ACtion ARMéE - Festival International du Film d`Histoire de Pessac

Transcription

ACtion ARMéE - Festival International du Film d`Histoire de Pessac
La Bande à Baader de Uli Edel (d.r.)
GUERRES,
révolutions
ACTION ARMÉe
Guerres, révolutions, action armée
Les Années Mao
Bernard Debord – France, 2005, 55 mn, doc, TV
Retour sur l’histoire du mouvement maoïste qui,
au tournant des années 60/70, entraîna dans son sillage
une large frange de l’intelligentsia et du showbiz français.
À partir d’images d’archives et d’entretiens avec
d’anciens militants, le film revient sur l’influence –
éphémère mais réelle – de la pensée du “Grand Timonier” dans l’Hexagone…
À travers les témoignages de celles et ceux qui en furent les fers de
lance, le documentaire de Bernard Debord retrace l’histoire du
mouvement maoïste français. Une histoire émaillée d’actions plus
ou moins violentes et radicales, telles que le sac de l’épicerie Fauchon à Paris, ou encore la campagne de presse contre le notaire de
Bruay-en-Artois, accusé à tort d’homicide sur la personne d’une
adolescente. « Apparu au milieu des années 60 sous l’influence de
la révolution culturelle chinoise, le mouvement maoïste français
a été l’un des courants majeurs de la gauche française jusqu’à
sa dogmatisation «ouvriériste» et son enlisement vers 1972. Les
maoïstes auront été à l’avant-garde des nombreuses luttes pour les
libertés, anticipant les combats de la décennie à venir : liberté des
travailleurs immigrés, des femmes et des homosexuels, conditions
de vie des prisonniers. Ce document très dense parcourt chronologiquement la période 1964-1972 en situant le mouvement
maoïste français dans son contexte national et internationnal. Les
interviews des anciens «mao» sont illustrées par de nombreuses
images d’archives » (Forum des Images).
Distributeur INA Format Beta SP ou DVD Cie de production
INA Entreprise Auteur Bernard Debord Image Laurent Didier,
Dominique Alisé et Stéphane Carbon Son Julien Cloquet
Montage Sylvie Bourget
Au
nom du père
[In the Name of the Father]
Jim Sheridan – Irlande/Grande-Bretagne, 1993, 133 mn, coul
1974. À la suite d’un attentat meurtrier de l’IRA commis
dans la banlieue londonienne, la police britannique arrête
deux petits voyous irlandais, Gerry Conlon et Paul Hill,
ainsi que leurs familles, et obtient leurs aveux sous
la torture. Condamnés à de lourdes peines en dépit de
leur innocence, ils sont soutenus par une avocate
qui se bat pour la révision de leur procès…
Chantre des tourments de « l’âme irlandaise », le Dublinois Jim
Sheridan s’est lancé dans la reconstitution du drame des « Quatre
de Guildford », considéré comme l’une des plus graves erreurs
de l’histoire judiciaire britannique du XXe siècle. Récit picaresque
et tragique (adapté de la propre autobiographie de Gerard « Gerry »
Conlon), Au nom du père est sans nul doute l’œuvre la plus résolument engagée d’un cinéaste en prise directe avec les préoccupations
de son Irlande natale, terre sans pardon déchirée par la guerre et
humiliée par le « grand frère » anglais, particulièrement au cours
des années 70. Une humiliation qui s’insinue jusque dans les salles
d’interrogatoire – où l’on s’emploie à faire avouer n’importe quel
innocent ayant commis le crime d’être né Irlandais – et les prétoires,
où l’on se presse de condamner à tour de bras pour satisfaire complaisamment l’opinion publique. À travers la dramatique destinée –
pour ne pas dire la « descente aux enfers » – de toute une famille,
se dessine l’incurie et la brutalité d’un appareil répressif (par ailleurs
aussi inefficace qu’inhumain) qui dévoile bassement son vrai visage :
celui d’une fabrique de faux coupables et de vraies injustices.
Sortie française 9 mars 1994 Distributeur Swank Films Format
35 mm – 1.85 Cies de production Hell’s Kitchen Films/Universal
Pictures Producteurs Jim Sheridan et Arthur Lappin Scénario
Jim Sheridan et Terry George, d’après l’autobiographie de Gerry
Conlon Image Peter Biziou Son Samuel F. Kaufman, Andrea
Lakin et Ron Davis Montage Gerry Hambling Musique originale
Trevor Jones – Avec Daniel Day-Lewis (Gerry Conlon),
Pete Postlethwaite (Giuseppe Conlon), Emma Thompson
(Gareth Peirce), John Lynch (Paul Hill), Corin Redgrave
(Robert Dixon)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
87
Guerres, révolutions, action armée
La
Bande à Baader
[Der Baader Meinhof Komplex]
Uli Edel – Allemagne/France/République tchèque, 2008, 145 mn, coul
Dans les années 70, l’Allemagne de l’Ouest vit au rythme
des attentats sanglants perpétrés par la bande à
Baader. Ennemis déclarés de l’impérialisme américain,
ses leaders – Baader, Meinhof et Ensslin – rêvent
d’une société plus humaine mais perdent peu à peu leur
propre humanité en recourant à la violence radicale…
Filmé avec force efficacité, méticulosité et objectivité, La Bande à
Baader se penche sur l’une des pages les plus sombres et sanglantes
de l’histoire contemporaine allemande. Organisation terroriste
d’extrême-gauche constituée en 1970 autour d’Andreas Baader et
Ulricke Meinhof, la « Fraction Armée Rouge » se livra à une série
d’actions meurtrières qui culminèrent en 1977 avec l’enlèvement
et l’exécution de Hanns Martin Schleyer, représentant du patronat
ouest-allemand et ancien nazi. « Le premier défi a été de condenser
dix ans d’histoire dans un long métrage. […] Plutôt qu’une structure de narration linéaire, le film consiste en un certain nombre de
pièces de puzzle que le public doit assembler pour obtenir l’image
complète. Au plan pratique, cela signifie que les personnages apparaissent, souvent sans avoir de nom, et qu’ils disparaissent lorsqu’ils
ne jouent plus de rôle dans l’histoire. Il n’y a personne à qui le spectateur puisse s’identifier […]. Se sentir proche émotionnellement
d’un personnage aurait automatiquement impliqué une certaine
interprétation du film, et c’est exactement ce que je voulais éviter.
[…] Je ne voulais pas nourrir le public avec des réponses taillées
sur mesure […] à des questions complexes. Après tout, le titre
original est Der Baader Meinhof Komplex, et non pas Der Baader
Meinhof Simplex » (Bernd Eichinger, in dossier de presse).
Sortie française 12 novembre 2008 Distributeur Metropolitan
Filmexport Format 35mm – 1.85 : 1 Cies de production
Constantin Film Produktion/NEF/G.T. Film Production/NDR/BR/
WDR/Degeto Film/Dune Films Producteurs Bernd Eichinger,
Manuel Malle et Tomas Gabriss Scénario Bernd Eichinger,
Uli Edel, d’après le livre de Stefan Aust Image Rainer Klausmann
Son Stefan Busch Montage Alexander Berner Musique
originale Peter Hinderthür et Florian Tessloff – Avec Martina
Gedeck (Ulrike Meinhof), Moritz Bleibtreu (Andreas Baader),
Johanna Wokalek (Gudrun Ensslin), Nadja Uhl (Brigitte
Mohnhaupt), Jan Josef Liefers (Peter)…
Bloody Sunday
Paul Greengrass – Grande-Bretagne/Irlande, 2002, 107 mn, coul
Le dimanche 30 janvier 1972, à Derry, en Irlande du Nord,
Ivan Cooper organise une marche pacifique pour l’égalité
des droits entre catholiques et protestants. Au cours
de la manifestation, l’armée britannique fait feu,
tuant treize personnes sur le coup…
Ours d’Or au Festival de Berlin en 2002, le film de Paul Greengrass
est une reconstitution aussi minutieuse et réaliste que fiévreuse
et bouleversante d’une des pages les plus honteuses de l’histoire
contemporaine britannique. Un témoignage historique indispensable en même temps qu’une véritable catharsis, offrant à la fois
une représentation scrupuleuse et dépassionnée des événements
survenus lors de ce « dimanche sanglant » – prélude à l’escalade
de la violence des années 70/80 – et une lumineuse mise en perspective des enjeux socio-politiques soulevés par la question nordirlandaise au début des seventies. Le parti pris de mise en scène
fonctionne remarquablement, conférant une force saisissante
au propos du réalisateur-scénariste : tourné à la manière d’un
reportage « sur le vif », caméra à l’épaule, le film invite en effet
le spectateur à partager le point de vue de chacun (militaire ou
rebelle, pacifiste ou partisan de la lutte armée), jusqu’à l’horreur
finale (présentée comme la somme des tensions les plus exacerbées et des instincts les plus primaires). Une œuvre haletante,
tragique et libératrice, qui « solde les comptes » d’une époque
marquée par la haine.
88
films
-
les années 70
:
le grand tournant
Sortie française 30 octobre 2002 Distributeur Haut et Court
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Bórd Scannán hÉireann/Granada Television/Hell’s Kitchen Films/Irish Film Board/
Portman Entertainment Group Producteurs Mark Redhead,
Don Mullan et Paul Myler Scénario Paul Greengrass Image Ivan
Strasburg Son Albert Bailey et Danny Longhurst Montage Clare
Douglas Musique originale Dominic Muldowney – Avec James
Nesbitt (Ivan Cooper), Allan Gildea (Kevin McCorry), Gerard
Crossan (Eamonn McCann), Mary Moulds (Bernadette Devlin),
Carmel McCallion (Bridget Bond)…
Guerres, révolutions, action armée
Buongiorno, notte
Marco Bellocchio – Italie/Grande-Bretagne, 2004, 106 mn, coul
Rome, 1978. Engagée dans la lutte armée – en dépit d’un
quotidien apparemment ordinaire – Chiara est impliquée
dans l’enlèvement et la séquestration du chef du
gouvernement italien Aldo Moro. En conflit avec les
autres membres du groupe, la jeune femme se prend
à remettre en question son propre rôle de combattante…
Rompant dès son premier long métrage (Les Poings dans les
poches, 1965) avec la mouvance néoréaliste, Marco Bellocchio – figure iconique du cinéma contestataire (sinon « gramsciste ») transalpin – s’est attaqué avec constance et virulence aux
symboles du conformisme italien d’après-guerre, n’épargnant
ni la bourgeoisie provinciale (La Chine est proche, 1967), ni la
religion catholique et l’enseignement confessionnel (Au nom du
père, 1971), pas plus que la presse (Viol en première page, 1972),
ou l’armée (La Marche triomphale, 1976). Cependant, comme
le souligne très justement Jean Tulard, « pour Bellocchio la révolte
est nécessaire et efficace à condition qu’elle soit lucide » (Dictionnaire des réalisateurs, éd. Robert Laffont). C’est précisément cette
problématique que soulève le cinéaste, dans un subtil entrelacs de
faits réels, de fiction intimiste et d’onirisme mélancolique. Filmé
sans parti pris idéologique, Buongiorno, notte (ou « Bonjour,
la nuit », titre oxymorique reflétant les contradictions de la jeune
Chiara, tiraillée entre sa fidélité à la cause brigadiste et un sentiment compassionnel mêlé de culpabilité à l’égard d’Aldo Moro)
se révèle une œuvre pleine de maturité, en même temps qu’une
poignante réflexion sur l’inanité de l’engagement terroriste et la
vacuité de « l’éthique révolutionnaire ».
Sortie française 4 février 2004 Distributeur Océan Films
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Rai Cinema/Sky
Pictures Producteurs Marco Bellocchio et Sergio Pelone
Scénario Marco Bellocchio et Daniela Ceselli, d’après le livre
d’Anna Laura Braghetti et Paola Tavella Image Pasquale Mari
Son Gaetano Carito, Fabio Cerretti et Emanuela Di Giunta
Montage Francesca Calvelli Musique originale Riccardo
Giagni – Avec Maya Sansa (Chiara), Luigi Lo Cascio (Mariano),
Roberto Herlitzka (Aldo Moro), Paolo Briguglia (Enzo),
Pier Giorgio Bellocchio (Ernesto)…
Capitaines
d’avril
[Capitães de abril]
Maria de Medeiros – Portugal/Espagne, 2000, 123 mn, coul
Portugal, le 24 avril 1974. La radio diffuse une chanson
censurée, Grândola, prélude à un coup d’État militaire
fomenté par des officiers rebelles et idéalistes,
las des dérives du régime salazariste. Ainsi débute
la “révolution des Œillets”…
Tourné un quart de siècle après les événements qu’il relate,
Capitaines d’avril est un peu à l’historiographie cinématographiqueportugaise ce que le Paris brûle-t-il ? (1966) de René
Clément fut à celle de la Libération : un vibrant et chaleureux
hommage à une génération qui eut le courage de dire « non ».
Mais si le film de Clément relevait davantage de la fresque guerrière unanimiste, celui de Maria de Medeiros opte pour une
démarche clairement intimiste (il est vrai plus en accord avec
le caractère pacifique du coup d’État de 1974), où les destins
individuels de quelques personnages attachants se mêlent à
la grande Histoire alors en marche : celle d’un pays opprimé par la
plus longue dictature d’Europe occidentale au XXème siècle (19331974). Un pays embourbé, depuis l’aube des années 60, dans
d’inextricables guerres coloniales (au Mozambique, en Angola
et en Guinée-Bissau) engloutissant jusqu’à 60% du budget national. Un pays épuisé par quatre décennies de fascisme, incarné
par un « État nouveau » demeuré sourd à toutes les revendications de modernisation économique et sociale. Un pays dont la
vieille devise salazariste, « Orgueilleusement seuls », s’est finale-
ment effacée au profit d’une autre, qui pourrait s’écrire ainsi :
« Dignement libres »
Sortie française 24 janvier 2001 Distributeur JBA Production
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Alia Film/France
2 Cinéma/IPACA/JBA Production/Mutante Filmes/Producciones
Cinematográficas Filmart S.L./RTP/Arte France Cinéma
Producteur Jacques Bidou Scénario Maria de Medeiros et
Ève Deboise Image Michel Abramowicz Son Jérôme Thiault
Montage Jacques Witta Musique originale António Vitorino
D’Almeida– Avec Stefano Accorsi (Maia), Maria de Medeiros
(Antónia), Joaquim de Almeida (Gervásio), Frédéric Pierrot
(Manuel), Fele Martínez (Lobão)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
89
Guerres, révolutions, action armée
Carlos, le film
Olivier Assayas – France/Allemagne, 2010, 165 mn, coul
Histoire d’une figure du terrorisme international des
années 70/80. Arrêté par la police française en 1994,
Ilich Ramírez Sánchez, dit « Carlos », personnage
contradictoire porté par les flux et les dérives de l’histoire
de son époque, n’aura cessé d’être une énigme…
Si le personnage de « Carlos » a souvent été présenté – non sans
une certaine complaisance (au moins d’ordre terminologique)
– comme une figure « mythique » du terrorisme international
des seventies, force est de reconnaître que les auteurs de cette
« biographie » richement documentée et savamment orchestrée
(initialement diffusée en trois parties à la télévision, dans sa version intégrale de 5h30) se sont bien gardés d’idéaliser le personnage. « Carlos a été, à une époque où il ressemblait à beaucoup
de jeunes gens de sa génération, un militant politique engagé,
fasciné par les luttes de libération en cours aux quatre coins du
monde : c’était alors une vraie guerre, au Chili, au Vietnam, au
Moyen-Orient, et même en Europe, déclinaison de l’affrontement
des deux blocs de la Guerre froide. Mais Carlos est bientôt passé
du militantisme à un mercenariat cynique qui a prospéré à une
époque où l’on pouvait maquiller cela d’un vague discours politique, aussi confus qu’insupportable, celui des années de plomb.
C’est un homme violent, un tueur, fasciné par les armes, par sa
propre virilité. Mais c’est aussi un aventurier de son temps, qui est
allé au bout des impasses d’une histoire, celle de sa génération »
(Olivier Assayas, note d’intention).
Sortie française 7 juillet 2010 Distributeur MK2 Format 35 mm
– 2.35 : 1 Cies de production Film en Stock/Egoli Tossell Film
Producteur Daniel Leconte Scénario Olivier Assayas et Dan
Franck, d’après une idée originale de Daniel Leconte Conseiller
historique Stephen Smith Image Yorick Le Saux et Denis Lenoir
Son Nicolas Cantin Montage Luc Barnier – Avec Édgar Ramírez
(Ilich Ramírez Sánchez, dit « Carlos »), Alexander Scheer
(Johannes Weinrich), Nora von Waldstätten (Magdalena Kopp),
Ahmad Kaabour (Wadie Haddad), Christoph Bach (HansJoachim Klein, dit « Angie »)…
Flame
Ingrid Sinclair – Zimbabwe, 1996, 90 mn, coul
1975. En Rhodésie (actuel Zimbabwe), la guerre de libération – ou “Chimurenga” – fait rage. Florence et Nyasha,
deux adolescentes de quinze ans, quittent leurs familles
pour rejoindre les rangs des “Combattants de la Liberté”
et vivre l’expérience de la lutte armée…
Œuvre militante et profondément courageuse, Flame constitue
un vibrant plaidoyer pour la reconnaissance des droits des femmes
engagées dans la guerre de Libération du Zimbabwe (1975-1979),
conflit ayant entraîné la mort de quelque 25 000 personnes et
l’exil d’environ 200 000 autres au Mozambique, en Zambie et au
Bostwana. À travers l’itinéraire de deux adolescentes rejoignant
les forces rebelles dans l’espoir de construire un avenir meilleur
pour elles-mêmes et leurs semblables, se dessine la tragédie d’un
pays déchiré par le fléau de la guerre civile et en proie à toutes
les turpitudes, parmi lesquelles l’exploitation sexuelle des combattantes par leurs propres frères d’armes ! À cet égard, Flame n’a
pas manqué de soulever la controverse : qualifié de « subversif » et
de « pornographique » par l’administration du dictateur Robert
Mugabe, le film a échappé de peu à la saisie et à la confiscation en
cours de production et au-delà… Riche d’implications historiques, sociologiques et féministes, ce premier long métrage d’Ingrid
Sinclair marque une date essentielle dans la représentation du
combat des noires africaines pour leur liberté de femmes et de
citoyennes.
90
films
-
les années 70
:
le grand tournant
Distributeur JBA Productions Format DVD ou DCP – 1.66 : 1
Cies de production JBA Production/Black & White Film
Company/On Land Producteur Jacques Bidou Auteurs Ingrid
Sinclair, Barbara Jago et Philip Roberts Image João Costa
Son Fouazi Thabet Montage Elisabeth Moulinier Musique
originale Philip Roberts – Avec Marian Kunonga (Florence,
dite “Flame”), Ulla Mahaka (Nyasha, dite “Liberty”),
Moise Matura (Che), Norman Madawo (Danger), Dick “Chinx”
Chigaira (Rapo)…
Guerres, révolutions, action armée
Kippour [Kippur]
Amos Gitaï – Israël/France, 2000, 123 mn, coul
Le 6 octobre 1973, jour du Yom Kippour, Weinraub et
Ruso – deux soldats israéliens engagés dans la guerre
des Six Jours – essaient en vain de rejoindre leur unité.
Dans le chaos général, ils décident d’intégrer une équipe
de secouristes et ne tardent pas à découvrir l’horreur
de la guerre…
Kippour aurait pu être une œuvre édifiante, moralisatrice,
voire propagandiste. Il n’en est rien. Car le parti pris d’Amos
Gitaï, sobre et dénué de tout prêchi-prêcha idéologique, n’est
pas d’expliquer la guerre dans une perspective prosaïquement
illustrative mais d’appréhender, à hauteur d’homme, la détresse
infinie de ceux qui subissent l’horreur d’un conflit « absent ».
Jamais filmée de manière frontale, la quatrième guerre israéloarabe (6-24 octobre 1973) n’est en effet abordée qu’à travers ses
répercussions physiques et morales immédiates. Qui plus est, de
la même manière qu’il se refuse à toute représentation graphiquement spectaculaire, le cinéaste – lui-même vétéran de la guerre
du Kippour – ignore toute velléité démonstrative ou voyeuriste :
ainsi, bien que plongés dans un indescriptible chaos, ses personnages conservent-ils – jusqu’au bout et par-delà les souffrances
endurées – une dignité résolument exemplaire. En cela, certains
« grands anciens » – tels le Richard Brooks du Cirque infernal
(1953) ou le Samuel Fuller des Maraudeurs attaquent (1962) –
n’auraient sans doute pas renié, en leur temps, une semblable
approche. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Fuller – qu’Amos
Gitai a bien connu et dirigé à deux reprises dans Golem, l’esprit de
l’exil (1992) et Golem, le jardin pétrifié (1993) – est spécialement
remercié au générique de Kippour.
Sortie française 13 septembre 2000 Distributeur Agav Films
Format 35 mm – 1.85 : 1 Cies de production Agav Hafakot/M.P.
Productions Producteurs Amos Gitaï et Michel Propper
Scénario Amos Gitaï et Marie-José Sanselme Image Renato
Berta Son Eli Yarkoni, Alex Claude et Cyril Holtz Montage
Kobi Netanel et Monica Coleman Musique originale
Jan Garbarek – Avec Liron Levo (Weinraub), Tomer Ruso
(Ruso), Uri Ran Klauzner (le docteur), Yoram Hattab (le pilote),
Guy Amir (Gadassi)…
Munich
Steven Spielberg – USA/Canada/France, 2005, 164 mn, coul
Au lendemain de la prise d’otages de Munich,
le gouvernement israélien entreprend de faire exécuter
plusieurs responsables palestiniens liés à l’attentat.
Agent du Mossad, Avner est chargé de constituer
une équipe spéciale pour accomplir cette périlleuse
mission à travers l’Europe et le Liban…
Auteur de quelques-uns des plus grands succès du box-office
international de ces trente dernières années, Steven Spielberg
est un cinéaste « roublard » qui n’a jamais craint de se lancer
dans des projets où on ne l’attendait guère (depuis Sugarland
Express [1974] jusqu’à Amistad [1997], en passant par 1941
[1979], La Couleur pourpre [1985] et Empire du soleil [1987]).
Avec Munich, le réalisateur a de nouveau surpris contempteurs
et thuriféraires, en évoquant la sanglante tragédie qui coûta la vie
à onze athlètes israéliens durant les Jeux Olympiques de 1972 et
suscita le déclenchement de l’opération « Colère de Dieu » (initiée
par Golda Meir, alors Premier ministre de l’État d’Israël), visant à
éliminer les commanditaires présumés de la prise d’otages (tous
membres du groupement armé « Septembre noir » ou de l’OLP).
Technicien remarquable autant que fin conteur, Spielberg refuse
tout manichéisme simplificateur et pose – à travers le personnage
de l’agent Avner, en proie aux démons de la paranoïa, du doute
et de la culpabilité – la double question de la moralité et de la
légalité d’une croisade punitive unilatérale, entreprise au mépris
de la vie humaine et des règles élémentaires du droit international.
Sortie française 25 janvier 2006 Distributeur Paramount
Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production DreamWorks
SKG/Universal Pictures/Amblin Entertainment/The Kennedy-Marshall Company/Barry Mendel Productions/Alliance Atlantis Communications Producteurs Steven Spielberg, Kathleen Kennedy,
Barry Mendel et Colin Wilson Scénario Tony Kushner et Eric
Roth, d’après le livre de George Jonas Image Janusz
Kaminski Son Ben Burtt, Richard Hymns et Matthew Wood
Montage Michael Kahn Musique originale John Williams
– Avec Eric Bana (Avner), Daniel Craig (Steve), Ciarán Hinds
(Carl), Mathieu Kassovitz (Robert), Geoffrey Rush (Ephraim)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
91
Guerres, révolutions, action armée
Rapt
so
Lucas Belvaux – France/Belgique, 2009, 125 mn, coul
À l’instar d’un certain baron Empain, le riche industriel
Stanislas Graff est enlevé par un commando de truands
qui réclament une rançon contre sa libération. Amputé,
humilié, Graff vit un calvaire sans nom et s’interroge
sur l’apparente absence de réaction de ses proches…
Le 23 janvier 1978, le baron Édouard-Jean Empain, riche héritier
et P-DG du groupe industriel Empain-Schneider, est enlevé à
la sortie de son domicile parisien par une bande de malfrats.
Libéré après deux mois de captivité et d’intenses souffrances physiques et psychologiques, son existence s’en trouvera à tout jamais
bouleversée. S’inspirant de cette sordide affaire criminelle, Lucas
Belvaux a choisi de s’en détacher (en modifiant les noms des
personnages et en transposant son récit dans la France de 2009)
pour mieux recentrer l’histoire sur son sujet et, partant, en refléter
l’intemporalité, sinon l’universalité. Car, davantage qu’un thriller
nerveux et sans apprêt, Rapt apparaît comme la transcription
« d’une histoire qui a résisté au temps », selon les propres termes
du cinéaste. L’histoire d’un homme martyrisé par ses bourreaux,
incompris par ses proches et rejeté par ses pairs. L’histoire d’un
homme trahi, bafoué, sali, ostracisé, passant soudainement – et
sans autre forme de procès – du statut de golden boy, devant
lequel les gens « se couchent », à celui de serial loser, contre lequel
le monde se dresse. L’histoire d’un homme seul… éprouvant la
douleur d’avoir été, trop longtemps, mal accompagné.
La Seconda Volta
Mimmo Calopresti – Italie/France, 1995, 80 mn, coul
Professeur à Turin, Alberto Sajevo rencontre Lisa Venturi
qui, douze ans auparavant, avait tenté de le tuer. Ayant
refoulé son passé terroriste, Lisa ne le reconnaît pas,
contrairement à lui, qui n’a rien oublié et espère trouver
les réponses aux questions qui l’obsèdent depuis tant
d’années…
Premier long métrage de Mimmo Calopresti, La Seconda Volta
(ou, littéralement, « la deuxième fois »), est le récit grave et
Sortie française 18 novembre 2009 Distributeur Diaphana Format 35 mm – 2.35 : 1 Cies de production AGAT Films & Cie/
Entre Chien et Loup/France 3 Cinéma/RTBF/Ateliers de Baere
Producteurs Patrick Sobelman, Diana Elbaum et Sébastien
Delloye Scénario Lucas Belvaux Image Pierre Milon
Son Henri Morelle et Ricardo Castro Montage Danielle Anezin
Musique originale Riccardo Del Fra – Avec Yvan Attal (Stanislas Graff), Anne Consigny (Françoise Graff), André Marcon
(André Peyrac), Françoise Fabian (Marjorie), Alex Descas
(maître Walser)…
singulier d’improbables « retrouvailles » s’articulant autour d’un
passé douloureux qui ne passe pas : celui des « années de plomb ».
De plomb, il est d’ailleurs question au propre comme au figuré,
puisque le personnage d’Alberto – rescapé d’un attentat portant
la signature des Brigades rouges – vit avec une balle nichée dans
la tête, d’où les chirurgiens n’ont pu l’extraire. Son bourreau, Lisa,
qu’il retrouve par hasard, est elle aussi prisonnière d’un passé brigadiste aux conséquences irréversibles : désormais en semi-liberté,
elle regagne tous les soirs sa cellule. Deux destinées divergentes,
incompatibles, l’une « subie », l’autre « choisie ». Avec, à la clé,
cette insoluble interrogation : « pourquoi » ? On l’aura compris,
l’œuvre de Calopresti se veut avant tout une allégorie sur le rapport
au temps et le poids que fait peser un passé – révolu – sur le présent
– suspendu – de deux êtres marqués par la vie. « Mais on comprend
surtout, et c’est peut-être la seule leçon du film, qu’il ne sert à rien
de repasser par une ancienne escale, si cruciale fût-elle, si l’on ne
doit ensuite poursuivre son chemin » (Gabriel Landry, 24 images,
n° 83-84, 1996).
Sortie française 10 mai 1996 Distributeur Bac Films Format
35 mm Cies de production Banfilm/La Sept Cinéma/Sacher Film
Producteurs Nella Banfi, Nanni Moretti, Angelo Barbagallo Scénario Francesco Bruni, Mimmo Calopresti et Heidrun Schleef
Image Alessandro Pesci Son Alessandro Zanon Montage Claudio Cormio Musique originale Franco Piersanti
– Avec Nanni Moretti (Alberto Sajevo), Valeria Bruni-Tedeschi
(Lisa Venturi), Simona Caramelli (Sonia), Valeria Milillo
(Francesca), Francesca Antonelli (Antonella)…
92
films
-
les années 70
:
le grand tournant
sortie nationale
Guerres, révolutions, action armée
SORTIE NATIONALE
Argo
Ben Affleck – États-Unis, 2012, 120 mn, coul
Le 4 novembre 1979, alors que la « révolution khomeyniste »
bat son plein, des militants islamistes envahissent
l’ambassade des États-Unis à Téhéran, et prennent
une cinquantaine de ressortissants américains en otage.
Dans le chaos qui s’ensuit, six d’entre eux parviennent à
s’échapper et se réfugient au domicile de l’ambassadeur
du Canada. Tony Mendez, un agent de la CIA, élabore
un plan démentiel afin de les « exfiltrer »…
Inspiré d’une histoire vraie longtemps tenue secrète, ce troisième
long métrage signé Ben Affleck constitue, ainsi que l’a justement
souligné la presse américaine à sa sortie, « un excellent thriller
politique narré avec intelligence, un grand sens du détail et une
dose surprenante d’humour barré, portant un regard sérieux
sur la crise iranienne des otages de 1979-1981 » (The Hollywood
Reporter). Récit à suspense – un rien enjolivé – d’une authentique
opération « d’exfiltration » menée par la CIA (au cours de laquelle
six membres du personnel d’ambassade réussirent à quitter l’Iran,
déguisés en techniciens d’une fausse équipe de tournage canadienne censée effectuer des repérages pour les besoins d’un film
de science-fiction !), Argo ne sacrifie pas à la seule « petite histoire » et confère à la « grande » sa juste dimension : celle d’une
crise diplomatique majeure de 444 jours, qui marqua le début
des relations conflictuelles entre l’Iran et les USA et contribua à
la défaite du président Jimmy Carter lors des élections de 1980,
face au républicain Ronald Reagan (investi le 20 janvier 1981,
jour même de la libération des otages).
Sortie française 7 novembre 2012 Distributeur Warner Bros.
Format DCP – 2.35 : 1 Cies de production GK Films/Smoke
House/Warner Bros. Pictures Producteurs Ben Affleck, George
Clooney et Grant Heslov Scénario Chris Terrio Image Rodrigo
Prieto Son Erik Aadahl, P.K. Hooker, José Antonio García et
Edward Tise Montage William Goldenberg Musique originale
Alexandre Desplat – Avec Ben Affleck (Tony Mendez),
Bryan Cranston (Jack O’Donnell), Alan Arkin (Lester Siegel),
John Goodman (John Chambers), Victor Garber (Ken Taylor)…
conquête
du pouvoir
les années la
70 conquête
: la
le grand
du
tournant
pouvoir
- films-
93

Documents pareils