Communiqué du MRD 15 juillet 2008
Transcription
Communiqué du MRD 15 juillet 2008
Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (Ancien PRD) Cité Poudrière Avenue Nasser Tel : 34 23 99 BP : 3570 Djibouti Bruxelles, le 15 juillet 2008 COMMUNIQUE DE PRESSE Pour justifier son arbitraire dissolution du MRD par décret présidentiel du 9 juillet 2008, le régime publie, après coup, ce qu’il appelle «la preuve du forfait» que le MRD aurait commis selon lui. Il le fait dans les colonnes de l’édition du lundi 14 juillet 2008 de son journal La Nation. La preuve en question, que l’on peut lire ci-dessous, serait un communiqué de presse que nous aurions publié le 6 juillet 2008 à Bruxelles. Seulement, la «copie» de ce «communiqué de presse du 6/07/08», qui frappe le lecteur par sa mauvaise netteté et sa disharmonie, est loin de convaincre. Commençons par rappeler qu’un communiqué de presse est par nature destiné à la place publique et qu’il n’est pas dans les habitudes du MRD de cacher ce genre d’écrit. Si nous en avions rédigé un le 6 juillet 2008, nous l’aurions publié, comme d’ordinaire. Nous l’aurions fait comme nous l’avons fait le 5 mai 2008 et le 11 juin 2008 concernant la tension entre Djibouti et l'Érythrée. Et tout un chacun en aurait pris connaissance. Observons ensuite que le communiqué de presse que le régime tente de nous attribuer n’indique ni son signataire, ni la qualité de ce dernier. Cela n’étaye pas l’affirmation gouvernementale selon laquelle le président du MRD, Daher Ahmed Farah (DAF), l’aurait écrit. Autre anomalie, le document en question débute par la formule «Message adressé au président de l’Erytrée, Excellence !», ce que le MRD n’a pas l’habitude de faire dans ses communiqués de presse. Passons à présent à la teneur de ce «communiqué de presse du 6/07/08». Selon certaines de ses lignes, à la date du 6 juillet 2008, les combats font encore rage entre Djibouti et l'Érythrée. Ne lit-on pas : «Ce face à face a fini par tourner à l’affrontement sanglant le 10 juin 2008. Depuis lors, les combats font rage entre les troupes massées de part et d’autre.» ? Or, en ce 6 juillet 2008, les combats ont cessé depuis déjà quelques semaines. Une telle ignorance d’une aussi importante actualité nationale, ne ressemble pas au MRD. Cette remarque faite, que dit le «communiqué de presse du 6/07/08» ? Il rappelle le face-à-face militaire consécutif à l’éclatement de la crise frontalière entre les deux pays puis évoque l’affrontement sanglant qui a suivi et son lot de dégâts. Il souligne ensuite la gravité de cette situation et le fait qu’elle ne sert ni l’intérêt de l'Érythrée, ni celui de la République de Djibouti (dont fait naturellement partie l’opposition), ni encore celui d’une Corne d’Afrique déjà troublée. A quelle conclusion logique s’attend-on alors de la part de son auteur ? Que le feu doit cesser au profit du dialogue. Or, c’est par une demande de poursuite de la guerre, au soi-disant profit de l’opposition djiboutienne, que se conclut le «communiqué de presse du 6/07/08». Son auteur aurait-il soudain perdu la mémoire, pour ne pas dire la raison, oubliant que l’opposition djiboutienne fait partie de ce pays auquel la guerre nuit ? Quelle opposition digne de ce nom aurait appelé à l’occupation étrangère de son pays dans l’espoir d’être installée au pouvoir ? Pas le MRD, ni les autres démocrates djiboutiens. Pourquoi donc cette incohérence ? Relevons pour le moment, avec toute personne connaissant assez bien la langue française et honnête, que la plume qui a écrit les deux premiers paragraphes de ce texte, s’est arrêtée au début du troisième, et que c’est une autre plume avec un autre français qui a produit la suite, tentant de prêter au MRD des allégations qu’il n’a pas tenues et de mettre au passage en cause le reste de l’opposition djiboutienne avec l’emploi de la formule («sous l’avis de l’opposition djiboutienne»). De fait, vous l’aurez compris, le document publié lundi par le journal La Nation n’est rien d’autre qu’un faux. Et c’est probablement du fait de son inauthenticité que les médias gouvernementaux ne l'ont pas publié dès le début, et que l’Agence djiboutienne d’information a employé le conditionnel dans sa dépêche du 9 juillet 2008, écrivant : «Le ministère de l’Intérieur a annoncé mercredi la dissolution par décret présidentiel du parti d’opposition "Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD)", dont le chef, Daher Ahmed Farah dit DAF, aurait "invité" le dirigeant érythréen à "envahir" Djibouti. C’est un faux fabriqué à partir du communiqué de presse que le MRD a publié le 11 juin 2008, c’est-à-dire le lendemain de l’éclatement de la guerre entre Djibouti et l'Érythrée. Cohérent, notre texte tirait de la situation une conclusion sensée et responsable, à savoir qu’il faut cesser le feu et parler. D’où notre vif appel au cessez-le-feu et au dialogue. Ce que ne fait pas le faux daté du «6/07/08». Voici reproduit, pour le cas où vous ne l’auriez pas lu, notre communiqué de presse du 11 juin 2008 : «Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (Ancien PRD) Cité Poudrière Avenue Nasser Tel : 34 23 99 BP : 3570 Djibouti COMMUNIQUE DE PRESSE Depuis que la crise frontalière a éclaté entre Djibouti et l'Érythrée à la région obockoise de Doumeira, en avril dernier, les armées des deux pays se faisaient face. Ce face à face a fini par tourner à l’affrontement sanglant hier, mardi 10 juin 2008. Depuis lors, les combats font rage entre les troupes massées de part et d’autre. Morts, blessés et destructions matérielles sont signalés. Il s’agit là d’une situation grave, qui n’est dans l’intérêt ni de l’un ni de l’autre des deux pays. Cela ne peut que mettre à mal les populations comme les ressources et aggraver la situation dans une Corne d’Afrique en proie aux convulsions. Devant cette escalade dangereuse, nous réitérons notre appel à la raison du 5 mai 2008. Nous invitons vivement les deux parties à cesser le feu et à régler le différend par le dialogue. Fait à Bruxelles, le 11 juin 2008 Le président du MRD Daher Ahmed Farah” En résumé, le régime a publié, après coup, un faux document pour justifier sa dissolution du MRD. En cela, non seulement il ne change rien au caractère arbitraire de la dissolution de ce grand parti d’opposition, mais il se rend coupable de faux et d’usage de faux. Ce sont des agissements réprouvés par la morale et punis par la loi. Mais ces mots ont-ils encore un sens pour le pouvoir en place ? De nouveau, nous rejetons cette dissolution pour ce qu’elle est, un acte arbitraire, illégal et inacceptable. La lutte continue. Le président du MRD, Daher Ahmed Farah