Allain Leprest - Balises

Transcription

Allain Leprest - Balises
Portrait
Allain Leprest
Publié le 17/08/2015
MUSIQUE
Le 15 août 2011, Allain Leprest se donnait la mort à Antraigues-surVolane, patrie de Jean Ferrat.
Poète, compositeur, interprète, le Rimbaud du vingtième siècle
comme l’appelait Jean d’Ormesson, a eu une carrière chaotique.
Méconnu du grand public, il mériterait au moins une reconnaissance
posthume.
Allain, avec deux "l"
Né à Lestre dans le Cotentin le 3 juin 1954, il passera une partie de sa
vie en Normandie dans la banlieue de Rouen. Issu d’un milieu
modeste, il s’essaie à l’écriture dés l’âge de 17 ans alors qu’il entre en
CAP de peintre en bâtiment. Il dessine aussi. De dessins en galères,
il se retrouve à faire son service militaire dans les parachutistes.
Insoumis et provocateur, il passera une bonne partie de son service
aux arrêts de rigueur. L’armée c’est aussi sa première chanson «
Vingt ans ». Il continue d’écrire, et vit de petits boulots. Ne trouvant pas
d’interprète pour ses chansons, il décide de les chanter lui-même. Il se
produit dans des salles de Rouen comme le Bateau ivre, et dans la
région rouennaise. C’est là qu’il est remarqué par Henri Tachan.
Encouragé par ce dernier, il décide de monter à Paris. Il
attendra longtemps l’édition de ses premiers textes, un recueil de
poésie « Tralahurlette »en 1981. Pour vivre, il fait la tournée de
différents cabarets, cachetonnant pour survivre.
Le triomphe à Bourges
Il lui faudra attendre 1985 et le printemps de Bourges pour être
reconnu comme un poète, parolier et interprète de talent.
Accompagné à l’accordéon par Bertrand Lemarchand, programmé
entre Juliette Gréco et les Stranglers pour 2 chansons, il restera sur
scène près d’une demi-heure. L’année suivante, il signe dans la
maison de disque de Jean Ferrat, écrit entre autre pour Juliette Gréco
et Isabelle Aubret, dont il fera la première partie à l’Olympia. Il sort la
même année son premier album « Mec » sur des musiques de
Romain Didier avec qui il aura une grande complicité tout au long de
sa vie. Les années passent, la reconnaissance par ses pairs est
unanime, même Claude Nougaro, avare de compliments l’avait
encensé en déclarant : " C’est simple, je considère Allain Leprest
comme L’un des plus foudroyants auteurs au ciel de la langue
française." Malgré ces louanges, il reste méconnu du grand public et
des grands médias à l’exception de quelques professionnels
comme Pascal Sevran, Jean-Louis Foulquier ou Isabelle Dhordain. Il
faut dire qu’Allain Leprest se complait à chanter dans des petites
salles de banlieue, comme à Ivry sur Seine où il habitait, ou à la fête
de l’Huma, privilégiant le contact auprès de son public. A la
Courneuve, il s’y sent bien, le cœur bien rouge, il fréquente ce lieu
depuis de nombreuses années. C’est là qu’il a rencontré sa future
femme Sally avec laquelle il aura 2 enfants.
Un différent avec Alain Meys, son ami et éditeur, sera à l’origine de
leur rupture. S’en suivront deux années de doute et de vaches
maigres.
L’épopée Saravah
Il rencontre Pierre Barouh, directeur du label Saravah et grand
découvreur de talents. Il tient en Leprest la voix qu’il recherche pour l’
associer à l’accordéon de Richard Galliano. Les deux compères vont
enregistrer l’album « Voce a mano ». Ils recevront le prix de l’
académie Charles - Cros en 1993. Ce disque débouche sur une
tournée qui débute au théâtre Dejazet à Paris, et dans de nombreux
festivals dont celui des Francofolies. En 1994, il collabore avec
Francesca Solleville pour qui il écrit les textes de son album « Al dente
». Parallèlement, il sort aussi un nouvel album. L’année suivante, en
février 95, il donne un unique récital à l’Olympia, c’est la consécration.
Avec son extrême fragilité, sa force d’interprétation, et sa forte
présence sur scène, on le compare à un Jacques Brel ou à un Léo
Ferré. Allain Leprest chante les bistrots, la Normandie et le genre
humain avec ses SDF, ses putes, ceux qui souffrent et les mal nantis.
Il chante aussi l’alcool et la cigarette qui le nourrissent en
permanence.
En scène, j'aime bien vaciller en chantant, c'est une
manière de mettre ma fragilité dans le spectacle, mais
j'ai jamais rien écrit de valable quand j'ai bu, confie-t-il,
sur scène ça n'aide pas. C’est une partie de ma vie, ma
maîtresse, c'est un goût, un plaisir.
En 1998, pour son nouvel album « Nu », Romain Didier son ami, est
toujours présent, ainsi que Jacques Higelin, Gilbert Lafaille ou Yves
Duteil. Leprest y signe son quotidien. Cette année là, il se produira
aux Francofolies de La Rochelle, et à l’automne pendant 7 jours à l’
Européen, une salle parisienne.
C’est dans les petites salles qu’Allain Leprest excelle. A demi voûté,
souvent dans la pénombre, accompagné d’un piano, Allain Leprest vit.
Il se produira au Limonaire, un bistrot à vin et à chansons parisien
chaque mardi de l’an 2000.
Deux ans après, il sort un nouvel album « Je viens vous voir ». Il fête
ses 25 ans de carrière en 2004 à l’Européen. L’année suivante un
nouvel album voit le jour « Donne moi de mes nouvelles ».
Cantate pour la Culture
Avec son ami Romain Didier, ils honorent une commande du
ministère de la Culture : une cantate sur le thème de la Méditerranée.
Allain Leprest lutte déjà contre la maladie. Il surprend tout le monde
en invitant des chanteuses et chanteurs à revisiter son répertoire.
Enzo Enzo, Olivia Ruiz, Michel Fugain, Jacques Higelin, et bien d’
autres seront de la fête. Il réunira sa grande famille au cours d’un
unique concert au Bataclan en mars 2008. Cette année là, verra la
sortie de son 7ème album studio « Quand auront fondu les banquises ».
De sa voix fatiguée, il y chante l’écologie, mais aussi sa presque mort
avec « Quand j’étais mort ».
Les honneurs
Il reçoit le grand prix Charles Cros en 2009. La même année il réitère
l’expérience de « Chez Leprest » en invitant sur scène de nombreux
artistes. Cette soirée mémorable est l’occasion d’un nouvel album «
Chez Leprest 2 », accompagné du DVD du concert « Leprest 1 ». Il
reçoit en 2010 le grand prix de poésie de la Sacem. Le président du
moment, Claude Lemesle se réjouissait " de distinguer un de ces
grands artisans de la musique, un aventurier de la page blanche."
Une fin préméditée
En juillet 2011, en rémission d’un cancer des poumons, il est l’invité d’
honneur du festival Jean Ferrat à Antraigues-sur-Volane. Après
quelques semaines de repos, il met fin à ses jours le 15 août 2011.
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture de l’époque rend hommage
à " un artiste immense et rare".
Avant de se donner la mort, le banlieusard avait rédigé un message à
son ami, le député-maire (PC) de la ville d’Ivry. Pierre Gosnat. Cette
missive se terminait par ces mots :
Pourrais-je solliciter de la part de ma ville, lorsque l’
heure, sans glas, sans tristesse en sera venue, une
petite maison dans le si beau et humble cimetière de
Monmousseau ?
Allain Leprest repose au cimetière Monmousseau d’Ivry-sur-Seine.
Allain Leprest en Cd, à la Bpi :
Nu comme la vérité.
Voce a mano.
Nu.
Les amis d’Allain chantent Leprest.
En concert, je viens vous voir.
Il pleut sur la mer.
Donnez-moi de mes nouvelles.
Il pleut sur la mer.
Pantin – pantine (conte musical).
A la Bpi, Niveau 3, Espace Musique, 782.6 LEPR 4
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:
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:
Philippe Berger
chanson française
Sélection de références
Nu
Allain Leprest
Hamelle, 1998
Partition des chansons : Nu , Rouen , La Courneuve , S.D.F. , Nos
statues , Tu penses à lui , La colère , Le poing de mon pote , Madame
, Le dico de grand-mère , Quand j'ai bu, j'bois double , Garde-moi la
mer
A la Bpi, Niveau 3, Espace Musique, 782.6 LEPR 3
Allain Leprest : dernier domicile connu
Marc Legras
Archipel, 2014
Biographie d' Allain Leprest, des clubs de la rive gauche à ses derniers
concerts et son suicide en 201
A la Bpi, niveau 3, Espace musique, 782.6 LEPR 2
Allain Leprest : je viens vous voir
Thomas Sandoz
C. Pirot, 2003
A la Bpi, Niveau 3, Espace Musique, 782.6
LEPR 2
Connait-on encore Leprest ? : Allain Leprest Live
Jean-Manuel Vignau
Tacet [éd.] : ; Adav [distrib.], 2012
Enregistrement du concert que donna Leprest le 25 mars 2011 au
Scarabée de la Verrière, dans les Yvelines.
Juste accompagné par Léo Nissim au piano, il chante assis sur une
chaise, affaibli par la maladie qui le grignotait depuis plusieurs
années. L'image est touchante, la vision est dure. Mais à l'instar d'une
Piaf décharnée qui électrisait encore de sa voix venant des ténèbres,
comme un Reggiani aux derniers concerts balbutiants mais
déchirants, Leprest y impose une force douce et semble déposer
doucement sur nos cordes sensibles, ses chansons bouleversantes."
(Sud-Ouest blog)
1 DVD vidéo (1 h 29 min ) : couleur (PAL), sonore ; A la Bpi, Espace
Musique, Postes multimédia

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