KYOTO : Vie et mort d`un géant, l`éléphant d`Afrique

Transcription

KYOTO : Vie et mort d`un géant, l`éléphant d`Afrique
KYOTO :
Résultats positif, envers et
contre tous !
La 8e conférence des 112 états
membres de la CITES (Convention on International Trade of
Endangered Species) s'est tenue à
Kyoto (Japon) des 2 au 13 mars
derniers. Dès leur arrivée, les
délégués des 108 pays effectivement présents ont été confrontés à
une pacifique et presque timide
manifestation de pêcheurs japonais
s'opposant à l'inscription du thon
rouge parmi les espèces dont le
commerce est réglementé par la '
CITES. Ce poisson étant l'un des
plus appréciés au Japon, il était
évident que la proposition faite
par la Suède d'inscrire les populations de thon de l'Atlantique de
l'ouest en Annexe 1 (tout commerce interdit) et celles de l'est
en Annexe Il (commerce contrôlé), devait provoquer un e tempête
dans les médias japonais et de
grandes manoeuvres dans les
couloirs du centre de conférences
de Kyoto ! Ce n'était certes pas
par hasard que la Suède avait
choisi cette tribune pour alerter
l'opinion internationale sur la
surexploitation de cette espèce
dont les effectifs d'adultes reproducteurs sont, selon les experts.
passés de 250 000 à 22 000 en
"espace de 20 ans, soit une chute
de 90 % ! La Commission internationale pour la conservation des
thons de l'Atlantique ou CICTA
(ICCAT en anglais) s'est semble-t-il révélée incapable de maîtriser le déclin de l'espèce,
n'écoutant même pas ses propres
experts qui depuis dix ans recommandent une réduction drastique
des prélèvements.
D
Photo Kasuko PfeHer
Ces deux propositions se heurtèrent à un front uni du Japon,
des Etat-Unis, du Canada et du
Maroc, appuyés par quelques autres états pêcheurs ou non et, au
bout de dix jours de discussions
et de tractations, la Suède qui
avait obtenu l'effet désiré accepta
de les retirer, tout en se réservant
le droit de maintenir une surveillance des populations de thons et
de l'action de la CICTA qui s'engagea à appliquer une réduction
de 50 %, par rapport à 1991, des
quotas de capture des thons occidentaux.
La grande bataille
des éléphants n'a pas eu lieu
Miraculeusement, la grande bataille des éléphants - les vrais, pas
ceux du PS - n'eût pas lieu et
l'on n'assista pas à une réédition
du psychodrame de Lausanne en
1989 (Courrier de la Nature n'
123). C'est qu 'en réalité, les journées consacrées au thon et à quelques
autres
problèmes
de
procédure, furent mis à profit
dans les coulisses par les deux
camps, celui du maintien intégral
de l'éléphant en annexe 1 et celui
du retour en Annexe II des éléphants de certains pays de l'Afrique australe. La position des
premiers semblait délicate, les seconds étant au départ soutenus par
plusieurs pays occidentaux et,
paradoxalement, par les grands
organismes de protection de la nature.
Et pourtant, ce furent les
premiers qui l'emportèrent, tous
simplement parce qu'ils exprimaient la volonté de l'écrasante
majorité des états africains bien
décidé à défendre leur patrimoine.
Lorsque ceux-ci prirent la parole,
avec des arguments irréfutables,
convaincants parce que convaincus, l'opinion des participants vira
Vie et mort d'un géant, l'éléphant d'Afrique
Par Pierre Pfeffer
Ce colossal rescapé de la préhistoire se révèle être une espèce
étonnamment dynamique, aux stupéfIantes capacités d'adaptation aux
cIrconstances et aux habitats les plus divers. PIerre Pleffer nous
entraîne à la découverte de la biologie, du comportement, de la vIe
sociale de ce "mIracle d'intellIgence" qu'est l'éléphant d'Afrique.
191 pages, format 20 x 29 cm. Relié, couverture cartonnée,
65 photos couleur, 39 photos noir et blanc, 13 dessins.
Li 037 -
Le Courrier de la Nature n° 133
~ Mai~Juin
1992 Imprimé sur papier recyclé
170 F
7
Proposition de modification de la
directive 79/409 sur la conservation
des oiseaux sauvages
Il ressort de ceUe proposition de la
Commission que seraient introduites dans
l'annexe II 2, cinq espèces de corvidés qui
pourraient fa-ire l'objet d'actes de chasse
(nous ne savons pas encore de quelles
espèces il s'agit mais la France avait
proposé dès 1991, l'inscription à cette
annexe de : la corneille noire, la pie
bavarde, le geai des chênes, le corbeau
freux et l'étourneau sansonnet). D'autre
part le parlement européen a adopté un
amendement à cette proposition ayant pour
objet le retrait de certains oiseaux de la
liste des espèces chassables en raison des
récentes études montrant leur régression sur
l'ensemble du territoire communautaire. Il
s'agit des sarcelle d'été, nette rousse, harle
huppé, harle bièvre et caille des blés.
Un catalogue pour les iardlns
sauvages
Ponema est une association loi 190I dont le
but est de favoriser le développement des
jardins sauvages, c'est-à-dire la protection
de la faune et de la flore indigènes au
travers des jardins privés. Après avoir
acquitté une modique cotisation annuelle,
vous pourrez vous procurer auprès d'elle
des fiches conseils, des graines de plantes
de nos régions qui, du coquelicot à la nielle
des blés, de l'ail des vignes à l'églantier,
vous permettrons de redonner, entre autres,
à votre pelouse ou à votre haie, des airs de
jardin vivant et non plus celui de désert
vert que l'on voit trop souvent.
Ponema, Annepont, 17350 Saint-Savinien.
Rocade est de Bourges
tracé modifié
1
Nous vous avions informés (Le Courrier de
la Nature n" 129) du risque que courrait un
important site d'hibernation de chauvessouris, les carrières du Château, d'être
détruit par la construction d'une rocade
souterraine en périphérie de Bourges.
L'intervention du muséum d'histoire
naturelle de Bourges et de son groupe
"Chiroptère", appuyée par la Société
nationale de protection de la nature avait
permis l'arrêt des travaux préliminaires et
le lancement d'une étude. Le tracé de la
rocade a en définitive été modifié : les
chauves-souris pourront continuer à y
hiberner tranquillement.
L'ours noir
américain (Ursus
americanus).
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de 180" ! L'Afrique du Sud et ses
quatre comparses (Zimbabwe, Namibie, Malawi, Botswana), soutenus par les seuls Japon et - honte
des hontes - la Suisse, prirent
conscience de leur isolement et
retirèrent toutes leurs propositions
de reprise du commerce que ce
soit de l'ivoire ou des peaux
d'éléphant. Nous aurons certainement l'occasion de revenir sur ce
deuxième round de la bataille des
éléphants, car il fut édifiant par
de nombreux aspects et aussi
parce que nos amis africains nous
ont demandé de continuer à informer l'opinion occidentale.
Répit aussi
pour quelques autres ...
Très laxistes pour l'éléphant, les
Etats-Unis et le Canada se montrèrent intraitables lorsque le
Danemark, appuyé par de nombreuses associations nord-américaines demanda J'inscription en
Annexe Il de l'ours noir, ou baribal, de leur pays. L'argument
qu'ils opposaient à cette mesure,
pourtant limitée, était - tenez-vous
bien - que cela leur occasionnerait
un surcroît de travail administratif! Ils ne réussirent apparemment pas à émouvoir les autres
pays, car après avoir été repoussée à deux voix près en comité
scientifique, la proposition du Danemark obtint, en séance plénière,
la majorité des deux tiers nécessaire à son adoption.
Ramant encore à contre-courant
de l'opinion mondiale et souhaitant de lOute évidence couler )a
CITES, les pays de l'Afrique australe demandèrent le retour en
Annexe II c'est-à-dire au commerce, de la corne de rhinocéros et
des peaux de léopard et de guépard ! Le délégué de la Suisse,
décidément partisan de tous les
trafics, fut le seul à défendre cette
proposition. Mais trop c'est trop
et même le WWF et TRAFFJC
recommandèrent qu 'elle fût rejetée. Ce qui fut fait, mais des quotas d'exportation de trophées de
chasse outrageusement excessifs
furent accordés pour les panthères
(500 pour le seul Zimbabwe !) et
les guépards (ISO pour la Namibie, alors que les scientifiques de
ce pays prétendent que l'espèce
est menacée car elle se reproduit
mal).
Un très bel oiseau devenu rare,
car recherché par des collectionneurs, le grand calao de 1'Himalaya, s'est vu également inscrit en
Annexe J, tandis que le nandou
sud-américain et la vipère de Wagler du sud-est asiatique n'ont eu
droit qu'à l'Annexe Il.
Enfin parmi les végétaux, une
série de cactacées est passée
d'Annexe il en Annexe I, un acajou américain a été inscrit en Annexe II et le bois de rose ou
palissandre en Annexe 1.
P. Neffer
EAU
Une nouvelle loi
28 ans après la loi du 16
décembre 1964 relative au
régime et à la répartition des
eaux, et à la lutte contre leur
pollution - législation insuffisante
et demeurée sans application
effective (1) - la loi sur l'eau
adoptée le 3 janvier 1992 tente
d'instaurer en 48 articles un nouveau régime de cette ressource
afin d'en permettre une "gestion
équilibrée" .
Elle pose tout d'abord le principe que l'eau fait partie du patrimoine commun de la nation et
que sa gestion (protection, mise
en valeur, développement de la
ressource utilisable) est, dans le
respect des équilibres naturels,
d'intérêt
général.
Ainsi,
la
"gestion équilibrée" de l'eau doit
pouvoir assurer à la fois la
protection et la valorisation de
l'eau, qu'il s'agisse des eaux
superficielles ou souterraines, des
eaux de mer (dans la limites des
Imprimé sur papier recyclé Le Courrier de la Nature n° 133 - Mai-Juin 1992