Respirer à nouveau... - CHU de Liège
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Respirer à nouveau... - CHU de Liège
N° 25 é t é 2 0 0 8 Belgique - België P.P. - P.B. B - 018 Autorisation de fermeture B/018 Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège Respirer à nouveau... Asthme, BPCO et tabagisme Pharmacie clinique : un nouveau service Un projet pilote pour traiter les toxicomanes > page 7 > page 13 page 2 chuchotis > page 8 1 N° 25 é t é 2 0 0 8 sommaire éditorial En bref Nous en sommes déjà au 25e numéro de CHUchotis. Comme L’actualité du CHU de Liège en un coup d’œil : les chantiers du redéploiement multisite, les activités médico-scientifiques, les manifestations de solidarité et diverses autres nouvelles de l’hôpital. vous l’annonçait le Pr. Bonnet dans l’éditorial du n° 24, j’ai été désigné pour reprendre la direction du Conseil éditorial, suite au départ volontaire de Fernand Bonnet. Un hommage lui est rendu dans les pages qui suivent. La transition se fera dans la continuité et ceux qui ne prennent pas la peine de lire l’éditorial ne remarqueront aucune modification, ni dans le contenu, ni 5 dans la forme. Mais si vous souhaitez que cela change, faites-le Hommage 6 Hommage au Pr. Bonnet, directeur de la rédaction de CHUchotis, qui vient de passer le témoin au Pr. Bouffioux. Who’s who Présentation de deux nouveaux spécialistes en pédiatrie et du chef du nouveau service de pharmacie clinique. savoir (cf. infra). Le sujet principal de ce numéro est la pneumologie, vue sous plusieurs facettes : BPCO, asthme, tabagisme. On notera aussi l’abondance de l’actualité du CHU de Liège, qui témoigne de sa bonne santé, de son dynamisme, de la fécondité de ses projets. Au moment de finaliser ce numéro, un autre sujet d’actualité fait couler beaucoup d’encre : les sévères intempéries du 29 mai et les dégâts provoqués en région liégeoise. Le campus du Sart Tilman n’a pas été épargné. A l’hôpital, nous avons été confrontés à des infiltrations d’eau et à une inondation mo- 7 dérée dans les étages inférieurs, une situation abondamment Pharmacie Travaillant en collaboration directe avec l’équipe thérapeutique, le pharmacien clinicien participe, par ses compétences spécifiques, à l’optimisation de la qualité et de la sécurité des soins. évoquée par la presse. Les mesures préventives décidées très rapidement par la cellule de crise du plan d’urgence interne ont permis de maintenir à sa pleine capacité le fonctionnement de l’hôpital, en toute sécurité pour nos patients. Les groupes électrogènes, qui n’ont été activés que pendant une courte période, le temps d’évaluer la situation, ont parfaitement fonctionné. Seuls quelques dégâts mineurs sont à déplorer, heureu- 8 sement sans aucune incidence sur l’activité hospitalière. Dossier Pneumologie page 3 chuchotis 12 Tabagisme, pollution et allergènes se donnent le mot pour remplir les consultations de pneumologie. Comment améliorer la prévention et la prise en charge de ces pathologies invalidantes en nette augmentation dans les pays occidentaux ? Actualité Mais revenons à ce numéro de CHUchotis. Je vous en souhaite une excellente lecture et je sollicite votre collaboration : j’aimerais que vous me fassiez connaître tout sujet que vous aimeriez nous voir développer (actualités en médecine, problèmes médico-économiques, politique hospitalière, problèmes socio-économiques, relations entre l’hôpital et les praticiens extra-hospitaliers, etc.) et j’aimerais aussi que vous me disiez franchement ce que vous pensez de CHUchotis. Toute suggestion, tout commentaire sera pris en compte. Vous pouvez communiquer par mail : <[email protected]>. Au plaisir de vous lire, Pr. Christian Bouffioux Vacances. Comment éviter de revenir de voyage en compagnie d’un « passager clandestin » viral, bactérien ou parasitaire ? Toxicomanie. Un projet pilote de distribution médicalisée d’héroïne est sur le point de voir le jour à Liège. directeur médical directeur de la rédaction Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège éditeur responsable : P. Louis, Administrateur délégué du CHU (04 366 70 00), av. de l'Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège - Directeur de la rédaction : Pr. C. Bouffioux Conseil éditorial : A. Bodson, C. Bouffioux, J.P. Delporte, Q. Désiron, V. D’Orio, C. Faidherbe, D. Giet, J.M. Krzesinski, P. Louis, M. Malaise, G. Pierard Coordination, rédaction et réalisation : A. Pironet ([email protected], 0479 87 30 87) - Conception graphique : R. Gray - Photos : C. Ernotte et M. Mathys (CHU), J.-M. Clajot, National Geographic, Taxi. http://www.chuliege.be l’actualité du CHU 2 0 e ann E N iBvRe ErFs a i r e Coup d’œil sur Bruyères : la gériatrie déménage Dès la mi-juillet, les 30 lits gériatriques d’Esneux et les 30 lits gériatriques du Sart Tilman seront transférés aux Bruyères dans le tout nouveau service de gériatrie, inaugurant ainsi le bâtiment dont la construction a été entamée en 2006. Les patients bénéficieront de chambres spacieuses à un ou à deux lits, de plusieurs locaux d’évaluation fonctionnelle pluridisciplinaire, d’une salle de revalidation et d’un service social intégré au service hospitalier. Nous vous présenterons plus longuement dans notre prochain numéro l’organisation et les spécificités du nouveau service. Esneux : la revalidation en chantier nLe rez-de-chaussée accueillera les patients externes. Une nouvelle pis- cine leur sera réservée, de même que les différents locaux indispensables au travail de l’équipe de revalidation. nPlus grandes et plus confortables, les 27 chambres d’hospitalisation se- ront regroupées sur un seul plateau (au premier étage), pour des raisons de sécurité, d’ergonomie et d’économie fonctionnelle. Des salles de kinésithérapie, d’ergothérapie et de relaxation seront aménagées au même étage, ainsi qu’un accès aux appartements thérapeutiques et à la piscine de revalidation, qui sera rénovée. nUn deuxième étage, d’une superficie moins importante, sera construit pour accueillir les bureaux des logopèdes, des ergothérapeutes, des psychiatres et des neuropsychiatres. Enfin, une nouvelle piste extérieure de revalidation sera aménagée, de même qu’un ascenseur et une passerelle pour permettre aux patients en chaise roulante de rejoindre aisément le parking. Coût total des travaux : 10,7 millions d’euros, financés sur fonds propres par le CHU de Liège. La fin des travaux est prévue pour l’été 2010. Dans l’intervalle, le centre de revalidation a pris ses quartiers dans le deuxième bâtiment de l’hôpital d’Esneux, qui abrite, à rue, la polyclinique et, pendant quelques semaines encore, la gériatrie. Tout sera bien sûr mis en œuvre pour que le confort des patients hospitalisés et ambulatoires soit préservé pendant toute la durée du chantier. Bruyères : urgences flambant neuves Au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment des Bruyères, un plateau de 2 000 mètres carrés accueillera dès le mois d’octobre le service des urgences. Conçu pour répondre aux normes architecturales, fonctionnelles et techniques les plus récentes, ce plateau a également été pensé pour accueillir les patients dans des conditions accrues de sécurité, d’intimité et de confort psychologique. La programmation du nouveau service s’est doublée d’une optimisation en termes d’encadrement fonctionnel, de manière à privilégier la constitution d’équipes médicales permanentes. Cet important investissement répond, d’une part, à la nécessité de remettre à niveau un service qui n’est plus adapté aux besoins et s’inscrit, d’autre part, dans le développement aux Bruyères de la pédiatrie et de la gériatrie, deux disciplines dans lesquelles la majorité des hospitalisations s’opèrent via les urgences. Nous reviendrons sur ce sujet dans notre prochain numéro. page 1 chuchotis Dès le mois d’août débutera à l’hôpital d’Esneux une importante phase de travaux liée au plan de redéploiement multisite de l’activité médicale du CHU de Liège. L’ancien bâtiment sera totalement transformé pour donner naissance à un centre d’excellence en revalidation à la capacité d’hospitalisation doublée et doté d’une section réservée aux patients ambulatoires. Plusieurs priorités ont guidé la programmation du nouvel hôpital: améliorer la qualité de vie des patients qui séjournent au centre pour une longue durée, séparer les filières hospitalière et ambulatoire, favoriser la multidisciplinarité (une caractéristique essentielle de la revalidation fonctionnelle) et consacrer l’espace nécessaire aux équipements spécialisés et aux activités paramédicales. EN BREF Coup d’œil sur l’actualité du CHU ImagéSanté : affluence record La huitième édition du festival ImagéSanté, du 10 au 15 mars, a connu un réel succès. Plus de 6 000 visiteurs ont participé aux quatre journées du festival, tandis que 2 000 personnes ont profité du programme en soirée (conférences, projection en avant-première au cinéma Le Parc, etc.). Les retransmissions en direct d’interventions chirurgicales et médicales ont, cette fois encore, enregistré un nombre record de spectateurs. Pour la première fois, elles ont également été diffusées sur une web TV, accompagnées d’interviews. Au cours de la semaine, plus de 5 000 connexions à partir d’adresses IP différentes ont été comptabilisées. Parmi les deux cents films reçus par les organisateurs, près d’une centaine ont été projetés en compétition. Une soirée Best Of, le 6 octobre au cinéma Le Parc, vous permettra de découvrir les meilleurs films, primés par des jurys internationaux. Le palmarès de cette édition 2008 est consultable sur www. imagesante.be Ligne 28 page 2 chuchotis A partir du 1er septembre, une nouvelle ligne de bus reliera Fléron au domaine universitaire du Sart Tilman via Romsée, Bouny, Chaudfontaine, Ninane, Beaufays et Tilff. Des correspondances permettront de desservir également les communes d’Esneux, Poulseur, Comblain, Sprimont, Aywaille, Trooz, Soumagne, Herve et BeyneHeusay. Destinée principalement aux visiteurs du CHU, aux étudiants et au personnel de l’ULg, la ligne 28 permettra un gain de temps appréciable aux utilisateurs des transports en commun. Elle présentera également l’avantage de désengorger les lignes 48 et 58 qui desservent déjà le campus. Les bus circuleront de 7 à 19h, du lundi au vendredi, toutes les 60 minutes (30 minutes à l’heure de pointe pendant la période scolaire). Cycle for Life La cinquième édition de Cycle for Life du 22 juin, une balade à vélo ou à pied, est destinée à soutenir la recherche contre le cancer. La firme pharmaceutique Roche, promotrice de cette manifestation de solidarité, doublera le montant des 2 000 premières inscriptions et dotera en outre chacun des sept centres universitaires belges d’un montant de 5 000 euros destiné à soutenir un projet de recherche en oncologie. En 2007, le Cycle for Life a permis de réunir la somme de 138 830 euros. Renseignements et inscriptions : www.cycleforlife.be Jogging d’Esneux L’équipe du centre de revalidation du CHU de Liège organise le 23 août le jogging d’Esneux, manifestation sportive destinée à récolter des fonds pour améliorer la qualité du séjour des patients par des acquisitions extramédicales comme du matériel sportif adapté, des ordinateurs portables, une caméra pour filmer leurs progrès, etc. Au programme, une course pour les enfants, une course pour les non valides (en handbike), une course pour les valides (10 kilomètres) et un match de basket en fauteuil roulant avec la participation des Rollers Bulls, équipe de 1re division nationale. Renseignements : www.joggingesneux.be ou 043 80 91 52. Télévie 2008 Pour soutenir la recherche contre la leucémie et le cancer, les chercheurs et les étudiants de l’ULg et les membres du personnel du CHU de Liège ont organisé cette année encore un grand nombre de manifestations dans le cadre de l’opération Télévie, dont un petit déjeuner, un tournoi « trois raquettes » et un concert des étudiants et des médecins du CHU. Leur mobilisation a porté ses fruits : les deux institutions ont versé conjointement 61 200 euros au Télévie. EN BREF Anévrysmes La pédiatrie fusionne Les 19 et 20 septembre, Liège pourra se targuer d’héberger le plus grand nombre au monde de spécialistes des anévrysmes aortiques. Le service de chirurgie cardiovasculaire du CHU organise en effet un colloque international sur le sujet, en l’honneur de l’imminent départ à la retraite du Pr. Raymond Limet. Signe de la renommée du service, en particulier du Pr. Natzi Sakalihasan (à l’initiative du colloque), un panel exceptionnel d’orateurs a été réuni pour aborder sous toutes ses facettes la question des anévrysmes aortiques thoraciques et abdominaux, en insistant sur les progrès diagnostiques et les nouvelles options thérapeutiques et préventives. Renseignements et inscriptions : www.chuliege-imaa.be Depuis le 1er mars 2008, les services de pédiatrie hospitalière et de pédiatrie ambulatoire ont fusionné sous la direction du Pr. Guy Bricteux. Un an après l’inauguration des nouveaux locaux d’hospitalisation et de consultation aux Bruyères, cette fusion renforce les missions universitaires de la pédiatrie. L’expertise des équipes du CHU de Liège en matière de diagnostic, de traitement et d’épidémiologie de l’hypertension artérielle vient d’être saluée sur le plan européen par l’obtention du label « centre d’excellence » attribué par la Société européenne de l’hypertension. Cette reconnaissance consacre la collaboration entre un grand nombre de spécialistes de diverses disciplines : la néphrologie, l’endocrinologie, la chirurgie des glandes endocrines, la cardiologie, la cardiologie interventionnelle, la neurologie et l’imagerie médicale. Elle offre aux patients l’assurance d’une prise en charge optimale, quelle que soit la cause de l’hypertension artérielle dont ils sont atteints. En 2007, quelque 3 000 patients ont été adressés au CHU de Liège pour cette indication. Pr. Bricteux (secr.) : 04 367 94 09 ([email protected]) Pr. Bourguignon (secr.) : 04 366 72 47 ([email protected]) Elections nLe Pr. Philippe Gillet, chef du service de chirur- gie de l’appareil locomoteur, a été élu président du département de chirurgie. nLe Pr. Michel Malaise, chef du service de rhu- matologie, a été élu président du département de médecine. nEn sa séance du 20 mai, la Faculté de méde- cine a reconduit le Pr. Gustave Moonen, chef du service de neurologie, dans ses fonctions de doyen. Le Pr. Pierre Bonnet (urologie) est nommé vice-doyen et le Pr. Philippe Boxho (médecine légale) secrétaire de faculté. Beau triplé en endocrinologie Adrian Daly, assistant dans le service d’endocrinologie du Pr. Albert Beckers, a reçu coup sur coup trois prix récompensant les recherches menées au sein du service sur l’épidémiologie et la génétique des adénomes hypophysaires. La Société belge de médecine interne a décerné le prix du meilleur article pour l’année 2007 au texte que le Dr Daly a publié en tant que premier auteur dans The Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism (mai 2007). L’article en question a été distingué dans l’éditorial de ce numéro, sous la plume du Pr. Melmed, sommité internationale dans le domaine de l’hypophyse. Quelques jours plus tard, c’est la Société belge d’endocrinologie qui a décerné son prix annuel au Dr Daly, confirmant ainsi l’excellence des travaux réalisés en matière de caractérisation clinique et génétique des « FIPA » (Familial Isolated Pituitary Adenomas), un nouveau mode de transmission familiale d’adénome hypophysaire. Enfin, The Endocrine Society, basée aux Etats-Unis, vient de lui attribuer l’un des cinq prix qu’elle réserve aux post-doctorants pour l’année 2008 : l’Endocrine Scholars Award. page 3 chuchotis Centre d’excellence de l’hypertension Si, depuis le printemps 2007, les enfants sont hospitalisés sur le seul site des Bruyères (à l’exclusion de certaines pathologies nécessitant l’équipement technologique du Sart Tilman), les consultations conservent un caractère multisite. Les consultations de l’équipe du Pr. Jean-Pierre Bourguignon dans les domaines de la médecine de l’adolescent, des endocrinopathies, des troubles de la croissance et de la nutrition et du diabète de l’enfant et de l’adolescent se poursuivent tant à la polyclinique Brull qu’aux Bruyères, avec des spécificités propres à chaque site (par exemple des ateliers collectifs aux Bruyères pour enfants et adolescents obèses). EN BREF Coup d’œil sur l’actualité Synthèse 2008 Atteinte cérébrale Comme nous vous l’annoncions dans notre numéro précédent, c’est le samedi 11 octobre que se tiendra, au Sart Tilman, la troisième édition de « Synthèse », journée médico-scientifique organisée par le CHU de Liège à l’intention des professionnels de la santé de la région liégeoise. Le thème retenu cette année est le rôle du CHU dans la coopération médico-technologique : quels progrès pour nos patients ? Le premier volet abordera la coopération entre la médecine et les sciences de la vie (douleurs postopératoires, stress oxydant, thérapie cellulaire, autisme) ; le second touchera aux sciences de l’ingénieur (monitoring de l’inflammation dans l’asthme, toxicologie environnementale, implant dentaire, IRM interventionnelle) ; le troisième volet approchera les « frontières de la médecine » (transport héliporté, Formule 1, vérités diagnostiques). Inscription gratuite. Renseignements : Anja Volders ([email protected]). Le CHU de Liège a piloté durant trois ans un projet européen visant à évaluer les difficultés de la vie quotidienne chez les patients présentant une atteinte cérébrale. La réunion de clôture s’est tenue le 18 mars à la polyclinique Brull. Financé par un programme Euregio Meuse-Rhin, le projet Profinteg est né d’une collaboration entre le centre de la mémoire du CHU de Liège (Pr. Salmon), le projet come-back d’Eupen et le département de neuropsychiatrie et du grand âge de l’Université de Maastricht. Les équipes ont développé des échelles d’anamnèse concernant de nombreuses activités quotidiennes, pour évaluer le degré et le type des difficultés rencontrées par les patients et décider d’un programme de réadaptation sur mesure. Originalité du projet, une grille d’analyse a été développée pour observer le déroulement d’une activité donnée dans les conditions réelles, au domicile ou sur le lieu de travail du patient. Les échelles et les grilles sont utilisables, par exemple, pour des patients présentant un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral ou une maladie neurodégénérative. Cancer : les priorités Pour élaborer son « Plan national cancer », la ministre de la santé Laurette Onkelinx s’est notamment rendue au CHU de Liège le 14 février dernier, à la rencontre du Pr. Georges Fillet, chef du service d’hématologie clinique et d’oncologie médicale, du Pr. Philippe Coucke, chef du service de radiothérapie, et du Pr. Vincent Castronovo, directeur du laboratoire de recherche sur les métastases (ULgGIGA). Son objectif : établir la liste des priorités, de manière à utiliser au mieux les ressources disponibles (380 millions d’euros à dégager du budget des soins de santé, entre 2008 et 2010). page 4 chuchotis du CHU De cette réunion de travail ont émergé quelques-unes des 32 mesures proposées par la ministre, par exemple améliorer le remboursement des traitements anticancéreux et de certains coûts annexes ; accélérer la mise à disposition des nouveaux médicaments ; financer les banques de sang de cordon et les unités de thérapie cellulaire ; étudier la faisabilité de la création d’un centre d’hadronthérapie* en Belgique ; soutenir la radiothérapie et l’imagerie médicale oncologiques ; mettre en place des « trajets de soins » pour les patients cancéreux, sur la base de guidelines et de manuels élaborés par un Collège d’oncologie ; reconnaître le titre d’infirmière en oncologie, de manière à lutter contre une pénurie de personnel préjudiciable aux patients ; améliorer le soutien psychologique et psychosocial par le financement d’équipes adaptées ; favoriser la recherche translationnelle (pont entre les médecins cliniciens et les chercheurs de laboratoire) afin de faire bénéficier le plus vite possible les patients des découvertes scientifiques ; soutenir le registre national du cancer. Prévention et dépistage, soins et traitements, soutien à la recherche, tels sont les trois axes de la stratégie élaborée par Laurette Onkelinx pour fédérer les différents niveaux de pouvoir et les acteurs directs de la lutte contre le cancer. * Radiothérapie par flux d’ions, entraînant moins d’effets secondaires. Standard champion Le Dr Jean-Yves Reginster (médecine de l’appareil locomoteur) et le Dr Christophe Daniel (chirurgie de l’appareil locomoteur) ont été nommés citoyens d’honneur de la Ville de Liège, en hommage à la collaboration fructueuse entre le CHU de Liège et le Standard. Le premier préside la commission médicale du club champion de Belgique, le second est médecin titulaire de l’équipe A. HOMMAGE Fernand Bonnet passage de témoin Fernand Bonnet, toujours bon pied bon œil pour ses presque 78 printemps, a été le premier médecin-chef du CHU de Liège et le premier directeur du Conseil éditorial de CHUchotis. Après de brillantes études de médecine à l’ULg, Fernand Bonnet effectua une spécialisation en pédiatrie à Bavière, sous la direction du Pr. Lambrechts. Quoi de plus normal, pour un pédiatre, que d’avoir de nombreux enfants ? Avec Micheline De Rudder, son épouse ophtalmologue, ils en conçurent huit. Ils eurent la chance qu’ils fassent de belles études et qu’ils leur donnent plus de 20 petits-enfants. Dès 1957, alors qu’il était toujours assistant en formation en pédiatrie, Fernand Bonnet fut nommé responsable du Centre liégeois de traitement de la poliomyélite, une maladie qui, malheureusement, faisait à l’époque de terribles ravages dans notre pays. Après sa reconnaissance de spécialiste en pédiatrie, il continua à s’occuper de cette affection qui allait heureusement s’éteindre, grâce à la vaccination, et il créa l’asbl « Revivre chez soi », plus connue comme Centre des Murlais, pour les handicapés respiratoires. Agrégé de l’enseignement supérieur en 1974, il poursuivit sa Il participa également au développement de l’Ecole de santé publique de l’Université de Liège, dont il présida le Conseil des études. Chargé de cours puis professeur extraordinaire, il enseigna la réglementation et la gestion hospitalière à des infirmiers et infirmières appelés à devenir, pour beaucoup, cadres médicaux ou administratifs dans de nombreuses institutions hospitalières en Belgique et à l’étranger. Membre de nombreux conseils et commissions, parmi lesquels on peut épingler le Conseil provincial de l’Ordre des médecins de la Province de Liège (1991-1997 et 2000-2006) et le Conseil supérieur d’agréation des médecins spécialistes et généralistes, Fernand Bonnet est la mémoire vivante des premiers pas du CHU de Liège. Il en a connu toutes les étapes et toutes les difficultés initiales, tant politiques que financières. Il avait l’habitude de consigner des notes et disposait ainsi d’une mine d’anecdotes et de souvenirs amusants ou tragiques, qui ont accompagné la conception, la naissance, les pre- miers pas chancelants et l’amorce de redressement du CHU de Liège. C’est donc tout naturellement qu’à l’occasion du dixième anniversaire du CHU, l’administrateur délégué de l’époque, G. Bovy, lui a demandé de rédiger un ouvrage sur l’histoire du jeune hôpital (De l’Hospice de la Miséricorde au CHU du Sart Tilman, F. Bonnet, 1997). Cet ouvrage eut une suite : à l’occasion du vingtième anniversaire, P. Louis demanda à F. Bonnet de remettre le couvert (Le CHU de Liège a vingt ans, F. Bonnet, 2007). Par C. Bouffioux Directeur médical 04 366 70 05 christian.bouffioux @chu.ulg.ac.be Lors de la création de CHUchotis en 2000, F. Bonnet avait accepté, alors qu’il était déjà à la retraite depuis quelques années, d’assurer la direction du Conseil éditorial. Il s’est acquitté de cette tâche avec dévouement et constance, faisant bénéficier l’équipe de sa longue expérience de la maison. Fernand a décidé qu’il était temps de passer le témoin. Votre serviteur, qui lui avait succédé à la direction médicale en 1995, reprend aujourd’hui la direction du Conseil éditorial de CHUchotis. Puisse-t-il faire aussi bien que son prédécesseur… A près de soixante-dix-huit ans (ça fait plus jeune que 78), Fernand Bonnet va pouvoir se consacrer plus largement à ses hobbies, et il le mérite bien : papy et baby sitter, jardinier à Stoumont, sans oublier sa passion pour les canards… J’ai envie de reprendre les paroles de la chanson de Hugues Aufray : « Adieu Monsieur le Professeur, on ne vous oubliera jamais… » page 5 chuchotis carrière médico-universitaire pédiatrique jusque 1979. C’est alors, à 49 ans, qu’il effectua un virage complet dans son orientation : il fut nommé médecin directeur de l’hôpital universitaire de Liège, en construction. Avec quelques collaborateurs et collaboratrices, il conçut la programmation du futur hôpital et organisa la mise en conformité des services et le déménagement progressif de Bavière vers le Sart Tilman entre 1985 et 1987. WHO’S WHO Who’s who ? Dr Oreste Battisti Le Dr Oreste Battisti est docteur en médecine (1976) et pédiatre (1980) de l’Université de Louvain. Il rejoindra dès le mois d’octobre le service de pédiatrie du CHU de Liège, dirigé par le Pr. Guy Bricteux. Oreste Battisti est spécialisé en médecine néonatale et en soins intensifs. Il a développé une expertise en écho-Doppler, en électrophysiologie, en neurologie et en neuropsychologie de l’enfant. Il a plus particulièrement étudié les troubles de l’attachement, psychosomatiques, de la nutrition et du sommeil chez les nouveau-nés. En matière de recherche clinique, son intérêt se porte essentiellement sur l’atteinte du cerveau chez les prématurés et sur le traitement de l’infirmité motrice cérébrale. Le Dr Battisti a notamment exercé à Louvain, Charleroi, Londres, Nancy et Liège (Rocourt) et est maître de stage en 2e et 3e cycles à l’ULg et à l’UCL. Pédiatrie – secrétariat : 04 367 94 09 ([email protected]) Pr. Vincent Ramaekers Docteur en médecine de l’Université d’Utrecht (1979) et spécialiste en pédiatrie de l’Université d’Amsterdam (1984), Vincent Ramaekers a parfait sa formation en neuropédiatrie à Londres, Leuven et Aachen, où il a dirigé le secteur de neuropédiatrie jusqu’en 2007. Professeur de pédiatrie et de neurologie de l’enfant à l’Université d’Aachen, Vincent Ramaekers a, il y a un an, accepté la direction du centre de référence de l’autisme de Liège. Il est aujourd’hui intégré à plein temps dans l’équipe du service de pédiatrie du CHU de Liège (dirigé par le Pr. Guy Bricteux), où il développe la consultation de neuropédiatrie parallèlement à ses responsabilités au centre de l’autisme. Son domaine de recherche principal concerne les maladies métaboliques d’origine génétique. Pédiatrie – secrétariat : 04 367 94 09 – [email protected] page 6 chuchotis Pr. Thierry Van Hees En 2002, Thierry Van Hees acquiert à l’Université de Liège le titre de docteur en sciences pharmaceutiques. Sa thèse de doctorat, portant sur le domaine de la technologie pharmaceutique, l’oriente dans un premier temps vers l’industrie pharmaceutique mais son souhait d’œuvrer plus directement au service des patients, dans un contexte pluridisciplinaire, l’incite à entreprendre un DES en pharmacie hospitalière (ULg, 2006). Il rejoint alors, fin 2006, la pharmacie du CHU de Liège. Nommé chargé de cours à l’Université de Liège en janvier 2008, Thierry Van Hees vient d’être désigné à la tête du service hospitalo-universitaire de pharmacie clinique nouvellement créé au CHU, un champ d’expertise encore peu exploré en Belgique mais qui suscite un intérêt croissant (voir article en page 7). Lauréat du Fonds Léon Frédéricq, il est aujourd’hui en mission de formation à l’Hôpital royal Victoria (organisée par la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal) pour y acquérir des connaissances complémentaires en vue d’intensifier le développement de la pharmacie clinique tant au niveau de la pratique au sein des équipes soignantes qu’au niveau de l’enseignement et de la recherche scientifique. Pharmacie clinique 04 366 75 22 [email protected] pharmacie pharmac i e L’essor de la clinique Travaillant en collaboration directe avec l’équipe thérapeutique, le pharmacien clinicien participe, par ses compétences spécifiques, à l’optimisation de la qualité et de la sécurité des soins. La pharmacie clinique, née dans les années 60 aux USA, connaît maintenant un essor très significatif dans de nombreux pays. Elle se définit comme une discipline visant à optimaliser l’efficacité du médicament, à minimaliser ses effets indésirables et à promouvoir son utilisation économique, tant au niveau individuel qu’au niveau sociétal. A ce concept s’associe celui de soins pharmaceutiques ou de suivi pharmaceutique, traductions admises mais imparfaites des termes anglo-saxons pharmaceutical care, définis par Hepler et Strand (1990) comme la dispensation responsable de thérapies, en vue d’atteindre des objectifs thérapeutiques définis qui améliorent la qualité de vie du patient. Très concrètement, pour atteindre ces objectifs, le pharmacien clinicien est présent dans l’unité de soins, s’intègre à l’équipe thérapeutique, cherche à identifier tout problème avéré ou potentiel lié aux médications prescrites ou administrées, à proposer une solution ou à prévenir le problème, préalablement objectivé et documenté. Le pharmacien clinicien ne prend pas de décision thérapeutique, il travaille en collaboration et en proximité directe avec le médecin, l’infirmière, le malade auxquels il apporte son aide, ses remarques, ses propositions argumentées ou ses conseils. Au service du malade Pourquoi, tant d’années après les USA, le Canada ou la Grande Bretagne, la pharmacie clinique suscite-t-elle un tel intérêt dans notre pays ? Les arguments sont multiples. D’abord, elle apparaît de plus en plus comme est une évolution inéluctable de la profession pharmaceutique, envers laquelle nos jeunes diplômés manifestent un engouement considérable car ils y voient une plus grande reconnaissance et une meilleure exploitation de leurs compétences spécifiques, complémentaires à celles du médecin et mises plus directement au service du malade. Des publications de plus en plus nombreuses dans des revues médicales de renom démontrent que les activités des pharmaciens cliniciens apportent une valeur ajoutée non seulement en termes d’utilisation de ressources (réduction des coûts d’hospitalisation), mais aussi de qualité et de sécurité des soins. Plusieurs études américaines dé- montrent une relation significative entre le développement de ces activités et la réduction de mortalité dans les hôpitaux. D’autres arguments peuvent être avancés : la complexité des thérapies, leur application à une population vieillissante, très souvent, voire anormalement polymédiquée ; les exigences au niveau de la reconnaissance de centres spécialisés (oncologie, douleur, etc.) ou de groupes fonctionnels (gestion de l’antibiothérapie) au sein des hôpitaux ; l’évolution actuelle du mode de financement par pathologie et la nécessité subséquente de mieux prendre en compte les rapports coût-efficacité ou risques-bénéfices des stratégies thérapeutiques ; l’optimalisation des moyens informatiques qui sont mis à la disposition des médecins en vue de les assister dans leur prise de décision sur les traitements les plus appropriés ; le numerus clausus qui limite la présence des médecins dans les unités de soins. Tout cela renforce la nécessité d’intégrer plus avant le pharmacien au sein d’équipes soignantes pluridisciplinaires. Nous ne doutons pas que par sa motivation, son enthousiasme et ses compétences, le Pr. Thierry Van Hees pourra insuffler au service hospitalo-universitaire de pharmacie clinique nouvellement créé toute l’énergie et la créativité indispensables à son développement, tant au niveau des applications pratiques que de l’enseignement et de la recherche clinique et ce, au plus grand bénéfice des patients. Par le Pr. JeanPierre Delporte pharmacien en chef honoraire, chargé de cours à l’ULg [email protected] page 7 chuchotis En janvier et février derniers les conseils d’administration de l’Université de Liège et du CHU de Liège ont approuvé successivement l’un, la création d’un secteur de pharmacie clinique au sein du département de pharmacie de l’ULg, l’autre, la création d’un service hospitalo-universitaire de pharmacie clinique au CHU, la direction de ces services étant confiée à notre collègue, le Pr. Thierry Van Hees, actuellement en mission de formation à Montréal. Ces décisions, prises en parfaite concertation, soulignent l’importance qu’accordent les autorités de nos deux institutions à cette nouvelle orientation de la profession pharmaceutique ainsi que leur volonté de contribuer à son développement. D O SSIE R A couper le souffle Tabagisme, pollution et allergènes se donnent le mot pour remplir les consultations de pneumologie. Comment améliorer la prévention et la prise en charge de ces pathologies invalidantes en nette augmentation dans les pays occidentaux ? Parmi les maladies liées à notre mode de vie, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) occupe une bien triste place : près de 90 % des malades sont des fumeurs (ou des anciens fumeurs). La BPCO sous diagnostiquée page 8 chuchotis Dans les pays occidentaux, un quart de la population de plus de 40 ans souffre de BPCO. Une proportion alarmante, surtout lorsqu’on sait que bon nombre de malades s’adaptent tellement bien à la détérioration insidieuse de leur capacité respiratoire qu’ils ignorent être malades ! Lorsqu’ils se décident enfin à consulter, leur fonction pulmonaire est réduite à moins de 50 %... et le handicap n’est que partiellement réversible. A lire nA paraître dans la Revue médicale de Liège : Corhay J.-L., Nguyen Dang D., Schees P., Salamun I., Bury T., Pirnay F., Louis R., « La réhabilitation pulmonaire dans la BPCO ». « Un dépistage systématique est indispensable pour prévenir l’insuffisance respiratoire, surtout chez les fumeurs de plus de 40 ans », insiste le Pr. Renaud Louis, chef du service de pneumologie. « Lorsqu’ils mènent une vie relativement sédentaire, les patients se rendent compte beaucoup trop tard que quelque chose ne va pas. Il ne faut pas attendre qu’ils se plaignent pour leur proposer de passer un test simple de spirométrie. » L’évaluation de la fonction respiratoire devrait donc trouver sa place en médecine préventive au même titre que la mesure de la tension et du taux de cholestérol. Un cours universitaire de spirométrie a d’ailleurs été ouvert cette année à l’ULg. Une trentaine d’étudiants de 4e doc y côtoient presque autant de généralistes désireux de se former à cette technique de dépistage qui leur est désormais accessible. L’immense majorité des BPCO étant due au tabagisme, la mesure préventive s’impose d’ellemême : il faut cesser de fumer ! « L’intérêt d’un dépistage précoce chez les quadragénaires réside dans la prise de conscience par les patients d’un fait évident, mais ô combien difficile à accepter : si vous continuez à fumer, vous serez en insuffisance respiratoire à 60 ans », poursuit Renaud Louis. Le tableau s’assombrit encore lorsqu’on ajoute que le risque de cancer du poumon est accru chez les patients atteints de BPCO. Un handicap très invalidant Lorsqu’on n’est plus capable de monter un escalier ni même de marcher quelques mètres sans être à bout de souffle, lorsqu’on doit en permanence garder sous la main une bouteille d’oxygène, la qualité de vie en prend en sérieux coup. Pour retrouver une certaine autonomie, les patients du centre de revalidation pulmonaire du CHU de Liège travaillent sous surveillance médicale étroite leur performance physique à l’effort. Pendant six mois, ils se rendent plusieurs fois par semaine dans P n e u m o l o g i e D O SSIE R > Un constat approuvé par Pierre Schees, kinésithérapeute en chef responsable du centre : « Nos patients sont capables de marcher plus longtemps. Ils peuvent à nouveau préparer un repas, aller boire un café en ville et même faire quelques courses ou retourner pêcher. Ils ont besoin de moins de médicaments. » Une émulation positive se crée lors des séances collectives d’entraînement. Cet esprit de camaraderie est en partie responsable du taux élevé de sevrage tabagique à inscrire au palmarès de l’équipe. Un travail d’équipe En Belgique, seuls quatre centres pilotes bénéficient, depuis 2000, d’une convention Inami pour la revalidation pulmonaire. Pour être inclus dans cette convention, les patients doivent répondre à l’un des deux critères suivants : un volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) inférieur à 50 % des valeurs prédites et/ou une diffusion du monoxyde de carbone à travers la paroi pulmonaire (DLCO) inférieure à 50 %. Ils sont majoritairement atteints de BPCO, mais peuvent aussi souffrir d’une maladie génétique, d’un cancer, d’un asthme chronique ou même être candidats à une greffe pulmonaire. Les patients du centre de revalidation pulmonaire bénéficient d’une prise en charge pluridisciplinaire. Pneumologues, kinésithérapeutes, ergothérapeute, diététicien, psychologue et assistant social associent leurs compétences pour proposer, en plus des exercices de réadaptation fonctionnelle, un suivi médical rapproché et une éducation des patients. Il est par exemple conseillé à certains patients de prendre du poids, la maigreur typique des patients BPCO représentant un facteur de risque supplémentaire. L’organisation des déplacements vers le centre de revalidation est prise en charge par l’assistant social, de même qu’une série de Pr. R. Louis Chef du service de pneumologie 04 366 78 81 [email protected] Pr. F. Pirnay Responsable de la revalidation pulmonaire 04 366 78 81 formalités liées au handicap (aide à domicile, obtention d’une carte de parking, d’allocations, etc.). Dr J.-L. Corhay Chef de clinique en pneumologie 04 366 78 81 [email protected] Gare aux pollens et autres allergènes Depuis un peu moins de deux ans, le Dr Vincent Piette tient une consultation d’allergologie tous les jeudis sur le site du Sart Tilman. Les patients de ce pneumologue-allergologue formé à Montpellier sont le plus souvent référés par ses confrères des services de pneumologie, d’infectiologie, de gastro-entérologie, de dermatologie ou d’ORL. C’est que si les rhinites allergiques, qui touchent 20 % de la population, présentent des symptômes aisément identifiables, ce n’est pas toujours le cas des allergies alimentaires ou médicamenteuses. Une anamnèse fouillée et des tests cutanés supplémentaires et/ou des tests de provocation spécifiques sont souvent nécessaires pour poser un diagnostic précis. Après une augmentation très nette de l’incidence de ces pathologies – augmentation attribuée en partie aux progrès du dépistage et en partie à une mosaïque de facteurs liés à notre mode de vie – il semble qu’un plafond soit depuis peu atteint dans certains pays occidentaux. Une constatation encore à confirmer par les études épidémiologiques. Dr V. Piette Pneumologue allergologue 04 366 78 81 page 9 chuchotis la salle de sport aménagée tout spécialement pour eux au complexe sportif du Blanc Gravier, au Sart Tilman. Objectif : renforcer la musculature respiratoire mais aussi la musculature des jambes et des bras pour tirer le meilleur parti possible de la capacité pulmonaire préservée. « Dans ce domaine, contrairement à la revalidation cardiaque, ce qui est perdu est perdu », explique le Pr. Freddy Pirnay, le pneumologue à l’origine de la création du centre. « Heureusement, nos résultats démontrent que la revalidation pulmonaire permet d’améliorer la dyspnée, la capacité à l’effort et la qualité de vie des patients. Une prise en charge pluridisciplinaire et régulière réduit le nombre des épisodes d’exacerbation et, par conséquent, le nombre d’hospitalisations. » D O SSIE R La clinique de l’asthme Maladie très fréquente dans les pays occidentaux (5 % de la population), l’asthme est deux fois sur trois consécutif à une allergie. Cette proportion s’élève à neuf fois sur dix chez les enfants. Caractérisé par une variabilité de la fonction respiratoire au cours du temps, l’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes associée à une hyperréactivité bronchique. Elle débute souvent dès l’enfance mais peut aussi se développer chez des adultes. Son diagnostic n’est pas toujours aisé, car ses symptômes sont banals et partagés par d’autres pathologies respiratoires. Si les traitements ne permettent pas d’en guérir, ils se révèlent très efficaces s’ils sont régulièrement adaptés. Pourtant, les enquêtes montrent que le contrôle de la maladie est insuffisant. L’asthme tue encore aujourd’hui. En cause, bien souvent, un manque d’information : les patients ne connaissent pas suffisamment leur maladie ni les moyens de la gérer. page 1 0 chuchotis Un suivi régulier « Les nouvelles stratégies d’ajustement du traitement sont basées, d’une part, sur la responsabilisation du patient et, d’autre part, sur l’analyse fine des paramètres respiratoires », explique le Pr. Renaud Louis, chef du service de pneumologie et spécialiste de l’asthme. « Le patient doit apprendre à réagir plus rapidement à une modification de son état, sans hésiter à passer un coup de fil à son médecin. Un suivi très régulier, si nécessaire en dehors des horaires classiques de la consultation, permet d’adapter rapidement le traitement et d’éviter certaines hospitalisations en urgence. Les asthmes légers à modérés devraient être suivis par le médecin généraliste, pour autant que celui-ci réalise régulièrement une mesure fonctionnelle respiratoire. Les asthmes sévères nécessitant le recours occasionnel aux corticostéroïdes oraux et a fortiori ceux ayant imposé une hospitalisation devraient en outre être revus par le médecin spécialiste. » Les ajustements thérapeutiques sont en effet très fréquents lorsque les cas sont complexes. Ils sont réalisés sur la base d’évaluations fines qui demandent une expertise aiguë, notamment via trois tests qui sont peu pratiqués en dehors des centres universitaires : la mesure de la cytologie des expectorations, qui permet de mesurer le degré de l’inflammation bronchique ; la mesure du taux de monoxyde d’azote exhalé, d’autant plus élevé que l’asthme est mal contrôlé ; et la mesure de la réactivité bronchique. laboratoire de cytologie pour, d’une part, fournir au patient une information adaptée sur la maladie et ses traitements et, d’autre part, mettre à la disposition des généralistes une unité d’exploration pour les cas difficiles. Depuis 2003, la clinique de l’asthme du CHU de Liège est l’un des quatre principaux centres belges pour l’administration d’un nouveau traitement de l’asthme allergique sévère. Une quinzaine de patients reçoivent toutes les deux semaines une injection d’anticorps monoclonal anti-IgE (omalizumab ou Xolair®), avec une évaluation à 16 semaines et à un an. Les premiers résultats sont globalement positifs : la corticothérapie est réduite, la fréquence des exacerbations également et la qualité de vie est améliorée. Traitements novateurs Au CHU de Liège, une clinique de l’asthme a vu le jour en 2006. Deux pneumologues, une data nurse et une psychologue travaillent en collaboration avec un A lire nR. Louis, « L’asthme en 2007 : diagnostic, mise au point et traitement », Tempo médical, février 2007, 7-21. P n e u m o l o g i e D O SSIE R > No smoking Un fumeur sur deux décède d’une pathologie liée au tabagisme. La médecine préventive a donc dans ce domaine un rôle essentiel à jouer. Le centre d’aide aux fumeurs (CAF) du CHU de Liège renforce ses consultations d’aide au sevrage tabagique. En Belgique, le tabac est la plus importante cause de décès évitable. C’est bien ce qui motive le Dr Eric Englebert, médecin généraliste fléronnais, très engagé dans l’aide au sevrage tabagique : « Arrêter de fumer représente la mesure préventive la plus efficace dans un grand nombre de pathologies. Si certains fumeurs y arrivent seuls, beaucoup d’entre eux gagnent à être aidés et suivis de près par leur généraliste, par un tabacologue, voire par toute une équipe de soutien comme celle que proposent les centres d’aide aux fumeurs. Et ça marche. » Depuis un peu plus d’un an, le Dr Englebert tient une fois par semaine, dans le cadre du service de pneumologie du CHU, une consultation de tabacologie dédoublée au Sart Tilman et aux Bruyères. Engagé dans un premier temps pour assister les membres du personnel désireux de cesser de fumer, il a peu à peu élargi ses activités pour accueillir de nombreux patients référés par leur médecin traitant, leur pneumologue ou leur cardiologue. Cadre spécifique Comme l’explique le Dr Englebert, les consultations d’aide au sevrage tabagique sont souvent longues, très longues même. Elles débordent du cadre classique de la médecine générale, pour se rapprocher des consultations de type « psy ». « C’est la raison pour laquelle nombre de médecins préfèrent déléguer à des confrères le suivi des fumeurs, par manque de temps, par manque d’intérêt ou encore en raison d’une trop grande proximité avec leurs patients – selon le même principe qui veut qu’un psychologue ne reçoive pas en thérapie un de ses proches. » A la fois généraliste, tabacologue et formé en hypnose et thérapie éricksoniennes, le Dr Englebert propose à ses patients, au cas par cas, un large éventail de techniques d’aide au sevrage, depuis les prescriptions médicales jusqu’à l’hypnose. « Je fournis au patient un cadre exclusivement consacré au tabac, à l’exclusion de toute autre plainte », précise-t-il. « La motivation étant essentielle pour la réussite du sevrage, il s’agit d’éviter que le patient n’aborde le sujet qu’entre deux portes, au détour d’une consultation pour un autre problème. » Equipe pluridisciplinaire L’expertise du service de pneumologie en matière d’aide aux fumeurs a principalement été développée par son ancien chef de service, le Pr. Pierre Bartsch, sommité en la matière, qui participe toujours aux activités du CAF en tant que consultant. Son successeur, le Pr. Renaud Louis, se réjouit de l’intérêt de plusieurs membres de son équipe pour cet aspect fondamental de la médecine préventive, le tabagisme étant le facteur clé de pathologies aussi graves que le cancer du poumon, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et l’asthme réfractaire. « Plusieurs infirmières de pneumologie s’investissent dans cette problématique, dont Marina Libertiaux, qui a suivi une formation en tabacologie », précise-t-il. Le service de pneumologie bénéficie en outre des compétences d’une psychologue spécialisée dans ce domaine, Muriel Delvaux, qui tient des consultations régulières ouvertes tant aux patients extérieurs qu’aux membres du personnel de l’hôpital. Marina Libertiaux et Muriel Delvaux ont d’ailleurs mené voici quelques mois une enquête au sein de l’hôpital, relative au respect de l’interdiction de fumer et à l’utilité de l’arrêté royal. Du côté des travailleurs, l’interdiction de fumer a été globalement bien accueillie. 60 % des personnes ayant répondu à l’enquête estiment que leur qualité de vie au travail s’est améliorée depuis la mise en application de la loi. Parmi les fumeurs réguliers, 24 % ont réduit leur consommation et 6 % ont réussi un sevrage complet. Du côté de la patientèle, une grande majorité (90 %) estime qu’il est normal d’interdire de fumer dans un hôpital, tant pour le personnel que pour les patients. 55 % des fumeurs réguliers se sont montrés intéressés par une aide au sevrage durant leur hospitalisation. A lire nM. Delvaux, A.-M. Etienne, P. Bartsch, R. Louis, « L’aide à l’arrêt du tabagisme : une nécessité », Revue médicale de Liège, 2005, 60 : 11 : 863-866. nM. Delvaux, A.-M. Etienne, J.-F. Gaillard, P. Bartsch, R. Louis, « L’aide à l’arrêt du tabagisme : la réussite au long terme. Aspects psychologiques et pharmacologiques », Revue médicale de Liège, 2006, 61 : 1 : 27-30. Dr E. Englebert Tabacologue (pneumologie) 04 366 78 81 M. Delvaux Psychologue (pneumologie) 04 366 78 81 muriel.delvaux @ulg.ac.be M. Libertiaux Infirmière (pneumologie) 04 366 73 04 page 1 1 chuchotis Smoking / A C T U A L IT é Maladies sans frontières En cette période estivale, nombreux sont ceux qui rêvent de destinations exotiques. Quelques-uns en reviennent parfois en compagnie de l’un ou l’autre « passager clandestin » viral, bactérien ou parasitaire. miques à l’œuvre aux quatre coins du monde, les infectiologues de la clinique des voyageurs prodiguent des conseils hygiéno-diététiques et prescrivent les vaccins (fièvre jaune, encéphalite japonaise, méningite, etc.) et les médicaments prophylactiques nécessaires. Ils tiennent également compte de l’état de santé général des patients, certaines destinations étant déconseillées lorsqu’on est atteint de pathologies sous-jacentes. Dr Philippe Léonard Maladies infectieuses et médecine interne générale 04 366 72 35 philippe.leonard @chu.ulg.ac.be Ouverte au CHU de Liège il y a huit ans, la clinique de la médecine des voyageurs connaît un succès grandissant (de 401 à 1 126 consultations en trois ans). Ses activités comprennent deux volets principaux. Le premier est préventif : de nombreux risques peuvent être prévenus par des précautions appropriées à la destination, à la saison et aux conditions de voyage. Le second est diagnostique et thérapeutique : provoquées par des agents méconnus en Europe, les pathologies exotiques exigent souvent l’intervention de médecins spécialisés dans ce domaine en constante évolution. page 1 2 chuchotis Avant et après le voyage De l’homme d’affaires au vacancier, de l’expatrié au long cours à la personne d’origine étrangère qui rend visite à la famille restée au pays, du retraité qui s’offre un beau voyage au bambin qui accompagne ses parents, les patients reçus en consultation de prévention présentent des profils très variés. Avec leur connaissance régulièrement actualisée de la situation sanitaire et des risques endé- Lorsque des symptômes comme de la fièvre, de la diarrhée ou des problèmes cutanés se déclarent au retour du voyage, les patients sont souvent référés à la clinique par leur médecin traitant. D’autres voyageurs sont référés par les médecins des centres de réfugiés. Enfin, des patients d’un « troisième type » se rencontrent également, même s’ils sont largement minoritaires : eux n’ont pas été à la rencontre des maladies exotiques, ce sont leurs vecteurs qui sont venus à eux ! Ils se retrouvent atteints d’une maladie inhabituelle dans nos contrées sans avoir quitté le sol belge. On l’a vu en Italie notamment, avec le virus chikungunya ramené par un voyageur et transmis aux moustiques locaux, les maladies respectent de moins en moins les frontières humaines. Conjugué aux phénomènes de la mondialisation, le réchauffement climatique provoque en effet l’apparition – ou la recrudescence – dans nos régions de diverses bestioles comme des moustiques (dont les larves sont introduites en Europe par... le trafic de pneus), les campagnols roussâtres ou les tiques (deux espèces qui apprécient particulièrement la douceur actuelle de nos hivers). De nouveaux risques ? Risque-t-on de connaître à l’avenir une recrudescence du paludisme, de la tuberculose, de l’hantavirose, de la maladie de Lyme ou de l’encéphalite à tique ? Sans compter les bactéries friandes de chaleur et d’humidité (salmonelloses, choléra et autres réjouissances)... « Les risques sont faibles », estime le Dr Philippe Léonard, responsable de la clinique de la médecine des voyageurs. « Mais ils existent. Le paludisme, par exemple, a existé en Belgique jusque dans les années 1950. On l’appelait “fièvre des Polders”. Certains de nos moustiques, s’ils étaient contaminés par une personne malade, pourraient donc à nouveau transmettre l’infection. L’influence des modifications climatiques sur les maladies infectieuses a d’ores et déjà été démontrée dans différents pays. En Belgique, des études sur l’évolution des espèces de moustiques sont en cours à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers. » L’expérience des spécialistes de la clinique de la médecine de voyageurs est à votre disposition. Une permanence téléphonique est assurée du lundi au vendredi, de 9 à 17h (04 366 72 35, bip 733). A lire nClimate change and human health: present and future risks. A.J. McMichael, R. Woodruff, S. Hales. Lancet 2006 ; 367:859-869. A C T U A L IT é Toxicomanie : expérience pilote Un projet pilote de distribution médicalisée d’héroïne est sur le point de voir le jour à Liège. Un projet longuement mûri Ce concept n’est pas neuf : le projet est né il y a une dizaine d’années à la demande des acteurs de terrain et avec, au départ, une visée nationale. Ses promoteurs envisageaient de lancer simultanément l’expérience pilote dans les trois régions du pays. La frilosité de Bruxelles et de la Flandre face à ce sujet ô combien sensible a retardé son exécution. En fin de compte, seule la région liégeoise a entamé le processus, grâce au large consensus qui s’est établi entre les autorités politiques, le Parquet et l’Ordre des médecins (en raison aussi, sans doute, de la proximité avec Maastricht et du climat d’insécurité engendré par la présence importante de toxicomanes au centre ville). Si l’expérience est concluante, cette modalité de prise en charge pourrait par la suite être développée dans d’autres villes. Une étude européenne de 2004 indique que 27 % des 5 340 héroïnomanes de l’arrondissement de Liège ne sont pas traités. Une situation comparable à celle des Pays-Bas, où 30 % des patients échappent aux structures de soins de santé. Deux cents patients pendant un an Deux cents patients seront sélectionnés et répartis en deux groupes de manière randomisée. Le premier groupe bénéficiera pendant un an de la distribution médicalisée d’héroïne, moyennant un passage quotidien au centre de délivrance, des évaluations régulières et le respect de règles strictes, tandis que le groupe témoin recevra un traitement de substitution à la méthadone dans d’autres institutions d’aide ou de soins. Les patients inclus dans l’étude devront être Belges ou résidents légaux et domiciliés dans l’arrondissement de Liège depuis au moins un an. Ils devront accepter un suivi psychosocial dans l’un des centres partenaires. Responsable du centre de délivrance, la Ville de Liège en a confié la gestion à une association réunissant la Province et plusieurs hôpitaux : le CHR de la Citadelle, le CHC Saint-Joseph, le Centre hospitalier psychiatrique et le Bois de l’Abbaye. Le CHU de Liège, qui ne peut être à la fois juge et partie, ne s’est pas joint à cette association. C’est en effet son service universitaire de psychiatrie et psychologie médicale, dirigé par le Pr. Marc Ansseau, qui est chargé d’assurer l’évaluation du projet, en collaboration avec le service de criminologie de l’Université de Liège (Pr. André Lemaître). Bilans médicaux et psychologiques, analyses toxicologiques et recueils d’informations auprès du Parquet représenteront le gros de cette évaluation destinée à établir le rapport coûts / bénéfices de la délivrance médicalisée d’héroïne. Pr. Marc Ansseau Psychiatrie et psychologie médicale 04 366 79 60 marc.ansseau @chu.ulg.ac.be page 1 3 chuchotis Destiné au « noyau dur » des patients toxicomanes dont la dépendance résiste aux traitements actuels, ce projet se base sur les résultats favorables d’expériences similaires menées en Suisse, aux Pays-Bas et en Allemagne, qui ont permis d’obtenir un effet positif sur la santé somatique et mentale des patients, ainsi qu’une diminution des activités criminelles et des comportements à risque. La délivrance médicalisée d’héroïne (ou diacétylmorphine) vise à améliorer l’état physique, psychologique et social des patients afin de faciliter leur réinsertion et leur prise en charge par d’autres méthodes.