Capitalisation de l`expérience CEF de la Fédération - Inter

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Capitalisation de l`expérience CEF de la Fédération - Inter
Capitalisation de l’expérience CEF
de la Fédération nationale des
groupements Naam - FNGN
Octobre 2012
Cette fiche a été rédigée par Gifty NARH GUIELLA de l’Agence Corade en partenariat avec
les équipes de la FNGN, d’AFDI et d’Inter-réseaux Développement Rural.
SOMMAIRE
1.
La FNGN, une organisation qui concilie culture, economie et ecologie............................1
2.
Itinéraire du CEF à la FNGN .............................................................................................1
3.
Profil actuel du dispositif CEF à la FNGN .........................................................................5
3.1. Organisation et structures impliquées dans le CEF.......................................................5
3.2. Profil des adhérents au CEF..........................................................................................5
3.3. Méthodes et outils de conseil ........................................................................................7
3.4. Gouvernance et coordination du dispositif CEF ..........................................................10
3.4.1. Mécanismes internes de gouvernance et de coordination....................................10
3.4.2. Mécanismes de coordination avec les partenaires ...............................................10
3.5. Le financement du conseil de gestion .........................................................................11
4.
Réflexions prospectives sur la durabilité et le changement d’échelle du CDG ...............12
4.1. Gouvernance et coordination des dispositifs de conseil agricole aux niveaux régional
et national ...........................................................................................................................12
4.1.1. Autres dispositifs et mécanismes de coordination ................................................12
4.1.2. Perspectives d’évolution des modes de coordination ...........................................12
4.2. Gouvernance et coordination du dispositif CEF au niveau de la FNGN ......................13
4.2.1. Liens fonctionnels entre le CEF et les autres services de la FNGN .....................13
4.3. Financement des dispositifs CEF ................................................................................14
4.3.1. Perspectives d’évolution du financement du dispositif CEF a la FNGN................14
4.3.2. Perspectives d’évolution du financement du conseil à l’échelle nationale ............14
4.4. Mobilisation et formation des compétences.................................................................14
4.5. Evolution des méthodes et des outils du CEF .............................................................15
5.
Changement d’échelle et durabilité des dispositifs de CEF ............................................16
Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
1. LA FNGN, UNE ORGANISATION QUI CONCILIE CULTURE, ECONOMIE ET
ECOLOGIE
Les Groupement Naam actuels initiés par Bernard Lédéa OUEDRAOGO sont une
transformation qualitative d’une association traditionnelle communautaire de jeunes : le
« Kombi-Naam ». Les Naam sont regroupés au sein d’une de la Fédération Nationale des
Groupements Naam (FNGN).
Créée au cours de la première décennie après les indépendances, en 1967, la FNGN est
l’une des organisations paysanne les plus anciennes du Burkina Faso. Elle compte plus de
650 000 membres individuels dans 5260 Groupements répartis dans 90 Unions. Elle est
présente dans 30 Provinces et plus de 1800 Villages au Burkina Faso. La FNGN a une
structure pyramidale composée de 4 niveaux :
- Les groupements : au niveau village avec un comité de gestion 5 membres pour chaque
groupement et un bureau de coordination pour l’ensemble des groupements du village.
- Les unions : regroupent l’ensemble des groupements de plusieurs villages avec un
bureau exécutif de 12 membres (6 femmes et 6 hommes) et un comité d’animation
technique (CAT).
- Les inter-unions : regroupement de plusieurs unions d’une même province ou de deux
provinces voisines selon la configuration géo-culturelle. Elle est coordonnée par un
bureau de 4 membres.
- La Fédération : au niveau national, l’ensemble des Unions des groupements Naam
forment la Fédération Nationale des Groupements Naam. La FNGN est gérée par un
Conseil d’Administration et un Bureau Exécutif de 12 membres dont 6 femmes
L’action de la Fédération qui repose sur la philosophie « Développer sans abimer », s’inscrit
dans l’appui à un processus de développement conçu, voulu et réalisé par une communauté
ou un groupe social dans le respect de l’environnement humain et physique. La méthode
d’intervention consiste à d’accompagner des groupes sociaux sur la base de ce qu’ils sont
(leur nature), ce qu’ils savent (leur savoir), Ce qu’ils vivent (leur culture) et ce qu’ils savent
faire (les technologies qu’ils maîtrisent)
La Fédération dispose de 14 unités d’Appui qui accompagnent le développement de volets
économiques : l’unité Basneré (savonnerie, tissage, transformation des fruits et légumes,
menuiserie bois et métallique, séchage), la Centrale d’Approvisionnement et d’Activités
Commerciales (CAAC), le Réseau des Baoré-Tradition et d’Epargne et Crédit (RBTEC), la
Radio « La Voix du Paysan »,le Réseau des Greniers de Sécurité Alimentaire (RGSA),l’Unité d’Appui Agro Economique (UAAE), l’unité d’appui hydraulique CES/AGF
(Conservation des Eaux et du Sol et de l’Agro-foresterie etc.
2. ITINERAIRE DU CEF A LA FNGN
Le Conseil à l’Exploitation Familiale (CEF), initialement Conseil de Gestion a été introduit à
la FNGN en 1992 avec une quarantaine d’adhérents. Le développement de ce dispositif à la
FNGN a connu quatre grandes phases.
1995 -1996 : La mise en place du dispositif de Conseil de Gestion
En 1988, la FNGN bénéficie d’un financement de son partenaire AFDI PdL pour la
construction d’un barrage dans la commune de Koumbri. La réalisation de cette
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
infrastructure favorise le démarrage d’activités de maraîchage au profit d’une vingtaine de
producteurs issus des villages de Ninigui, Mènè et Watinoma.
L’activité de maraîchage s’étend progressivement et touche, en1994, une centaine de
producteurs. Ces derniers se trouvent assez vite confrontés à des difficultés qui entravent le
développement de leur activité. Il s’agit notamment de la mévente de certains produits
comme le chou et l’oignon, la faible maîtrise des techniques de production maraîchère et la
faible maîtrise des coûts de production.
Pour lever ces contraintes, la FNGN et AFDI PdL engagent une réflexion commune qui
aboutit à la décision de mettre en place le service de Conseil de Gestion. Le dispositif de
conseil se met en place avec deux agronomes et deux assistants en gestion.
Pour lancer l’activité de conseil, une formation en techniques de gestion administrative et
financière d’un périmètre maraicher est organisée en 1995 au profit de 60 producteurs. Des
fiches de collecte de données sont élaborées pour établir les coûts de production et
déterminer le niveau des producteurs dans la maîtrise des techniques maraîchères.
Ce travail de collecte est suivi de façon effective par 40 producteurs du site de Ninigui dans
la province du Yatenga. Ils constitueront les premiers adhérents au Conseil de Gestion. La
collecte de données est suivie d’une restitution individuelle et collective (sous la demande
des adhérents du site) des résultats d’analyse et de commentaires sur la gestion.
Les résultats de la campagne sont présentés lors de l’assemblée générale du Comité
d’animation commerciale, une des unités d’appui de la FNGN chargée de la mise en marché
des produits maraîchers et de l’approvisionnement en intrants. La présentation est appuyée
par des témoignages des adhérents. Les effets probants de cette première opération de
conseil de gestion suscitent l’intérêt de nombreux producteurs pour ce service.
1997-2000 : Déploiement du CDG et institutionnalisation du dispositif au sein de la
FNGN
L’engouement suscité par les premiers résultats du CEF entraîne une forte augmentation
des adhésions. De 1997 à 2000, le CEF s’étend sur 9 provinces dans 6 régions et touche
245 adhérents issus de 13 unions Naam.
Le dispositif de conseil passe de 4 conseillers en 1998 à 12 conseillers en 1998. Les
compétences des conseillers sont renforcées en traitement, analyse et restitution des
données.
Le premier Bilan de Fin de Campagne (BFC) est organisé pour la campagne 98/99. Cet
atelier de 2 à 3 jours est un rendez-vous de partage et d’échange sur des thématiques du
moment en lien avec la campagne agricole ou le monde agricole. Aussi les résultats de
toutes les cultures suivies dans le cadre du CEF sont présentées en plénière pour une
participation active des participants. Par la suite un référentiel technico-économique par
culture est élaboré et des restitutions collectives sont réalisées à la demande des groupes de
producteurs sur les sites.
Un organe, dénommé le Cadre d’Orientation du Conseil de Gestion (COCdG), est mis en
place en 2000 pour le pilotage du dispositif de conseil. Il est constitué de producteurs
représentants les différents sites de déploiement du CEF Ce Comité instaure des frais
d’adhésion de 500FCFA et augmente la participation financière des adhérents au CEF à
hauteur de 2000FCFA/adhérent/an en vue d’impliquer davantage le producteur adhérent
dans la gestion et le suivi des activités CEF et poser les bases de la durabilité du dispositif.
2001-2006 : Développement des méthodes et outils et ralentissement de la
progression du CEF
L’élargissement de la zone de couverture et l’augmentation du nombre d’adhérents induisent
des difficultés chez les conseillers à assurer un suivi rapproché de tous les adhérents.
L’instauration des cotisations annuelles et la qualité insatisfaisante du service de conseil
provoquent la défection de nombreux adhérents. Le nombre d’adhérents baisse de façon
significative en passant de 245 producteurs en 2000 à 153 adhérents en 2001, soit une
baisse d’environ 40%.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Pour améliorer l’efficacité du dispositif, trois unions défaillantes sont délestées, le nombre de
provinces couvertes est réduite de 9 à 8 et le nombre de régions de 6 à 5. Ces ajustements
contribuent à améliorer la qualité du service ce qui permet d’arrêter les désertions, voire de
relancer les adhésions. Le nombre d’adhérents croit, en effet, légèrement de 153 en 2001 à
175 adhérents en 2002 soit une augmentation d’environ 15%.
En 2000, un programme quadriennal soutenu par la Coopération suisse, AFDI Pays de la
Loire, Oxfam Intermon, CISV (Communita Impegno Servizio Volontariato), Nouvelle
planète et Oxfam Belgique est mis en place. Il permet de prendre en compte dans le CdG les
cultures hivernales (Niébé, mil, arachide, coton, sorgho) et l’élevage notamment l’aviculture
avec un groupement de 10 éleveurs dans l’union Naam de Boussé et l’embouche bovine
avec un groupement de 15 éleveurs à Arbinda. Avant le renouvellement en 2004, des
difficultés financières contraignent la FNGN à réduire le nombre de conseillers de 9 à 7
personnes.
La fin du programme quadriennal en 2004 donne lieu à la signature de la première
convention entre la FNGN et l’AFDI PdL. Cette convention fixe à 70 le portefeuille
d’adhérents suivis par conseiller pour étendre le CEF à davantage de producteurs.
Les années 2000 sont riches en innovations au niveau des méthodes et outils de conseil.
L’équipe réussit à mettre en place une méthode de mesure des intrants et de la production.
Elle lance la construction d’outils de prévision de campagne. Une base de données est mise
en place en 2004. Elle permet d’enregistrer des données individuelles de tous les
producteurs adhérents sur l’ensemble des sites CEF de la FNGN. Un cahier de données et
des résultats de l’exploitation est confectionné. Il intègre plusieurs outils de conseil et permet
d’enregistrer des données sur plusieurs années. Des modifications significatives sont
introduites dans la conduite du bilan de fin de campagne pour améliorer l’efficacité de cet
exercice. L’accent est désormais mis sur des « cultures focus » et une thématique est
choisie pour faire l’objet d’une présentation suivie de d’échanges.
En 2001, la FNGN participe, aux côtés d’autres organisations du Burkina, à un atelier sur le
CEF à Bohicon au Bénin. Suite à cette rencontre, l’organisation s’implique dans des
réflexions pour la mise en place d’un Réseau devant regrouper les organisations paysannes
intervenant dans le conseil aux producteurs. Le Réseau Gestion est ainsi créé en 2002. La
FNGN est l’une des OP fondatrices de ce Réseau.
Les organisations membres de ce regroupement décident d’harmoniser la terminologie du
conseil et d’œuvrer au passage à l’échelle des dispositifs comme recommandé à Bohicon.
Le concept « Conseil de Gestion (CdG) est remplacé par celui de "Conseil à l’Exploitations
familiale (CEF) ». Ce changement devait se traduire par des apports nouveaux comme la
prise en compte de la prévision de campagne.
Le bureau du COCdG est renouvelé en 2004 avec la rédaction d’un règlement intérieur qui
fixe le paiement des frais d’adhésion au CEF à 500 FCFA et augmente la contribution
financière des adhérents de 2000 FCFA à 3000 FCFA. Par ailleurs, la Cellule Agro
Economique (CAE) qui constitue l’organe technique du dispositif CEF devient l’Unité d’Appui
Agro Economique (UAAE) à l’instar de toutes les 14 cellules de la FNGN devenus unités
d’appui.
2007-2009 : Redynamisation du CEF et renforcement de l’ancrage institutionnel du
dispositif
L’application de la décision d’attribuer un portefeuille de 70 producteurs au minimum par
conseiller contribue à accroître le nombre d’adhérents. En 2007, le CEF touche environ 480
producteurs.
Les conseillers intègrent dans les méthodes de conseil des restitutions collectives des
résultats de campagnes à l’aide d’un tableau synoptique des résultats par site et d’un code
par producteur. Au BFC, les producteurs sont désormais organisés par centres d’intérêts
pour la présentation des résultats et les discussions. L’équipe procède aussi à la révision de
quelques outils notamment la base des données et le cahier de l’adhérent pour faciliter leur
usage.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Pour mieux coordonner le pilotage du CEF, la Fédération avec son partenaire AFDI PdL à la
fin de la 1ème convention, conviennent ensemble d’instituer à partir de la 2ème Convention
FNGN/AFDI PdL 2009/2012, en 2009 une instance d’orientation, de recadrage et de suivi
des activités de l’UAAE avec un regard sur le CEF dénommée « Comité Programme ».Cette
instance réunit, tous les 6 mois, des représentants du Bureau exécutif de la Fédération, les
présidents d’unions, des conseillers, les producteurs adhérents au CEF, le COCdG et AFDI
PdL.
En 2008, la FNGN et son partenaire AFDI PdL signent la troisième convention de partenariat
qui s’étend de 2009 à 2012.
2010-2012 : Réflexions sur les orientations stratégiques du CEF au sein de la
Fédération
Une réflexion est lancée par la Fédération à travers les rencontres des COCdG sur
l’amélioration de l’efficacité des conseillers. L’idée d’intégrer dans le dispositif de conseil des
animateurs maraîchers issus des unions est proposée. Et cette idée figure dans le plan
d’action stratégique du CEF à la FNGN.
Pour davantage adapter le conseil aux besoins des adhérents, l’équipe technique met en
place un mécanisme de segmentation des services à quatre niveaux :
NIVEAUX
SERVICES
Niveau 1
(Animation et
formation de
groupe pendant 2
campagnes
agricoles)
Niveau 2
(Animation et
formation de
groupe pendant
aussi 2
campagnes
agricoles)
Niveau 3
(Animation et
formation de
groupe,
individuelles avec
suivi individuel
Niveau 4
(Animation,
formation et
suivi
individuel)
appui sur la
demande
Le nombre d’adhérents continue de progresser grâce à l’introduction des animations de
groupes et l’adhésion de 2 nouveaux groupes et touche 603 producteurs dans18 unions. Dix
(10) provinces sont couvertes dans sept (07) régions. Grâce au programme Food Facility
financé par l’Union européenne, le dispositif de conseil intègre 120 producteurs semenciers
lors de la première année du projet.
Au cours de la même année 2010, les activités sont renforcées avec l’intégration des
animations thématiques de groupes promues dans le cadre du projet FISONG avec le
Réseau Gestion. L’équipe technique s’investit dans l’amélioration des modules d’animation
et de formation.
La préparation de la troisième convention FNGN-AFDI lance une phase de réflexion sur les
orientations stratégiques du dispositif CEF au sein de la FNGN qui a abouti aux propositions
suivantes :
- L’extension du service CEF à 1500 adhérents dans 25 unions Naam de la FNGN,
- L’évolution du rôle du conseiller en gestion qui devient conseiller agricole en vue de
renforcer la dimension agronomique du conseil,
- Le renforcement du dispositif de conseil avec l’intégration du maillon des animateurs
endogènes CEF ; il est prévu, à ce titre, le recrutement de 25 animateurs CEF pour les 25
unions.
Le bureau du COCdG (Président, Secrétaire, Trésorier et la chargée des questions
féminines) est renouvelé en 2012. Le nouveau conseil aura en charge de faire valider ces
décisions par le bureau exécutif et d’implémenter les nouvelles orientations.
4
Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
3. PROFIL ACTUEL DU DISPOSITIF CEF A LA FNGN
3.1. Organisation et structures impliquées dans le CEF
Dans le contexte du Burkina Faso, le CEF est mis en œuvre et soutenu par des
organisations de producteurs, des services de l’Etat en charge du développement rural, des
institutions internationales, des organisations non gouvernementales et des structures
privées.
Tableau 1 : Autres structures intervenant dans l'appui conseil aux producteurs
Structures/
Type
Fonctions
Organisations
d’appui
SERVICES ETATIQUES
Les agents des services Ponctu
Appui/conseil, vulgarisation
en charge du monde rural el/
indirect
INERA
Indirect Recherche
ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS ET RESEAUX OP
FNGN (faitière)
Direct
Défend les intérêts des adhérents
Réseau
gestion
et Direct
formation sur les TIC, appui la conception des
organisations membres
modules et outils, échanges entre OP sur le CEF,
appui à l’organisation du BFC, appui aux réflexions
stratégiques
AFDI
Direct
finance tout le fonctionnement du CEF
finance les formations et les réflexions stratégiques
travers le projet FISONG
ORGANISATIONS INTERNATIONALES
Union européenne
Ponctu
Aménagement des périmètres maraichers, formation
el
des semenciers, fonctionnement de 4 conseillers
Intervient au niveau du nord.
SOS Sahel International
Direct
Aménagement des périmètres, construction de
magasins pour le warrantage et formation en
technique de production, organisation de voyages
d’échanges sur le warrantage. Intervient au niveau
du sud du pays
ORGANISATIONS DE MICRO-CREDIT
Caisse populaire, BTEC
Indirect Octroi de crédits aux adhérents, Formations sur la
gestion du crédit
STRUCTURES PRIVEES DE CONSEIL ET FORMATION
Corade
Indirect Formations
3.2. Profil des adhérents au CEF
La FNGN développe la démarche CEF en faveur de six cent trois (603) producteurs sur
vingt-trois (23) sites au sein de dix-huit (18) Unions Naam qui constituent sept (7) interunions. Au niveau national, cette approche est menée dans 7 Régions et dix (10) provinces.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
N°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
T
Site de
production
Pobé Mengao
Titao
Ninigui
Ingaré
Barga
Kaïn
Tougzagué
Gouyalé
Bangassogo
Gourcy
Boussou
Bagaré
Yako
Koubri
Benvar
Saala
Tovor
Kimidougou
Sakaby
Dogona
Niangoloko
Ouangolodougou
Noumousso
23
Tableau 2 : Zones d'intervention du CEF
Adhérents
InterUnion
Unions Naam
10/11
Naam
43
Pobé Mengao
Titao
65
Titao
35
Ninigui
62
Thiou
41
Barga
Somiaga
30
Kaïn
12
Ouahigouya
14
Kiembara
20
22
Gourcy
Gourcy
25
Boussou
Yako
20
Bagaré
07
Yako
40
Boussouma
Boussé
25
Dissin
Dissin
15
Zambo/Tovor
25
12
Kimidougou
07
Bobo
17
Bobo
13
Ton
30
23
603
18
7
Région/Province
Sahel / Soum
Nord / Loroum
Nord/Yatenga
Boucle
du
Mouhoun/Sourou
Nord/Zondoma
Nord / Passoré
Centre/Kadiogo
Sud-Ouest/Ioba
Ouest/Houët
Cascades/Comoé
Carte : Visualisation du déploiement géographique du CEF
6
7 / 10
Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Les adhérents sont majoritairement des producteurs mixtes c'est-à-dire à la fois maraîchers
(pomme de terre, tomate, oignon consommation et semence, chou, …) et producteurs de
céréales (mais, sorgho, mil, niébé consommation, niébé semence, riz). Plus de la moitié des
adhérents est non alphabétisée. La taille moyenne des exploitations varie de 0,25ha à 2 ha
pour les cultures hivernales et de 100m² à 1000m² pour les cultures maraîchères.
L’adhésion au CEF est volontaire. Elle est conditionnée par les exigences suivantes :
- Etre un chef d’exploitation et membre d’une union,
- Etre à jour des cotisations au sein de son groupement de base,
- Accepter de payer les frais d’adhésion de 500 FCFA et 3000 FCFA/an,
- S’engager à respecter le règlement intérieur du COCdG.
- La carte ci-dessous permet de visualiser le déploiement géographique du CEF.
3.3. Méthodes et outils de conseil
La FNGN pratique le conseil technico-économique dans une démarche de conseil de
groupes et individuels. Cette démarche de groupe consiste en l’organisation de restitutions
collectives, des visites d’échanges entre producteurs d’un même site et des animations
thématiques. Les modules dispensés lors des animations de groupes sont :
- La gestion du grenier,
- Le CEF, mon outil de travail,
- La prévision et planification de la campagne,
- L’amortissement,
- Pourquoi et comment remplir les outils du CEF ?
Les conseillers animent généralement les sessions en duo en vue de mutualiser leurs
compétences.
La démarche individuelle est aussi pratiquée et elle consiste pour le conseiller à rendre visite
au producteur dans son exploitation ou à domicile pour lui restituer les résultats de son
exploitation et l’accompagner dans les réflexions, ou pour échanger sur un sujet qui
intéresse l’adhérent (projet d’exploitation, le marché, les intrants, …) en vue d’une prise de
décision pour l’orientation de son activité de production.
Certes, adapter le conseil à chaque paysan est nécessaire pour l’amener à prendre
conscience de ses atouts, ses insuffisances et opérer le changement de comportement
nécessaire au progrès souhaité. Toutefois, cela exige plus de ressources humaines et
financières que la Fédération ne peut mobiliser sur le court ou le moyen terme.
Les visites au sein de l’exploitation et les échanges entre paysans occupent par contre une
place prépondérante dans les méthodes de conseil de la FNGN car ils permettent
d’accélérer l’adoption par le producteur de bonnes pratiques agricoles.
Plusieurs outils sont utilisés par les conseillers et les adhérents dans le cadre du conseil.
Tableau 3 : Outils du CEF
Outils utilisés
Outils utilisés
par les adhérents
par le conseiller et l'UAAE
Cahier de collecte des données Module sur la gestion des greniers
et de résultats a fiche de Module sur la prévision de campagne
prévision de trésorerie
La fiche d’identification de l’adhérent
La fiche récapitulative de l’itinéraire technique de
production par culture
La fiche de synthèse et de répartition des charges de
structures
La feuille de résultats
Le fichier des adhérents.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Le cycle de conseil est fonction du type de culture, hivernale ou maraîchère comme illustré
dans le schéma ci-après.
Graphique 1 : Cycle de conseil « cultures hivernales »
Mars
Avril
Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Jan. Fév. Mars
Avril
Mai
Récupération,
Restitution
vérification des
individuelle
cahiers
Sensibilisation Collecte des données
Formation
sur
les
outils
CDG
Calcul,
préanalyse
Restitution
collective
Vérification,
Bilan Fin
correction,
Campagne
enregistrement
Suivi/appui conseil
Graphique 2 : Cycle de conseil « cultures maraîchères »
Sept.
Oct. Nov. Déc. Jan. Fév. Mars Avr. Mai
Sensibilisation
Formation sur
les outils CDG
Suivi/appui conseil
Collecte
données
Juin
des
Récupération,
vérification
des
cahiers
Calcul,
préanalyse
Vérification,
correction,
enregistrement
Restitution
individuelle
Juil. AoûtSept. Oct.
Nov.
Restitution
collective
Bilan Fin
Campagne
Tableau 4 : Les étapes du cycle de conseil
Sensibilisation Par les conseillers en CEF avec l’appui du membre du COCdG et de
l’UAAE. La séance de sensibilisation a pour but de faire connaître le CEF,
faire comprendre les enjeux et l’intérêt du CEF, et susciter des adhésions
sur les sites. Cette activité concerne tous les producteurs des
groupements et unions du même site (adhérents ou non) et toutes
personnes intéressées par le CEF.
Formation sur Elle est faite sur les sites par le conseiller avec l’appui de l’UAAE. Cette
les outils CDG formation s’adresse aux adhérents (nouveaux et anciens) au CEF et leurs
relais (le relais est un membre de la famille de l’adhérent, alphabétisé ou
scolarisé qui remplit les données de l’exploitation pour l’adhérent.
Au cours de la formation, les outils CEF sont présentés et expliqués. Des
exercices d’application sont faits pour apprécier l’acquisition des
connaissances par les adhérents.
La collecte des données consiste au remplissage des cahiers et est faite
Collecte des
par l’adhérent ou son relais en langue nationale ou en français.
données
Le suivi appui conseil est fait principalement par le conseiller et l’UAAE.
Suivi/appui
Cela se déroule sous forme de visites individuelles et collectives sur les
conseil
exploitations.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Cette activité est menée par le conseiller avec l’appui du membre du
COCdG.
Le conseiller fixe une date de passage sur le site de concert avec les
adhérents et procède à la récupération et la vérification individuelle des
cahiers.
Le conseiller procède au
calcul des paramètres techniques et
Calcul, prééconomiques qui vont lui permettre de remplir la fiche de résultats et de
analyse
procéder à la pré-analyse.
Faite par l’UAAE et le conseiller pour préparer la restitution individuelle à
Vérification,
l’adhérent. Le conseiller et l’UAAE procèdent à l’enregistrement
correction,
enregistrement informatique des données, vérifient et corrigent les calculs et les analyses
du commentaire de gestion.
Elle se fait sur le site par le conseiller appuyé éventuellement par l’UAAE.
Restitution
C’est l’étape de la remise à l’adhérent de ses résultats et de discutions
individuelle
avec lui sur les résultats et du dégagement des pistes d’amélioration.
Cela pour permettre à l’adhérent de prendre des décisions sur son
exploitation.
La restitution collective se fait à la demande des adhérents du site. Elle
Restitution
permet aux producteurs de connaitre les performances techniques sur
collective
leur site et de se comparer entre eux. Cela permet de susciter des
échanges entre producteurs sur des thèmes techniques et économiques.
Cette restitution est faite par le conseiller et l’UAAE à travers une
présentation des résultats du site sous forme de graphiques par culture,
analysés et commentés. Des comparaisons sont faites avec les résultats
du site sur les dernières campagnes. Des temps d’échanges sont
organisés entre producteurs.
Participent à ces restitutions les adhérents, les membres de l’union.
Le bilan fin de campagne marque l’aboutissement et fait la synthèse d’une
Bilan Fin
année de suivi des adhérents. Il est organisé et animé par le COCdG, les
Campagne
conseillers et l’UAAE.
Récupération,
vérification
des cahiers
Le mécanisme de segmentation des adhérents, mis en place en 2010 permet de mieux
cibler les besoins des adhérents. Les adhérents sont classés en 4 niveaux en fonction de
leur ancienneté et de l’évolution de leurs besoins en appui-conseil.
Tableau 5 : Segmentation des services du CEF
Niveaux
Niveau 1
(Animation et
formation de
groupe pendant
2 campagnes
agricoles)
Critères
Concerne les
adhérents qui n’ont
aucune
connaissance sur la
démarche CEF
Niveau 2
(Animation et
formation de de
groupe pendant
aussi 2
campagnes
agricoles)
concerne les
adhérents qui
essaient de
comprendre le
dispositif CEF et sont
motivés à vouloir
progresser dans la
démarche.
Services offerts
La gestion du grenier
Le CEF, mon outil de travail
Rotation/Assolement de cultures (en cours de
réalisation)
Itinéraire technique d’une culture
Prévision de campagne
Les maladies des cultures et luttes
phytosanitaires
NB : Thèmes souhaités par le groupe
Niveau 1 +
Pourquoi et comment remplir les outils du CEF ?
Charges de production,
Amortissement,
Prix de vente,
calcul et signification de la MB,
calcul et signification de la MBI
Epargne et crédit
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Niveaux
Niveau 3
(Animation et
formation de groupe,
individuelles avec
suivi individuel)
Niveau 4
(Animation, formation
et suivi individuel)
appui sur la demande
Critères
concerne les adhérents
dans le CEF qui
utilisent leurs
résultats/analyses
l’exploitation pour
améliorer les activités
de l’exploitation
concerne les adhérents
fidèles au dispositif
CEF
Services offerts
Niveau 2 +
Gestion de trésorerie,
Analyse de l’exploitation,
Projet d’exploitation
3.4. Gouvernance et coordination du dispositif CEF
3.4.1. Mécanismes internes de gouvernance et de coordination Au plan technique, le choix des méthodes et outils du CEF est fait par l’Unité d’Appui Agro
Economique composée des techniciens du Siège et des conseillers. Le COCdG, Composé
des producteurs leaders, valide les choix techniques de l’UAAE.
Les zones d’intervention et les critères d’adhésion sont définis par le COCdG et les
Conseillers. Le recrutement des conseillers est assuré par la Direction de la FNGN et
l’UAAE. L’Unité d’Appui assurer la coordination technique du dispositif. Il établit le
programme d’activités des conseillers, cheville ouvrière du conseil, et évalue leurs activités.
Sur le terrain, les membres du COCdG apportent de façon ponctuelle un appui à l’animation
du CEF.
Le rôle de la FNGN en tant qu’organisation de producteurs, est de rechercher les
financements, assurer la coordination des activités du CEF, apporter un appui conseil au
COCdG et au staff technique (conseillers et techniciens) et vulgariser la démarche à
l’ensemble auprès des producteurs non-adhérents dans les unions Naam.
3.4.2. Mécanismes de coordination avec les partenaires La coordination du dispositif CEF avec les partenaires se fait à travers des comités
programmes et des conventions. Le partenariat avec AFDI PDL est régi par une convention
qui est renouvelée tous les quatre ans. Chaque 6 mois, se tient un comité programme qui
réunit les parties prenantes du dispositif CEF et AFDI PDL. Pour le suivi conjoint des
activités du CEF. La FNGN participe, à travers le Réseau Gestion, au comité de pilotage du
projet FISONG. L’organisation prend aussi part à des cadres de concertation ponctuels sur
le CEF. La Direction de la FNGN a en charge la gestion partenariale et la coordination
institutionnelle du dispositif.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Graphique 3 : Gouvernance et coordination du CEF
3.5. Le financement du conseil de gestion
Le coût annuel du CEF à la FNGN est évalué en moyenne à 52 075 FCFA/producteur/an. Le
coût annuel du Conseillers et son fonctionnement s’élève à 2 165 994 FCFA/ conseiller/an.
L’appui (siège) au conseiller a un coût de 1 956 829 FCFA/Conseiller.
Le financement du CEF est en grande partie assuré par la subvention de l’AFDI PDL à
hauteur de 91%. Les taux de contribution financière des différentes parties prenantes sont
présentés dans le tableau ci-dessous.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Tableau 6 : Contribution des parties prenantes au financement du CEF
AFDI PDL FNGN
Adhérents
Réseau Gestion
Parties prenantes
(à travers projet Fisong)
91%
3,8%
2,5%
2,7%
Taux de contribution
au CEF
4. REFLEXIONS PROSPECTIVES SUR LA DURABILITE ET LE CHANGEMENT
D’ECHELLE DU CDG
4.1. Gouvernance et coordination des dispositifs de conseil agricole aux
niveaux régional et national
4.1.1. Autres dispositifs et mécanismes de coordination Les dispositifs existants
Les dispositifs de conseil qui existent au Burkina Faso sont ceux mis en place par des
organisations de producteurs, des ONGs et du système.
Le dispositif de l’Etat
Il est mis en œuvre par le Ministère de l’Agriculture, et a pour vocation de toucher tous les
producteurs. Toutefois le taux de couverture reste relativement faible du fait de la faiblesse
des ressources humaines, matérielles et financières. Lorsque les agents du ministère ont
accès aux ressources de certains projets ou programmes dans lesquels ils sont impliqués, ils
orientent le conseil prioritairement vers les groupes ciblés par ces projets.
Le dispositif des OP et des ONG
Les organisations de producteurs et les ONGs se sont impliquées dans le conseil aux
producteurs pour pallier l’affaiblissement du dispositif étatique, surtout après son retrait des
secteurs productifs dans les années 90. Les dispositifs ancrés au sein des OP sont le plus
souvent adaptés à la taille des groupes de producteurs et à leurs besoins. L’implication des
ressources endogènes dans ces dispositifs ont amélioré son efficacité. Le dispositif des
ONG est généralement lié aux financements "extérieurs" et prend fin avec le financement
contrairement à celui des OP qui perdure grâce aux ressources endogènes.
Les prestataires privés qui agissent dans le CEF orientent généralement leur appui vers
les entrepreneurs agricoles capables de payer leurs services.
Les Chambres Régionales d’Agriculture (CRA) recruteront dans le cadre du Programme
d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PAPSA) des animateurs qu’ils mettront à disposition des
producteurs pour le conseil. Ce personnel sera formé par les agents des directions
régionales.
L’ensemble des dispositifs permet de toucher une grande majorité des producteurs avec une
spécificité de chaque dispositif.
Les limites des dispositifs actuels sont notamment la faible coordination des différents
acteurs impliqués dans l’appui-conseil, la faible capitalisation des acquis qui limite la
visibilité du CEF, l’insuffisance des ressources financières externes et internes pour financer
les dispositifs, la dépendance des dispositifs des financements extérieurs, l’inadaptation et la
complexité des outils de conseil aux adhérents analphabètes, la difficulté du dispositif actuel
à répondre aux besoins nouveaux des producteurs et la faible proportion de producteurs
directement touchés par le CEF.
4.1.2. Perspectives d’évolution des modes de coordination La responsabilité incombe à l’Etat de mettre en place un mécanisme de coordination des
organisations et institutions intervenants dans le CEF. La SNVACA, prévoit en effet, la mise
en place de cadres de concertation régionaux qui auront en charge de coordonner les
activités de conseil.
Les organisations de producteurs qui développent le CEF devraient servir de points d’appui
pour la vulgarisation du CEF dans le cadre de la SNVACA.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
4.2. Gouvernance et coordination du dispositif CEF au niveau de la FNGN
4.2.1. Liens fonctionnels entre le CEF et les autres services de la FNGN En plus du CEF, la FNGN offre d’autres services d’appui à ses membres notamment des
formations, la sensibilisation, l’accès au crédit, l’approvisionnement en intrants, la rechercheactions et vulgarisation d’innovations, l’alphabétisation et l’appui à la structuration des
organisations à la base.
Il existe des liens fonctionnels significatifs entre le CEF et ces différents services, comme
présenté dans le tableau ci-dessous. Toutefois, ces liens doivent être promus pour valoriser
le potentiel d’apport du CEF aux autres services et réciproquement.
Tableau 7 : Liens entre le CEF et les autres services de la FNGN
Services
Information /
Formation/
Sensibilisation
Apport du CEF
mieux cibler les besoins des producteurs en matière de formation et
d’information
améliorer la maîtrise par les producteurs des itinéraires techniques et
la qualité des produits
faciliter la remontée d’informations statistiques sur les différentes
productions
améliorer la valorisation des formations par les producteurs
Accès au crédit
évaluer de façon objective les besoins en crédits des producteurs
faciliter la négociation des conditions de crédit grâce aux données
économiques sur l’exploitation fournies par le CEF ; à ce titre et en
perspectives d’une convention entre UAAE et le R-BTEC pour la
facilitation de l’accès des producteurs au crédit
améliorer la gestion par le producteur du crédit et du remboursement
évaluer de façon objective les besoins des producteurs en intrants,
Accès aux
équipements et main d’œuvre ; Perspective d’une convention entre
intrants,
UAAE et la CAAC l’accès aux intrants de production et à la
équipements,
commercialisation des produits agricoles ;
main d’œuvre
optimiser l’utilisation des intrants
Commercialisation faciliter la négociation des prix de vente des produits grâce à la
connaissance des coûts de production
améliorer la planification de la commercialisation et ainsi, la rentabilité
des ventes
organiser la commercialisation des produits par la Fédération grâce à
la possibilité d’évaluer à l’avance les productions des membres
Recherche action identifier les problèmes spécifiques rencontrés et alimenter la
/ Vulgarisation
recherche-action ;
tester et valider les résultats des recherches paysannes ;
diffuser les innovations à travers les adhérents dans les unions Naam
Alphabétisation
adapter les programmes d’alpha aux besoins des producteurs
L’alphabétisation permet de capaciter les producteurs à mieux utiliser
les outils qui sont à leur disposition dans le cadre du CEF
Organisation /
améliorer la structure de l’organisation à la base à travers une bonne
structuration
organisation des périmètres, la bonne gestion de l’eau, la prise de
responsabilité,
Afin que le conseil contribue davantage au développement des autres services de la
Fédération, il est important de mettre l’accent sur la qualité du conseil fourni par les
conseillers, l’obtention de statistiques fiables, l’adhésion du politique à la promotion du CEF
et la mise en cohérence du CEF avec les autres services.
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
4.3. Financement des dispositifs CEF
4.3.1. Perspectives d’évolution du financement du dispositif CEF a la FNGN Pour le financement du conseil, l’Etat devrait procéder à la mise en place d’un fonds de
conseil et de vulgarisation agricole pouvant financer les activités de conseil des OP et du
privé, à l’image du Fonds National pour l’Alphabétisation et l’Éducation Non Formelle
(FONAENF).Les autres dispositifs d’appui conseil aux OP sont financés par des ressources
extérieures à l’image de la FNGN. La leçon est que l’appui prend fin avec l’arrêt des
financements. Le dispositif étatique est financé par l’Etat et aussi les programmes et projets.
4.3.2. Perspectives d’évolution du financement du conseil à l’échelle nationale Il existe de réelles possibilités de co-financement des dispositifs CEF par toutes les parties
prenantes du développement agricole : l’Etat, les Organisations de producteurs, les filières,
les producteurs et les bailleurs de fonds.
Au regard des possibilités de mobilisation de fonds des différentes parties et de leur niveau
d’intérêt actuel pour le CEF, la clé de répartition suivante pourrait être envisagée pour les
différentes contributions.
Acteurs
Tableau 8 : proposition d'une clé de répartition
des contributions des parties prenantes au financement du CEF
Organisations
Bailleurs de
Adhérents
Filières
Etat
de producteurs
fonds
Contribution
10%
Stratégie de
mobilisation
des fonds
Retenues sur
les ventes
groupées de
produits
(céréales,
sésame, …)
10%
5%
La prestation
extérieure des
conseillers
Autres activités
génératrices de
revenus
15%
Prélèvement Fonds
de
propres
commissions
d’achat
60%
Financement
Sur
présentation
par les OP
d’un plan
d’actions
4.4. Mobilisation et formation des compétences
Les conseillers ont un niveau scolaire allant du niveau 4ème à la terminale. Les animateurs
sont issus des Unions de groupements Naam.
Le profil professionnel des conseillers a évolué au fil du temps. Ils ont été respectivement : (i)
formateurs gestionnaires d’unités économiques des unions (Moulin, périmètres maraîchers,
banques de céréales, savonnerie, séchage, production de beurre de karité, fabrication de
soumbala) avant 1994, (ii) Assistant en gestion des unités économiques (1994-2003), (iii)
conseillers en gestion (2004 à 2012). Ils deviendront conseillers agricoles si les orientations
formulées au cours des réflexions stratégiques sont validées.
Pour renforcer leurs compétences, les conseillers ont reçu de nombreuses formations
notamment sur la Gestion des unités économiques, les bases et principes du CEF, le calcul,
l’analyse et interprétation des paramètres techniques et économiques, les techniques
d’animation et les itinéraires techniques de production.
Les conseillers de la FNGN présentent de nombreux atouts. Ils sont issus des OP à la base
et seront de ce fait enclins à poursuivre leurs appuis aux producteurs même à la fin des
financements externes. Ils sont eux-mêmes producteurs, ce qui les rend proches des
adhérents et crédibles à travers ce qu’ils réalisent dans leurs propres exploitations. Ils ont
réussi à acquérir la confiance des administrateurs de la FNGN. Les conseillers ont aussi su
développer une bonne collaboration avec les services déconcentrés de l’Etat.
Les conseillers ont une grande capacité d’adaptation aux réalités du terrain. Ils ont un profil
large (généralistes) qui leur permet de prendre en charge plusieurs préoccupations des
producteurs. Ils ont bénéficié de nombreuses formations qui ont consolidé leurs
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Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
compétences (connaissance, savoir-faire et attitudes). Ils sont outillés et équipés pour être
opérationnels sur le terrain.
Toutefois les faiblesses suivantes ont été relevées au niveau des conseillers et animateurs:
(i) le manque de compétences dans plusieurs domaines comme la connaissance des
maladies qui affectent les produits maraîchers, l’élevage, etc. (ii) la faible capacité à
capitaliser et valoriser les expériences pratiques de terrain, (iii) le faible niveau d’autonomie
dans la conception de modules et d’outils, (iv) leur faible niveau de spécialisation ne leur
permettant pas d’intervenir sur des sujets pointus, (v) le cumul de fonctions qui réduit leur
efficacité dans le conseil, (vi) la faible connaissance des possibilités et opportunités offertes
dans l’environnement (micro-crédit, marchés…).
Le conseiller idéal présenterait le profil suivant : (i) être issu du milieu, (ii) avoir un niveau de
scolaire de la classe de 3ème, (iii) savoir parler et/ou écrire dans la langue du terroir,
(iv)avoir des capacités et une grande expérience en animation de groupes, être
« généraliste / touche à tout » pour pouvoir répondre à des besoins d’accompagnement
diversifiés (animation de groupe, itinéraires techniques, mise en relation entre producteurs
et aussi avec les acteurs de l’environnement, appui au remplissage des outils, etc.), (v) avoir
des compétences pointues dans l’appui à l’analyse stratégique, l’analyse globale de
l’exploitation et l’accompagnement des projets d’exploitations.
Les conseillers ont besoin de renforcer leurs capacités dans les domaines suivants :
l’animation de groupes, les techniques de production, la gestion de l’exploitation, le calcul
des rendements et des marges, l’analyse des indicateurs clés de l’exploitation agricole,
l’analyse du fonctionnement de l’exploitation, le diagnostic et analyse globale de
l’exploitation, la comptabilité, la gestion financière, la maîtrise de l’informatique, le coaching
pour mieux accompagner les producteurs à la prise de décision.
Les conseillers participent à un espace de mutualisation de connaissances, et de coconstruction d’outils. Cet espace contribue de façon significative au renforcement des
capacités des conseillers.
Pour pouvoir former les conseillers en nombre suffisant, l’accent devrait être mis sur la
création de profils types de l’animateur et du conseiller et les proposer dans les cursus des
écoles de formation agricole. La rémunération des conseillers et animateurs formés dans les
écoles relève du rôle de l’Etat.
Les conseillers débutants devraient être formés dans les écoles de formation. Un
mécanisme d’évaluation/ reconnaissance des acquis de l’expérience pourrait être mis en
place pour Les conseillers expérimentés qui ont construit leur compétences sur le terrain.
Ce mécanisme devrait être complété par des formations complémentaires.
Les paysans animateurs, qui relèvent des unions, ont une place importante dans le dispositif
de conseil. Ils consacrent 100% de leur temps à l’animation du CEF au profit de leurs pairs
et travaillent le reste du temps sur leur propre exploitation. Ils sont payés par les Unions qui
mobilisent les ressources sur les activités économiques des groupements à la base, des
projets des unions elles-mêmes, et des contributions financières des adhérents.
4.5. Evolution des méthodes et des outils du CEF
Les méthodes de conseil présentent certaines limites.
L’offre de conseils est identique pour tous les adhérents quel que soit le temps passé dans le
dispositif ; de ce fait, certains adhérents restent dans les groupes de conseil sans vraiment
trouver leur compte dans les services proposés
Les changements chez certains producteurs sont lents à s’opérer, étant donné que tout
changement suppose une prise de risques. Pour impulser davantage le développement des
exploitations, l’équipe introduit l’accompagnement des producteurs dans : (i) la définition
d’objectifs à atteindre sur une période déterminée avec lui, (ii) l’élaboration d’un plan
d’actions qui permet ensuite au producteur d’évaluer ses progrès en fonction des objectifs
fixés.
15
Capitalisation de l’expérience CEF de la FNGN
Certains besoins ne sont pas pris en compte dans le conseil et l’accompagnement. Il s’agit
de l’accompagnement à l’acquisition des équipements et au crédit, l’accompagnement à
l’acquisition de crédit, l’accompagnement à la construction d’une vision stratégique.
La difficulté d’enregistrer les données au jour le jour, accentué par l’analphabétisme de
nombreux producteurs, compromet sérieusement la fiabilité des données
Les autres facteurs qui limitent l’efficacité du conseil sont notamment : (i) le nombre élevé
de producteurs à suivre par conseiller, 85 adhérents en moyenne, (ii) la récurrence des faux
rendez-vous qui font perdre du temps aux conseillers, (iii) la faible valorisation, par les
producteurs, des résultats issus du suivi et du calcul des paramètres, (iv) la posture
« attentiste » de nombreux producteurs qui ont tendance à attendre « tout » du conseiller
(recherche de marché, crédit, équipements, etc.), la grande diversité des thèmes à aborder
avec les producteurs, la lente adhésion des producteurs au changement.
Les méthodes et outils de conseil ont évolué grâce à :
Les missions de suivi ou de médiation du COCdG sur les sites,
les concertations à différents niveaux (rencontres périodiques entre les conseillers et les
membres du COCdG, rencontres des conseillers avec l’UAAE,
les commissions thématiques portant sur des problèmes spécifiques, les bilans de fin de
campagnes basés sur les analyses de groupes qui permettent de remonter des informations
sur les sites en difficultés et les thèmes à aborder : Orientations à donner au conseil au
cours de l’année.
L’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le
conseil permet aux conseillers d’améliorer l’efficacité du traitement et de l’analyse de
données, réduire les coûts de fonctionnement du dispositif par la facilitation de la circulation
de l’information à tous les niveaux (conseillers-producteurs, conseillers-UAAE, UAAE producteurs, etc.), et permet de construire une mémoire des chiffres du passé.
Pour mieux répondre aux besoins des producteurs, la Fédération envisage :
renforcer le système de segmentation de l’offre de services de conseil,
intégrer l’approche globale de l’exploitation agricole qui consistera à accompagner le
producteur à raisonner ses choix, prendre des décisions, en tenant compte de l’ensemble
des composantes de son exploitation,
profiler les conseillers et animateurs en fonction des besoins spécifiques des producteurs.
5. CHANGEMENT D’ECHELLE ET DURABILITE DES DISPOSITIFS DE CEF
Pour toucher plus d’adhérents, les différents partenaires convaincus de la pertinence et
l’importance de ce service doivent faire du conseil un axe prioritaire en mettant les moyens
nécessaires au fonctionnement des dispositifs.
Au niveau de la FNGN, il s’agira de renforcer le dispositif de sorte à disposer d’un animateur
CEF par union et un conseiller dans chaque inter-union.
Pour assurer la durabilité des dispositifs, les organisations devraient utiliser davantage des
ressources humaines endogènes qui permettent de minimiser le coût des dispositifs et
maintenir les compétences dans le milieu au-delà des projets, et greffer un service
économique au CEF pour le rendre plus attrayant pour les producteurs et pouvoir rétribuer le
conseil.
Pour promouvoir le CEF, l’Etat devrait également accompagner l’adaptation de l’offre de
conseil aux besoins des producteurs, l’adaptation des outils au niveau de maitrise des
producteurs, la diversification des sources de financement du CEF, le renforcement des
compétences des conseillers et animateurs. La vulgarisation du CEF passe aussi par la
valorisation et la prise en compte d’un nouveau corps de métier qui est celui du conseiller
CEF.
Les organisations de producteurs ont la responsabilité d’influencer les politiques de l’Etat en
matière de conseil agricole. La formalisation du Réseau Gestion pourrait contribuer à
renforcer sa participation aux instances nationales de décisions sur le conseil.
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Inter-réseaux Développement rural
* 32 rue le Peletier 75009 Paris – France
Tel. 33 – (0)1 42 46 57 13
* 09 BP 1571, Ouagadougou 09 - Burkina Faso
Tel. 226 – 50 41 23 35
* Email : [email protected]
Agriculteurs français et développement international
11 rue de la Baume 75008 Paris – France
Tel. 33 – (0)1 45 62 25 54
Email : [email protected]
Fédération nationale des groupements Naam - FNGN
01 BP 100 Ouahigouya 01 – Burkina Faso
Tel. 226 - 40 55 04 11
Email: [email protected]
Agence Corade
11 BP 1234 CMS Ouagadougou 11 - Burkina Faso
Tel. 226 - 50 36 31 55
Email : [email protected]
Travail réalisé avec le soutien financier de l’Agence française de développement, du Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et de l’Union
européenne