french - olga kisseleva

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french - olga kisseleva
POUR LES ÉMISSIONS DE TÉLÉRÉALITÉ
AUSSI, TOUTE PEINE MÉRITE SALAIRE
La Cour de cassation a confirmé hier la requalification des contrats de trois
candidats à « L’île de la tentation » en contrat de travail. Le président de TF1
Production demande aux pouvoirs publics la création d’un nouveau statut. P.24
www.20minutes.fr
MARDI
174JUIN
N°1632
1429
JEUDI
JUIN2008
2009 N°
EUROPE XXL
MOSCOU A BON
VISAGE À LILLE
ÉDITION DE LILLE
FRANCE
S. ORTOLA / 20 MINUTES
La capitale russe est à l’honneur tout le week-end dans
le cadre des bons plans du Midi-Midi. 20 Minutes est allé sur
place pour défricher une scène ouverte sur l’international. P.2-3
Les familles des 228 disparus
du vol AF 447 ont rendu, hier à
Notre-Dame de Paris, un touchant
hommage à leurs proches. P.8
JEU VIDÉO
« SIMS » ÉLARGIT
SON CHAMP DE VIE
Dans le 3e opus, sorti ce matin, les
avatars peuvent quitter leur foyer et
se fixer des objectifs à atteindre. P.15
ROLAND-GARROS
Le Français
s’est incliné hier
en trois sets contre
un Federer très
agressif. Le Suisse
retrouvera Del Potro
en demi-finale. P.27
OLIVIER TOURON / 20 MINUTES
MONFILS A MIS PIED
À TERRE EN QUART
C. KARABA / EPA / SIPA
Imprimé sur du papier recyclé, ne jetez pas ce journal sur la voie publique : donnez-le. Merci !
LA DOULEUR APRÈS
L’ÉTAT DE CHOC
A Moscou.
Il a rendu son rapport sur la réforme du lycée au Président mardi.
Posez-lui vos questions aujourd’hui, dès 16 h
Vous interviewez
Richard Descoings
LILLE 3000 3
JEUDI 4 JUIN 2009
W REPÈRES
Moscou devient la capitale
d’un empire russe libéré
de l’emprise des Tatars, grâce
à la victoire d’Ivan III sur Ahmad
Khan. Alors que Constantinople
est tombée aux mains des Turcs,
le prince de Moscou veut faire
de sa ville une troisième Rome.
O. TOURON / 20 MINUTES
DR
1480
1812
Le temps d’un dîner, Olga Kisseleva racontera l’histoire de son pays à travers quinze recettes tirées d’un ouvrage de propagande.
OLGA S’EN PAIE UNE TRANCHE SUR LE DOS DE L’URSS
VINCENT VANTIGHEM,
ENVOYÉ SPÉCIAL À MOSCOU
C’est aussi un petit livre rouge. Ecrit en
1938, il a été commandé et préfacé par
Staline lui-même. Une cuisine saine et
délicieuse dans laquelle Olga Kisseleva
a pioché une quinzaine de recettes. Samedi au Tri Postal, elle mitonnera un
dîner-performance pour une centaine de
convives privilégiés*. Pas vraiment en
hommage à la gastronomie russe. Plutôt
pour son goût à raconter l’histoire à
coups de fourchette. « Ce livre de cuisine
était un outil de propagande comme un
autre, explique l’artiste. En 1938, la moitié des gens était emprisonnée au goulag
et l’autre moitié crevait de faim. Pourtant, le livre vantait la grandeur de l’Union
moigne Alexander Panov, critique culturel à Moscou. Aujourd’hui, on peut commander du bortsch dans n’importe quel
resto vietnamien de la capitale. Personne
ne connaît plus l’histoire de notre gastronomie. Et pourtant, elle est très révélatrice du passé du pays. » Du présent
aussi, si l’on prend l’exemple de la vodka.
Peu chère, elle est de moins en moins
consommée par la jeunesse dorée de
Moscou. « C’est la picole de tous les clochards dans la rue, justifie Paul, un Moscovite de 22 ans. Les jeunes n’osent pas
en boire devant leurs potes… » Vérification sur le dancefloor de la boîte Solianka,
où les boissons les plus en vogue sont le
whisky-coca et… la bière américaine. W
soviétique grâce à la nourriture… » Fidèle à la tradition russe des toasts, Olga
lèvera son verre avant chaque plat. A
chaque fois pour revenir sur « le passé
glorieux des régions de l’ex-URSS ».
Des petits pâtés très politiques
Au menu : des chprots (sardines) de Lettonie ; du bortsch (soupe de betteraves)
ukrainien, du bœuf Strogonov ou encore
des pirojkis (petits pâtés). « Lors de son
XVIIIe Congrès, le pouvoir a décidé d’augmenter le rendement en pirojkis industriels pour libérer les femmes de l’asservissement qui leur était imposé aux
fourneaux, nourrir le plus de citoyens et
soviétiser les territoires orientaux… »,
expliquera par exemple l’artiste.
« C’est une idée très sophistiquée, té-
* A 20 h au Tri Postal. 12/10 €.
Réservations : 03 20 14 47 60 ou 03 20 31 30 00.
YURI AVVAKUMOV
Architecte et plasticien, concepteur
de la « Bornhouse ».
D’où vient l’idée de cette maison
de la maternité exposée à Lille ?
Il y a une double réflexion. En tant qu’architecte, j’étais intéressé par l’idée
d’une œuvre, d’une forme qui donne
naissance à d’autres formes. Si l’on
regarde à l’intérieur, on découvre
d’autres projets que le mien. Et puis ce
travail sur la maternité, la matriouchka,
qui représente encore les valeurs
conservatrices de la famille.
En tant qu’artiste, vous avez
connu l’URSS et la Russie.
La perception de l’art contemporain
a-t-elle beaucoup évolué
ces dernières années ?
Cela dépend du point de vue. A l’époque
soviétique, vous aviez plus d’argent si
vous étiez bien vu du pouvoir, si vous
faisiez ce qui plaît. Ce n’est pas telle-
ment différent aujourd’hui. Les oligarques ont beaucoup d’argent, mais ils
peuvent mettre des milliers de dollars
dans un bouquet de fleurs. La différence, c’est que l’on peut voyager. Lorsque nous avons présenté la « Bornhouse » à la Biennale de Venise, le curé
de l’église [San Stae] a été si ouvert,
c’était incroyable, il a laissé tout faire.
En Russie aujourd’hui, aucun prêtre
n’aurait accepté que j’installe mon
œuvre dans son église. Le pays est devenu vraiment très conservateur sur les
valeurs religieuses.
Votre travail est reconnu
internationalement. Avez-vous déjà
pensé à quitter Moscou ?
Non, pas vraiment. Quand le pays s’est
ouvert, il était trop tard pour que je
parte. Et puis Moscou ne se débrouille
pas si mal, il y a une vie artistique. Le
projet gouvernemental de transformer
la Galerie Tretyakov [principal musée
public] en résidence de luxe est com-
O. TOURON / 20 MINUTES
« LE PAYS EST DEVENU TRÈS CONSERVATEUR »
battu avec une énergie rassurante par
la population. Ça me donne de l’espoir. W
RECUEILLI PAR OLIVIER ABALLAIN
« The Bornhouse », jusqu’au 30 juin à l’église
Sainte-Marie-Madeleine de Lille, du vendredi
au dimanche, 10 h-19 h. Entrée libre.
La ville est incendiée
avant d’être abandonnée par
les Russes échappant à l’avancée
de Napoléon Bonaparte.
1924
Le pouvoir communiste bâtit
un mausolée sur la place Rouge
pour y abriter la dépouille
de Lénine. En 1993, Boris Eltsine
décide de supprimer les crédits
alloués à sa surveillance
et son entretien. Devant
les protestations, le service
est rétabli.
Août 1991
Le putsch d’un « Comité d’Etat
pour l’état d’urgence »
conservateur, opposé
aux réformes du premier
secrétaire, Mikhaïl Gorbatchev,
échoue dans les rues de Moscou,
où Boris Eltsine, à l’époque
président de la Russie, harangue
la foule, monté sur un char.
NOGGANO,
LA BOMBE QU’ON
NE VERRA PAS
Lille 3000 lui avait offert « du thé chinois
et plein de drogues » pour l’inciter à
venir. Membre des Narcotiques Anonymes depuis huit ans, Noggano ne sera
finalement pas là ce week-end. Originaire du Caucase, le rappeur n’hésite
pas à dézinguer Poutine. Et comme selon
lui, « le fait même de parler est dangereux en Russie », il feinte le pouvoir en
dédoublant sa personnalité. Dans la vie
courante, Noggano est Basta, chanteur
funky qui rassemble les 3-60 ans. Mais
dans les friches industrielles où il se
produit, il est Noggano, un rappeur trash
qui dénonce la corruption. Pour s’en
rendre compte et si vous parlez russe, il
ne vous reste plus qu’à visiter son site*.
Ou attendre qu’il sorte son duo avec
Sefyu, « révélation de l’année » aux dernières Victoires de la musique. W V. V.
* www.noggano.com