ACtion ARMéE - Festival International du Film d`Histoire de Pessac
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ACtion ARMéE - Festival International du Film d`Histoire de Pessac
La Bande à Baader de Uli Edel (d.r.) GUERRES, révolutions ACTION ARMÉe Guerres, révolutions, action armée Les Années Mao Bernard Debord – France, 2005, 55 mn, doc, TV Retour sur l’histoire du mouvement maoïste qui, au tournant des années 60/70, entraîna dans son sillage une large frange de l’intelligentsia et du showbiz français. À partir d’images d’archives et d’entretiens avec d’anciens militants, le film revient sur l’influence – éphémère mais réelle – de la pensée du “Grand Timonier” dans l’Hexagone… À travers les témoignages de celles et ceux qui en furent les fers de lance, le documentaire de Bernard Debord retrace l’histoire du mouvement maoïste français. Une histoire émaillée d’actions plus ou moins violentes et radicales, telles que le sac de l’épicerie Fauchon à Paris, ou encore la campagne de presse contre le notaire de Bruay-en-Artois, accusé à tort d’homicide sur la personne d’une adolescente. « Apparu au milieu des années 60 sous l’influence de la révolution culturelle chinoise, le mouvement maoïste français a été l’un des courants majeurs de la gauche française jusqu’à sa dogmatisation «ouvriériste» et son enlisement vers 1972. Les maoïstes auront été à l’avant-garde des nombreuses luttes pour les libertés, anticipant les combats de la décennie à venir : liberté des travailleurs immigrés, des femmes et des homosexuels, conditions de vie des prisonniers. Ce document très dense parcourt chronologiquement la période 1964-1972 en situant le mouvement maoïste français dans son contexte national et internationnal. Les interviews des anciens «mao» sont illustrées par de nombreuses images d’archives » (Forum des Images). Distributeur INA Format Beta SP ou DVD Cie de production INA Entreprise Auteur Bernard Debord Image Laurent Didier, Dominique Alisé et Stéphane Carbon Son Julien Cloquet Montage Sylvie Bourget Au nom du père [In the Name of the Father] Jim Sheridan – Irlande/Grande-Bretagne, 1993, 133 mn, coul 1974. À la suite d’un attentat meurtrier de l’IRA commis dans la banlieue londonienne, la police britannique arrête deux petits voyous irlandais, Gerry Conlon et Paul Hill, ainsi que leurs familles, et obtient leurs aveux sous la torture. Condamnés à de lourdes peines en dépit de leur innocence, ils sont soutenus par une avocate qui se bat pour la révision de leur procès… Chantre des tourments de « l’âme irlandaise », le Dublinois Jim Sheridan s’est lancé dans la reconstitution du drame des « Quatre de Guildford », considéré comme l’une des plus graves erreurs de l’histoire judiciaire britannique du XXe siècle. Récit picaresque et tragique (adapté de la propre autobiographie de Gerard « Gerry » Conlon), Au nom du père est sans nul doute l’œuvre la plus résolument engagée d’un cinéaste en prise directe avec les préoccupations de son Irlande natale, terre sans pardon déchirée par la guerre et humiliée par le « grand frère » anglais, particulièrement au cours des années 70. Une humiliation qui s’insinue jusque dans les salles d’interrogatoire – où l’on s’emploie à faire avouer n’importe quel innocent ayant commis le crime d’être né Irlandais – et les prétoires, où l’on se presse de condamner à tour de bras pour satisfaire complaisamment l’opinion publique. À travers la dramatique destinée – pour ne pas dire la « descente aux enfers » – de toute une famille, se dessine l’incurie et la brutalité d’un appareil répressif (par ailleurs aussi inefficace qu’inhumain) qui dévoile bassement son vrai visage : celui d’une fabrique de faux coupables et de vraies injustices. Sortie française 9 mars 1994 Distributeur Swank Films Format 35 mm – 1.85 Cies de production Hell’s Kitchen Films/Universal Pictures Producteurs Jim Sheridan et Arthur Lappin Scénario Jim Sheridan et Terry George, d’après l’autobiographie de Gerry Conlon Image Peter Biziou Son Samuel F. Kaufman, Andrea Lakin et Ron Davis Montage Gerry Hambling Musique originale Trevor Jones – Avec Daniel Day-Lewis (Gerry Conlon), Pete Postlethwaite (Giuseppe Conlon), Emma Thompson (Gareth Peirce), John Lynch (Paul Hill), Corin Redgrave (Robert Dixon)… conquête du pouvoir les années la 70 conquête : la le grand du tournant pouvoir - films- 87 Guerres, révolutions, action armée La Bande à Baader [Der Baader Meinhof Komplex] Uli Edel – Allemagne/France/République tchèque, 2008, 145 mn, coul Dans les années 70, l’Allemagne de l’Ouest vit au rythme des attentats sanglants perpétrés par la bande à Baader. Ennemis déclarés de l’impérialisme américain, ses leaders – Baader, Meinhof et Ensslin – rêvent d’une société plus humaine mais perdent peu à peu leur propre humanité en recourant à la violence radicale… Filmé avec force efficacité, méticulosité et objectivité, La Bande à Baader se penche sur l’une des pages les plus sombres et sanglantes de l’histoire contemporaine allemande. Organisation terroriste d’extrême-gauche constituée en 1970 autour d’Andreas Baader et Ulricke Meinhof, la « Fraction Armée Rouge » se livra à une série d’actions meurtrières qui culminèrent en 1977 avec l’enlèvement et l’exécution de Hanns Martin Schleyer, représentant du patronat ouest-allemand et ancien nazi. « Le premier défi a été de condenser dix ans d’histoire dans un long métrage. […] Plutôt qu’une structure de narration linéaire, le film consiste en un certain nombre de pièces de puzzle que le public doit assembler pour obtenir l’image complète. Au plan pratique, cela signifie que les personnages apparaissent, souvent sans avoir de nom, et qu’ils disparaissent lorsqu’ils ne jouent plus de rôle dans l’histoire. Il n’y a personne à qui le spectateur puisse s’identifier […]. Se sentir proche émotionnellement d’un personnage aurait automatiquement impliqué une certaine interprétation du film, et c’est exactement ce que je voulais éviter. […] Je ne voulais pas nourrir le public avec des réponses taillées sur mesure […] à des questions complexes. Après tout, le titre original est Der Baader Meinhof Komplex, et non pas Der Baader Meinhof Simplex » (Bernd Eichinger, in dossier de presse). Sortie française 12 novembre 2008 Distributeur Metropolitan Filmexport Format 35mm – 1.85 : 1 Cies de production Constantin Film Produktion/NEF/G.T. Film Production/NDR/BR/ WDR/Degeto Film/Dune Films Producteurs Bernd Eichinger, Manuel Malle et Tomas Gabriss Scénario Bernd Eichinger, Uli Edel, d’après le livre de Stefan Aust Image Rainer Klausmann Son Stefan Busch Montage Alexander Berner Musique originale Peter Hinderthür et Florian Tessloff – Avec Martina Gedeck (Ulrike Meinhof), Moritz Bleibtreu (Andreas Baader), Johanna Wokalek (Gudrun Ensslin), Nadja Uhl (Brigitte Mohnhaupt), Jan Josef Liefers (Peter)… Bloody Sunday Paul Greengrass – Grande-Bretagne/Irlande, 2002, 107 mn, coul Le dimanche 30 janvier 1972, à Derry, en Irlande du Nord, Ivan Cooper organise une marche pacifique pour l’égalité des droits entre catholiques et protestants. Au cours de la manifestation, l’armée britannique fait feu, tuant treize personnes sur le coup… Ours d’Or au Festival de Berlin en 2002, le film de Paul Greengrass est une reconstitution aussi minutieuse et réaliste que fiévreuse et bouleversante d’une des pages les plus honteuses de l’histoire contemporaine britannique. Un témoignage historique indispensable en même temps qu’une véritable catharsis, offrant à la fois une représentation scrupuleuse et dépassionnée des événements survenus lors de ce « dimanche sanglant » – prélude à l’escalade de la violence des années 70/80 – et une lumineuse mise en perspective des enjeux socio-politiques soulevés par la question nordirlandaise au début des seventies. Le parti pris de mise en scène fonctionne remarquablement, conférant une force saisissante au propos du réalisateur-scénariste : tourné à la manière d’un reportage « sur le vif », caméra à l’épaule, le film invite en effet le spectateur à partager le point de vue de chacun (militaire ou rebelle, pacifiste ou partisan de la lutte armée), jusqu’à l’horreur finale (présentée comme la somme des tensions les plus exacerbées et des instincts les plus primaires). Une œuvre haletante, tragique et libératrice, qui « solde les comptes » d’une époque marquée par la haine. 88 films - les années 70 : le grand tournant Sortie française 30 octobre 2002 Distributeur Haut et Court Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Bórd Scannán hÉireann/Granada Television/Hell’s Kitchen Films/Irish Film Board/ Portman Entertainment Group Producteurs Mark Redhead, Don Mullan et Paul Myler Scénario Paul Greengrass Image Ivan Strasburg Son Albert Bailey et Danny Longhurst Montage Clare Douglas Musique originale Dominic Muldowney – Avec James Nesbitt (Ivan Cooper), Allan Gildea (Kevin McCorry), Gerard Crossan (Eamonn McCann), Mary Moulds (Bernadette Devlin), Carmel McCallion (Bridget Bond)… Guerres, révolutions, action armée Buongiorno, notte Marco Bellocchio – Italie/Grande-Bretagne, 2004, 106 mn, coul Rome, 1978. Engagée dans la lutte armée – en dépit d’un quotidien apparemment ordinaire – Chiara est impliquée dans l’enlèvement et la séquestration du chef du gouvernement italien Aldo Moro. En conflit avec les autres membres du groupe, la jeune femme se prend à remettre en question son propre rôle de combattante… Rompant dès son premier long métrage (Les Poings dans les poches, 1965) avec la mouvance néoréaliste, Marco Bellocchio – figure iconique du cinéma contestataire (sinon « gramsciste ») transalpin – s’est attaqué avec constance et virulence aux symboles du conformisme italien d’après-guerre, n’épargnant ni la bourgeoisie provinciale (La Chine est proche, 1967), ni la religion catholique et l’enseignement confessionnel (Au nom du père, 1971), pas plus que la presse (Viol en première page, 1972), ou l’armée (La Marche triomphale, 1976). Cependant, comme le souligne très justement Jean Tulard, « pour Bellocchio la révolte est nécessaire et efficace à condition qu’elle soit lucide » (Dictionnaire des réalisateurs, éd. Robert Laffont). C’est précisément cette problématique que soulève le cinéaste, dans un subtil entrelacs de faits réels, de fiction intimiste et d’onirisme mélancolique. Filmé sans parti pris idéologique, Buongiorno, notte (ou « Bonjour, la nuit », titre oxymorique reflétant les contradictions de la jeune Chiara, tiraillée entre sa fidélité à la cause brigadiste et un sentiment compassionnel mêlé de culpabilité à l’égard d’Aldo Moro) se révèle une œuvre pleine de maturité, en même temps qu’une poignante réflexion sur l’inanité de l’engagement terroriste et la vacuité de « l’éthique révolutionnaire ». Sortie française 4 février 2004 Distributeur Océan Films Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Rai Cinema/Sky Pictures Producteurs Marco Bellocchio et Sergio Pelone Scénario Marco Bellocchio et Daniela Ceselli, d’après le livre d’Anna Laura Braghetti et Paola Tavella Image Pasquale Mari Son Gaetano Carito, Fabio Cerretti et Emanuela Di Giunta Montage Francesca Calvelli Musique originale Riccardo Giagni – Avec Maya Sansa (Chiara), Luigi Lo Cascio (Mariano), Roberto Herlitzka (Aldo Moro), Paolo Briguglia (Enzo), Pier Giorgio Bellocchio (Ernesto)… Capitaines d’avril [Capitães de abril] Maria de Medeiros – Portugal/Espagne, 2000, 123 mn, coul Portugal, le 24 avril 1974. La radio diffuse une chanson censurée, Grândola, prélude à un coup d’État militaire fomenté par des officiers rebelles et idéalistes, las des dérives du régime salazariste. Ainsi débute la “révolution des Œillets”… Tourné un quart de siècle après les événements qu’il relate, Capitaines d’avril est un peu à l’historiographie cinématographiqueportugaise ce que le Paris brûle-t-il ? (1966) de René Clément fut à celle de la Libération : un vibrant et chaleureux hommage à une génération qui eut le courage de dire « non ». Mais si le film de Clément relevait davantage de la fresque guerrière unanimiste, celui de Maria de Medeiros opte pour une démarche clairement intimiste (il est vrai plus en accord avec le caractère pacifique du coup d’État de 1974), où les destins individuels de quelques personnages attachants se mêlent à la grande Histoire alors en marche : celle d’un pays opprimé par la plus longue dictature d’Europe occidentale au XXème siècle (19331974). Un pays embourbé, depuis l’aube des années 60, dans d’inextricables guerres coloniales (au Mozambique, en Angola et en Guinée-Bissau) engloutissant jusqu’à 60% du budget national. Un pays épuisé par quatre décennies de fascisme, incarné par un « État nouveau » demeuré sourd à toutes les revendications de modernisation économique et sociale. Un pays dont la vieille devise salazariste, « Orgueilleusement seuls », s’est finale- ment effacée au profit d’une autre, qui pourrait s’écrire ainsi : « Dignement libres » Sortie française 24 janvier 2001 Distributeur JBA Production Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Alia Film/France 2 Cinéma/IPACA/JBA Production/Mutante Filmes/Producciones Cinematográficas Filmart S.L./RTP/Arte France Cinéma Producteur Jacques Bidou Scénario Maria de Medeiros et Ève Deboise Image Michel Abramowicz Son Jérôme Thiault Montage Jacques Witta Musique originale António Vitorino D’Almeida– Avec Stefano Accorsi (Maia), Maria de Medeiros (Antónia), Joaquim de Almeida (Gervásio), Frédéric Pierrot (Manuel), Fele Martínez (Lobão)… conquête du pouvoir les années la 70 conquête : la le grand du tournant pouvoir - films- 89 Guerres, révolutions, action armée Carlos, le film Olivier Assayas – France/Allemagne, 2010, 165 mn, coul Histoire d’une figure du terrorisme international des années 70/80. Arrêté par la police française en 1994, Ilich Ramírez Sánchez, dit « Carlos », personnage contradictoire porté par les flux et les dérives de l’histoire de son époque, n’aura cessé d’être une énigme… Si le personnage de « Carlos » a souvent été présenté – non sans une certaine complaisance (au moins d’ordre terminologique) – comme une figure « mythique » du terrorisme international des seventies, force est de reconnaître que les auteurs de cette « biographie » richement documentée et savamment orchestrée (initialement diffusée en trois parties à la télévision, dans sa version intégrale de 5h30) se sont bien gardés d’idéaliser le personnage. « Carlos a été, à une époque où il ressemblait à beaucoup de jeunes gens de sa génération, un militant politique engagé, fasciné par les luttes de libération en cours aux quatre coins du monde : c’était alors une vraie guerre, au Chili, au Vietnam, au Moyen-Orient, et même en Europe, déclinaison de l’affrontement des deux blocs de la Guerre froide. Mais Carlos est bientôt passé du militantisme à un mercenariat cynique qui a prospéré à une époque où l’on pouvait maquiller cela d’un vague discours politique, aussi confus qu’insupportable, celui des années de plomb. C’est un homme violent, un tueur, fasciné par les armes, par sa propre virilité. Mais c’est aussi un aventurier de son temps, qui est allé au bout des impasses d’une histoire, celle de sa génération » (Olivier Assayas, note d’intention). Sortie française 7 juillet 2010 Distributeur MK2 Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production Film en Stock/Egoli Tossell Film Producteur Daniel Leconte Scénario Olivier Assayas et Dan Franck, d’après une idée originale de Daniel Leconte Conseiller historique Stephen Smith Image Yorick Le Saux et Denis Lenoir Son Nicolas Cantin Montage Luc Barnier – Avec Édgar Ramírez (Ilich Ramírez Sánchez, dit « Carlos »), Alexander Scheer (Johannes Weinrich), Nora von Waldstätten (Magdalena Kopp), Ahmad Kaabour (Wadie Haddad), Christoph Bach (HansJoachim Klein, dit « Angie »)… Flame Ingrid Sinclair – Zimbabwe, 1996, 90 mn, coul 1975. En Rhodésie (actuel Zimbabwe), la guerre de libération – ou “Chimurenga” – fait rage. Florence et Nyasha, deux adolescentes de quinze ans, quittent leurs familles pour rejoindre les rangs des “Combattants de la Liberté” et vivre l’expérience de la lutte armée… Œuvre militante et profondément courageuse, Flame constitue un vibrant plaidoyer pour la reconnaissance des droits des femmes engagées dans la guerre de Libération du Zimbabwe (1975-1979), conflit ayant entraîné la mort de quelque 25 000 personnes et l’exil d’environ 200 000 autres au Mozambique, en Zambie et au Bostwana. À travers l’itinéraire de deux adolescentes rejoignant les forces rebelles dans l’espoir de construire un avenir meilleur pour elles-mêmes et leurs semblables, se dessine la tragédie d’un pays déchiré par le fléau de la guerre civile et en proie à toutes les turpitudes, parmi lesquelles l’exploitation sexuelle des combattantes par leurs propres frères d’armes ! À cet égard, Flame n’a pas manqué de soulever la controverse : qualifié de « subversif » et de « pornographique » par l’administration du dictateur Robert Mugabe, le film a échappé de peu à la saisie et à la confiscation en cours de production et au-delà… Riche d’implications historiques, sociologiques et féministes, ce premier long métrage d’Ingrid Sinclair marque une date essentielle dans la représentation du combat des noires africaines pour leur liberté de femmes et de citoyennes. 90 films - les années 70 : le grand tournant Distributeur JBA Productions Format DVD ou DCP – 1.66 : 1 Cies de production JBA Production/Black & White Film Company/On Land Producteur Jacques Bidou Auteurs Ingrid Sinclair, Barbara Jago et Philip Roberts Image João Costa Son Fouazi Thabet Montage Elisabeth Moulinier Musique originale Philip Roberts – Avec Marian Kunonga (Florence, dite “Flame”), Ulla Mahaka (Nyasha, dite “Liberty”), Moise Matura (Che), Norman Madawo (Danger), Dick “Chinx” Chigaira (Rapo)… Guerres, révolutions, action armée Kippour [Kippur] Amos Gitaï – Israël/France, 2000, 123 mn, coul Le 6 octobre 1973, jour du Yom Kippour, Weinraub et Ruso – deux soldats israéliens engagés dans la guerre des Six Jours – essaient en vain de rejoindre leur unité. Dans le chaos général, ils décident d’intégrer une équipe de secouristes et ne tardent pas à découvrir l’horreur de la guerre… Kippour aurait pu être une œuvre édifiante, moralisatrice, voire propagandiste. Il n’en est rien. Car le parti pris d’Amos Gitaï, sobre et dénué de tout prêchi-prêcha idéologique, n’est pas d’expliquer la guerre dans une perspective prosaïquement illustrative mais d’appréhender, à hauteur d’homme, la détresse infinie de ceux qui subissent l’horreur d’un conflit « absent ». Jamais filmée de manière frontale, la quatrième guerre israéloarabe (6-24 octobre 1973) n’est en effet abordée qu’à travers ses répercussions physiques et morales immédiates. Qui plus est, de la même manière qu’il se refuse à toute représentation graphiquement spectaculaire, le cinéaste – lui-même vétéran de la guerre du Kippour – ignore toute velléité démonstrative ou voyeuriste : ainsi, bien que plongés dans un indescriptible chaos, ses personnages conservent-ils – jusqu’au bout et par-delà les souffrances endurées – une dignité résolument exemplaire. En cela, certains « grands anciens » – tels le Richard Brooks du Cirque infernal (1953) ou le Samuel Fuller des Maraudeurs attaquent (1962) – n’auraient sans doute pas renié, en leur temps, une semblable approche. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Fuller – qu’Amos Gitai a bien connu et dirigé à deux reprises dans Golem, l’esprit de l’exil (1992) et Golem, le jardin pétrifié (1993) – est spécialement remercié au générique de Kippour. Sortie française 13 septembre 2000 Distributeur Agav Films Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Agav Hafakot/M.P. Productions Producteurs Amos Gitaï et Michel Propper Scénario Amos Gitaï et Marie-José Sanselme Image Renato Berta Son Eli Yarkoni, Alex Claude et Cyril Holtz Montage Kobi Netanel et Monica Coleman Musique originale Jan Garbarek – Avec Liron Levo (Weinraub), Tomer Ruso (Ruso), Uri Ran Klauzner (le docteur), Yoram Hattab (le pilote), Guy Amir (Gadassi)… Munich Steven Spielberg – USA/Canada/France, 2005, 164 mn, coul Au lendemain de la prise d’otages de Munich, le gouvernement israélien entreprend de faire exécuter plusieurs responsables palestiniens liés à l’attentat. Agent du Mossad, Avner est chargé de constituer une équipe spéciale pour accomplir cette périlleuse mission à travers l’Europe et le Liban… Auteur de quelques-uns des plus grands succès du box-office international de ces trente dernières années, Steven Spielberg est un cinéaste « roublard » qui n’a jamais craint de se lancer dans des projets où on ne l’attendait guère (depuis Sugarland Express [1974] jusqu’à Amistad [1997], en passant par 1941 [1979], La Couleur pourpre [1985] et Empire du soleil [1987]). Avec Munich, le réalisateur a de nouveau surpris contempteurs et thuriféraires, en évoquant la sanglante tragédie qui coûta la vie à onze athlètes israéliens durant les Jeux Olympiques de 1972 et suscita le déclenchement de l’opération « Colère de Dieu » (initiée par Golda Meir, alors Premier ministre de l’État d’Israël), visant à éliminer les commanditaires présumés de la prise d’otages (tous membres du groupement armé « Septembre noir » ou de l’OLP). Technicien remarquable autant que fin conteur, Spielberg refuse tout manichéisme simplificateur et pose – à travers le personnage de l’agent Avner, en proie aux démons de la paranoïa, du doute et de la culpabilité – la double question de la moralité et de la légalité d’une croisade punitive unilatérale, entreprise au mépris de la vie humaine et des règles élémentaires du droit international. Sortie française 25 janvier 2006 Distributeur Paramount Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production DreamWorks SKG/Universal Pictures/Amblin Entertainment/The Kennedy-Marshall Company/Barry Mendel Productions/Alliance Atlantis Communications Producteurs Steven Spielberg, Kathleen Kennedy, Barry Mendel et Colin Wilson Scénario Tony Kushner et Eric Roth, d’après le livre de George Jonas Image Janusz Kaminski Son Ben Burtt, Richard Hymns et Matthew Wood Montage Michael Kahn Musique originale John Williams – Avec Eric Bana (Avner), Daniel Craig (Steve), Ciarán Hinds (Carl), Mathieu Kassovitz (Robert), Geoffrey Rush (Ephraim)… conquête du pouvoir les années la 70 conquête : la le grand du tournant pouvoir - films- 91 Guerres, révolutions, action armée Rapt so Lucas Belvaux – France/Belgique, 2009, 125 mn, coul À l’instar d’un certain baron Empain, le riche industriel Stanislas Graff est enlevé par un commando de truands qui réclament une rançon contre sa libération. Amputé, humilié, Graff vit un calvaire sans nom et s’interroge sur l’apparente absence de réaction de ses proches… Le 23 janvier 1978, le baron Édouard-Jean Empain, riche héritier et P-DG du groupe industriel Empain-Schneider, est enlevé à la sortie de son domicile parisien par une bande de malfrats. Libéré après deux mois de captivité et d’intenses souffrances physiques et psychologiques, son existence s’en trouvera à tout jamais bouleversée. S’inspirant de cette sordide affaire criminelle, Lucas Belvaux a choisi de s’en détacher (en modifiant les noms des personnages et en transposant son récit dans la France de 2009) pour mieux recentrer l’histoire sur son sujet et, partant, en refléter l’intemporalité, sinon l’universalité. Car, davantage qu’un thriller nerveux et sans apprêt, Rapt apparaît comme la transcription « d’une histoire qui a résisté au temps », selon les propres termes du cinéaste. L’histoire d’un homme martyrisé par ses bourreaux, incompris par ses proches et rejeté par ses pairs. L’histoire d’un homme trahi, bafoué, sali, ostracisé, passant soudainement – et sans autre forme de procès – du statut de golden boy, devant lequel les gens « se couchent », à celui de serial loser, contre lequel le monde se dresse. L’histoire d’un homme seul… éprouvant la douleur d’avoir été, trop longtemps, mal accompagné. La Seconda Volta Mimmo Calopresti – Italie/France, 1995, 80 mn, coul Professeur à Turin, Alberto Sajevo rencontre Lisa Venturi qui, douze ans auparavant, avait tenté de le tuer. Ayant refoulé son passé terroriste, Lisa ne le reconnaît pas, contrairement à lui, qui n’a rien oublié et espère trouver les réponses aux questions qui l’obsèdent depuis tant d’années… Premier long métrage de Mimmo Calopresti, La Seconda Volta (ou, littéralement, « la deuxième fois »), est le récit grave et Sortie française 18 novembre 2009 Distributeur Diaphana Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production AGAT Films & Cie/ Entre Chien et Loup/France 3 Cinéma/RTBF/Ateliers de Baere Producteurs Patrick Sobelman, Diana Elbaum et Sébastien Delloye Scénario Lucas Belvaux Image Pierre Milon Son Henri Morelle et Ricardo Castro Montage Danielle Anezin Musique originale Riccardo Del Fra – Avec Yvan Attal (Stanislas Graff), Anne Consigny (Françoise Graff), André Marcon (André Peyrac), Françoise Fabian (Marjorie), Alex Descas (maître Walser)… singulier d’improbables « retrouvailles » s’articulant autour d’un passé douloureux qui ne passe pas : celui des « années de plomb ». De plomb, il est d’ailleurs question au propre comme au figuré, puisque le personnage d’Alberto – rescapé d’un attentat portant la signature des Brigades rouges – vit avec une balle nichée dans la tête, d’où les chirurgiens n’ont pu l’extraire. Son bourreau, Lisa, qu’il retrouve par hasard, est elle aussi prisonnière d’un passé brigadiste aux conséquences irréversibles : désormais en semi-liberté, elle regagne tous les soirs sa cellule. Deux destinées divergentes, incompatibles, l’une « subie », l’autre « choisie ». Avec, à la clé, cette insoluble interrogation : « pourquoi » ? On l’aura compris, l’œuvre de Calopresti se veut avant tout une allégorie sur le rapport au temps et le poids que fait peser un passé – révolu – sur le présent – suspendu – de deux êtres marqués par la vie. « Mais on comprend surtout, et c’est peut-être la seule leçon du film, qu’il ne sert à rien de repasser par une ancienne escale, si cruciale fût-elle, si l’on ne doit ensuite poursuivre son chemin » (Gabriel Landry, 24 images, n° 83-84, 1996). Sortie française 10 mai 1996 Distributeur Bac Films Format 35 mm Cies de production Banfilm/La Sept Cinéma/Sacher Film Producteurs Nella Banfi, Nanni Moretti, Angelo Barbagallo Scénario Francesco Bruni, Mimmo Calopresti et Heidrun Schleef Image Alessandro Pesci Son Alessandro Zanon Montage Claudio Cormio Musique originale Franco Piersanti – Avec Nanni Moretti (Alberto Sajevo), Valeria Bruni-Tedeschi (Lisa Venturi), Simona Caramelli (Sonia), Valeria Milillo (Francesca), Francesca Antonelli (Antonella)… 92 films - les années 70 : le grand tournant sortie nationale Guerres, révolutions, action armée SORTIE NATIONALE Argo Ben Affleck – États-Unis, 2012, 120 mn, coul Le 4 novembre 1979, alors que la « révolution khomeyniste » bat son plein, des militants islamistes envahissent l’ambassade des États-Unis à Téhéran, et prennent une cinquantaine de ressortissants américains en otage. Dans le chaos qui s’ensuit, six d’entre eux parviennent à s’échapper et se réfugient au domicile de l’ambassadeur du Canada. Tony Mendez, un agent de la CIA, élabore un plan démentiel afin de les « exfiltrer »… Inspiré d’une histoire vraie longtemps tenue secrète, ce troisième long métrage signé Ben Affleck constitue, ainsi que l’a justement souligné la presse américaine à sa sortie, « un excellent thriller politique narré avec intelligence, un grand sens du détail et une dose surprenante d’humour barré, portant un regard sérieux sur la crise iranienne des otages de 1979-1981 » (The Hollywood Reporter). Récit à suspense – un rien enjolivé – d’une authentique opération « d’exfiltration » menée par la CIA (au cours de laquelle six membres du personnel d’ambassade réussirent à quitter l’Iran, déguisés en techniciens d’une fausse équipe de tournage canadienne censée effectuer des repérages pour les besoins d’un film de science-fiction !), Argo ne sacrifie pas à la seule « petite histoire » et confère à la « grande » sa juste dimension : celle d’une crise diplomatique majeure de 444 jours, qui marqua le début des relations conflictuelles entre l’Iran et les USA et contribua à la défaite du président Jimmy Carter lors des élections de 1980, face au républicain Ronald Reagan (investi le 20 janvier 1981, jour même de la libération des otages). Sortie française 7 novembre 2012 Distributeur Warner Bros. Format DCP – 2.35 : 1 Cies de production GK Films/Smoke House/Warner Bros. Pictures Producteurs Ben Affleck, George Clooney et Grant Heslov Scénario Chris Terrio Image Rodrigo Prieto Son Erik Aadahl, P.K. Hooker, José Antonio García et Edward Tise Montage William Goldenberg Musique originale Alexandre Desplat – Avec Ben Affleck (Tony Mendez), Bryan Cranston (Jack O’Donnell), Alan Arkin (Lester Siegel), John Goodman (John Chambers), Victor Garber (Ken Taylor)… conquête du pouvoir les années la 70 conquête : la le grand du tournant pouvoir - films- 93