Les ancêtres sont parmi nous, Catalogue de l

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Les ancêtres sont parmi nous, Catalogue de l
Les ancêtres sont parmi nous, Musée d’ethnographie, Neuchâtel, 1988, publications à
l’occasion de l’exposition « Les ancêtres sont parmi nous », du 4 juin 1988 au 8 janvier
1989, Musée d’ethnographie, Neuchâtel.
Preface
L’ancêtre est un mort qui a réussi.
Le souvenir de l’ancêtre se dissipe habituellement après qqs générations.
L’ancêtre est particulièrement présent dans les sociétés non-occidentales. Mais dans le monde
occidental aussi on a besoin de croire à un au-delà et d’avoir des ancêtres pour faire le lien entre
le monde des vivants et celui des morts.
L’ancêtre peut représenter un modèle mais aussi une projection voire une anticipation. Si nous
voyons plus loin ce n’est pas parce que notre vue s’est améliorée mais parce que nous nous
sommes appuyé sur nos ancêtres.
Les ancêtres sont parmi nous, Fabrizio Sabelli
Malgré la « fin des religions » en occident nous gardons une forme de croyances religieuses.
Ex. : ce que Einstein à découvert est vrai donc on est obligé de lui vouer un culte post-mortem, il
est parmi nous. Question des rites de commémoration qui ne touche de loin pas que les
« primitifs »… La religion doit être pensée comme un système de symbole qui englobe plus de
choses que ce que l’on entend habituellement par « religion ». Toute société fonctionne sur un
système de symboles -> Lévi-Strauss. Fonction symbolique des ancêtres (comme de toute
communication). Toute société a besoin de vérités… vérités qui ne ne pas réçues mais fabriquées,
imaginées au fil des siècles par les hommes… Les ancêtres ont des programmes de vérités qui
modifient ou annule les vérités précédente…
Quelle relations les groupes, sociétés… entretiennent-elles avec leurs ancêtres ? Soumissions,
effacement, aliénation, pouvoir ? Pour Durkheim les ancêtres, comme les Dieux, sont des
transfigurations, des personnifications de la société elle-même. Les Dieux meurent ainsi avec
leurs peuples, car ils ne sont que des peuples symboliques. Interdépendance entre individus et
leurs « êtres référentiels », dieux ou ancêtres… Société apparemment éloigné du sacré, en réalité
pleine de fidèles qui s’ignorent.
Etudes des rites ancestraux = s’arrête en général à la constatation de soumission : enfants
présentés aux ancêtres à la naissance (Diola et Bobo en Afrique de l’Ouest), pouvoir de rétablir la
paix, accroître la richesse… attribuée aux ancêtres (Dogons)… Apparition des ancêtres dans des
rites mythiques de création de l’univers en Australie… Monde chrétien qui ne peut pas non plus
se passer de ses ancêtres : martyrs, saints… Saints, comme ancêtres qui sont consacrés après leur
mort et prennent des rôles symboliques qu’ils n’avaient pas de leurs vivants : représenter un
pays… Pratiques rituelles de désignation différentes…
Passage d’un mort à un ancêtre = malgré rites variés, tjs un ensemble d’actes de magie (cf
Mauss) sociale.
Rite d’institution qui achève un processus qui est déjà une démarche de séparation (cf Bourdieu)
… Rites d’institutions d’ancêtres = modification du personnage en agissant sur ses
représentations.
Autre ex. : de Gaulle, énoncé comme valeur de vérité, qui constitue la « force de frappe » de la
5ème république… mais une nouvelle ancêtre le remplacera, s’édifiant sur l’oubli du précédent.
Des animaux qui ont enlevé leur masque, Isabelle Schulte-Tenckhoff
Pêcheurs-cueilleurs Kwakiutl, près de Vancouver… Monde rituel tourner autour de la nourriture,
de l’esprit des animaux… semble dénoté une position de subordination envers la nature… mais
peut-être plutôt une forme de coopération homme-règne animal… Les animaux viennent du ciel
et parfois enlèvent leurs masques pour devenir humains : animaux comme ancêtres qui parfois
tissent des liens avec des hommes… Rites anthropophagiques pour se mettre dans l’état animal et
être ramené ensuite à l’état humain…
Pouvoirs acquis à travers les ancêtres et accumulés sous forme de masques et d’emblêmes
(animaux… idée du partage de la nourriture à l’époque où l’homme était encore animal)…
L’individu change de nom au cours de sa vie… acquisition d’un nom = accompagné d’une
importante distribution de dons, d’un potlatch… Noms liés aussi aux « maisons »…
Structure d’échange régie par l’idée d’une circulation perpétuelle… opposition des « donateurs
primordiaux de puissance spirituelle » aux donataires actuels, du monde mythique et du monde
réel -> d’où exigence de distribution de richesses matérielles comme complément nécessaire de
toute pratique rituelle... Mais ancêtres adh malmenés, face au monde occidental canadien
(tourisme, ventre d’objets autrefois sacrés, potlatch simulé…
Le culte du cargo ou comment l’esprit des Blancs vient aux Mélanésiens par l’intermédiaire
de leurs ancêtres, Mondher Kilani
Les Papous de Mélanésie n’ont jamais été lié, comme tant d’autres peuples au « fantasme des
origines » des occidentaux… Au débarquement des Européens, à la fin du 19ème, il est au
contraire directement assimilé à un primitf rudimentaire… cible de l’esclavage moderne…
Sa cosmologie est vue comme désordonnée, car elle met en scène un jeu instable entre vivants et
morts…. Culte des ancêtres basé sur une relaton contractuelle, pour le bien-être des individus :
les vivants attendent d’eux richesse et confort…
On ne s’étonne donc pas de voir les « cultes des cargos » voués aux richesses matérielles des
Européens… Divinisation des Blancs que les Papous confondent avec leurs propres ancêtres et
dont ils espéraient trouver la clef de l’abondance matérielle…
Attitude qui n’étonne pas les Européens… mais ils la trouve scandaleuse car trop matérialiste…
L’église, en 1964, tente par un décrêt de « corriger les idées fausses sur le cargo »… Retour des
ancêtres assimilé parfois à l’arrivée des blancs… mais ne rien obtenir de ce cargo peut alors
mener les Mélanésiens à être furieux contre eux-mêmes et leurs ancêtres.
Rencontre entre ces deux peuples = rencontre de regards… Epoque où les rêves de puissance
coloniale ont pris le pas sur les rêves d’exotisme… Mélanesien comme dernier survivant de la
ligné maudite de Cham, fils noir de Noé punit pour avoir vu son père nu… Européen convaincu
de sa superiorité (époque du Code Noir) qui interprète le Papou selon son propre système de
valeurs. Ce qui change radicalement les sociétés Mélanésienne de sont pas les blancs ni ce qu’ils
apportent mais le regard qu’elles portent sur cette culture matérielle supérieure… En ne
travaillant pas mais en arrivant simplement avec des cargos remplis de biens matériels, les Blancs
remplissaient totalement le rôle que les Mélanésiens attendaient de leurs ancêtres : Malentendu à
la source de bien des rencontres entres Blancs et cultures « primitives ».
-> confirmation de leurs croyances. Ils sont convaincus qu’un jour les Blancs vont partager leurs
richesses, car en dépendait pour eux la survie de l’ordre cosmologique (l’échange réciproque
symbolise pour eux le principe même de l’humanité et de la divinité). A travers la médiation des
ancêtres (source de légitimité du pouvoir et de la richesse), les Mélanesiens font l’expérience du
passé dans le présent : l’histoire sera organisée comme la métaphore de réalités mythiques.
Capacité de conjuguer histoire et mythe qui caractérise les Mélanésiens et leurs relations avec
les Blancs. Lorsque les échanges avec les Blancs se passent bien, on n’invoquent donc plus les
ancêtres et, s’il y a un problème, on ne blâme pas les ancêtres mais les vivants qui ont
certainement mal agit. Les indigènes se jettent ensuite sur le Christianisme pour se l’approprier,
car il leur permettrait de leur expliquer l’inexplicable : le cargo. Mélange du Christianisme et des
croyances ancêstrales… En découvrant plus tard que tous les Blancs ne croyaient pas aux
mêmes symboles, Dieu… on revient plus facilement aux culte des ancêtres…
-> Par l’intermédiaire de leurs ancêtres, ils découvrent petit à petit le fonctionnement de la
société occidentale.
On n’a hélas étudié les Mélanésiens que comme des repésentants de « tous les mélanésiens », de
« tous les sauvages » et on n’a surtout pas étudié leur relation avec les Blancs dans leurs
variété… ce qui aurait posé la question « Un Blanc est-il tous les Blancs ? »… et « Comment
l’histoire du Blanc devient-elle tout l’histoire ? »… On pourrait, par ce retour à l’endotique,
sortir du « moi c’est moi et l’autre c’est l’autre »… (cf Perec : endotique = ce que l’on a sous les
yeux tous les jours et qui ne se voit pas… dans quoi pourtant on peut lire l’ »énigme de la
destinée » à lire ouvert ».
Les tulipes rouges d’Afghanistan Ancêtres, maîtres spirituels et martyrs dans une société
musulmane, Pierre Centlivres
Il est difficile de trouver des ancêtres honorables, résistants au temps, qui fassent l’hunanimité…
Il est encore plus difficile de vivre en paix avec eux. En temps de crise, la foi dans les
généalogies vascillent…
Les Afghans placent très haut le savoir généalogique : il faut savoir se situer dans une lignée…
pouvoir remonter à un ancêtre illustre, représentant à la fois origine, identité et modèle…
Trois traditions se disputent les origines : origine sémitique (tribus d’Israël dispersées),
autochtone (héros indigène contemporain de Mahomet) et traditions indo-européenne
« aryenne ».
Les ancêtres sont des repères qui permettent aux ressortissants des tribus de s’ancrer dans une
descendance et de se distinguer des ressortissants des autres tribus… Ils sont aussi les premier
possesseurs des terrains que l’on occupe… Ils donnent aussi à ses descendants un caractre
commun, une personnalité de même nature… Ils sont garants de valeurs et d’usages…
Généalogies largement fictives (comme partout NDM) mais qui se transmettent et jouent un rôle
essentiel et puissant dans l’idéologie tribale.
Traditions, mythes qui prennent de l’importance ou en perdent en fonction de l’époque actuelle :
fondation d’Israël en 1948 : recul du mythe semitique (car soutient aux pays arabes)… années
1930, infliuencé peut être par les idéologues du Troisième Reich : hausse du mythe « aryen »…
Ahmad Sah (héro du 18ème qui a rassemblé un « grand Afghanistan ») doit passé du statut de
oatriarche d’une tribu à celui de figure nationale (dans les livres d’école…), de « père de la
Nation ». Il devient un prototype de l’afghanité… Mais, comme membre d’une tribu précise, il
l’incarne trop pour pouvoir convenir totalement aux autres Afghans…
« Nous faisons confiance aux gens dont nous savons d’où ils viennent, dont nous connaissons
les ancêtres et l’histoire »…
Soufisme qui se répend aussi et créant des chaînes généalogiques remontant au premier initié…
Confréries, islam orthodoxe, qui privilégient esprit sur loi, voie individuelle plutôt que projet
collectif… Pluralité des tendances, des personnages exemplaires mais exemple par excellence
pour tous = martyr de la foi -> Shahed : témoin, comme nos martyrs… témoigne de sa foi et de
sa fidelité par le sacrifice de sa vie… accomplissement parfait d’un vie au service du jihad.
Modèle pour tous les musulmans… échappe à l’épreuve le jour du jugement et leurs fautes sont
effacées… Le lieu de sa mise en terre est aussitôt sanctifiée…
Avant 1978 et le coup d’état, les martyrs ne se distinguait pas des autres saints hommes dont on
visitait les tombeaux… Les tombes étaient discrètes…
Mais, dans le pays en guere, les Afghans vivent parmi leurs morts… ils exhibent les images des
leurs Shaheeds… on publie leurs photos, on les affiche sur le mur des mosquées… Toute une
imagerie populaire qui bouleverse la tradition de l’islam qui bannissait presque totalement les
représentations de la figure humaine. Comme l’iconographie byzantine : pas de perspective…
Barbe et turban, tête entourée d’un halo… Le portrait, comme l’icône, n’est pas signé… en fait :
pas un portrait mais un symbole qui renvoit à un signifié dépassant le destin du défunt…
« Etre martyr ce n’est pas mourir, c’est accomplir une mission, c’est devenir immortel ».
Le martyr est le témoin par excellence, l’incarnation du sacrifice… Relève plus du culte des
morts que de celui des ancêtres… mais les Afghan n’adorent pas leurs morts… il en relève plutôt
d’un appel à l’action et à l’espoir…
Islam qui devient non plus une religion seulement mais un pouvoir de direction pour un état ->
Lorsque les ancêtres s’éloignent, les martyrs sans descendance offrent au vivant un univers
sacré, leurs tombes…
Les ancêtres dans tous leurs états. Croyances anciennes et modernes, Gilbert Rist
Volonté d’établir un rapport entre les boutons de manchettes de Thierry Le Luron, une amulette
diola, la tête de Jean Baptiste, Elvis, le salon de l’Auto de Genève… Tous sont des signes du
discours : anécdotiques en eux-mêmes mais porteurs d’une signification par leur inscription dans
le monde de l’extraordinaire ou de l’exceptionnel.
Roland Barthes : « chaque objet du monde peut passer d’une existence fermée, muette, à un état
oral… les objets eux-mêmes peuvent devenir parole, s’ils signifient quelque chose ».
Fétiche par exemple : à la fois factice, fait de manière artificielle et enchanté, renvoyant à un
monde de fées… Objet métonymique par excellence, il est sans importance en soi, car totalement
déterminé par ce à quoi il renvoit : ancêtre, génie ou dieu… Le fétiche est un support de sens,
destiné à accumuler de l’énergie… Il peut avoir un aspect métaphorique aussi (en incorporant des
éléments d’animaux… Objet magique car il vise à s’approprier et à maîtriser des forces
surnaturelles… mais aussi objet symbolique dont l’efficacité dépend de la croyance qui entoure
sa fabrication et son usage… Objet-discours qui, par l’intermédiaire de l’ancêtre invoqué comme
« parrain », ou du monde animal et végétal… établit une relation entre son propriétaire et le
sacré…
Représentation qui ne se confond pas avec la force représentée (≠ reliques chrétiennes)… Un
objet profanes ne peut donc pas être converti en fétiche… Au contraire, la relique chrétienne est
toujours un reste de qqchose que son existence naturelle ne destinait pas à l’usage religieux…
Réalisme naïf dans la relique qui présuppose que le saaacré est plus présent si l’objet était
proche physiquement des représentants historique du sacré… Le fétichiste, lui, ne s’embarasse
pas des contraintes historiques : il peut être reproduit à l’infini -> ≠ théologie historique mais
cosmologie. Il suffit, pour qu’un fétiche fonctionne, qu’un ancêtre soit évoqué sur lui ; pas besoin
que l’ancêtre vienne « personnelement ».
Pour le chrétien, pourtant, ce n’est pas l’objet lui-même qui compte mais son rapport avec le
sacré : c’est pour cela que tout objet profane au départ, sous couvert « historique », peut devenir
relique. Si la métonymie (évoquer un concept au moyen d’un terme dèsignant un autre concept,
qui doit lui être lié « boire un verre ») est respectée, si le contact avec un saint ou le Christ est
avéré. La foi est Dieu reste tant au centre du dispositif que le fait que l’authenticité des reliques
soient douteuse importe peu… Lorsque la relique se transforme en objet magique (apparition de
nourriture…), la différence entre relique et fétiche dispraraît alors presque complétement.
Exemple ensuite des objets ayant appartenu à des personnages célèbres… qui prennent de la
valeur que pour cette raison précise… Comme pour les Saints, on instaure des jours
anniversaires… comme pour les reliques, on accorde bcp d’importance à leur « authenticité »…
Mais, comme le saint dont le message renvoit à celui de l’église, le message d’une personnalité
renvoit à certaines valeurs qu’elle incarne…. En vouant un culte à un artiste, en l’imitant… on
adore par un Dieu, on s’adore soit même pour correspondre à ces valeurs auxquelles on aspire…
La société moderne ne se laisse pas imposer ses ancêtres par la société précédente mais cherche à
légitimer les siens…
La Révolution Industrielle marque la fin de l’époque où chaque objet était unique (cf Benjmain
NDM)… elle donne une autonomie aux objets qui pourront se rencontrer dans les deux
institutions modernes que sont expositions et musées. Contrairement à la foire, où le but est
l’échange, le musée instaure un comportement passif, de contemplation… On passe d’une
relation entre les hommes à un rapport de l’homme à la chose, et du pouvoir de l’homme sur
l’objet au pouvoir de l’objet sur l’homme. La politique est alors déterminée par l’économie.
Les objets convoqués en métaphores de nos sociétés réifiées peuvent alors honorer leurs propres
ancêtres. Voitures de collection exposées pour faire vendre de nouveaux modèles… De plus, ces
voitures de collections appartiennent à une époque où l’on créait encore pour qqun de précis…
Non parce qu’elles roulent mais parce que des rituels (salons…) sont organisés pour les montrer,
ces voitures, comme les ancêtres, existent encore !
Les objets (voitures, ordinateurs…) se développent en générations, et ont donc des ancêtres
naturels…
Analyse multiculturelle qui permet une analyse intéressante de tous ces objets. Conclusionrésumé :
1. Reliques chrétienne et objets de vedettes = à la base fonction utilitaire.
Fétiches = construits comme des objets saacrés. Peuvent être détruits ou remplacés.
2, Tous ces objets sont des métonymies : ils renvoient à autre chose qu’eux-mêmes (personnages,
époques, ancêtres et forces surnaturelles (fétiches).
3. Tous ces objets risquent d’être adorés pour eux-mêmes (surtout fétiches et reliques qui sont un
lieu de concentration d’une force surnaturelle)
4. Ces objets peuvent renvoyer directement au référant ou via un intermédiaire (un Saint par
exemple qui mène au discours de l’église ou à Dieu)…
5. Culte à l’autonomie des objets = bcp plus pertinent que culte des vedettes pour essayer de
saisir les nouvelles formes de religions actuelles.
6. A l’excéption des fétiches, les obets sacrés sont d’abord utilitairess et c’est le rituel qui
transforme l’objet banal en objet de culte. Rituels d’institution (cf Bourdieu) qui ont pour
fonction de créer une différence qualitative entre objets désignés comme support de la croyance
et objets vulgaires. La magie performative du rituel peut ainsi suffir à faire oublier qu’une relique
n’est pas authentique… Les objets du rituel (rituel du musée, de la collection aussi NDM)
échappent à la loi commune, leur valeur dépend de la croyance qu’ils soutiennent, de leur
efficacité symbolique…
Les pratiques modernes sont très voisines, malgré des adaptations et des différences, de celles des
sociétés traditionnelles.
Les ancêtres du futur, Dominique Perrot
Les aborigènes australiens se souviennent d’une époque où il n’y avait pas de temps. La
modernité elle, mène à une appropriation du temps dont la nature même pourrait l’anéantir.
Lorsque l’usage du téléphone… sera trop coûteux en temps, pour prendre une décision militaire
ou/et politique par exemple, on abandonnera ce choix à des ordinateurs… Spectre de
l’exténuation du temps. Les système d’alerte prendront les décisions avant les hommes… On
courant contre la montre, le temps nous échappe… L’homme est mortel et, on se rend compte
depuis peu, que l’humanité aussi. Tuer le temps, est-ce éliminer aussi les ancêtres ? Ou, au
contraire, l’exil hors du temps par la machine préfigure-t-il une nouvelle génération d’ancêtres,
ceux du futur ?
« C’est une bien pauvre mémoire que celle qui ne peut aller qu’en arrière » Lewis Carroll
L’ancêtre, au sens figuré, est un prédécesseur, un initiateur lointain… il nous devance dans le
temps tout en étant derrrière nous. Nos habitudes, notre langue, place l’avenir devant nous et le
passé derrière… mais cette vision n’est pas universelle : les Sara du Tchad ou les Aymaras de
Bolivie situent leur passé devant, car c’est ce qu’ils peuvent voir, tandis que l’avenir, invisible,
est dans leur dos.
Nous fuyons le passé pour poursuivre l’avenir, comme pour retrouver notre origine, la gommer et
devenir éternels… (histoire des avant-gardes NDM). Dans cette course à la fois fuite et poursuite,
les ancêtres sont abandonnés en chemin car il ne répondent pas à l’exigence de performance
propre à notre époque, ils risqueraient de freiner notre élan… Nous pensons qu’ils ne sont
capables de nous parler que du passé, alors que c’est l’avenir qui nous interpellent…
Préciser le sens de « ancêtre » -> significations variées : défunt, objet de croyance, de rituel (dont
les services dans le passé se manifestent dans le présent et assurent continuité et cohésion
sociale) -> ascendant au delà du grand-père et initiateur lointain, devancier…. Définition
proposée : « mode de prégnance de l’homme ou de l’objet du passé, ou de l’avenir, dans le
présent, figurant un rapport impératif au temps, à la société et au divin ». Avec l’émergence au
XVIIIe du mythe du Progrès infini (qui remplace celui d’un Age d’or passé), l’ancêtre peut
devancer les vivants : il appartient soit au passé, soit au futur.
Les sociétés post-modernes n’attendent plus rien des ancêtres au sens anthropologique du terme
(ceux qui asssuraient l’échange symbolique entre l’ici et l’au-delà) mais qu’en est-il des autres
formes moins directement incarnées de l’ancestralité.
L’objet, ancêtre compensatoire -> objets historiques (ici exemple de miniatures historiques
vendues dans les kiosques -> pub : « Dans l’oubli du souvenir de l’autre, il y a l’oubli de soi »…
Substitution de l’ancêtre par l’objet… Effacement de l’autre et de soi : par l’objet du passé
exposé dans un musée, le visible est privilégié, cachant justement ce qui ne peut être axhibé dans
une vitrine… l’objet se substitue à l’ancêtre et masque son absence…
Comme les ancêtres, les objets des musées ne deviennent pas anciens simplement par leur
vieillissement : ils sont sélectoinnés, étiquetés, domestiqués, mis en scène… pour rappeller « le
bon vieux temps » (nostalgie) et un certain soulagement (on n’est est plus là).
Ceux dont la mort est prévue ont droit à un environnement muséificateur et protectrice : paysans,
asiles de vieillards, nature… Ces « politiques du patrimoine » remplacent les ancêtres venus de
l’au-delà pour nous aider… les objets dans les musées sont en réalité là pour fonder une
ancestralité compensatrice… grâce à eux, on se souvient du passé et on n’a plus à s’en sourcier…
ils servent à assurer une assise identitaire minimale dans la fuite en avant de la modernité… Pas
même besoin de se rendre au musée, il suffit de savoir que le culte des restes est assuré qqpart.
Les objets technologiques accentuent encore la fonction de remplacement de ce qui est invisible
et de denie de perte par rapport au passé (double fonction déjà présente dans tout objet du passé)
-> L’homme tend à devenir prothèse des machines… A travers le culte des ancêtres, la tentation
de la démesure se résorbe VS à traver l’informatisation… on y cède. Notre pouvoir de décision
nous échappe, les systèmes nous surplombent et nous déterminent. L’être bioélectronique
seconde l’objet au lieu de le dominer. Qui surveille l’autre ? (systèmes de sécurité dont le
pouvoir de décision peut l’emporter sur celui de l’homme). L’homme se laisse recréé à l’image
de l’objet… ancêtres du futur auxquels on demande de prédire l’avenir, d’entretenir les
promesses du progrès… allégance aux nouveaux ancêtres qui est le fait autant des dominants que
des dominés… Nouvelle alliance avec l’au-delà technologique.
Héros de l’espace comme derniers avatar des ancêtres humains. Explosion en plein ciel de
Challenger, avec son équipage = amalgame corps-machines, en plein ciel… fusion de lau-delà
technologique et religieux… Conquête de l’espace comme interface entre deux paradis… Idée de
sacrifice, en direct à la TV… sacrifice nécessaire au progrès… On a même parlé de faire un
monument funéraite en forme de satellite…
A l’ancêtre du futur, homme ou objet, on ne demande plus, commoe à l’ancêtre classique, de
réactualiser dans un éternel présent, un passé symbolique et mythique : on veut qu’il anticipe
l’avenir, qu’il empiête sur lui. L’ancêtre médiateur d’avenir, d’illimité, de Dieu, n’accomplit sa
misson que sur fond intensif de science et de technologie. Hantise d’anticipation et de
prédiction… pour y répondre, on s’en retourne toujours plutôt aux machines… Paradoxe : propre
d usystpme techno-scientifique =tendre à éliminer le cerveau humain du circuit de production…
L’ordinateur ne sert plus simplement l’homme mais défini le réel…
Ordinateur = ancêtre fondateur d’un univers indifférent où n’est pris au sérieux que ce qui est
calculable. A coté de cela, une foule d’ancêtres mineurs font le liens entre homme et cosmos :
certains objets promu par la publicité… L’ordinateur échoue pour l’instant dans le domaine de la
sensibilité… Dans cet échec (provisoire ?) de l’automate parfait, l’ancêtre trouve peut être un
dernier champ d’existence.
Quelles que soient les circonstances du contrat, Shoshana Rappaport
Œuvre de Francis Ponge qui illustre les notions d’ancêtres et de rites de passage.
Ponge : «les seuls textes valables étaient ceux qui pourraient être inscrits dans la pierre ».Pierre
funéraire, comme pierre lithographique = préservent tout deux une mémoire.
Fabrizio Sabelli : « l’institution d’ancêtres est un acte politique interne qui vise
fondamentalement la constitution d’une autorité qui, placée en dehors de la communauté des
vivants, gère la vie sociale de ces derniers ».
De la cécité ou l’ancêtre à venir. Truismes pour une fin de siècle dissonante, Juan Martinez
L’homme occidental, légataire par avidité, n’a pas d’ancêtres. Illusion que homme et machine
sont interchangeables. Besoin de l’homme d’adorer une image, une représentation, une
contrefaçon d’un grand ancêtre, d’un père fondateur… Le fétichisme dispense de réfléchir,
annule le doute… La relique se superpose à l’image de l’Ancêtre et se confond avec elle.
Séma et Soma : l’Ancêtre fait époque, André Vladimir Heiz
Ancêtre : « fait » présent dans nos mémoire… mais qui recule devant le devenir et le faire,
dedant la substantiation de l’ancêtre…
Algiridas Greimas, précurseur de la sémiotique française… comment l’appeler ? En revenantl
l’ancêtre renoue avec certains rôles actantiels, qui n’étaient plus concrétisé, plus habités par un
ateur nommable… Notre culture récupère les traces de l’ancêtre et en sauve les miettes. Elle
remonte le temps pour découvrir toute une galerie d’acteurs et d’objets symboliques…
Revenir sur nos pas et fouiller dans nos mémoires pour recueillir le fil des ancêtes, réanimer ainsi
un aspect pertinent de la temporalité, subitement d’acutalité. Chapeau qui sert de symbole pour
Beuys, Duchamp, Beckett, Chaplin…
Ancêtre comme intervalle entre plein et vide, chaos et ordre, discontinu et continu… On
s’identifie tacitement à l’autre (ancêtre) pour affirmer l’autre, l’autre en soi.
L’ancêtre disparaît et réapparaît, navigue entre l’être et le paraître…
La notion du moi dans l’exister serait intenable sans que l’ancêtre fasse figure de non-moi…
Preuve et révélation de l’existant grâce à l’ancêtre absent… Je ne serais rien sans moi ancêtre
mais il n’y aurait pas d’ancêtre sans moi.