skipper, en direct. Jean-Pierre Dick, au beau milieu de l’Atlantique, est un utilisateur «Skype », comme un ami que vous joindriez depuis votre PC ou smart phone... Seul souci : si Jean-Pierre Dick a embarqué à bord une antenne satellite de 30 cm de diamètre, le débit n’est que de 256 Ko, comme celui de votre ordinateur il y a 15 ans. «Jean-Pierre aurait pu se doter d’une antenne plus grosse et plus lourde, pour un meilleur débit », explique Laurent Simon, de chez Virbac. « Mais pour gagner une course, les marins font la chasse aux kilos. Comme Le personnel de Virbac, suspendu au contact en direct avec le skipper en mer... (Photo F.P.) retour, cette fois. Le lien est rompu. Mais le mythe continue. Dick a eu le temps d’actionner quelques secondes la 2e caméra qui donne sur le pont : images impressionnantes des embruns déchaînés, sous un ciel de plomb. « Il est bien rasé » « Bonjour à tous», a lancé Jean-Pierre Dick depuis l’Atlantique. Jean-Pierre dit toujours, il préfère gagner à la fin que d’assurer des images parfaites ». « La bonne option » Donc, hier, alors que VirbacPaprec III tangue dangereusement sous un vent proche de 40 nœuds, à 2800 milles nautiques de l’arrivée à Puerto Limon (Costa Rica), la connexion est difficile. Mais à 12 h 36, rumeur dans la salle : Dick apparaît dans le cockpit du 60 pieds, casque vissé aux oreilles, et le son débarque à son tour. « Bonjour à tous », lance le leader niçois. Applaudisse- ments en retour... « Ça va bien, on est en tête, c’est déjà pas si mal ». Rires dans l’assistance. Puis, coupure sur la ligne. Écran noir. « Vous me voyez, là ?», interroge Dick, un brin tracassé. « On te voit », répond Simon, déjà satisfait de pouvoir dialoguer à nouveau. « On a sans doute pris la bonne option par le Nord », reprend JP. Dick. « Hugo Boss (Thomson) n’est pas loin. La bataille va être féroce. Avec lui, on a l’habitude. On espère que ça se terminera comme la dernière fois (Dick avait devancé Thom- (Photo Reuters) son lors de la Barcelona 2007) ». «On a traversé plusieurs dépressions, on a pris des risques, on est allés dans des zones où les autres ne voulaient pas aller », explique le skipper. «On a emprunté une route plus dangereuse, plus mouvementée, cela a payé. Certains ont cassé, comme Bernard Stamm et Vincent Riou. Espérons pour nous que ce sera un risque calculé... Jusqu’à Saint-Domingue, on a une vision relativement claire des conditions ». La connexion, elle, s’est brouillée de nouveau. Sans Simon donne alors le change en répondant aux questions de l’assistance. « L’alimentation ? Ces derniers jours, c’était difficile pour JeanPierre et Jérémie. Trop de vagues, impossible de faire chauffer l’eau pour les aliments lyophilisés. Ils ont surtout mangé des barres énergétiques. Le sommeil ? 4 heures maximum par 24 heures, 2 seulement par jour de tempête ». Les traits assez marqués de «JP » n’ont surpris personne. « Moi, je remarque que Jean-Pierre apparaît à l’écran toujours bien rasé, contrairement à Beyou !», lance une employée. « Euh, il est vrai que Jean-Pierre est très peu poilu », rappelle Simon, un brin sceptique. Il faut dire que la course, elle, se joue sur le fil du rasoir. FRANÇOIS PATURLE Dick accroît son avance Hier, au pointage de 17 heures, Dick-Beyou comptaient 18,8 milles d’avance sur Hugo Boss et 177,4 milles sur Banque Populaire.