apoijéon-le-grand - Biblioteca Nacional de Colombia

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apoijéon-le-grand - Biblioteca Nacional de Colombia
DEse ..IPTION DU TOf IllEAU
DE
_APOIJÉON-LE-GRAND,
D\NS LA CHAPELLE
A L'UOTEL
ARDENTE
r.OY,\L
DE SA1NT-JEROl\IE,
DES
J ~ dÚH'e
INVALIDES.
l'Juc
mes cendres rcposent
su!' Ic!\ Lo!'.ls de la Seine,
dt:
ce pcupl~
au oiilieu
rr.ln~ais fine j'ai tant aimé.
( Tes/amenl de ¡\I"pu/Jon.)
Sulllt! ombrc <In I-léros irnmortci,
illvincib'e
'1ui lit tout pou!' la Franee, salllt! .. ""
Gucrrier
PARIS.
ClIEZ DEl\CHg, ÉfHTEUR,
SUCCESSEUn'DE
GAUTHIER,
QUdi Ju 1\lart.-hc-;\ellf, 3:'.
1812.
",,"-~--_.
® Biblioteca Nacional de Colombia
CIIAPELl:E
SAINT-JERüME.
® Biblioteca Nacional de Colombia
DESCRIPTION DU TOMBEAl.\
.,
.
-
DlI
,
NAPOLEON·LE-GRAND~
DANS ,LA CHAPELLE
Á
L'HOTEL
ARDENTE DE SAINT-JÉROME,
ROYAL
DES
I/fYALIDES.
Pouvions-nous
adopter un moment plt\S ,Oppol'tun c¡u~
erlui Ot\ un gorrvernement
admirateur
de tout ce qui est
~rand, héritier de toutes nos gloíres, vicnt d'accorqer au
pwplefran!faislescendresdu
héros quí a porté au dernier'
púiode la renommée de nos armes; du guerrier.1~gisfaleurqui a rétabli en France le culte de la religion d I'clllpiredes lois ....
Le cercueil de Napoléon,
qui; depais la cérémonie ('11 ~
fiebredes Invalides,
était déposé sous le eatafalque ;1/1_
"irial, a été transporté dans une chapdle aJ'dlmte, di. po·
!~citdNitede I.'autel, dam un des petils domes de I'égli,~
desInvalíc1es. Cetle nouvp.lle cérémonie a e!I lieLi en IlI'I:¡eneede l\1.le maréchal Moncey, gouverncur de I'Hotel,
le~l. le commandant des Invalides,
ainsi qu'en prés~nce
~etoutes les c1ivisians, sous-o fficiers el soldats; assistaient
igalement 1\1.le général 'Berlrand,
M. le général ~ollr':'
¡¡ud, 1\1. de Las Cases fils, 1\1. Cavé, direc,leut' df'.~
~eaux-arts, 1\1. l\lal'chanJ,
exécuteur test,amentairc
de
~apoléon, celui dont íl a dit : « Les scrvices qu'il m'a
renJus sont ceux d'un ami» ; assislaient aussi MM.
membres de la 'mission de Sainte - Héléne, quatre oflicierssupérieUl's tenaient les coins du poele impérial;
la
nlessedes l\lorts a élé célébrée par [\1. I'abbé Ancelin ,
curé des Invalides;
apres la messe, le cercueil décoré
I;OlUme
le jour de son enlrée n Paris, surmonté de la couronneimpériale
la tele, de I'épée et du petit· chapeal:
auxpieds, a été retiré du catafalque et déposé dans la
chapelle Saint-Jérome;
un De Profundis a élé chnnlé,
ell'eau bénite a été de nouvenu jelée Sllr le cercucil par
I
I~,
a
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10us les assistans. Les grilles ont été fermées en Icur n .
senee.
'.
I re·
Voiei les principales disposilions qui ont été prises pr'Ur
la décoration de la chapelle ardente :
Les chapilaux et les bases des colonnes sont dOl'és' 1
fUI est drapé de supel'bes et riches étoffes d'or et de s~iee
les entre-colonnemens
sont garnis dp. tentures de velour'
violet, sem~es d'abeilles,
et enrichies de hautes broderie
d'lIr; an milieu d.,s draperies sont des trophées d'arme;
antiques en acier et d'un travail précieux;
au milieu des
houcliers sonl inscrits les noms ~e Marengo,
Wagl'am,
Amterlilz et Iéna.
La tenture est couronnée par une ceinture de veloul'!
"jolet, richement brodée au chiffre de Napoléon entoure
de lauriers. Entre les deux colonnes qui font absolument I
face a I'enlrée est élevé un souba 'sement de 1 melre
c'entimi'lres de hant, tout drapé de velollrs violet el
óécoré ,:c "l'<ldel'il~S el de moulures dorées; sur le saubaSSl'lnf'1l1 e,t placé le cercueil de l'Empercur,
recouvert
du Illellle puele impérial r¡lli a servi ú Sainte-Héléne a le
draper au momcnt \'es eérémonies de l'exhumation,
aimi
que pendant la travel',;ée. On a placé, sur le cercueilla
couronne impériale,
l'¡~pée du héros remise au roi par le
général Bertrand, le chapean que Napoléon portail iI Eylau, et que le célehre Gros re~ut de luí lorsqu 'ille chargea
de peindre celte victoire immorlelle.
Les drapeaux pl'id
AlIsferlitz nmbragent le cer~llcil; du milicu de ces drapeallx qui honorcnt la Frnnce s'échnppe un aigle d'or aUl
aiJes dépl(lyées;
il a qualre mclres d'envergure el plane
mnjesllleusement
llu-dessus du tombenll : il semble allen·
dl'e le réveíl de celui qlli le rendít lnnt de foís victorieux.
Afin que ceHe sépultllre soit con vennhlement déc.ol'l~e.
on a chnngé les stores des croisées et la croix du fond
placée 11 la tete de la tombe impériale ; ces stores sont violels et ne laissent pénétrer qu'lIn jour lugubre dans toute
la chnpclle;
une lampe de gaz suspendlle a la voOle
brOle jOllret nuit; des candélabres antiqucsseront
aHumél
danstoules
les solennití:srappelant
d'íIIuslres époques, el
dont il est fail mention dans l'hisloire du grnnd humille
le 20 mars, le 5 mai, le .5 aoOl, etc., ele.; derricre II
,O
r
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lS
, les parois Je h dwpelle 30nl rü...:OIlverles d'une
ere
ucil
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formant fonu d'aulel;
celle lenlure, en veloul's
ture
¡ole , est ornée d'une croix de fond en 01', d'arabesqucs et
t
~'a!'l1Iesimpériales;
la ~hapelle esl fel'mée par unc grille'/
Jorée, et quatre invalides veillcnt jOllr ct nuit pou!' la s~-'
reléet la eonservalion de ee monumcnl précicllx quí ahes'era 1I1a poslérilé les rcgrets d'une nation qui fulloujours
lrion1phante sous l'égicle el'un guel'l'ier dont 011 parlera
dJOSles siccles a venir. Celle glorit'lIse tblllbe reslen\
coroUleune le<;on éternellc et ineXorable pour 1'1111manité
loale entiCl'e. Nos neveux répeteront
avee orgueil : e'est
¡u roi Louis-Philippe
que·nous somnJCS redevahles ue la
depouille morlelle du grand homme qui préóiua si ¡;Iorieusement aux destinées de la Franee.
~OTlCE
mSTOl\IQUE
Slll\
L'UOTEL
ROYAL
DES
INVALIDES.
Le roi Louis XIII est le premie, qui, en 1634, s'or.cupa sérieusemelit
c1u sort des vicux mililail'cs:
en eonsequenee, il lit exécuter a Bicetrc, aujourJ'hui
Hospice
de la Vieitlesse (Hommes),
des travaux considérables
pOllrfaire de ccHe maison un lieu de refuge po nI' les invalides. l\1ais il était JQ Louis XIV ¡['i:lever uo édifice
Bigne de la grandeur de son regne, afin de procurer aux
ioldals et aux blessés de I'nrmée un a,ile assuré; aus,i
nouS pouvons
dil'e que mainteu:\ut
ríen ll'est épargllé pour adducir lelll's maux. et con:;oh!r (eur ·vieillesse.
Ce fut en 1660 que les travaux r,ommenl(crent,
el. qualre nns plus tard, la nouvelle demeure de~ braves fut ~n
elat d'ctl'e occupée. Néanmoins,
ee ne fut que trente ans
apres que l'Holel fut adlevé daos lout ~on ensemble par
Mansart, auleul' du plan du lllflgnifique dome qui décore
si bien le mOOllment, regardé comme l'un des chefs-d'ceuVl'e de l'architeeture
fran<;aise.
Cet édifice supel'be, qui surpasse l'imagination,
ou lous
les al'listes ont déployé a l'cnvi leurs talens, et qui est
pour la France un mOllument d'honneur qui rivalise de
heauté avec Saint-Pierre
de R.ome et Saint-Paul
de Londres, est plaeé sur la rive gauche de la Seine; su fas:ade
se présenle sur une t:tendue de ~w4meLrcs; elle est com-
a
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posée de tl'ois él.1ges percé, d'un nombre infini de eroi.
sées; le bas-relief du fronton rcprésente Lonis XIV ayaut
la Paix et la .TIIstice :1 ses cotés, et a l'extérieur de fa
porle d'entrée, placées dans l'avant ·eorps du milieu, Sonl
les statues colossalesde
l\lars etde Minerve; daus la clef
(le la 'voOte, esl une lete d'Hacule
en marbrc. On remar.
que achaque
pavillon de la fallade quatre figures en
brome représcnt<.nt des captifs enchainés : ces figure;
sont celles qui élnienl placées lIutrefois place des Victoi.
res. Ln COllr royafe donne I'entrée des quatre grands ré·
fectoires uu rez-lle-chaussée;
ils ont chacun 50 melre.
de long et sont décorés de Lclles peintures représenlanl
les batailles et les conquiHes de LOllis XIV. Les cuisine,
sont ti. cüt(~, elles méritent d'etre visitées; les marmite;
..:onlienllent 600 kilog. (12,000 liv.) de viande. La Liblio·
theque occul'e le premier du pavillon du milieu della fa9ade, elle cúnlient lÍu mille "olumes et esl exclusivemenl
ouverte aux inl'alides: au meme étnge, sont le lugemenl
du gouvernellr et ceux des médecins et chirurgiens ainsi
que la salle du conseil; aux premier et second étages des
autres biitimens, sont plad's les dorloirs.
De la cour roynle on enlre direclement
dan s l'église
biitie en rierrcs
dures hien assemblées;
l'intérieur dl¡
temple e,t tres·simple;
I'autel est composé d'un baldaquin élégant sOlllenu par six cololJl1es dorées dont Jo
~Ul1llllet est slJrmonlé d'un globe terrestre portanl un~
crnix; la ehaire est en marbre, ainsi que le paYé, de dj[¡j·
rentes couleurs.
Quatre gl'ands pavillons ou drapenllx,
Tcrls, blallcs et I'ollge~, pl'is anx l\lexicains, a Saint-.Tean
d' Ullaa par les marins frau9ais, el apportés a París en 1838,
sont placés dans la nef; ces pavilluIl5 ont p~us de sept metres d'envergure.
Le dome est porté sur huit arcades, quatre grandes et
quatres petites; il est COllyert en ploOlb et surmonlé d'un
lanlernin
avec des fenetres;
ce dome fut doré SOllS
I.ouis XIV, puis peint en ¡aune sous Louis XV, et redoré
encore sou,. l'Empire
:-ia cunstru,:tion
dura trenle amo
Deux statues de be,au marbre, de 33 metres de hallteur,
qui réprésententsaint
Louis et Charlemngne,
font l'orf1em ent du périslyle; da.os I'attique sont quatre slatues, la
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'1
femp¿rancc,
la Justicc, la Prudencc el la FOI'cc;
les groupes qui décorent la balusli'ade
réprésenlent
les
qualre reft~S de l'Eglise gl'ecque et les quatre percs de
1'~g1ise latine; la croix _qui surmonte
l'édifice est ;\
108 metres (:124 piúdo) au-dcssus dn sol· On est ét.lnné,
en pénélranl dans la coupole, de l'éclat de son pavellJent
de marbre; elle a 17 metres de di'lIueII'C, le Chl'ist est
l
représrnté environné d'anges et de saints reccvan saínt
Louis dans la hienheureu~e
demeure : ce prinr,e y parait
a genOUX offrant il J. C. sa comorllle et son épée; on
voit entre les croisées les dou:z.e apotres entourés
de
groupes d'anges. La vonte du sanctuaire représenle les
trois pcrsonnes
ile la Sain'te Triníté,
et l' As,omplion
de la sainte Yierge; les quatre évangélistes
sonl placés
dan s les pendenlifs.
Cinc¡ chapelles enlourent le dome; dans la premiere
sont représentées'
les actiolls les plus remarquables
de
~aint Anguslin ; elle possede de plus lIne statue en marbre de la Religion,
et une en platre de sainte Monique,
mere du saint docteur;
a son entrée sont deux médaillons représentant
saint Louis rendant la justice a ses sujets, et ce monarque montrant la vraje croix an peuplp.;
dans la chapelle v'lisine, s'éleve le Jl10numcnt funi:blc
uu maréehal Vauban ; on y voit deux bas-reliefs,
saint
Louis ordonnant la eonstrnction des Quinzc-Yingts,
et
la eaptivité de ce prinee a Damieue. La ehapelle suivante
e-t eelle de saint Jérome dont nouS avons parlé, au est
exposé le tombeau .de N apoléon. Du cOlé opposé , dans la
premiere ehapelle, les bas-relitfs représentent
saint Louis
qui 1'f'l(oit la croix des mains du légat du pape et la eéré..,
monie de son mariage; le mausoléede
Tnrenne est érigé
dans la ehapelle Jédiée a sainte Thérese ; l' ImmortalitÍl
puse une eouronne sur la lete uu héros, de l'autre main
elle soutient le gllerricr expirant; la pYl'3mide, au-dessus
du sareopliage,
esl OJ'ni'e de quatre bas-rclil'fs représenlanlla bataille de Tur/,eim; enlin quatre aulres has-reliefs, dont nous ne pouvons exprimer la beaulé, sont Itl
eomplément ne l'histoire de saint Louis. Dans le pourtour
du dome, on voitee roi d'abord reeevantl'exlreme
onetion.
envOJílnt des mi~sionnaires pour cunvertir les lnfideles •
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a
ensuite servanl les pau vre,
tabIe, el recevanl avee Se
enfans la bén~dietion du pape.
'
C'est sous le dome de ce rnonnrncnt
ilJJpOSallt, dan
tJe temple consacré par la rdigíon
au dieu des armées
que se trflUve dé¡Jo"é le dernier tUl1lbCall de cclui (lui fu;
empereur el roi; c'est I:t que repose le plus grand des
héros! </('S cér'~monies pieuses et solennel/es out eu lieu
le J 5 úécembre; ceUe journée aura sa plaloe dans les faste,
nalionales et restera comme une des plus mémorab/¡,s
de notre histoire. A\'ant d'en retraCer les princip1Ux détail, /lOUSnousoecuperons
encore de l'import¡lnle missio
o
:;onliée ú Son Altesse RoyaIe le prince de Joinville, par
,;on [!Ug'lstl~ pere le roi Louis-Philippe,
pour se rendre a
Sainle-Héléne
:
Ce fut le 2 juillet que le Prince de Joinvi1le quiUa Pa.
ris, el arr¡va tI) 6 ú Toulon a bord de la frégale ta BeUePaute, qui Ctait dúja disjJost'le pour s;¡ de~tíllation; daos
"entre-pon!
était une chapeIle ardente tendue en velours
/loir broJdé d'argent et contenant
le eénotaphe impérial
qu i présentait sllr ses quatre granJes faces deux bas-reliefs
aIlégoriques,
I'Histoire et la J'lstice; sur les dellX autres
lilces, la cl'oix de la Légion-tl'honneur
et la Religion;
il-UX a¡;¡gles, quatre
aigles, et sur le haut du fronton, la
cúuronne impériale. Le 8 octobre, le prince de Joínville
arriva
Saiote-Hélene
: son premiel' so in fut de se conCtlrler avec lU. le gouveJ'ueur de I'ile, qui 5e chargca úe
l'exhumation et de tou t ce qui devaj~ a voil' lieu sur le lerritolre anglais. Le 16,
dix heures du matin, le cercueil
'~tait a r1écouvert dans la fosse; apres l'en avoÍ¡' retiré inlaet, ou procéda a son ouverture,
et le corps fUI troutOé
«Jans un état de consel'vation inespéré. En ce moment solennel, <i la vue des restes .si recoilnai58ables de celui qui
lit taul pour la gloire de la France,
l'émotion fut profonde et unanirne, lln moul"ement de sUI'prise et d'allendrjsst~ment éclata parrni les spectaleurs
dont la plupart
fonduient en IUI'mes: l'Empel'eur lui-meme
était úevnnt
eux; on aUl'ait dit que la mort n'avait pas osé imprimer
~es ravages Sur ceHe noble figure.
Un char funebre avail été préparé pour recevoir les
restes mortels du gl'and hommr, Le cortége alors s'a~a09¡¡
a
a
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9
knlement au bruit du canon répété miIJe fvis par les
échos des immenses roch,'J's qui s'élevent au-dessus
de
James-Towll;
une chaloupe d'bonneur avait élé disposél~
pourrecevoir lecercueil;
lorsqu'elle fut éloignée de I'He,
la terre tira le grand salut de vingt et un coup de canon,
et les balimens fran9ais la premicre salve de toute leur
arlillerie ;~une meSse solennelle fut célébrée sur le pont
de la frégate; les cérémonies religieuses ayant élé aceomplies, tous les honneurs souverains ayant été rendus a la
dépouillc mOI'telle du grand Napoléon, I'on descendit avee
le plus grand soin le eereueil dans I'I'ntre-pont
et I'lIn I'e
pla¡;a dans la chapelle UI'dente. Le dimanehe 18, a huit
h~ures du matin, I'expi'dition
tit vnile pOllr la Franee;
ainsi Nap"léon estsorti d.e Sninte-l-li:lcllc, vingt-cinq ans
jour pour jnur apres son arrivéc sur ceLte tene de rnalIieur. La BcUc-Poulc quilla 1'lIe emportant son préeieux
dépot, et, apres la traversée la plus heureuse,
arriva a
Cherbourg lc 29 /Iovembre 18~0. Le conscil municipal
de eeHe v¡lIé, par !lne décision unanime,
vota une eOIlronne de laurier et de chene en 01', sur la handel'olle de
lillJUI·lleétait tra('ée I'illseriplion suivante: A Na¡Jo{¿on-
le-Grand,
la "Vitte de Cfwr[;ou1'g reconnaissanw.
Tous les honneurs
civils et mililaires rcnr\us a la rnéIDoire dll plus grand capitaine du monde, depuis Cherbourg jusqu'a l'aris, sont dillleiles
décrire; I'on pellt
affirmer que parlout ce fu t le Illeme élan, le meme enlhousiasme.
Nolammenta Houen, jamais on n'avait Vll une affiuence
aussi imposaole;
toutes les communes voisines, t""le,,
les gal'des natiollales rurales melaient leurs masgcs :\ 1111
clcrgé nombreux dont l'elllpressemenl
devan9aillous
I~"
illltres et saisi:;sait toutes Je~ occasions ingénieuses di: s..:
manifeslcr. Jamais la cnpilale de la Normandie
n'avail
élé témoin d'une solennité pareille, jamnis lléros nalionill ne fut si universellemcnt
célébré. Ce peuple de fabl'icaos, hommes et femmes, n'a vail qu'une voix pour honorer NAPOLÉON:
de vieux soldats de l'Empire,
en
grand uniforme, étaient melés a la garde nationnle ; ils
ilgilaient leurs armes et leurs drapeaux,
et vel'saient
des larmes d'attelldríssement.
a
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10 .
Aut abords du pont d'Asnicres,
la, une seime inat_
tl~ndue est venue surprenJre
et attenddr les assistans'
Illne colombe s'est abattue sur le catafalque, déployant
»00 cou un drapeau
trieolore d'olJ s'est éehappée une
IIltlltitude de petites couronnes
d'immortelles
qui onl
jonché Je noble cereueil.
Ms' le prinee de Joinvil1e el
M. le général Bertrand ont re9u dans leurs mains eel
inllncent oiseau, em bléme de la fidé/ité. Aujourd'hu!.
ecUe colombe, restée fidéle au héros qu'elle a accueilli
¡'¡ ion
arrivée dans la capitale,
fait entendre ses dout
mormt.:res dan s l'hotel des Invalides.
t.:e fut au débarradere
de Courbevoil~ que le corps de
Napoléon a reposé pOOl' la premiél't~ fois sur la. terre de
France. On a vait élevé un temple de 25 mclres de long
Klr 14 de large et 18 de haulcllr sllr le port de Neuilly;
lH1e colonne rostrale,
surmontée d'un aigle d'or, s'cle'vait ti 50 metres au-dessus du sol: au-devant dI: la eoJonne, une statue représentant
Nolt'e- Dame-de-Graee.
patrone des malelots;
sur la plute-forme
de l' Are-deTriomphe de l'Etoile ctait figurée l'apothéose de Napolc'lIl
ainsi composée: l'Empercul'
vetu du grand costume im~
périal, comme au jour de son sacre, debout de.vant son
tro.ne et s'appuyant
sur deux figures allégoriql1es, le gé.
nie de la Paix et de la Guerre.
Du sommet de l'Arc-de-Tl'iomphe
au bas de~ !Ocles,
delongues guirlandes de laurier et de fleurs; aux ChampsEJysces, depuis la barriere de l'Etoile jusqll'il la place de
la Concorde,
des colonnes triomphales ornées de drapeaux, d'aigles él d'autl'cs emblémes appartellant
l'Empire: entre ces colonnes,
:'l droile
et agauche,
douze
.tatucs allégoriques
réprésentant
des Victoires.
Comme il a été dit, ce fut le ):> décembre que les ccremonies religieuses eurent liell
Pal'Ís. A neuf heure~
du matia, le chal' funebre fut amcne:
ce chal! semblait
resumer en lui toute la pensée de la cerémonie;
iI se
composait de cinq parties ! te socie, posant su!' quatrc
roues massives et dorees; sur la plate-fol'lIle se voyail
un groupe de génies supportant
la couronne de Charlemagne; aux quatre angles, quatre géllies qui, J'une main,
llOulenaicnt des guirlandes,
et de J'autre ernbouchaienl
¿
a
a
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11
la trompelte de la Rencmmée ; te piédestat élait tendll
d'élo1fes 01' et violet au chiffre et aux armes de l'Empereur; en cariatides, sur ce piédestal,
étaient placée!'
qllatorze statues plus grandes que nature,
entierement
dOl'ées; te 1Jouetier était tout en 01' et avait la form«
ovale aIlongé, il élait charbé d'un faisceau de javelines:
le cénotapne, reproilucti'Jn fidele du cercueil de N A PO.
LEON, était voilé d'un long crepe yiolet senle d'aLemes
el'or; t'attetagese composait de seize chevaux noil's dis.
posés en quatre quadriges; le chal' avait-l o mélres de hau.
tfur, 4de largeul' et lode longueur;ilpesait
l3,oookil.
Le convoi s'avan~a majestucusement
dafiS Paris en suivant l'avenue des Champs- Elysées Ol! plus de qua tre cent
miUe spectateurs se pressaient pour le saluer; parloul w'r
le passage les memes cris d'allégresse,
les memes hommages pour la mémoire de l'Empereur.
A une heme et
demie, le cortége quitta le quai et s'avan~a sur l'esplana,de des Invalides;
en face de la principale avenue était
élevée une statue colossale de l'Empereur;
en ce moment
les baleaux." rapeur de la flotille qui avait amené Napoléon de Rouen "CourJ¡evoie élaient mouillés au-devant don
port des Invalides, remorquant
3 leur suite le bateau-cataralque; a peine le cercueil
fut-il arrivé a la grille de
I'Bolel qu'il a .été enlevé par les bras robustes des marins,
lesyeux avides entrevoy,aient sous le velours du poelo impériall'ébéne
qui reoferme le eorps du grand homme;
des larmes tombaient des yeux des vieux guerriers,
taodisque les jeuoes éleves de nos éeoles militaires agi laicnt
ieurs chapeaux et faisaient retentir l'air par de vi ves acclamatioos.
'
Tout le dome des Invalides était tendu d'une- draperie
en veJours vjolet et 0.1'; ,1lU milieu ~
I'emplaeemeot
Oll doit etre érigé le to~beau,
était cooslruit
uo lmmens,e cntafalque
orné. d'aigles et des armes de I'Empereur, pui~ JI ,élai~ sprmonlé au niveau Je la cl'oisée de
tI eOllpole de quatre
grand~ ~ereles qui formaienl WIé
dentelle lumineuse.
PI'ÚS de deux cenls chaoteurs, aCCl1rnpagoés de eellt-cinquanle
musiciens, on't exéculé le célebre Requiem de Mozart; tout 3 f••it all fond dll dome,
on avait comtruit un autcl au-dessuHluqueI,
dl'oile et
a
a
I
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12
deslinées au roi et a oa
fal1li\le: trois bannH:res porlanlle chiffl'e du héros élaiclJl
pla~ées, I'une enlre les deux lribunes elles deux nUlres
vis-a-vis des tombeaux
ue VAUBAN el de TURENNE. L'egIbe, toule lendue dc noir, élait lransformée en chapelle
¡¡rdenle, el au nivcau des lribunes,
un cordon de bou.
gies; les lampes J'argcnl,
les fellx el les cicrges du
catafa\qlle ont complélé les flols de lumiére
qui 0\11
éclairé celle imposanle
cér~monie;
mais un des plus
beaux momens de ceUe allguste solennilé,
comme eiret
de décoralion,
fUI celui 01'1 des flammes rerle~ el ronges'
,'allumerenl
dans les urnes funéraires depui I'orgue jusqu' au calafalque.
A midi, Sa l\lajesté esl descendue de son trone el s'esl
a vallcée jusqu'a l'enlrée du dome a la rcnconlre du Coro
lége; la, S. A. R. le duc de Joinville lui a di!: «( Sire, je
" vous présente le"corps de Napoléon que j'ai ramené en
« France,
CO,nformément a vos ordres. - J E LE RE~OISAU
« NOMDE LA FRuICE», a répondu le roi.
.
Le général Athalin portait sur un coussin l'épée de
I'Empereur;
ill'a donoée au maréchal Soult, qui l'a remise au roi. AIors, Sa Majesté s'est adressée au général
Bertralld,
ellui a dil! "Général,
je vous charge de pIacer la gIorieuse épéc de l'Empereur
sur son cercueil..
Le roi e~t e:Jsuile retourné a sa place, et le cercueil a été
déposé dans I'intérieur du calafalque,
au bas du piédes·
tal, d,ans un emplacement
faisant face a la nef; aujourtI'hui, les resles de l'illuslre guerrier sont dans six cer·
eucils : un cercueil en ferblanc, un cercueil en bois d'acajou,
IIn cerclleil en plumb,
un second cercueil eo
¡olomb, séparé du précédent par de la sciure et des coios
de bois, un cercueil en bois d'ébene, un cercueil en boí!
de chen~ ql1i pl'Olége le cerCllcil en ébene.
'. On pellt visiter ('Hotel des Invalides,
ainsi que le
tombc ••u, tOl1S les jours, depuis dix heures du. malill
jusqu'ú qualre heures du soir.
it grlUche, élaienl d(·ux tribunes
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St'iuu,
® Biblioteca Nacional de Colombia
Y.E
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